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Cette seconde page vous propose des images
et des développements sur les sujets suivants :
- les stalles du XVIe siècle et leur atmosphère féerique
- le chur
de la cathédrale et la
clôture du chur du XVe siècle
- le déambulatoire
et les chapelles rayonnantes. Parmi elles, les trois chapelles
réaménagées entièrement sous la direction
d'Eugène Viollet-le-Duc vers 1853-1865 : Notre-Dame-Drapière,
Saint-Jacques-le-Majeur (ou du Sacré-Cur), Sainte-Theudosie
; et deux autres chapelles aménagées au XVIIIe siècle
: Saint-Jean-Baptiste et Saint-Nicaise
- l'orgue de tribune
du XVe siècle.
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LES STALLES DE
LA CATHÉDRALE D'AMIENS |
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Vue d'ensemble des stalles. |
Jouée de la stalle royale.
Une jouée correspond au côté latéral
d'un ouvrage en menuiserie. |
Jouée : la Présentation au temple. |
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Pendentif : jeunes filles légèrement vêtues. |
Pendentif : un homme et une tête de mort. |
Pendentif : le buveur de vin |
Pendentif : trois anges. |
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Les
stalles du début du XVIe siècle de la
cathédrale d'Amiens constituent un
véritable monde enchanté, un univers à
la Walt Disney. Des milliers de sculptures, de figurines,
de scènes bibiliques créées par
des mains expertes plongent le visiteur dans une atmosphère
presque irréelle. On compte plus de quatre mille
personnages qui font revivre des scènes bibliques
tirées de La Légende dorée
ou de textes apocryphes. La vie de Marie regroupe à
elle seule trente-neuf tableaux, tandis que les sellettes
des miséricordes et les rampants proposent cent
soixante scènes de l'Ancien Testament.
Changement de thèmes sur les dais, les appuis-main
et les pendentifs : ces sculptures plus petites offrent
des sujets profanes, des chimères et des grotesques,
des éléments de la vie quotidienne parfois
mêlés au monde des fabliaux.
La réorganisation du chur et du sanctuaire
au XVIIIe siècle aurait pu être fatale
à ces merveilles de la sculptures sur bois. Le
but du réaménagement était d'éclaircir
le chur, de l'ouvrir à la lumière
et donc de supprimer tous les éléments
qui en bornaient l'espace. De cette époque viennent
d'ailleurs les magnifiques grilles de Jean-Baptiste
Veyren. D'après Aurélien André,
dans le chapitre consacré à la modernisation
du chur au XVIIIe siècle («Amiens,
La grâce d'une cathédrale, La Nuée
bleue), deux partis se sont affrontés à
l'époque : les «modernistes» qui
voulaient un chur ouvert, donc une suppression
du jubé et des stalles et, de l'autre côté,
l'ensemble des chanoines de la cathédrale qui
freinaient des quatre fers... pour que rien ne change
ou pas grand chose. Le jubé occidental fut remplacé
en 1755 par les deux retables en marbre que l'on voit
de nos jours dans les bas-côtés (Notre-Dame
de Pitié et retable de Saint-Joseph). Résultat
: l'entrée du chur à l'ouest était
toujours fermée! S'agissait-il d'un conservatisme
liturgique ou, comme le note Aurélien André,
d'une peur des courants d'air? Ou plus simplement encore,
du désir de rester entre soi quand on prie, sans
demeurer sous le regard pesant des pèlerins qui
déambulent? Fort heureusement pour l'Art et pour
les générations qui ont suivi, c'est le
conservatisme qui s'est imposé.
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Un passage entre les sièges orné de scènes
bibliques et de figurines. |
Appui-main : une vieille femme avec un livre.
