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L’église Sainte-Bernadette a succédé
à une chapelle provisoire située non loin, dédiée
à Saint-Joseph. Elle a été consacrée
en juin 1962 par l'évêque de Versailles.
C'est un simple cube de béton, coiffé d'une voûte
en bois.
Sainte-Bernadette s'inscrit dans la lignée de ces centaines
d'édifices cultuels construits dans les années 1950
qui donnaient la première place à la liturgie. L'essentiel
était d'ouvrir le culte à tous les fidèles,
présentés comme des «participants». Cette
vision, conçue en Allemagne dès les années
1920, s'est diffusée en France après 1945. Le Concile
Vatican II, ouvert en octobre 1962, va en quelque sorte l'officialiser
en donnant un champ libre inédit aux architectes.
Dans cette optique de priorité donnée à la
seule liturgie, Sainte-Bernadette peut être perçue
comme une simple enveloppe de béton donnant libre accès
à tous.
L'embellissement intérieur présente juste ce qu'il
faut pour créer une atmosphère de recueillement et
de prière. Dans cet esprit, le mur du chur,
constitué de larges plis blancs verticaux, offre un contraste
agréable avec le béton brut des côtés.
Un tableau moderne de la Résurrection
ajoute la part colorée indispensable pour lui donner vie.
Hormis un baptistère
original entouré de Joseph et Marie, le principal atout artistique
de l'église est un Chemin de croix, plus proprement appelé
Chemin pascal,
réalisé par l'artiste viroflaysienne Danièle
Fuchs (1931-2013).
La photo ci-dessous montre que l'architecte a choisi, par la position
des vitraux, d'illuminer le chur
avec les rayons du soleil venant de l'ouest. La nef n'est éclairée
que par la grande verrière de la façade
sud où se situe l'entrée.
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Vue d'ensemble de l'église Sainte-Bernadette.
Elle a été édifiée à une époque
où la priorité était donnée à la
liturgie plutôt qu'à la beauté de l'espace intérieur.. |
Vue générale de l'église. |
L'entrée de l'église. |
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Le clocher.
Deux des cloches viennent de l’ancienne
église
Notre-Dame de Chaville. La troisième a été
créée
dans la fonderie Cornille-Havard, à Villedieu-les-Poëles.
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Seules la croix à coté
de l'entrée
et les cloches du campanile
rappellent qu'il s'agit d'une église.
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Le Baptistère. |
Le
baptistère. Il date de 1989 et comprend
deux éléments distincts : la cuve baptismale
et son socle ; la table pour les Huiles saintes et son
socle. Les statues de Joseph et de Marie ont été
ajoutées à partir de 2010, conférant
à ce sacrement chrétien un aspect assez
original.
L'artiste viroflaysienne Danièle Fuchs
a été sollicitée pour orner les
socles. On y découvre des scènes bibliques
travaillées sur cuivre dans un cadre en noyer.
Parmi ces scènes, certaines méritent un
coup d'il appuyé : le
Passage de la mer des roseaux (quand les chars de
Pharaon sont engloutis dans la Mer rouge) ; l'Arche
de Noé que l'artiste représente comme
un cogge
du XVe siècle.
À noter que le baptistère est surmonté
d'une grande gravure sur cuivre de Danièle Fuchs
: la Vierge regarde Bernadette agenouillée en
prière devant elle à la grotte de Lourdes.
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Baptistère : Bernadette devant la grotte (Danièle
Fuchs). |
Fonts baptismaux :
«Le Passage de la mer des roseaux» ---»»»
(Le peuple des Hébreux fuit l'Égypte.) |
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Le Baptistère et sa conception originale. |
Baptistère : statue de Joseph, détail.
(datée de l'année 2010). |
Baptistère : statue de Notre-Dame de Judée, détail.
(datée de l'année 2017). |
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Fonts baptismaux : «Le Passage de la mer des roseaux».
Les chars de Pharaon sont à la poursuite des Hébreux. |
Fonts baptismaux : l'Arche de Noé (Danièle Fuchs). |
Baptistère : La Vierge apparaissant à Bernadette (Danièle
Fuchs). |
Baptistère : Bernadette devant la grotte (Danièle Fuchs). |
Élévation droite et les stations du Chemin pascal. |
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Le chur et le baptistère.
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«LE CHEMIN
PASCAL» RÉALISÉ PAR DANIÈLE FUCHS |
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Forme générale du Chemin pascal : ici les stations 2
et 3. |
Le Chemin
pascal. Il n'y a pas de Chemin de croix à
quatorze stations à Sainte-Bernadette, mais un Chemin
pascal à seize stations qui démarrent à
la Cène
et se terminent avec les disciples
d'Emmaüs.
