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Comme tous les quartiers de Paris sous
le Second Empire, le quartier de la plaine Monceau voit sa population
s'accroître. Une fois passés les événements
de la Commune, on s'avise d'y élever un nouveau lieu de culte
sous la responsabilité de l'architecte d'Édouard Delebarre
de Bay. Celui-ci choisit un style néoroman assez dépouillé.
L'édifice, dédié à saint François
de Sales, est béni en 1873. Il est appelé aujourd'hui
«ancienne église». En effet, dès 1912,
avec la population qui s'accroît encore, un autre édifice
plus vaste, toujours dédié à François
de Sales et toujours de style néoroman, est construit, attenant
au premier. Il est appelé «nouvelle église».
L'«ancienne église» Saint-François-de-Sales,
présentée dans cette page, présente quelques
sculptures intéressantes,
deux chapelles
absidiales entièrement peintes et une verrière
de la fin du XIXe siècle, créée par l'atelier
Henri Chabin. Elle est consacrée à la vie de François
de Sales, canonisé en 1665 et déclaré Docteur
de l'Église en 1877 par le pape Pie IX.
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Vue d'ensemble de l'église Saint-François-de-Sales (ancienne
église) |
Vue d'ensemble de l'église Saint-François-de-Sales
dans le 17e arr. |
Chapelle latérale Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus
Le vitrail est dû à l'atelier angevin R. Desjardins
et date de 1933. |
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Statue de saint François de Sales
sur la façade de l'église |
La naissance de François de Sales (vitrail de l'atelier Henri
Chabin, fin du XIXe siècle)
Les beaux justaucorps rouge et bleu des deux hommes rappellent
que
François de Sales est né dans une famille noble
de Savoie. |
Saint
François de Sales et la Contre-Réforme.
François de Sales est né en 1567 dans
le duché de Savoie (il n'est donc pas Français).
De famille noble, il fait des études dans les
collèges d'Annecy et de Paris. Attiré
très tôt par la prêtrise, il montre
une âme passionnée par la théologie.
De seize et vingt ans, il est à Paris, étudiant
saint Augustin et Thomas d'Aquin. Les théories
de la grâce et de la prédestination, remises
au goût du jour par le protestantisme, le marquent
à un point tel qu'il se croit prédestiné
à l'enfer. Pour surmonter ses angoisses, il prie
dans l'église dominicaine de Saint-Germain-des-Près,
devant une statue de la Vierge. Et ceci pendant dix
semaines (fin 1586 - début 1587). Il n'a pas
encore vingt ans et dévoile déjà
un esprit très mystique. On ne connaît
pas les arguments qui l'ont porté à une
pareille conclusion. Est-ce une suite de raisonnements
altruistes? Voulait-il donner sa place au paradis à
quelqu'un d'autre? Les pères des théories
de la prédestination s'imaginaient-ils eux-mêmes
prédestinés à l'enfer? On nous
permettra d'en douter. François de Sales approfondit
la théologie à l'université de
Padoue et devient prêtre en 1593, à l'âge
de 26 ans. Il est membre de l'évêché
de Genève, mais vit à Annecy car les Calvinistes
ont expulsé les catholiques de leur ville. Il
se fit tout de suite remarquer par ses talents de prédicateur
et le contenu même de sa prédication. À
une époque où le Clergé rêvait
de reconquérir les régions gagnées
à la Réforme, sa façon de convertir
les âmes séduisait : pas de contrainte,
pas de violence ; tout doit reposer dans les raisonnements
et la persuasion du Verbe. Et surtout dans une vie de
vertu qui doit servir d'exemple. Son évêque,
Claude de Granier, l'envoie comme missionnaire dans
le Chablais
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François de Sales, encore laïc, convaincu
d'être prédestiné à
l'enfer, prie à l'église dominicaine de Saint-Étienne-des-Grès
devant
une statue de la Vierge (année 1586). Vitrail de
l'atelier Henri Chabin. |
protestant, en particulier
sa capitale, Thonon-les- Bains. La tâche
sera rude, prendra des années, mais aboutira.
Charles Borromée et François de
Sales sont les deux grandes figures qui ont appliqué,
sur le terrain, les principes du Concile de Trente
et qui les ont fait traduire, au niveau des objets
et des images, par l'art baroque. Pour s'épanouir
et se renforcer, la foi devait admirer le Beau.
