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C'est en 1973 que l'école Saint-André
et le collège Rogelet s'unirent et s'installèrent
dans les locaux du petit séminaire, rue Raymond Guyot à
Reims.
En 2009, la chapelle du séminaire a laissé la place
à un amphithéâtre, dénommé Amphi
Charles Rogelet en hommage au grand bienfaiteur de l’établissement.
L'ancienne chapelle peut en général se visiter à
l'occasion des Journées du Patrimoine. Si l'édifice
extérieur est de style néo-roman, l'intérieur
est de style composite, à l'image des magnifiques chapiteaux
qu'on ne saurait rattacher ni néo-roman ni au néogothique.
La voûte ogivale penche du côté néogothique,
mais les fenêtres en plein cintre et à deux lancettes
accusent un beau profil néo-roman.
L'intérêt de cette ancienne chapelle repose essentiellement
dans ses onze grands vitraux. Malheureusement, les dates de leur
création manquent cruellement d'historique.
La façade affiche une verrière de La
Grande Mission signée Reims Paul Simon et Fils, verrière
réalisée nécessairement avant 1918, puisque le peintre verrier Paul
Simon est mort en 1917.
Les dix autres vitraux se partagent en deux séries de cinq
qui ornent les élévations est et ouest de l'édifice.
On y voit les grandes figures chrétiennes du diocèse
de Reims
se diriger en procession vers un autel censé se trouver à
l'opposé du vitrail de La Grande Mission.
Les femmes occupent l'arrière de la procession (vitraux 1
et 10) . Puis
viennent les grands dignitaires de l'Église rangés
par ordre de mérite croissant (2
et 9 ; 3
et 8 ; 4
et 7 ; 5
et 6).
Le choix de la procession, sans aucun doute imposé par les
commanditaires, rappelle celle qui se trouve à la grande
église Saint-Vincent-de-Paul
à Paris dans le 9e arrondissement.
Pour l'identification et la description des saints, cette page doit
beaucoup aux panneaux présents dans l'entrée. On remarquera
qu'aucun personnage de la procession ne porte d'auréole.
Les auteurs de ces vitraux sont identifiables par les rares signatures
glissées en petits caractères dans deux lancettes.
On sait ainsi que c'est l'atelier rémois Simon qui
a été sollicité. Le grand
vitrail axial date d'avant 1918, une époque où
Paul Simon (1853-1917) dirigeait l'entreprise. Les vitraux de la
procession semblent tous dater des années 1920. Deux signatures
datées indiquent 1922 et 1925. Jacques, fils de Paul, avait
pris la succession.
Au niveau de l'iconographie, on remarque que beaucoup d'évêques
sont coiffés de la toque des grands-prêtres d'Israël,
couvre-chef peu habituel pour des dignitaires de l'Église.
L'atelier Simon a sans doute répondu à une exigence
du commanditaire. Il s'agissait peut-être ainsi, pour le petit
séminaire, de marquer son rejet du judaïsme et d'associer
étroitement la religion catholique au Verus Israël.
Notons que, parmi les dynasties de peintres verriers français,
celle des Simon n'est pas très connue, moins que celle des
Le Prince à Beauvais
ou celles des Macadré et des Gontier à Troyes.
Cependant, créé au XVIIe siècle, l'atelier
Simon est toujours actif.
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La chapelle du petit séminaire a été aménagée en amphithéâtre.
Il est ainsi possible d'admirer de très près les magnifiques chapiteaux
et certains vitraux. |

L'entrée du collège Saint-André rue Raymond Guyot
à Reims. |

Une arcature en plein centre de couleur ocre complète
l'architecture néoromane de la chapelle. |
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Une façade néoromane ferme l'ancienne chapelle du petit séminaire
au niveau de la rue Raymond Guyot. |
CHAPITEAUX COMPOSITES
DE L'ANCIENNE CHAPELLE DU PETIT SÉMINAIRE |
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Vitrail axial : La Grande Mission.
«EUNTES ERGO DOCETE BAPTIZANTES»
Après la Résurrection, Jésus envoie ses
apôtres enseigner à toutes les nations.
«Atelier rémois Paul Simon et Fils.»
Avant 1918. |

Statue en bois d'un saint. |
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Vierge à l'Enfant, plâtre. |

