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La ville d'Angers
possède une richesse rare : la quasi-totalité des
uvres en plâtre réalisées par le sculpteur
angevin Pierre-Jean David
(1788-1856), dit David d'Angers, avant leur transformation en bronze
ou en marbre. Ce que propose cette galerie n'est rien moins que
l'uvre véritable de l'artiste, ciselée par ses
mains. En effet, la finition en d'autres matériaux, notamment
le bronze, est laissée à des spécialistes.
On y trouve de magnifiques statues en pied, une collection de bustes
et des médaillons de bronze, dont des répliques peuvent
être achetées à la boutique.
La galerie est installée dans l'ancienne église gothique
de l'abbaye Toussaint
du XIIIe siècle ou, plus exactement, dans l'architecture
restaurée qui a relevé les ruines. La voûte
s'étant effondrée en 1810, l'église resta à
l'air libre jusque dans les années 1980. Elle devint musée
lapidaire en 1841. La restauration la coiffa d'une vaste verrière
qui garantit aux uvres exposées une luminosité
naturelle maximale. Un bien bel endroit pour un sculpteur d'exception.
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La grande salle de l'entrée (à gauche, statue de Gutemberg).
C'est la nef de l'ancienne église de l'abbaye Toussaint. |
La porte d'entrée en style gothique.
C'est la façade de l'ancienne église de l'abbaye Toussaint. |
Claude-Bernard Bichat.
Modèle du bronze à la Faculté de Médecine de Paris, 1855. |
Jean Bart.
Modèle de bronze à Dunkerque, 1845. |
David
d'Angers. Pierre-Jean David naît à
Angers en 1788 d'un père menuisier- ébéniste.
Il va avoir une enfance peu banale : à cinq ans, il
suit son père, engagé volontaire dans l'armée
de la République, sur le théâtre vendéen!
Quelques années plus tard, revenu à Angers,
il suit des cours d'ébénisterie pour aider aux
besoins de sa famille. Ses capacités artistiques remarquées,
il s'en va à Paris et suit les cours de l'École
des Beaux-Arts. Il fréquente l'atelier du sculpteur
Roland et travaille à la décoration du Louvre
pour gagner sa vie. En 1809, à la suite d'une médaille
obtenue à l'Académie, il est remarqué
par le peintre Louis David. Lauréat du second prix
de Rome en 1810 avec «Othryades»,
il reçoit une pension de la ville d'Angers. En 1811,
c'est la consécration : il reçoit le Grand Prix
de Rome pour «La
Mort d'Épaminondas» et part en Italie. La
même année, il envoie à sa ville natale
ses deux uvres primées à Rome. C'est le
début de la collection que le sculpteur souhaite offrir
à sa ville. Quelques années plus tard, il ajoutera
«d'Angers» à sa signature «P.J. David».
À partir de 1840, il ne signera plus que «David
d'Angers».
À Rome, il intègre l'atelier de Canova (1757-1822)
et réalise ses première médailles, dont
celle de Cecilia
Odescalchi avec laquelle il eut une idylle romantique.
En 1817, revenu en France, il obtient sa première commande
: la statue du Grand
Condé pour le pont Louis XVI (actuel pont de la
Concorde). Les drapés du costume et le dynamisme du
mouvement de la statue suscitèrent l'admiration du
public. De nombreuses commandes suivirent. David d'Angers
choisit de privilégier la sculpture des grands hommes,
ceux qui incarnent les valeurs morales, le génie, la
vertu, le courage héroïque... Il fait alors partie
intégrante du monde romantique parisien et côtoie
Victor Hugo, Lamartine, Chateaubriand, fréquente le
salon de madame Récamier. En 1826, il est élu
membre de l'Institut de France et, la même année, professeur
aux Beaux-Arts. En 1827, il reçoit l'importante commande
du fronton du
Panthéon à Paris, uvre qui sera achevée
en 1837. Durant toute sa carrière de sculpteur, David
d'Angers va produire maints ouvrages visibles aux quatre coins
de la France, et même en Suisse et aux États-Unis.
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Monuments funéraires, statues,
bustes, médaillons, bas-reliefs se succèdent au gré
des commandes. On compte trente statues en pied, cent dix
bustes et sept cent cinquante médaillons de bronze.
