|
|
Il est attesté qu'un premier
sanctuaire dédié à saint Ludre existait à
l'emplacement de l'église actuelle dès le début
du VIIe siècle, lui-même construit sur une ancienne
nécropole gallo-romaine. Au XIIe siècle, le chur
polygonal fut détruit et remplacé par le chevet plat
actuel. Il n'y avait à l'époque pas de collatéraux.
La dédicace de l'église changea au profit de saint
Étienne en 1138. L'année suivante, l'église
devenait paroisse dépendant de l'abbaye
Notre-Dame de Déols.
Les collatéraux sont ajoutés au XVe siècle
(sans doute à la faveur de la reprise économique qu'a
connue la France après la guerre de Cent Ans). Le clocher
va suivre au début du XVIe siècle : c'est une tour
carrée massive de 42 mètres de haut. Les pilastres
cannelés à chapiteaux ouvragés qui scandent
ses murs annoncent la Renaissance.
L'église est classée monument historique en 1947.
À part l'intérêt archéologique que représentent
les deux cryptes
sous les absidioles, l'un des pôles artistiques de l'église
Saint-Étienne de Déols est sans conteste sa verrière
réalisée par Carl Mauméjean dans les
années 1930-1940. Huit très beaux vitraux illuminent
la nef et les bas-côtés. Parmi eux, celui du miracle
de Déols. Ils sont tous reproduits dans cette page et
figurent aussi, en grande taille, dans la galerie des vitraux.
|
|
Vue d'ensemble de la nef de Saint-Étienne de Déols
Les boiseries datent du XVIIIe siècle. Le grand crucifix -
très réaliste - est du XIXe siècle (il est donné
en gros plan plus bas) |
Vue extérieure de l'église avec son clocher massif du
début du XVIe siècle, haut de 42 mètres |
La façade de l'église
La partie centrale est la plus ancienne (avant le XIIe siècle?)
Les bas-côtés ont été ajoutés au
XVe siècle. |
Le chevet plat
Il abrite deux des huit verrières de Carl Mauméjean.
Au XIIe siècle, le chevet polygonal a été détruit
pour faire place au chevet plat tel qu'il se
présente actuellement.
Cliquez sur les vitraux pour les afficher en gros plan ---»» |
Vitrail «Les Noces de Cana» (Carl Mauméjean) |
Chapelle Saint-Jacques
Statue contemporaine de saint Jacques le Majeur due au moine Claude
Gruer
|
Vitrail «La Visitation»
Atelier Carl Mauméjean
Années 1930-1940 |
La nef vue depuis le bas-côté nord
L'ouverture à droite sur l'élévation est une
illustration (et un vestige) des fenêtres romanes qui existaient
avant la construction des bas-côtés au XVe siècle. |
La voûte est un berceau de bois peint
«maintenu par des entraits en encorbellements sur culots
en forme de têtes humaines ou d'animaux fantastiques
de la fin du XVe siècle» (brochure de l'église)
On pourrait ajouter aussi : en forme de feuillages. |
Culot en forme de tête humaine |
Culot en forme de feuilles |
Culot en forme de feuilles |
La verrière
de Mauméjean. Les Mauméjean forment
une famille de maîtres verriers originaires du Pays
Basque.
En 1908, Joseph, Henri et Charles (dit «Carl»)
créent la «Société Anonyme Mauméjean
Frères» qui compte des ateliers à Hendaye,
Madrid, Barcelone et Saint-Sébastien. En 1921, Carl
Mauméjean crée un atelier à Paris qui
fonctionnera jusqu'à sa mort en 1957.
Carl Mauméjean travaille régulièrement
dans les églises de l'Indre entre 1928 et 1949. Sa
plus importante production est celle de l'église Saint-Étienne
de Déols où il crée huit verrières
relatives à la vie de la Vierge et du Christ. Il suit
les nouveaux principes stylistiques mis en uvre durant
l'entre-deux guerres : totale liberté dans la composition
du vitrail et très grande variété de
couleurs. À Déols, il va utiliser des verres
à reliefs ondulés, notamment dans les représentations
des gloires rayonnantes, souvent rehaussés de jaune
d'argent. À cet effet, on donne plus
bas en gros plan les visages du Père Céleste,
du Christ et de la Vierge dans le vitrail du Couronnement
de la Vierge.
