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Page créée en juil. 2025
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Thomas Becket dans la verrrière n°4

C'est en 1973 que l'école Saint-André et le collège Rogelet s'unirent et s'installèrent dans les locaux du petit séminaire, rue Raymond Guyot à Reims. En 2009, la chapelle du séminaire a laissé la place à un amphithéâtre, dénommé Amphi Charles Rogelet en hommage au grand bienfaiteur de l’établissement.
L'ancienne chapelle peut en général se visiter à l'occasion des Journées du Patrimoine. Si l'édifice extérieur est de style néo-roman, l'intérieur est de style composite, à l'image des magnifiques chapiteaux qu'on ne saurait rattacher ni néo-roman ni au néogothique. La voûte ogivale penche du côté néogothique, mais les fenêtres en plein cintre et à deux lancettes accusent un beau profil néo-roman.
L'intérêt de cette ancienne chapelle repose essentiellement dans ses onze grands vitraux. Malheureusement, les dates de leur création manquent cruellement d'historique.
La façade affiche une verrière de La Grande Mission signée Reims Paul Simon et Fils, verrière réalisée nécessairement avant 1918, puisque le peintre verrier Paul Simon est mort en 1917.
Les dix autres vitraux se partagent en deux séries de cinq qui ornent les élévations est et ouest de l'édifice. On y voit les grandes figures chrétiennes du diocèse de Reims se diriger en procession vers un autel censé se trouver à l'opposé du vitrail de La Grande Mission.
Les femmes occupent l'arrière de la procession (vitraux 1 et 10) . Puis viennent les grands dignitaires de l'Église rangés par ordre de mérite croissant (2 et 9 ; 3 et 8 ; 4 et 7 ; 5 et 6).
Le choix de la procession, sans aucun doute imposé par les commanditaires, rappelle celle qui se trouve à la grande église Saint-Vincent-de-Paul à Paris dans le 9e arrondissement.
Pour l'identification et la description des saints, cette page doit beaucoup aux panneaux présents dans l'entrée. On remarquera qu'aucun personnage de la procession ne porte d'auréole.
Les auteurs de ces vitraux sont identifiables par les rares signatures glissées en petits caractères dans deux lancettes. On sait ainsi que c'est l'atelier rémois Simon qui a été sollicité. Le grand vitrail axial date d'avant 1918, une époque où Paul Simon (1853-1917) dirigeait l'entreprise. Les vitraux de la procession semblent tous dater des années 1920. Deux signatures datées indiquent 1922 et 1925. Jacques, fils de Paul, avait pris la succession.
Au niveau de l'iconographie, on remarque que beaucoup d'évêques sont coiffés de la toque des grands-prêtres d'Israël, couvre-chef peu habituel pour des dignitaires de l'Église. L'atelier Simon a sans doute répondu à une exigence du commanditaire. Il s'agissait peut-être ainsi, pour le petit séminaire, de marquer son rejet du judaïsme et d'associer étroitement la religion catholique au Verus Israël.
Notons que, parmi les dynasties de peintres verriers français, celle des Simon n'est pas très connue, moins que celle des Le Prince à Beauvais ou celles des Macadré et des Gontier à Troyes. Cependant, créé au XVIIe siècle, l'atelier Simon est toujours actif.

Réole, 26e archevêque de Reims, dans le vitrail n°6
La chapelle du petit séminaire a été aménagée en amphithéâtre.
Il est ainsi possible d'admirer de très près les magnifiques chapiteaux et certains vitraux.

L'entrée du collège Saint-André rue Raymond Guyot à Reims.

Une arcature en plein centre de couleur ocre complète
l'architecture néoromane de la chapelle.

Une façade néoromane ferme l'ancienne chapelle du petit séminaire au niveau de la rue Raymond Guyot.
CHAPITEAUX COMPOSITES DE L'ANCIENNE CHAPELLE DU PETIT SÉMINAIRE





Vitrail axial : La Grande Mission.
«EUNTES ERGO DOCETE BAPTIZANTES»
Après la Résurrection, Jésus envoie ses apôtres enseigner à toutes les nations.
«Atelier rémois Paul Simon et Fils.»
Avant 1918.