Inauguré en juin 1979 et restauré en 2010, ce Chemin s'étale
sur près de cinquante mètres. Son auteur, l'artiste
viroflaysienne Danièle Fuchs, a passé
trois ans à le réaliser. Les thèmes des
stations ont été choisis et illustrés
après étude et concertation avec Gérard
Caye, curé de la paroisse à l'époque.
Les scènes sont gravées sur des plaques de laiton
qui sont ensuite enchâssées dans des panneaux de chêne. «La
gravure est obtenue par attaque du laiton par du perchlorure
de fer, puis encrage des surfaces attaquées pour obtenir le
noir, ou pas d’encrage pour conserver le rouge du cuivre»,
lit-on sur le site Web de la paroisse. Ainsi, seul le manteau
de Jésus dans la scène du Couronnement
d’épines est resté avec le rouge du cuivre.
Ce Chemin contient une pépite artistique. Il
cache en effet une beauté inattendue qui ne se découvre
que sur l'écran d'un appareil photo quand un rayon
de soleil vient frapper la gravure que l'on photographie.
La lumière passant sur le miroir de l'appareil s'en
trouve décomposée selon les couleurs du spectre.
Ce phénomène se produit en début et fin
de journée : la grande
façade vitrée située au sud laisse
passer les rayons rasants du soleil.
Les seize scènes sont représentées dans
cette page, souvent avec une lumière partiellement
décomposée.
Caractéristiques du Chemin pascal :
1) La scène où Véronique essuie le visage
de Jésus n'est pas incluse ;
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2) Les trois stations où Jésus
tombe sont suggérées dans la scène qui montre Simon
de Cyrène aider Jésus à porter sa croix ;
3) La station habituelle n°1 (Jésus est condamné à mort)
est découpée en quatre : Jésus
devant le Sanhédrin ; le
Reniement de Pierre ; le
Couronnement d’épines et la flagellation ; Voici
l’homme ;
4) Jésus
rencontre sa mère et Jésus console les femmes de Jérusalem
sont rassemblés en une seule scène ;
5) La mise au tombeau est remplacée par le tombeau
vide au matin de Pâques ;
6) Quatre scènes ont été ajoutées : la
Cène ; Jésus
au jardin des Oliviers ; le
baiser de Judas et l'arrestation ; Jésus
et les disciples d’Emmaüs.
Le Chemin pascal s'étale sur cinquante mètres.
Contrairement aux Chemins de croix traditionnels, il y a de
la place pour représenter la foule. C'est par exemple
le cas de l'arrestation
dans le jardin de Gethsémani, de l'Ecce
Homo ou de la Crucifixion.
La note affichée dans l'église inclut un commentaire
grave et philosophe du Conservateur en chef du musée
de l'Île-de-France lors de l'inauguration du Chemin
pascal qui mérite d'être rappelé ici :
«À ceux, croyants et non-croyants, amateurs d'art
ou visiteurs d'un jour, qui confronteront leur regard à
ceux que le burin a creusé dans le cuivre, cet ensemble
monumental où personnages sacrés et profanes
vivent intensivement dans leur immobilité, rappellera
que violence et souffrance n'ont pas cessé un instant
depuis leur plus tragique exemple il y a deux mille ans.»
Sources : site de la paroisse
et panneau dans la nef.
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Chemin pascal, station I : «La Cène, dernier repas de
Jésus avec ses disciples». |
Chemin pascal, station I : «La Cène, dernier repas de Jésus
avec ses disciples», détail. |
Chemin pascal, station I : «La Cène, dernier repas de Jésus
avec ses disciples», détail. |
II-LE JARDIN DES OLIVIERS
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Chemin pascal, station II : «Jésus au jardin des oliviers». |
Chemin pascal, station II : «Jésus au jardin des oliviers»,
détail. |
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Chemin pascal, station III : «Le baiser de Judas, l'arrestation».
La grande surface de laiton travaillée par Danièle Fuchs
lui permet de représenter la foule qui accompagne les soldats
du grand prêtre. |
Chemin pascal, station III : «Le baiser de Judas, l'arrestation»,
détail. |
IV-JÉSUS DEVANT LE SANHÉDRIN
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Chemin pascal, station IV : «Jésus devant le Sanhédrin». |
Chemin pascal, station IV : «Jésus devant le sanhédrin»,
détail.
Sur la gauche, le grand prêtre Caïphe. |
Jésus
devant le Sanhédrin (1/2).
