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Saint-Julien-le-Pauvre est considérée
comme la plus ancienne église de Paris. Au VIe siècle
se dresse à cet endroit l'église d'un hospice qui
accueille pèlerins et voyageurs. Au IXe siècle les
Normands vandalisent les bâtiments qui sont cédés,
vers 1120, aux moines clunisiens de l'abbaye de Longpont. L'église
est vouée à saint Julien l'Hospitalier dit le Pauvre.
Enfin, vers 1170, les moines reconstruisent une nouvelle église.
Au XIIIe siècle, après la création de l'Université
de Paris toute proche, l'église Saint-Julien-le-Pauvre devient
le lieu de réunion et de réflexion à la mode.
Dante et Thomas d'Aquin ont dû la fréquenter.
Quand l'Université part sur la montagne Sainte-Geneviève,
l'église tombe peu à peu en désuétude.
Elle est cédée à l'Hôtel-Dieu en 1655
pour faire office de chapelle. La Révolution la transforme
en magasin à sel. Elle n'est rendue au culte qu'en 1826 pour
être restaurée quelques années après.
En 1889, elle est dédiée au culte grec melkite catholique,
qui dépend du patriache d'Antioche.
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L'église Saint-Julien-le-Pauvre dans la rue du même
nom. Sa façade ne paye pas de mine.
On peut encore y voir des éléments romans : restes
de galeries et de colonnes à chapiteaux.
En sortant de l'église Saint-Séverin
par le chur côté nord, on tombe pratiquement
dessus.
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Le chevet roman depuis le parc Viviani (5e arrondissement)
Le parc Viviani abrite le plus vieil arbre de Paris (planté
en 1620)
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Vue générale de la nef. On est dans une église
dédiée au culte grec byzantin : il n'y a ni statue ni
orgue. En revanche, une magnifique iconostase en marqueterie sépare
la nef du chur (qui demeure invisible aux visiteurs si le rideau
central n'est pas ouvert). On remarque que les vitraux sont simplement
blancs. Les icônes se détachent magnifiquement sur l'ensemble
gris de la pierre. L'église Saint-Julien-le-Pauvre est un lieu
plein de quiétude qui porte au recueillement. Cliquez sur l'iconostase
pour l'afficher en gros plan.
Le schisme
entre Rome et Byzance commence, dès le VIIIe
siècle, par une rivalité entre la liturgie latine
(défendue par Rome) et la liturgie grecque (défendue
par Constantinople), l'usage du pain azyme (pâte non
levée) par Rome étant l'élément
de discorde le plus important. Les choses s'enveniment au
XIe siècle. L'envoi d'émissaires romains à
Constantinople se termine en injures et provocations. Aux
excommunications prononcées par Rome répondent
les anathèmes jetés par Byzance. Peu après,
néanmoins, les deux camps s'apaisent. Avec les croisades,
les rivalités politiques s'ajoutent aux oppositions
liturgiques. Le schisme ne prendra la forme d'une opposition
tenace, voire sectaire, qu'avec le sac de Constantinople par
les Croisés en 1204 lors de la quatrième croisade.
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Icône de la Mère de Dieu au-dessus de l'iconostase |
Autel du bas-côté sud |
Le bas-côté nord. La voûte d'ogives est d'origine
Ci-contre la partie droite de l'iconostase avec le Christ en bas et
une représentation de saint Jean- l'Évangéliste
au-dessus.
Dans la liturgie grecque, l'iconostase
est un objet de vénération. Les icônes
que la recouvrent sont chargées de transmettre les
prières des fidèles au Christ. L'iconostase
de Saint-Julien-le-Pauvre est une superbe cloison en bois
marqueté réalisée par un artiste de Damas,
Georges Bitat en 1890. Elle sépare la nef (symbole
du monde humain) du sanctuaire (symbole du monde divin).
Au niveau supérieur, on y voit une succession de scènes
de l'Evangile. Au niveau inférieur se trouvent quatre
personnages en grande dimension : le Christ (ci-contre), la
Mère de Dieu, saint Jean-Baptiste et saint Jean Chrysostome
(iconostase
en gros plan)
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Magnifique architecture romane du XIIIe siècle de Saint-Julien-le-Pauvre.
Dante et Thomas d'Aquin ont dû s'asseoir ici.
Des arcades en plein cintre séparent la nef des bas-côtés.
Les colonnes sont surmontées de chapiteaux
à feuilles d'eau dite «flore généralisée».
La voûte en berceau a été ajoutée au
XVIIe siècle.
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Les chapiteaux de Saint-Julien-le-Pauvre sont couverts de motifs de
feuilles (comme ici à gauche).
Un seul chapiteau (à droite) présente une sculpture
originale : des harpies (bas-côté sud) |
Le mur du bas-côté sud, par ses nombreuses icônes,
rappelle
que l'endroit est un site religieux grec byzantin. |
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Documentation : «Paris d'église
en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4. |
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