Statue en bois d'un saint.

Vierge à l'Enfant, plâtre.

Statue d'une sainte en bois.
Le léger sourire du visage empêche de voir la Vierge d'un Calvaire dans cette sculpture.

Signature sur le vitrail axial : REIMS Paul SIMON et Fils.

La Grande Mission, détail du vitrail axial.
Atelier rémois Paul Simon et Fils.
Avant 1918.

Vitrail n°1 : Marguerite, Françoise et Jeanne ;
Berthe et Macre.

Vitrail n°1, détail : Jeanne d'Arc en armure.
Derrière elle : Marguerite et Françoise.

Vitrail n°1.
Lancette de gauche :
Marguerite
, Françoise et Jeanne d'Arc. Cette dernière est représentée en armure.
Le panneau explicatif reste muet sur Marguerite et Françoise. Pour la première, il peut s'agir de sainte Marguerite d'Antioche († 275), martyre, patronne des femmes en couches et qui apparut en songe à Jeanne d'Arc pour l'informer des us et coutumes à la cour du roi de France.
En revanche, la relation entre Françoise et Reims semble très lâche. Ce ne peut pas être sainte Françoise romaine.
Lancette de droite :
Berthe est la fondatrice de l'abbaye de moniales d'Avenay dont elle sera la première abbesse. Devant elle, Macre porte sur l'épaule une impressionnante palme du martyre. Refusant d'abjurer sa foi chrétienne, Macre aurait été torturée et décapitée à Fismes, non loin de Reims, sous l'empereur Dioclétien vers 303 ou 304.


Vitrail n°4 : Albert et Thomas ; Gombaire, Arnould et Berchaire,

Vitrail n°4.
Il présente cinq figures de l'Église dont l'une est très célèbre.
Lancette de gauche :
Le premier, en habit de cardinal, est Albert de Louvain (vers 1166-1192). Prince-évêque de Liège, il se retrouva au centre des rivalités de pouvoirs et fut assassiné à Reims en novembre 1192.
Devant lui se tient Thomas de Canterbury, autrement dit le célèbre Thomas Beckett assassiné dans sa cathédrale en 1170 par quatre chevaliers de sa cour qui croyaient exécuter un ordre de leur roi, Henri II Plantagenêt.
Sa présence dans le vitrail est étonnante car ses liens avec le diocèse de Reims ne sont pas sûrs. Selon certaines sources, il aurait participé au Concile de Reims en 1163 et résidé à Mouzon, dans les Ardennes. Mais ces faits sont très controversés.
Lancette de droite :
Gombaire (VIIe siècle) dont on ne voit que la tête, est un moine, fondateur du monastère Saint-Pierre près de Reims. Parti en Écosse en tant que missionnaire, il sera assassiné.
Au centre, le moine Arnould tient les Écritures. Absent du martyrologe, il serait né en Lorraine et aurait été, lui aussi, assassiné près de Gruyères dans les Ardennes.
À droite, Berchaire est le premier abbé de l'abbaye de Hautvillers, près d'Épernay, fondée en 648 par saint Nivard (représenté dans le vitrail n°7).


Les personnages sont entourés, en haut et en bas, d'un haut de lancette et d'un soubassement à thème floral, bien dans le style Art Déco des années 1920.
L'écu du soubassement porte parfois les armoiries d'un dignitaire de l'Église présent dans la lancette.


Vitrail n°5 : Timothée, Maur et Apolinaire ; Jucundus, Florent et Nicaise.

Vitrail n°5.
Ce vitrail, daté de 1922, porte la signature de Jacques Simon, fils de Paul.
Lancette de gauche :
Sous le règne de Marc-Aurèle, Timothée (ici vu de face) vient d'Orient pour évangéliser la Gaule. Refusant d'adjurer sa foi, il appartient au groupe des premiers martyrs de Reims. Devant lui, Maur tient un calice surmonté du signe ICTUS (Jésus-Christ). Le lien entre Maur et Reims semble assez distant.
C'est néanmoins devant le signe ICTUS que se prosterne Apolinaire, légionnaire romain fraîchement converti, parfois intégré dans le groupe des martyrs de la Légion thébaine commandée par saint Maurice.
Lancette de droite :
Nicaise, évêque de Reims est, comme saint Denys, un saint céphalophore : il porte sa tête jusqu'au lieu de son tombeau. Il aurait été décapité par les Vandales vers 406-407.
Derrière lui se tiennent ses deux diacres, Jucundus et Florent, que la légende rapporte avoir été massacrés à la même époque.


