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Page créée en janv. 2012
Fenêtre romane sur la tour Saint-Paul

Non loin de la route principale qui traverse Cormery et avant d'enjamber l'Indre, on peut voir les vestiges d'une très ancienne abbaye bénédictine. Le nom de Cormery apparaît pour la première fois en 791 sous l'appellation de «Cormaricus» dans la charte d'Ithier, abbé de Saint-Martin-de-Tours et chancelier de Charlemagne. S'agit-il du nom du seigneur wisigoth qui tenait le gué sur l'Indre à cet endroit? On ne sait. C'est Ithier qui fonde l'abbaye Saint-Paul en 791 et lui octroie de vastes terres venant des possessions de Saint-Martin-de-Tours. Son successeur, Alcuin, va la développer. L'abbaye se reconnut fille du chapitre canonial de Saint-Martin. Pour les laïcs, les moines créeront l'église Notre-Dame-de-Fougeray.
En 1791, l'abbaye est vendue par lots, comme bien national. Ses bâtiments sont en grande partie détruits. À voir la dissémination des vestiges sur le terrain, on imagine facilement l'ampleur de l'édifice. Aujourd'hui certains bâtiments, qui ont été réaménagés, sont occupés. Le point le plus curieux de ces vestiges est sans doute la rue de l'Abbaye : elle passe exactement là où se trouvaient la nef et le chœur de l'ancienne église abbatiale.

Arcades romanes sur la tour Saint-Paul
Le grand réfectoire (début XIIIe siècle) et la Tour Saint-Paul (fin du XIe siècle)
Le grand réfectoire (début XIIIe siècle) et la Tour Saint-Paul (fin du XIe siècle).
«««--- «ÉTAT ACTUEL DE L'ABBAYE DE CORMERY
et tentative de restitution d'après l'atlas cadastral de 1863».
(Plan affiché sur les vestiges de l'abbaye)
La Tour Saint-Paul (fin du XIe siècle)

Charlemagne et l'abbaye de Cormery. Sous les Carolingiens, les abbayes devinrent les plus beaux domaines de l'Empire. Les dons affluaient et leurs richesses s'accroissaient sans cesse contrairement aux domaines des particuliers car aucun partage successoral ne venait les démembrer. Le pouvoir concède des exemptions de tonlieux et de péages aux grands monastères favorisant ainsi leur rôle commercial dans certains secteurs économiques.
À la demande d'Alcuin, abbé du monastère de Saint-Martin dont dépend Cormery et conseiller très proche de Charlemagne, l'empereur accorde une exemption au monastère de Cormery. Georges Minois cite le texte officiel dans son ouvrage Charlemagne paru aux éditions Perrin : «Charles, par la grâce de Dieu roi des Francs et des Lombards, patrice des Romains, à tous évêques, abbés, comtes, domestiques, vicaires, centeniers et à tous nos autres fidèles présents et à venir, sachent tous qu'à la requête de notre très cher Alcuin, vénérable abbé du monastère de Saint-Martin... nous avons accordé ce qui suit : c'est à savoir, que les moines placés sous la règle de saint Benoît qui vivent dans le monastère au lieu dit Cormery aient congé de mener pour leurs nécessités deux navires sur la Loire, la Mayenne, la Sarthe, le Loir et la Vienne, à l'aval et à l'amont, sans acquitter ni donner aucun tonlieu, ni de sel, ni d'aucune autre denrée, en aucun lieu ni eux ni leurs hommes. Puis, nous avons ordonné que soit fait le présent précepte en vertu duquel nous voulons qu'à perpétuité ni nous, ni nos successeurs n'osent troubler ou citer en justice, pour lesdits navires, le susdit abbé ou ses successeurs et pas davantage les moines ni les hommes... et que nul n'ose requérir ou prendre d'eux aucun tonlieu... ni aucune redevance d'aucune sorte, mais que notre aumône serve perpétuellement à l'accroissement de ce saint lieu de Cormery...».
Source : Charlemagne par Georges Minois, éditions Perrin.