D'où la multiplication en Savoie, et aussi
dans le Doubs, des retables. Le retable est conçu
comme un condensé des vérités
théologiques affirmées par le Concile
de Trente. François de Sales eut l'occasion
de surveiller, contrôler, recadrer s'il
le fallait, les créations artistiques de
sa région. La Contre-Réforme s'y
implanta avec des armes puissantes, celle de la
foi à travers le Beau dans l'art, pour
bien marquer sa différence d'avec le protestantisme
qui refusait toute forme d'objets de piété,
mise à part la croix.
Sources : 1) Encyclopedia Universalis,
article «Saint François de Sales»
de Louis Cognet ; 2) «Églises et
retables baroques de Haute-Savoie», éditions
La Taillanderie.
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Vitrail de la vie de saint François de Sales
L'évêque de Genève envoie le jeune prêtre
convertir les habitants du Chablais. |
Le bas-côté gauche et la chapelle de la Vierge
Les bas-côtés sont couverts d'une voûte
d'arêtes percée d'oculi. |
Vitrail de la vie de saint François de Sales
Rencontre avec sainte Jeanne de Chantal, jeune
veuve et sur de l'évêque de Dijon |
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Chemin de croix, station VI : «Véronique essuie
la face de Jésus» |
Confessionnal de la fin du XIXe siècle
Son tympan est orné d'un bas-relief «Le Retour
de l'enfant prodigue». |
Confessionnal de la fin du XIXe siècle
«Le Retour de l'enfant prodigue» sur le tympan |
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Vitrail de la vie de saint François de Sales
Saint François avec saint Vincent de Paul et sur
Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal |
Chemin de croix, station XIII
«Jésus est déposé de la croix»
Artiste inconnu |
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Vitrail de la vie de François de Sales
Rentrée dans les ordres et premiers prêches
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Dans le médaillon
ci-dessus, on aperçoit un évêque
avec sa mitre parmi les auditeurs. Il doit s'agir de
Claude de Granier, évêque de Genève
qui avait beaucoup d'estime pour François de
Sales. (L'évêque résidait à
Annecy à la suite de l'expulsion des catholiques
de Genève par les Calvinistes). C'est lui qui
confia au nouveau prélat la difficile mission
de conversion des protestants dans la région
du Chablais, dans la Haute-Savoie actuelle.
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LES CHAPELLES
ABSIDIALES ET LEURS PEINTURES MURALES |
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LA CHAPELLE
ABSIDIALE DE LA VIERGE |
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La chapelle de la Vierge dans l'absidiole gauche
Les peintures murales sont l'uvre de
Gustave-Adolphe Chassevent-Bacques (1818-1901) |
Grande toile de «L'Adoration des mages», partie centrale
École flamande du XVIe siècle
Voir la toile en entier plus
haut |
Peinture murale «La Crucifixion» par Henry Daras
(1850-1928)
Chapelle du Sacré-Cur |
Peinture murale «L'Incrédulité de saint Thomas»
par Henry Daras (1850-1928)
Chapelle du Sacré-Cur |
À DROITE ---»»»
«Sainte Véronique tient le linge avec lequel elle
a essuyé la face de Jésus»
par Henry Daras (1850-1928) dans la chapelle du Sacré-Cur |
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Peinture murale «La Visitation»
par Gustave-Adolphe Chassevent-Bacques (1818-1901)
Chapelle de la Vierge |
Peinture murale «L'Annonciation»
par Gustave-Adolphe Chassevent-Bacques (1818-1901)
Chapelle de la Vierge |
LA
CHAPELLE ABSIDIALE DU SACRÉ-CUR |
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Un ange porte la fleur de lys et l'agneau,
symbole de pureté et de douceur
Chapelle de la Vierge |
Un ange porte la lampe et l'épée,
symbole de parole et de douleur
Chapelle de la Vierge |
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La chapelle du Sacré-Cœur et sa voûte percée
d'un oculus
Les peintures murales sont l'uvre d'Henry Daras
(1850-1928). |
Statue de saint François de Sales
Art populaire
Chapelle du Sacré-Cœur |
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Sainte Jeanne de Chantal
Art populaire
Chapelle du Sacré-Cur |
«««--- À
GAUCHE
«Sainte Hélène découvrant
la vraie Croix»
par Henry Daras (1850-1928)
Chapelle du Sacré-Cur |
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LE CHUR
DE L'ÉGLISE SAINT-FRANÇOIS-DE-SALES |
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Le chur de l'église Saint-François-de-Sales veut
rappeler le XIIIe siècle.
