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L'église Sainte-Radegonde à
Poitiers
est l'héritière d'anciens sanctuaires construits à
cet endroit pour abriter le tombeau de la sainte (ancienne épouse
du roi franc Clothaire Ier). Radegonde consacra la seconde partie
de sa vie à la prière et aux pauvres dans son monastère
de Sainte-Croix. L'église possède des aspects romans
et gothiques bien distincts et sa crypte abrite le sarcophage de
la reine Radegonde. La partie romane (chur et tour-clocher)
est très ancienne (fin du XIe siècle). Il en exhale
un charme «vieilles pierres» très attrayant.
La nef remonte au début du XIIIe siècle. Son aspect
architectural est assez simple ; elle n'a ni transept, ni collatéral.
Flâner dans le déambulatoire de Sainte-Radegonde, c'est
se projeter neuf siècles dans le passé. Même
si les restaurations des fresques au XIXe siècle n'ont pas
toujours été très heureuses, vous serez captivé
par l'atmosphère envoûtante de recueillement que dégage
cette église.
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Vue générale de la nef et du chur de Sainte-Radegonde
à Poitiers. Il n'y a ni transept, ni collatéraux.
Le chur roman est surélevé à cause de la
crypte au-dessous. La nef est en style gothique du début du
XIIIe siècle. |
Le côté nord de Sainte-Radegonde avec sa nef gothique
La flèche qui surplombe le chevet roman (sur la gauche) a été
rajoutée à une époque postérieure.
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Tympan et voussures en gothique flamboyant sur le clocher-porche roman.
C'est un enrichissement apporté à la fin du XVe siècle.
Les statues sont modernes. |
Vitrail de Sainte-Radegonde dans l'abside (XIXe siècle). |
Le clocher-porche de Sainte-Radegonde. |
Le très beau clocher-porche
de Sainte-Radegonde date de la fin du XIe siècle,
sauf la porte, en gothique, qui a été
réaménagée au XVe. L'étage
des cloches est à plan carré ; le dernier
étage est octogonal et le toit est à pans
coupés : ce sont là des caractéristiques
de clochers romans. Ce clocher-porche rappelle celui
de l'église Saint-Porchaire,
également à Poitiers.
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Le
chur roman. Les fresques (de l'époque
gothique) ont été retouchées au
XIXe siècle. Les chapiteaux qui surmontent les
piliers sont principalement ornés de motifs végétaux
ou de lions. Les voûtes du chur sont en
plein cintre, conformément au premier âge
du style roman.
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Le chur roman et ses élévations du côté
sud. |
Elévations gothiques dans la nef.
Les vitraux sont daté de
la seconde moitié du XIIIe siècle et du XIVe
siècle. Cliquez dessus pour les afficher en gros plan.Au-dessus
des arcades, une rangée d'une centaine de modillons
orne la coursière de circulation. Les voûtes
très bombées sont de type domical et relèvent
du style gothique Plantagenêt.
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A propos des vitraux, on notera
que, au cours des âges, leurs médaillons ont
été démontés et remontés
à plusieurs reprises. C'est pourquoi il est difficile
de les interpréter.
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Très beau vitrail du XIIIe siècle
au niveau de la première travée
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
Modillon à tête d'homme rieur dans la nef
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Vitrail sur la vie de la reine Radegonde
(fin XIIIe siècle et XIVe siècle)
Cliquez sur l'image pour afficher la totalité du vitrail.
A DROITE -----»»»
Le maître-autel de l'église Sainte-Radegonde
au milieu du chur roman
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Le déambulatoire et la chapelle axiale de la Vierge. |
Modillon à tête d'homme grimaçant dans
la nef.
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Vitrail sur la vie de Radegonde (XIIIe-XIVe). |
Radegonde reçoit une relique
de la Vraie Croix (celle de la Crucifixion) envoyée
par l'empereur de Constantinople. Le monastère
pour femmes qu'elle a créé devient alors
l'abbaye Sainte-Croix. Cliquez sur l'image pour afficher
la totalité du vitrail.
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La chapelle axiale de la Vierge date de la fin du XIe siècle.
Cliquez sur le vitrail. |
La crypte de Sainte-Radegonde, qui abrite le sarcophage de la reine,
a subi beaucoup de modifications depuis le XIe siècle. |
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«MERCI
POUR LE MIEUX OBTENU
DEMANDONS ENTIÈRE GUÉRISON» |
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Ex-voto.
Cet ex-voto extraordinaire se trouve derrière
la statue de la sainte, en haut et sur la gauche.
Sans aucun doute, un client mécontent du
service et qui en exige plus pour ses prières...
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Modillon sous la coursière
de circulation dans la nef ---»»»
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Hippolyte
Taine à Sainte-Radegonde. On peut
lire dans les Carnets de Voyage de cet historien
le récit de son passage à Poitiers
vers 1863-1865 et celui de la visite qu'il fit au tombeau
de sainte Radegonde. On en donne ici quelques extraits.
Rappelons que ces notes ont été écrites
dans un premier jet, presque toujours sans correction
ni rature. Au niveau de la ponctuation, on notera l'abus
du point-virgule, mais c'était une façon
assez courante d'écrire au XIXe siècle.