«««--- La Tour Saint-Paul (fin du XIe siècle).
La rue de l'Abbaye la traverse, puis se prolonge à l'emplacement de la nef
et du chœur de l'ancienne église abbatiale.

L'abbaye et la guerre de Cent Ans. L'abbaye cistercienne eut beaucoup à souffrir pendant la guerre de Cent Ans. En 1899, le chanoine Heinrich Denifle entreprit la rédaction d'une vaste étude sur La désolation des églises, monastères & hôpitaux en France pendant la guerre de Cent Ans d'après les Suppliques envoyées par les religieux au Vatican, suppliques qu'il a soumises à une étude approfondie pendant plusieurs années.
L'historien décrit les ravages que subit l'abbaye Saint-Paul : «Sous la conduite de Basquin du Poncet, une des bandes anglo-bretonnes parut devant Cormery le 21 mars 1358. Ces brigands s'emparèrent d'abord de la ville, mirent tout au pillage et renversèrent les maisons. On estime qu'ils en détruisirent à peu près mille [c'est-à-dire un grand nombre] ; il est certain que les rues n'existaient plus. Parmi les habitants plusieurs furent égorgés, beaucoup furent couverts de blessures, d'autres furent rançonnés ; le reste, femmes et enfants, fut emmené en prison au château de la Roche-Posay, les femmes furent déshonorées. L'église paroissiale de Notre-Dame de Fougeray fut complètement dévastée. Cinq jours après, les ennemis réussirent à entrer dans l'abbaye. La nef de l'église devint une écurie où ils placèrent leurs chevaux. Les biens, meubles et immeubles, furent occupés ; sept ou huit moines furent arrêtés ; les autres prirent la fuite. On fortifia les murs du monastère qui fut transformé en citadelle. Pour faciliter ce travail, les ennemis renversèrent une chapelle et d'autres bâtiments afin de se servir des pierres. À Cormery, pendant tout le temps que les ennemis y demeurèrent, c'est-à-dire pendant un an et demi, le service divin fut suspendu tant au monastère qu'à l'église paroissiale, ainsi que le disent les moines dans leur supplique à Innocent VI.»
Heinrich Denifle précise que les moines et toute la contrée en appelèrent à Bertrand du Guesclin pour les délivrer. Mais «les efforts de ce vaillant restèrent sans succès. Cormery ne fut évacué que vers la fin de 1359 et non au moyen de l'épée, mais à prix d'argent comme Basquin du Poncet l'exigea de l'abbé Gérard réfugié à Tours. À l'instar de plusieurs chefs de bandes, une des conditions que le bandit mit à son départ était que l'abbé solliciterait pour lui et ses compagnons l'absolution de l'excommunication.»
Pendant les premières décennies de la Guerre de Cent Ans, les chefs des bandes, puis ceux des Grandes Compagnies avaient trouvé une astuce pour se donner bonne conscience : après avoir pillé, détruit, violé et rançonné, ils acceptaient de quitter une contrée à condition que les moines obtiennent du pape l'absolution pour tous leurs crimes ! Ce qu'ils obtenaient la plupart du temps.
Source : La désolation des églises, monastères & hôpitaux en France pendant la guerre de Cent Ans du chanoine Heinrich Denifle, Alphonse Picard et fils éditeurs, 1899.

Le logis de l'abbé (XVe siècle)
Le logis de l'abbé.
XVe siècle.
La Tour Saint-Paul
La chapelle dite «de la Vierge»
La chapelle dite «de la Vierge»
Style gothique flamboyant
fin du XVe siècle.
Elle faisait partie intégrante de l'église abbatiale.
«««--- La Tour Saint-Paul.
Au premier plan : les galeries du cloître, XIIIe siècle.
Le logis de l'abbé (XVe siècle)
Le logis de l'abbé.
XVe siècle.

Documentation : Panneaux affichés sur la tour Saint-Paul de l'ancienne abbatiale et brochure disponible à l'office de tourisme.
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