Cette scène ne figure pas dans le Chemin
de croix, pourtant elle véhicule un très fort
symbole. On ne peut qu'en féliciter le curé
de l'époque et Danièle Fuchs de l'avoir intégrée
dans le Chemin pascal.
En peinture, les artistes représentent plutôt
Jésus devant Caïphe, le Grand prêtre. Mais
peindre le Christ devant un seul homme, même s'il est
accompagné d'un ou deux acolytes, a beaucoup moins
de force que le montrer devant une assemblée entière.
Et quelle assemblée ! Le Sanhédrin, fier de
ses prérogatives, jaloux de son pouvoir, se veut
le gardien des coutumes ancestrales. C'est en fait toute la
société juive du Ier siècle, incarnée
dans ses chefs religieux, qui se dresse devant Jésus.
Cet homme qui vient de Galilée est plus que dérangeant.
Une semaine plus tôt, il a chassé les marchands
du temple à coups de fouet, interrompant les achats
d'offrandes, des offrandes qui traditionnellement sont récupérées
par les Grands prêtres... Il est urgent de le condamner
à mort pour faire un exemple. Problème : la
loi exige au moins deux témoignages fiables et concordants.
Et, pour le moment, le Sanhédrin n'a trouvé
que des calomniateurs ou des témoignages discordants.
C'est pourquoi le Grand prêtre pose au perturbateur
la question décisive : «Es-tu le Messie, le Fils
du Dieu béni?» On connaît la réponse.
Le blasphème est avéré. Il va sceller
le sort du Christ.
Mais le Sanhédrin se heurte à un casse-tête
: le préfet Ponce Pilate, qui, de par le droit romain,
est le seul à pouvoir prononcer une condamnation à
mort dans sa juridiction qu'est la Judée, se moque
pas mal des litiges religieux des Juifs ! À ses
yeux, le Galiléen Jésus de Nazareth est innocent.
Après moult discussions avec le Sanhédrin et
pour calmer une foule hostile, le préfet acceptera
- à regret selon les Écritures - de faire crucifier
Jésus sur le motif de sédition. ---»»»
Suite 2/2
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Jésus
devant le Sanhédrin (2/2).
La scène de Caïphe devant Jésus fait penser
à une autre question, celle-là d'un fort poids
philosophique pour l'espèce humaine. C'est la question
que pose le Grand Inquisiteur mis en scène par Ivan
Karamazov dans la légende qu'il a conçue et
qu'il raconte à son frère Aliocha : «Pourquoi
viens-tu nous déranger?»
Dans cette histoire, qui est l'un des sommets de la littérature
mondiale, l'écrivain russe Dostoïevsky imagine
que le Christ revient sur Terre, au XVe siècle et à
Séville. L'atmosphère y est pesante : les habitants
de la ville courbent l'échine devant une Inquisition
toute-puissante. Le Christ ne s'annonce pas, mais tout le
monde le reconnaît. Son but n'est pas de troubler l'ordre
public (ce qu'il fait malgré lui), mais de pousser
chacun à s'interroger sur les principes moraux de la
société de bonheur que l'Inquisiteur impose
par la force.
La question «Pourquoi viens-tu nous déranger?»
que l'Inquisiteur pose au Christ qu'il a fait arrêter
et conduire en prison, conviendrait au drame de la Passion
si celle-ci se plaçait dans un autre contexte. Le Sanhédrin,
refusant de voir en Jésus le Fils de Dieu, ne peut
pas poser cette question. Il en est resté à
l'étape antérieure et son discours se résume
en quelques mots : «Tu te dis Fils de Dieu ; tu blasphèmes
; ton compte est bon.»
Cependant la question garde une part de réalisme. Jésus
vient troubler le train-train de ces hommes de pouvoir que
sont les membres du grand Conseil Juif. En tant que gardiens
vigilants des règles et de la tradition, ils ont supprimé,
dans la vie de leurs semblables, une part de liberté.
Les théologiens chrétiens le disent à
l'envi : le christianisme est liberté. Le Christ n'impose
pas, il propose. Il n'y a là aucune place pour la soumission.
Le Grand Inquisiteur va plus loin : il a supprimé La
liberté. Se rapprochant du diable, que Dostoïevski
appelle l'Esprit terrible ou l'Esprit provocateur, défiant
le projet divin, il a créé à Séville
une société fondée sur trois piliers
: le mystère, le miracle et l'autorité, trois
piliers aptes à éradiquer chez les hommes le
désir de liberté, aptes à les soumettre totalement
à sa loi - pour leur bien.
