Accueil
Histoire navale
Céramique
Bibliographie
Les Grands Thèmes
  PATRIMOINE
Châteaux, palais,
  Eglises, monuments
Est Ouest Sud-Ouest Nord IdF Sud-Est Centre-OuestCentre-Est
RÉGIONS


 Contact
Page créée en juil. 2021
Sainte Anne trinitaire, vitrail du XIXe siècle, détail

L'histoire des origines de Chamalières s'inscrit au conditionnel. Au Ve siècle, le comte d'Auvergne aurait fondé, dans ce faubourg de Clermont, l'un des premiers monastères de femmes (camaleria). Sa règle de conduite aurait emprunté à trois autres : celles de saint Benoît, de saint Césaire et de saint Colomban. Au Xe siècle, les faits se font plus sûrs : il y a maintenant cinq églises dans le bourg qui devient ainsi un pôle religieux assez dense. Au XIe, l'église Notre-Dame est gérée par un chapitre de onze chanoines réguliers. L'un de ses doyens, Guillaume de Baffie, devient même évêque de Clermont en 1096.
Au gré des transferts de paroisses, Notre-Dame accroît son influence. C'est d'ailleurs la seule église sur les cinq qui soit parvenue jusqu'à nous. Elle possédait de nombreuses reliques dont celles de saint Mart et de sainte Thècle, cette dernière ayant toujours été la seconde patronne du sanctuaire. À la Révolution, le trésor de l'église est pillé, les reliques sont brûlées. Toutefois on put sauver quelques parties de celles de saint Mart.
Au niveau architectural, l'église a commencé par un massif roman avec deux bas-côtés, ce qui est la nef actuelle. Au XIIe siècle, à l'apogée de l'art roman auvergnat, les chanoines doublèrent la superficie de l'édifice en y ajoutant un vaste chœur entouré d'un déambulatoire à quatre chapelles rayonnantes. En 1682, décision fut prise de rebâtir le chœur qui menaçait ruine. Voir l'encadré. L'ensemble fut consolidé par des arcs-boutants extérieurs.
Cette église de 35 mètres de long sur 13 mètres de large est considérée, de nos jours, comme un modèle de l'art roman auvergnat, notamment pour sa période initiale. Le massif de façade, daté du Xe siècle, retient en effet l'attention des historiens : narthex et salle haute ont fait couler beaucoup d'encre. Mais le cachet roman, c'est aussi le chevet avec ses quatre chapelles rayonnantes voûtées en cul-de-four. Cependant, l'architecture de l'église reste complexe. La succession au cours des âges de travaux plus ou moins opaques, la présence de traces de construction difficilement interprétables conduisent à des analyses discordantes entre les archéologues. Il est presque impossible d'établir une chronologie acceptable par tous. Voir à ce sujet les encadrés sur l'architecture de la tribune ouest, de la nef et le questionnement de l'historien Patrick Perry en 2000 lors du Congrès archéologique de France tenu en Basse Auvergne.
L'église Notre-Dame a été classée aux Monuments historiques dès 1840. Elle possède quelques chapiteaux romans intéressants. Y avait-il des vitraux romans au XIIe siècle? Mystère. Toujours est-il que les vitraux actuels sont de la seconde moitié du XIXe siècle. La plupart sont l'œuvre de l'atelier du peintre verrier clermontois Émile Thibaud (1806-1896). Cette page en donne un très large aperçu.

Chapiteau roman, détail
La nef et le chœur de l'église de Chamalières.
La nef et le chœur de l'église de Chamalières.
Sur la photo, sur la voûte ogivale du chœur est visible. La voûte en berceau de la nef est donnée sur la dernière photo de cette page.
Le côté sud et son clocher du XIXe siècle.
Le côté sud et son clocher du XIXe siècle.
Le porche d'entrée date de la fin du XIXe siècle.
Le porche d'entrée date du XVIIe siècle.
Il a été remanié à la fin du XIXe siècle.
Arcs-boutants du chevet.
Les arcs-boutants, en pierre de Volvic, du chevet ont été élevés au XVIIe siècle pour étayer les voûtes du déambulatoire.
L'abside et ses belles chapelles rayonnantes.
L'abside et ses pittoresques chapelles rayonnantes romanes.
L'ÉLÉVATION OCCIDENTALE ET LE NARTHEX
Le narthex et l'orgue de tribune.
Le corps occidental : le narthex et la tribune (qui reçoit l'orgue).
Le narthex du Xe siècle, ses trois arcades et ses deux chapiteaux.
Le narthex du Xe siècle, ses trois arcades et ses deux chapiteaux romans.
Chapiteau du Xe siècle dans le narthex.
Chapiteau roman sud dans le narthex (Xe siècle).