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Appui-main : le huchet travaille la planche avec un rabot. |
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Vue des stalles sur le côté nord avec parois à
fleurs de lys,
dais ornés de pendentifs et sellettes de miséricorde. |
Sellette de miséricorde : la Naissance de Marie. |
Sellette de miséricorde : le Martyre des saints Innocents. |
Sellette de miséricorde : la rencontre à la Porte dorée. |
Sellette de miséricorde : l'ange arrête le bras d'Abraham. |
Dans un passage : le Christ aux outrages et la Crucifixion. |
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Les stalles du côté nord avec un arrière-plan sur le transept
nord. |
Un homme aux mains ficelées. |
Scènes du Nouveau Testament dans une jouée : l'Adoration des
anges et l'Adoration des mages. |
La Vierge entourée des quinze symboles bibliques.
Jouée de la stalle du doyen du chapitre. |
Rampe avec deux scènes historiées dont Jésus parmi les docteurs. |
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Les dais et leurs pendentifs. |
L'ivresse de Noé. |
Figurines autour d'un passage. |
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Scènes du Nouveau Testament : la Nativité de Marie, la Rencontre
à la Porte dorée.
À DROITE ---»»»
Les stalles et la nef vues depuis le triforium à l'abside. |
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La clôture sud : Scènes de la vie de Saint Firmin (exécutée
entre 1490 et 1530).
avec les deux monuments funéraires : celui de l'évêque
Ferry de Beauvoir ( 1473) à gauche, et celui d'Adrien
de Hénencourt ( 1530) à droite. |
Vie de saint Firmin : le donateur agenouillé (Adrien de Hénencourt)
et l'entrée de saint Firmin à Amiens
accueilli par le sénateur Faustinien. Haut-relief de
la vie (légendaire) de saint Firmin. |
Mausolée d'Adrien de Hénencourt ( 1530). |
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Vie de saint Firmin : Arrestation de saint Firmin. |
La
clôture du chur. Au Moyen Âge,
ce que nous appelons le chur d'une église
contenait - au moins dans une cathédrale - le
chur des chanoines et le sanctuaire avec le maître-autel.
La cathédrale d'Amiens a conservé son
chur des chanoines, espace clos par de superbes
haut-reliefs. Là, les ecclésiastiques
prenaient place dans les stalles, abrités des
regards par une clôture. Le jubé, détruit
au XVIIIe siècle, fermait le chur à
l'ouest. À l'est, des hauts-reliefs consacrés
à la vie de saints picards (Fuscien, Victoric,
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Saint Saulve prie pour retrouver la sépulture de saint Firmin
Haut-relief de la vie de saint Firmin. |
Baptême de Firme, père de saint Firmin (partiel)
Médaillon dans la clôture sud. |
Guérison de fiévreux et autres infirmes
Médaillon dans la clôture sud. |
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--»» Gentien et Quentin)
les séparaient du sanctuaire. Ces hauts-reliefs ont,
eux aussi, été détruits au XVIIIe siècle
lors du réaménagement du chur. Au sud,
les hauts-reliefs de style gothique, commandés par
le chanoine Adrien de Hénencourt et exécutés
entre 1490 et 1530, relatent la vie légendaire
de saint Firmin et l'invention de ses reliques. Les hauts-reliefs
du côté nord, toujours de style gothique, sont
plus tardifs (entre 1520 et 1531) et illustrent la
vie de saint Jean-Baptiste.
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Décollation de saint Firmin
dans le haut-relief de la vie de saint Firmin. |
Translation à Amiens des reliques de saint Firmin.
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Exhumation des restes du martyr (partiel). |
Arrestation de saint Firmin (partiel). |
La vie
de saint Firmin ne figure pas dans La Légende
dorée de Jacques de Voragine. Des érudits
médiévaux ont forgé ce mythe d'un martyr
pour asseoir la gloire de la première cathédrale
et la réputation de la ville sur la vie d'un évêque
mort pour sa foi. Firmin aurait donc fondé l'Église
d'Amiens au IIIe siècle. Les hauts-reliefs font état
de son baptême, de ses prédications, de son sacre
en tant qu'évêque et, bien sûr, de ses
miracles (guérison de paralytique, de lépreux,
de possédés), puis de son arrestation et de
sa décollation. Saint Saulve retrouve ses restes qui
sont portés à Amiens.