Vitrail n°2 : Chanoines, prêtres et confesseurs rémois.

Vitrail n°2.
Ce vitrail porte la signature JS Reims 1925. Il a donc été réalisé par le peintre verrier Jacques Simon qui dirigeait l'atelier du même nom à cette époque.
Le vitrail représente vraisemblablement des ecclésiastiques rémois ayant péri pendant la Révolution. Quatre ont été victimes des Massacres de septembre en 1792. Deux autres, Antoine-René Potier, curé de Cormicy et Claude Richard, prêtre rémois, ont été guillotinés en 1794. Ils ont été béatifiés en 1926. Un autre encore, Jean-Baptiste Triquère, franciscain rémois, est mort sur les pontons de Rochefort sous le Directoire.
Dans la première lancette, on remarque, au second plan, un prélat qui joint les mains. C'est vraisemblablement Jean-Marie Vianney, le célèbre curé d'Ars. La note qui décrit les verrières explique qu'il pourrait s'agir là d'un hommage rendu par le diocèse à un homme qui a favorisé, sous le Second Empire, la réouverture de l'abbaye de Saint-Walfroy dans les Ardennes après sa restitution à l'Église.


Signature portée sur le vitrail n°2 : Jacques Simon Reims 1925.

Vitrail n°3.
Une université a été créée à Reims au Moyen Âge, mais elle n'eut pas un grand avenir. C'est le cardinal Charles de Lorraine (1524–1574), archevêque de Reims de 1538 à sa mort, qui a restauré l'Université de la ville en 1548. En lui attribuant des revenus ecclésiastiques, il en a assuré la stabilité dans la durée.
Cette Université comprenait un séminaire anglais où furent formés de nombreux prêtres destinés à partir Outre-Manche prêcher la parole catholique. En Angleterre, ils furent pourchassés et persécutés par Henry VIII, qui avait rompu avec Rome pour épouser Anne Boleyn et déclenché la Reformation.
L'Université de Reims a été supprimée en 1793.


Vitrail n°3 : les prélats anglais, formés à Reims, persécutés par la Reformation.

Vitrail n°4, détail : Albert et Thomas Beckett.

Vitrail n°6 : les évêques Sixte et Sinice ; Waast et Rémi.

Vitrail n°6.
Lancette de gauche :
Sixte porte la maquette d'une église : il est en effet le fondateur du diocèse de Reims et son premier évêque. À son côté se tient Sinice, fondateur du diocèse de Soissons et second évêque de Reims. À terre devant eux gît le démon qu'ils ont terrassé. L'artiste a peint le Malin sous la forme d'un serpent de couleur verte.
Lancette de droite :
Vaast, formateur religieux de Clovis, regarde au sol le vase de Soissons brisé. Vaast était catéchiste de Saint-Rémi ; il sera évêque d'Arras. Derrière lui, Rémi reçoit la Sainte Ampoule apportée par la colombe du Saint-Esprit. Rémi porte son anneau d'évêque à la main gauche et un pectoral à douze pierres représentant les douze tribus d'Israël.
Les quatre évêques portent la toque des grands-prêtres d'Israël.

«««--- Vitrail n°6, détail : les évêques Sixte et Sinice ; Waast et Rémi.

Vitrail n°7 : Vivent, Nivarel et Réole ; Urbain II et Rigobert.

Vitrail n°8, détail : Walfroy.

Vitrail n°7, détail : Vivent, Nivarel et Réole.