La tribune occidentale et le narthex (1/2).
La tribune n'a l'aspect actuel que depuis les travaux de restauration de l'architecte Ruprich-Robert en 1917. Ces travaux ont été entrepris grâce au legs de 17 000 francs d'une paroissienne à la commune de Chamalières pour la mise en valeur de l'église.
La restauration a surtout porté sur la salle haute de la partie occidentale (photo ci-dessus à gauche). Auparavant, la façade était bouchée et l'étage divisé en deux niveaux. Ruprich-Robert réalisa des sondages dans les maçonneries et «restitua un unique étage supérieur, voûté en berceau, qu'il ouvrit sur la nef par un triplet surmonté d'un grand arc en plein cintre», écrit l'historien Patrick Perry pour le Congrès archéologique de France tenu en Basse-Auvergne en 2000. Pour Ruprich-Robert comme pour l'historien Henri du Ranquet dans son rapport pour le Congrès archéologique de France de 1924, des indices archéologiques précis poussaient à une restitution de cette nature. Les arguments les plus probants demeuraient les assises des piédroits nord et sud de l'arcature triple avec impostes et claveaux. Henri du Ranquet l'affirme en 1924 : «l'architecte restaurateur en rétablissant ces arcs ---»» Suite 2/2.

Chapiteau du Xe siècle dans le narthex.
Chapiteau roman nord dans le narthex (Xe siècle).

La tribune occidentale et le narthex (2/2).
---»»
n'a donc rien inventé, mais n'a fait que remettre les choses en l'état primitif.» Et il ajoute cette appréciation : «Il est curieux de trouver là, à la tribune, dès l'époque latine ce mur diaphragme qui a été si en vogue chez nous pendant toute la période romane.»
Pour le visiteur, la partie la plus intéressante de l'élévation ouest est évidemment la salle basse, c'est-à-dire le narthex roman proprement dit. La porte occidentale étant murée, cette salle n'a plus d'accès vers l'extérieur (voir plan ci-dessous). EIle est séparée de la nef par une triple arcature exhibant deux beaux chapiteaux romans en pierre d'arkose qui sont, l'un et l'autre, comme deux corbeilles superposées. Le style de leurs sculptures (feuilles épaisses et larges, entrelacs nattés ou non, rang de perles) conduit l'historien Henri du Ranquet à écrire à leur sujet, en 1895, pour le Bulletin monumental : «Autant de choses qui sont le propre des monuments carlovingiens ou même mérovingiens. Ces chapiteaux sont évidemment antérieurs à l'an mil.»
En l'an 2000, l'historien Patrick Perry, dans son article pour le Congrès archéologique de France en Basse Auvergne, se montre très circonspect sur ces affirmations assénées doctement un siècle plus tôt. Il relève notamment le peu d'homogénéité entre le (demi) chapiteau sud du triplet de la tribune et les chapiteaux du narthex. D'où son étonnement de constater que personne ne se soit jamais arrêté sur ce problème. À ses yeux d'ailleurs, les chapiteaux de la tribune, à l'exception de celui au sud, datent de la restauration de 1917... Un faisceau d'indices le conduit à penser que «la structure interne de cette avant-nef est peut-être moins homogène qu'on ne le supposait a priori.» Ces désaccords entre spécialistes montrent la complexité architecturale de l'église Notre-Dame et la difficulté à établir une chronologie acceptable par tous.
Sources : 1) «Église de Chamalières, près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)» par Henri du Ranquet, Bulletin monumental, 1895 ; 2) Congrès archéologique de Clermont-Ferrand en 1924, article sur l'église de Chamalières par Henri du Ranquet ; 3) Congrès archéologique de France en Basse-Auvergne en 2000, article sur l'église de Chamalières par Patrick Perry.

