|
|
|
L'église Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts
a été érigée en 1902 par l'architecte
Joseph-Émile Vaudremer (1829-1914) aidé de Paul Bischoff
et Lucien Roy. La municipalité voulait remplacer la chapelle
de l'hospice des Quinze-Vingts, devenue église paroissiale
en 1802, trop petite pour une population en augmentation. Rappelons
que c'est Louis IX qui créa l'Hospice des Quinze-Vingts en
1259 pour accueillir trois cents aveugles (15 fois 20).
L'église, construite en brique et en pierre, est de style
néoroman. Certaines parties et décorations sont typiques
de l'Art nouveau de l'École de Nancy. Sa verrière,
créée par l'atelier parisien Champigneulle, est très
académique, avec sa série de saints et de saintes.
En revanche, on remarque une petite coupole
du chur conçue d'une manière assez révolutionnaire
pour l'époque (1902) : du verre moulé lié par
du ciment. La technique allait être largement reprise. François
Décorchemont utilisera aussi le ciment pour lier sa pâte
de verre dans la grande verrière de l'église
Sainte-Odile, à Paris, en 1937.
L'église Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts est toute proche
de la gare de Lyon. Si vous avez du temps avant de prendre le train,
n'hésitez pas à y faire un tour. En semaine, elle
est ouverte toute la journée.
|
|
Vue d'ensemble de la nef de Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts |
La façade et le clocher, avenue Ledru-Rollin (Paris 12e
arr.) |
Décorations florales et entrelacs sur le haut de la façade |
Architecture.
Les deux côtés de la nef sont meublées
d'arcades en plein cintre, surmontées de petites
arcatures gémellées au niveau de la tribune.
Les arcades sont séparées par de lourds
piliers dépouillés, dont la seule ornementation,
avant l'arc doubleau, est un chapiteau très massif
d'une forme peu classique. Les tribunes sont éclairées
par des vitraux de verre blanc presque horizontaux.
Malgré tout, ces derniers, ajoutés à
la série de vitraux des saints et des saintes
au-dessus des tribunes, ne suffisent pas à éclairer
convenablement l'édifice, qui reste assez sombre.
|
|
Élévations droites dans la nef
Il n'y a pas de vitraux au premier niveau, ce qui explique que
l'église soit assez sombre. |
|
Le Sacré-Cur
Vitrail de l'atelier Charles Champigneulle (1911) |
Chemin de croix, station 1 : La Cène |
|
Les bas-côtés aboutissant aux autels absidiaux
Ici l'autel de la Vierge |
La tribune et les lourds piliers néoromans.
On remarque la présence d'une étroite frise néoromane
qui suit la courbure des arcades le long de la nef.
«««--- Les plaques (en grès?) du Chemin de
croix sont fixées au-dessus des arcades des bas-côtés.
|
Ainsi se présente la série des vitraux consacrés
aux saints et aux saintes au troisième niveau de l'élévation
: un vitrail
central est dédié au saint patron d'un donateur pour
la construction de l'église (ici sainte Julitte) ; il est entouré
de deux vitraux à formes géométriques enrichi
de prières. Vitraux de l'atelier Charles Champigneulle (1911)
|
Autel absidial gauche de la Vierge de style Art nouveau |
Saint
Antoine le Grand. La dédicace des églises
à ce saint homme est moins répandue que celle
à saint Antoine de Padoue. Il est vrai que celui qui
est regardé comme le fondateur de l'érémitisme
chrétien n'a pas une vie très passionnante :
des prières dans une grotte, des leçons d'édification
morale à ses quelques disciples, et des histoires farfelues
de démons vicelards qui veulent sa peau. La Tentation
de saint Antoine est un thème très illustré
par les peintres. Le tableau de Salvador Dali, qui date de
1946, est l'un des plus connus : des éléphants
magnifiquement stylisés présentent au saint
homme les tentations de ce monde, dont deux femmes nues qui
offrent leur corps à la concupiscence des mâles...
La vie de saint Antoine nous est connue par la Légende
dorée de Jacques de Voragine, elle est également
rappelée par d'autres exégètes comme,
au XIXe siècle, le père Giry dans son important
ouvrage sur la vie des saints.
