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Les historiens rapportent que, sur l'emplacement
actuel de l'église, se trouvait autrefois un temple consacré
au dieu Mercure. Aux premiers temps du christianisme, le temple
fut dédié à la Vierge et prit le nom de Notre-Dame-des-Vignes.
Le roi Robert le Pieux (972-1031) décida de rebâtir
l'édifice et de le confier à des moines bénédictins
venus de l'abbaye alsacienne de Marmoutier. Les quelques vignes
avoisinantes sont arrachées ; l'église devient Notre-Dame-des-Champs
; le sanctuaire se transforme en un vaste prieuré calqué
sur les plans de l'abbaye-mère.
En 1604, les moines cèdent les bâtiments aux carmélites
d'Espagne. L'époque est au renouveau de la spiritualité,
dont l'un des maîtres est le cardinal de Bérulle (1575-1629).
L'accent est mis sur le mystère de l'Incarnation et la dévotion
à l'Enfant-Jésus. Le prieuré devient le Carmel
dit de l'Incarnation et jouit très vite d'un rayonnement
prodigieux. Bossuet y prêche ; Mademoiselle de la Vallière
s'y retire. Madame Acarie (béatifiée en 1791) assiste
le cardinal de Bérulle dans sa réforme carmélitaine.
À la Révolution, le couvent est fermé, l'église
détruite. Reste une rue Notre-Dame-des-Champs.
En 1858, la paroisse est créée. Son lieu de culte
est une chapelle en bois. En 1867, l'architecte Paul-René-Léon
Ginain (1825-1898) commence la construction de l'église actuelle,
librement inspirée du style roman. Elle est achevée
en 1876.
Notre-Dame-des-Champs est ornée d'un grand nombre de peintures
de l'artiste Joseph Aubert (1849-1924). Une série
de vingt-deux toiles, dans la nef et le chur, y relate la
vie de la Vierge. Le fait marquant de ces toiles est qu'Aubert a
enrichi son art d'une véritable recherche ethnographique
à la suite de ses voyages en Palestine.
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Vue d'ensemble de l'église Notre-Dame-des-Champs. |
Un point
d'architecture. Comme beaucoup d'églises
construites à Paris sous le Second Empire, l'édifice
possède une charpente métallique réalisée
par Gustave Eiffel (1832-1923). Ce qui lui permet de bénéficier
d'une voûte assez haute et d'un espace important. La
nef est scandée d'arcades en plein cintre soutenues
par des piles cruciformes. Au-dessus des chapiteaux ioniques,
des colonnes engagées
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s'élèvent jusqu'aux
arcs-doubleaux de la voûte.
L'église Notre-Dame-des-Champs bénéficie
d'une double série de verrières sur les bas-côtés
et le deuxième niveau de l'élévation.
Les vitraux, très légèrement colorés,
apportent à la nef
et au chur,
toute la lumière nécessaire pour admirer les
toiles de Joseph Aubert.
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La façade d'inspiration romane de Notre-Dame-des-Champs
sur le boulevard du Montparnasse. |
Tympan du portail central
Bas-relief «La Vierge et l'Enfant Jésus» par Gabriel-Jules
Thomas (1824-1905). |
Vue d'ensemble de Notre-Dame-des-Champs sur le boulevard du Montparnasse. |
Le chevet et le côté gauche de l'église. |
Chapelle des fonts baptismaux à l'entrée de l'église.
À DROITE ---»»»
Piéta dans la chapelle des fonts baptismaux.
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Élévations droites dans la nef avec sa série
de toiles de Joseph Aubert. |
Joseph Aubert, Vie de la Vierge : «Marie fiancée à
Joseph»
La scène se passe dans la cour intérieure d'une maison
de Nazareth. |
Joseph Aubert, Vie de la Vierge : «Marie purifiée au
Temple»
L'artiste a placé la scène au sein d'un décor
pharaonique. |
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Bas-côté droit. Au fond, la chapelle absidiale saint
Denis
On remarque sur l'élévation des étapes du Chemin
de croix.