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Vie de saint Jean-Baptiste (uvre datée de 1531),
les quatre scènes finales de droite à gauche :
Saint Jean devant Hérode, Festin d'Hérode, Décollation
de saint Jean, Vengeance d'Hérodiale.
Hauts-reliefs de la clôture Nord. |
Vie de saint Jean-Baptiste : le festin d'Hérode (partiel). |
Vie de saint Jean-Baptiste (uvre datée de 1531),
les quatre premières scènes de droite à
gauche :
Prédication de saint Jean, Baptême de Jésus,
Saint Jean révélant sa mission, Saint Jean montrant
l'anneau de Dieu
Hauts-reliefs de la clôture Nord. |
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Vie de saint Jean-Baptiste : la vengeance d'Hérodiade (Elle
perce le front
du chef de Jean-Baptiste avec un stylet pour se venger de ses
remontrances.) |
Mutilations.
Un commentaire dans l'ouvrage «Amiens, la grâce
d'une cathédrale» nous apprend que, en
décembre 1793, des volontaires flamands de passage
dans la cathédrale ont mutilé à
coups de sabre la clôture sud du chur. Ces
dommages ont été restaurés par
les frères Duthoit de 1837 à 1839. L'ouvrage
de La Nuée bleue reproduit une gravure
extraite des Voyages pittoresques et romantiques
du baron Taylor parue en 1835 où l'on voit que
les sabreurs se sont surtout «amusés»
à décapiter les personnages.
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Vie de saint Jean-Baptiste : la Prédication de saint Jean. |
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Vie de saint Jean-Baptiste : Saint Jean révélant sa mission
Haut-relief de la clôture nord (1531). |
Réception du chef de saint Jean à Amiens (partiel)
Médaillon dans la clôture nord. |
Les ossements du saint livrés aux flammes
Médaillon dans la clôture nord. |
Nativité de saint Jean (partiel)
Médaillon dans la clôture nord. |
Guérison au tombeau du saint
Médaillon dans la clôture nord. |
LE CHUR
DE LA CATHÉDRALE NOTRE-DAME D'AMIENS |
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L'abside et l'avant-chœur. |
Les baies hautes de l'abside et ce qu'il reste des vitraux du XIIIe
siècle. |
Le chur, plus exactement
le sanctuaire de la cathédrale
d'Amiens, se caractérise par une gigantesque
gloire dessinée par l'architecte Pierre-Joseph Christophle
et construite en 1768. Elle est enrichie de statues d'anges
et des médaillons des quatre évangélistes
en bas-relief. Statues et médaillons sont l'uvre
de Jean-Baptiste Dupuis. On remarque ci-dessous que l'architecte
Christophle a pris soin, dans le dessin de sa gloire et à
la demande du chapitre, de ne pas obstruer la vue sur les
chapelles rayonnantes. D'autres projets de gloire présentés
au chapitre au XVIIIe siècle prévoyaient une
structure plus large et plus haute (notamment avec une Assomption).
À l'origine, l'abside était entièrement
vitrée. Les aléas du temps, de la météorologie,
les changements de goût des chanoines font qu'il n'y
a plus que le vitrail axial de l'abside (voir ci-dessus)
à posséder encore une verrière du milieu
du XIIIe siècle. Au niveau inférieur, le triforium
du chur possède encore des vitraux de la fin
du XIIIe siècle, parfois très restaurés
au XIXe (voir plus bas).
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Le chœur et la grande gloire dessinée par l'architecte Christophe
et exécutée en 1768
Les statues des anges, de la Vierge et les médaillons des évangélistes
sont l'uvre de Jean-Baptiste Dupuis. |
Saint Matthieu et l'homme
entourés de deux anges sous un dais
Sculpture de Jean-Baptiste Dupuis. |
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Vitrail de la baie centrale de l'abside (XIIIe siècle).
