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On ne peut pas visiter la ville de Nancy
sans voir le musée de l'École de Nancy. S'inspirant
de la nature, cet art très original rejette les angles et
privilégie la courbe. Mais, à Nancy,
il s'insère étroitement dans le contexte politique
et social français de cette époque très agitée,
marquée par la perte de l'Alsace-Moselle et l'affaire Dreyfus.
Les idéaux, tout comme la sensibilité de son principal
initiateur, Émile Gallé (1846-1904), en ont
voulu ainsi. Après la chute du Second Empire, le traité
de Francfort de 1871 fait passer l'Alsace et la Moselle dans le
Reich de Bismarck. Nancy
devient alors la grande ville de l'est de la France à la
place de Strasbourg. À travers l'art, les Lorrains vont exprimer
leur espoir de récupérer un jour les provinces perdues.
Émile Gallé, né à Nancy,
est un Lorrain dans l'âme. Souvent aidé des artistes
Victor Prouvé et Louis Hestaux, il va rappeler,
dans des inscriptions insérées sur le verre de ses
créations ou dans la marqueterie des meubles, son attachement
à la Lorraine et son rejet du Germain dans cette province.
Voir la table Le Rhin, créée en 1889, plus
bas.
L'affaire Dreyfus éclate, quant à elle, en 1894 et
va couper la France en deux camps irréductibles pendant une
décennie. Les concepts de justice, patriotisme, nationalisme,
honneur de la France, honneur de l'armée vont s'entrechoquer,
tiraillés entre les deux camps, pris au piège de définitions
fluctuantes et d'un antisémitisme vivace. Les antidreyfusards
placeront au cur du patriotisme l'honneur de l'armée
et l'autorité de la chose jugée, les défenseurs
de Dreyfus y placeront l'honneur de la Justice. Gallé prendra
ouvertement le parti de Dreyfus ainsi que celui d'Émile Zola
quand il publiera J'accuse...! en 1898. À cette occasion,
l'artiste cessera toute correspondance avec Maurice Barrès.
Il défendra aussi la cause des Arméniens contre les
Turcs, des Irlandais et des Boers contre l'Empire britannique.
Le style Art nouveau, qui voit dans la nature la seule source d'inspiration
possible pour faire renaître l'art décoratif moderne,
se répand en France à partir des années 1880.
À travers les uvres de l'École Nancy, cette
page essaie de donner un aperçu de son aspect en arrondi,
villipendé dès le départ par une partie de
la critique. Ébénisterie, verrerie, céramique,
ferronnerie, arts graphiques, reliure et même broderie : l'art
nouveau crée dans tous les domaines. On y trouve des meubles,
des lampes, des vases, des vitraux. Il veut même imprégner
la peinture, mais sa griffe y sera beaucoup moins apparente. Avec
l'électricité (qui se répand dans les logements
à cette époque), il peut même aller encore plus
loin : ce nouveau moyen d'éclairage ouvre aux artistes un
large champ créatif.
Le style Art nouveau veut relier l'art et l'industrie et la production
nancéienne se ventile en trois niveaux de qualité :
les «pièces d'art» réalisées sur
commande pour les mécènes ; les pièces bon
marché, produites presque mécaniquement, mais faiblement
reliées au style naturaliste ; et, entre les deux, les pièces
dites «riches», qui incarnent sans concession le style
art nouveau. Comme souvent, les gains sur les pièces bon
marché permettent aux ateliers d'assurer la création
des pièces d'art et l'inévitable recherche artistique
qui les accompagnent.
Cependant, dès les années 1900, ce style va subir
un retournement du marché. Goûts et mentalités
évoluent. Le style naturaliste est jugé insuffisant
pour rendre vie à l'art industriel. De plus, on voit de moins
en moins l'utilité d'objets coûteux, réservés
aux classes possédantes, le plus souvent parisiennes. Émile
Gallé a tout à fait conscience de ces mutations. Pour
résister à ce changement qui menace les créateurs
lorrains, ceux-ci vont se regrouper au sein d'une Alliance provinciale
des industries d'art (Gallé, Prouvé, Hestaux,
Daum, Vallin, Gruber, Majorelle, etc.). En février 1901,
l'Alliance devient association et prend le nom d'École
de Nancy. Émile Gallé en est le premier président.
Mais l'École de Nancy n'arrivera pas à se sortir
de la nasse. Émile Gallé mourra d'une leucémie
en septembre 1904, à 58 ans ; son ami Victor Prouvé
prendra la relève. L'association École de Nancy
sera finalement dissoute en août 1914.
