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Page créée en mars 2023
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La Vierge de l'Assomption, vitrail de l'atelier Briand à Rennes, détail

L'église Saint-Hélier est proche de l'ancien octroi sud de Rennes, situé au sud de la gare. L'existence du quartier et d'une ancienne église Saint-Hélier est attestée dès le XIIIe siècle. On y tisse des toiles de chanvre pour créer les balles du fret maritime. Ce qui n'est pas contenu dans des tonneaux l'est en balles. Les toiles de chanvre sont aussi utilisées à l'époque pour faire des matelas, les voiles des navires et les vêtements pour les plus pauvres. C’est une industrie assez prospère. Dans le quartier Saint-Hélier, elle va dégager les fonds nécessaires à la construction, aux XVème et XVIème siècles, d'une nouvelle église.
À la Révolution, cette église est affectée à l'armée. On y établit une poudrière. Après la signature du Concordat, elle est rendue au culte catholique en 1803 et devient annexe de l'église Toussaints. Elle ne devient paroissiale qu'en 1929.
En 1830, on ajoute à l'édifice un petit clocher. Menaçant ruine, il est abattu à la fin du XIXe siècle. En 1925, l'architecte Arthur Regnault réalise d'importants travaux : ajout, en style néogothique, d'un nouveau clocher avec sa flèche ; agrandissement de l’édifice au sud avec construction d'un bas-côté ; vitraux réalisés par l'atelier rennais Rault et l'atelier rennais Briand.
En 1936, l'enclos et le cimetière (qui borde l'église au sud) disparaissent dans le cadre de l'aménagement de la rue et de la construction d'un nouveau parvis. Voir plus bas un dessin de 1906 réalisé à l'occasion de l'inventaire où ces éléments disparus sont encore visibles.
L'église Saint-Hélier est en croix latine avec un vaisseau central et deux bas-côtés. Les parties anciennes sont en granit, appareillé avec de la pierre de taille. Au XXe siècle, les ajouts d'Arthur Regnault sont réalisés en béton armé, couvert d'un parement de moellons simulant la pierre de taille.
Pour le visiteur, l'église présente un double intérêt : la suite d'arcades gothiques qui délimite la nef et les vitraux des années 1920 créés par deux ateliers rennais, au style totalement différent.

Le Martyre de saint Hélier, vitrail de l'atelier Rault à Rennes, détail
Vue de la nef et du chœur depuis l'entréeCliquez ici pour affiche le vitrail
Vue de la nef et du chœur depuis l'entrée.
Les suites d'arcades qui bordent le vaisseau central remontent aux XVe-XVIe siècles.
L'église Saint-Hélier vue depuis la rue Saint-Hélier (au sud-ouest)
L'église Saint-Hélier vue depuis la rue Saint-Hélier (au sud-ouest).
Statue de saint Hélier sur la façade sud-ouest
Statue de saint Hélier sur la façade sud-ouest.
Porte et baie gothiques sur le côté sud-ouest
Porte et baie gothiques sur le côté sud-ouest.
Clocher en style néogothique flamboyant, détail
Clocher et flèche en style néogothique dans le style cornouaillais, détail.
Œuvre de l'architecte Arthur Regnault en 1925.
Architecture gothique dans une baie des façades au sud-ouest
Éléments Renaissance dans une architecture gothique (baie des façades sud-ouest).
Sur le côté nord-ouest de l'église se trouve l'entrée principale
Sur le côté nord-ouest de l'église se trouve l'entrée principale.

