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L'Hôtel-Dieu de Tournus trouverait
son origine dans un premier bâtiment du IXe siècle,
construit en dehors des remparts de la ville. Détruit pendant
les guerres de Religion, il est reconstruit, puis abandonné
en 1613. Un nouvel édifice est bâti dans la rue des
Lambrois, cette fois en pleine ville. Partie d'une petite salle
plutôt minable, le nouvel hospice va bénéficier,
dès 1661, du soutien de l'abbé de Tournus (et futur
cardinal de Bouillon) et de dons importants. Le but n'est pas de
soigner, mais de porter assistance aux démunis, service assuré
par des surs hospitalières. Grande salle, apothicairerie,
pièces de service, logement des religieuses, tout cela voit
le jour avant la fin du XVIIe siècle.
Le manque de place et la promiscuité aidant, une deuxième
salle commune est construite - à angle droit de la première
- au début du XVIIIe siècle, séparant les hommes
des femmes. Puis une chapelle prend place entre les deux. Une troisième
salle est achevée en 1792. Mais les fonds pour l'entretien
et les soins aux malades et aux miséreux sont toujours chiches.
Arrive la Révolution. Les biens de l'Hôtel-Dieu sont
confisqués. Les religieuses deviennent des «citoyennes
employées au service des pauvres». Sous le Second Empire,
des travaux d'aménagement et de modernisation sont entrepris
malgré les difficultés financières. Au XXe
siècle, nouvelles transformations (électricité
en 1914). Mais c'est bientôt la fin. Maternité et chirurgie
quittent l'hôpital en 1974. Les salles communes sont désaffectées
en 1978. L'Hôtel-Dieu est fermé en 1982.
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La salle des soldats s'offre au regard des visiteurs dès l'entrée
dans l'Hôtel-Dieu.
Description.
La salle des soldats est l'une des trois salles communes de
l'Hôtel-Dieu de Tournus. C'est aussi la dernière
qui ait été construite. Son achèvement
date de 1792. Ces trois salles communes, disposées
en croix, rassemblent en tout cinquante-trois lits en chêne.
Elles ont volontairement été bâties selon
des dimensions impressionnantes : 21 mètres de long,
11 de large et une hauteur sous plafond de près de
9 mètres. A l'époque, on pensait qu'il fallait
évacuer les miasmes en suspension dans l'air. Un grand
volume associé à de larges fenêtres y
pourvoyaient aisément. Notons que ces grandes baies
- six dans chaque salle - sont placées à plus
de trois mètres de haut afin d'éviter les courants
d'air au niveau des malades. Un couloir étroit entre
le mur et les lits permettaient aux religieuses d'accéder
aux fenêtres.
Évidemment, en hiver, chauffer un aussi grand volume
n'était pas chose facile. On peut supposer qu'il y
avait des cheminées. De fait, une seule est parvenue
jusqu'à nous : celle de la salle des soldats (visible
sur la photo ci-dessus, à l'arrière-plan).
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Il faut imaginer aussi des chaufferettes
ou des bouillottes utilisées à titre individuel.
Ensuite, au XIXe siècle, le progrès permit d'installer
des poêles (on en voit un au milieu de la salle des
soldats). Souvent, les convalescents se réunissaient
sur des chaises ou des bancs, autour du poêle, pour
avoir moins froid.
L'Hôtel-Dieu de Tournus a été construit
près d'un cours d'eau. C'était la règle
pour les hôpitaux de l'ancien temps : assurer l'évacuation
des eaux usées par des canalisations qui servaient
d'égouts et qui se jetaient dans une rivière
toute proche (à Tournus, la Saône). Ces canalisations
couraient autour du bâtiment et au-dessous. C'était
efficace pour l'hygiène, mais l'humidité permanente
rendait les locaux insalubres.
Sur le plan de l'esthétique des salles, on remarquera
les flammèches en bois au-dessus de chaque lit. L'établissement
est géré par l'Église : elles symbolisent
l'âme des malades.
Source :«L'Hôtel-Dieu
de Tournus» de Christelle Rochette
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CI-DESSUS, l'entrée
de l'Hôtel-Dieu de Tournus |
EN HAUT ET À DROITE,
le jardin des simples
(c'est-à-dire les plantes médicinales de base) |
À DROITE, la cour
intérieure ---»»»
Le musée
Greuze se trouve dans l'aile du fond. |
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La Chapelle du Saint-Sacrement (entre la salle des femmes et la salle
des soldats)
À l'arrière-plan, l'ouverture donne accès à
la salle des hommes. |
Un lit de chêne
Un rideau permettait d'apporter un minimum
d'intimité au malade.