Statue d'une sainte en bois.
Le léger sourire du visage empêche de voir la Vierge
d'un Calvaire dans cette sculpture. |

Signature sur le vitrail axial : REIMS Paul SIMON et Fils. |

La Grande Mission, détail du vitrail axial.
Atelier rémois Paul Simon et Fils.
Avant 1918. |
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Vitrail n°1 : Marguerite, Françoise et Jeanne ;
Berthe et Macre. |

Vitrail n°1, détail : Jeanne d'Arc en
armure.
Derrière elle : Marguerite et Françoise. |
Vitrail
n°1.
Lancette de gauche :
Marguerite, Françoise et Jeanne
d'Arc. Cette dernière est représentée
en armure.
Le panneau explicatif reste muet sur Marguerite
et Françoise. Pour la première,
il peut s'agir de sainte Marguerite d'Antioche
(† 275), martyre, patronne des femmes en couches
et qui apparut en songe à Jeanne d'Arc pour l'informer
des us et coutumes à la cour du roi de
France.
En revanche, la relation entre Françoise et Reims
semble très lâche. Ce ne peut pas
être sainte Françoise romaine.
Lancette de droite :
Berthe est la fondatrice de l'abbaye
de moniales d'Avenay dont elle sera la première
abbesse. Devant elle, Macre porte sur l'épaule
une impressionnante palme du martyre. Refusant
d'abjurer sa foi chrétienne, Macre aurait
été torturée et décapitée
à Fismes, non loin de Reims,
sous l'empereur Dioclétien vers 303 ou
304.
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Vitrail n°4 : Albert et Thomas ; Gombaire, Arnould
et Berchaire, |
Vitrail
n°4.
Il présente cinq figures de l'Église
dont l'une est très célèbre.
Lancette de gauche :
Le premier, en habit de cardinal, est Albert
de Louvain (vers 1166-1192). Prince-évêque
de Liège, il se retrouva au centre des
rivalités de pouvoirs et fut assassiné
à Reims
en novembre 1192.
Devant lui se tient Thomas de Canterbury, autrement
dit le célèbre Thomas Beckett
assassiné dans sa cathédrale en
1170 par quatre chevaliers de sa cour qui croyaient
exécuter un ordre de leur roi, Henri II
Plantagenêt.
Sa présence dans le vitrail est étonnante
car ses liens avec le diocèse de Reims
ne sont pas sûrs. Selon certaines sources,
il aurait participé au Concile de Reims
en 1163 et résidé à Mouzon,
dans les Ardennes. Mais ces faits sont très
controversés.
Lancette de droite :
Gombaire (VIIe siècle) dont on ne
voit que la tête, est un moine, fondateur
du monastère Saint-Pierre près de
Reims.
Parti en Écosse en tant que missionnaire,
il sera assassiné.
Au centre, le moine Arnould tient les Écritures.
Absent du martyrologe, il serait né en
Lorraine et aurait été, lui aussi,
assassiné près de Gruyères
dans les Ardennes.
À droite, Berchaire est le premier
abbé de l'abbaye de Hautvillers, près
d'Épernay,
fondée en 648 par saint Nivard (représenté
dans le vitrail n°7).
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Les personnages sont
entourés, en haut et en bas, d'un haut de lancette
et d'un soubassement à thème floral, bien dans
le style Art Déco des années 1920.
L'écu du soubassement porte parfois les armoiries
d'un dignitaire de l'Église présent dans
la lancette.
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Vitrail n°5 : Timothée, Maur et Apolinaire
; Jucundus, Florent et Nicaise. |
Vitrail
n°5.
Ce vitrail, daté de 1922, porte la signature
de Jacques Simon, fils de Paul.
Lancette de gauche :
Sous le règne de Marc-Aurèle, Timothée
(ici vu de face) vient d'Orient pour évangéliser
la Gaule. Refusant d'adjurer sa foi, il appartient au
groupe des premiers martyrs de Reims.
Devant lui, Maur tient un calice surmonté
du signe ICTUS (Jésus-Christ). Le lien
entre Maur et Reims
semble assez distant.
C'est néanmoins devant le signe ICTUS
que se prosterne Apolinaire, légionnaire
romain fraîchement converti, parfois intégré
dans le groupe des martyrs de la Légion thébaine
commandée par saint Maurice.
Lancette de droite :
Nicaise, évêque de Reims
est, comme saint Denys, un saint céphalophore
: il porte sa tête jusqu'au lieu de son tombeau.
Il aurait été décapité par
les Vandales vers 406-407.
Derrière lui se tiennent ses deux diacres, Jucundus
et Florent, que la légende rapporte avoir
été massacrés à la même
époque.
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Vitrail n°2 : Chanoines, prêtres et confesseurs
rémois. |
Vitrail
n°2.
Ce vitrail porte la signature JS Reims 1925.
Il a donc été réalisé par
le peintre verrier Jacques Simon qui dirigeait
l'atelier du même nom à cette époque.
Le vitrail représente vraisemblablement des ecclésiastiques
rémois ayant péri pendant la Révolution.
Quatre ont été victimes des Massacres
de septembre en 1792. Deux autres, Antoine-René
Potier, curé de Cormicy et Claude Richard, prêtre
rémois, ont été guillotinés
en 1794. Ils ont été béatifiés
en 1926. Un autre encore, Jean-Baptiste Triquère,
franciscain rémois, est mort sur les pontons
de Rochefort
sous le Directoire.
Dans la première lancette, on remarque, au second
plan, un prélat qui joint les mains. C'est vraisemblablement
Jean-Marie Vianney, le célèbre
curé d'Ars. La note qui décrit les verrières
explique qu'il pourrait s'agir là d'un hommage
rendu par le diocèse à un homme qui a
favorisé, sous le Second Empire, la réouverture
de l'abbaye de Saint-Walfroy dans les Ardennes après
sa restitution à l'Église.
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Signature portée sur le vitrail n°2 : Jacques
Simon Reims 1925. |
Vitrail
n°3.
Une université a été créée
à Reims
au Moyen Âge, mais elle n'eut pas un grand avenir.
C'est le cardinal Charles de Lorraine (1524–1574), archevêque
de Reims
de 1538 à sa mort, qui a restauré l'Université
de la ville en 1548. En lui attribuant des revenus ecclésiastiques,
il en a assuré la stabilité dans la durée.
Cette Université comprenait un séminaire
anglais où furent formés de nombreux prêtres
destinés à partir Outre-Manche prêcher
la parole catholique. En Angleterre, ils furent pourchassés
et persécutés par Henry VIII, qui avait
rompu avec Rome pour épouser Anne Boleyn et déclenché
la Reformation.
L'Université de Reims
a été supprimée en 1793.
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Vitrail n°3 : les prélats anglais, formés
à Reims, persécutés par la Reformation. |