Vitrail «Mater Admirabilis»
Chapiteau du Xe siècle dans le narthex.
Chapiteau roman sud vu sous un autre angle.

«««--- Vitrail «Mater Admirabilis»
Atelier Émile Thibaud, vers 1860.
Voir la partie supérieure en gros plan plus bas.
LA NEF ROMANE DU Xe SIÈCLE
L'élévation nord de la nef et l'élévation du chœur.
L'élévation nord de la nef, datée du Xe siècle et, sur la droite, l'élévation du chœur, du XIIe siècle.
L'élévation sud a été copieusement remaniée, notamment au XIXe siècle pour soutenir le nouveau clocher.
Sainte Thècle de Rome
Sainte Thècle de Rome.
Atelier Émile Thibaud de Clermont-Ferrand.
Vers 1860.

Sainte Thècle.
L'ampleur de l'amphithéâtre à l'arrière-plan du vitrail fait pencher pour sainte Thècle de Rome plutôt que pour sainte Thècle d'Iconium, disciple de l'apôtre Paul et, elle aussi, livrée aux bêtes.

Sainte Thècle de Rome, détail

Architecture de la nef (1/2).
L'église Notre-Dame est clairement coupée en deux : d'abord une nef romane très sobre, ouverte sur des collatéraux par des arcades massives en plein cintre ; puis un vaste chœur roman élevé au XIIe siècle avec déambulatoire et chapelles rayonnantes, et totalement reconstruit en 1682.
Dans la nef, maintes parties ont été restaurées, au moins partiellement, aux XVIIe, XIXe et XXe siècles. La pierre, utilisée en majorité, est l'arkose. À l'origine, les élévations de la nef ne supportaient qu'une voûte charpentée et pouvaient donc ne pas être très robustes. Les collatéraux, selon l'étude approfondie de l'historien Henri du Ranquet en 1895 pour le Bulletin monumental, étaient, quant à eux, voûtés d'arêtes.
Au XIIe siècle, à l'apogée de l'École auvergnate, les chanoines du chapitre décidèrent de rehausser le prestige de leur église. Ils firent voûter la nef en berceau avec de la pierre (voir photo en bas de page). Il fallut donc renforcer les murs, ce que l'on voit bien sur le plan à droite. Toute la partie haute fut également renforcée jusqu'en haut de la muraille. Et comme ils avaient peut-être eu vent de voûtes en pierre qui s'étaient écroulées et avaient tout détruit sous leur poids, ils accrurent encore la solidité du bâtiment en remplaçant les voûtes d'arêtes des bas-côtés par des voûtes en demi-berceau (dites aussi en quarts de cercle) comme on peut le voir sur la photo ci-contre avec le bas-côté nord.
Dans son étude pour le Bulletin monumental de 1895, Henri du Ranquet rappelle qu'aucune preuve ne vient confirmer l'existence préalable d'une charpente. Seule la logique historique conduit à cette hypothèse. Il se peut aussi que la voûte ait été en berceau dès l'origine et... qu'elle se soit écroulée sous le poids de la pierre à cause de murs trop minces. Cela expliquerait la présence - peut-être sans réelle utilité - de voûtes en demi-berceau dans les bas-côtés : les chanoines auraient voulu s'assurer en tous endroits de la solidité de leur église pour éviter que pareil malheur ne se reproduise...
En fait, le manque d'indices et de sources écrites rend hasardeuse toute tentative de chronologie du voûtement de la nef et des bas-côtés. Cette difficulté est clairement soulignée par l'historien Patrick Perry dans son article pour le Congrès archéologique de France tenu en Basse Auvergne en l'an 2000. À tel point qu'il propose un schéma différent de celui d'Henri du Ranquet. En 1895, ce dernier évoquait même la possibilité, au Xe siècle, d'une petite nef primitive sans bas-côté.
En l'an 2000, Patrick Perry propose plutôt trois vaisseaux originaux couverts d'une charpente «élaborés ainsi suivant un parti fidèle à la tradition du haut Moyen Âge.» Et sans aucun élément structurel signalant une quelconque délimitation des travées. Vient ensuite l'épisode du changement des voûtes : plein cintre pour la nef ; quart de cercle pour les bas-côtés. Ce changement est-il intervenu avant, après ou pendant la construction du chœur au XIIe siècle ? Mystère.
Pour écarter l'hypothèse de voûtes d'arêtes primitives dans les bas-côtés, Patrick Perry écrit en note : «Des départs de nervures, visibles dans la première travée du bas-côté méridional, ont pu être comprises [sic] comme des traces d'arrachement de voûtes d'arêtes ayant couvert les collatéraux primitifs.» Bref, Henri du Ranquet aurait été abusé par une analyse visuelle trop rapide. Néanmoins, Perry concède que les indices architecturaux pris en compte pour ce changement de voûtement se situent dans des zones abondamment reprises au XVIIe siècle, des reprises qui ont évidemment brouillé les pistes. Ce qui est reconnaître que l'on ne sortira jamais du cercle vicieux des supputations sans preuve... ---»» Suite 2/2 ci-contre.

