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Page créée en fév. 2023
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Thérèse Martin est guérie par un sourire de la Vierge

En 1932, un nouveau quartier est créé dans les faubourgs sud de Rennes : le Haut-Quineleu s'urbanise et il faut un lieu de culte à la nouvelle paroisse. C'est d'abord un édifice provisoire. Puis, pour la construction d'une église, le diocèse fait appel à l'architecte Hyacinthe-Marie Perrin (1877-1965), déjà auteur de la chapelle du Carmel rennais. Notons que, plus tard, son fils Yves et son petit-fils, architectes eux aussi, se distingueront dans la construction d'édifices religieux à Rennes et dans la région.
L'église Sainte-Thérèse sera bâtie de 1934 à 1936 par l'entrepreneur Charles Badault. De belle ampleur (près de 50 mètres de long et plus de 30 mètres de haut), son plan se rapproche de la croix grecque. L'architecture, dont l'emboîtage des toits n'a rien de simple, est prévue pour accueillir un millier de fidèles. Hyacinthe Perrin s'est appliqué, que ce soit dans les formes ou l'aspect des matériaux et de leur coloris, à créer une très agréable harmonie intérieure et extérieure. Les sculptures d'Albert Bourget, le pavage et les mosaïques d'autels d'Isidore Odorico, les peintures de Louis Garin et les vitraux du Rennais Émile Rault réalisent un bon équilibre décoratif.
En septembre 2002, un incendie cause d'importants dégâts. Peintures et mosaïques seront restaurées. Ceux des vitraux de l'atelier d'Émile Rault qui ont été détruits par le feu seront refaits par le même atelier, dirigé cette fois par son fils André, grâce aux maquettes qui ont toutes été conservées.

«Je ferai tomber une pluie de roses»
Vue d'ensemble de l'église Sainte-Thérèse
Vue d'ensemble de l'église Sainte-Thérèse.
Vue d'ensemble de l'église Sainte-Thérèse
Vue d'ensemble de l'église Sainte-Thérèse.
La présence d'une lanterne des morts au-dessus de la tourelle d'accès à la tribune
est un trait qui caractérise l'architecture de l'église.
Le Christ en croix d'Albert Bourget, détail
Le Christ en croix d'Albert Bourget, détail.
L'église Sainte-Thérèse vue depuis le chevet
L'église Sainte-Thérèse vue depuis le chevet.
La flèche de la tour culmine à 60 mètres.
La façade et le Christ en croix d'Albert Bourget
La façade et le Christ en croix d'Albert Bourget.

Le livret de l'église signale que ce style rappelle le mouvement
artistique breton des années 1930.
Au tympan, deux colombes entourent une «Hostie»
Au tympan, deux colombes entourent une «Hostie».
Dragon ailé d'Albert Bourget
Dragon ailé.
Statue d'Albert Bourget.

Trois animaux nocturnes, sculptés par Albert Bourget, ornent les rampants des toitures. Ils rappellent la symbolique des gargouilles : les esprits malfaisants n'ont pas accès au sanctuaire.

Hibou d'Albert Bourget
Hibou.
Statue d'Albert Bourget
Lanterne des morts contre la tour
La lanterne des morts surplombe une tourelle
qui abrite l'escalier d'accès à la tribune.
Absidioles et aigle d'Albert Bourget
Chapelles annexes et aigle d'Albert Bourget.

Architecture extérieure. Le choix architectural de Hyacinthe Perrin en 1933 pour bâtir l'église Sainte-Thérèse n'est pas simple : des structures à toit pentu qui s'emboîtent dans un effet de pyramide ; une tour hors œuvre surmontée d'une flèche aiguë qui s'élève à 60 mètres ; une lanterne des morts au-dessus d'une tourelle en escalier (ci-dessus) ; des chapelles annexes flanquées dans les coins. Tout concourt pour donner des sueurs froides aux élèves-architectes et aux dessinateurs industriels ! Mais l'ensemble a été regardé comme une réussite. D'autant plus que les matériaux choisis s'harmonisent avec les formes : le grès pour le parement couvrant le béton et l'ardoise d'Angers pour le couvrement.


