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Notre-Dame-la-Grande de Poitiers est
une église romane dont la nef remonte au XIe siècle.
Historiquement se dressait à cet endroit un temple païen,
remplacé par une église déjà mentionnée
au Xe siècle. Au Moyen Âge, Notre-Dame-la-Grande est
à la fois une collégiale et une église paroissiale
rattachée à l'évêché de Poitiers
(devenu depuis archevêché).
Son architecture se caractérise par une nef très haute
qui ne possède qu'un seul niveau d'élévation.
Les collatéraux n'ont, eux aussi, qu'un seul niveau d'élévation,
d'où cet effet d'église-halle qui serait très
bien rendu si de massifs piliers assez rapprochés ne venaient
casser cette atmosphère, pour la remplacer par une ambiance
plus confinée et assez sombre.
Dans le deuxième quart du XIIe siècle on note un changement
majeur : on détruit la façade ouest, la nef s'allonge
à l'ouest de deux travées et on édifie la célèbre
«façade-écran». Aux XVe et XVIe siècle,
des chapelles latérales sont ajoutées, financées
par de riches familles marchandes de la ville, comme la chapelle
Sainte-Anne avec sa belle mise au tombeau.
La superbe façade de l'église, de style roman poitevin,
illustre des pages de la Bible. Elle a été restaurée
en 1992-1995.
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Aspect général de la nef de Notre-Dame-la-Grande à
Poitiers |
Architecture.
Notre-Dame-la-Grande fait 57 mètres de long sur 13
mètres de large. A l'origine, l'église jouxtait
un cloître et une salle capitulaire. Au XIIe siècle,
deux travées ont été ajoutées
à l'ouest.
Comme souvent dans l'art roman, la nef est assez sombre :
la voûte en pierre fragilisant l'ensemble de la structure,
il y a peu d'ouvertures (vitraux) et elles ne sont pas larges.
Les piliers, qui étaient déjà peints
au Moyen Âge, ont été repeints au XIXe
siècle quand l'ensemble de l'église a été
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restauré par Joly-Leterme
(1851). Le style choisi a été le «romano-byzantin»
(inspiré des croisades). Il faut reconnaître
qu'il donne un aspect un peu envoûtant à cette
nef du XIe siècle.
La très célèbre façade de Notre-Dame-la-Grande
est en style roman poitevin. Elle fait 18 mètres de
haut sur 15 mètres de large. Les sculptures se succèdent
sur un canevas d'arcatures aveugles : personnages, animaux
fantastiques, rinceaux, etc.
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Aspect extérieur de Notre-Dame-la-Grande et de sa célèbre
façade-écran
«««--- À GAUCHE, la façade en style
roman poitevin
Affichez la galerie
des vitraux+ pour voir la façade en gros plan. |
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La nef et ses piliers nord qui laissent entrevoir les chapelles latérales
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Le côté nord de Notre-Dame-la-Grande
avec le clocher au-dessus de la croisée.
Au niveau de la nef on voit nettement les chapelles latérales
ajoutées
aux XVe et XVIe siècles. Ces chapelles étaient privées
parce que
financées par les riches familles marchandes de la ville. Leur
architecture est en gothique flamboyant ou en style Renaissance.
Le clocher date du XIe siècle. Comme on le voit aisément,
il possède une base carrée surmontée d'un niveau
circulaire coiffé d'un toit en
écailles de pierre. C'est un type de toiture fréquent
dans le sud-ouest.
Les architectes du XIXe siècle l'ont souvent copié,
comme à Angoulême, à Périgueux ou à
Bordeaux.
Passez la souris sur le clocher pour l'afficher en gros plan. |
Le chur avec le maître-autel et la statue de Notre-Dame
des Clés.
Le vitrail derrière la statue est visible en gros plan dans
la galerie des vitraux+. (Cliquez dessus.) |
Notre-Dame des Clés (XVIe, début XVIIe siècle
- mais il s'agit peut-être d'une copie). Elle tient les clefs
de la ville. |
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Collatéral sud.
Si la nef est voûtée en berceau, les collatéraux
sont
voûtés en arêtes (différences bien visibles
sur la photo). |
Fresque romane au dessus du chur.
Avec celle de la crypte, cette fresque est la seule qui subsiste de
l'époque médiévale. Ces peintures ont été
redécouvertes en 1892 et restaurées.
Les couleurs se sont légèrement estompées depuis.
On distingue, au centre, le Christ en gloire. Au-dessous (à
gauche sur la photo),
la Vierge et l'Enfant et, tout autour, les apôtres et des anges.
Ces personnages et leur attitude ont-ils servi de modèle pour
sculpter ceux de la façade? C'est ce que pensent certains historiens
de l'art car il y a une parfaite similarité entre les deux
groupes.
A droite, vitrail du miracle des clés dans la chapelle des
Bardeau (XVe siècle).
Le vitrail date du XIXe siècle et a été fait
à la manière du XVIe siècle.
Les vitraux de Notre-Dame-la-Grande ont tous été faits
au XIXe ou au XXe siècle.
Cliquez dessus pour l'afficher en gros plan dans la galerie des vitraux+. |
La légende
du miracle des clefs
L'histoire raconte que, en l'an 1202, les Anglais assiègent
Poitiers. Le clerc du maire se vend à l'ennemi. Contre
une grosse somme d'argent, il leur livrera les clés
de la ville. Le forfait doit avoir lieu le jour de Pâques.
Pendant la nuit, le clerc se rend dans la chambre du maire
pour lui dérober les clés, mais elles ont disparu.