Antoine naît en Haute Égypte en 251, dans le
petit village de Come, Dèce étant empereur de
Rome. Ses parents sont riches, nobles et catholiques. Ils
choisissent de l'élever à l'écart des
autres pour qu'il reste pur. «(...) il passa sa jeunesse
dans une grande innocence : sobre, religieux, obéissant,
et aimant, comme Jacob, à demeurer dans la maison de
son père», écrit le père Giry.
Vers vingt ans, ses parents décèdent. Il reste
seul avec une sur. Sa vocation se dessine quand il entend
lire dans une église cette parole de l'évangile
de Matthieu : «Si tu veux être parfait, va, vends
tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, suis-moi, et tu auras
un trésor au ciel.» Alors, il vend tous ses biens,
les distribue aux pauvres, place sa sur auprès
de filles vertueuses et part dans le désert. À
cette époque, les monastères n'existent pas
encore. Ceux qui font retraite sont des ermites : ils travaillent
de leurs mains en gardant le strict minimum pour survivre,
prient, lisent les Écritures et se rendent visite les
uns les autres. Antoine, par sa dévotion, y gagne bientôt
une réputation de sainteté. Voyant une vie si
parfaite, si dévouée à son Créateur,
le démon décide de le tenter. Le regret d'avoir
quitté le monde, le
|
doute sur sa condition, l'attrait
de la sensualité s'ajoutent aux nuits de cauchemars,
mais rien n'y fait. Les prières et les mortifications
sont les plus fortes. Le démon prend forme humaine,
se jette à ses pieds et s'avoue vaincu.
Antoine se retire alors dans un sépulcre, nourri seulement
grâce à la bienveillance d'un ami. Le sachant
abandonné de Dieu, parce qu'Il souhaite éprouvé
sa foi, le diable va redoubler ses assauts contre le saint
homme, au point de le laisser évanoui et couvert de
plaies. Après avoir guéri de ses blessures,
c'est toute une sarabande de démons qui se déchaîne.
«(...) Antoine vit paraître des figures horribles
de lions, de taureaux, de loups, d'aspics, de serpents, de
scorpions, d'ours, de tigres et d'autres bêtes sauvages,
lesquelles, chacune à l'envi, s'efforçaient
de l'épouvanter et de lui nuire (...)», écrit
le père Giry dans sa vie des Saints. Mais, grâce
à la prière et l'aide de Dieu, l'ermite tient
bon. Il a alors trente-cinq ans et décide d'aller vivre
au-delà du Nil, en haut d'une montagne, dans un vieux
château habité par des serpents. Jusqu'à
présent, Antoine était un ascète, nom
donné à l'époque à ceux qui se
retiraient du monde pour s'adonner à la prière
et à la mortification. Ils restaient à proximité
des villes ou vivaient dans les villes elles-mêmes.
Certains, pourtant, que l'on qualifie aussi d'ascètes,
se rendaient utiles et prenaient en charge un ministère
ecclésiastique ou l'instruction du peuple. Avec son
départ au-delà du Nil, nous apprend le père
Giry, Antoine change de catégorie : d'ascète,
il devient anachorète. Et la vie qu'il va embrasser
dans le désert, loin de tout lieu habité, va
faire de lui le père de la vie monastique et érémitique.