La voûte de la nef est en berceau,
La voûte de la nef est en berceau,
la voûte du chœur est ogivale.
«««--- Sainte Thècle de Rome, détail de l'arrière-plan.
Atelier Émile Thibaud de Clermont-Ferrand.
Vers 1860.
Plan de l'église.
Plan de l'église réalisé par Henri du Ranquet en 1899.
Le bas-côté nord et sa voûte en demi-berceau.
Le bas-côté nord et sa voûte en demi-berceau.
Le renforcement du pilier, à droite, est ici bien visible.

Architecture de la nef (2/2).
---»» Le dessin de l'église donné à droite a été réalisé par Henri du Ranquet pour le Congrés archéologique de France de 1924. On remarque que, dans son esprit, avant l'agrandissement du XIIe siècle, la nef romane et les collatéraux étaient fermés par trois absides en hémicycle. Une hypothèse, tirée de la logique, reprise en l'an 2000 par Patrick Perry. En fait, rien ne s'oppose non plus à la présence d'un simple mur en élévation droite. Le manque de source ne permet pas de décider.
Sources : 1) «Église de Chamalières, près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)» par Henri du Ranquet, Bulletin monumental, 1895 ; 2) Congrès archéologique de Clermont-Ferrand en 1924, article sur l'église de Chamalières par Henri du Ranquet ; 3) Congrès archéologique de France en Basse-Auvergne en 2000, article sur l'église de Chamalières par Patrick Perry.

Sainte Thècle de Rome, détail
Sainte Thècle de Rome, détail de l'arrière-plan
Atelier Émile Thibaud de Clermont-Ferrand.
Vers 1860.

Émile Thibaud (1806-1896). Ce peintre verrier naît à Riom, au nord de Clermont-Ferrand, dans une famille d'imprimeurs. Plus intéressé par le dessin, la lithographie et les beaux-arts que par l'imprimerie, il se tourne rapidement vers la production de vitraux et fonde son atelier à Clermont-Ferrand en 1835. L'essentiel de ses créations se trouve dans les églises auvergnates, mais on en trouve aussi à Lyon, à Bayonne et dans divers pays d'Europe et d'Asie. Légitimiste en politique, il participe à la vie publique de son village, en devient maire pendant quelques années et finance sur ses deniers école de filles, bureau de bienfaisance et sapeurs pompiers. Dans l'église Notre-Dame, la plupart des vitraux affichent le nom du donateur dans la partie basse. Le nom de l'atelier du peintre verrier est moins fréquent.
Émile Thibaud vend son atelier en 1869 à Charles des Granges (1825-1910) à qui l'on doit quelques vitraux de l'église Notre-Dame à Chamalières, notamment le Saint Louis salué roi. De 1879 à 1892, c'est le peintre verrier Félix Gaudin qui en prend les rênes. L'atelier fermera en 1938, faute de repreneur.
Émile Thibaud fut considéré à son époque comme un peintre verrier de grand talent, dessinant lui-même ses cartons. On peut voir dans le vitrail de sainte Thècle de Rome le souci du décor de l'arrière-plan. La sainte est livrée aux fauves dans le cirque de Rome. Les gradins sont remplis de spectateurs et l'on voit même l'empereur sous son dais. Ces détails à la grisaille rappellent ceux d'un grand maître du vitrail à la Renaissance : Engrand le Prince de Beauvais. Voir l'arrière-plan du vitrail de Salomé à l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen par cet artiste.
Source : archives de la famille Thibaud.