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Saint Luc et le taureau entourés de deux anges. |
Le vitrail
de la baie centrale de l'abside (vitrail axial)
est le seul qui reste de la verrière d'origine. Il
a été offert par l'évêque Bernard
d'Abbeville en 1269. On observera que la Vierge est représentée
deux fois dans la rangée du bas. Au-dessus, quatre
anges, porteurs de couronnes, glorifient Marie.
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Saint Marc et le lion accompagnés d'un ange
Sculpture de Jean-Baptiste Dupuis. |
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LE DÉAMBULATOIRE
ET LES CHAPELLES RAYONNANTES |
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Chapelle Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Cette chapelle a en fait été supprimée en 1853
pour permettre l'accès
à la chapelle des catéchismes. On en voit ici l'entrée.
Le vitrail, du XIIIe siècle (1255-1260? - La Nuée Bleue),
relate des épisodes e la vie de la Vierge et de celle de saint
Léonard. |
Lancette dédiée à la vie de la Vierge
(ci-dessus : Dormition et Couronnement)
Chapelle Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus.
La présence de léopards d'or dans la bordure conduit
les érudits à penser qu'elle a peut-être été
donnée par Éléonore de Castille, femme d'Édouard
Ier d'Angleterre. |
Le déambulatoire sud. |
L'ancienne chapelle Saint-Éloi et ses célèbres peintures
de sibylles du début du XVIe siècle. |
La sibylle européenne (peinture datée de 1506). |
Quatre sibylles lovées dans leurs arcatures trilobées.
De gauche à droite : sibylle Agrippa, sibylle libyque,
l'Européenne et la Persique (datées de l'année
1506). |
La rénovation de la chapelle de la Vierge par Viollet-le-Duc
en 1853 a supprimé les boiseries qui en
faisaient le tour. C'est alors qu'on y découvrit ces
deux tombeaux assez abîmés. |
La chapelle axiale Notre-Dame-Drapière
avec ses vitraux de Pierre Gaudin (1933) ---»»»
illustrant la vie de la Vierge a été refaite
en 1859-1862. ---»»»
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CHAPELLE
AXIALE NOTRE-DAME-DRAPIÈRE (OU DE LA VIERGE) |
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Le retable, sculpté dans le bois et la pierre, date de 1862.
Il comprend une arcature à six arcs brisés ornés
de scènes du Nouveau Testament.
Au-dessus se dresse une grande Vierge à l'Enfant accompagnée
de quatre anges.
Le retable est une uvre des frères Duthoit. |
La Vierge à l'Enfant a été réalisée
en cuivre doré par l'orfèvre
Bachelet vers 1860. Son déhanché est typique du XIIIe
siècle. |
Scènes de la Vie de la Vierge
par Jean Gaudin, 1933 (détail).
Chapelle axiale Notre-Dame-Drapière. |
La chapelle
axiale Notre-Dame-Drapière (ou de la Vierge)
a été entièrement redécorée
entre 1859 et 1862 sous la direction d'Eugène Viollet-le-Duc.
En ôtant les boiseries, on découvrit les tombeaux
de Simon de Gonsans, évêque d'Amiens, et du chanoine
Thomas de Savoie (XIVe siècle). Fort mutilés,
ils ont été restaurés et partiellement
refaits par les frères Duthoit.
Les vitraux installés lors de cette restauration avaient
été faits en grisaille par Achille Touzet. En
1933, on les remplaça par des créations de Pierre
Gaudin, illustrant la vie de la Vierge.
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Tombeau de Thomas de Savoie (XIVe siècle) avec une série
de pleurants dans le soubassement.
Chapelle Notre-Dame-Drapière. |
Trois des six scènes du Nouveau Testament sur le retable :
Annonciation, Visitation et Annonce aux bergers (XIXe siècle). |
CHAPELLE RAYONNANTE
SAINT-JACQUES-LE-MAJEUR (OU DU SACRÉ-CUR) |
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Vue d'ensemble de la chapelle du Sacré-Cur. |
La chapelle du Sacré-Cur
a été restaurée sous la direction
de Viollet-le-Duc de 1867 à 1869.
