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Saint-Cyr, petite ville à l'ouest
immédiat de Versailles,
était au XIIe siècle un bourg dont l'église,
selon les sources, avait été consacrée en 1115
à sainte Julitte. Dans les années 1150, l'évêque
de Chartres
y fonde un monastère de femmes dédié à
saint Cyr, le fils de Julitte, tous deux martyrisés sous
l'empereur Dioclétien. Pendant la guerre de Cent Ans et les
guerres de Religion, les bâtiments sont endommagés.
Ils sont restaurés au XVIIe siècle ; le monastère
est alors dédié à Notre-Dame des Anges (voir
encadré).
En 1734, l'église Sainte-Julitte est enrichie d'un clocher
dominé par une croix et un coq. En 1894, devenue plus que
vétuste malgré quelques travaux en 1885, elle est
interdite au culte par l'évêque de Versailles,
puis fermée dans la foulée par le préfet. Vendu
en 1897, le bâtiment sera détruit en 1898.
C'est aussi en 1898 qu'est élevée une nouvelle église,
en face de l'École militaire. De plusieurs projets, c'est
celui de l'architecte diocésain Lambert qui est retenu. L'église
est dédicacée au Sacré Cœur de Jésus. Faute
de crédits, elle restera sans clocher, mais le coq et sa
flèche trouveront une place sur le toit de la nef.
En juin et juillet 1944, Saint-Cyr-l'École est bombardée
par les Alliés (voir encadré).
La ville est totalement détruite. De l'église, il
ne reste qu'une façade endommagée (voir photo)
et... le coq que l'on récupérera dans les décombres.
Une statue de bronze
sera aussi retrouvée. Il faut reconstruire. En attendant,
les Saint-Cyriens vont habiter dans des baraquements. Le culte se
poursuivra, lui aussi, dans un baraquement provisoire.
La nouvelle église, construite de 1960 à 1963, avec les dommages
de guerre, par l'architecte Pierre Vago, est toujours consacrée
à sainte Julitte. Elle s'élève non loin de
la précédente. Tout en béton, sur deux niveaux
et de forme trapézoïdale, éclairé par
des meurtrières hautes sur ces flancs, l'édifice est
inauguré en 1963 par l’évêque de Versailles.
En 2011, l'édifice est embelli de plusieurs uvres d'art
(mosaïque du chevet, Christ
en croix). Cette même année, la paroisse est consacrée
au Cur Immaculé de Marie.
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Vue d'ensemble de l'église Saint-Cyr-Sainte-Julitte.
La forme trapézoïdale du bâtiment est peu visible
à l'intérieur. |
L'église et son clocher indépendant. |
Ornement contemporain sur la façade sud. |
L'église du Sacré-Cur de Jésus construite
en 1898. |
L'église du Sacré-Cur de Jésus vue
de côté.
En l'absence de clocher, le coq de 1734 a pris place sur le
toit de la nef. |
Juillet 1944 : l'église du Sacré-Cur de
Jésus est en ruine.
Elle aurait pu être reconstruite à l'identique,
mais le maire de la ville, après juillet 1944, a choisi
de faire procéder à sa destruction et de créer,
plus tard,
un nouveau bâtiment en béton : l'église
actuelle. |
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Le porche de Saint-Cyr-Sainte-Julitte est l'endroit idéal
pour afficher l'histoire de l'ancienne église. |
Façade sud : en bas, les bâtiments paroissiaux
; en haut, l'église. |
Le coq du clocher est criblé d'impacts de balles. |
Le
coq. Dressé au sommet du clocher,
il présente de multiples trous. En 1944,
un soldat allemand, sans doute jugé très
bon tireur par ses pairs, s'est ingénié
à tirer sur l'animal depuis les bâtiments
de l'École spéciale militaire. Le
coq, qui se trouvait sur le clocher de l'ancienne
église, non loin de l'église actuelle,
n'a pas été détruit par les
bombardements. Il a donc repris sa place sur le
clocher de la nouvelle église.
Source : panneau
sous le porche de l'église.