L'église Saint-Hélier et la loi de 1905 (1/4).
La Séparation de l'Église de l'État, votée le 9 décembre 1905 par l'Assemblée, a souvent créé des remous dans les paroisses de l'Hexagone. L'État prenait possession de tous les éléments cultuels de France, mais surtout obligeait le clergé à soumettre chacune de ses églises à un inventaire du mobilier et de tous les objets utilisés pour la liturgie. Prélats et fidèles en furent scandalisés. Du jamais vu depuis deux mille ans ! Du jamais vu depuis que l'Église était l'Église ! Soucieux de leurs prérogatives, de l'honneur de la religion qui a fait la France, les ecclésiastiques prirent ces incursions et ces comptages pour une profanation inadmissible, une insulte à Dieu. Et les paroissiens leur emboîtèrent le pas : personne ne devait souiller le sol des églises pour se livrer à cette mascarade impie.
À Rennes, le préfet d'Ille-et-Vilaine, M. Rault, prévoyait des barrages devant les portes des édifices religieux. Il pensa d'abord mener les inventaires à une date précise pour chacun d'entre eux, puis se ravisa. C'était trop facile pour les paroissiens : si tous les Rennais opposés à la loi se regroupaient à chaque fois devant les portes de l'édifice concerné, son labeur allait se multiplier. Il décida donc de réaliser tous les inventaires en même temps : le vendredi 16 février 1906.
La situation du Préfet était compliquée. En effet, devant la politique anticléricale du gouvernement, les villes avaient tendance à élire des maires catholiques et souvent pratiquants. C'était le cas à Rennes où Eugène Pinault, un riche tanneur, par ailleurs conseiller municipal et ancien député d'Ille-et-Vilaine, avait été élu à la mairie en 1900. Une responsabilité qu'il honorera jusqu'en 1908. L'historien Xavier Ferrieu l'écrit dans son Histoire de Rennes (Gisserot, 2001) : Pinault avait clairement annoncé qu'il refusait d'assurer le maintien de l'ordre lors des inventaires...
Même si le cardinal Labouré, archevêque de Rennes avait recommandé aux curés de laisser les églises ouvertes, le Préfet savait très bien que les Rennais allaient s'opposer à la «profanation» des églises par la fonction publique. Anticipant des échauffourées et en l'absence de la police, il lui fallait disposer d'une force armée suffisante.
Le témoin des événements décrit ainsi la journée du jeudi 15 février : «De tous les côtés, par tous les trains, arrivent les gendarmes. Tous ceux du département, ceux même des départements voisins, jusque de Lannion, ont été appelés pour la grande journée. Habitués à protéger l'ordre, et à poursuivre les coquins et les voleurs, ils se sentent bien un peu déconcertés de la triste besogne qu'on leur impose. Pauvres gens ! Ils n'avaient pas rêvé de devenir gendarmes pour assister au sac des églises, ou à la violation des propriétés.»
À 18 heures ce même jour, le calme règne dans Rennes . Les agents de l'État sont entrés dans les églises pour repérer les points faibles, nous dit ce témoin qui ajoute non sans malice : «Ils savent par où ils pourront tenter l'effraction.»
---»» Suite 2/4 plus bas.

LA NEF ET LES BAS-CÔTÉS DE L'ÉGLISE SAINT-HÉLIER
Suite d'arcades gothiques du XVe siècle dans la nef
Suite d'arcades gothiques du XVe siècle dans la nef.
Plan de l'église Saint-Hélier
Plan de l'église Saint-Hélier.
Autel de la Vierge dans le bas-côté sud
Autel de la Vierge dans le bas-côté sud.
Il ferme la sacristie construite au XVIIe siècle.
Le Martyre de saint Hélier
Le Martyre de saint Hélier
à l'Ile de Jersey au VIe siècle.
Vitrail de l'atelier Rault à Rennes, années 1920.
La châsse de saint Mélaine est préservée
La châsse de saint Mélaine est préservée
miraculeusement des flammes.
Vitrail de l'atelier Rault à Rennes, années 1920.

Les vitraux de l'église Saint-Hélier.
Deux ateliers rennais, aux styles bien différents, ont créé les vitraux de l'église dans les années 1920.
L'atelier Rault a décrit des scènes relatives à l'histoire de Rennes : martyre de saint Hélier, miracle de la châsse de saint Mélaine (vitraux donnés ci-dessus) et Pèlerinage à Notre-Dame de la Rive dans les années 1720.
L'atelier Briand a représenté les scènes classiques du Nouveau Testament : Nativité ; Baptême de Jésus ; dans le chœur, le Christ et les apôtres ; Assomption (ci-dessous).