Au matin, quand le maire se réveille, lui aussi se
rend compte que les clés ne sont plus à leur
place. Il se doute d'une trahison ; l'effroi le saisit. Il
prévient aussitôt les troupes de la ville et
se rend à Notre-Dame-la-Grande pour prier. Là,
stupéfaction : il découvre la statue de la Vierge,
les clés à la main.
Mais, pendant la nuit, la seconde partie du miracle a opéré.
Devant les troupes anglaises effrayées, les apparitions
de la Vierge, de saint Hilaire et de sainte Radegonde se sont
succédé. Conséquence : les Anglais se
sont entretués(!), le reste s'est enfui.
Cette légende est représentée dans un
vitrail du collatéral nord (XIXe siècle) où
l'on voit les Anglais en train de se massacrer (voir ci-dessus),
mais également dans un tableau du XVIIe siècle
exposé dans une chapelle latérale.
Les apparitions légendaires de la Vierge, de saint
Hilaire et de sainte Radegonde ont été concrétisées
sous la forme de trois statues de pierre. On peut les voir
dans une chapelle de l'église Saint-Hilaire-le-Grand.
Autrefois, elles ornaient la porte de la Tranchée,
là où les sources situent le miracle.
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Passez la souris sur l'image
pour afficher les trois statues photographiées
dans une chapelle de l'église Saint-Hilaire-le-Grand
à Poitiers.
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Sur le plan historique, on
peut reprocher à cette légende un certain
anachronisme. Après la mort inattendue de Richard
Cur de Lion en avril 1199, Philippe Auguste reconnaît
Jean sans Terre comme son successeur (traité
du Goulet en 1200). En 1202, Philippe Auguste rompt
la paix et saisit les possessions du roi anglais sur
le continent. Mais les comtes qui les tiennent restent
fidèle à Jean. Le jeune duc de Bretagne
sort alors de l'orbite du roi d'Angleterre. Il rejoint
Philippe Auguste qui le proclame comte d'Anjou, du Maine,
de Touraine et du Poitou. À charge pour lui d'aller
conquérir ses terres(!) Le jeune duc ne tardera
d'ailleurs pas à être fait prisonnier par
un allié de Jean. Il meurt en 1203, probablement
assassiné. Ce qui conduira ces mêmes comtes
d'Anjou, du Maine, de Touraine et du Poitou à
prêter hommage à Philippe Auguste.
Il est donc presque vraisemblable que Poitiers ait subi
un siège en 1202, mais cela aurait été
le fait d'alliés de Philippe Auguste, et non
pas des «Anglais», c'est-à-dire de
troupes fidèles à Jean sans Terre.
Quoi qu'il en soit, cette légende a grossi en
popularité après le siège de Poitiers
par les troupes de l'amiral huguenot Gaspard de Coligny
en 1569.
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La chapelle Sainte-Anne et sa très belle mise au tombeau. |
La Chapelle
Sainte-Anne. Sainte Anne est la mère de
Marie. On voit sainte Anne et sa fille sur le retable de pierre
à gauche.
Cette chapelle latérale du côté sud (la
plus grande de l'église) a été fondée
en 1475 par Yvon du Fou, sénéchal du Poitou.
Il a été enterré dans cette chapelle,
mais, à la place de sa sépulture, il y a maintenant
une belle Mise au
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tombeau du XVIe siècle
en pierre polychrome, uvre d'artistes italiens.
Tout au-dessus de la Mise au tombeau subsistent encore les
armoiries du sénéchal du Poitou.
Cliquez sur la Mise au tombeau pour l'afficher en gros plan
dans la galerie
des vitraux+.
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Vue du déambulatoire, côté sud. Le chur
est simplement surélevé.
La chapelle à droite est la chapelle axiale. Dans le chur
on aperçoit la statue de Notre-Dame des Clés en pleine
lumière. |
Voûte de la chapelle axiale.
Cette peinture n'a rien de médiéval. Elle date du XIXe
siècle
quand l'architecte Joly-Leterme a fait repeindre les colonnes
et les voûtes avec des motifs romano-byzantins. |
Vitrail de la Vierge en majesté (XIXe siècle)
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
Exemple de chapiteau de la nef : des feuillages stylisés
(XIIe siècle)
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Notre-Dame-la-Grande de Poitiers possède un Arbre
de Jessé.
Comme les autres vitraux de l'église, ce vitrail ne remonte
qu'au XIXe siècle.
Depuis Jessé, on peut y lire la descendance traditionnelle
des rois : David, Salomon, Roboam... (Cliquez sur l'image de gauche
pour l'afficher dans la galerie des vitraux+)
Dans l'image en gros plan ci-dessus, il faut reconnaître que
les rois
ont un certain aspect «cartes à jouer» !
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Saint Stéphane, vitrail du collatéral sud |
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L'orgue de tribune
L'orgue
de tribune date de 1996. Son aspect très
moderne contraste avec les peintures «romano-byzantines»
des piliers de la nef.
Comme souvent dans les églises, l'orgue cache le grand
vitrail que l'on aperçoit, à l'extérieur,
au centre de la façade. Sur la photo, on aperçoit
l'organiste qui attend l'heure du concert à l'occasion
des Journées du Patrimoine de septembre 2009.
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La chaire en bois sculpté du XVIIe siècle
L'Arbre de Jessé est caché par le pilier situé
à gauche de la chaire.
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Source : «Visiter Poitiers» de Stéphane
Blond (éditions Sud-Ouest) + «La Collégiale Notre-Dame-la-Grande»
d'Yves-Jean Riou (Itinéraires du Patrimoine) |
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