En 1866, une épidémie de choléra
décimait la ville. L'évêque d'Amiens
décida de consacrer la ville et son diocèse
au Sacré-Cur de Jésus. La chapelle
Saint-Jacques-le-Majeur fut dédicacée
au Sacré-Cur.
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Partie centrale de l'autel dessiné par Viollet-le-Duc
et réalisé par Poussièlgue-Rusand (1866).
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Les peintures murales de la chapelle ont été réalisées
par les peintre Steinheil et Maillot.
Ci-dessus, peints par Maillot : saint François de Sales,
saint Thomas d'Aquin et saint Bernard. |
Vitrail de Jean Gaudin (1933)
Chapelle du Sacré-Cur. |
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Vue d'ensemble de la décoration de la chapelle du Sacré-Cur
avec son retable et ses peintures murales (1866).
L'autel en bronze doré réalisé par Poussièlgue-Rusand,
sur un dessin de Viollet-le-duc, fut montré lors de l'Exposition
universelle de 1867. |
CHAPELLE RAYONNANTE
SAINT-JEAN-BAPTISTE |
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CHAPELLE RAYONNANTE
SAINT-NICAISE |
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Chapelle rayonnante Saint-Jean-Baptiste.
Avec la chapelle Saint-François d'Assise, c'est la seule qui
ait conservé la décoration de Jacques-Firmin Vimeux
réalisée entre 1775 et 1779. |
Deux rois de Juda dans l'Arbre de Jessé
Chapelle Saint-Nicaise.
L'Arbre de Jessé d'origine a compté jusqu'à quatorze
rois.
Les prophètes se tiennent de part et d'autre
des mandorles qui contiennent chacune un roi. |
Le bas de l'Arbre de Jessé (XIIIe siècle)
Avec Jessé, David et Salomon
Cet Arbre est présenté comme l'un des plus remarquables
du XIIIe siècle. |
L'aménagement de la chapelle Saint-Nicaise, dite Saint-François
d'Assise
avec ses boiseries blanches date du XVIIIe siècle. |
Le travail de restauration de Jeannette
Weiss-Gruber (de 1991 à 1994)
au sommet de l'Arbre de Jessé. Voir son
travail dans l'Arbre
de la cathédrale de Niort. |
Déambulatoire sud avec le mausolée devant la chapelle axiale. |
Jessé dans l'Arbre de Jessé de la chapelle Saint-Nicaise.
Des racines rouges s'échappent du patriarche endormi. Elles
s'élèvent pour
constituer des mandorles où prennent place David, Salomon et
les rois de Juda. |
Ce mausolée devant la chapelle axiale en contient trois.
Tombeau d'Arnoul de la Pierre (en bas), gisant de Jean de la Grange
et mausolée de Guilain Lucas. Ce dernier est l'uvre de
N. Blasset. |
L'ange pleureur dans le mausolée du chanoine Guillain Lucas. |
Le réaménagement
du chur au XVIIIe siècle n'a pas osé
toucher à ce triple monument funéraire
en face de la chapelle axiale. Hormis les hauts-reliefs
de la clôture actuelle du chur et ce mausolée,
tout a fait place, lors de ce réaménagement,
à une suite de magnifiques grilles en fer forgé
qui ferment maintenant le sanctuaire. L'ange pleureur
ci-dessus a fait la célébrité du
mausolée de Guilain Lucas, exécuté
par Nicolas Blasset en 1636. Lors de la première
guerre mondiale, les soldats alliés ---»»»
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Vue d'ensemble de la nef depuis le triforium du chur. |
--»» du front
de la Somme ont répandu sa photo jusqu'aux antipodes
(notamment l'Australie et la Nouvelle-Zélande).
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CHAPELLE RAYONNANTE
SAINTE-THEUDOSIE |
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Chapelle Sainte-Theudosie.