Le sculpteur usait d'un moyen très personnel pour choisir
le mode d'expression qui honorerait un personnage. Au mort
glorieux, David pouvait opter pour une statue en pied ; pour
les vivants, ceux qui lui semblaient «supérieurs»
avaient droit à un buste, les autres à un médaillon.
David d'Angers a toujours été intéressé
par les visages des gens qu'il rencontrait et surtout par
les têtes. Adepte - comme beaucoup à son époque
- de la phrénologie, il disait lire sur la tête
d'une personne, sur son crâne, dans la forme de son
nez ou de son front les traits de son caractère et
le résumé de sa vie morale et physique.
En octobre 1848, David entra en politique. Il devint maire
du 11e arrondissement de Paris (le 6e actuel), mais refusa
le poste de directeur des Beaux-Arts que lui proposait Lamartine.
Député du Maine-et-Loire en 1848, il ne fut
pas réélu en 1849. Au coup d'État de
décembre 1851, il partit en exil. Ses dernières
uvres furent inaugurées sans lui. On le vit en
Belgique, en Grèce, puis il s'installa à Nice
(qui, rappelons-le, faisait partie du royaume de Piémont-Sardaigne
et ne sera français qu'en 1860). Finalement, il put
obtenir un passeport français en 1854. Il se rendit
en Anjou, puis à Paris, où, rongé par
le désespoir et la maladie, il mourut en janvier 1856.
David d'Angers est enterré au Père-Lachaise.
David d'Angers n'a jamais détruit les épreuves
en plâtre qu'il façonnait pour les monuments,
statues ou bustes dont il est l'auteur. Soigneusement emballées,
elles étaient envoyées à Angers et exposées
quand la place le permettait. Sa ville natale créa
la «galerie David» en novembre 1839. Il préféra
ne pas assister à son inauguration, craignant de ne
pouvoir supporter le choc émotionnel!
Source : La Galerie David d'Angers,
Éditions Ouest-France
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Vue d'ensemble de la galerie et de sa verrière. |
Général Bonchamps, moulage fait en 1883.
Marbre à Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire), 1825. |
L'ancien cloître de l'abbaye Toussaint (reconstruit au XVIIe
siècle). |
«Grâce
aux prisonniers!». À la Restauration,
les familles des victimes vendéennes de la Révolution
reçurent le droit d'honorer leurs morts. Le roi autorisa
l'érection d'un monument funéraire au général
Bonchamps.
En octobre 1793, les blancs, vaincus devant Cholet, refluaient
vers Saint-Florent avec leurs prisonniers. Le général
vendéen Bonchamps avait reçu une balle dans
le dos et suivait à demi-mourant. Arrivé dans
le village, depuis son lit de mort, il ordonna qu'on fît
grâce aux prisonniers républicains retenus dans
l'église de Saint-Florent-le-Vieil et qui étaient
menacés de mort par des chouans prêts à
se venger. Le propre père du petit Pierre-Jean David,
engagé volontaire dans l'armée de la République,
était parmi eux.
L'uvre de David d'Angers, très symbolique dans
son appel à la clémence, s'inspire clairement
des nus de l'Antiquité. Il est toujours accompagné
de la légende : «Grâce aux prisonniers!».
Vous pouvez en acquérir une réplique en plâtre
à la boutique de la galerie.
Le monument funéraire fut inauguré en 1825 en
présence des survivants et suscita une vive émotion.
Il est visible dans une des chapelles de l'église Saint-Florent
à Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire).
Source : La Galerie David d'Angers,
Éditions Ouest-France
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Statues, bas-reliefs et médaillons dans l'entrée de
la galerie. |
Bas-relief «La Mort d'Épaminondas», uvre qui obtint
le Grand prix de Rome en 1811. |
David d'Angers par Falguière.
Plâtre avec une patine de terre cuite. |
Le départ des volontaires de 1792, modèle à demi-grandeur, 1831-1835.
Arc de triomphe de Marseille. |
Bichat avec un enfant.
