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Page créée en mars 2012
Saint Joseph dans le vitrail du retour du Temple

Dans le quartier d'Angers où se dresse l'église Saint-Joseph, ce n'est encore au XVIIIe siècle que la campagne. On est là à l'extérieur des remparts de la ville. S'y trouve une ferme que l'on appelle la Rossignolerie. En 1745, le Clergé l'achète pour en faire une maison de retraite pour les prêtres. La rigueur du règlement fait échouer l'entreprise. En 1773, les frères des écoles chrétiennes l'acquièrent et y transfèrent leur école. Élèves et étudiants contribuent alors à l'animation du quartier. En 1780, la chapelle de l'école est construite, dédiée à Saint-Joseph.
La Révolution met tout en sommeil. Avec le Concordat, les paroisses du diocèse sont redessinées. Celle de Saint-Joseph est créée : la chapelle devient église. La ville s'étend : rue après rue, le quartier s'ébauche et s'étoffe. En 1835, le jeune curé de la paroisse, Jacques Lasne, veut construire une nouvelle église. Il achète un terrain non loin de là. L'édifice sera bâti de 1846 à 1851 en style néogothique, puis cédé à la ville en 1854, en remboursement de dettes. En 1877, les clochers et leurs flèches sont ajoutés ainsi que l'ornementation de la façade. Vers 1890, c'est au tour de la verrière, un ensemble très coloré consacré à la vie de saint Joseph et créé par l'atelier angevin Megnen-Clamens-Bordereau. Enfin, en 1958, les flèches, menaçantes pour la solidité de l'ensemble, sont arasées ; les tours sont consolidées.

Vue d'ensemble de la nef néogothique de l'église Saint-Joseph
Vue d'ensemble de la nef néogothique de l'église Saint-Joseph.

Architecture. L'église Saint-Joseph est construite en 1845 et 1851 par l'architecte Jacques-Louis François-Villiers. La façade est due à l'architecte Auguste Beignet et l'entrepreneur Vallée. Les ornementations (statues et bas-relief) que nous pouvons en voir ne sont malheureusement qu'une petite partie des ornementations d'origine. Les travaux et les ravalements successifs l'ont cruellement dépouillée.
La longueur totale de l'église fait 55 mètres ; sa largeur, 13 mètres. La hauteur à la croisée du transept atteint 23 mètres. Le caractère très bombé des voûtes d'ogive les classe en gothique angevin Plantagenêt. En 1897, les voûtes se lézardent. Elles

sont alors consolidées en même temps que les tours.
Le style néogothique de Saint-Joseph est très classique. Sur chaque élévation de la nef, des piliers multicolonnes assez saillants viennent buter sur des chapiteaux à thème floral, là où naissent les arcs de la voûte. On remarquera la présence d'une frise horizontale, sous la verrière, pour couper l'élévation en deux parties. Dans le bas, à droite et à gauche, une rangée de boiseries surmontée d'un crénelage donne un heureux aspect de berceau à la nef.

La façade néogothique de Saint-Joseph
La façade néogothique de Saint-Joseph.
Statue de saint Joseph
Statue de saint Joseph
devant la rose de la façade.
Statue symbolisant la Synagogue
Statue symbolisant la Synagogue.
Elle tient les tables de la Loi et regarde vers le bas.
En face d'elle, et non reproduite, ici se tient l'Église,
couronnée, qui regarde devant elle...

À l'origine, les tours étaient surmontées chacune d'une flèche. Mais le poids excessif menaçait la solidité de l'ensemble.
Vers 1897, on consolida la structure. En 1958, les tours seront arasées et reliées par une galerie de béton ajourée.

Le portail de la façade néogothique
Le portail de la façade néogothique.
Il a été achevé en 1874.
Tympan et frise du portail central
Tympan et frise du portail central.
Le tympan représente une halte pendant la fuite en Égypte.
Vitrail de l'abside : «Le Songe de Joseph»
Vitrail de l'abside : «Le Songe de Joseph» (détail de la moitié supérieure).
On remarquera, sur la gauche, une scène symbolisant le massacre des Saints Innocents.
Voir le vitrail entier plus bas.