L'église Saint-Hélier et la loi de 1905 (2/4).
---»» À 23 heures, les portes des églises sont gardées par des escouades. À minuit, la ville est en état de siège. Pour rentrer chez eux, les habitants dont les maisons sont proches des édifices cultuels doivent établir leur identité et se faire accompagner par un agent de police.
Le témoin poursuit : «Toute la garnison de Rennes a été mobilisée : les 14 compagnies du 41e de ligne, en tenue de campagne, avec deux paquets de cartouche dans chaque giberne, les artilleurs des 7e et 10e d'artillerie, - les gendarmes, 500, dit-on -, arrivés de partout. Tout cela pour enfoncer les portes de six églises, et inspirer une salutaire terreur à quiconque voudrait bouger.»
Arrive le matin du vendredi 16 février 1906.
Saint-Hélier est une paroisse ouvrière au sud de la ville. Le Préfet n'est pas inquiet : les gens seront à leur travail ; de plus, l'église n'est abordable que d'un seul côté, celui de la rue, et le cimetière l'en sépare. La protestation est presque impossible.
Néanmoins, le préfet ne veut prendre aucun risque : une compagnie du 41e et une batterie du 7e d'artillerie gardent les abords de l'église depuis 3 heures du matin. L'actuelle rue Saint-Hélier, principale voie de passage vers la ville à cette époque, est barrée : les ouvriers qui se rendent à leur travail ou les voitures qui viennent de la campagne apporter des denrées en ville doivent faire un long détour... ou se faire accompagner sous bonne escorte.
M. Hubert, receveur de l'Enregistrement, est chargé de l'inventaire. À 7 heures 15, il arrive au bureau de l'Octroi et en sort un quart d'heure plus tard en compagnie d'un lieutenant de gendarmerie, d'un agent de la sûreté et d'un gendarme. Tous quatre se rendent à l'église. Là, le chanoine Ruellan, curé de la paroisse, se tient devant la porte (voir dessin plus bas) avec ses vicaires et les membres du Conseil de fabrique.
---»» Suite 3/4 plus bas.

Statue de sainte Anne et Marie
Statue de sainte Anne et Marie.
Bas-côté sud.
Statue de la Vierge àl'Enfant, détail
Statue de la Vierge àl'Enfant, détail.
Autel de la Vierge dans le bas-côté sud.
Les bas-côtés sont voûtés d'ogives. Ici, le bas-côté nord
Les bas-côtés sont voûtés d'ogives. Ici, le bas-côté nord.
On notera l'original système, sans aucune jonction, des retombées d'ogives sur les piles.
Les paroissiens de Saint-Hélier en pèlerinage à Notre-Dame de Larive
Les paroissiens de Saint-Hélier en pèlerinage
à Notre-Dame de Larive vers 1720.
Vitrail de l'atelier Rault à Rennes, années 1920.

Pèlerinage à Notre-Dame de la Rive (ou de la Rivière). Allant de Rennes à Châteaugiron, au sud-ouest de la ville (environ 17 km), ce pèlerinage ancien est revenu à la mode durant les années 1950.
À Châteaugiron se trouve une petite chapelle gothique, construite par le seigneur du lieu, dédiée à Notre-Dame-de-la-Rivière. On date cette construction d'avant le XVe siècle.
La chapelle abrite une statue en bois de la Vierge : Notre-Dame de la Rive. Notre-Dame est invoquée ici contre les fièvres et les intempéries.
Source : Journal Ouest-France du 11 août 2017.

Baptistère
Le Baptistère date des années 1920.
Les fonts baptismaux ont l'air anciens. Sont-ils du XVe siècle ?
L'Assomption
L'Assomption
Vitrail de l'atelier Briand à Rennes, années 1920.

L'église Saint-Hélier et la loi de 1905 (3/4).
---»» Le curé lit alors une courte protestation solennelle :
« Malgré une indisposition que je veux croire passagère, dit-il, je tiens à protester moi-même devant vous, au nom de tous les membres de la Fabrique de la paroisse. Nous protestons de toute notre énergie contre l'acte que vous allez accomplir. Il constitue, en effet, la première des mesures qui doivent aboutir à spolier l'Église catholique. Nous avons été choisi pour administrer en bon père de famille les biens de cette Église.
Nous les avons reçus en dépôt sacré de notre prédécesseur, avec l'obligation de les transmettre à ceux qui viendraient après nous.
Aussi ne céderons-nous qu'à la force, en laissant à qui de droit la responsabilité de la violation de notre sanctuaire.
Maintenant, Monsieur, accomplissez votre œuvre, pratiquez la trouée dans la maison de Dieu.»
Toutes les portes étant fermées, M. Hubert revient à l'Octroi et envoie vers le Préfecture le lieutenant de gendarmerie de son escorte. Celui-ci revient vers 9 heures 15, mais rien ne se passe. Le curé, résigné, rentre au presbytère. Peu avant 10 heures, M. Deblais, commissaire de police, va le trouver pour l'informer que l'autorité va procéder aux sommations légales («Obéissance à la loi !») et utiliser la force. Le curé signe la notification et le commissaire sort du presbytère.
---»» Suite 4/4 plus bas.

