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Page créée en mars 2016
Josselin
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La lettre "A" dans la galerie de granit qui ceinture la façade du château

Le château de Josselin, dont l'aspect est l'un des plus pittoresques de France, est une demeure toujours habitée par la famille des Rohan. Cette forteresse tient une part cruciale dans l'histoire des luttes entre les ducs de Bretagne et les rois de France. Rasée une première fois par Henri II Plantagenêt vers 1170, elle fut relevée dès 1173 par le vicomte de Porhoët, Eudes II, allié du roi de France. En 1370, elle passe entre les mains d'Olivier de Clisson, grand connétable de Charles V, et ferme soutien de la dynastie capétienne. Celui-ci lance une campagne d'agrandissement du château. Les ducs de Bretagne, Jean IV et Jean V, vont s'acharner contre lui. Emprisonné, puis relâché, Clisson est assiégé dans Josselin par Jean IV en 1393. Avant sa mort en 1407, il s'était remarié avec Marguerite de Rohan. Le château revint donc à son gendre, Alain VIII de Rohan. La forteresse demeure dans la famille depuis six siècles.
La lutte sourde entre les ducs de Bretagne et les rois de France reprend en 1488. François II, duc de Bretagne, veut punir Jean II de Rohan de son soutien au parti français. Il fait démanteler la forteresse dont l'un de ses capitaines vient de s'emparer. Peu après, Jean II, sans toucher aux défenses qui viennent d'être abattues, fait reconstruire le manoir d'habitation et sa belle façade sur la cour nord-est. Viennent les guerres de Religion. Les Rohan sont à la tête du parti réformé. Leur forteresse sera incluse dans la liste des sites voués à la destruction sur ordre de Richelieu. En 1629, la partie est, comprenant le gros donjon, est rasée à l'explosif. Encore faut-il remercier le prince de Condé, qui fit arrêter la démolition, avec l'agrément du roi. Néanmoins, Richelieu pouvait être satisfait : le château n'était plus défendable.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Rohan vivent à Paris et le château est laissé à l'abandon. Sous la Révolution, la tour isolée sert de prison. Vers 1835, Charles-Louis Josselin, duc de Rohan, décide d'engager une restauration en bonne et due forme de sa demeure, très largement délabrée et où le toit s'écroule par endroits. L'extérieur est remis en état, l'intérieur est presque totalement réaménagé.
À l'heure actuelle, la visite comprend les salles du rez-de-chaussée du manoir, la façade Renaissance et les jardins aménagés soit à la française sur la terrasse, soit à l'anglaise au pied des remparts. Le château de Josselin est une demeure privée. Le règlement interdit les photos à l'intérieur de l'habitation.

Lucarnes de style Renaissance sur la façade
La célèbre façade du château de Josselin devant la rivière Oust. La façade est orientée au sud–ouest.
La célèbre façade du château de Josselin devant la rivière Oust. La façade est orientée au sud-ouest.
L'Oust est à l'heure actuelle un tronçon du canal de Nantes à Brest.
Plan du château de Josselin
Plan du château de Josselin
Les lieux proposés à la visite peuvent se décomposer en trois parties :
L'Oust vue depuis le château, vers l'ouest
L'Oust vue depuis le château, vers l'ouest.
  1) Le rez-de-chaussée du manoir d'habitation et la superbe façace Renaissance ;
2) Les jardins à la française de la terrasse ;
3) Le parc à l'anglaise au pied des remparts.
Le château de Josselin vu depuis le clocher de la basilique Notre-Dame  du Roncier.
Le château de Josselin vu depuis le clocher de la basilique Notre-Dame du Roncier.
La façade nord, élevée de 1490 à 1510, est un très  beau témoignage de la Renaissance bretonne.
La façade nord, élevée de 1490 à 1510, est un très beau témoignage de la Renaissance bretonne.
Au premier plan, le jardin à la française créé au XIXe siècle.
Sculptures et ornementation Renaissance
Sculptures et ornementation Renaissance
autour des fenêtres hautes de la façade.