En 1964, l' Art nouveau jouira d'un regain d'intérêt
à l'occasion de l'inauguration du musée de l'École
de Nancy. Même si, à cette occasion, certains journaux
parisiens ne furent pas tendres avec ce qu'ils qualifièrent
«d'art de cauchemar», il faut reconnaître que
tous les objets créés par Émile Gallé
font aujourd'hui les beaux jours des salles de ventes.
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La salle à manger Eugène Vallin au rez-de-chaussée
du musée.
Voir la présentation de cette salle plus
bas. |
L'entrée du musée se trouve dans l'aile latérale,
construite en 1923. |
Le bâtiment principal de la villa des Corbin, aujourd'hui musée. |
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L'écusson Art nouveau de la grande porte.
«««--- Grande porte en style Art nouveau. |
Bas-relief de la façade
par Auguste Vallin (1881-1967). |
Une vue des jardins, réhabilités par le paysagiste Philippe
Raguin en 1999. |
Le bâtiment
et les jardins. Eugène Corbin (1867-1952),
grand amateur d'art, était le fils du propriétaire
des Magasins Réunis de Nancy.
À la fin du XIXe siècle, il loua une maison
«dans un quartier champêtre en plein développement»,
lit-on sur un panneau du musée. En 1903, il acheta
une parcelle de verdure attenante et, en 1919, devint propriétaire
de sa maison. Il l'agrandit en 1923 avec la construction d'un
bâtiment latéral (qui sert aujourd'hui d'entrée
au musée). En 1932, nouvel achat d'un grand terrain
contigu avec rivière et potager ornemental. La propriété
comprenait donc une habitation en forme de L et un vaste jardin
avec pelouses et bosquets. Le panneau d'information du musée
ajoute : «ce jardin comporte de nombreux édifices
et équipements tels qu'une galerie d'art, un musée,
une serre, une grotte, un court de tennis...».
En 1951-1952, la ville de Nancy
achète l'ensemble de cette propriété
(environ 3,5 hectares) et la morcelle. La maison et les jardins
qui l'environnent vont accueillir le musée de l'École
de Nancy, officiellement ouvert au public en 1964. On y exposera,
pour l'essentiel, les uvres art nouveau qu'Eugène
Corbin avait données à la ville en 1935 et qui
avaient déjà été exposées
aux Galeries Poirel de Nancy
jusqu'à la seconde guerre mondiale. À ce jour,
Eugène Corbin reste le principal donateur du musée.
En 1999, les jardins sont réhabilités sous la
direction du paysagiste Philippe Raguin. Les horticulteurs
lorrains de l'époque art nouveau sont mis à
l'honneur tandis que les scènes paysagères intègrent
les plantes et les arbustes à fleurs qui ont inspiré
les créateurs de l'École de Nancy.
Source : panneau affiché dans
le musée.
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LE REZ-DE-CHAUSSÉE
DU MUSÉE |
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La grande salle du rez-de-chaussée ou «vestibule».
Au centre, piano à queue «La Mort du cygne» de
Louis Majorelle (1903-1905) :
acajou massif sculpté, décor d'après un dessin
de Victor Prouvé. |
Bronze «La nuit» de Victor Prouvé, 1894.
Il représente un visage de femme avec une chevelure très
abondante. |
«Portrait de M. et Mme Corbin»
de Victor Prouvé (1858-1943), 1906.
Ce couple de mécènes était collectionneur
des créations de l'École de Nancy.
On reconnaît, entre les deux époux, l'Amphore
du Roi Salomon.
Le vitrail «Aux roses», à l'arrière-plan,
est de Jacques Gruber.
. |
Tableau : Scène de ville au début du XXe siècle
de Charles Wittmann, 1902. |
Table «Le Rhin».
Sur la traverse est écrit : «Je tiens au cur de
France». |
Le soubassement de la table «Le Rhin» est orné
de chardons lorrains dans l'entretoise. |
Table
«le Rhin». Cette magnifique table
en noyer de 1889, réalisée par Émile
Gallé en collaboration avec Victor Prouvé
et Louis Hestaux, symbolise le souhait ardent de voir
l'Alsace-Moselle revenir dans le bercail de la France.
Lors de l'Exposition universelle parisienne de la même
année, son message patriotique a été
très remarqué.
Si l'inspiration générale est tirée
du style Renaissance, le retour à la nature,
cher à l'École de Nancy, est mis en avant
par les chardons lorrains de l'entretoise. Quant au
message patriotique, il s'affiche dans le grand dessin
marqueté, réalisé par Victor Prouvé
: les Gaulois moissonneurs font face aux Germains belliqueux.
