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Page créée en fév. 2012
Console gothique dans la chapelle des Anges

La collégiale Saint-Martin est la plus ancienne église d'Angers. À partir du Ve siècle, trois édifices paléochrétiens vont se succéder et assurer un rôle funéraire, confirmé aujourd'hui par la découverte de nombreux sarcophages. Dans le courant du Xe siècle, une grande église carolingienne est construite, dont il nous reste des éléments importants : la tour-clocher et les grands arcs massifs de la croisée du transept avec leur alternance de tuffeau et de brique (photo ci-dessous). Mais l'édifice se détériore. Au XIe siècle, le comte Foulques Nerra (987-1040) le remanie et y installe un service divin assuré par treize chanoines. Au XIIe, la mode du gothique s'installe : le chœur s'allonge, une voûte est posée. Le «bon roi René» (1409-1480) assurera la dernière campagne de restauration-d'embellissement avant l'époque moderne. À la Révolution, les chanoines sont chassés, la collégiale est fermée. Elle devient bibliothèque, magasin de bois de chauffage, puis siège de l'Administration des tabacs. Sans entretien, la dégradation arrive très vite : la toiture de la nef s'effondre en 1828, l'étage supérieur du clocher est abattu en 1829 ; porche et façade ouest sont détruits peu après.
Cependant la collégiale attire les passionnés d'histoire médiévale. Au XIXe siècle, Prosper Mérimée essaie de s'entremettre. Sans grand succès. Elle est enfin classée Monument Historique en 1928. Une longue et savante restauration (1988- 2006) propose aujourd'hui au public un superbe espace culturel riche de quarante statues angevines.

Vierge à l'Enfant du XVIIe siècle
Vue d'ensemble de la collégiale
Vue d'ensemble de la collégiale.
Les grands arcs massifs bicolores de la croisée du transept sont du Xe siècle, le chœur est du XIe siècle.
Les arcades, au centre et à gauche de la photo, sont issues de la reconstruction de 1a fin du XXe.
La façade ouest
La façade ouest a été reconstruite à l'identique au XXe siècle.
L'entrée actuelle de la collégiale est cachée par le panneau publicitaire.
Transept de la collégiale
Transept de la collégiale.
Trois des plus belles statues de la collection : Saint Paul, Vierge dite de Nozé et Sainte Julie.

Les sculptures de la Collégiale Saint-Martin. L'histoire commence avec Monseigneur Henri Pasquier (1844-1927), directeur de l'École des Hautes Études Saint-Aubin à Angers. Pendant toute sa vie, ce prélat va rassembler dans sa maison, située dans l'enceinte de l'École, de nombreuses œuvres d'art (tableaux, manuscrits, livres et sculptures) souvent données par des amis ou des bienfaiteurs. Sa statuaire, bien sûr religieuse, est presque entièrement du XVIIe siècle. À sa mort, sa collection reste en place. Une partie est présentée dans les pièces d'honneur de sa maison, le reste est remisé dans un réduit.
Il y a quelques années, les choses changèrent enfin. Pour les restaurer et les exposer au public, l'association de l'École des Hautes Études Saint-Aubin, propriétaire des œuvres, a conclu une convention avec le Conseil général de Maine-et-Loire. L'État a reconnu la qualité exceptionnelle de ces sculptures qui furent classées au titre des Monuments historiques en février 2000.
Malgré une légère disparité, ces sculptures s'unissent par des matériaux communs : pierre calcaire, terre cuite et bois. La plupart étaient des éléments de retables, eux-mêmes construits dans le cadre de la Contre-Réforme, d'où les amples drapés, les visages expressifs et les poses pleines de vie qui les caractérisent et les embellissent. La qualité ici n'est pas un vain mot : les sculptures ont été créées par les meilleurs artistes d'Anjou et du Maine. On y retrouve Pierre Biardeau, Charles Hoyau, Gervais Ier et Gervais II Delabarre.
Catholiques et Protestants s'opposent au Concile de Trente (réuni trois fois entre 1545 et 1563). La Réforme refuse le culte des saints et de la Vierge. Pour marquer