La façade nord-est et sa décoration Renaissance.
La façade du château de Josselin est assurément le «clou du spectacle». Les visiteurs qui aiment le style Renaissance se doivent de l'observer de très près. Les historiens considèrent que son homogénéité est la preuve qu'elle a été construite d'un seul tenant, sans ajout postérieur. Longue de soixante mètres et datée des années 1490-1510 (quand Jean II Rohan décida de rebâtir le logis) elle offre un magnifique exemple de l'art de la Renaissance en Bretagne. L'œuvre se présente comme un grand appareil de granit, avec quatre portes et huit fenêtres au rez-de-chaussée. La double série de grandes lucarnes à meneaux est la source de son cachet artistique si réputé.

Les lucarnes du bas sont surmontées d'arcs en accolade décorés de choux frisés. Fait aussi partie de son cachet la dentelle de granit qui surmonte la forte corniche à double encorbellement (dont les sculptures sont très usées par le temps). Deux exemples de cette splendide dentelle sont donnés ci-dessous. Même si les lettres sculptées dans la pierre attirent le regard, on y décèle aussi des couronnes, des hermines stylisées, des cordelières, des arabesques, etc.
Sources : 1) Congrès archéologique de France, Brest et Vannes, 1914 ; 2) Le château de Josselin, éditions Ouest-France.

La façade au niveau de la septième lucarne.
La façade au niveau de la septième lucarne.

Description de la partie de façade ci-dessus.
Les deux lucarnes du dessus sont encadrées par l'inscription A PLUS (devise des Rohan), disposées de bas en haut. La lucarne supérieure est surmontée d'un gâble très aigu dont le tympan est orné d'un A couronné. Ce gâble est lui-même «surmonté d'un fleuron à cinq rangs de choux frisés superposés et bordé de rampants à crochets très fouillés.» Source : Congrès archéologique de France, Brest et Vannes, 1914.

Balcon avec une gargouille figurative près d'une fenêtre.
Balcon avec une gargouille figurative près d'une fenêtre.
Fenêtres sur la façade nord
Fenêtres sur la façade nord

Description de la partie de façade ci-dessus.
On voit ici la séparation entre les fenêtres des deuxième et troisième étages : l'espace est occupé par un trumeau richement sculpté d'éléments flamboyants.

Portes et fenêtres sur la façade nord.
Portes et fenêtres sur la façade nord.
L'une des deux portes est en plein cintre.
Gargouille figurative près d'un balcon.
Gargouille figurative près d'un balcon.
L'écoulement des eaux se faisant via des tuyaux de pierre,
les gargouilles du château n'ont pas d'utilité.
La façade Renaissance et les jardins à la française  quand les touristes se pressent au mois d'août.
La façade Renaissance et les jardins à la française quand les touristes se pressent au mois d'août.
L'écoulement des eaux se fait par des tuyaux en pierre sculptée
L'écoulement des eaux se fait par des tuyaux en pierre sculptée représentant
des dragons ou des crocodiles.
Galerie embellie de la devise A PLUS des Rohan. (A plus signifie 'Sans plus', c'est–à–dire 'sans supérieur').
Galerie embellie de la devise A PLUS des Rohan. (A plus signifie Sans plus, c'est-à-dire sans supérieur).
C'est une véritable dentelle de granit qui ceinture les lucarnes de la façade
(lettres, hermines stylisées, cordelières, arabesques, couronnes, choux frisés, etc.).
Sur cette galerie se répète cinq fois la lettre A
Sur cette galerie, la lettre A se répète cinq fois. Elle est toujours couronnée.
Au dessous de la galerie, on remarque la corniche à double encorbellement embellie
d'entrelacs, de feuilles et de petits animaux, malheureusement très usés par le temps.