Les deux groupes sont séparés par un géant
qui incarne le fleuve, accompagné d'une jeune
femme qui représente la Moselle. Le dessin est
illustré par ce vers de l'historien romain Tacite
: «Le Rhin sépare des Gaules toute la Germanie».
Le message est renforcé sur le piétement
par cette inscription sans équivoque : «Je
tiens au cur de France. Fait par Émile
Gallé / de Nancy / en bon espoir / 1889 / Plus
me poigne, plus j'y tiens». Le dessin marqueté
est malheureusement recouvert d'une vitre, proie de
tous les reflets.
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Le pied de la table «Le Rhin» (noyer). |
Le dessin très patriotique de la table «Le Rhin».
Ici les Gaulois. |
«Portrait des enfants Luc»
de Victor Prouvé (1858-1943), 1910, pastel.
Paul Luc, le père, était un industriel nancéien. |
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LA SALLE À
MANGER DU REZ-DE-CHAUSSÉE |
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La salle à manger art nouveau conçue par Eugène
Vallin (1856-1922).
Le plafond est couvert de toiles marouflées, peintes
par Victor Prouvé sur le thème des cinq sens. |
Vaisselier avec céramiques d'Émile Gallé.
On peut y voir notamment le service Berger en camaïeu bleu. |
Le bûcheron,
bas-relief au-dessus du manteau de la cheminée
---»»»
(uvre d'Eugène Vallin sur un dessin de Victor
Prouvé).
Il est inutile de préciser que ce genre de mobilier
était destiné aux classes possédantes. |
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La salle à manger Eugène Vallin. |
La
salle à manger (1903-1906). En se
tenant devant la corde qui barre l'entrée de
la pièce, le visiteur sera frappé par
son aspect assez sombre, presque triste. On ne peut
s'empêcher de penser que cet aspect a obligatoirement
un impact sur la mentalité des gens qui y vivent.
La couleur ocre du plafond (peint par Jaques Prouvé)
n'est pas étrangère à ce côté
un peu lugubre, même si une beauté artistique
certaine s'en dégage. Pour tout dire, la pièce
donne l'impression de porter le deuil de l'Alsace et
de la Moselle. Pis, quand on se rappelle que cette guerre
de tranchées a été une boucherie
et que le style art nouveau s'est répandu dans
les logements des bourgeoisies européennes avant
1914, on se dit que cette atmosphère a conditionné
les familles et les a préparées à
recevoir, avec calme et indifférence, la liste
des soldats morts au front la veille ! Même si
c'est un fils, un frère ou un mari. Cette salle
à manger est une pièce qui ne laisse pas
le visiteur indifférent.
Cette salle n'est pas une création pour le musée.
Elle a réellement existé. Conçue
par Eugène Vallin (1856-1922), elle prit place,
à l'origine, dans l'appartement nancéien
de Charles Masson, un parent d'Eugène Corbin.
Victor Prouvé (1858-1943) participa activement
à son élaboration. Celui-ci est d'ailleurs
l'auteur des toiles marouflées du plafond, peintes
sur le thème des cinq sens, et des panneaux de
cuir pour les murs.
La salle à manger fut démontée
pendant la première guerre mondiale et reconstituée
dans le nouvel appartement de Charles Masson, avenue
Foch à Paris. Ce n'est qu'au début des
années 1960 qu'elle fut réinstallée
dans cette pièce de l'ancienne maison des Corbin.
Dans son guide sur l'École de Nancy, Christian
Debize précise que cette pièce ne propose
qu'un espace plus réduit qu'à l'origine,
«favorisant ainsi l'impression d'étouffement».
En dépit de son magnifique mobilier, ce qui frappe
n'est pas l'impression d'étouffement, mais bel
et bien l'aspect sombre et triste de la pièce.
Source : 1) panneau dans le musée
; 2) L'École de Nancy par Christian Debize,
Presses Universitaires de Nancy, Éditions Serpenoise,
1989.
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Le vitrail de Jacques Gruber dans l'escalier (vers 1902-1905).
«««--- L'escalier vu du premier étage. |
LE PREMIER ÉTAGE
DU MUSÉE |
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Cabinet de travail dit «de Gruber» du premier étage. |
Que
voit-on dans le musée? À part
la salle
à manger du rez-de-chaussée et le
cabinet dit «de Gruber» ci-dessus, le musée
n'est pas une reconstitution d'intérieurs nancéiens.
En exposant des centaines d'uvres (meubles, bibelots,
vases, lampes, verrières, etc.), son but est
avant tout de sensibiliser le visiteur à un style
qui a énormément créé et
qui tient une place importante dans l'Histoire de l'art
en France.