Tympan d'une porte latérale : La Sainte famille ---»»»
Vitrail central de l'abside
Vitrail central de l'abside
Il illustre une scène des Textes apocryphes où Joseph est choisi entre plusieurs
prétendants à Marie parce que seul son bâton a fleuri.
frise du tympan
Bas-relief dans la frise du tympan : le Miracle des blés.

La scène représente les soldats d'Hérode poursuivant la Sainte Famille et arrivant près d'un champ que des paysans sont en train d'ensemencer. À peine semée, la graine devient un épi haut comme un homme. Les paysans peuvent alors répondre : «Nous les avons vu passer quand nous semions ce blé», laissant croire aux soldats qu'ils sont passés il y a bien longtemps. Voir le même thème traité dans le vitrail du XIIIe siècle (restauré au XIXe) de la vie de la Vierge à l'église Saint-Pierre de Saint-Julien-du-Sault (Yonne).

Tympan d'une porte latérale : La Sainte famille
Le maître-autel et la nef vus depuis le chœur
Le maître-autel et la nef vus depuis le chœur.
Confessionnal néogothique dans le transept
Confessionnal néogothique dans le transept.
Chemin de Croix : «Sainte Véronique essuie le visage de Jésus»
Chemin de Croix
«Sainte Véronique essuie le visage de Jésus».
Vitrail de Jean Clamens, 1894
Vitrail de Jean Clamens, 1894.
Au-delà du magnifique décor de châteaux forts et de costumes médiévaux qui fait de ce vitrail-tableau une vraie splendeur, il est difficile d'y reconnaître un épisode du Nouveau Testament. On optera pour «le Retour du Temple», lieu où Jésus a impressionné tous les docteurs de la Loi, en
laissant ses parents dans la plus grande inquiétude pendant trois jours.
***
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher en gros plan.
Chapiteaux néogothiques à thème floral dans la croisée du transept
Chapiteaux néogothiques à thème floral dans la croisée du transept.

«Une saloperie moderne».
De passage à Angers en 1835, Prosper Mérimée, qui a remplacé Ludovic Vitet au poste d'inspecteur général de la Commission des Monuments historiques, quitte la ville avec la volonté de sauver ce qui reste de la Collégiale Saint-Martin, un vestige carolingien de grande valeur détenu par un marchand de bois. L'idéal serait que la municipalité la rachète, mais les fonds manquent. Le maire suggérait bien de vendre les ruines de l'église de l'ancienne abbaye Toussaint (actuelle galerie David d'Angers) qui sert de musée lapidaire à la ville, mais Mérimée a toujours refusé compte tenu de la valeur historique de ce dernier monument.
En mai 1847, de retour à Angers, Mérimée constate qu'une certaine église Saint-Joseph est en construction... D'où vient le financement ? Dans son historique de l'église, le site Internet du diocèse d'Angers rapporte qu'il faut y voir l'action d'un curé dynamique, Jacques Lasne, nommé en 1835 à la cure de Saint-Joseph. À cette époque, ce n'est qu'une chapelle dans un lycée impérial, mais Lasne veut du neuf et du grand ! Et son projet va aboutir grâce à des subventions diverses et l'aide des paroissiens. Mérimée, qui a compris que les subventions (tout ou partie?) venaient de la mairie, écrit tout son courroux à Ludovic Vitet, président de la Commission : «(...) Ce qu'il y a de déplorable, c'est qu'on est train de bâtir près de St-Martin une église nouvelle, assez mal située et encore plus mal construite. Si nous eussions été prévenus à temps, nous aurions pu obtenir que l'on achetât la ruine carlovingienne au lieu de faire quelque saloperie moderne. (...)»
En 2012, la «saloperie moderne», que le romancier n'a vue qu'en construction, avance tout doucement vers ses deux siècles d'existence... Même si la verrière de Jean Clamens est magnifique, il faut reconnaître que les travaux de consolidation indispensables engagés en 1897 et en 1958 donnent quelque poids à la critique acerbe de Mérimée.
Source : La Naissance des Monuments historiques, la correspondance de Prosper Mérimée avec Ludovic Vitet (1840-1848), édité par le Ministère de l'Éducation nationale, comité des travaux historiques et scientifiques.