sa différence, la Contre-réforme des catholiques va les accentuer. Les saints et les saintes sont présentés comme des intercesseurs auprès de Dieu. La Vierge, quant à elle, va bénéficier d'une dévotion particulière. Retables, autels et statues se multiplient ; les œuvres d'art abondent par milliers, parfois des chefs-d'œuvre.
On en donnera ici deux exemples : 1) «La Vierge s'apprêtant à allaiter l'Enfant» est une terre cuite achetée en 1900 par Mgr Pasquier à un marchant angevin. Si l'auteur est anonyme, la technique est éprouvée : grande maîtrise des formes et dessin parfait. Les spécialistes détectent, dans la légère accentuation des lignes, «les dernières influences du courant maniéristes dans la seconde moitié du XVIe siècle» (cf source). 2) «La Vierge dite de Nozé» (voir photos juste au-dessous) que certains regardent comme un chef-d'œuvre. Créée pour le couvent de la Visitation à Angers, la Révolution faillit lui jouer un mauvais tour. Extirpée de la chapelle de son couvent, les révolutionnaires, en 1793, la prirent pour la déesse Raison. Bonnet phygien sur la tête, elle fut promenée à travers les rues de la ville. Revenus de leur erreur, ils voulurent la briser, mais elle fut finalement sauvée et trouva refuge à Nozé, près d'Écouflant, dans la maison du boucher de la communauté. C'est là que Mgr Pasquier la découvrit et l'acheta.

Source : L'église collégiale Saint-Martin, article : Le cortège du maniérisme, les quarante sculptures de la collection de l'École des Hautes Études Saint-Aubin par Anna Leicher, conservateur délégué des Antiquités et Objets d'art.

La maquette de la collégiale
La maquette de la collégiale
telle qu'elle se présente depuis 2006.
Une partie de la nef et le chœur
Une partie de la nef et le chœur.
La toiture de la nef date de la restauration (1988-2006).
La nef lors des fouilles
Les restaurateurs ont eu la bonne idée de laisser quelques mètres du sol de la nef à l'état
où il se trouvait lors des fouilles. Le carrelage ocre du sol de la collégiale est moderne :
il est posé sur la dalle de béton qui a recouvert le niveau inférieur de l'édifice.
Vierge à l'Enfant dite de Nozé
Vierge à l'Enfant dite de Nozé.
Pierre Biardeau, terre cuite polychrome, vers 1660.
Saint Paul attribué à Pierre Biardeau
Saint Paul attribué à Pierre Biardeau.
Terre cuite polychrome, milieu du XVIIe siècle.
Sainte Julie attribuée à Pierre Biardeau
Sainte Julie attribuée à Pierre Biardeau.
Terre cuite polychrome, milieu du XVIIe siècle.
Vierge à l'Enfant dite de Nozé
Vierge à l'Enfant dite de Nozé.
Pierre Biardeau, terre cuite polychrome,
vers 1660.
Saint Paul attribué à Pierre Biardeau
Saint Paul attribué à Pierre Biardeau.
Terre cuite polychrome, milieu du XVIIe siècle.
Sainte Julie attribuée à Pierre Biardeau
Sainte Julie attribuée à Pierre Biardeau.
Terre cuite polychrome.
Milieu du XVIIe siècle.

La Collégiale Saint-Martin à la Révolution. En juillet 1789, le chapitre canonial de Saint-Martin comprend un doyen, un chantre et neuf chanoines. Six d'entre eux ont rédigé un cahier de doléances cinq mois plus tôt. À ces dignitaires s'ajoutent les membres du «bas-chœur», qui sont au service du chapitre. En novembre 1790, le directoire du district d'Angers annonça aux chanoines de la Collégiale que le chapitre était supprimé. Les religieux sont chassés. Un seul prêta serment à la constitution civile du clergé, deux seront guillotinés, un autre mourra en prison. Les autres émigreront ou seront déportés en Espagne. Certains membres du bas-chœur arriveront à survivre avec une petite pension.
En janvier 1791, à la suite d'un décret de l'Assemblée constituante limitant à huit le nombre de paroisses d'Angers. Exit celle de Saint-Martin qui sera répartie entre les paroisses voisines. Laissé à l'abandon, le bâtiment se voit peu après transformé en bibliothèque publique et doit même héberger quelque temps un régiment de cavalerie. Bien sûr, l'endroit n'est pas fait pour entreposer autant de livres (qui sont surtout issus de communautés religieuses). L'humidité fait son œuvre. Un pan d'étagères s'écroule. Les ouvrages giseront par terre jusqu'au