Les photos de cette page sont assez anciennes. Si vous
visitez le musée aujourd'hui, la disposition
du mobilier, dans les différentes pièces,
a pu changer.
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Bronze à la cire perdue «La Bluette»
Ernest Bussière (1863-1913). |
«Étude pour L'île heureuse»
Victor Prouvé (1858-1943), huile sur toile, réplique. |
Le bas-relief du dossier de lit dans la chambre à coucher
Corbin. |
« Émile Gallé»
Tableau de Victor Prouvé (1858-1943)
Huile sur toile, 1892. |
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Tableau avec poissons sur fond vert.
Il est rare de voir un cadre rejetant à ce point tous
les coins carrés.
Lampe «La Nuit» de Muller Frères ---»»» |
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La chambre à coucher «Corbin» par Eugène
Vallin. |
Sellette et sa jardinière par Hector Guimard (1867-1942). |
Coffre à bibelots. |
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Chambre à coucher avec son lit «Aube et crépuscule».
Ce lit fait partie d'un mobilier commandé par le magistrat
parisien Henri Hirsch à son ami Émile Gallé.
L'ensemble fut présenté à l'exposition
d'art décoratif à Nancy en octobre 1904, Gallé
étant décédé en septembre.
Le dossier de lit «Aube et crépuscule», jugé
déconcertant par un critique, sera un peu le chant du
cygne
d'un style qui va peu à peu être boudé par
les acheteurs. |
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«Portrait de Mme Gallé et ses filles» (Thérèse
et Lucile)
par Victor Prouvé, 1880, détail.
Inscription à la base du vase : ---»»
«Nos arts exhaleront des senteurs de prairie / Altruisme
et beauté parfumeront nos vies / Gallé». |
Vase «Heracleum» ou
«Berce des prés»
Émile Gallé, 1900.
Présenté à l'Exposition universelle
de Paris en 1900.
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Amphore du Roi Salomon, 1900
d'Émile Gallé (1846-1904).
Verre souflé, inclusions métalliques,
gravure à la roue. |
Cabinet de salon Les Algues
Louis Majorelle (1859-1926)
Vers 1903. |
Chambre à coucher créée par Majorelle. |
Vitrail «Luffas et Nymphéas»
Jacques Gruber (vers 1907-1908). |
Meuble art nouveau avec marqueterie. |
Vase «Espoir» d'Émile Gallé, 1889.
Ce vase a été présenté à
l'Exposition universelle de 1889.
On y lit l'inscription :
«Espoir / Et ma lumière / Elle luit au fond des
maux».
Il s'agit bien sûr de l'espoir de voir l'Alsace-Moselle
revenir à la France. |
Quatre tables gigogne et lampe d'Émile Gallé. |
«Espoir» par Victor Prouvé, huile sur toile.
Réplique d'un panneau de la décoration de la salle des
fêtes
de la mairie du XIe arrondissement de Paris. |
Vase médiéval d'Émile Gallé, 1884. |
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Pavement mural en grès flammé, vers 1900. |
Coffret «La Parure» 1894.
Coffret «La Parure» et son décor japonisant,
détail---»»» |
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Pièce avec canapé et vitrine de céramiques. |
Vase «Je suis fier de mes couleurs»
Émile Gallé, vers 1889.
Faïence stannifère, décor de grand
et de petit feu. |
Vase «Au gui l'an neuf» de Joseph Mougin (1876-1961),
grès émaillé. |
«««--
La pièce est marquée
de l'inscription :
«Éginard aima la fille de l'empereur
Karles Magne tendrement».
Verre enfumé, gravé, émaillé,
émaux polychromes. |
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«La Libellule» de Louis Hestaux
Huile sur toile, 1888. |
Pichets d'Émile Gallé en collaboration avec
la manufacture de Saint-Clément.
Faïence à décor bichrome de grand feu,
1870.
Le personnage du pichet de droite vient d'une gravure
de Jacques Callot : «Les Gueux. L'aveugle et son
chien». |
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«L'Andante» de Victor Prouvé.
Huile sur toile, 1920.
Réplique d'une toile décorative commandée
par Louis Corbin pour sa villa La Loge des Près.
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Vase Orchidée par Émile Gallé, vers 1893-1894.
Faïence stannifère, décor polychrome de grand
feu, rehauts d'or et de platine. |
Lampe aux ombrelles.
Louis Majorelle pour le pied,
Manufacture Daum pour l'abat-jour. |
Véranda dite
«de la Salle» de Jacques Gruber, vers 1904
---»»» |
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«Joie» de Victor Prouvé, huile sur toile.