Source : «Éclats de la lumière,
Vitraux de l'Indre» © Rencontre avec le patrimoine
religieux et Conseil général de l'Indre, ISBN
: 2-911948-26-2
|
|
Bas-côté nord et chapelle de la Vierge ou de Notre-Dame
des Miracles |
Vitrail «La Nativité»
(Atelier Carl Mauméjean) |
Vitrail «Le Couronnement de la Vierge»
Atelier Carl Mauméjean, années 1930-1940
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher en gros plan
À DROITE ---»»»
Bas-relief dans le soubassement de l'autel de la Vierge
Il illustre les deux phases du miracle de Déols : 1) le bras
cassé de
l'Enfant Jésus et la mort du soldat ; 2) l'engagement pris
devant
la Bible par Philippe Auguste et le prince Richard (voir plus
bas)
|
Chapelle de la Vierge
L'autel de la Vierge avec ses ex votos et ses quatre tableaux relatant
le miracle de Déols |
|
Chapelle de la Vierge
Tableau du XVIIIe siècle illustrant le miracle de Déols
: la mort du soldat |
Vitrail «Le Couronnement de la Vierge»
Atelier Carl Mauméjean
Années 1930-1940
- Détail - |
Vierge à l'Enfant en bois doré
Statue du XIVe siècle restaurée en 1896 |
Vitrail «Le Couronnement de la Vierge»
Atelier Carl Mauméjean
- Détail - |
Chapelle de la Vierge
Tableau du XVIIIe siècle illustrant le miracle de Déols |
Vitrail «Le Couronnement de la Vierge»
Atelier Carl Mauméjean
- Détail - |
Chapelle Saint-Ludre dans le bas-côté sud
Éclairée par deux vitraux de Carl Mauméjean,
elle est enrichie d'un retable du XVIIIe siècle en noyer.
Au centre du retable, une toile du XVIIIe siècle représente
saint Ludre, habillé en costume d'époque (comme le voulait
l'usage). |
Vitrail du chur
«La Crucifixion» (Carl Mauméjean)
|
Le maître-autel parmi les boiseries du XVIIIe siècle |
Le grand crucifix du chur est en plâtre peint polychrome
et date du
XIXe siècle. Il est rare de voir un Christ crucifié
aussi réaliste! |
|
Vitrail du chur : « La Résurrection»
(Atelier Carl Mauméjean)
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher en gros plan |
Vitrail dans la chapelle de la Vierge
«Le miracle de Déols» (Carl Mauméjean, années 1940)
Intéressante perspective cavalière de l'abbaye de Déols
Ce miracle est à l'origine de la grande dévotion des
habitants
du Berry pour la vierge «Notre Dame des Miracles de Déols».
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher en gros plan.
|
La nef et le bas-côté gauche avec la chapelle de la Vierge
Les fenêtres sur l'élévation ont été
murées au XVe siècle lors de la construction des bas-côtés. |
Le miracle
de Déols. Il s'inscrit dans la lutte entre
la maison des rois capétiens et celle des Plantagenêt.
En 1187, l'année du miracle, Henri II est roi d'Angleterre
et possède une partie de l'Ouest de la France actuelle
: l'empire angevin. Son fils Richard, prince aquitain né
en 1157 et futur Cur-de-Lion, a reçu le duché
d'Aquitaine en apanage à l'âge de onze ans. Il
doit l'hommage au roi de France, Philippe Auguste, pour l'Aquitaine.
Ce qu'il refuse.
Philippe Auguste s'empare alors d'Issoudun. En réaction,
le prince Richard demande à ses troupes de mettre la
main sur toutes les subsistances qu'elles pourraient trouver,
de brûler Déols (toute proche d'Issoudun) et
de raser le monastère bénédictin qui
s'y trouve.
Le 30 mai 1187, à la tombée de la nuit, des
habitants de Déols se regroupent devant le portail
ouest de l'église abbatiale qui est orné d'une
sculpture peinte de la Vierge. Ils adressent leurs prières
à Marie, ce qui provoque les railleries de quelques
mercenaires de l'armée angevine. L'un d'eux jette une
pierre sur la statue. Le bras de l'Enfant Jésus se
brise et tombe à terre. Aussitôt du sang en jaillit
et le coupable s'effondre, mort. Des chroniqueurs rapportent
aussi que ce soldat jouait aux dés et perdait. Et il
accusait la Vierge de sa malchance! Bien sûr, la nouvelle
se répand parmi les troupes de Richard, semant l'effroi.
Le lendemain matin, des chevaliers viennent constater le prodige.
Encouragés par ce signe, une trève est observée
par les deux armées. Henri II Plantagenêt et
Richard entrèrent en pourparlers avec Philippe Auguste.
Source : «Église Saint-Étienne
de Déols», brochure de l'Office du Tourisme.
|
|
Vitrail dans la chapelle de la Vierge
«L'Annonciation» (Carl Mauméjean) |
LA CRYPTE DE SAINT LÉOCADE
|
|
Vue d'ensemble de la crypte de saint Léocade
Elle est située sous la chapelle de la Vierge. |
Le sarcophage a été mentionné pour la première
fois en 1499. En 1757, on y voyait encore un
squelette humain. Retrouvé entièrement brisé
en 1862, le sarcophage a été reconstitué en 1873. |
|
Vue d'ensemble de la crypte de saint Ludre |
Le sarcophage attribué à saint Ludre est en marbre blanc
(soubassement, cuve et couvercle).