transfert de la bibliothèque à l'évêché en 1798.
La Collégiale est achetée en juillet 1796 par deux particuliers. Ils ne prendront possession des lieux que deux ans plus tard lorsqu'elle sera vidée de ses livres. La chapelle Notre-Dame des Anges sera alors transformée en buanderie, l'abside servira même d'écurie après la destruction des consoles gothiques pour ne pas blesser les chevaux. Le reste du bâtiment devient magasin de bois de chauffage. Le propriétaire remblaie les lieux et bouche presque toutes les fenêtres... afin de payer moins d'impôts! L'humidité redouble au point que l'édifice sera utilisé par l'administration des tabacs pendant quarante ans. Évidemment la détérioration s'accentue. En mars 1828, la toiture de la nef s'effondre ; elle restera à l'état de cour jusqu'à la fin du XXe siècle. L'étage supérieur du clocher est abattu l'année suivante. En 1847-1848, ce sont les restes du cloître qui disparaissent. Peu après, la partie centrale de la façade ouest est démolie.
Source : L'église collégiale Saint-Martin, brochure éditée par le magazine 303. Article de Daniel Prigent et Jean-Yves Hunot, archéologues départementaux du Maine-et-Loire.

Bas-côté nord de la collégiale
Bas-côté nord de la collégiale.
Il donne sur l'absidiole nord : la chapelle Notre-Dame des Anges.
Deux «Vierge à l'Enfant»
Vierge à l'Enfant, école angevine, XVIIe siècle (à gauche)
et Vierge à l'Enfant de Charles Hoyau, vers 1640 (à droite).
Vierge à l'Enfant, École angevine, terre polychrome, XVIIe siècle
Vierge à l'Enfant.
École angevine, terre polychrome, XVIIe siècle.
Vierge à l'Enfant attribuée à l'atelier de Charles Hoyau
Vierge à l'Enfant attribuée à l'atelier de Charles Hoyau.
Terre cuite polychrome, vers 1640.
Vierge à l'Enfant attribuée à Pierre Biardeau
Vierge à l'Enfant attribuée à Pierre Biardeau
Terre cuite polychrome, milieu du XVIIe siècle.
Le transept et ses grands arcs massifs du Xe siècle
Le transept et ses grands arcs massifs du Xe siècle
Sculpture gothique dans la chapelle Notre-Dame des Anges
Sculpture gothique dans la chapelle Notre-Dame des Anges.
Clé de voûte dans le chœur
Clé de voûte dans le chœur,
Le Christ et l'Eucharistie.
Clé-de-voûte dans le chœur
Clé-de-voûte dans le chœur.

La restauration de la collégiale prit vingt ans. L'architecte en chef proposa la restauration des parties détruites telles qu'on les connaissait par la documentation. La nef, qui n'était plus qu'une cour avec trois arcades médiévales, exigea un travail fastidueux. Pour laisser lisibles les traces de la restauration, on utilisa le schiste ardoisier (photo à droite), matériau qui se distinguait assez de la maçonnerie médiévale. Les fenêtres romanes furent conservées, on aménagea la crypte pour y dévoiler les vestiges des premières églises.
Ce long travail est une réussite. La Collégiale Saint-Martin dégage une atmosphère de calme et de sérénité médiévale, encore rehaussée par les statues de la collection Saint-Aubin. Elle est maintenant prévue pour assurer des expositions temporaires, des concerts et des conférences. Un endroit à ne pas manquer si vous passez à Angers.