L'Assomption, détail
L'Assomption, détail.
Vitrail de l'atelier Briand à Rennes, années 1920.

Chapelle du Calvaire dans le bas-côté nord ---»»»

Chapelle du Calvaire dans le bas-côté nord
Arcades gothiques du XVe siècle et bas-côté sud
Arcades gothiques des XVe-XVIe siècles et bas-côté sud.

Architecture intérieure.
Les importants remaniements des années 1920 n'ont pas privé l'église Saint-Hélier de son principal atout architectural : ses deux rangées d'arcades qui bordent le vaisseau central. Elles remontent à l'origine de l'église, c'est-à-dire aux XVe-XVIe siècles. La photo ci-dessus montre une très élégante suite d'arcs brisés aplatis dont les nervures sont partagées en deux groupes. L'épaisse nervure de l'intrados rejoint par pénétration les deux piles qui l'entourent. Les nervures extérieures se rejoignent, d'une arcade à l'autre, par une liaison en saillie sur les piles.
La sablière qui reçoit les nervures de sustentation de la voûte en berceau ne présente aucun élément digne d'intérêt, contrairement à celle de l'église Saint-Germain, située plus au nord à Rennes, qui est enjolivée de multiples sculptures de grotesques.

L'église Saint-Hélier le 16 février 1906 pendant les inventaires : barrage et protestation
L'église Saint-Hélier le VENDREDI 16 FÉVRIER 1906 AU MATIN.
Au premier plan, la troupe forme un barrage impressionnant.
Devant la porte nord-ouest, le clergé barre le passage aux agents de l'État.
Dessin tiré du recueil «À l'assaut de nos églises» édité en 1906.
L'enclos et le cimetière, visibles sur le dessin, ont disparu en 1936 lors des aménagements de la voie et de la place.

Saint-Hélier et la loi de 1905 (4/4).
---»» Huit soldats de la 8e compagnie d'ouvriers arrivent avec des haches, des crics et des massues, prêts au «crochetage». À 10 heures précises, M. Hubert sort de l'Octroi, passe devant les soldats (qui ont mis baïonnette au canon) et se dirige vers l'église où le commissaire de police le rejoint. Ce dernier fait les trois sommations. Pas de réponse. Les soldats s'attaquent alors à coups de hache à la porte du midi. Une petite ouverture est pratiquée. On peut ainsi y glisser des leviers pour faire sauter les barres de fer qui bloquent la porte à l'intérieur.
L'église est ouverte. M. Hubert entre et trouve devant lui le clergé de l'église et les fabriciens. «Il fait à la hâte un simulacre d'inventaire, écrit le témoin. Vingt minutes après tout est terminé. Il est 11 heures. En un instant, avec une satisfaction non dissimulée, la troupe rejoint les casernements.»
Les cloches sonnent aussitôt pour appeler les fidèles à une messe de réparation. Il faut en effet «demander pardon au divin Maître de l'outrage qui vient de lui être fait, et prier pour le salut de la France.»
Source : À l'assaut de nos églises, récit anonyme d'un témoin, édité en 1906.

Le Baptême du Christ. ---»»»
Vitrail de l'atelier Briand à Rennes, années 1920.

La Nativité
La Nativité.
Vitrail de l'atelier Briand à Rennes, années 1920.
Le Baptême du Christ
LE CHŒUR DE L'ÉGLISE SAINT-HÉLIER
Le chœur de l'église Saint-Hélier
Le chœur de l'église Saint-Hélier se termine par un chevet plat.
Jésus et les apôtres
Jésus et les apôtres, vitrail dans le chœur.
Atelier Briand à Rennes, années 1920.
L'ambon du chœur est moderne
L'ambon du chœur est moderne.

Signature de l'atelier Rault.

Signature de l'atelier Briand.
Jésus et les apôtres, détail
Jésus et les apôtres, détail.
Atelier Briand à Rennes, années 1920.
Orgue de tribune
Orgue de tribune de 1977, dû au facteur Yves Sévère.
Il a été complété en 1988.
La Nativité, détail (Atelier Briand à Rennes)
La Nativité, détail.
Atelier Briand à Rennes, années 1920.
Vue de la nef depuis le chœur
Vue de la nef depuis le chœur.

Documentation : site de la paroisse (saint-helier.net)
+ site Mérimée sur l'église Saint-Hélier
+ «À l'assaut de nos églises», récit anonyme d'un témoin, édité en 1906
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