Revenons au château : les serpents lui cèdent
la place et l'enceinte lui sert de cellule. Un ami le ravitaille
en pain et en eau deux fois l'an, depuis le toit pour qu'Antoine
ne le voie pas. Mais les esprits malins continuent de le harceler
par des tentations de toutes sortes qui ne font que redoubler
sa ferveur et sa foi. Arrivé à ce point, la
vie de saint Antoine le Grand dans la Légende dorée
n'est plus qu'une succession de sentences et de morales édificatrices
à la suite de discussions avec ses disciples. --»»
Suite 1
|
|
Chemin de croix, station 2 : Jésus est condamné |
Dessin sur la voûte (au-dessus des arcs doubleaux)
On donne ici le cheval, le paon et le poisson. |
|
|
|
Saint Adrien
Vitrail de l'atelier Champigneulle (1911) |
Saint Joseph
Vitrail de l'atelier Champigneulle (1911) |
|
L'entrée du chur et du bas-côté droit
jusqu'à l'autel Saint-Joseph |
À DROITE ---»»»
Chemin de croix, station 11 : Jésus est cloué
sur la croix
et station 14 : Jésus est remis à sa mère
|
|
|
|
Le chur et la chapelle axiale sont séparés par
une grille
L'important orgue de chur est visible sur la tribune gauche |
Sainte Élisabeth de Hongrie, partie centrale
Vitrail de l'atelier Charles Champigneulle (1911) |
Le Christ en croix dans le chur |
Chemin de croix
Station 8 : Jésus tombe pour la troisième fois |
Statue de saint Antoine le Grand dans le chur |
Saint Eugène
Vitrail de l'atelier Charles Champigneulle (1911) |
Saint
Antoine le Grand (suite 2). Arrive la querelle
de l'arianisme. Arius, théologien alexandrin,
soutient que Jésus est d'abord homme avant d'être
dieu, que la divinité n'est pas égale
entre le Père et le Fils, affirmations qui suscitent
un beau tollé. Nous sommes aux alentours des
années 320. Sur sa montagne, Antoine est aux
premières loges. Il écrit à Balac,
juge arien, cruel envers les catholiques, mais ne fait
que provoquer ses rires. En punition, cinq jours plus
tard, son cheval le renverse et le mord plusieurs fois
à la cuisse. Balac meurt quarante-huit heures
après. Dieu fait voir en esprit à Antoine
la désolation d'Alexandrie après la mise
à sac des sanctuaires par les Ariens. Devant
les larmes du saint, Il l'informe que l'Église
en sortirait victorieuse. Saint Athanase l'appelle à
Alexandrie pour s'opposer, par ses discours de sagesse
et sa parole inspirée de Dieu, aux prédicateurs
ariens.
Revenu à sa montagne, Antoine correspond avec
les puissants de ce monde , y compris Constantin Ier,
premier empereur chrétien.
--»»
Suite 3 et fin plus bas.
|
|
|
Les belles peintures
murales du chur, de style très
académique, sont l'uvre de Georges-Victor
Claude (1854-1921). La vie de saint Antoine y est
illustrée dans deux tableaux : 1) Antoine, jeune,
distribue ses biens aux pauvres ; 2) devenu ermite,
il prie pour chasser les tentations. Cette deuxième
scène a été largement illustrée
par les peintres. De l'autre côté du chur,
Claude a représenté un des Docteurs de
l'Église, saint Grégoire le Grand, pape
de 590 à 604, auteur d'un sacramentaire qui est
la source du missel roman, et une sainte Cécile,
vêtue de vert et de blanc, jouant de la lyre.
|
|
Le chur et ses peintures murales ne peuvent se passer
de lumière artificielle.
Le caractère néoroman de l'édifice transparaît
très bien dans la suite d'arcades sur deux niveaux dans
la nef. |
Saint
Antoine le Grand (suite 1). Le père
Giry est plus prolixe. On apprend ainsi que l'antre
de l'ermite ne reste pas inconnue. Les visiteurs lui
demandent aide, conseils et guérison de leurs
maux. Tous entendent le bruit infernal des démons
qui tourmentent le saint. Giry écrit ainsi :
«La sainteté de vie du bienheureux Antoine
donna tant d'admiration que, du lieu où il était,
sa réputation se répandit par toute la
terre, traversant l'Afrique, l'Italie, l'Espagne et
la France, jusqu'aux provinces les plus éloignées
; de sorte que plusieurs troupes d'hommes touchés
de l'esprit de Dieu accoururent au désert pour
suivre ses traces et vivre sous sa conduite.»
Sans crainte de l'exagération, le père
ajoute : «Pour cet effet, on fonda plusieurs monastères,
et les déserts furent tellement remplis, qu'ils
semblaient être des villes peuplées d'habitants
célestes.»