Vitrail n°4, détail : Albert et Thomas Beckett. |

Vitrail n°6 : les évêques Sixte et
Sinice ; Waast et Rémi. |
Vitrail
n°6.
Lancette de gauche :
Sixte porte la maquette d'une église :
il est en effet le fondateur du diocèse de Reims
et son premier évêque. À son côté
se tient Sinice, fondateur du diocèse
de Soissons et second évêque de Reims.
À terre devant eux gît le démon
qu'ils ont terrassé. L'artiste a peint le Malin
sous la forme d'un serpent de couleur verte.
Lancette de droite :
Vaast, formateur religieux de Clovis, regarde
au sol le vase de Soissons brisé. Vaast était
catéchiste de Saint-Rémi
; il sera évêque d'Arras.
Derrière lui, Rémi reçoit
la Sainte Ampoule apportée par la colombe du
Saint-Esprit. Rémi porte son anneau d'évêque
à la main gauche et un pectoral à douze
pierres représentant les douze tribus d'Israël.
Les quatre évêques portent la toque des
grands-prêtres d'Israël.
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«««--- Vitrail n°6, détail
: les évêques Sixte et Sinice ; Waast et Rémi. |
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Vitrail n°7 : Vivent, Nivarel et Réole
; Urbain II et Rigobert. |