En 1853, la suppression des boiseries permit de redécouvrir
les arcatures ogivales, les piscines et les tombeaux. |
Vitrail de la vie des saints Firmin et Honoré
Chapelle Sainte-Theudosie
Vitrail restauré en 1853-1854 par Coffetier et Steinheil. |
Le retable de la chapelle Sainte-Theudosie. |
Sur les trois chapelles rayonnantes
totalement réaménagées sous la direction
de Viollet-le-Duc, la chapelle Sainte-Theudosie
fut traitée en premier, dès 1854. C'est la découverte
fortuite des reliques d'une chrétienne à Rome,
dans les catacombes de Saint-Hermès qui lança
l'affaire. La présence d'une fiole de sang au côté
du corps fut regardée comme un signe de martyre. Mais,
plus important, une inscription sur une plaque de marbre poussa
les spécialistes à voir dans ces reliques le
corps d'une sainte venue du pays des Ambiani, c'est-à-dire
la région d'Amiens. Un peu plus tard, l'évêque
d'Amiens parvint à échanger le corps de cette
sainte contre celui de saint Victor. La translation des reliques
à Amiens en 1853 fut l'occasion d'une cérémonie
grandiose.
Alfred Gérente créa un nouveau vitrail (à
gauche) relatant la vie de sainte Theudosie, sa mort, la découverte
de son corps, etc. Le bas du vitrail représente les
donateurs, l'empereur et l'impératrice, en prière.
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Vitrail d'Alfred Gérente (1854) représentant l'empereur Napoléon
III en prière. |
Vitrail d'Alfred Gérente (1854) représentant l'impératrice
Eugénie en prière. |
Le bas
du vitrail d'Alfred Gérente représente
l'empereur Napoléon III et l'impératrice en
prière dans une représentation de la cité
d'Amiens. L'empereur s'était montré un donateur
généreux : il avait sorti 30 000 francs de sa
cassette personnelle pour la décoration de la chapelle
Sainte-Theudosie que l'évêque, monseigneur de
Salinis, s'était mis en tête de réaliser.
Comme il était habituel à cette époque,
Gérente a créé un pastiche des vitraux
du XIIIe siècle : l'empereur et l'impératrice
sont représentés agenouillés devant un
autel, à la manière des donateurs médiévaux.
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Vitrail : Les tisserands de toile (vers 1250). |
Vitrail : Les tisserands de toile (vers 1250). |
Les deux
vitraux ci-dessus figurent dans la chapelle rayonnante
Sainte-Theudosie. Ce sont très vraisemblablement des
éléments rescapés de l'importante verrière
de la chapelle axiale Notre-Dame-Drapière (ou de la
Vierge). Ils sont datés des années 1250. La
chapelle axiale servait en quelque sorte de centre de prière
pour les métiers du drap : drapiers et drapiers-chaussetiers
d'Amiens. Ces corporations, qui avaient un rôle économique
si important dans la ville, sont les donateurs de cette verrière
aujourd'hui disparue. Sur ces deux vitraux qu'il nous reste,
on peut voir l'une des plus
|
anciennes représentations
connues du travail du textile.
Le vitrail de gauche montre la préparation du fil de
trame monté sur dévidoir (dans sa partie basse).
La partie haute montre la réalisation du fil de chaîne.
Le vitrail de droite illustre le tissage de la toile sur un
métier à tisser de basse lice. Ce métier
à marches est appelé «étrille»
en picard.
Source : «Amiens, la grâce
d'une cathédrale», la Nuée bleue, article
«Que la lumière soit!» de Nathalie Frachon-Gielarek.
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L'ORGUE DE TRIBUNE
DE LA CATHÉDRALE D'AMIENS |
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L'orgue de tribune de la cathédrale d'Amiens.
Le buffet principal de 1549, le positif de 1620.
Seuls le soubassement et la tribune datent de l'origine (1422). |
Détail de l'ornementation
de l'orgue de tribune. |
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La partie haute du buffet du positif (daté de 1620) |
Le soubassement de l'orgue de tribune est l'un des plus anciens
de France.