Côtoyant ses disciples, Antoine va tracer sa règle
de conduite, faite de joie de vivre, d'humilité,
de discrétion et de mépris des choses
terrestres. Pour la gloire du Christ, il recherche le
martyre. En l'an 311, l'empereur Maximin rallume la
persécution contre les chrétiens à
Alexandrie. Antoine s'y rend, espérant y trouver
la mort. Il assiste ses coreligionnaires devant les
juges, les accompagne sur le lieu de leur supplice,
mais rien n'y fait. Il n'est pas arrêté.
Sur ordre, tous les religieux sont expulsés de
la ville, mais lui décide de rester et s'exhibe
dans une belle robe blanche sur la place publique. Peine
perdue. Dieu ne veut pas de lui. Alors il s'en retourne
à son monastère et se jette derechef dans
les prières et les mortifications. Cette partie
du récit du père Giry est intéressante.
À Alexandrie, l'ermite ne fait aucune provocation,
n'attaque pas les dieux des autres, ne s'oppose pas
à leur culte. À lire le père Giry,
Antoine se contente d'aider ses frères et de
se montrer ostensiblement dans la rue. Bien sûr,
Giry et notre saint en concluent que Dieu, refusant
sa mort, l'attend pour d'autres missions parmi les hommes.
Une interprétation plus bassement terrestre conduit
à constater que les autorités n'ont, dans
les faits, aucun motif pour l'arrêter. On pourrait
en conclure, à rebours, à la très
grande tolérance de l'autorité romaine.
Elle est tolérante avec les tolérants
: vous n'attaquez pas mes dieux, je n'attaque pas les
vôtres. La plupart du temps, les martyrs chrétiens
choisissaient de provoquer le pouvoir en refusant de
sacrifier aux dieux de l'Empire, attitude interprétée
comme le rejet des lois de Rome, l'irrespect envers
l'Empereur et donc le choix délibéré
du statut d'ennemi de l'État. Ou plus grave encore,
ils détruisaient les statues des dieux. Et la
peine de mort suivait. Dans le récit du père
Giry (tirée de l'histoire rapportée par
saint Athanase), personne ne demande à Antoine
de sacrifier aux dieux (ce qu'il aurait sûrement
refusé). Aussi, ne faisant aucun mal et respectant
les lois de l'Empire, peut-il aller et venir à
sa guise.
Revenu dans sa cellule, plongé dans sa ferveur,
le saint multiplie les miracles auprès de tous
ceux qui le visitent. Il chasse les maladies et les
possessions. Cependant, craignant un excès de
réputation, il décide encore une fois
de partir et s'en va en haute Thébaïde,
un lieu où il n'y a que des hommes sauvages.
En chemin, une voix lui commande de changer de route.
Plutôt que d'aller au sud, il doit se diriger
vers l'orient, vers la mer Rouge. Après trois
jours de marche, il arrive au mont Colzim et s'établit
au pied de la montagne, dans une étroite grotte,
tandis qu'une autre cellule, en haut du massif, lui
sert de refuge quand il a besoin de solitude. Car sa
grotte est bientôt découverte. Les religieux
affluent. Pour ne pas vivre au crochet des autres, il
cultive la terre, partage ce qu'il récolte, travaille
de ses mains et se fait obéir par les bêtes
sauvages auxquelles il ordonne de respecter le fruit
de son travail. Le démon continue de le harceler
: il assemble des animaux féroces pour l'épouvanter,
l'empêche de jouir de la félicité
spirituelle quand il prie, ou encore lui impose des
tentations et des visions de diables tourmenteurs des
âmes pécheresses. Antoine surmonte le mal
à force de nuits de prières, de ravissements
et de joie. --»»
Suite 2
|
|
«Saint Antoine distribue ses biens aux pauvres»
Peinture de Georges-Victor Claude (1854-1921) dans le chur |
«Saint Antoine en prière chasse les tentations»
Peinture de Georges-Victor Claude (1854-1921) dans le chur
|
Le chur, l'orgue de chur (Merklin) et les
peintures de Georges-Victor Claude |
La Mère de Dieu
Vitrail de l'atelier Charles Champigneulle (1911) |
|
|
Sainte Cécile jouant de la lyre
Peinture murale de Georges-Victor Claude (1854-1921) |
L'Art
nouveau. La photo de l'orgue de chur ci-dessous
est un exemple parfait du style Art nouveau tel qu'on peut
l'apprécier au musée de l'École de Nancy
(à Nancy). L'uniformité des bruns est frappante.