Un motif de feuille de fougère stylisée orne
le clocher (--» parement de costume breton).
Aigle d'Albert Bourget
Aigle (statue d'Albert Bourget).
LA NEF DE L'ÉGLISE SAINTE-THÉRÈSE
Vue d'ensemble de la nef de l'église Sainte-Thérèse
Vue d'ensemble de la nef de l'église Sainte-Thérèse.
Le contraste, très agréable à l'œil, des coloris crée une atmosphère chaleureuse qui porte à la méditation et à la prière.
Chapelle Sainte-Thérèse dans le bras nord du transept et vitrail d'Émile Rault
Chapelle Sainte-Thérèse dans le bras nord du transept et vitrail d'Émile Rault.

L'autel de cette chapelle et les deux autres (donnés à droite) ont été
dessinés par Hyacinthe Perrin et réalisés par Brunet.

Architecture intérieure. Encore plus sophistiquée qu'à l'extérieur, cette architecture est un défi au crayon des dessinateurs industriels. L'effet pyramidal est ici très marqué. Les étages, scandés de toitures charpentées à trois pans ou en mitre qui s'emboîtent, se succèdent jusqu'au sommet de la voûte. Une photo plus bas illustre bien cette impression d'ascendance.
De forme rectangulaire (46 mètres de long sur 28 de large), la nef n'en présente pas moins toutes ses structures et chapelles aux fidèles où qu'ils se trouvent. La coupole de 33 mètres de haut s'élève à partir d'un carré de 12 mètres de côté. L'impression dégagée est celle d'un espace unitaire avec un autel de messe visible de toutes parts.
Les coloris intérieurs participent à cette harmonie. Ils offrent un contraste très vivant entre la clarté des élévations et le brun foncé des surfaces charpentées. On remarque aussi un éclairage très étudié qui rehausse encore l'aspect chaleureux de la nef. Les pans qui sustendent la coupole sont ornés d'une décoration très équilibrée : vitraux et peintures murales scandent l'élévation centrale sans créer aucune surcharge.

Chapelle du Sacré-Cœur
Chapelle Sainte-Odile.
Chapelle Sainte-Bernadette
Chapelle Sainte-Bernadette.
La nef et le bras sud du transept
La nef et le bras sud du transept.

Thérèse Martin demande au pape d'entrer au Carmel à quinze ans, détail.
Vue d'ensemble de la nef depuis l'entrée
Vue d'ensemble de la nef depuis l'entrée.
Peinture de Louis Garin sur la coupole : Apothéose de sainte Thérèse
Apothéose de sainte Thérèse.
Peinture de Louis Garin au sommet de la coupole.
Peinture de Louis Garin sur les pans de la coupole : «Vous entrerez si le Bon Dieu le veut»
Le dimanche 20 novembre 1887, Thérèse Martin demande au pape d'entrer au Carmel à quinze ans.
Peinture de Louis Garin sur un pan de la coupole.

«Vous entrerez si le Bon Dieu le veut».
C'est ainsi que le pape Léon XIII répond à Thérèse Martin (1873-1897) qui le presse, en violation du protocole qui régit les audiences papales, d'accepter son entrée au Carmel de Lisieux. Nous sommes à Rome en automne 1887. Thérèse a quatorze ans. C'est trop jeune pour entrer comme novice chez les carmélites.
Néanmoins, elle y entrera l'année suivante, à l'âge de quinze ans et y restera jusqu'à sa mort, en 1897. Elle s'éteint à vingt-quatre ans, victime d'une tuberculose qui mine sa santé depuis plusieurs mois. Dans les dernières années de sa courte vie, Thérèse Martin a confié à la plume ses états d'âme et ses élans mystiques depuis son enfance.
Ce récit contient de temps en temps d'intéressants passages descriptifs. L'un est l'audience papale à Rome lors d'un pèlerinage de groupe auquel elle participe avec son père en Italie ; l'autre, c'est la grave épidémie de grippe qui s'abat sur la France en 1892 et qui n'épargne pas le Carmel de Lisieux. La quasi-totalité des religieuses sont touchées. Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus, qui a dix-neuf ans à cette époque, est épargnée. Elle va se vouer sans compter au service des autres : soigner les malades et ensevelir les morts. L'épidémie fera 70 000 morts en France. On peut regretter que, dans l'Histoire d'une âme, la future sainte ne s'étende guère sur son travail astreignant lors de l'épidémie.
Voici l'épisode avec le pape tel qu'elle le raconte :
«Après la messe d'action de grâces qui suivit celle de Sa Sainteté, écrit-elle, l'audience commença. Léon XIII était assis sur un grand fauteuil, il était vêtu simplement d'une soutane blanche, d'un camail de même couleur et n'avait sur la tête qu'une petite calotte. [C'est bien la tenue représentée dans la peinture ci-dessus.] Autour de lui se tenaient des cardinaux, archevêques et évêques, mais je ne les ai vus qu'en général, étant occupée du Saint-Père ; nous passions devant lui en procession, chaque pèlerin s'agenouillait à son tour, baisait le pied et la main de Léon XIII, recevait sa bénédiction (...)»
Ensuite, deux gardes nobles touchaient le pèlerin pour lui signaler qu'il devait se relever et s'éloigner.
Mais Thérèse Martin est décidée à parler au pape, même si l'on vient de faire savoir aux pèlerins de rester muets car l'audience se prolonge un peu trop... «Un instant après, continue-t-elle, j'étais aux pieds du Saint-Père ; ayant baisé sa mule, il me présentait la main, mais au lieu de la baiser, je joignis les miennes et levant vers son visage mes yeux baignés de larmes, je m'écriai : "Très Saint-Père, j'ai une grande grâce à vous demander !..." Alors le Souverain Pontife baissa la tête vers moi, de manière que ma figure touchait presque la sienne, et je vis ses yeux noirs et profonds se fixer sur moi et sembler me pénétrer jusqu'au fond de l'âme.»
Thérèse fait sa demande, mais le pape ne comprend pas très bien. Le Grand Vicaire, qui accompagne le pèlerinage et qui se tient à côté du pape, lui explique alors que «les supérieurs examinent la question en ce moment.» Sur quoi, le pape répond : «Eh bien, mon enfant, faites ce que les supérieurs vous diront.» La jeune fille insiste : «M'appuyant alors les mains sur ses genoux, écrit-elle, je tentai un dernier effort et je dis d'une voix suppliante : "Oh! Très Saint-Père, si vous disiez oui, tout le monde voudrait bien !..." Il me regarda fixement et prononça ces mots en appuyant sur chaque syllabe : "Allons... Allons... Vous entrerez si le Bon Dieu le veut !...» [En italique dans le texte.]
Mais Thérèse s'accroche et veut continuer à parler. Les deux gardes lui tapotent l'épaule pour qu'elle se relève, mais rien n'y fait ; elle a toujours ses mains jointes appuyées sur les genoux du pape. Alors ils la prennent par les bras et, avec l'aide du Grand Vicaire, la soulèvent. C'est en fait de force qu'ils l'arrachent des pieds du pape ! «Les deux gardes nobles, écrit-elle, me portèrent pour ainsi dire jusqu'à la porte et là, un troisième me donna une médaille de Léon XIII.»
Source : Histoire d'une âme de sainte Thérèse de Lisieux, Éditions Emmanuel.

Peinture de Louis Garin sur les pans de la coupole : «Ces pages feront beaucoup de bien»
Dans ses dernières années au Carmel, sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus rédige son Histoire d'une âme.
Peinture de Louis Garin sur un pan de la coupole.
Peinture de Louis Garin sur les pans de la coupole : «La Vierge s'est avancée vers moi. Elle m'a souri»
Le 13 mai 1883, Thérèse Martin est guérie de son «étrange maladie» par un sourire de la Vierge.
Peinture de Louis Garin sur un pan de la coupole.
Peinture de Louis Garin sur les pans de la coupole : «Je ferai tomber une pluie de roses»
«Je ferai tomber une pluie de roses» et
«Oui, je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre»
sont deux phrases célèbres de l'Histoire d'une âme.
Peinture de Louis Garin sur un pan de la coupole
Vitrail sous la coupole : le bœuf de saint Luc
Vitrail sous la coupole : le taureau de saint Luc.
Atelier Émile Rault à Rennes.
Vitrail sous la coupole : l'aigle de Jean
Vitrail sous la coupole : l'aigle de Jean.
Atelier Émile Rault à Rennes.
Vitrail sous la coupole : le lion de Marc
Vitrail sous la coupole : le lion de Marc.
Atelier Émile Rault à Rennes.
Vitrail sous la coupole : l'ange de Matthieu
Vitrail sous la coupole : l'ange de Matthieu.
Atelier Émile Rault à Rennes.
Vitrail du bas-côté sud
Vitrail du bas-côté sud.
Atelier Émile Rault à Rennes.
D'après le livret de l'église, les grandes verrières nord et sud
représentent la «pluie de roses» (c'est-à-dire de grâces) que sainte
Thérèse s'était promis, une fois au Ciel, de faire tomber sur la Terre.
Chemin de croix, station XIII
Chemin de croix, station XIII.
Peinture de Louis Garin.
Lambris de couvrement à caissons et peinture de Louis Garin
Lambris de couvrement à caissons et peinture de Louis Garin.
Peinture de Louis Garin au-dessus du chœur : deux paons autour d'une grappe de raisins
Peinture de Louis Garin au-dessus du chœur : deux paons autour d'une grappe de raisins.
Aspect intérieur de la structure pyramidale créée par Hyacinthe Perrin (1877-1965)
Aspect intérieur de la structure pyramidale créée par l'architecte Hyacinthe Perrin.
Une succession d'arcs en mitre ou à trois pans s'élève jusqu'à la coupole.
Vitrail dans un bras du transept, détail
Vitrail dans un bras du transept, détail.
Atelier Émile Rault à Rennes.
Le chœur de l église Sainte-Thérèse avec les peintures de Louis Garin et les mosaïques d'Odorico
Le chœur de l église Sainte-Thérèse avec les peintures de Louis Garin et les mosaïques d'Isidore Odorico.
L'autel et le lustre ont été réalisés en 2004 par Jean-Paul Froidevaux, émailleur à Sèvres.
Peinture du Louis garin dans le chœur : une caravelle ou un naõ
La nef (ou le naõ) symbolise l'Espérance.
Vertu théologale peinte dans le chœur par Louis Garin.
Peinture du Louis garin dans le chœur : le pélican nourrit ses petits de sa propre chair
Le pélican, qui nourrit ses petits de sa propre chair, symbolise la Charité.
Vertu théologale peinte dans le chœur par Louis Garin.
Peinture du Louis Garin dans le chœur : le Sacré-Cœur
La croix symbolise la Foi.
Vertu théologale peinte dans le chœur par Louis Garin.

Les stalles du chœur sont accompagnées des mosaïques d'Isidore Odorico.
La façade occidentale de l'église et son orgue de tribune
La façade occidentale de l'église et son orgue de tribune.
L'orgue a été réalisé en 1948 par le facteur Gonzales (21 jeux, deux claviers et un pédalier).

Documentation : livret sur Sainte-Thérèse à l'entrée de l'église
+ site Mérimée sur l'église Sainte-Thérèse
+ «Dictionnaire du patrimone rennais» sous la direction de Jean-Yves Vieillard et Alain Croix, éditions Apogée, 2004
+ «Architecture et Arts sacrés de 1945 à nos jours» de Christine Blanchet et Pierre Vérot, Archibooks + Sautereau éditeurs, 2015
+ «Histoire d'une âme» de sainte Thérèse de Lisieux, Éditions Emmanuel.
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