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En 1932, un nouveau quartier est créé
dans les faubourgs sud de Rennes
: le Haut-Quineleu s'urbanise et il faut un lieu de culte à
la nouvelle paroisse. C'est d'abord un édifice provisoire.
Puis, pour la construction d'une église, le diocèse
fait appel à l'architecte Hyacinthe-Marie Perrin (1877-1965),
déjà auteur de la chapelle du Carmel rennais. Notons
que, plus tard, son fils Yves et son petit-fils, architectes eux
aussi, se distingueront dans la construction d'édifices religieux
à Rennes
et dans la région.
L'église Sainte-Thérèse sera bâtie de
1934 à 1936 par l'entrepreneur Charles Badault. De belle
ampleur (près de 50 mètres de long et plus de 30 mètres
de haut), son plan se rapproche de la croix grecque. L'architecture,
dont l'emboîtage des toits n'a rien de simple, est prévue
pour accueillir un millier de fidèles. Hyacinthe Perrin s'est
appliqué, que ce soit dans les formes ou l'aspect des matériaux
et de leur coloris, à créer une très agréable
harmonie intérieure et extérieure. Les sculptures
d'Albert Bourget, le pavage et les mosaïques d'autels d'Isidore
Odorico, les peintures de Louis Garin et les vitraux du Rennais
Émile Rault réalisent un bon équilibre décoratif.
En septembre 2002, un incendie cause d'importants dégâts.
Peintures et mosaïques seront restaurées. Ceux des vitraux
de l'atelier d'Émile Rault qui ont été détruits
par le feu seront refaits par le même atelier, dirigé
cette fois par son fils André, grâce aux maquettes
qui ont toutes été conservées.
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Vue d'ensemble de l'église Sainte-Thérèse. |
Vue d'ensemble de l'église Sainte-Thérèse.
La présence d'une lanterne des morts au-dessus de la
tourelle d'accès à la tribune
est un trait qui caractérise l'architecture de l'église. |
Le Christ en croix d'Albert Bourget, détail. |
L'église Sainte-Thérèse vue depuis le chevet.
La flèche de la tour culmine à 60 mètres. |
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LA NEF DE L'ÉGLISE
SAINTE-THÉRÈSE |
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Vue d'ensemble de la nef de l'église Sainte-Thérèse.
Le contraste, très agréable à l'il, des
coloris crée une atmosphère chaleureuse qui porte à
la méditation et à la prière. |
Chapelle Sainte-Thérèse dans le bras nord du transept et vitrail d'Émile
Rault.
L'autel de cette chapelle et les deux autres (donnés à
droite) ont été
dessinés par Hyacinthe Perrin et réalisés par
Brunet. |
Architecture
intérieure. Encore plus sophistiquée
qu'à l'extérieur, cette architecture est
un défi au crayon des dessinateurs industriels.
L'effet pyramidal est ici très marqué.
Les étages, scandés de toitures charpentées
à trois pans ou en mitre qui s'emboîtent,
se succèdent jusqu'au sommet de la voûte.
Une photo
plus bas illustre bien cette impression d'ascendance.
De forme rectangulaire (46 mètres de long sur
28 de large), la nef n'en présente pas moins
toutes ses structures et chapelles aux fidèles
où qu'ils se trouvent. La coupole de 33 mètres
de haut s'élève à partir d'un carré
de 12 mètres de côté. L'impression
dégagée est celle d'un espace unitaire
avec un autel de messe visible de toutes parts.
Les coloris intérieurs participent à cette
harmonie. Ils offrent un contraste très vivant
entre la clarté des élévations
et le brun foncé des surfaces charpentées.
On remarque aussi un éclairage très étudié
qui rehausse encore l'aspect chaleureux de la nef. Les
pans qui sustendent la coupole sont ornés d'une
décoration très équilibrée
: vitraux et peintures murales scandent l'élévation
centrale sans créer aucune surcharge.
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Chapelle Sainte-Odile. |
Chapelle Sainte-Bernadette. |
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La nef et le bras sud du transept. |
Thérèse Martin demande au pape d'entrer au Carmel
à quinze ans, détail. |
Vue d'ensemble de la nef depuis l'entrée. |
Apothéose de sainte Thérèse.
