|
|
|
L'église Saint-Nicolas de Blois
remonte au XIIe siècle. Fuyant les Vikings, des moines bénédictins
du monastère de Corbion dans le Perche, trouvent refuge à
Blois en 924. Au XIIe siècle, ils y construisent un monastère.
Leur église abbatiale sera l'église Saint-Laumer,
nom du fondateur de leur premier monastère. Et, de ce fondateur,
ils ont emporté les reliques. La véritable appellation
de Saint-Nicolas est donc Saint-Laumer.
De 1138 à 1186, la première partie de Saint-Laumer
est édifiée : chur, transept et première
travée de la nef. Le reste est achevé au début
du siècle suivant. Avec les guerres de Religion, l'église
est endommagée par les protestants et l'abbaye détruite.
Cette dernière est rebâtie aux XVIIe et XVIIIe siècles.
A la Révolution, Saint-Laumer devient l'Hôtel-Dieu.
Au Moyen Âge, l'église est un lieu important de pèlerinage
vers les reliques qu'elle abrite : saint Lubin, saint Laumer, sainte
Marie l'Egyptienne et un fragment de la croix du Christ. Le pèlerinage
à saint Marcou prendra forme à la Révolution.
Saint-Nicolas de Blois est une magnifique église romane :
les trois niveaux d'élévation de la nef sont d'une
pureté sans faille, l'architecture intérieure des
transepts est fort harmonieuse. Dans le déambulatoire et
les chapelles rayonnantes, les vitraux contemporains créent
une atmosphère unique, baignée d'une lumière
jaune ou bleue, propre à la méditation.
|
|
La nef de Saint-Nicolas à Blois
Indiscutablement, c'est l'une des plus belles églises romanes
de France |
L'église Saint-Nicolas vue de la rive gauche de la Loire |
Quand on aperçoit l'église
de la rive gauche de la Loire, on la prendrait presque pour
un édifice du XIXe siècle : deux tours sur la
façade, un clocher au-dessus de la croisée du
transept, des parois sobres
alliant rigueur et robustesse.
Ainsi travaillaient les bénédictins.
|
À DROITE ---»»»
Le portail principal (entre 1186 et 1120) de la façade.
L'archivolte est constituée de trois voussures à
personnages.
A l'origine, le portail était entouré de six
statues, aujourd'hui disparues.
|
«««--- À GAUCHE
La majestueuse nef donne une impression de grandeur. que l'étroitesse
des travées accentue encore. Tout se coordonne pour
que les prières s'élèvent vers le ciel
sans entraves.
|
|
|
|
|
|
La façade occidentale est à nulle autre pareille : les
trois portails sont dissemblables et surmontés par une élégante
galerie d'arcatures qui s'étale sur toute la largeur de la
façade. |
Vitrail de Pierre Gaudin dans la chapelle Saint-Marcou |
Le chevet de l'église vu de la rue Saint Laumer
Les chapelles rayonnantes n'ont rien perdu de leur superbe cachet
roman.
(De face, au milieu, la chapelle des Fonts Baptismaux) |
Le chur de Saint-Nicolas |
|
CI-DESSUS
Les dauphins des torchères de l'autel constituent un
motif animalier typique des arts décoratifs de l'époque
de Louis XIV.
|
«««--- À GAUCHE
Le chur de Saint-Nicolas dans toute sa pureté
romane.
L'abside semi-circulaire est soutenue par six piliers à
chapiteaux. Le deuxième niveau est constitué
d'arcatures aveugles en arc brisé, alors que le troisième
reçoit cinq vitraux de Max Ingrand dans de larges ouvertures.
On observe la même disposition architecturale dans le
transept.
|
À DROITE ---»»»
Le vitrail central de l'abside : le Christ en majesté
entouré des quatre évangélistes (vitrail
de Max Ingrand).
|
|
Le vitrail central de l'abside |
Les chapiteaux du chur sont de type corinthien antique.
A gauche, des gymnastes ; au centre, des animaux fantastiques ; à
droite, des feuilles entrelacées.
|
|
Chapiteau du chur : guerriers armés
de masses et feuilles d'acanthe
À DROITE, la magnifique élévation de la nef,
coupée par une galerie d'arcatures au niveau du triforium ---»»» |
L'absidiole nord
Les vitraux modernes créent une atmosphère saisissante.
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
|
«««---
À GAUCHE
Vitrail de Pierre Gaudin
dans la chapelle Saint-Laumer (le haut est tronqué) |
À DROITE ---»»»
Le transept sud baigne dans l'harmonie de
ses proportions architecturales. C'est du meilleur art
roman. On y sent tout le calme et la sérénité
propices à la méditation. |
|
Sculptures de tête humaine et d'animal au-dessous
de la coursière qui supporte l'étage du triforium |
|
Le transept sud et ses vitraux de Max Ingrand
La coursière au-dessous de l'étage du triforium est
ornée de sculptures typiquement romanes. |
Un vitrail de Pierre Gaudin dans le déambulatoire |
Les
vitraux à l'abbatiale Saint-Nicolas de Blois.