Réplique d'un panneau de la décoration de la salle
des fêtes
de la mairie du XIe arrondissement de Paris. |
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Pichet zoomorphe d'Émile Gallé.
Faïence stannifère, verre, décor de grand
et de petit feu, rehauts d'or. |
Verre «Main aux algues», 1904
Émile Gallé (1846-1904). |
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Le
vitrail. C'est un élément important
de l'art nouveau. Quoi de mieux qu'un dessin pour exprimer
son attachement à la nature ? Le principal
représentant du style naturaliste dans le vitrail
est Jacques Gruber (1870-1936). Dans son ouvrage
L'École de Nancy, Christian Debize raconte
que c'est devant le «kiosque merveilleux»
d'Émile Gallé, à l'Exposition universelle
de 1889, qu'Antonin Daum, verrier reconnu de l'art nouveau,
rencontra un jeune artiste de dix-neuf ans, Jacques
Gruber. Il s'ensuivra une collaboration constructive
quatre ans plus tard.
Les verriers de l'art nouveau vont bénéficier
de recherches approfondies en architecture et en matériaux,
recherches florissantes à Nancy au début du XXe
siècle. L'architecture va définir un cadre pour
le vitrail civil, tandis que les progrès réalisés
sur les verres industriels vont permettre à l'artiste
d'en maîtriser tous les effets. Dans l'art nouveau,
le vitrail aura pour mission de contenir la lumière
à l'extérieur, créant ainsi une
«atmosphère aquarium». Le vitrail
de Gruber donné ci-dessus en est une belle illustration.
Ajoutons à ce décor quelques meubles de
Louis Majorelle, des vases et des lampes d'Émile
Gallé et l'on obtient une ambiance typique de
l'époque avec son silence et son étonnante
sensation protectrice. Christian Debize ajoute : «Ces
intérieurs entièrement voués à
l'art nouveau sont exceptionnels. Le coût élevé
d'un tel aménagement limite nécessairement
la clientèle. La conception globale de l'espace
effraie aussi, car elle ne suppose aucun manquement
ni ajout et peut être facilement ressentie comme
étouffante».
À la fin du premier conflit mondial, Jacques
Gruber, très éclectique, se tournera vers
l'art déco. Avec autant de succès.
Source : L'École de
Nancy par Christian Debize, Presses Universitaires
de Nancy, Éditions Serpenoise, 1989.
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Bureau Majorelle et cabinet «La Montagne». |
Marqueterie du cabinet «La Montagne», détail. |
«Sous la lampe ou portrait des filles Gallé»
par Victor Prouvé, huile sur toile, 1889.
On y voit les trois filles aînées d'Émile
Gallé : Thérèse (1877-1966), Lucile (1879-1981)
et Claude (1884-1950).
Les filles Gallé furent affectueusement surnommées
les «Gallettes». |
«Le malaxage des terres» de Louis Hestaux (1858-1919)
Huile sur toile, 1889. |
Buffet «La Forêt»
de Louis Hestaux, 1895 ---»»» |
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Pichet zoomorphe par Émile Gallé, détail. |
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«Les Fruits» de Victor Prouvé, huile sur toile,
1893. |
Vitrail «La Lecture» par Henri Bergé (1870-1937).
Ce vitrail provient d'une maison de la rue Gambetta à Maxéville dans
la Meurthe-et-Moselle.
Une femme a interrompu sa lecture et joue avec un chat noir juché
sur ses épaules.
Le style retenu pour camper la jeune femme au buste nu rappelle celui
des affiches des années 1900.
«««--- Projet pour le concours de la décoration
de la salle à manger de l'Hôtel de Ville de Paris. |
«Le peintre sur faïence» de Louis Hestaux (1858-1919)
Huile sur toile, vers 1889.
Ce peintre est évidemment Émile Gallé dont le
visage est facilement reconnaissable.
On voit, à l'arrière-plan, plusieurs céramiques
que Gallé a réellement réalisées. |
Documentation : «L'École de Nancy»
par Christian Debize, Presses Universitaires de Nancy, Éditions
Serpenoise, 1989
+ «L'École de Nancy face aux questions politiques et
sociales de son temps», Somogy Éditions d'Art, 2015
+ «Nancy, 100 ans d'Histoire» aux éditions Place
Stanislas, 2008
+ «Nancy de A à Z» de Frédéric Maguin
aux éditions Alan Sutton, article sur Émile Gallé,
2009
+ Nombreux panneaux d'information dans le musée. |
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