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Dessin de l'église du XIIe siècle
et de son clocher, élevé en 1734. |
L'ANCIENNE
ABBAYE NOTRE-DAME DES ANGES |
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Portail de l'ancienne abbaye Notre-Dame des Anges.
Il est daté de 1643.
Par chance, il n'a pas été détruit
par les bombardements de 1944.
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L'abbaye
Notre-Dame des Anges.
Bien qu'elle soit sans rapport avec
l'église Sainte-Julitte, l'abbaye, de par
la présence de son portail, est le seul
élément ancien qui subsiste dans
la ville après les bombardements de 1944.
Fondée en 1156 par Robert III, évêque
de Chartres, l'abbaye bénédictine
était consacrée à saint Cyr,
martyr du IVe siècle. La guerre de Cent
Ans et les guerres de Religion la détruisirent
en partie. Elle fut reconstruite au début
du XVIIe siècle et dédiée
à Notre-Dame des Anges, sainte-patronne
des marins : les gondoliers du Grand Canal du
château de Versailles
y avaient leurs logements.
En 1792, la Révolution supprima les ordres
monastiques. Les moniales furent expulsées.
L'abbaye fut vendue à un citoyen de la
ville qui détruisit les bâtiments,
y compris la chapelle, et en revendit les matériaux.
En 1882, le département de la Seine-et-Oise
racheta la propriété pour y créer
un asile destiné aux enfants âgés
au plus de dix-huit ans, abandonnés, malades
ou infirmes, orphelins, «déments
inoffensifs» ou retirés à
leur famille.
En 1944, les bâtiments sont très
endommagés et l'asile ferme. Il rouvre
en 1954 sous l'appellation de «Maison de
réadaptation des jeunes». En 1960,
il est rattaché au Centre hospitalier Charcot,
situé à Plaisir. Depuis 2002, l'ancienne
abbaye abrite un service de psychiatrie.
Source : panneau
affiché à l'entrée de l'abbaye.
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Ancienne abbaye Notre-Dame des Anges : le tympan du portail
est décoré aux armes de France.
Daté de 1643, il a survécu aux bombardements de
juillet 1944. |
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Statue : Saint Cyr dans les bras de sa mère Julitte.
C'est l'un des rares vestiges de l'ancienne église
détruite par les bombardements de 1944. |
Vitrail contemporain
sur le côté gauche du chur.
Atelier Jacques Le Chevalier, 1962. |
Le chur et la
grande mosaïque ---»»»
de Walter Feltrin (2011). |
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Les
bombardements de juillet 1944 et la destruction de Saint-Cyr-l'École.
Quand on veut citer des villes françaises ayant
particulièrement souffert des bombardements alliés
lors de l'invasion du Continent en 1944, les noms habituels
sont Caen,
Saint-Lô, Coutances, Carentan, Cherbourg-Octeville,
Lisieux (détruite à 80%), mais qui pense
à la petite ville de Saint-Cyr-l'École,
détruite à 92% - c'est-à-dire rayée
de la carte ?
Rappelons les faits. Fin juin 1944, les Alliés
piétinent dans leurs têtes de pont normandes.
Le général Montgomery décide de
dégager l'Est de Caen
et lance ses chars, le 18 juillet, dans l'opération
Goodwood. Mal préparée, l'attaque
est repoussée par les Panzer de la Wehrmacht,
avec de nombreuses pertes en hommes chez les Anglais.
Pour sortir de l'enlisement, les Américains lancent
à leur tour, fin juillet, l'opération
Cobra : les chars de la IIIe armée du
général Patton doivent se ruer vers le
sud, Coutances, Avranches, la Bretagne et le Maine.
Mais, auparavant, le 25 juillet, l'attaque est précédée
d'un bombardement, proprement monstrueux, de l'aviation
américaine sur un quadrilatère bien défini
- et lieu prévu de la percée : la défense
allemande doit être annihilée. Tout le
monde connaît la suite de l'histoire et l'avancée
victorieuse des chars de Patton.
Mais que vient donc faire là la petite ville
de Saint-Cyr-l'École, qui comptait moins de huit
mille habitants en 1939, et qui s'étale à
l'ouest immédiat de Versailles
?