Peinture de Louis Garin au sommet de la coupole. |
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Le dimanche 20 novembre 1887, Thérèse Martin demande
au pape d'entrer au Carmel à quinze ans.
Peinture de Louis Garin sur un pan de la coupole. |
«Vous
entrerez si le Bon Dieu le veut».
C'est ainsi que le pape Léon XIII répond
à Thérèse Martin (1873-1897) qui
le presse, en violation du protocole qui régit
les audiences papales, d'accepter son entrée
au Carmel de Lisieux. Nous sommes à Rome en automne
1887. Thérèse a quatorze ans. C'est trop
jeune pour entrer comme novice chez les carmélites.
Néanmoins, elle y entrera l'année suivante,
à l'âge de quinze ans et y restera jusqu'à
sa mort, en 1897. Elle s'éteint à vingt-quatre
ans, victime d'une tuberculose qui mine sa santé
depuis plusieurs mois. Dans les dernières années
de sa courte vie, Thérèse Martin a confié
à la plume ses états d'âme et ses
élans mystiques depuis son enfance.
Ce récit contient de temps en temps d'intéressants
passages descriptifs. L'un est l'audience papale à
Rome lors d'un pèlerinage de groupe auquel elle
participe avec son père en Italie ; l'autre,
c'est la grave épidémie de grippe qui
s'abat sur la France en 1892 et qui n'épargne
pas le Carmel de Lisieux. La quasi-totalité des
religieuses sont touchées. Sur Thérèse
de l'Enfant-Jésus, qui a dix-neuf ans à
cette époque, est épargnée. Elle
va se vouer sans compter au service des autres : soigner
les malades et ensevelir les morts. L'épidémie
fera 70 000 morts en France. On peut regretter que,
dans l'Histoire d'une âme, la future sainte
ne s'étende guère sur son travail astreignant
lors de l'épidémie.
Voici l'épisode avec le pape tel qu'elle le raconte
:
«Après la messe d'action de grâces
qui suivit celle de Sa Sainteté, écrit-elle,
l'audience commença. Léon XIII était
assis sur un grand fauteuil, il était vêtu
simplement d'une soutane blanche, d'un camail de même
couleur et n'avait sur la tête qu'une petite calotte.
[C'est bien la tenue représentée dans
la peinture ci-dessus.] Autour de lui se tenaient des
cardinaux, archevêques et évêques,
mais je ne les ai vus qu'en général, étant
occupée du Saint-Père ; nous passions
devant lui en procession, chaque pèlerin s'agenouillait
à son tour, baisait le pied et la main de Léon
XIII, recevait sa bénédiction (...)»
Ensuite, deux gardes nobles touchaient le pèlerin
pour lui signaler qu'il devait se relever et s'éloigner.
Mais Thérèse Martin est décidée
à parler au pape, même si l'on vient de
faire savoir aux pèlerins de rester muets car
l'audience se prolonge un peu trop... «Un instant
après, continue-t-elle, j'étais aux pieds
du Saint-Père ; ayant baisé sa mule, il
me présentait la main, mais au lieu de la baiser,
je joignis les miennes et levant vers son visage mes
yeux baignés de larmes, je m'écriai :
"Très Saint-Père, j'ai une grande
grâce à vous demander !..." Alors
le Souverain Pontife baissa la tête vers moi,
de manière que ma figure touchait presque la
sienne, et je vis ses yeux noirs et profonds se fixer
sur moi et sembler me pénétrer jusqu'au
fond de l'âme.»
Thérèse fait sa demande, mais le pape
ne comprend pas très bien. Le Grand Vicaire,
qui accompagne le pèlerinage et qui se tient
à côté du pape, lui explique alors
que «les supérieurs examinent la question
en ce moment.» Sur quoi, le pape répond
: «Eh bien, mon enfant, faites ce que les supérieurs
vous diront.» La jeune fille insiste : «M'appuyant
alors les mains sur ses genoux, écrit-elle, je
tentai un dernier effort et je dis d'une voix suppliante
: "Oh! Très Saint-Père, si vous disiez
oui, tout le monde voudrait bien !..." Il me regarda
fixement et prononça ces mots en appuyant sur
chaque syllabe : "Allons... Allons... Vous entrerez
si le Bon Dieu le veut !...» [En italique
dans le texte.]