«Saint Louis salué roi»
«Saint Louis salué roi», après 1869.

SIGNATURE ---»»»
Atelier de l'«Ancienne-maison Thibaud Charles des Granges,
succursale de Clermont-Ferrand.»
Le bas-côté sud et sa voûte en demi-berceau.
Le bas-côté sud et sa voûte en demi-berceau.
À l'arrière-plan : la chapelle rayonnante de la Vierge.
Signature Charles des Granges
«Saint Louis salué roi», détail
«Saint Louis salué roi», détail.
Vitrail réalisé au XIXe siècle, après 1869.

Questionnement en l'an 2000 (1/2).
Dans son article pour le Congrès archéologique de France tenu en Basse Auvergne en l'an 2000, l'historien Patrick Perry réexamine certaines idées bien établies depuis les premières études architecturales du XIXe siècle sur l'église Notre-Dame.
Tout le monde est d'accord sur le flou architectural qui entoure le premier siècle d'existence de l'église : sur les étapes de construction et les passages pour accéder aux niveaux supérieurs de l'édifice, rien n'est certain. Patrick Perry, qui parle de «l'histoire mouvementée des parties hautes», évoque la possibilité d'un premier vaisseau unique surmonté d'une tour-porche. Cette tour-porche aurait été intégrée dans les élévations quand on construisit plus tard les deux bas-côtés. Tout ceci aurait pu être les étapes d'un même projet.
L'historien revient ensuite sur la fameuse pièce de monnaie en argent d'un roi Lothaire, découverte en 1879 près d'une des colonnes de la salle basse (le narthex). Revenons à la source. En 1895, Henri du Ranquet écrit pour son étude dans le Bulletin monumental : «Au niveau du dessous des bases et contre l'une d'elles, on a trouvé une médaille en argent qui a été déposée au musée de Clermont, et qui porte, au droit, une croix patée, et en exergue, autour, la légende LOTARIUS REX et, au revers, la croix patée cantonnée de quatre points avec l'inscription CLAROMONTI.»
Ce roi a été identifié comme étant le souverain carolingien ayant régné de 954 à 986. Il fut le père de Louis V, dit injustement «le Fainéant» qui, après lui, ne régnera qu'un an. Cette mort prématurée, due à un accident de chasse en 987, sera suivie de l'arrivée d'Hugues Capet sur le trône.
L'existence de cette pièce de monnaie a conduit certains érudits à affirmer, sans autre forme de procès, que les premières pierres de l'édifice dataient de la seconde moitié du Xe siècle. Ainsi Henri du Ranquet parle en 1895 des chapiteaux du narthex qui «sont évidemment antérieurs à l'an mil». Ainsi le chanoine Bernard Craplet qui écrit dans les années 1970 dans Auvergne romane aux éditions Zodiaque : «Narthex et nef en partie du Xe siècle. Les dates sont assez précises puisqu'on a découvert sous l'une des colonnes du narthex un denier d'argent à l'effigie du roi Lothaire (954-986).» Plus proche de nous encore, Bruno Phalip dans Auvergne romane aux éditions Faton en 2013 écrit : «La découverte d'un denier d'argent à l'effigie d'un souverain aquitain (936-954) permet d'attribuer le massif occidental à la seconde moitié du Xe siècle.»
Sans s'attarder sur le qualificatif d'aquitain et sur les dates qui ne correspondent pas, il n'en reste pas moins que cette chronologie a été contestée dès la fin du XXe siècle par des auteurs qui se sont penchés sur l'architecture clermontoise. Patrick Perry est l'un d'eux. Il écrit dans son article pour le Congrès archéologique en l'an 2000 : «L'examen de la structure du bâtiment et des chapiteaux le décorant semble, en effet, suggérer une datation plus basse, postérieure à l'an mil.» S'appuyant sur l'articulation entre l'avant-corps et la nef ainsi que sur le décor sculpté, il propose une datation dans le milieu du XIe siècle. Quant aux deux chapiteaux romans du narthex, ils «peuvent être considérés, écrit-il, comme des solutions expérimentales, qui tentent de renouveler le vocabulaire décoratif et de remettre plus ou moins en question le principe du schéma corinthien». On y voit peut-être l'amorce des «solutions auvergnates plus structurées et rigoureuses de la seconde moitié du XIe siècle.»
Devant les incertitudes qui grèvent les étapes de la construction durant
---»» Suite 2/2 à droite.

