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La Vierge au Rosaire, détail

Le Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte passa à Niort en octobre 1852. à cette époque, la gare était en construction. Mgr Louis-édouard Pie, évêque de Poitiers, présent lors de la visite présidentielle, savait très bien que l'arrivée du chemin de fer allait créer autour de la gare un important quartier populaire. Il fallait donc sans attendre élever une église à proximité pour anticiper les besoins cultuels. Le futur empereur donna son consentement. Mais, si la paroisse Saint-Hilaire, reconnue par un décret impérial avec celle de Saint-étienne de l'autre côté de la Sèvre, fut créée dès juin 1853, il fallut près de dix ans de tractations avant de poser la première pierre de l'église.
La recherche des ressources nécessaires fut de longue haleine. Pour le Conseil municipal, le coût de l'édification d'un Hôtel de ville avait la priorité. Puis ce fut la ligne de chemin de fer Poitiers-La Rochelle, officialisée par un décret présidentiel de mars 1852, qui passa devant. Le financement du tronçon niortais repoussait à plus tard le vote de fonds pour la nouvelle église. Cependant, dès octobre 1852, le Prince-Président fit savoir officiellement à Mgr Pie que le Trésor verserait 100 000 francs, payés sur dix ans, pour l'édifice (ce qui était une très forte somme). Conséquence : trois semaines plus tard, le Conseil municipal ne put que voter l'attribution d'une somme équivalente.
L'année suivante, le choix du lieu se fit dans la difficulté. Des deux sites possibles, la municipalité opta pour celui du quartier de la Brèche. Le montant total des expropriations était du même ordre pour les deux sites, mais le quartier choisi, dont la configuration serait totalement repensée, était jugé mieux fréquenté.
La désignation de l'architecte, laissée à l'initiative du maire, fut rapide : ce serait Pierre-Théophile Segretain, Niortais bien connu, déjà bâtisseur de la Préfecture, du Palais de Justice et de la prison.
Arrêter le plan final de l'édifice fut long. La Commission archéologique du diocèse et le ministère de l'Instruction publique et des Cultes devaient donner leur accord. Ce dernier demanda des modifications qui furent refusées par l'architecte. Le dossier s'enlisait. Segretain avait pourtant averti : plus on attendait, plus le prix des matériaux enchérissait. En fin de compte, la mairie de Niort, l'évêque de Poitiers et l'architecte comprirent que le ministère faisait traîner l'affaire - par mauvaise volonté politique. En tant qu'opposant déclaré au régime, Mgr Pie était mal vu. Le ministre n'avait-il pas, sans sourciller, donné son accord pour le lycée à construire non loin de l'église ? Et le préfet avait même reçu l'ordre d'accélérer les travaux !
Mgr Pie n'avait plus le choix : il s'en alla voir le ministre (novembre 1857) et obtint la promesse d'un accord sous réserve de modifications mineures. La construction ne démarra pas pour autant car de nouveaux crédits pour la ligne de chemin de fer Poitiers-La Rochelle, dont le tracé définitif venait enfin d'être décidé, passaient avant ! La ligne de Poitiers à Niort fut ouverte en juillet 1856, suivie un peu plus tard du complément Niort-La Rochelle.
En 1859, la municipalité put enfin s'activer pour l'église : les terrains furent acquis ; les expulsés, indemnisés ; les rues, reconstruites. Mais, en décembre 1860, une opposition de dernière minute surgit, notamment au Conseil municipal. C'était maintenant le clergé de l'église Notre-Dame à Niort qui essayait de ralentir le projet ! Saint-Hilaire serait plus grande et plus belle que leur église. C'était inacceptable ! Derrière ce masque, le maire et l'évêque furent d'avis que l'autorité impériale avait soudoyé des clercs de Notre-Dame pour faire payer à Mgr Pie son opposition au régime ! (Voir l'encadré sur l'histoire de cette opposition.)
En avril 1861, avec l'accord de l'évêque, le maire résolut de braver la mauvaise volonté d'une partie du Conseil municipal. La commission chargée des travaux de l'église fut nommée ; le devis de l'architecte Segretain, adopté ; le vote du Conseil, approuvé par le Préfet au mois de mai suivant. Peu après, le marché était signé avec l'entrepreneur. La construction put enfin commencer.
D'inspiration romano-byzantine, l'église fut donc bâtie de 1862 à 1866. Le plan est rectangulaire avec un vaisseau central et deux larges bas-côtés. La hauteur sous voûte est uniforme dans tout l'édifice. Le transept est bordé par quatre chapelles, tandis que le chevet est semi-circulaire. Voir le plan plus bas.
En 1865, la construction était assez avancée pour organiser dans Saint-Hilaire une exposition nationale consacrée aux Beaux-Arts et à l'Industrie. En janvier 1866, l'édifice était ouvert au culte, puis consacré en juin 1868 par Mgr Pie.
Dans l'église, le visiteur remarquera de beaux chapiteaux néo-gothiques à thème floral, tous différents et des verrières dans le style classique de la fin du XIXe siècle (de nombreux extraits en sont donnés dans cette page). Certaines sont des pastiches du XIIIe siècle. Les ateliers Lobin à Tours et Dagrant à Bordeaux furent sollicités. à l'exception des trois vitraux du chevet, ils furent tous offerts par des particuliers.
Le peintre niortais Louis Germain a embelli le transept de deux grandes peintures : la résurrection de Lazare et la libération de Pierre par un ange.