Mais Thérèse s'accroche et veut continuer
à parler. Les deux gardes lui tapotent l'épaule
pour qu'elle se relève, mais rien n'y fait ;
elle a toujours ses mains jointes appuyées sur
les genoux du pape. Alors ils la prennent par les bras
et, avec l'aide du Grand Vicaire, la soulèvent.
C'est en fait de force qu'ils l'arrachent des pieds
du pape ! «Les deux gardes nobles, écrit-elle,
me portèrent pour ainsi dire jusqu'à la
porte et là, un troisième me donna une
médaille de Léon XIII.»
Source : Histoire d'une
âme de sainte Thérèse de Lisieux,
Éditions Emmanuel.
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Dans ses dernières années au Carmel, sur
Thérèse de l'Enfant-Jésus rédige
son Histoire d'une âme.
Peinture de Louis Garin sur un pan de la coupole. |
Le 13 mai 1883, Thérèse Martin est guérie
de son «étrange maladie» par un sourire de
la Vierge.
Peinture de Louis Garin sur un pan de la coupole. |
«Je ferai tomber une pluie de roses» et
«Oui, je veux passer mon Ciel à faire du bien sur
la terre»
sont deux phrases célèbres de l'Histoire d'une
âme.
Peinture de Louis Garin sur un pan de la coupole |
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Vitrail sous la coupole : le taureau de saint Luc.
Atelier Émile Rault à Rennes. |
Vitrail sous la coupole : l'aigle de Jean.
Atelier Émile Rault à Rennes. |
Vitrail sous la coupole : le lion de Marc.
Atelier Émile Rault à Rennes. |
Vitrail sous la coupole : l'ange de Matthieu.
Atelier Émile Rault à Rennes. |
Vitrail du bas-côté sud.
Atelier Émile Rault à Rennes. |
D'après le livret de l'église, les grandes verrières
nord et sud
représentent la «pluie de roses» (c'est-à-dire
de grâces) que sainte
Thérèse s'était promis, une fois au Ciel,
de faire tomber sur la Terre. |
Chemin de croix, station XIII.
Peinture de Louis Garin. |
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Lambris de couvrement à caissons et peinture de Louis
Garin. |
Peinture de Louis Garin au-dessus du chur : deux paons
autour d'une grappe de raisins. |
Aspect intérieur de la structure pyramidale créée
par l'architecte Hyacinthe Perrin.
Une succession d'arcs en mitre ou à trois pans s'élève
jusqu'à la coupole. |
Vitrail dans un bras du transept, détail.
Atelier Émile Rault à Rennes. |
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Le chur de l église Sainte-Thérèse avec
les peintures de Louis Garin et les mosaïques d'Isidore Odorico.
L'autel et le lustre ont été réalisés
en 2004 par Jean-Paul Froidevaux, émailleur à Sèvres. |
La nef (ou le naõ) symbolise l'Espérance.
Vertu théologale peinte dans le chur par Louis Garin. |
Le pélican, qui nourrit ses petits de sa propre chair, symbolise la
Charité.
Vertu théologale peinte dans le chur par Louis Garin. |
La croix symbolise la Foi.
Vertu théologale peinte dans le chur par Louis Garin.
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Les stalles du chur sont accompagnées des mosaïques
d'Isidore Odorico. |
La façade occidentale de l'église et son orgue de tribune.
L'orgue a été réalisé en 1948 par le facteur
Gonzales (21 jeux, deux claviers et un pédalier). |
Documentation : livret sur Sainte-Thérèse
à l'entrée de l'église
+ site Mérimée sur l'église Sainte-Thérèse
+ «Dictionnaire du patrimone rennais» sous la direction
de Jean-Yves Vieillard et Alain Croix, éditions Apogée,
2004
+ «Architecture et Arts sacrés de 1945 à nos jours»
de Christine Blanchet et Pierre Vérot, Archibooks + Sautereau
éditeurs, 2015
+ «Histoire d'une âme» de sainte Thérèse
de Lisieux, Éditions Emmanuel. |
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