Le siège de Cambrai (mars-avril 1677) s'inscrit dans le cadre de la guerre de Dévolution, menée par Louis XIV pour se payer en places-fortes la dot qui - prétend-il - lui revient de droit par son mariage avec Marie-Thérèse d'Autriche. Il s'agit en fait de consolider la frontière nord-est du Royaume en anticipant sur la doctrine du «pré carré» qui sera énoncée par Vauban en 1673, doctrine qui préconisait l'adoption - par la force ou la discussion - d'une frontière rectiligne. En effet, la frontière nord-est est grevée de villes fortifiées (Cambrai, Tournai, Lille, Charleroi, etc.) qui sont autant d'épines étrangères menaçant la tranquillité du territoire. Le tracé de la frontière est un vrai gruyère dont les trous sont occupés par les forces de l'Empire des Habsbourg.
En 1667, sous les coups de boutoir de l'armée de Louis XIV, l'Espagne abandonne une dizaine de places, mais la frontière n'est toujours pas sécurisée. Deux saillants espagnols subsistent : entre Saint-Omer et Ypres ; entre Valenciennes et Cambrai. En 1672, les hostilités reprennent contre les Pays-Bas. Valenciennes est prise d'assaut en mars 1677. Le même mois, le roi en personne met le siège devant Cambrai, qui reste géographiquement isolé. Au cours des semaines qui suivent, les fortifications de la ville sont prises les unes après les autres. Le 17 avril, le gouverneur espagnol, blessé, décide de capituler. Au traité de Nimègue du 10 août 1678, la ville de Cambrai est définitivement rattachée au royaume de France
Source : «Le règne de Louis XIV» d'Olivier Chaline, éditions Flammarion.