Chemin de croix, station X.
Chemin de croix, station X.

Sainte Madeleine au Calvaire, détail. Années 1860.
Saint Augustin et la devise :
Saint Augustin et la devise :
«Fides sine operibus mortua est»
Années 1860-1870.
Sainte Madeleine au Calvaire.
Sainte Madeleine au Calvaire.
Années 1860.

Questionnement en l'an 2000 (2/2).
---»» son premier siècle (élévation de la façade, salle haute et narthex), ainsi qu'une possible complexité qui obscurcirait l'ensemble, Patrick Perry se demande finalement s'il ne faut pas «relativiser l'importance de cet ensemble occidental dans l'étude de la définition de la structure des massifs de façade des grandes églises auvergnates du XIIe siècle.» Ainsi l'église Notre-Dame de Chamalières perdrait de sa superbe et ne devrait plus vraiment être regardée comme un modèle pour l'art roman auvergnat,
Source : Congrès archéologique de France en Basse-Auvergne en 2000, article sur l'église de Chamalières par Patrick Perry.


Saint Pierre libéré de sa prison.
Émile Thibaud, 1862.
LE CHŒUR DE L'ÉGLISE NOTRE- DAME
Le chœur entouré du déambulatoire.
Le chœur de XVIIe siècle est entouré d'un déambulatoire roman dont seul le couvrement est lui aussi du XVIIe.
La cuve baptismale est au premier plan.
Le chœur et ses deux niveaux d'architecture.
Le chœur et ses deux niveaux d'architecture.
La partie de l'appareil qui est de couleur sombre est en pierre de Volvic.
Le reste est en pierre d'arkose.

Le chœur (2/2).
---»» il est sans aucun doute moderne, vraisemblablement du XIXe siècle.
Voir l'encadré sur le déambulatoire plus bas.
Source : «Église de Chamalières, près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)» par Henri du Ranquet, Bulletin monumental, 1895.

Le chœur. Au Xe siècle, le chœur n'existait pas. La nef actuelle représentait toute la superficie de l'église. Au XIIe siècle, les chanoines entreprirent de grands travaux pour agrandir l'édifice selon les règles de l'École auvergnate, alors à son apogée. Ils firent rajouter un chœur entouré d'un déambulatoire à quatre chapelles rayonnantes. L'historien Henri du Ranquet assimile la première travée de ce chœur large de 4 mètres (voir plan) à un transept non saillant. Le chœur a été entièrement refait en 1682. À quoi ressemblait-il ? On en a une idée assez claire grâce à un procès-verbal daté du 20 mai 1682 qui décrit l'état de ruine de cet ancien chœur et prescrit les restaurations à apporter.
Il était constitué de huit piliers soutenant une voûte en cul-de-four latin si bien que son aspect était semblable à celui de Notre-Dame du Port à Clermont-Ferrand. D'après le rapport, la présence de nombreuses fissures dans les arcades et le couvrement indiquait que les piliers manquaient de robustesse, menaçant le chœur d'une ruine totale par effondrement de la voûte. L'âge roman avait utilisé la pierre d'arkose, un matériau sans doute pas assez solide car le rapport préconise, une fois la voûte en cul-de-four abattue, l'emploi de pierre de taille pour les piliers (qui devront être plus massifs), les arcades et les élévations. Ainsi, dans la nouvelle construction, tout ce qui est roman est en arkose, le reste est en pierre de Volvic.
Selon les instructions données à l'architecte, le nouveau chœur ne comprend plus que six piliers d'ordre toscan sous une haute voûte d'ogives ornée de vitraux. L'ensemble est contrebuté à l'extérieur par six arcs-boutants.
Quand on se tient devant le sanctuaire (voir photo plus bas), on voit actuellement la cuve baptismale sur la droite et, au centre, un beau maître-autel en marbre. Son soubassement est orné de cinq statues en haut relief : le Sacré-Cœur y est entouré des quatre évangélistes. Sa partie arrière est ornée d'une double frise de rinceaux et de feuillages. Bien qu'aucune documentation n'ait été trouvée sur cet autel, ---»» Suite 2/2