Le Chemin de croix est constitué
de quatorze grisailles sur fond de cuivre émaillé,
dues à l'artiste Frédéric de Courcy.
Cette uvre a été exposée au Salon
de 1879.
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«««---Vitrail de l'église reproduit partout
et apportant beaucoup de lumière dans la nef et le chur.
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Chemin de croix, station II
« Jésus chargé de sa croix » de Frédéric
de Courcy |
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Chemin de croix, station IV
«Jésus rencontre sa mère» de Frédéric de Courcy
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Chemin de croix, station XI
«Jésus attaché à la croix» de Frédéric
de Courcy
Station VIII «Jésus console les filles de Jérusalem»,
détail. ---»»» |
Joseph Aubert, Vie de la Vierge : «Marie se repose en Égypte»
À l'arrière-plan, le peintre a représenté
les grandes pyramides de Ghiseh. |
Joseph Aubert, Vie de la Vierge : «Marie à la fontaine»
L'artiste a représenté au second plan la fontaine de
Nazareth. |
Les toiles
de Joseph Aubert (1849-1924). D'origine bretonne,
Aubert a consacré dix-huit années de sa vie
à l'uvre artistique de l'église Notre-Dame-des-Champs
de Paris. Il en a réalisé toutes les toiles
à l'exception des deux peintures des chapelles du Sacré-Cur
et de Saint-Joseph
(peintures données dans cette page). L'artiste utilise
la technique de la toile marouflée : une toile fixée
sur un mur à l'aide d'une colle appelée «maroufle».
Pour ses vingt-deux tableaux de la vie de la Vierge, Aubert
s'est documenté en effectuant plusieurs voyages en
Palestine afin d'y observer le costume des gens, et plus spécialement,
la vie quotidienne des femmes. Par ailleurs, de nombreux lieux
visités se retrouvent sur ses toiles. Signalons que
les peintures de l'église Notre-Dame-des-Champs mettent
en exergue les deux natures de la Vierge : celle triomphante
dans le ciel au-dessus des créatures terrestres telle
qu'on la voit dans la voûte en cul-de-four ; celle de
la nef et de ses vingt-deux tableaux où elle apparaît
dans sa vie terrestre, comme une femme de Galilée «qui
est revêtue de la robe brodée que l'on porte
encore, aujourd'hui, à Ramalla, du voile et du bandeau
caractéristiques des femmes de Bethléem»
(R.P. Sertillanges).
Joseph Aubert avait acquis une notoriété internationale
: quatre toiles de l'église ont été achetées
par des amateurs d'art religieux américains (les uvres
exposées sont des répliques). Innovant dans
les décors et les costumes, Aubert le fut aussi dans
l'interprétation qu'il fit de «La
Cène». L'artiste n'a pas représenté
un repas, mais une
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communion. Jésus se tient
debout, un calice entre les mains. Les apôtres se tiennent
à genoux ou penchés vers lui. Ceux qui sont
assis à la table vont devoir la quitter pour communier,
eux aussi, au Sang divin. Dans ce très beau tableau,
il faut souligner la méticulosité de l'artiste
et sa recherche du réalisme dans sa peinture de la
salle, des costumes et des accessoires du repas.
Source : «Brève histoire de la paroisse
Notre-Dame-des-Champs» par Bernard Plongeron, professeur
honoraire à l'Institut Catholique de Paris. Brochure
éditée à l'occasion du Jubilé
de l'église 1858-2008 (ISBN : 978-2-7063-0255-8).
La deuxième
page consacrée à l'église Notre-Dame-des-Champs
propose l'intégralité des vingt-deux panneaux
de la vie de la Vierge peints par Aubert.