L'Inquisiteur est formel : la liberté est un fardeau
car l'homme ne sait pas discerner le Bien du Mal, se fourvoie
et se damne. Dieu s'est trompé. Dans la société
du bonheur obligatoire telle que l'a voulue l'Inquisiteur,
les hommes sont nourris, asservis... et sauvés. Pour
prix de sa rébellion contre le Père, le Grand
Inquisiteur se sait voué - et il l'accepte - à
la damnation éternelle.
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Chemin pascal, station IV : «Jésus devant le sanhédrin»,
détail. |
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Chemin pascal, station V : «Le reniement de Pierre».
Le coq se trouve sur la droite de la scène. |
Chemin pascal, station V : «Le reniement de Pierre», détail.
Une femme interpelle Pierre : «Celui-là aussi était
avec lui.» |
VI-LE COURONNEMENT D'ÉPINES ET LA
FLAGELLATION
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Chemin pascal, station VI : «Le couronnement d'épines
et la flagellation».
Dans cette scène, le manteau de Jésus a été
laissé volontairement en rouge par l'artiste. |
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Chemin pascal, station VII : «Voici l'homme», détail.
Sur la droite, une servante apporte une vasque d'eau. |
Chemin pascal, station VII : «Voici l'homme».
Aspect de la gravure sur cuivre sans la décomposition
de la lumière. |
Chemin pascal, station VII : «Voici
l'homme», détail ---»»»
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VIII-JÉSUS EST CHARGÉ DE LA
CROIX
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Chemin pascal, station VIII : «Jésus est chargé
de la croix». |
IX-SIMON DE CYRÈNE AIDE JÉSUS
À PORTER SA CROIX
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Chemin pascal, station IX : «Simon de Cyrène aide Jésus
à porter sa croix». |
X-JÉSUS RENCONTRE SA MÈRE
ET CONSOLE LES FEMMES DE JÉRUSALEM
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Chemin pascal, station X : «Jésus rencontre sa mère
et console les femmes de Jérusalem».
Sur la gauche, les croix des deux larrons sont déjà
en place. |
Chemin pascal, station X : «Jésus rencontre sa mère
et console les femmes de Jérusalem», détail. |
XI-LES SOLDATS SE PARTAGENT SES VÊTEMENTS
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XII-JÉSUS EST CLOUÉ SUR LA
CROIX
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Chemin pascal, stations XI et XII. |
Chemin pascal, station XI : «Les soldats se partagent ses vêtements».
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Chemin pascal, station XII : «Jésus est cloué
sur la croix», détail. |
XIII-JÉSUS MEURT SUR LA CROIX
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Chemin pascal, station XIII : «Jésus meurt sur la croix».
Danièle Fuchs a donné à la scène un cadre
grandiose. En fait, le Golgotha n'était qu'une petite butte
à l'une des portes de Jérusalem. |
Chemin pascal, station XIII : «Jésus meurt sur
la croix», détail. |
XIV-JÉSUS EST DESCENDU DE LA
CROIX ET REMIS À SA MÈRE
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Chemin pascal, station XIV : «Jésus est descendu
de la croix et remis à sa mère», détail. |
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Chemin pascal, station XIV : «Jésus est descendu de la
croix et remis à sa mère». |
XV-AU MATIN DE PÂQUES, LE TOMBEAU
VIDE
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Chemin pascal, station XV : «Au matin de Paques, le tombeau
vide». |
XVI-JÉSUS ET LES DISCIPLES D'EMMAÜS
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Chemin pascal, station XVI : «Jésus et les disciples
d'Emmaüs».
Pour illustrer le pain et le vin de l'Eucharistie, Danièle
Fuchs a représenté la vigne à gauche et le blé
à droite. |
Chemin pascal, station XVI : «Jésus et les disciples
d'Emmaüs», détail. |
Chemin pascal, station XVI : «Jésus et les disciples
d'Emmaüs» : la vigne. |
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Élévation gauche avec ses stations du Chemin pascal.
Un rayon de soleil frappe la station VII (Voici l'homme) : le miroir
de l'appareil photo décompose la lumière.
«««--- Chemin pascal,
station XVI : «Jésus et les disciples d'Emmaüs»
: le blé.
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Vue d'ensemble de la nef depuis le chur. |
Documentation : Site de la paroisse + Panneaux
affichés dans l'église
+ «Jésus, l'Encyclopédie» sous la direction
de Joseph Doré, éditions Albin Michel, 2017
+ «Les frères Karamazov», Dostoïevsky. |
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