Confessionnaux néogothiques dans la nef
Confessionnaux néogothiques dans la nef.
Chemin de Croix, station IV : «Jésus rencontre sa mère»
Chemin de Croix, station IV
«Jésus rencontre sa mère».

La verrière de Saint-Joseph est de haute tenue. Dans seize vitraux-tableaux, la Sainte Famille a été placée dans un environnement médiéval avec ses costumes, ses châteaux et ses maisons. Atelier Megnen-Clamens-Bordereau, Angers (vers 1894-95).

Vitrail : Présentation d'un jeune garçon à Joseph
Vitrail : Présentation d'un jeune garçon
à Joseph (détail).
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher
dans sa totalité.
L'escalier en bois qui conduit à la tribune
L'escalier en bois qui conduit à la tribune.
Statue de saint Joseph avec sa bisaiguë
Autel Saint-Joseph dans le transept droit
Statue de saint Joseph avec sa bisaiguë.
Le sanctuaire
Le sanctuaire.
L'abside est partagée en cinq fuseaux séparés par des colonnettes très saillantes.
Christ en croix dans le chœur
Christ en croix dans le chœur.
La sculpture funéraire de Jacques Lasne (1795-1877)
Transept droit
La sculpture funéraire du curé Jacques Lasne (1795-1877).

Le chœur et le transept droit. ---»»»
Le chœur et le transept droit
Vitrail dans l'abside : Le Songe de Joseph
Vitrail dans l'abside
« Le Songe de Joseph».
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À DROITE ---»»»
Transept droit : Autel Saint-Joseph.
Statues de saint Julien et de saint Georges
dans le retable.
Transept droit : Autel Saint-Joseph
Transept droit : Autel Saint-Joseph.
Cas rare : le saint est représenté avec sa bisaiguë (instrument de travail du charpentier).
Voir Joseph en gros plan, plus haut.
Statues de saint Augustin et saint Martin
Autel Saint-Joseph.
Statues de saint Augustin et saint Martin
dans le retable.
Statues de saint Julien et de saint Georges Vitrail dans l'abside : «L'Adoration des bergers», détail (1894)
Vitrail dans l'abside : «L'Adoration des bergers», détail (1894).
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«Pie IX proclame Joseph patron de l'Église Universelle»
Vitrail dans la nef.
«Pie IX proclame Joseph patron de l'Église Universelle»
Atelier Megnen-Clamens-Bordereau, Angers (1894)
Voir un autre vitrail sur ce thème à l'église Saint-Rémi à Troyes.
Le chœur et le transept droit
Le chœur et le transept droit.

Joseph. En 1870, le pape Pie IX proclame Joseph patron de l'Église Universelle. Sa fête est fixée au 19 mars. En 1955, le pape Pie XII crée une seconde fête dédiée à Joseph le Travailleur. Celle-ci est fixée au 1er mai, jour de la fête du Travail.
Il faut reconnaître que le Nouveau Testament est peu prolixe sur la vie de Joseph en tant que protecteur de Marie et de Jésus. Les auteurs des Textes apocryphes (XIVe siècle) ont veillé à combler cette lacune, notamment en rajoutant l'épisode des prétendants (voir le vitrail plus haut).
Le culte de Joseph existait déjà en Orient au IVe siècle. En Occident, il fallut attendre Thérèse d'Avila et les jésuites. Joseph a été fait patron du Mexique en 1555 et du Canada en 1624, sans doute sous l'action des jésuites.
Source : La Bible et les saints, Édition Flammarion.