L'il ne détecte aucun contraste entre celui du
buffet de l'orgue, celui du parapet et celui du mur. Tout
cela crée une ambiance morne et triste, surtout quand
ce style et cette teinte s'étendent aux quatre murs
d'une pièce et à son plafond.
|
|
L'Art nouveau resplendit dans cette uniformité des bruns autour
de l'orgue de chur et des peintures murales |
Vitrail figuratif moderne |
Sainte Cécile jouant de la lyre, détail
Peinture murale de Georges-Victor Claude (1854-1921) |
Belle et rare statue de la Vierge embrassant l'Enfant |
«««---
Les trois vitraux figuratifs de l'abside s'harmonisent
bon an mal an
avec la rosace
de la Crucifixion au-dessus. Atelier Duchemin (2005) |
|
|
«Saint Antoine distribue ses biens aux pauvres»,
détail
Peinture de Georges-Victor Claude (1854-1921) dans le chur |
«Saint Antoine en prière chasse les tentations»,
détail
Peinture de Georges-Victor Claude (1854-1921) dans le chur
|
|
Saint
Antoine le Grand (suite et fin). Parmi les
religieux, on commence à l'appeler «le
Grand». Ses disciples fondent un premier monastère
(Pispir) à douze lieues de sa grotte, distance
fixée par l'ermite lui-même. Celui-ci s'y
rend souvent et s'entretient avec les visiteurs, après
qu'ils ont été reçus par Macaire,
futur saint lui aussi. Les autres monastères
fondés par ses disciples auront moins souvent
l'honneur de sa visite. Enfin, il apprend par révélation
que sa mort approche. Comme il ne veut pas être
embaumé, pratique qu'il condamne, il demande
à Macaire et Amathas - qui l'assistent dans les
dernières années de sa vie - de l'enterrer
dans un lieu qu'ils garderont secret. Sa mort survient
le 17 janvier 356, âgé de cent cinq ans,
écrit le père Giry. Qui poursuit : «C'était
une chose merveilleuse qu'avec tant de longues et excessives
pénitences que ce Saint avait pratiquées,
il n'eut pas perdu une seule dent, que sa vue n'eut
point diminué, et qu'il eut encore les jambes
fermes et le corps robuste ; ce qui était une
grande preuve de sa vertu, et de ce que Dieu opère
miraculeusement en faveur de ses serviteurs.»
Par révélation, Dieu se charge de faire
connaître l'emplacement du tombeau. Le corps est
transporté à Alexandrie, puis, vers 635,
à Constantinople, quand les Arabes conquièrent
l'Égypte. En 1070, l'empereur grec Romain Diogène
concède les reliques à Jocelin, l'un des
barons du Dauphiné, province de la France actuelle.
Elles arrivent à La-Motte-Saint-Didier, près
de Vienne, où l'on construit une église
pour les recevoir. Des moines bénédictins
de l'abbaye de Montmajour, près d'Arles, sont
appelés pour en assurer la garde. En 1090, une
maladie terrible, le Mal des ardents se répand
dans plusieurs régions et seule l'invocation
à saint Antoine soulage les malades. Alors les
pèlerins et les malades affluent dans l'église
Saint-Antoine de La-Motte-Saint-Didier. Un dénommé
Gaston, dont le fils a été guéri
du Mal des ardents, entreprend de faire construire un
hôpital à côté de l'église.
Ainsi commence l'histoire de l'ordre des Antonins, approuvé
par le pape Urbain II en tant que société
de frères hospitaliers. Mais hospitaliers et
bénédictins se querellent. En 1297, le
pape Boniface VIII décide d'en finir. Il érige
le prieuré de Saint-Antoine en abbaye, en fait
partir les moines de Montmajour et le donne aux Antonins.