La polémique sur l'initiale A. L'interprétation des faits historiques et des créations artistiques a toujours été un art difficile. On en trouve une nouvelle preuve dans une petite polémique qui surgit là où on ne l'attendait pas : dans les lettres en granit garnissant la galerie de la façade Renaissance du château de Josselin. La lettre A, d'ailleurs très souvent surmontée d'une couronne, y apparaît en de multiples endroits. (Voir la série des cinq lettres A consécutives dans la photo ci-dessus à droite.)
Jusqu'au XIXe siècle, les historiens y ont vu l'initiale de la devise des Rohan «A Plus», c'est-à-dire «sans plus», donc «sans supérieur». En prenant pour acquit le fait que la façade a bien été reconstruite à l'initiative de Jean II Rohan, l'historien Roger Grand, dans son article du Congrès archéologique de France tenu à Brest et à Vannes en 1914, avance une explication assez déroutante. Il constate d'abord que cette lettre A est partout surmontée d'une couronne, ce que personne ou presque n'avait remarqué. Il signale ensuite que la couronne, faite de huit fleurons égaux, n'est autre que la couronne ducale. Roger Grand poursuit : «Or la seigneurie des Rohan était alors une vicomté. En 1505, Jean II s'intitule lui-même vicomte de Rohan. L'A surmonté d'une couronne ducale ne désigne donc pas le seigneur de Josselin. Il faut l'appliquer, sans doute possible, à Anne, duchesse de Bretagne.»
De plus, l'historien rappelle que la décoration de la façade est composée d'emblèmes rappelant les Rohan (devise «A Plus»), la duchesse de Bretagne (A couronné) et la reine de France (fleurs de lys). Comme on le sait, à la fin du XVe siècle, Anne de Bretagne, fille de François II, duc de Bretagne, était l'enjeu de toutes les chancelleries d'Europe. Épouser Anne, c'était hériter de la Bretagne. Le roi de France Charles VIII, l'empereur allemand Maximilien Ier,

Louis d'Orléans (le futur Louis XII) et le duc de Buckingham étaient sur les rangs. Quant à Jean II Rohan, il aurait bien voulu voir l'un de ses fils épouser la jeune fille, ce qui aurait uni définitivement les maisons de Rohan et de Bretagne et les aurait placé sur un pied d'égalité..
Le mariage d'Anne et de Charles VIII à Langeais, en 1491, mit fin au rêve du vicomte : il restait toujours le premier vassal de la duchesse en Bretagne ! Pour Roger Grand, Jean II prit en quelque sorte une revanche en traduisant dans la pierre ce rêve de grandeur et d'ambition avortées.
Dans le livret sur le château de Josselin paru aux éditions Ouest-France en 2000, Antoinette de Rohan remet en question cette explication un peu forcée. «(...) comment expliquer, écrit-elle, la présence de l'initiale A, couronnée ou non, que l'on retrouve à de nombreuses reprises dans la décoration de la façade? On a longtemps cru qu'il s'agissait du A désignant la duchesse-reine Anne de Bretagne, comme l'affirmait Roger Grand.» Antoinette de Rohan avance une autre explication : «On peut se demander s'il ne s'agit pas plutôt du chiffre de Jean II. Olivier de Clisson, de son côté, avait un chiffre du même type, l'initiale M, que l'on retrouve à Blain, ainsi que dans son hôtel parisien.»
À la représentation du rêve avorté, idéal bien romantique, proposé en 1914, par Roger Grand, il semble qu'on ne puisse opposer que l'hypothèse du chiffre du constructeur. Dans l'un et l'autre cas, ce ne sont que des conjectures et il faut bien avouer que le mystère reste entier.
Sources : 1) Congrès archéologique de France, Brest et Vannes, 1914 ; 2) Le château de Josselin, éditions Ouest-France, 2000.

La corniche à double encorbellement au-dessous de la galerie est  composée d'entelacs, de feuilles, de fleurs et de petits animaux.
La corniche à double encorbellement au-dessous de la galerie est composée d'entrlacs, de feuilles, de fleurs et de petits animaux.
La façade Renaissance, côté est.
La façade Renaissance, côté est.
Au premier plan, les aménagements en jardin à la française.
La terrasse avec la façade
La terrasse avec la façade.
La «tour isolée» avec le clocher
La «tour isolée» avec le clocher
de la basilique Notre-Dame du Roncier.

Dans la tour isolée furent enfermés des prisonniers anglais dès 1758, ainsi que de nombreux royalistes sous la Révolution. «À la fin avril 1794, on en comptait jusqu'à 112 et on dut en mettre dans le manoir lui-même», écrit Roger Grand dans son article pour le Congrès archéologique de Brest et Vannes en 1914.

L'Oust vue depuis les jardins du château, vers l'est.
L'Oust vue depuis les jardins du château, vers l'est.