Il est embelli d'un très beau maître-autel portant les
douze apôtres au-dessus d'un Christ ressuscité levant
la main vers le Ciel.
Le détail des vitraux est donné ci-dessous. |
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Les
vitraux de l'abside ont été créés par
l'atelier Henri Chabin à la fin du XIXe siècle |
Les vitraux
du chur. L'église Saint-François-de-Sales
a choisi une iconographie originale pour illuminer son chur.
En effet, les vitraux illustrent trois thèmes représentés
par des grandes figures de l'Église catholique : la
Tradition, le Peuple de Dieu et l'Écriture (de gauche
à droite).
À gauche, la parabole de la Tradition : dans
une mandorle centrale, saint Pierre, sur son trône et
coiffé de la tiare papale, est accompagné, dans
les rangées du haut, de Docteurs de l'Église
(saint Athanase, saint Jean Chrysostome, saint Grégoire
de Naziance et saint Basile), et, en bas, des Pères
de l'Église (saint Grégoire, saint Augustin,
saint Jérôme et saint Ambroise).
Au centre, le Peuple de Dieu est représenté
par des saints et des saintes : on voit, dans la partie basse,
saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal
; au-dessus,
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saint Vincent de Paul et sainte
Thérèse de l'Enfant Jésus. Dans la partie
haute, la quatrième rangée en partant du bas
montre saint Denis et sainte Geneviève ; au-dessus,
saint Pierre et Marie, Reine du Ciel. Enfin, la rangée
supérieure est tout à fait originale : le Christ
bénissant, à gauche, porte sur la tête
une couronne royale et, dans la main gauche, la croix de son
supplice. À droite, le Père Céleste,
en vieillard barbu, est pourvu des attributs royaux : il porte
couronne, sceptre, orbe royal et au cou le cordon et la médaille
d'un ordre de chevalerie.
À droite, la parabole de l'Écriture :
la Vierge à l'Enfant, elle aussi dans une mandorle,
est entourée, en haut, des quatres évangélistes
et, en bas, de prophètes (Isaïe, Ézéchiel,
Daniel et Jérémie).
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Galerie des apôtres et de leurs attributs (côté droit)
sur le maître-autel
On reconnaît saint Simon le Zélote à sa
scie, saint André à sa croix, saint Barthélémy
à son couteau, etc. |
Soubassement du maître-autel
Le Christ est entouré des évangélistes.
Ici, Mathieu et Marc |
Vitrail de l'abside : la Tradition
Les Pères de l'Église saint Ambroise et
saint Augustin |
Vitrail de l'abside : l'Écriture
Les prophètes Isaïe et Ézéchiel |
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Le Christ ressuscité sur le maître-autel
(Les traces des clous sont
visibles sur ses pieds.)
XIXe siècle |
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Vitrail de l'abside : le Peuple de Dieu
Sainte Jeanne de Chantal, saint François de Sales
Sainte Thérèse, saint Vincent de Paul |
Vitrail de l'abside : le Peuple de Dieu
Saint Louis et sainte Clotilde |
Vitrail de l'abside : le Peuple de Dieu
Saint Denis, sainte Geneviève
Reine du Ciel, saint Pierre |
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L'orgue de tribune est dû au facteur Abbey (vers 1900). Il a
été révisé par le facteur Gonzalez en
1985. |
Vitrail de l'abside : la Tradition
En haut : saint Basile et saint Grégoire de Naziance
En bas : saint Jean Chrysostome et saint Athanase |
La nef et l'orgue de tribune de l'église Saint-François-de-Sales
vus du chur |
Documentation : «Paris d'église
en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4
+ Article sur Saint François de Sales in Encyclopedia Universalis,
1991 + «Églises et retables baroques de Haute-Savoie»,
éditions La Taillanderie |
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