Vitrail n°8, détail : Walfroy. |
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Vitrail n°7, détail : Vivent, Nivarel et Réole. |
««---
Vitrail n°7.
Lancette de gauche :
Vivent ( 394) est représenté
de trois-quarts arrière. Il est le 9e archevêque
de Reims.
De profil, au centre : Nivard, 25e archevêque
de Reims,
fondateur de l'abbaye d'Hautvillers dont saint Berchaire,
son disciple, sera le premier abbé. (Berchaire
est présent dans le vitrail n°4.)
Réole, avec sa barbe blanche, est le neveu de
Nivard. Il sera le 26e archevêque de Reims
et le fondateur de l'abbaye d'Orbais dans la Marne.
Lancette de droite :
Eudes de Châtillon, coiffé de la
tiare papale et originaire de Lagny dans la Marne, deviendra
le pape Urbain II en 1088. C'est le seul pape
issu du diocèse de Reims.
Il prêchera la première croisade avec Pierre
l'Hermite. Quant à Rigobert, il était
moine à l'abbaye d'Orbais quand il fut nommé
archevêque de Reims
en 695.
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Vitrail
n°8 ---»»
Lancette de gauche :
Walfroy ( 600) était un ermite
stylite, considéré comme l'évangélisateur
des Ardennes. Dans le vitrail, il contemple la croix
du Christ. Une représentation symbolique de sa
colonne se dresse à sa droite. Derrière
lui, Thierry, moine bénédictin,
est le fondateur de l'abbaye Saint-Thierry dans la Marne.
Lancette de droite :
Basle ( 630) est un ermite contemplatif,
peint ici en pleine oraison. Ses yeux sont dirigés
vers le Ciel. Il est l'évangélisateur
de la Champagne et de la Lorraine.
Derrière lui, Marcoul est le fondateur
du monastère de Corbeny dans l'Aisne, au milieu
du VIe siècle.
Notons que la signature du peintre verrier rémois
Bruno Pigeon se trouve placée verticalement dans
le soubassement de la lancette de gauche. Il est probable
qu'on ait fait appel à lui pour une restauration
en 2009.
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Vitrail n°10, détail : Clotilde et Balsamie. |
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Vitrail n°7, détail : Urbain II et Rigobert |

Vitrail n°8, signature du restaurateur dans le soubassement
à thème floral de la lancette gauche :
Bruno Pigeon Reims 2009. |

Vitrail n°8 : Walfroy et Thierry ; Basle et Marcoul.
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Vitrail n°9 : Berthauld, Montan et Bruno ; Jean-Baptiste
de la Salle et Louis IX.

Vitrail
n°9.
Lancette de gauche :
En tête, l'ermite irlandais Berthauld est à
l'origine du monastère de Chaumont-Porcien. Derrière
lui, Montan, ermite aveugle, a prédit à
sainte Céline (vitrail n°10)
qu'elle aurait une postérité exceptionnelle.
En effet, elle aura un fils qui n'est autre que saint Rémi
(vitrail n°6)
et qui guérira Montan de sa cécité.
Saint Bruno, écolâtre à Reims
(il dirigeait l'école attachée à la cathédrale)
fondera le monastère de la Grande Chartreuse.
Lancette de droite :
Jean-Baptiste de la Salle, né à Reims
en 1651, est le fondateur de la congrégation des Frères
des Écoles Chrétiennes, destinée à
pourvoir à l'instruction des enfants pauvres. À
ses côtés, Louis IX est sacré à
Reims
en 1226. Il meurt de la peste à Tunis en 1270 et sera
canonisé en 1297 par le pape Boniface XIII. C'est le
seul saint parmi les dynasties des rois de France.
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Vitrail n°10 : Geneviève, Bove et Dode ; Céline, Clotilde
et Balsamie.

Vitrail n°10.
C'est le second vitrail consacré aux saintes du diocèse
de Reims.
Il termine la procession du côté ouest.
Lancette de gauche :
En tête, sainte Geneviève n'a qu'un lien
symbolique, via Clovis, avec Reims.
Derrière elle, deux abbesses : Dode et Bove.
Dode est la fondatrice de l'abbaye Saint-Pierre-les-Dames
à Reims
dont elle sera la première abbesse. Bove, sa nièce,
en sera la deuxième après la mort de sa tante.
Lancette de droite :
Céline, qui cache le bas de son visage, est
la mère de saint Rémi. Au centre, sainte Clotilde
est l'épouse de Clovis baptisé à Reims
par saint Rémi. Enfin, Balsamie est la nourrice
de saint Rémi.
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Vue de la salle depuis l'entrée.
Les vitraux n°5 et 6 se trouvent derrière la paroi de bois,
en haut de l'amphithéâtre. |
Documentation : panneaux explicatifs sur les
vitraux exposés dans l'ancienne chapelle. |
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