Saint Hilaire, détail (vitrail de Lobin à Tours)
La nef et le chœur de Saint-Hilaire vus depuis l'entrée.
L'EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-HILAIRE

La façade (assez sobre) de l'église et le côté sud.
Trois statues de Pères de l'église la dominent. Certaines niches sont nues : elles n'ont jamais reçu la leur.

Avec ses arcades emboîtées et ses modillons, le clocher affiche un indéniable aspect néo-roman.

Vie de Saint Hilaire.
Hilaire devient évêque de sa ville natale, Poitiers, en 350. à cette époque, l'Empire romain est ravagé par les querelles des clercs qui polémiquent sans fin sur le contenu du dogme de la foi chrétienne : quelle est la place du Fils par rapport au Père ? ; le Fils est-il Dieu ? ; est-il seulement homme ?... L'arianisme, qui nie la divinité du Christ, se répand. Les auteurs païens se font l'écho en termes amers de cette zizanie.
Hilaire est le défenseur de la rectitude la plus stricte de la foi, menacée par l'arianisme. Pour lui, le Fils (qui est aussi homme) est de même nature que le Père. C'est la proclamation du Concile de Nicée en 325. Saint Hilaire s'oppose à l'empereur, ce qui lui vaut d'être exilé en Phrygie.
Après son retour en Gaule, Hilaire accueille saint Martin à Poitiers. Par le biais d'une correspondance active et de ses écrits savants, il contribue à l'unité des évêques de la Gaule. Il meurt en 368. Sa dépouille est enterrée dans la basilique Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers. En 1852, Hilaire est promu Docteur de l'église.

Les arcades du portail principal sont enrichies de deux têtes d'animaux de sacrifice : le taureau et le bouc.


Le chevet de l'église Saint-Hilaire.
Les tours sont d'inégale hauteur. En 1869, la plus basse a failli
être rehaussée au niveau de l'autre privée de sa flèche.
L'histoire mouvementée de la flèche est contée ci-dessous.