L'église Saint-Maimbuf
à Montbéliard possède, dans ses chapelles
absidiales, deux grandes toiles (5,60m sur 2,80m) peintes
par Joseph Aubert. L'une décrit la Déploration
et date de 1902, l'autre illustre une scène
de bénédiction dans une tranchée
de la guerre 14-18 et date de 1921. On pourra noter la très
grande proximité entre la scène de la Déploration
à Saint-Maimbuf et le tableau où «Marie
reçoit le corps de Jésus» à
Notre-Dame-des-Champs.
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LE CHUR DE NOTRE-DAME-DES-CHAMPS |
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Le chur de Notre-Dame-des-Champs
Il est d'une longueur inhabituelle (on compte cinq arcades jusqu'à
la chapelle de la Vierge).
Dix des vingt-deux toiles d'Aubert sur la vie de la Vierge y sont
exposées. |
Le chur de Notre-Dame-des-Champs et ses toiles de Jacques Aubert.
Au deuxième plan, à gauche : la chapelle du Sacré-Cur
dans le croisillon droit du transept.
Dans la transept, au second niveau, une grande toile marouflée
d'Aubert : «L'Envoi des apôtres en mission» et une
autre, à droite, «Le
Bon Samaritain». |
Croisilon gauche du transept, au-dessus de la chapelle Saint-Joseph.
Peinture de Joseph Aubert : «La Cène»
Faisant preuve d'originalité, Aubert a représenté
la Cène comme «La Première communion des apôtres»
(expression due au R.P. Sertillanges). |
Chapelle du Sacré-Cur dans le transept
Peinture murale : «Le Sacré-Cur» par François
Lafon (1885). |
«Jésus au jardin des Oliviers», toile de Joseph
Aubert
dans le croisillon gauche du transept, au-dessus de la chapelle Saint-Joseph.
On pourra rapprocher cette toile et la posture de Jésus du
chef-d'uvre d'Eugène Delacroix,
sur le même thème dans l'église Saint-Paul-Saint-Louis
dans le 4e arrondissement de Paris. |
Chapelle Saint-Joseph dans le transept
Peinture murale : «Le Repos de la Sainte Famille» de Félix-Henry
Giacomotti (1828-1909)
À DROITE, la toile entière ---»»»
AU-DESSUS, la partie centrale en gros plan . |
Peinture murale «Le Repos de la Sainte Famille». |
La loi
de Séparation de l'Église et de l'État
de 1905 à Notre-Dame-des-Champs. Rappelons
que la loi de 1905 demandait aux paroisses de créer
chacune une association cultuelle à laquelle seraient
attribués les biens des établissements publics
de culte, nouvellement propriétés de l'État.
Pour marquer son opposition à la loi, l'Église
de France refusa ces associations (qui sont pourtant tout
à fait banales aujourd'hui). La loi de 1905 stipulait,
que, sans attribution à une association, ces biens
devaient être placés sous séquestre -
ce qui passait, bien sûr, par un inventaire préalable.
Et cet inventaire constituait aux yeux des religieux et des
fidèles l'empreinte infamante de la République
sur la vie religieuse. Donc un casus belli.
Évidemment, pour établir les inventaires, les
officiers de l'État demandèrent la collaboration
des religieux... que ceux-ci refusèrent en guise de
protestation. En décembre 1905, le cardinal Richard
fit passer ses instructions aux paroisses parisiennes : suivre
les opérations d'inventaire, sans les diriger, et faire
toutes les réserves utiles quand les intérêts
des curés et des fabriques apparaîtront compromis.
À Notre-Dame-des-Champs, le curé et les membres
de la fabrique affichèrent, dans une lettre officielle,
leur refus de prêter la main aux autorités.
Quand les agents des domaines arrivèrent devant le
parvis de l'église, le 31 janvier 1906 à 14
heures, une foule houleuse les attendait. Il y avait là
deux blocs.
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Le premier, celui du «peuple
des barrières», guidé par d'anciens communards
et des chefs socialistes, criait : «A bas la calotte!».