Au lendemain de la guerre 39-45, les vitraux
de Saint-Nicolas et de la chapelle Saint-Calais du château
sont à reconstruire. Mais on ne veut plus imiter
le passé. On veut du neuf. Et pas des simples
losanges. C'est l'atelier du peintre-verrier Max Ingrand
qui est mis à contribution pour la chapelle Saint-Calais.
Celle-ci est vitrée en 1957. À Saint-Nicolas,
la verrière XIXe siècle de Jules Laurand
est presque entièrement détruite. À
un point tel qu'il est jugé inutile d'essayer
de la restaurer. On la remplaça hâtivement
par du verre cathédrale. Toutefois, un vestige
des vitraux du XIIIe siècle fut reposé
ainsi qu'une verrière de Jules Laurand. C'était
officiellement les deux seuls survivants de l'impact
des bombes.
Dès 1947, le programme iconographique des nouvelles
verrières fut établi avec l'accord de
la commission d'Art religieux du diocèse de Blois
: on rendrait hommage aux saints patrons de l'édifice,
à ceux qui y avaient des reliques, sans oublier
les blasons des abbés commanditaires des abbayes
blésoises. On s'imposait beaucoup de verrières
historiées en s'interdisant le pastiche. Mais
le coût dépassait les crédits alloués
par l'État et les collectivités locales.
Et la situation en resta là. En 1954, rien n'avait
été fait ; le verre cathédrale
commençait à se dégrader. On fit
donc plus modeste : moins d'historié et plus
de non figuratif (qui coûtait moins cher). Pour
sélectionner les peintres-verriers, l'Administration
lança un concours en 1955. Dans les critères
d'exécution, on imposa des verrières fortement
colorées pour que l'édifice retrouve son
atmosphère d'origine. Quatre peintres-verriers
furent lauréats du concours : François
Bertrand (qui n'avait pas d'atelier), Pierre
Gaudin, Jacques Le Chevallier et Max Ingrand.
L'architecte en chef Ranjard décida de la répartition
des tâches. Max Ingrand, celui des quatre qui
avait le plus d'expérience en la matière,
se voyait nommé coordinateur, chargé de
l'harmonisation des projets. Le
|
but était de garantir
une indispensable unité de coloration et de graphisme.
La chapelle axiale fut ainsi confiée à
l'atelier Le Chevallier, tandis que Max Ingrand héritait
des baies du transept, de celles du haut chur
et de la tour lanterne. Les chapelles rayonnantes et
orientées étaient attribuées à
Gaudin, ainsi que les collatéraux du chur.
En 1959, les vitraux des chapelles sont posés.
Le travail semble avancer à bonne vitesse. Mais,
en montant les échafaudages le long de la nef
et du transept, on découvre que le remplage des
baies est très dégradé. La réparation
en bonne et due forme des maçonneries est indispensable
avant d'y poser le moindre vitrail. La feuille de route
des ateliers est alors stoppée. En 1963, le Conservateur
régional des Bâtiments de France constate
que le chantier est abandonné depuis six ans
dans le transept et dans la nef latérale. En
1964, l'épiscopat se plaint que les échafaudages
encombrent l'église, qui est très fréquentée
par les touristes. La même année, les ferrures
enfin réparées, le travail reprend. Petit
à petit, le verre cathédrale cède
la place aux verrières neuves. En 1968, le chantier
est achevé.
Une visite dans l'église montre que les directives
ont été respectées. L'harmonie
de l'ensemble est si prégnante qu'il est parfois
difficile de reconnaître la griffe des différents
ateliers. Ainsi le vitrail «Saint Laumer guérissant
un possédé» de Pierre Gaudin s'apparente
au style de Max Ingrand. Enfin, les coloris sont très
chatoyants.
On peut voir plus bas un
exemple de ce que Jacques Le Chevallier créa
pour la chapelle axiale : «les plombs forment
un quadrillage irrégulier dans lequel s'insèrent
des verres bleus, rouges et verts, avec une plus forte
proportion de chacune de ces couleurs selon les lancettes»,
écrit Laurence Riviale dans la revue Art sacré.
Seule la baie axiale fut ornée de quelques symboles
: colombe, main de Dieu bénissant, etc.
Max Ingrand était le plus connu des lauréats
du concours. Pour respecter la contrainte d'harmonie
d'ensemble, il conçut les verrières du
transept semblables à celles de Le Chevallier.