Modèle du bronze à Bourg-en-Bresse, 1843. |
La galerie vue depuis l'abside de l'ancienne église. |
Jean Bart
Modèle de bronze à Dunkerque (partiel). |
L'abbaye
de tous les Saints. Au XIe siècle, un membre
du canon de la cathédrale d'Angers crée une
aumônerie charitable. Celle-ci devient une abbatiale,
l'abbaye de la Toussaint, au XIIe siècle. Vers 1230,
l'église abbatiale est reconstruite avec transept,
voûte d'ogives en gothique Plantagenêt et statues-colonnes
le long des élévations (on en voit encore quelques-unes
de nos jours). Elle est si belle et si élégamment
construite qu'elle servira d'inspiration aux architectes jusqu'au
début du XIXe siècle.
En 1627, l'abbaye est rattachée à celle de Sainte-Geneviève
à Paris. Les bâtiments conventuels sont alors
reconstruits en style classique. Le cloître
date de cette époque, ainsi qu'un bâtiment devenu
depuis bibliothèque municipale. En 1730, c'est un chur
orné d'une grande rosace qui est ajouté au pignon
oriental. (C'est là que sont exposés les bustes
de David d'Angers.)
À la Révolution, l'État récupère
l'abbatiale. L'armée s'installe dans les bâtiments
conventuels. L'église, laissée à l'abandon,
se dégrade vite. En 1810, les voûtes s'effondrent.
Elles ne seront jamais reconstruites. En 1841, le fondateur
du musée archéologique y crée un musée
lapidaire, les pierres étant les seuls objets qui résistent
aux intempéries... Mais ce qui reste du bâtiment
se dégrade encore plus. Néanmoins, il reste
une belle ruine romantique qui est classée Monument
historique en 1902.
En 1980, l'architecte en chef Pierre Prunet propose de réhabiliter
l'édifice en lui laissant toutefois son caractère
de belle ruine. Une grande verrière va remplacer son
ancienne voûte angevine ; nef et chur seront aménagés
pour recevoir l'uvre que David d'Angers a offerte à
sa ville natale. L'ensemble est achevé en 1984 et ouvert
au public.
Source : La Galerie David d'Angers,
Éditions Ouest-France
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Prosper
Mérimée passe à Angers
en 1835 et 1847. La Collégiale Saint-Martin
et son état de délabrement avancé lui
posent un gros souci. La commission des Monuments historiques
(que l'écrivain représente) voudrait évidemment
la sauver. Le propriétaire privé, quant à
lui, accepte de la vendre, mais deux personnes s'y opposent
: l'évêque et le maire. Si elle est rétablie
en tant que paroisse, elle va venir prendre une part des revenus
de la cathédrale. D'où le refus de l'évêque.
Le maire d'Angers, de son côté, prétexte
un manque de fonds pour ne pas s'engager. Toutefois il propose
à Mérimée de vendre l'église abbatiale
Toussaint pour acquérir la collégiale Saint-Martin.
Dans une lettre datée du 31 mai 1847, Mérimée
donne son opinion à Ludovic Vitet, président
de la commission :
«Il existe à Angers au milieu même de la
ville une église ruinée qu'on nomme Toussaint.
Elle a été donnée au Musée et
sert à remiser les fragments de monuments qui ne craignent
pas la pluie. Il n'y a pas de voûtes. C'est une fort
belle église du XIIIe siècle dont il ne reste
que les quatre murs. Peut-être, a dit M. Giraud [le
maire], la ville consentirait-elle à céder Toussaint
pour contribuer à l'acquisition de St-Martin, où
le Musée serait logé.
Après avoir examiné Toussaint, je trouve
que ce serait dommage, et l'échange ne me plairait
pas 1°- parce que le mérite de cette ruine est
évident pour tout le monde, plus évident que
le mérite carlovingien de St-Martin, 2°- parce
que ce serait découvrir St-Pierre pour couvrir St-Paul,
encourir le reproche de vandalisme et nous faire honnir par
tous ceux qui ne connaissent pas notre misère.»
Source : La Naissance des Monuments
historiques, la correspondance de Prosper Mérimée
avec Ludovic Vitet (1840-1848), édité par
le Ministère de l'Éducation nationale, comité
des travaux historiques et scientifiques.
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Balzac, écrivain (1799-1850), buste offert au modèle en 1844.
Armand Carrel, journaliste (1800-1836), buste élevé à sa mémoire,
1838. |
Goethe, réalisé à Weimar en 1829.