«On compte par an trois cent mille personnes qui
viennent à la châsse de sainte Radegonde
; quand vient la fête de la sainte, en août,
les pèlerins sont si nombreux et en général
si pauvres qu'ils couchent dans une sorte de camp hors
de la ville. J'ai vu le tombeau : il est dans une jolie
église gothique du XIIe siècle déjà
fortement enfoncée en terre. À toutes
les portes et dans toutes les rues avoisinantes foisonnent
des femmes qui courent sur vous et vous persécutent,
avec de petites médailles de cinq sous, de dix
sous et quantité de cierges ; sur le seuil, de
vieux mendiants implorent la charité d'une voix
chevrotante et lamentable. En vingt minutes, j'ai vu
une douzaine de personnes entrer, gens du peuple, demi-bourgeois,
tous avec un ou plusieurs petits cierges ; les plus
riches ne se sont pas contentés de cela ; ils
sont allés dans un magasin latéral faire
provision d'un assortiment de cierges plus complet.
Il y a deux reliques et l'empreinte du pied de Jésus-Christ
apparaissant à la sainte [le Pas-de-Dieu,
voir plus
bas] ; les deux statues sont coloriées ;
quantité de sous ou pièces de deux sous
jetés à travers la grille ; tous les matins,
dit-on, on jette quelques sous pour amorcer. Au fond
de l'église est la crypte ; très basse,
très obscure, une vraie nuit d'un noir terrible
et lugubre, sous une voûte écrasée,
percée de lourdes baies cintrées ; on
tâtonne des mains, on pose le pied sans savoir
où, dans les ténèbres de cette
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humidité sépulcrale.
Le tombeau est une pesante pierre creusée, exhaussée
au-dessus du sol, sombre et brune, marbrée de
reliefs barbares ; il est presque invisible tant il
est rejeté dans la noirceur par la profusion
et le contraste des cierges toujours brûlant ;
des ex-voto, des portions de poupées, des membres
de cire sont plantés entre les cierges ; la fumée
chaude monte en rampant sur les voûtes ; l'épaisse
odeur de la cire se mêle à l'odeur de cave.
C'est vraiment un spectacle du Moyen Âge : ce
flamboiement violent au fond d'une sorte de puits, au-dessus
des os d'une morte, est une vision de Dante ; il y a
de quoi remuer les nerfs dans le silence tragique de
cette obscurité terrible ; c'est la fosse mystique
d'une sainte qui, du milieu de la pourriture et des
vers, voit dans son cachot de terre gluante entrer le
rayonnement éblouissant du Sauveur. (...) Mme
B... qui a conduit ses enfants aux stations de la semaine
sainte, en a ramené un malade, avec des crises
de nerfs. Quand j'étais à Poitiers,
une paysanne ayant approché son il d'une
fente du sépulcre y vit le ciel ouvert et Jésus-Christ
dans sa gloire. Cela fit miracle. Dernièrement
on y a conduit une lépreuse ; elle y est restée
une heure pendant la messe, rampant sous la châsse
avec des cris épouvantables. Elle était
entrée en sueur et il y fait froid comme dans
un caveau ; elle en est sortie guérie et est
morte trois jours après. Un médecin qui
la visita, attribua la guérison, puis la mort,
à une réaction trop forte ; mais le miracle
n'en a pas été moins authentique, et l'incrédulité
du docteur lui a fait beaucoup de tort.»
Source : «Par nos
villes et nos campagnes, Carnets de voyage» Hippolyte
Taine, éditions Libretto.
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«««--- La statue de sainte Radegonde (XVIIe
siècle)
est l'uvre du sculpteur Nicolas Legendre. |
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La crypte de Sainte-Radegonde |
Tableau de la Crucifixion dans la nef.
(XVIIe siècle)
A DROITE, tableau du XVIIe siècle dans la nef (thème
indéterminé) |
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Un extrait de vitrail - assez surprenant - dans la nef
(Vitrail des miracles de sainte Radegonde?)
Par son fond en grisaille, ce vitrail daterait du XIVe siècle. |
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Vitrail de la vie de sainte Radegonde (fin XIIIe). |
L'enfeu du «Pas-de-Dieu».
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Le
«Pas-de-Dieu».
Il date du XVIIe siècle. Un an avant sa mort,
Radegonde a une vision du Christ. Celui-ci lui annonce
qu'il l'accueillera bientôt au Paradis. Au passage,
il laisse la trace de son pied dans la pierre.
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Chapelle
Ste-Madeleine.
De style Plantagenêt, elle date du début
du XIIIe siècle. De grands tableaux historiques
sur la vie de sainte Radegonde y sont exposés.
On y voit aussi de nombreux bustes de rois et de reines.
Ci-contre, un roi sculpté en cul-de-lampe.
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Le «Pas-de-Dieu» dans l'enfeu. |
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La chapelle Sainte-Madeleine (côté sud de la nef). |
La nef et son buffet d'orgue (moderne) vus du chur. |
Source : Panneaux d'information historique exposés
dans l'église |
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