Les salles communes ont été désaffectées
en 1978. |
La salle des hommes. Elle donne accès à une petite chapelle,
appelée ici «chapelle Notre-Dame» (voir ci-dessous) |
Chapelle Notre-Dame, le vitrail du côté droit |
Chapelle Notre-Dame
(au fond de la salle des hommes) |
Chapelle Notre-Dame
Tableau de la Vierge en majesté
(auteur anonyme) |
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CI-DESSUS
Chapelle Notre-Dame
Le beau plafond est conçu
selon une voûte
peinte quadripartite. |
À DROITE ---»»»
Salle des soldats
Tableau «Port de mer», vers 1670 Atelier d'Adriaen van der Cabel
(Ryswyck, vers 1631 - Lyon 1705) |
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Salle des soldats
Tableau «David et Goliath», anonyme, début 17e siècle |
Chapelle Notre-Dame
le vitrail du côté gauche |
Salle des femmes. Au premier plan, une vitrine avec des instruments
de soins. |
Salle des femmes
Instrument de soins.
Clystère «soi-même», XIXe siècle
Bouillotte, début XXe siècle |
Comment
soigne-t-on les malades? Sans surprise aucune,
l'essentiel des soins est assuré par la purge et la
saignée. Mais comme les malades arrivent souvent à
l'Hôtel-Dieu avec des problèmes de carence alimentaire,
le meilleur remède est encore de leur assurer une nourriture
suffisante. À l'Hôtel-Dieu de Montbéliard,
la ration journalière est de 500 grammes de pain. Comme
il faut y ajouter des à-côtés en viande,
poisson et légumes, on arrive à un régime
plus que suffisant pour remettre les malades sur pied.
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En dehors du jardin des simples
pour pourvoir l'apothicairerie en plantes médicinales,
il arrive que le personnel de l'Hôtel-Dieu cultive des
légumes autour des bâtiments. C'est le cas d'Angers.
Sans compter les «festins» qui sont prévus
pour les jours de fête : Pâques, Noël et
le jour le fête patronale de l'établissement.
On peut aussi y ajouter les gâteaux pour la fête
des Rois.
Source : «Les villes en France aux XVIe, XVIIe
et XVIIIe siècles» de Benoît Garnot, éditions
Ophrys
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La magnifique salle de stockage de l'apothicairerie de l'Hôtel-Dieu
de Tournus. |
L'apothicairerie.
Admirez un moment le meuble en noyer de l'apothicairerie.
Avec le dallage et le plafond peint, il fait de cette pièce
l'une des plus belles pharmacies de Bourgogne. L'apothicairerie
de l'Hôtel-Dieu a été achevée en
1685 et nous est parvenue intacte (décor et meubles).
L'armoire a été construite aux dimensions de
la pièce par des menuisiers locaux. On remarquera l'élégance
des colonnes torses qui séparent les emplacements prévus
pour les pots et les fait ressembler à des petites
niches. L'équilibre de l'ensemble est obtenu par le
dernier étage : une rangée aérée,
scandée de fins piliers sculptés entre lesquels
trônent des vases en faïence de Nevers.
L'apothicairerie compte plus de 150 pots en faïence (la
plupart de Nevers) et près de 130 flacons en verre.
Tout cela peut être daté de la fin du XVIIe siècle
jusqu'au début du XIXe. Les étiquettes elles-mêmes
n'ont pas changé (voir
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photo ci-dessous). Tous ces pots
renfermaient les préparations studieusement concoctées
par les «surs apothicaires», parfois sous
le contrôle d'un apothicaire professionnel qui exerçait
localement. D'où l'intérêt de disposer
d'un jardin des «simples» (c'est-à-dire
des plantes médicinales de base) dans une des cours
de l'hôpital.
Sur la gauche de la photo, au premier plan, on distingue un
mortier en bronze et son maillet utilisés pour le broyage
des éléments. Le maillet est perforé
d'un trou à son sommet. Comme celui de l'apothicairerie
de l'Hôtel-Dieu de Beaune, le maillet, d'un poids de
plusieurs kilos, était actionné par une poulie
(voir photo
plus bas).
Source :«L'Hôtel-Dieu de Tournus»
de Christelle Rochette
Découvrez une apothicairerie beaucoup plus grande,
celle de l'Hôtel-Dieu-le-Comte
à Troyes.
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Apothicairerie
Le plafond peint avec deux angelots (auteur anonyme)
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Apothicairerie
Pot en faïence de Nevers |
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Apothicairerie
Trois bouteilles en verre : «Baume de Sura», «Eau distillée», «Teinture
de Gerya»
élégamment séparées par des colonnes torses
«««---À GAUCHE, table de préparation
des produits dans la petite salle de préparation
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Apothicairerie, le mortier de bronze |
Petite salle avec meubles entre la salle des femmes et l'apothicairerie |
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Salle des étains
Les Étains.
Bien des plats, assiettes et écuelles de ce vaisselier
datent du XVIIe siècle. Après l'utilisation
de l'étain pur (jusqu'à la fin du XVIIe), sans
risque pour la santé, les potiers d'étain se
sont mis à utiliser de la «claire étoffe»,
un alliage mêlant étain et plomb. Le danger pour
l'organisme conduisit les gens à substituer leur vaisselle
en étain par de la vaisselle en faïence, par ailleurs
moins chère.
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«««--- Salle où sont affichées des
notices de présentation des «simples»
On notera le beau plafond peint dans le style de celui de l'apothicairerie. |
Documentation :«L'Hôtel-Dieu de
Tournus» de Christelle Rochette (l'Hôtel-Dieu éditeur) |
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