La flèche du clocher.
Le lundi 27 novembre 1865, la tour du clocher est achevée. L'armature en fer qui doit former la flèche est en place ; les lattes attendent leurs ardoises.
Dans la nuit, une violente tempête s'abat sur Niort. Au matin, les ouvriers constatent les dégâts : l'échafaudage est à mal et la charpente en fer de la future flèche est fortement inclinée vers le nord. La tempête n'est pas passée : une brusque rafale de vent brise l'échafaudage qui s'écroule au sol. En tombant, les débris de bois, de fonte et de fer tuent un pauvre cheval qui se trouve à proximité, attelé à sa charrette.
Heureusement, les dégâts sur le clocher sont mineurs. La flèche seule est détruite ; quelques clochetons sont écornés ; la toiture d'une chapelle latérale a un peu souffert.
Il faut reprendre les travaux et achever la flèche. Au début de 1866 cependant, le Conseil municipal, sollicité, répond qu'il n'a rien à voir dans cette histoire. De son côté, l'entrepreneur se désengage car le devis n'inclut pas le coût d'un échafaudage plus solide. De leur côté, les fils de l'architecte Segretain, décédé en 1864, écrivent à un ancien architecte de la ville pour qu'il reprenne le chantier. Sans succès.
Tout n'est pas perdu pour autant car le Conseil municipal change d'avis et décide de prendre le problème à bras le corps. On s'aperçoit que les plans de la flèche ne sont qu'un simple dessin que son auteur lui-même aurait vraisemblablement modifié. Pour l'heure, le maire de Niort charge un architecte d'étudier les causes exactes du désastre du 27 novembre.
Nous sommes déjà en septembre 1868. Trois ans se sont écoulés depuis les ravages de la tempête. Un des fils de l'architecte défunt craint alors que le Conseil municipal n'opte pour une seconde tour sans flèche, semblable à la première. Il écrit à Mgr Pie, évêque de Poitiers, et lui demande de bien vouloir intervenir pour faire respecter les volontés de son père.
Le rôle du prélat n'est pas de trop car, entretemps, des membres du Conseil municipal et du Conseil de fabrique avancent une nouvelle idée : rehausser la première tour à la hauteur de la seconde quei serait privée de sa flèche. Le père Ménard, qui relate cette histoire, écrit en toute honnêteté à ce sujet : «On comprend sans peine que ce second projet ait séduit quelques-uns de ceux qui s'intéressaient aux questions d'esthétique architecturale, et l'on se demande s'il n'eut pas été préférable de le voir adopter. Il semble bien que l'effet de ces deux tours jumelles n'aurait rien laissé à désirer, en même temps que le coup d'œil eut été plus gracieux et plus imposant...»
Mais Alexandre Segretain tient absolument au respect des volontés de son père, à savoir deux tours d'inégale hauteur, avec une flèche sur celle qui est au nord.
En 1869, un nouvel architecte, M. Durand, accepta d'achever la flèche selon les plans initiaux, avec toutefois quelques modifications sur les fenêtres. La flèche fera vingt mètres de haut.
Les travaux devaient être achevés en décembre 1869, mais les hommes de l'art demandèrent un sursis. Finalement, au mois de décembre 1870, tout était achevé et payé.
Source : Naissance d'une paroisse par le père Ernest Ménard, curé de Saint-Hilaire de 1897 à 1909.


Saint Ambroise de Milan ,
docteur de l'église d'Occident.

Sur la partie centrale de la façade : saint Hilaire.
En arrière-plan : le Christ entouré du tétramorphe.

Saint Athanase d'Alexandrie,
docteur de l'église d'Orient.
Le tétramorphe est représenté aussi dans les arcades gauche et droite de la façade :

L'ange de Matthieu.

Le taureau de Luc.

L'aigle de Jean.
LA NEF DE L'ÉGLISE SAINT-HILAIRE

Vue générale de la nef depuis la chapelle absidiale Saint-Joseph dans le bras sud du transept.

Plan de l'église Saint-Hilaire.
Avec les emplacements des chapelles et des vitraux.

Le baptistère.
Le baptistère était embelli jadis d'un tableau de Louis Germain
représentant le baptême du Christ.
Le jugeant hors de proportions, l'artiste l'a lui-même retiré en
promettant de le remplacer par une peinture aux dimensions
plus adaptées. Ce qu'il n'a jamais fait.
La décoration de l'arcature est due à Lecoq d’Arpentigny.
CHAPITEAUX NÉO-GOTHIQUES
Ils sont tous à thème floral et tous différents.

Les voûtes bombées de la nef sont typiques du style romano-byzantin, mais aussi du style Plantagenêt.

Les vitraux de la nef.
Ils ont été créés par l'atelier Lobin à Tours au début des années 1880. Leur installation ne s'est faite qu'après celle des vitraux du transept et de l'abside, jugés prioritaires.
Ces vitraux veulent rendre hommage aux généreux donateurs. C'est ainsi qu'on explique la présence de sainte Aline, chrétienne belge ayant vécu dans le nord de la France au XIIe siècle, qui n'est jamais venue dans la région des Deux-Sèvres actuelle. Quant à saint Alexandre, il a sûrement été choisi en remerciement à Côme Alexandre Segretain, fils de l'architecte. Défenseur de l'œuvre de son père, Côme Alexandre s'est fortement impliqué dans la reconstruction de la flèche après sa destruction par la tempête en 1865.
Source : panneau affiché dans l'église.


Sainte Véronique et saint Vincent de Paul
Atelier Lobin à Tours
Début des années 1880.


Sainte Véronique présentant le linge, détail du vitrail.
Atelier Lobin à Tours, début des années 1880.


Saint Henri et saint Alexandre.
Atelier Lobin à Tours
Début des années 1880.
«««--- Sainte Aline et Consolatrice des affligés.
Atelier Lobin à Tours
Début des années 1880.

