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L'histoire des origines de Chamalières
s'inscrit au conditionnel. Au Ve siècle, le comte d'Auvergne
aurait fondé, dans ce faubourg de Clermont, l'un des premiers
monastères de femmes (camaleria). Sa règle
de conduite aurait emprunté à trois autres : celles
de saint Benoît, de saint Césaire et de saint Colomban.
Au Xe siècle, les faits se font plus sûrs : il y a
maintenant cinq églises dans le bourg qui devient ainsi un
pôle religieux assez dense. Au XIe, l'église Notre-Dame
est gérée par un chapitre de onze chanoines réguliers.
L'un de ses doyens, