|
|
|
Le musée du château des
ducs de Würtemberg est un endroit presque refait à neuf
ces derniers années. Vieille bâtisse multiséculaire,
le château est passé par tous les aléas de l'Histoire,
s'élargissant au cours des âges. L'arrivée de
la poudre et des armes à feu, puis celle des canons modifient
son aspect. Au début du XVe siècle, la tour Henriette
est érigée ; à la fin du XVIe, c'est la tour
Frédéric. En 1793, Montbéliard, terre en majorité
protestante, est rattaché à la France. La même
année, le château est pillé, affecté
au Ministère de la Guerre, puis transformé en hôpital
militaire. Délabré, il n'abrite aucune unité.
Son aspect est à nouveau partiellement transformé
tandis qu'éclot sa vocation culturelle et administrative.
Enfin, une restauration en bonne et due forme est entreprise entre
1978 et 2003 ; des fouilles archéologiques mettent à
jour des vestiges de la période médiévale.
Le musée du château offre aux visiteurs un panorama
culturel sur plus de cinq siècles d'Histoire. Dans un cadre
qui rappelle les célébrités qui y ont vécu
(comme la future tsarine Maria
Fedorovna), il expose des très beaux meubles en bois
sculpté, des poêles en céramique, des tableaux
et des souvenirs. Le château des ducs est un endroit instructif
et divertissant, à ne pas manquer si vous passez à
Montbéliard.
|
|
Salle Maria Fedorovna, impératrice de Russie (1759-1828)
dans le bâtiment entre les deux tours |
Vue traditionnelle du château des ducs de Würtemberg à
Montbéliard |
La porte d'entrée sur l'esplanade
«««--- À GAUCHE
Tour Frédéric à gauche et
tour Henriette à droite |
La tour Henriette et ses deux époques bien visibles |
C'est la comtesse de Montbéliard,
Henriette de Montfaucon,
qui donna son nom à la tour. La partie inférieure,
constituée de blocs de calcaire en saillie date
de 1424. Elle est haute de 12 mètres, dont 9
sont visibles. Elle se terminait par une galerie de
circulation sur hourds dont il reste une sorte de corniche
en saillie (bien visible sur la photo de gauche). À
la fin du XVIe siècle (et un écroulement
très partiel du sommet de la tour), on ajouta
deux étages : le
Poêle d'audience et la grande bibliothèque.
Les moellons calcaires avec lesquels ils sont bâtis
sont recouverts d'un crépi.
|
|
La sculpture de l'ours dans la tour Henriette |
|
Le fronton de la porte d'entrée avec les armoiries des ducs
de Montbéliard |
Le premier comte de Montbéliard
est Louis de Mousson, également comte de Bar
en Lorraine (1ère moitié du XIe siècle).
Vers le milieu du XIIe, Agnès de Mousson épouse
Richard de Montfaucon. En 1397, lors des fiançailles
d'Henriette de Montfaucon avec Eberhard de Würtemberg,
les ramures de cerf,
symbole des Würtemberg, sont ajoutées aux
bars, symboles de
la famille des Mousson.
|
|
|
La salle dite «Le château dans la ville» |
Cheminée provenant de Neuchâtel-Uretière, XVIIe siècle |
Maquette du château au XVIIe siècle
Essai de reconstitution réalisé en 1826 par Frédéric
Morel-Macler
Le grand fossé, couvert par un pont, que l'on voit dans la
partie gauche, a été comblé en 1751. |
Maquette du château en papier carton, vers 2000 |
Le château
jusqu'à la Révolution. L'éperon
rocheux où se situe le château est occupé
depuis près de deux mille ans. Les fouilles semblent
indiquer que, à l'époque gallo-romaine, s'y
tenait une tour de guet, poste avancé de la cité
d'Epamanduodurum, la plus importante de la région jusqu'au
VIIIe siècle. Le château est mentionné
pour la première fois dans une chronique de l'an 985
: il a été construit pour s'opposer aux invasions
hongroises. Le «châtel-devant» est le premier
construit. C'est la partie droite de la maquette ci-dessus.
Il accueille d'abord la résidence comtale et l'église
Saint-Maimbuf. Au XIIe siècle, on commence à
construire le «châtel-derrière» (partie
gauche de la maquette et château actuel). La forteresse
s'étend alors sur 290 mètres de long et sur
une largeur qui varie de 23 à 60 mètres. Le
châtel-devant et ses dépendances (écuries,
granges, forges et arsenal) sert alors au casernement de la
troupe, tandis que le châtel-derrière, pourvu
d'appartements confortables, est la nouvelle résidence
des comtes de Montbéliard. Un fossé avec pont-levis
sépare les deux châteaux (visible sur la maquette
ci-dessus).
Au début du XVe siècle, par le jeu des alliances
politiques, le comté passe dans le domaine de la famille
des ducs de Würtemberg. Le château s'adapte à
l'évolution de l'armement. En 1424, Henriette de Montfaucon
fait construire la tour Henriette, qui regarde vers
la vieille ville. En 1508, le fort le Chat, situé juste
en face du châtel-derrière, est aménagé
pour la défense du site. (Le fort disparaîtra
lors de la construction de la gare au XIXe siècle.)
En 1594, on érige la tour Frédéric.
Peu après, Heinrich Schickhardt introduit plusieurs
améliorations (maison des gentilshommes, arsenal, pont-levis,
machine hydraulique pour assurer l'approvisionnement en eau).
En 1751, diverses réparations sont encore menées
(tours, corps central, terrasse sud). Le fossé entre
les deux châteaux est comblé.
Source : «Montbéliard de A à Z»
de Pasqualini et Masson, Éditions Alan Sutton.
|
|
Salle de la Grande cuisine
(C'est l'espace entre les deux tours et le rez-de-chaussée de
la tour Frédéric.) |
Vitrine d'assiettes de faïence
dans la salle de la Grande cuisine |
|
Assiette de faïence représentant le château
Salle de la Grande cuisine |
Vue de la salle d'armes dans la tour Henriette |
Casque de cuirassier, armet
Acier poli et laiton
Italie du nord, 1620
Salle d'armes de la tour Henriette |
Vue de la salle d'armes dans la tour Henriette |
«Le Grand Pont et l'église Saint-Maimbuf»
Charles Munnier, huile sur toile, fin XIXe siècle |
Salle du Poêle d'audience
Cette salle est ronde, d'un diamètre de 8,6 mètres.
Son nom a deux origines :
le comte Frédéric Ier (1557-1608) y recevait ses hôtes
en audience et elle était chauffée par un poêle.
La salle a été appelée ainsi dès l'époque
du comte Frédéric. De très beaux meubles Renaissance
y sont exposés. |
Buffet de l'hôtel de ville, détail (salle du Poêle d'audience)
Allégorie de l'Europe et de la guerre
uvre de Jérémie Carlin, 1600 |
Buffet de l'hôtel de ville, détail (salle du Poêle d'audience)
Cyrus, l'Afrique et Alexandre le Grand
uvre de Jérémie Carlin, 1600 |
Bassin de Mars et bassin de la Tempérance
Salle du Poêle d'audience |
Buffet Renaissance
Salle du Poêle d'audience |
L'impact
du protestantisme sur l'éducation dans
le comté avant 1793. Le luthérianisme
s'est répandu dans le comté dès
l'époque de Martin Luther. Guillaume Farel,
puis Pierre Toussain ont amené à
eux la majorité de la population par la
force de leur prêches et de leur argumentation.
Le protestantisme place la Bible au centre de
l'éducation religieuse. Il est donc indispensable
de pouvoir la lire, non pas en latin, mais en
langue «vulgaire». À Montbéliard,
c'est le français qui sera la langue liturgique.
Dès 1560 est édictée une
ordonnance ecclésiastique : chaque paroisse
devra posséder une école primaire
pour enseigner les rudiments du français
aux enfants de 6 à 14 ans - garçons
et filles. À Montbéliard même
se crée une école latine, appelée
Gymnase. On y enseigne le latin, le grec et l'hébreu,
mais pas les langues vivantes, donc pas l'allemand !
C'est
|
|
|
Les
bassins de Mars et de la Tempérance
sont en étain et d'un diamètre de
49 cm. Ils sont l'uvre de
François Briot (vers 1545
- après 1616), maître de la Monnaie
du comte Frédéric. Pour le comte,
Briot gravera des pièces et des médailles.
Ce graveur d'orfèvrerie, maître dans
son art, a été admiré pour
ses deux bassins, qui sont des chefs-d'uvre.
|
|
Colonne sculptée sur le buffet Renaissance
Salle du Poêle d'audience |
d'autant plus surprenant
que les élèves les plus doués
- qui perçoivent des bourses - vont poursuivre
leurs études à Tübingen, près
de Stuttgart. Ainsi Georges Cuvier, arrivé
à Tübingen à 14 ans, vers 1784,
dut apprendre l'allemand en quatre mois pour pouvoir
suivre les cours. La guerre de Trente Ans détruit
ce beau programme d'écoles primaires. Mais
il est reconstruit par les princes qui vont suivre.
En 1724 démarre une nouvelle politique
scolaire, plus ambitieuse encore que la précédente :
paroisses, filiales et annexes possèdent
chacune leur école primaire (à l'exception
de quatre seigneuries où les autorités
françaises font fermer les écoles).
Les enfants doivent savoir lire et écrire
en français, parfois compter. Bref, être
instruits pour que vive le luthérianisme.
En 1793, quand le comté est annexé
par la France, 98% de la population est alphabétisée.
Source : «Montbéliard de A
à Z» aux éditions Alan Sutton.
|
|
|
|
Buffet de l'hôtel de ville
uvre de Jérémie Carlin, 1600
Salle du Poêle d'audience |
Bassin de Mars, détail
Étain, fin du XVIe siècle
Salle du Poêle d'audience |
Bassin de la Tempérance, détail
Étain, fin du XVIe siècle
Salle du Poêle d'audience
Le trophée du tournoi de tennis féminin de Wimbledon
est
une copie du bassin de la Tempérance de François
Briot. |
Buffet en faïence verte, détail
Salle du Poêle d'audience |
|
Buffet en faïence verte |
Coffre Renaissance
Salle du Poêle d'audience
Ce coffre Renaissance est remarquable. Ces panneaux sculptés
en noyer représentent des perspectives
architecturales. On y trouve la plus ancienne représentation
connue du château de Montbéliard (après 1594).
Tel qu'on le voit, le coffre est un montage du XIXe siècle. |
|
Salle Léopold Eberhard dans la tour Frédéric |
«Le château de Montbéliard en 1897»
J. Heck, Huile sur toile |
Une vue de l'appartement des princesses
dans la tour Frédéric |
«Deux faucons, étude»
Nicasius Bernaerts (1620-1678)
Collection de Louis XIV, manufacture des Gobelins |
L'appartement
des princesses est issu de la modernisation
des corps de logis entreprise lors de l'installation
au château, en 1769, du frère du duc régnant.
Le château était délaissé
depuis 1723 (mort de Léopold Eberhard). Les meubles
exposés évoquent la vie de cour au château
de Montbéliard et à celui d'Étupes.
|
|
|
«Neptune et Cérès» de Simon Vouet (et atelier)
Huile sur toile, vers 1630-1635 |
«21 septembre 1633, le marquis de Bourbonne arrive à
Montbéliard en qualité de gouverneur pour le roi de France»
Jules Vittini (1888-1968)
Huile sur contreplaqué |
Cathèdre ou fauteuil seigneurial
Époque Renaissance |
Poêle en faïence (1884-1888)
avec décors en camaïeu brun |
Le peintre Jules
Vittini (1888-1968) n'est pas un enfant du
pays de Montbéliard. Né à Ancône
en Italie, il suit les cours de l'Académie royale
des Beaux-Arts de Rome, puis décore la salle
ducale du Vatican en 1921. Après trois ans passés
comme décorateur à la Scala de Milan,
il décide de fuir son pays et Mussolini. Établi
dans le Haut-Doubs, on le trouve, en 1932, à
Montbéliard où il se lie d'amitié
avec Émile Blazer, un érudit du comté,
également défenseur du château.
Vittini organise les cérémonies du centenaire
de la mort de Georges Cuvier (1932), fonde une école
d'art au château et un atelier de décoration
sur céramique. Plusieurs de ses tableaux historiques
sont visibles au musée du château.
Source : «Mémoires d'un château,
guide du circuit historique» édité
par le musée.
|
|
«Portrait de Charles-Eugène, duc de Würtemberg
(1728-1793), frère de Frédéric-Eugène»
Anonyme
Huile sur toile, XVIIIe siècle |
Le château des ducs de Würtemberg
peint sur le poêle de faïence
Camaïeu brun
(1884-1888) |
|
«Vue de la Schliffe»
Jules-Émile Zingg (1882-1942)
Huile sur toile, vers 1910 |
«««---
À GAUCHE
Le poêle en faïence a été transformé
en 1966
pour fonctionner avec du fuel domestique. Il a été
restauré et remonté dans son intégralité
en 2006. |
|
|
«Vallée du Lomon» de Louis-Aimé Jappy (1840-1916)
Huile sur toile, 1879
Appartement des princesses |
«Alexandre le Grand faisant des libations devant le tombeau d'Achille»
Jean-Georges Berdot (1614-1679)
Huile sur toile, milieu du XVIIe siècle |
|
Salle Maria Fedorovna
Cette salle, avec son beau mobilier, a été très
bien mise en valeur lors de la restauration de 1992. |
Sophie-Dorothée de Wurtemberg-Montbéliard
Elle devint la tsarine Maria Fedorovna en 1796.
Tableau du peintre Lampi Giovanni Battista. |
«Vue du château à la fin du XVIIIe siècle»
Alphonse Baumann (1826-1909)
Huile sur toile |
Sophie-Dorothée,
duchesse de Würtemberg-Montbéliard,
naquit en 1759 à Stettin. Elle passa sa
jeunesse au château de Montbéliard
et à celui d'Étupes (propriété
assez proche, construite au XVIIIe siècle
et détruite en 1801). De cet âge,
elle a laissée aux mémorialistes
l'image d'une jeune fille belle, douce et spirituelle.
Sophie-Dorothée n'a pas dix-sept ans quand
elle épouse, en 1776, le grand-prince Paul
de Russie. Cette union est une idée de
son grand-oncle Henri de Prusse qui veut uvrer
au rapprochement entre la Russie et la Prusse.
Sophie-Dorothée est obligée de se
convertir à la religion orthodoxe Elle
est baptisée sous le nom de Maria-Fedorovna
et devient alors grande-duchesse de Russie. Au
début des années 1780, elle et son
mari parcourent l'Europe sous le nom du
comte et de la comtesse du Nord.
En 1796, à la mort de Catherine II, son
époux devient tsar sous le nom de Paul
Ier. Il est assassiné en 1801. Entre-temps,
Maria Fedorovna a donné naissance à
dix enfants. Deux de ses quatre fils régneront
tour à tour : Alexandre Ier, l'ennemi implacable
de Napoléon Ier, puis Nicolas Ier.
Maria Fedorovna fut passionnée par les arts,
conséquence de son éduction montbéliardaise.
Elle se consacra aussi à des uvres
sociales, s'impliquant notamment dans l'éducation
des petites filles et des sourds-muets. Elle décède
en 1828 au château de Pavlosk, son fils
Nicolaï Pavlovitch étant tsar sous
le nom de Nicolas Ier.
Sources : «Mémoires d'un château,
guide du circuit historique» édité
par le musée et «Pays de Montbéliard
de A à Z» de F. Pasqualini et F.
Masson, Éd. Alan Sutton.
|
|
|
Poêle en faïence bleue
Salle Maria Fedorovna |
Poêle en faïence bleue
Dessins sur la façade |
Sculpture dans la «salle d'Art» |
|
Carreaux de faïence sur le poêle |
Carreau de faïence sur le poêle |
«Scène champêtre dans un jardin»
Huile sur toile, peintre anonyme, fin du XVIIIe siècle
Le tableau représente la margravine de Brandebourg-Schwedt
et sa sur Philippine. |
«Vue du château à la fin du XVIIIe siècle»
Alphonse Baumann (1826-1909)
Huile sur toile
À DROITE ---»»»
«Mercure» de Marius Montagne (1828-1879)
Marbre blanc 1869 |
|
|
«Portrait en pied de Paul Ier Petrovitch (1754-1801)
Huile sur toile, détail
Salle Maria Fedorovna |
Le poêle en faïence
de la salle Maria Fedorovna |
Carreau de faïence sur le poêle |
«Salle d'Art» près de la salle Maria Fedorovna |
|
|
Source : «Mémoires d'un château»,
guide du circuit historique + «Pays de Montbéliard de
A à Z» de Florian Pasqualini et Florent Masson, Éditions
Alan Sutton, ISBN : 978-2-8138-0095-4 +
documents affichés dans le musée + «Pays de Montbéliard,
Musées, Monuments, Promenades», Éditions du Patrimoine,
ISBN : 978-2-7577-0048-8 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|