Chapelle Notre-Dame des Anges (absidiole nord)
Vierge à l'Enfant attribuée à l'atelier de Charles Hoyau
Vierge à l'Enfant attribuée à l'atelier de Charles Hoyau.
Terre cuite polychrome, vers 1640.
Élévations dans la nef
Élévations dans la nef.
Sculpture gothique dans la chapelle Notre-Dame des Anges
Sculpture gothique dans la chapelle Notre-Dame des Anges.
«««--- À GAUCHE
Chapelle Notre-Dame des Anges (absidiole nord)
avec deux sarcophages de la période carolingienne.
Sculpture gothique dans la chapelle Notre-Dame des Anges
Sculpture gothique
Chapelle Notre-Dame des Anges.
Sculpture gothique dans la chapelle Notre-Dame des Anges
Sculpture gothique
Chapelle Notre-Dame des Anges.
«Déploration du Christ» par F. Escudero, 1917
«Déploration du Christ» par F. Escudero,
Terre cuite, 1917.
Anne et la Vierge, Pierre polychrome, milieu du XVIIe siècle
Anne et la Vierge
Pierre polychrome, milieu du XVIIe siècle.
Saint Évêque, Pierre polychrome, XVIIIe siècle
Saint Évêque
Pierre polychrome, XVIIIe siècle.
Vue d'ensemble des vitrines de la sacristie (absidiole sud)
Vue d'ensemble des vitrines de la sacristie (absidiole sud).
Console aux deux anges par Léon Morice, vers 1902, bois
Console aux deux anges par Léon Morice,
sculpteur angevin, vers 1902, bois.
La voûte du chœur (époque gothique)
La voûte du chœur (époque gothique).
La voûte à la croisée du transept
La voûte à la croisée du transept.

Les monuments religieux à Angers. Saint-Martin fait partie d'un remarquable ensemble de monuments religieux qui parsèment la ville. On y découvre les différentes phases de l'évolution architecturale médiévale : le XIe siècle avec le Ronceray, le gothique angevin est illustré par la cathédrale Saint-Maurice, les églises de la Trinité, Saint-Jean, Saint-Serge, Toussaint (galerie David d'Angers). Saint-Serge illustre également le gothique tardif. Plus proche de nous, on pourrait ajouter le néogothique avec Saint-Joseph et le romano-byzantin avec Notre-Dame-des-Victoires.

Élévations droites dans la nef
Élévations droites dans la nef.
Les arcades du premier plan (en couleur claire) datent de l'époque de Foulques Nerra (XIe siècle)
Les deux dernières sur la droite ont été reconstruites lors de la dernière restauration.
Saint Jean-Baptiste
Saint Jean-Baptiste
Terre cuite, trace de polychromie, école de Hoyau.
Fin XVIe-début XVIIe siècle.
Saint Sébastien, attribué à Sébastien Leysner
Saint Sébastien, attribué à Sébastien Leysner
Terre cuite.
Fin du XVIIIe siècle.

Le monde des défunts. Les fouilles de Saint-Martin ont livré de nombreuses sépultures mérovingiennes. D'abord, ce sont des sarcophages en calcaire coquiller ou en tuffeau, contenant quelques rares objets, parfois du mobilier ; puis des sarcophages d'origine poitevine, avec quelquefois l'épitaphe du défunt sur la dalle. On y a trouvé beaucoup de squelettes d'enfants. Et aussi beaucoup de traces de pathologies osseuses. Les entailles observées sur les crânes, dues à des coups portés à l'arme blanche, attestent, sans doute aucun, d'une mort violente.
Source : La Collégiale Saint-Martin d'Angers, Éditions Ouest-France.

L'abside de la période gothique
L'abside de la période gothique.
Les trois statues-nervures sont des copies (il y en a cinq en tout). Les originaux ont été vendus au musée
de l'Université de Yale au début du XXe siècle. Les statues ont été décapitées à la Révolution.
Vierge de pitié, pierre polychrome
Vierge de pitié, pierre polychrome.
Fin du XVe-début du XVIe siècle.
Vierge de pitié, pierre polychrome
Vierge de pitié, pierre polychrome.
Fin du XVe-début du XVIe siècle
(détail de l'image de gauche).
Le sacraire gothique dans le chœur
Le sacraire gothique dans le chœur a réussi à parvenir
jusqu'à nous sans trop de dommages...
Carreaux de pavement en terre cuite, fin du XIIIe siècle
Carreaux de pavement en terre cuite, fin du XIIIe siècle dans une vitrine.
Ils sont remplacés aujourd'hui par un dallage ocre sur la dalle de béton.
Panneau «Adoration des bergers»
Panneau «Adoration des bergers».
École angevine ou mancelle, terre cuite polychrome, vers 1700.
Chapiteaux gothiques dans le chœur
Chapiteaux gothiques dans le chœur.
Le chœur a connu deux campagnes d'agrandissement à la période gothique.
Ceux de droite sont de la première période, ceux de gauche, de la seconde.