Prosper Mérimée à Josselin (1/2)
Nommé inspecteur général des Monuments historiques en 1834, l'écrivain Prosper Mérimée parcourt l'ouest de la France en 1835 (Bretagne et, plus succinctement l'Anjou et le Poitou). Son objectif est de recenser les anciens monuments dignes d'intérêt, en particulier ceux du Moyen Âge. À son retour, il rédige un long rapport pour son ministre de tutelle.
Son passage à Josselin n'est pas l'un de ses meilleurs souvenirs. On en donne ici quelques extraits en respectant l'orthographe du romancier qui écrit au début du XIXe siècle.
«On m'avait vanté le château de Josselin comme l'une des merveilles de la Bretagne. Il n'a pas répondu à mon attente; peut-être est-ce seulement à l'exagération des éloges dont il était l'objet, que je dois attribuer la médiocre impression qu'il a produite sur moi. Il fut bâti au onzième siècle; mais je doute que des restes de cette construction se soient conservés jusqu'à nous. Le connétable de Clisson en augmenta les fortifications au quatorzième siècle, et depuis cette époque, il paraît avoir encore changé d'aspect. L'architecture militaire a si peu de caractères distinctifs, et d'ailleurs le château a été tellement modifié et à tant de reprises, que, classer ses différentes époques, serait aujourd'hui un problème presque insoluble.»
Mérimée s'étend assez longuement sur la façade du château côté jardin et de ses curieuses lettres qui sont loin d'emporter son adhésion : «La façade intérieure du château est aujourd'hui ce qu'il offre de plus remarquable. En effet, bien que
---»» Suite 2/2 à gauche.

Prosper Mérimée à Josselin (2/2)
---»» médiocrement composée, elle a du moins le mérite d'une riche ornementation. À la première vue, le spectateur est choqué du manque absolu d'alignement, défaut qu'il eût été facile d'éviter et dont on ne comprend pas le motif. (...) On voit que le mot de façade ne convient guère ici, et que l'architecte semble s'être étudié à diviser les parties de son édifice au lieu d'en composer un ensemble. (...) La devise A PLVS s'y trouve répétée de vingt manières différentes, découpée en lettres fantastiques, avec une étonnante variété. Malgré la diversité des détails, on ne peut s'empêcher de remarquer la répétition constante et monotone d'un motif aussi médiocre que les entrelacemens et les formes bizarres des mêmes lettres. Dans l'architecture arabe, les sentences du Coran sculptées en relief ou en creux, et artistement alignées ou contournées comme nos rinceaux, sont un des motifs d'ornementation les plus fréquens, et souvent l'effet en est très agréable. Mais nos caractères ne se prêtent pas facilement à ses caprices, et je regrette ici les jolis meneaux flamboyans du gothique du quinzième siècle. Je ne vois sur cette façade aucun détail de la Renaissance, cependant je ne puis la croire antérieure au seizième siècle. (...) Les A entrelacés avec un V, et surmontés d'une couronne de vicomte que l'on voit au sommet des frontons, ont fait penser que ce bâtiment avait été élevé par Alain VIII, vicomte de Josselin. A l'exception des tours à double enceinte, l'intérieur du château n'offre nul intérêt, si ce n'est une grande cheminée dans une salle basse, avec l'éternelle devise A PLVS, ornée d'ailleurs comme celles de la façade. Tous les appartements sont restaurés, c'est dire qu'ils ressemblent à des chambres d'hôtel garni, et pour que la ressemblance soit plus complète, on y voit pour toutes tentures les papiers peints à paysages et à batailles, qui tapissent toutes les auberges de l'Europe et font une des richesses de la ville de Mulhouse.»
Source : Notes d'un voyage dans l'ouest de la France par Prosper Mérimée, 1836.

Les jardins à l'anglaise sous les remparts.
Les jardins à l'anglaise sous les remparts.
Aspects des jardins à la française.
Aspects des jardins à la française.
L'ancien emplacement du pont-levis.
L'ancien emplacement du pont-levis.
L'animal en bas à droite est un lion sculpté.
Vue intérieure de la tour isolée.
Vue intérieure de la tour isolée.
Buffet en bois ciré et sculpté Détail de la sculpture du buffet
À DROITE ---»»»
Éléments de mobilier au rez-de-chaussée de la Tour isolée
Buffet et détail de son ornementation entre les deux serrures.
La façade nord-est et le jardin à la française.
La façade nord-est et le jardin à la française.

Documentation : «Congrès archéologique de France, Brest et Vannes, 1914»
+ «Le château de Josselin», éditions Ouest-France
+ «Notes d'un voyage dans l'ouest de la France» par Prosper Mérimée, 1836.
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