Les magnifiques voûtes étoilés (en bois)
cache, derrière leur décor gothique, une poutre
armée. |
L'orgue
de tribune de la cathédrale d'Amiens
(intrument et buffet) relève de plusieurs époques.
C'est d'abord l'orgue qui est perché le plus
en France : 17 mètres! Voir photo ci-dessous.
Son instrument en lui-même ne peut être
rattaché à aucun facteur en particulier
: beaucoup, et dans ces derniers siècles, sont
intervenus.
Les principaux donateurs de l'orgue, en 1422,
sont Alphonse Lemire, valet de chambre du roi Charles
VI et receveur des aides à Amiens, et son épouse
Massine de Hainaut. Le chapitre les en a remerciés
en recevant leurs tombeaux dans la cathédrale
(sous l'orgue). En fait, dans ce que nous voyons, seuls
la tribune et le soubassement sont d'origine (1422).
Le buffet principal date de 1549, tandis que
le positif (instrument, buffet et boiseries) est de
1620. Le buffet a été restauré
en 1835 et peint par un artiste amiénois, Martin
Delabarthe. Les frères Duthoit y mirent aussi
leur griffle : ornements sur les côtés
et les plates-faces, statues (disparues) sur le sommet
des tourelles. Notons encore que le soubassement est
l'un des plus anciens de France. Quatre magnifiques
voûtes cachent une poutre armée sous un
décor gothique. Elles sont ornées, sur
le devant, de statues d'1,25 m de hauteur. Après
maintes avanies et restaurations partielles au cours
des âges, l'instrument fut restauré par
Aristide Cavaillé-Coll au XIXe siècle.
Signalons que, après avoir reçu un obus
dans sa soufflerie, l'orgue fut entièrement démonté
en juillet 1918 et entreposé au château
d'Eu. Au cours de la 2e guerre mondiale, la dépose
de la rose occidentale laissa un trou béant dans
la façade. Les tuyaux devinrent habitat et cimetière
des pigeons, hiboux et autres chauve-souris. Après
la guerre, une fois la rose reposée, la mécanique
fut démontée et l'instrument nettoyé.
Un concert inaugural eut lieu en 1967.
Source : «Amiens,
la grâce d'une cathédrale», la Nuée
bleue, article «Les orgues de Notre-Dame»
d'Hélène Martin.
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La rose de la façade occidentale (1480-1490). |
Fin du XVe et début
du XVIe siècle : la fin des guerres est suivie
d'une reprise économique et d'une effervescence
des arts. Adrien de Hénencourt, alors doyen du
chapitre, va se lancer dans une politique de mécénat
artistique. La chapelle Saint-Éloi de la cathédrale
s'orne des sibylles, de nombreuses verrières
viennent embellir les églises de la ville. La
rose occidentale, qui date de cette époque,
est déjà marquée par l'esprit de
la Renaissance. Son style flamboyant recèle une
profonde symbolique : les liens étroits qui unissent
la commune d'Amiens et la Couronne de France. Ses huit
pétales centraux sont peuplés de lys d'or
que côtoient les branches argentées de
l'osier, symbole de la commune.
La rose fut offerte par le chanoine (et maître
de la confrérie du Puy Notre-dame) Robert
de Coquerel (mort en 1521). Son blason est constitué
de trois coqs d'or sur fond d'azur. Cet emblème
est sculpté au centre de la rose (très
difficilement visible à l'il nu depuis
la nef de la cathédrale), mais on le trouve aussi
dans la partie gauche (voir photo ci-dessous).
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La partie basse de la rose occidentale (les trois coqs d'or
du donateur sont à gauche) . |
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Le triforium de la nef. |
La nef et l'orgue de tribune. |
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Documentation :«Amiens, la grâce
d'une cathédrale», la Nuée bleue, ISBN 978-2-7165-0782-0
+ «La cathédrale d'Amiens», Éditions du
Patrimoine, ISBN 978-2-85822-723-5
+ «Amiens, ville d'Art et d'Histoire», Éditions
du Patrimoine, ISBN 978-2-85822-933-8 |
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