Saint Joseph et sainte Anne
Atelier Lobin à Tours
Début des années 1880.

Saint François et saint Dominique, détail.
Atelier Lobin à Tours
Début des années 1880.

Le bas-côté nord aboutit à la chapelle de la Vierge dans le bras nord du transept.

Vitrail de saint Alexandre --»»
La présence de saint Alexandre vient vraisemblablement de la volonté du Conseil de fabrique de rendre hommage à Côme Alexandre Segretain (1826-1901), fils de Pierre-Théophile Segretain, l'architecte de Saint-Hilaire. Le fils se démena pour défendre l'œuvre de son père après la destruction du bâti de la flèche en 1865.
Notons que Côme Alexandre Segretain sortit de l'école Polytechnique en 1922 dans l'arme du génie. Présent au siège de Sébastopol en 1853, il participa à la guerre contre la Prusse et combattit contre les forces des Communards en 1871.
Il prit sa retraite en 1883 avec le grade de général de division.
Source : panneau dans l'église.


Chemin de croix, station IV :
Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa croix.

Chemin de croix, station VI :
Véronique essuie la face de Jésus.

Pierre-Théophile Segretain (1798-1864).
C'est un enfant du pays. Né à Niort en 1798, il entre à Polytechnique en 1815, mais s'oriente vers l'architecture. Revenu à Niort, il est nommé architecte départemental en 1824. On lui doit les bâtiments de la Préfecture, du Tribunal et de la prison. Son ami Prosper Mérimée le nomme architecte des Monuments historiques en 1850. à Niort, Segretain construit l'église Saint-Hilaire et restaure l'église Saint-André. Dans le département des Deux-Sèvres (à Oiron et à Mauzé), il conçoit d'autres édifices. à Melle, il entame la restauration de l'église Saint-Hilaire (classée au patrimoine mondial de l'Unesco).
Pierre Théophile Segretain était membre de la Société française d'Archéologie et membre de la Société centrale des architectes.
à côté de cette activité propre à l'architecture, il fut aussi en 1835 l'un des co-fondateurs de la Caisse d'épargne de Niort, membre de la Société de Secours Mutuel et de la Société Historique et Scientifique. Il fut terrassé par une apoplexie en 1864. Source : panneau dans l'église.


Saint Alexandre
Atelier Lobin à Tours
Début des années 1880.

Sainte Aline, détail.
Atelier Lobin à Tours
Début des années 1880.
LE CHŒUR DE L'éGLISE SAINT-HILAIRE

Le chœur a été remanié plusieurs fois.
Au XIXe siècle, il était protégé par une haute grille.
À gauche, à la place du Christ en croix, se dressait un grand maître-autel enrichi d'un retable.

Le chœur de Saint-Hilaire est éclairé par les trois vitraux
de l'atelier Lobin à Tours.
Datés de 1865, ce sont les premiers vitraux qui ont été posés dans l'église.

Un ambon moderne soutient la Bonne parole.

Le Couronnement de la Vierge.
Les trois vitraux du chœur sont dus à l'initiative de Mgr Pie, évêque de Poitiers. Il paya le tiers du coût total, la municipalité acceptant de prendre à sa charge les deux autres tiers.
Le vitrail d'axe représente le Couronnement de la Vierge : Marie est agenouillée devant son Fils, dans une attitude que l'évêque jugeait un peu humiliante. Il fit part de sa préoccupation aux ateliers Lobin, mais dut renoncer à sa demande devant les difficultés matérielles que l'artiste lui objecta.
Source : Naissance d'une paroisse par le père Ménard, curé de Saint-Hilaire de 1897 à 1909.


Vitrail central du chœur : le soubassement.
à gauche, les armoiries de Mgr Pie, évêque de Poitiers (la Vierge noire sur sa colonne).
à droite, les armoiries de la ville de Niort : une tour crénelée et casquée avec un semis de fleurs de lis.