Un de ses grands côtés est couvert de bas-reliefs illustrant
des scènes de chasse. |
Cuve du sarcophage de saint Ludre
Scène de chasse au sanglier |
Cuve du sarcophage de saint Ludre : scène de chasse au lion
|
Prosper
Mérimée, inspecteur général
des Monuments historiques, passe à Déols en
1844. Il envoie un rapport à Ludovic Vitet, président
de la Commission sur le sarcophage de saint Ludre : «Le
tombeau du Bourg Dieu est placé dans une crypte moderne,
dépendant d'une très vilaine église,
moderne aussi, sauf un pan de mur où l'on remarque
un petit appareil roman et des lits de briques. [Est-ce l'église
Saint-Étienne?] Le tombeau est en marbre et fort semblable
à ceux qu'on trouve en si grande quantité dans
toutes les villes d'Italie, et chez nous, à Arles.
Rien n'indique qu'il soit chrétien. C'est un grand
sarcophage à couvercle, sculpté d'un seul côté,
ce qui ferait croire qu'il a été destiné
pour une niche. Le sarcophage proprement dit, ou le cercueil,
représente une chasse. Les chasseurs ont des capuchons
et des épaulières en mailles, ils tuent des
sangliers, des lions, des ours et des cerfs pris dans des
toiles. Sur le bord du couvercle, on voit d'un côté
un repas, de l'autre plusieurs figures, dont une à
cheval, passant près d'une borne milliaire marquée
d'un X. Y a-t-il là quelque allusion au terme de la
vie? (...) Tout cela est fort obscur, et je
|
rapporterai des dessins pour les
amateurs. Au milieu de la face sculptée du couvercle,
est un cartouche carré, destiné à recevoir
une inscription, mais il est facile de voir que jamais on
n'en a gravé aucune, d'où je serais tenté
de conclure que le sarcophage a été fait par
un entrepreneur de pompes funèbres, sans destination
précise. L'absence de tout symbole chrétien,
le travail des bas reliefs et les costumes me paraissent convenir
à la fin du IIIe siècle ou au commencement du
quatrième.
(...) La même église possède une vierge
miraculeuse, qui tua un soldat anglais, qui avait coupé
le bras à l'enfant Jésus. Le tombeau et la Vierge
proviennent de l'abbaye détruite. Je vous ai décrit
le tombeau, quant à la Vierge, il est impossible de
l'examiner, car elle est toute enveloppée de satin
et de brocart.»
Source : «La Naissance des Monuments historiques,
la correspondance de Prosper Mérimée avec Ludovic
Vitet (1840-1848)», édité par le Ministère
de l'Éducation nationale, comité des travaux
historiques et scientifiques.
|
|
Couvercle du sarcophage
La partie gauche représente un repas funéraire. |
Couvercle du sarcophage
La partie droite représente un départ pour une
chasse au «cerf appelant» |
|
Cuve du sarcophage de saint Ludre
Scène de chasse représentant la capture d'un cerf |
Saint
Ludre et saint Léocade. D'après
la légende locale, Léocade est un ancêtre
d'Ebbe le Noble, fondateur de l'abbaye de Déols
en 917. Grégoire de Tours écrit qu'il
était un homme puissant. Les traditions du Limousin
ajoutent qu'il était allié des empereurs
de Rome et proconsul de la Gaule subligérienne.
Il aurait possédé des palais à
Lyon et à Bourges. Elles ajoutent encore que
saint Ursin, fondateur du diocèse de Bourges,
aurait vécu dans le palais Léocade à
Bourges. C'est Ursin qui aurait converti le Berry au
christianisme.
Ludre aurait été le fils de Léocade.
Grégoire de Tours écrit que le père
et le fils auraient vécu à Déols.
Ludre serait mort alors qu'il était encore néophyte.
Il aurait fait établir une église dédiée
à Marie appelée Sainte-Marie-la-Petite.
Ludre et Léocade auraient été canonisés,
d'une part parce qu'ils avaient été baptisés
par saint Ursin, d'autre part parce que, sages et pieux,
ils s'étaient dévoués aux pauvres.
Source : «Église Saint-Étienne
de Déols», brochure de l'Office du Tourisme.
|
|
|
Vue d'ensemble de la nef de Saint-Étienne depuis le chœur |
Documentation : Feuillet sur l'histoire de
l'église + brochure «Église Saint-Étienne
de Déols» de l'Office du Tourisme +
«Éclats de la lumière, Vitraux de l'Indre»
© Rencontre avec le patrimoine religieux et Conseil général
de l'Indre - ISBN : 2-911948-26-2 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|