Toutefois, la proportion des jaunes et des blancs permet
de reconnaître sa griffe. Pour les verrières
du haut chur, ---»»»
|
|
|
Vitrail de François Bertand (atelier Degusseau)
dans le collatéral nord du transept |
Chapiteau roman dans la nef |
Vitrail de Pierre Gaudin (chapelle Saint-Laumer)
«Saint Laumer guérissant un possédé» |
---»»»
Max Ingrand choisit de représenter le Christ
et les évangélistes, en atténuant
cependant l'habituel chatoiement des couleurs propre
à son atelier. Il s'agissait en fait de retrouver
l'esprit des peintures murales des voûtes en cul-de-four
des édifices romans. En revanche, les anges thuriféraires
de la tour lanterne suivent «la griffe Max Ingrand»,
mais il faut une paire de jumelles pour bien les voir...
L'atelier de Pierre Gaudin fut chargé
des verrières des chapelles Saint-Laumer et Saint-Marcou.
Initialement, Saint-Laumer devait être à
dominante bleue (ce qu'elle ne sera pas), Saint-Marcou,
à dominante jaune (ce qui fut le cas). Mais les
maquettes initiales sont critiquées par les Monuments
historiques : la coloration est jugée trop violente.
Bien qu'elles soient déjà posées,
certaines verrières de Gaudin sont retirées
et retravaillées pour en atténuer l'éclat.
L'architecte en chef Ranjard ne badina pas avec l'harmonie
d'ensemble, même si les crédits étaient
minces. Dans les deux chapelles suscitées, les
vitraux figuratifs auront le même patron, mais
seront traités avec des gammes de verre distinctes.
Ce qui, note Laurence Riviale, est d'habitude suffisant
pour faire croire «à l'il distrait»,
c'est-à-dire à monsieur Tout-le-monde,
que les vitraux sont différents...
François Bertrand et l'atelier Degusseau
firent plus modeste. Bertrand ne créa que deux
cartons : l'un pour le haut vaisseau, l'autre pour les
collatéraux. Le premier fut à tonalités
froides, le second à tonalités chaudes.
La tâche de l'atelier Degusseau en fut facilitée.
Le travail avança rapidement et à moindre
coût.
En conclusion, Laurence Riviale note que tous ceux (décideurs
et créateurs) qui ont participé au vitrage
de Saint-Nicolas furent déçus car le grand
projet d'orner ce magnifique édifice roman d'une
verrière à sa dimension (c'est-à-dire
sans vitraux non figuratifs) n'avait pu être réalisé
par manque de crédits.
Source : «Art sacré, cahiers de
rencontre avec le patrimoine religieux» Numéro
20, «Le vitrail au XXe siècle, intelligence
de la lumière». Article: «Blois,
les vitraux de la chapelle Saint-Calais et de l'abbatiale
Saint-Nicolas» de Laurence Riviale, 2004
|
|
|
Le déambulatoire. On aperçoit la chapelle Saint-Laumer
(fonts baptismaux) au fond.
Sur la droite, la chapelle de la Vierge et ses vitraux bleutés
dus à l'atelier Le Chevallier. |
Perspective romane d'un bas-côté dans la nef.
|
|
La chapelle axiale dite de la Vierge
Cliquez sur l'image pour afficher une vue de biais de la chapelle
avec ses vitraux. |
La
chapelle de la Vierge a remplacé,
au XIVe siècle, une ancienne chapelle romane.
La très belle sculpture de l'Assomption (1672),
qui se détache de façon fort heureuse
sur le vitrail non figuratif de le Chevallier, est due
à l'artiste blésois Gaspard Imbert. Elle
ornait auparavant l'église de Bourgmoyen, aujourd'hui
disparue. Vous pouvez voir d'autres uvres de Gaspard
Imbert à l'église Saint-Vincent-de-Paul
de Blois.
|
|
|
L'Assomption de la Vierge
sculptée par Gaspard Imbert (XVIIe siècle) |
Dormition de la Vierge, XIIe siècle |
|
Chapelle rayonnante Saint-Marcou
En 1794, l'abbatiale Saint-Laumer devient église paroissiale.
L'une des chapelles rayonnantes est alors consacrée à
saint Marcou.
|
Retable de sainte Marie l'Egyptienne, XVe siècle
Marie l'Egyptienne est une pécheresse sauvée par
l'image de la Vierge. Ce retable glorifie
la vie érémitique et se présente comme
modèle de l'idéal monastique. |
La coupole de Saint-Nicolas avec les vitraux de Max Ingrand |
La
coupole de Saint-Nicolas est une curiosité
architecturale. Elle est ornée de niches abritant
- en théorie - des statues de saints ou d'évêques.
Ses huit ogives convergent vers l'oculus central (non
visible sur la photo). Comme elle ne comporte que quatre
ouvertures, elle est assez sombre.
|
|
|
Source : Livret historique «Eglise Saint-Nicolas
Blois» disponible à l'entrée de l'église.
Édité par la Paroisse Blois-Centre.
+ revue «Art sacré, Cahiers de rencontre avec le patrimoine
religieux», Numéro 20 : «Le vitrail au XXe siècle,
intelligence de la lumière» (2004) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|