L'Exposition nationale de 1865.
Dans le cadre d'un concours prévu à Niort au printemps 1865, il fut décidé qu'une exposition artistique et industrielle se tiendrait à l'intérieur de l'église Saint-Hilaire et sur les parvis extérieurs. à cette époque, l'édifice est pratiquement achevé, mais pas encore ouvert au culte. étant regardé comme la plus vaste église de la ville, sa superficie se prêtait bien à ce genre d'événement : 690 m2 pour la nef ; 504 m2 pour le transept et le chœur.
La nef et les bas-côtés accueillirent les produits et créations 'industriels ; le transept et les chapelles attenantes, les Beaux-Arts. Statuaire et peintures prirent place au chevet. à l'extérieur, «une exposition horticole et forestière ajoutait au charme des yeux et à l'agrément des visiteurs», écrit le père Ménard dans son histoire de l'église. Il relate une idée intéressante appliquée lors de l'exposition : pour adoucir le contraste trop cru entre les œuvres d'art et «une pierre trop blanche et récemment taillée», les commissaires habillèrent toute l'élévation du transept d'une vaste draperie verte.
La partie Beaux-Arts exposait les œuvres de Louis Germain, peintre niortais, des eaux-fortes et plus de deux cents tableaux de grands maîtres envoyés par Paris. Sans compter les pastels, les miniatures, les dessins et les bustes. Le père Ménard, étonné de cette profusion, confesse : «Il est rare, si nous en croyons les gens du métier, de rencontrer dans une exposition de province de pareils et de si nombreux éléments.» L'exposition a d'ailleurs été saluée avec chaleur par la presse niortaise.
Autour de l'église, d'agréables squares furent implantés. Ils conduisaient, d'une part à une annexe avec des machines agricoles et industrielles, d'autre part à un chalet où se trouvait une exposition forestière. Ces squares ont par la suite été remplacés par des pelouses parsemées d'arbres.
L'exposition fut ouverte du 1er mai au 7 juin 1865. Lors des trois derniers jours, précise le père Ménard, «l'entrée en fut absolument gratuite» (en gras dans le texte) pour que tous les Niortais pussent en profiter.
Notons que, parmi les lauréats du concours, se trouvait le peintre Louis Germain, récompensé pour l'ensemble de ses travaux exposés.
Un dernier point, assez humoristique : le père Ménard termine sa relation en ajoutant que les commissaires «avaient admirablement tout réglé pour que rien ne fût une occasion de désordre et d'accident.» Par exemple, il était interdit de fumer dans l'enceinte de l'exposition et une police d'assurance contre l'incendie avait été souscrite.
Source : Naissance d'une paroisse par le père Ernest Ménard, curé de Saint-Hilaire de 1897 à 1909.


Soubassement du vitrail de saint Martin et sainte Radegonde dans le chœur :
à gauche : un arbre sacré païen doit être abattu. Saint Martin a accepté de rester sous l'arbre pendant son abattage
pour montrer que ce dernier ne recèle aucun pouvoir magique. L'arbre est tombé de l'autre côté.
à droite : apparition du Sacré-Cœur à la reine Radegonde. Pour l'amour du Christ, celle-ci renonce aux honneurs.
Atelier Lobin à Tours, 1865.
Saint Martin et sainte Radegonde ---»»»
Atelier Lobin à Tours, 1865.
Sainte Radegonde est habillée en reine avec couronne, sceptre et fleurs de lys.

Vitrail central du chœur : le Couronnement de la Vierge
Atelier Lobin, Tours
Vitrail posé en avril 1865.

Ornementation du chœur, détail.

Sainte Abre et saint Hilaire (son père).
Atelier Lobin à Tours
Année 1865.
Le détail du soubassement est donné à droite.

Le maître-autel du chœur (XIXe siècle) est disposé sur un large emmarchement.
Il est orné d'un très riche bas-relief représentant la Cène.

La piscine néo-gothique du chœur a changé de
destination : elle accueille maintenant des statues ---»»»


Soubassement du vitrail de sainte Abre et saint Hilaire dans le chœur :
à gauche : sainte Abre refuse le vêtement de soie offert par le gouverneur
à droite : saint Hilaire ressuscite un enfant mort sans le baptême.
Atelier Lobin à Tours, 1865.

Le bas-relief du maître-autel représente la Cène.
Seconde moitié du XIXe siècle.