Prosper Mérimée et la collégiale Saint-Martin. Prosper Mérimée passe à Angers en 1835. Il trouve un monument dégradé, avec une nef encombrée de fagots de bois. Néanmoins, il en perçoit les richesses architecturales. Ses démarches auprès de la municipalité et de l'évêque pour rendre l'église à sa destination d'origine n'aboutissent pas. Mérimée revient en mai 1847 en tant qu'inspecteur général des Monuments historiques. Dans une lettre adressée à son ami Ludovic Vitet, président de la commission des Monuments historiques, il écrit :
«L'église Saint-Martin d'Angers vous est bien connue. Elle n'est pas beaucoup plus ruinée que vous ne l'avez vue autrefois il y a 7 ou 8 ans. Seulement les fagots du marchand de bois ont emporté le mortier des piédroits de la porte en sorte qu'ils sont aujourd'hui horriblement dentelés. Dans le chœur, une nervure est tombée et l'arc doubleau a besoin d'être repris. La coupole a perdu également une de ses nervures. Les transepts et le collatéral sud, le seul existant, sont couverts par une voûte en bois, peinte, fort curieuse, mais en pitoyable état. À tout prendre, ce qui reste a l'air assez solide et a bonne envie de vivre.
Nous sommes d'abord allés à la Mairie où nous n'avons trouvé que deux adjoints, l'un médecin, l'autre épicier, tous deux peu antiquaires, qui nous ont donné lecture d'une délibération récente du conseil municipal. Le sens est que le besoin d'une église nouvelle ne se faisant pas sentir à Angers, qu'aucune demande n'ayant été formée par l'autorité ecclésiastique, il n'y a pas lieu de s'imposer une charge extraordinaire pour l'acquisition de St-Martin. Nous avons fait de l'éloquence sur le respect dû aux vieux monuments et nous nous sommes retirés assez mal satisfaits les uns des autres.
Le lendemain, nous avons vu le maire, M. Giraud. Il nous a parlé des charges de la ville, des sacrifices qu'elle doit encore s'imposer pour des besoins de première nécessité, son pavage, une bonne troupe théâtrale, etc. Enfin, avec quelque peine, il en est venu à nous dire que si le gouvernement achetait St-Martin, la ville

consentirait peut-être un jour à l'accepter.»
Le même jour, l'évêque d'Angers, Mgr Angebault, se montrera retors à la proposition de la commission de rouvrir la collégiale au culte. Utiliser Saint-Martin, certes, mais pour le catéchisme, certainement pas pour en faire «une paroisse ou une succursale», solution qui se traduirait par la baisse des revenus de la cathédrale Saint-Maurice! En revanche, le prélat suggère d'en faire «un édifice diocésain, pouvant en cette qualité obtenir des secours du Ministère des Cultes.»
Alors que le marchand de bois propriétaire de la collégiale a déjà parlé gros sous et démolition, Prosper Mérimée va quitter Angers sur cette proposition de l'évêque pour laquelle celui-ci promet d'écrire au Ministère des Cultes. Plus loin dans sa lettre, l'inspecteur général écrit des mots assez piquants :
«Ce qu'il y a de déplorable, c'est que l'on est en train de bâtir près de St-Martin une église nouvelle, assez mal située et encore plus mal construite. Si nous eussions été prévenus à temps, nous aurions pu obtenir que l'on achetât la ruine carolingienne au lieu de faire quelque saloperie moderne.» La «saloperie moderne» n'est autre que l'actuelle église néo-gothique Saint-Joseph, commencée en 1846 à trois cents mètres de la collégiale !
En juillet 1847, Mérimée écrira une nouvelle lettre à Ludovic Vitet au sujet de la collégiale : «Mgr d'Angers m'écrit aujourd'hui qu'il préfère la destruction de St-Martin à son érection en paroisse. Ce sont ses propres termes. Je vous montrerai sa lettre jeudi à l'Académie.»
Le projet de revoir Saint-Martin réaffectée au culte catholique n'aboutira jamais. Au XXe siècle, le chœur - alors clôturé - sera transformé en chapelle. La restauration commencée en 1988 a finalement trouvé une solution satisfaisante.
Source : La Naissance des Monuments historiques, la correspondance de Prosper Mérimée avec Ludovic Vitet (1840-1848), édité par le Ministère de l'Éducation nationale, comité des travaux historiques et scientifiques.