««--- Vitrail n°7.
Lancette de gauche :
Vivent († 394) est représenté de trois-quarts arrière. Il est le 9e archevêque de Reims. De profil, au centre : Nivard, 25e archevêque de Reims, fondateur de l'abbaye d'Hautvillers dont saint Berchaire, son disciple, sera le premier abbé. (Berchaire est présent dans le vitrail n°4.)
Réole, avec sa barbe blanche, est le neveu de Nivard. Il sera le 26e archevêque de Reims et le fondateur de l'abbaye d'Orbais dans la Marne.
Lancette de droite :
Eudes de Châtillon, coiffé de la tiare papale et originaire de Lagny dans la Marne, deviendra le pape Urbain II en 1088. C'est le seul pape issu du diocèse de Reims. Il prêchera la première croisade avec Pierre l'Hermite. Quant à Rigobert, il était moine à l'abbaye d'Orbais quand il fut nommé archevêque de Reims en 695.

Vitrail n°8 ---»»
Lancette de gauche :
Walfroy († 600) était un ermite stylite, considéré comme l'évangélisateur des Ardennes. Dans le vitrail, il contemple la croix du Christ. Une représentation symbolique de sa colonne se dresse à sa droite. Derrière lui, Thierry, moine bénédictin, est le fondateur de l'abbaye Saint-Thierry dans la Marne.
Lancette de droite :
Basle († 630) est un ermite contemplatif, peint ici en pleine oraison. Ses yeux sont dirigés vers le Ciel. Il est l'évangélisateur de la Champagne et de la Lorraine.
Derrière lui, Marcoul est le fondateur du monastère de Corbeny dans l'Aisne, au milieu du VIe siècle.
Notons que la signature du peintre verrier rémois Bruno Pigeon se trouve placée verticalement dans le soubassement de la lancette de gauche. Il est probable qu'on ait fait appel à lui pour une restauration en 2009.


Vitrail n°10, détail : Clotilde et Balsamie.

Vitrail n°7, détail : Urbain II et Rigobert

Vitrail n°8, signature du restaurateur dans le soubassement
à thème floral de la lancette gauche :
Bruno Pigeon Reims 2009.

Vitrail n°8 : Walfroy et Thierry ; Basle et Marcoul.

Vitrail n°9 : Berthauld, Montan et Bruno ; Jean-Baptiste de la Salle et Louis IX.

Vitrail n°9.
Lancette de gauche :
En tête, l'ermite irlandais Berthauld est à l'origine du monastère de Chaumont-Porcien. Derrière lui, Montan, ermite aveugle, a prédit à sainte Céline (vitrail n°10) qu'elle aurait une postérité exceptionnelle. En effet, elle aura un fils qui n'est autre que saint Rémi (vitrail n°6) et qui guérira Montan de sa cécité.
Saint Bruno, écolâtre à Reims (il dirigeait l'école attachée à la cathédrale) fondera le monastère de la Grande Chartreuse.
Lancette de droite :
Jean-Baptiste de la Salle, né à Reims en 1651, est le fondateur de la congrégation des Frères des Écoles Chrétiennes, destinée à pourvoir à l'instruction des enfants pauvres. À ses côtés, Louis IX est sacré à Reims en 1226. Il meurt de la peste à Tunis en 1270 et sera canonisé en 1297 par le pape Boniface XIII. C'est le seul saint parmi les dynasties des rois de France.


Vitrail n°10 : Geneviève, Bove et Dode ; Céline, Clotilde et Balsamie.

Vitrail n°10.
C'est le second vitrail consacré aux saintes du diocèse de Reims. Il termine la procession du côté ouest.
Lancette de gauche :
En tête, sainte Geneviève n'a qu'un lien symbolique, via Clovis, avec Reims. Derrière elle, deux abbesses : Dode et Bove. Dode est la fondatrice de l'abbaye Saint-Pierre-les-Dames à Reims dont elle sera la première abbesse. Bove, sa nièce, en sera la deuxième après la mort de sa tante.
Lancette de droite :
Céline, qui cache le bas de son visage, est la mère de saint Rémi. Au centre, sainte Clotilde est l'épouse de Clovis baptisé à Reims par saint Rémi. Enfin, Balsamie est la nourrice de saint Rémi.


Vue de la salle depuis l'entrée.
Les vitraux n°5 et 6 se trouvent derrière la paroi de bois, en haut de l'amphithéâtre.

Documentation : panneaux explicatifs sur les vitraux exposés dans l'ancienne chapelle.
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