Monseigneur Pie, évêque de Poitiers, contre Napoléon III.
Sous le Second Empire, de nombreux prélats ultramontains s'opposèrent à Napoléon III à cause de sa politique italienne. Ce vaste problème diplomatique se révélait d'une complexité insoluble. L'Empereur des Français soutenait le Piémont contre l'Autriche, mais pas contre le pape. La France devait, d'une part, honorer la parole impériale d'aider le voisin italien dans sa lutte pour l'indépendance ; d'autre part, ne pas s'opposer ouvertement au pape pour ne pas mécontenter les catholiques français. Un pape qui, lui, s'opposait au Piémont...
Dans son récit sur l'histoire de l'église Saint-Hilaire, le père Ménard rappelle la position combative de Mgr Pie. L'évêque fit parler de lui par sa lettre pastorale du 22 février 1861, largement diffusée et commentée. Il y condamnait le louvoiement de Napoléon III dans sa position vis-à-vis de Rome et du pape. Rappelons que, en septembre 1860, l'armée sarde a battu les troupes pontificales à la bataille de Castelfidardo, puis envahi les états du pape. Les Marches et l'Ombrie vont tomber dans l'escarcelle de Victor-Emmanuel II, roi de Piémont-Sardaigne. Et le pape ne restera plus qu'avec le seul état du Latium dont la capitale est Rome. Pour l'évêque, c'est à cause de l'indécision de l'Empereur que les Piémontais ont tenté l'invasion des états pontificaux. Dans sa lettre, Mgr Pie jeta un «Lave tes mains, Pilate !» qui irrita fort Napoléon III. Dès le 28 février, l'évêque fut déféré comme abus à la juridiction du Conseil d'état. Le 27 mars, il était condamné par le Conseil.
Mgr Pie revint à la charge le 30 juin suivant, cette fois en chaire, à la cathédrale de Poitiers. Il parla d'un Hérode III qui condamna le Christ. Ce qui fut interprété comme une allusion claire à Napoléon III. C'en était trop. Il était urgent d'affaiblir la position de ce prélat retors. Aussi le gouvernement chercha-t-il à démembrer le diocèse de Poitiers en créant un nouveau diocèse à Niort. L'évêque en appela à Rome et à la volonté de ses ouailles, opposées à ce projet. Devant le tumulte, l'idée fut abandonnée.
.En revanche, le gouvernement fit passer un ordre clair : interdiction à tout fonctionnaire d'entrer en relation avec l'évêque. Et bien sûr, opposition directe ou indirecte à la construction de l'église Saint-Hilaire...
Source : Naissance d'une paroisse par le père Ernest Ménard, curé de Saint-Hilaire de 1897 à 1909.


Sainte Radegonde, détail.
Atelier Lobin à Tours, 1865.

Saint Martin dans un vitrail du chœur
Atelier Lobin à Tours, 1865.

Soubassement du maître-autel : la Cène, détail.
Jésus est au milieu des apôtres.

Soubassement du maître-autel : la Cène, détail.
Les apôtres s'interrogent : «Est-ce moi, Seigneur ?»
Judas est à droite.

La Cène.
Jésus prend un dernier repas avec les apôtres. Quel est le moment que l'artiste a choisi de représenter ?
Sans doute, il s'agit du plus connu et du plus chargé de sens. Jésus vient d'annoncer : «L'un d'entre vous me trahira.» «Est-ce moi, Seigneur ?», demandent ses disciples. Ceux-ci, interloqués, se regardent les uns les autres, parfois d'un air soupçonneux, parfois la main sur le cœur.
Dans le gros plan donné ci-contre, on voit Judas sur la droite. Il a l'air absent, baisse les yeux et tient à la main la bourse qu'il va recevoir pour prix de sa trahison.


Saint Hilaire ---»»»
dans un vitrail du chœur.
Atelier Lobin à Tours, 1865.

LE TRANSEPT ET SES CHAPELLES

La nef et le bras nord du transept vus depuis le bras sud.
Le bras nord est éclairé par le vitrail de sainte Radegonde.

Sainte Radegonde et le vitrail de l'atelier Dagrant.
Radegonde (vers 520-587) était une princesse thuringienne, contrainte en 536 d'épouser Clotaire, roi de Neustrie. Restée dans l'Histoire comme une nonne plutôt que comme une reine franque, elle est en quelque sorte le pendant de Louis VII dont Aliénor d'Aquitaine, sa femme, disait : «j'ai épousé un moine».
Avec l'aide de Clotaire, Radegonde fait construire l'abbaye de Sainte-Croix à Poitiers et s'y retire. En 569, elle y reçoit un fragment de la sainte Croix envoyé par l'empereur byzantin Justin II.
Sa vie et sa légende regorgent de faits édifiants : mortifications (elle portait un cilice), nourriture frugale ; prières en recluse, soin des pauvres, miracles. De son vivant, elle fut regardée comme une sainte.
En 1899, pour réaliser le vitrail des scènes de sa vie, l'atelier bordelais Dagrant a sélectionné six épisodes, dont deux sont intéressants : la libération d'un prisonnier (Radegonde est leur protectrice) et la réception du fragment de la sainte Croix en 1569. Parmi les autres saynètes, on note : apparition du Sacré-Cœur à Radegonde ; elle lave les pieds des pauvres ; elle rencontre un ermite ; son décès en 587. Selon le Dictionnaire des saints et grands témoins du christianisme, Radegonde a été proclamée mère de la patrie en 1921 «par l'inscription de sa fête au propre national français».
Sources : 1) Dictionnaire des saints et grands témoins du christianisme, CNRS éditions; 2) panneau affiché dans l'église.