Buste offert au modèle en 1831. |
Paganini, violoniste et compositeur (1784-1840).
Premier buste en bronze à cire perdue, 1830-1833. |
Vue du premier étage.
Le bout de rosace que l'on aperçoit à droite correspond
à l'abside de l'ancienne église. |
Victor Hugo, poéte et écrivain romantique (1802-1885)
Buste offert au modèle, 1837. |
Dessin : «David d'Angers modelant le buste de Thieck»
par le peintre Charles-Christian Vogel von Vogelstein.
La scène se situe à Dresde dans l'atelier du peintre
en 1834. |
Ludwig Tieck
Poète et homme de lettres allemand
(XIXe siècle). |
Dessin représentant David d'Angers.
«««---
Ludwig Tieck est considéré, à la suite de Goethe
comme le chef de file du romantisme allemand.
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Médaillon : Général Kléber. |
«««--- À GAUCHE
Fronton du Panthéon à Paris
commandée en 1827, achevée en1837.
«Aux grands hommes la Patrie reconnaissante» |
Médaillon : Cécilia Odes
Jeune femme romaine, amante de David à Rome. |
«««--- À GAUCHE
Bas-relief de la Déclaration d'Indépendance
des Etats-Unis d'Amérique. |
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La grande salle dans l'entrée (nef de l'ancienne église).
On remarquera dans le transept une statue-pilier du XIIIe siècle. |
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Statuette Isabelle de Laurraine. |
Statuette Marguerite d'Anjou. |
Modèles de douze statuettes entourant la statue du roi René.
Angers, 1846.
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Statuette Henri II Plantagenêt. |
Statuette Foulques Nerra. |
Statuette Foulques V. |
Statuette
Isabelle de Laurraine (partiel). |
Statuette Damnaous et son bouclier. |
André Chénier, buste rétrospectif, 1839 - Saint-Just, buste
rétrospectif, 1848.
Daunon, conventionnel et historien (1761-1840), buste destiné
au archives nationales, 1840. |
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Médaillon : Sainte-Beuve. |
Médaillon : Lapagerie-Bonaparte (Joséphine). |
«««---
À GAUCHE
Vue de l'arrière-salle (le chur de l'ancienne église).
On reconnaît les statues de Condé, de la «jeune
Grecques»
et d'Othryades (voir plus bas). |
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Condé, modèle en demi-grandeur.
Statue pour le pont Louis XVI, Paris, 1816. |
Statuette en bronze de Philopœmen, guerrier grec.
L'uvre en marbre est exposée au Louvre. |
Dominique Larrey.
Modèle du bronze au Val de Grâce, Paris, 1846. |
Vue de la grande salle (nef). |
Fénelon, Modèle du tombeau en marbre.
Cathédrale de Cambrai, 1826. |
Bas relief «Bérézina» (partiel) de la statue de
Dominique Larrey. |
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Les
médaillons. David d'Angers a toujours
tenu des carnets pour coucher ses impressions sur tout
un tas de choses. À propos de ses médaillons,
il écrit en 1835 qu'il y attache peu d'importance.
Il en créera 750 durant sa vie d'artiste et les
regarde comme de la simple production de masse! Il se
désole de voir que, sitôt qu'il en a rendu
publics quelques-uns, d'autres sculpteurs commencent
à l'imiter et ne voient pas que l'Art doit être
étudié dans une forme plus grandiose.
L'artiste qualifie ses médaillons de simples
griffonnages à propos du visage humain.
Source : La Galerie David d'Angers,
Éditions Ouest-France
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Ambroise Paré.
Modèle du bronze à Laval, 1839. |
Ambroise Paré.
Modèle du bronze (partiel). |
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«La jeune Grecque», modèle du monument au général Botzaris.
(Botzaris est un des chefs du mouvement de l'indépendance grecque
contre les Turcs).
Marbre à Missolonghi (Grèce), 1827. |
Othryades, ronde-bosse.
Deuxième prix de Rome, 1810. |
Vue d'ensemble de la galerie depuis le premier étage. |
Statuette autour du roi René :
Charles d'Anjou. |
Documentation : «La Galerie David d'Angers»,
Éditions Ouest-France |
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