«L'Adoration des anges», détail (1894)
Vitrail dans le transept droit
«L'Adoration des anges», détail (1894).

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Le chœur et le transept gauche
Le chœur et le transept gauche.
«La Fuite en Égypte», détail (Jean Clamens, 1894)
Vitrail du transept.
«La Fuite en Égypte», détail (Jean Clamens, 1894).
Toile de Livache (1870) : Le prêtre Noël Pinot célèbre une messe clandestine
Bras gauche du transept.
Toile de René-Victor Livache (1831-1909) : Le prêtre Noël Pinot célèbre une messe clandestine
On remarquera les deux enfants sur la gauche, qui semblent regarder la scène depuis l'extérieur du cadre!.
La toile date de 1870.
Toile de Livache (1870) : Le prêtre réfractaire Noël Pinot monte à l'échafaud le 21 février 1794.
Bras gauche du transept.
Toile de Livache (1870) : Le prêtre réfractaire Noël Pinot monte à l'échafaud le 21 février 1794.
«Le Mariage de la Vierge», partie centrale
Vitrail de l'abside.
«Le Mariage de la Vierge», partie centrale.
Retable de la Vierge
Bras gauche du transept
Retable de la Vierge.

«- Cliquez sur les vitraux pour les afficher en gros plan -»

Le croisillon gauche du transept contient une grande toile marouflée de René-Victor Livache (1831-1909), peinte vers 1870 et découpée en deux tableaux. Elle représente deux scènes de la vie de Noël Pinot, prêtre réfractaire guillotiné à Angers en pleine Terreur le 21 février 1794. Le premier tableau (ci-dessus) illustre une messe clandestine pendant la Révolution. Le deuxième (ci-contre) montre le prélat montant à l'échafaud, accompagné de deux anges.

« La Sainte Famille», partie centrale (Jean Clamens 1894)
Vitrail dans le transept.
« La Sainte Famille», partie centrale.
(Atelier Megnen-Clamens-Bordereau à Angers, 1894).
L'orgue de tribune est dû aux ateliers Aristide Cavalier-Coll
L'orgue de tribune est dû aux ateliers Aristide Cavalier-Coll.
Il a été inauguré en novembre 1879.
Statue de la Vierge dans le retable
Bras gauche du transept.
Statue de la Vierge dans le retable.
L'orgue de tribune : ange penché au balcon
L'orgue de tribune : ange penché au balcon.
Il tient un écusson orné d'une abeille, emblème de Napoléon Ier.
«La Nativité», partie centrale (1894)
Vitrail dans l'abside.
«La Nativité», partie centrale (1894).
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan.
Le roi David jouant de la lyre
Cul-de-lampe sous le buffet de l'orgue.
Le roi David jouant de la lyre.
Il est accompagné de sainte Cécile (voir ci-dessous).
«L'Adoration des Mages», partie centrale
Vitrail de l'abside.
«L'Adoration des Mages», partie centrale
(1894).
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan.
Sainte Cécile jouant d'un instrument de musique
Cul-de-lampe sous le buffet de l'orgue :
Sainte Cécile jouant d'un instrument de musique.

À DROITE ---»»»

En haut : dans le transept
Rose de la Fuite en Égypte, partie centrale
(1894).

Ci-contre : dans la nef
«Le Couronnement de Joseph», partie centrale (1894)
Ce vitrail dont la «griffe» est nettement différente
des autres est signé : «Fonteneau, BARTHE BORDEREAU»
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan.
Rose de la Fuite en Égypte, partie centrale
«Le Couronnement de saint Joseph», partie centrale (1894)
La nef vue du chœur et son orgue Cavaillé-Coll
La nef vue du chœur et son orgue Cavaillé-Coll.

Documentation : Panneaux affichés dans la nef + site Web du diocèse d'Angers
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