Vitrail des scènes de la Vie de sainte Radegonde
Atelier Dagrant, Bordeaux, 1899.

Le bras sud du transept.
La chapelle Sainte-Radegonde est surmontée de la
fresque de Louis Germain : saint Pierre est libéré
de sa prison par un ange
. (donné plus bas).

Sainte Radegonde reçoit les reliques de la sainte Croix
des mains de l'évêque de Tours, Mgr Euphrone.
Détail du vitrail de sainte Radegonde
Atelier Dagrant, Bordeaux, 1899.

Statue de sainte Radegonde, détail.

Pourquoi un vitrail de sainte Germaine dans la chapelle dédiée à sainte Radegonde ? (1/2)
L'explication se trouve dans le récit du père Ernest Ménard, curé de Saint-Hilaire de 1897 à 1909, Mémoire d'une paroisse.
Lorsque Mgr Pie, évêque de Poitiers, entra pour la première fois dans l'édifice, il remarqua qu'il n'y avait aucun autel dans l'actuelle chapelle Sainte--Radegonde. Il exprima le désir que l'autel soit dédié à sainte Germaine de Pibrac. L'évêque avait une grande dévotion pour cette humble bergère de la fin du XVIe siècle, béatifiée en 1854. Il avait d'ailleurs prononcé son éloge à Pibrac même, dans la région toulousaine, peu auparavant. De plus, cette bergère, dont le vrai nom était Germaine Cousin, venait d'être canonisée (1867).
--»» Suite 2/2 à droite.


Sainte Radegonde lave les pieds des pauvres
Détail du vitrail de sainte Radegonde
Atelier Dagrant, Bordeaux, 1899.

Sainte Radegonde rencontre un ermite
Détail du vitrail de sainte Radegonde
Atelier Dagrant, Bordeaux, 1899.

La chapelle Sainte-Radegonde est éclairée
par un vitrail dédié à sainte Germaine.

Peinture murale avec armoiries dans la chapelle Sainte-Radegonde.

Vitrail de sainte Germaine de Pibrac.

«La Libération de saint Pierre par l'ange»
Peinture de Louis Germain au-dessus de la chapelle Sainte-Radegonde.

Pourquoi un vitrail de sainte Germaine ? (2/2)
---»» Les paroissiens firent savoir à l'évêque que la dédicace de la chapelle s'était déjà portée sur Radegonde, reine de France, patronne de Poitiers et que l'autel était en outre déjà payé. Le prélat revit son vœu à la baisse et demanda simplement que le vitrail de la chapelle rappelât le souvenir de sainte Germaine.
Comme sainte Élisabeth de Hongrie, Germaine de Pibrac est représentée par l'atelier Lobin à Tours lors de l'épisode du miracle des roses. La seconde épouse de son père, une marâtre qui la martyrisait, accusa un jour Germaine de voler du pain pour les pauvres. Elle poursuivit la jeune fille et l'obligea à ouvrir son tablier. Au lieu des pains qu'elle pensait y trouver, elle ne vit qu'une brassée de roses.

LA CHAPELLE DE LA VIERGE (BRAS NORD DU TRANSEPT)

La chapelle de la Vierge avec le vitrail des scènes de la Vie de la Vierge.

Vitrail des scènes de la Vie de la Vierge, détail.
Atelier Lobin à Tours, 1867.

Décoration de la chapelle de la Vierge, détail.

Statue de Notre-Dame du Rosaire
dans la chapelle de la Vierge.