Un point d'Histoire. Vers 1900, le Brésilien
Santos-Dumont, installé en région parisienne,
décide de quitter le domaine des dirigeables
pour s'attaquer à celui des plus lourds que l'air.
Il lui faut une piste d'expérimentation. Le hasard
veut qu'une bande de terre établie sur un ancien
étang asséché, de 600 à
700 mètres de long et située entre Saint-Cyr
et Bois-d'Arcy, corresponde à ses besoins. L'expérimentateur
brésilien fait rapidement des émules.
Quelques années plus tard, Saint-Cyr-l'École
se retrouve au cur de l'innovation aéronautique
avec la création d'un Institut aérotechnique
et la présence de plusieurs aéro-clubs.
Les années passent ; l'aéronautique progresse
; les guerres se succèdent.
Arrive le temps de l'Occupation. La ville possède
une base aérienne en bonne et due forme avec
une quinzaine de hangars au contenu hautement stratégique
: c'est le dépôt central de matériel
de la Luftwaffe... pour toute la France ! C'est
une cible de choix. En avril 1944, les Anglais bombardent
la base. Puis à nouveau le 22 juin, avec cette
fois des dégâts importants sur la ville,
notamment la mairie et l'église (dédiée
au Sacré Cur de Jésus) construite
en 1898.
Mais, en juillet 1944, le sort s'acharne sur la cité
: il faut sécuriser l'opération Cobra,
donc empêcher les Allemands de faire parvenir
des renforts. Malheureusement, Saint-Cyr-l'École
est l'un des points névralgiques de cette sécurisation.
En tant que lieu de jonction routier et ferroviaire,
c'est par là que transite le trafic en direction
de la Bretagne et du sud du Cotentin. C'est donc par
là que passeront d'éventuels renforts
blindés ennemis. Si l'on ajoute à ces
voies de transit la base aérienne et son imposant
matériel, si l'on note encore la station de radioguidage
de l'Institut aérotechnique ainsi que l'École
militaire avec sa garnison allemande et tout son équipement,
les bombardiers alliés n'ont que l'embarras du
choix... Il convient donc de tout raser avec des bombes
classiques et des bombes incendiaires à retardement.
Le 25 juillet, le même jour que le bombardement
massif américain dans le Cotentin, le Bomber
Command de la Royal Air Force lance une centaine
d'appareils au-dessus de la ville. 450 tonnes de bombes
sont larguées. Au milieu des décombres,
un gigantesque incendie, provoqué par les bombes
incendiaires, se déclare et fait rage pendant
cinq jours. Ce qui n'a pas été détruit
par les explosions l'est par le feu. Les pompiers saint-cyriens,
versaillais et allemands sont à pied d'uvre,
mais, au final, 92% de la ville sont détruits.
Saint-Cyr-l'École n'offre plus qu'un spectacle
d'apocalypse.
On dénombra plus de 300 morts. Sur les 1130 bâtiments et immeubles,
seuls 25 sont encore debout.
Source : Saint-Cyr-l'École
en lumière, éditions du Cherche-Midi,
2017.
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Le côté gauche de la nef avec ses meurtrières
ornées de vitraux. |
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Le Christ en croix.
uvre du sculpteur Jean-Baptiste Stienne. |
Vitrail contemporain sur le côté droit du chur.
Atelier Jacques Le Chevalier, 1962. |
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Statue de saint Joseph avec l'Enfant à gauche du chur. |
Statue de la Vierge à droite du chur. |
CHEMIN
DE CROIX, 3 STATIONS |
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Vitrail contemporain sur la façade.
Atelier Jacques Le Chevalier, 1962. |
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Côté droit de la nef : la chapelle annexe est éclairée
de meurtrières vitrées. |
Chapelle annexe sur le côté droit : l'autel. |
La nef et la façade vues du côté droit. |
Documentation : Panneaux affichés sous
le porche de l'église et dans la nef
+ «Saint-Cyr-l'École en lumière», éditions
du Cherche-Midi
+ «Dictionnaire des monuments d'Île-de-France»,
éditions Hervas, 2001
+ sites de la paroisse de Saint-Cyr-Sainte-Julitte. |
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