Ceux-ci vivront désormais sous la règle
de saint Augustin. L'ordre eut de nombreuses maisons,
appelées, comme chez les Templiers, des commanderies.
Il fut incorporé à celui de Malte en 1776
et 1777 par bulles papales. À la Révolution,
nous dit le père Géry, il existait encore
soixante-six Antonins. Aujourd'hui, La-Motte-Saint-Didier,
en Isère, est devenu Saint-Antoine-l'Abbaye.
L'église abbatiale, érigée entre
le XIIIe et le XVe siècle, abrite les reliques
de saint Antoine le Grand.
Source :«Vie des saints» du père
Giry, éd. de 1862 ; «La Légende
dorée» de J. de Voragine, éditions
Diane de Selliers.
|
|
Le chur, précédé des statues de saint
Antoine et de saint Louis, est légèrement surélevé
par rapport à la nef. |
Rosace de la Crucifixion dans l'abside
Aucune information n'a pu être trouvée sur l'atelier
qui l'a créée.
Ce n'est pas vraiment le style de l'atelier Champigneulle. |
Une sainte dans la chapelle axiale |
|
Saint Grégoire le Grand
Peinture de Georges-Victor Claude (1854-1921) |
Un ange joue de la lyre dans la rosace de la Crucifixion |
Un ange en prière dans la rosace de la Crucifixion |
Un ange souffleur dans la rosace de la Crucifixion |
|
La coupole de verre, au-dessus du chur, n'est pas d'une
taille gigantesque. Elle mérite néanmoins
d'être observée dans une paire de jumelles pour
y découvrir les moulures des verres. |
Gros plan sur les verres moulés de la coupole, et liés
par le ciment |
La coupole
de verre est l'élément architectural
le plus intéressant de l'église. Conçue
par les ateliers Dorignies, cette coupole suit, à
l'époque de sa conception, une idée toute
nouvelle. C'est un assemblage de verres moulés,
liés par le ciment. La photo ci-dessus montre,
dans sa partie droite, ces verres savamment moulés
au niveau de la partie centrale, et, à gauche,
les verres des huit cadrans.
|
|
|
La chapelle axiale fait une impression étrange. La grille
qui la sépare du chur rappelle celle d'un zoo
ou d'un cirque, quand le dompteur fouette l'air pour disposer
de ses fauves... |
Rosace de la Crucifixion, partie centrale
Atelier de peintres-verriers inconnu |
Modèle des vitraux dans la nef : le Sacré-Cur
est entouré de deux vitraux
en verre blanc, ornés de formes géométriques
accompagnées de prières.
Vitrail de l'atelier Charles Champigneulle (1911) |
|
Statue de la Vierge à l'Enfant |
Statue d'une sainte |
À DROITE
---»»»
Saint Charles Borromée, détail
Vitrail de l'atelier Charles Champigneulle (1911)
|
|
|
|
Sainte Madeleine
Vitrail de l'atelier Charles Champigneulle (1911) |
Sainte Jeanne de Chantal
Vitrail de l'atelier Charles Champigneulle (1911) |
|
|
Rosace de la Crucifixion, partie basse
Deux anges sont entourés par le lion de Marc et le taureau
de Luc. |
Saint Marcel
Vitrail de l'atelier Champigneulle (1911) |
L'orgue de tribune est un Cavaillé Coll de 1884
(révisé en 1909, 1983, 1992 et 2004) |
Sainte Julitte, détail
Vitrail de l'atelier Champigneulle (1911) |
La nef de Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts vue du chur |
Documentation : «Paris d'église
en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4
+ «Églises parisiennes du XXe siècle», Action
artistique de la Ville de Paris, ISBN 2-905-118-87-3, article : «Les
matériaux ou les parures du béton» de Simon Texier
+ «La Légende dorée» de Jacques de Voragine,
éditions Diane de Selliers, ISBN 978-2-903656-47-8
+ «Vie des saints» par le père Giry, Paris, 1862,
article : «Saint Antoine le Grand, abbé» |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|