««--- Une question.
L'extrait donné ci-contre à gauche du vitrail des scènes de la Vie de la Vierge comprend, en bas, une Nativité. En haut, on voit une Adoration des mages.
Mais que représente l'image du haut à droite ? Est-ce une Présentation de Jésus au Temple avec la Vierge tenant son Enfant et Joseph offrant des présents pour le temple ?
Si c'est le cas, pourquoi le grand prêtre (qui semble plus soucieux de l'offrande que du bébé) porte-t-il une auréole ? L'auteur du carton s'est-il trompé ?


Notre-Dame du Rosaire
dans la chapelle de la Vierge, détail.

«««--- Deux litanies encadrent
l'autel dans la chapelle de la Vierge.
Ici, Domus Aurea (Maison du Ciel).


Vitrail des scènes de la Vie de la Vierge
dans la chapelle de la Vierge
Atelier Lobin à Tours, 1867.

Décoration murale dans la chapelle de la Vierge, détail.
LE BRAS SUD DU TRANSEPT

Le chœur et le bras sud du transept.
Le bras sud est éclairé par le vitrail du Sacré-Cœur.

Avec ses arcades sur deux de ses côtés, le bras sud du transept
affiche un très net aspect néo-roman.


Vitrail du Sacré-Cœur
Atelier Dagrant à Bordeaux, 1899.

La partie centrale du tympan contient les armoiries
du pape Léon XIII (1878-1903).


Jésus est le Bon Pasteur
dans le vitrail du Sacré-Cœur.
Atelier Dagrant à Bordeaux, 1899.

Marie-Madeleine au pied de Jésus
dans le vitrail du Sacré-Cœur.
Atelier Dagrant à Bordeaux, 1899.

Dans le bras sud du transept, la chapelle du Sacré-Cœur
est surmontée d'une peinture de Louis Germain :
la résurrection de Lazare.

Apparition du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie Alacoque
dans le vitrail du Sacré-Cœur.
Atelier Dagrant à Bordeaux, 1899.

Cette scène illustre la dévotion au Cœur du Christ. Mgr Pie, évêque de Poitiers,
était à l'origine de la construction du Sacré-Cœur de Montmartre qui se
voulait un monument totalement anti-républicain (source : panneau dans l'église).


«La résurrection de Lazare»
Peinture de Louis Germain au-dessus de la chapelle du Sacré-Cœur.

Vitrail des Scènes de la Vie de saint Joseph
Atelier Lobin à Tours, 1868.
Chapelle Saint-Joseph.

Le Mariage de Joseph
Vitrail des scènes de la Vie de saint Joseph
Atelier Lobin à Tours, 1868.
L'inclusion de nombreux rois dans les franges de cette verrière
vise-t-elle à rappeler l'ascendance de haute lignée de Joseph ?

Les 4 songes de Joseph (évangile selon st Matthieu).
1) Un ange apparaît à Joseph et lui dit que l’enfant que porte Marie est le fruit de l’Esprit-Saint ; il doit accepter de l’épouser et donner à l'Enfant le nom de Jésus ;
2) Un ange avertit Joseph de fuir en Égypte avec Marie et l'Enfant pour échapper à la colère du roi Hérode ;
3) Un ange informe Joseph de la mort d'Hérode ; il peut retourner en Israël avec sa famille ;
4) Joseph apprend qu'Arkélaüs, fils d'Hérode, règne sur la Judée. Averti du danger par un ange, il part pour la Galilée et s'installe à Nazareth.


La chapelle du Sacré-Cœur dans le bras sud du transept.

La chapelle Saint-Joseph dans le bras sud du transept.

Troisième songe de Joseph : un ange l'informe de la mort d'Hérode ;
Lui et sa famille peuvent retourner en Israël..
Vitrail des scènes de la Vie de saint Joseph
Atelier Lobin à Tours, 1868.


Deuxième songe de Joseph : un ange l'avertit qu'il doit fuir en Égypte avec Marie
et l'Enfant pour échapper à la colère d'Hérode.
Vitrail des scènes de la Vie de saint Joseph, détail.
Atelier Lobin à Tours, 1868.


Vitrail de saint André
Chapelle du Sacré-Cœur
Atelier Lobin, Tours.

L'orgue de tribune est un Debierre de taille fort modeste.
Construit en 1840, il a été acheté et installé en 1914.

La nef de Saint-Hilaire vue depuis le chœur.

Documentation : Panneaux affichés dans l'église
+ «Naissance d'une paroisse» par le père Ernest Ménard, curé de Saint-Hilaire de 1897 à 1909 (brochure disponible dans la nef).
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