La voûte ogivale du chœur.
Les voûtes ogivales du chœur.
Vers 1682.
La Vierge écrasant le serpent.
La Vierge écrasant le serpent.
Vitrail axial au-dessus du chœur, vers 1860.
Le Christ sous son dais.
Ecce Homo
sous son dais.
Le soubassement du maître-autel est orné des statues  du Sacré-Cœur et des quatre évangélistes.
Le soubassement du maître-autel est orné des statues du Sacré-Cœur et des quatre évangélistes (XIXe siècle?).
Le soubassement oriental du maître-autel.
Le soubassement oriental du maître-autel.
Rinceaux et motifs floraux dans le soubassement oriental du maître–autel.
Rinceaux et motifs floraux dans le soubassement oriental du maître-autel.
Cinq statues sous leurs dais dans une élévation.
Jésus et Marie-Madeleine
Jésus et ses disciples au bord du lac de Tibériade.
Vers 1860.
«««--- Cinq statues sous leurs dais
dans une élévation.
Hormis les vitraux, l'église Notre-Dame
ne possède que très peu d'ornementations.
Aucune clôture ne sépare le chœur du déambulatoire.
Le sanctuaire vu de face (reconstruit en 1682).
Aucune clôture ne sépare le sanctuaire du déambulatoire.
Le chœur et l'élévation sud.
Le chœur et son élévation sud.
Une sainte dans un vitrail des années 1860
Une sainte dans un vitrail des années 1860, détail
Jésus et Marie-Madeleine, détail.
Jésus et les apôtres, détail.
Années 1860-1870.
Joseph et la Vierge et l'Enfant sous leur dais.
Joseph et la Vierge et l'Enfant sous leur dais.
«Mater Admirabilis», détail.
«Mater Admirabilis», détail.
Atelier Émile Thibaud, vers 1860.
LE DÉAMBULATOIRE ET LES QUATRE CHAPELLES RAYONNANTES
Le déambulatoire : chapelle Saint–Joseph à gauche, chapelle de la Vierge derrière le pilier.
Le déambulatoire : chapelle Saint-Joseph à gauche, chapelle de la Vierge derrière le pilier.
La baie axiale et son vitrail de saint François de Sales est entourée de deux piliers romans couronnés de chapiteaux.

Le déambulatoire. Hormis le voûtement, le déambulatoire de l'église Notre-Dame a pour l'essentiel conservé son aspect roman du XIIe siècle. Il est riche de quatre chapelles rayonnantes de plan semi-circulaire et voutées en cul-de-four. Ces chapelles sont éclairées par trois fenêtres recevant des vitraux des années 1860 créés par l'atelier clermontois d'Émile Thibaud.
La photo ci-dessus donne un bon aperçu de ce déambulatoire du XIIe siècle. Dans sa partie basse, il est parcouru d'un petit muret qui reçoit la retombée de colonnes assez fines. Quelques-unes d'entre elles sont enrichies de chapiteaux romans à thème. Dans la moitié gauche de la photo, on voit les deux plus belles colonnes romanes de ce déambulatoire : elles sont surmontées des deux chapiteaux donnés ci-dessous. L'un est à thème floral, l'autre montre deux griffons buvant au calice divin. Dans son étude de 1895, l'historien Henri du Ranquet ajoute que ces deux colonnes «nous donnent une idée de celles qui isolaient le chœur avant les réparations du XVIIe siècle.» Sans doute, mais il faut espérer quand même que les huit colonnes qui supportaient la voûte de pierre en cul-de-four étaient un peu plus massives...
Dans les chapelles rayonnantes, l'arcature qui entoure les fenêtres retombe sur des colonnettes appliquées. L'ensemble repose sur un haut muret. Ces colonnettes sont toutes ornées de chapiteaux variés, souvent à thème floral, surmontés d'un large tailloir (photo ci-contre). L'un d'entre eux montre deux petits bonshommes nus.
Lors des restaurations de 1682, l'architecte, un certain Étienne Minguet, reprit le voûtement du déambulatoire. Les parties tournantes furent voûtées d'arêtes, les parties droites reçurent des demi-berceaux. Il suréleva également les chapelles rayonnantes qui perdirent leur corniche d'origine. Les éléments de l'ossature furent réalisés en pierre de Volvic (c'est la pierre de couleur gris foncé sur les photos). Pour le reste, on utilisa des blocs d'arkose et d'autres roches d'origine volcanique.
Sources : 1) Congrès archéologique de France en Basse-Auvergne en 2000, article sur l'église de Chamalières par Patrick Perry ; 2) «Église de Chamalières, près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)» par Henri du Ranquet, Bulletin monumental, 1895.