Saint Venant attribué à Christophe et Jacques Saint-Simon
Saint Venant attribué à Christophe et Jacques Saint-Simon
Pierre polychrome, vers 1700.
La voûte lambrissée du roi René au-dessus d'un bras du transept (XVe siècle)
La belle voûte lambrissée du roi René au-dessus d'un bras du transept (XVe siècle).
Le bois est décoré de blasons et de fleurs de lys.
Mérimée la trouva couverte de peinture lors de ses visites en 1835 et 1847. Sa restauration, dans les années 1990, fut difficile.
Vierge s'apprêtant à allaiter l'Enfant
Vierge s'apprêtant à allaiter l'Enfant.
École mancelle, terre cuite, seconde moitié du XVIe siècle.
Vierge à l'Enfant, pierre polychrome, vers 1360
Vierge à l'Enfant, pierre polychrome, vers 1360.
Découverte dans les fouilles de la collégiale St-Martin en 1931.
Sainte Marguerite, pierre, XVIe siècle
Sainte Marguerite
Pierre, XVIe siècle
Découverte dans un cimetière voisin de la collégiale Saint-Martin.
Statues et vieilles pierres dans la nef
Statues et vieilles pierres dans la nef.
On reconnaît les statues de saint Jean-Baptiste (à droite) et saint Sébastien (au centre).
À gauche, statue d'un saint prêtre, école angevine ou mancelle, XVIIe siècle.
Tête de Christ signée de «Macé»
Tête de Christ signée de «Macé»
Il doit s'agir de l'Angevin Édouard-Louis Macé.
Terre cuite, fin du XIXe, début du XXe siècle.
Tête de saint Jean attribuée à Gervais 1er Delabarre
Tête de saint Jean
attribuée à Gervais 1er Delabarre.
Terre cuite polychrome, 1ère moitié du XVIIe siècle
(Sans doute un élément de retable).
Tête de Christ attribuée à Gervais 1er Delabarre
Tête de Christ
attribuée à Gervais 1er Delabarre
Terre cuite polychrome.
Première moitié du XVIIe siècle
(Sans doute un élément de retable).
Tête de saint Jacques attribuée à Gervais 1er Delabarre
Tête de saint Jacques
attribuée à Gervais 1er Delabarre.
Terre cuite polychrome
Première moitié du XVIIe siècle
(Sans doute un élément de retable).
Statues et arcades de Foulques Nerra (XIe siècle) sur le côté droit
Statues et arcades de Foulques Nerra (XIe siècle) sur le côté droit.
Tête de Christ signée de «Macé»
Tête de Christ signée de «Macé».
Il doit s'agir de l'Angevin Édouard-Louis Macé
Terre cuite, fin du XIXe, début du XXe siècle.
Christ en croix, bois polychrome, XVIIe siècle
Christ en croix
Bois polychrome, XVIIe siècle.
Christ en croix, bois polychrome, XVIe siècle
Christ en croix
Bois polychrome, XVIe siècle.
La nef et sa voûte restaurée vues depuis le chœur
La nef et sa voûte restaurée vues depuis le chœur.
La crypte dévoile les vestiges des premiers édifices religieux (il y a près
de 2000 ans) dont on voit les bases des maçonneries ---»»»
Vue de la crypte
Vue de la crypte où sont encore entreposées quelques tombes mérovingiennes.
Vue de la crypte
Vue de la crypte..

Documentation : «La Collégiale Saint-Martin d'Angers», Éditions Ouest-France + «L'église collégiale Saint-Martin», brochure éditée par le magazine 303
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