L'autre, défenseur du curé, était constitué
de Bretons dont l'arrivée dans la capitale, depuis
quelques décennies, avait contribué à
changer radicalement le visage social du quartier. Aussi belliqueux
l'un que l'autre, les deux groupes en vinrent aux mains. Du
côté des Bretons, on entendait crier : «A
bas les voleurs!» et «Allez donc au Grand Orient!»,
mettant la loi de Séparation sur le compte de la Franc-Maçonnerie.
Après deux heures d'affrontement, conformément
aux instructions qu'ils avaient reçues, les agents
des domaines se retirèrent bredouilles. Les manifestants
une fois partis, le curé de l'église fit réciter
le chapelet en public. Notre-Dame-des-Champs fut classée
dans les paroisses du «refus».
Source : Brève histoire
de la paroisse Notre-Dame-des-Champs par Bernard Plongeron,
professeur honoraire à l'Institut Catholique de Paris
(brochure éditée à l'occasion du Jubilé
de l'église 1858-2008).
Quand il n'y avait dans la paroisse que des gens favorables
au curé et à l'Église, les choses pouvaient
tourner à l'aigre. Voir par exemple les détails
de l'émeute survenue à l'église Saint-Symphorien
de Versailles
lors de l'inventaire de 1906.
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Chapelle Sainte-Geneviève |
Chapelle Sainte-Geneviève dans l'absidiale gauche
Statue de Sainte Geneviève, détail.
«««--- À GAUCHE
Chapelle Sainte-Geneviève dans l'absidiale gauche
avec sa statue de sainte Geneviève.
À DROITE ---»»»
Croix contemporaine dans le chur
Elle est due au père Jacques Mérienne
et exécutée par l'artiste Joël You (XXe siècle).
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Chapelle Saint-Denis dans l'absidiale droit
Statue de saint Denis, détail. |
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Chapelle axiale de la Vierge
Sur la voûte en cul-de-four, une composition de Joseph Aubert
:
«Le Triomphe universel de Marie» |
Chapelle de la Vierge
Statue de La Vierge et l'Enfant Jésus
ciselée par Alfred-Adolphe Lepère (1827-1904)
L'Enfant Jésus tient dans ses mains une couronne d'épines.
L'une des plus belles «Vierge à l'Enfant» de Paris. |
Chapelle de la Vierge
L'un des deux vitraux historiés de l'église :
«Saint Denis élève à la Sainte Vierge son
plus ancien autel au lieu qui s'appellera Notre-Dames-des-Champs». |
Chapelle de la Vierge
L'un des deux vitraux historiés de l'église :
«Saint Denis, 1er évêque de Paris, visite la Sainte
Vierge dans la maison de saint Jean à Ephèse». |
Chapelle de la Vierge
Statue de La Vierge et l'Enfant Jésus, partie supérieure
(uvre d'Alfred-Adolphe Lepère)
Voir d'autres «Vierge à l'Enfant» à Paris
:
celle de Jean-Baptiste Pigalle à Saint-Eustache,
celle d'Auguste-Louis Ottin à Notre-Dame
de Clignancourt,
et «Notre-Dame du Vu» à
Notre-Dame d'Auteuil. |
Chapelle de la Vierge, partie centrale de la peinture de Joseph Aubert
«Le Triomphe universel de Marie» |
La croisée du transept et le chur
On reconnaît les toiles d'Aubert : «Jésus au jardin
des Oliviers»
et la «Cène» (à l'extrême gauche) |
L'orgue de tribune est un Cavaillé-Coll de 1877.
Il a été restauré par Schwenkedel en 1973 et
Fosseart en 2004. |
Joseph Aubert, Vie de la Vierge : «Marie reçoit le corps
de Jésus»
Cette toile est très voisine du tableau de Joseph Aubert intitulé
«La Déploration du Christ»
et visible à l'église Saint-Maimbuf
de Montbéliard. |
Chapelle du Sacré-Cur, peinture murale de Joseph Aubert
: «Le Bon Samaritain». |
La nef vue depuis le maître-autel. |
Documentation : «Paris d'église
en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4
+ Documentation disponible dans l'église. |
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