Chapiteau roman à feuilles d'acanthe dans le déambulatoire.
Chapiteau roman à feuilles d'acanthe dans le déambulatoire.
XIIe siècle.
Chapiteau roman dans une chapelle rayonnante.
Chapiteau roman dans une chapelle rayonnante.
XIIe siècle.

Chapelle rayonnante Saint-Joseph.
La chapelle rayonnante Saint-Joseph
et sa voûte en cul-de-four.

Sainte Suzanne.
Sainte Suzanne.
Atelier Pemire de Clermont-Ferrant, 1879.
La voûte d'arêtes du déambulatoire.
La voûte d'arêtes du déambulatoire.
«Tu es Pierre»
«Tu es Pierre»
Années 1860-1870.
Chapiteau roman à oiseaux dans le déambulatoire.
Chapiteau roman à griffons dans le déambulatoire.
XIIe siècle.
Chapelle rayonnante de la Vierge.
Chapelle rayonnante de la Vierge.
Les colonnettes qui soutiennent l'arcature reposent sur un haut muret.
Saint Joseph et l'Enfant-Jésus.
Saint Joseph et l'Enfant-Jésus.
Ateliir Émile Thibaud, 1860.
Saint Gabriel Archange.
Saint Gabriel Archange.
Années 1860.
Chapelle rayonnante dans le déambulatoire.
Chapelle rayonnante dans le déambulatoire.
Sainte Marguerite et le dragon
Sainte Marguerite et le dragon
Atelier Émile Thibaud, 1863.
Piéta dans une chapelle rayonnante.
Piéta dans une chapelle rayonnante.
Saint Gilbert.
Saint Gilbert.
Atelier Émile Thibaud, vers 1860.
Sainte Françoise, détail.
Sainte Françoise, détail.
Atelier Émile Thibaud, 1863.
Saint François de Sales.
Saint François de Sales.
Atelier Émile Thibaud, 1858.
Chapiteau dans une chapelle rayonnante.
Chapiteau dans une chapelle rayonnante.
Sainte Anne trinitaire.
Sainte Anne trinitaire.
Années 1860.
Saint Georges terrassant le dragon.
Saint Georges terrassant le dragon.
Atelier Émile Thibaud, 1861.
Statue moderne de la Vierge
Statue moderne de la Vierge
dans la chapelle rayonnante de la Vierge.
L'Éducation de la Vierge.
L'Éducation de la Vierge.
Atelier Émile Thibaud, années 1860.
Le dragon de sainte Marguerite
Le dragon de sainte Marguerite
Atelier Émile Thibaud, 1863.
L'orgue de tribune et l'organiste.
L'orgue de tribune et l'organiste.
L'arc en plein cintre dans la partie supérieure a été «redécouvert» en 1917 par l'architecte Ruprich-Robert.
Saint Juste, évêque de Lyon.
Saint Juste, évêque de Lyon.
Années 1860-1870.
Saint Pierre, vitrail de 1860.
«Tu es Pierre», détail.
«Tu es Pierre», détail.
Années 1860-1870..
La nef et le narthex vus de derrière le maître-autel.
La nef et la façade occidentale vues de derrière le maître-autel.
La voûte en berceau (XIIe siècle) de la nef a succédé à une charpente du Xe siècle.
«««---Saint Pierre, vitrail de 1860.

Documentation : «Église de Chamalières, près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)» par Henri du Ranquet, Bulletin monumental, 1895
Congrès archéologique de Clermont-Ferrand en 1924, article sur l'église de Chamalières par Henri du Ranquet
+ Congrès archéologique de France en Basse-Auvergne, année 2000, article sur l'église de Chamalières par Patrick Perry
+ «Auvergne romane» de Bernard Craplet, éditions Zodiaque, 1972
+ «Auvergne romane» de Bruno Phalip, éditions Faton, 2013.
PATRIMOINE CARTE PATRIMOINE LISTE Retourner en HAUT DE PAGE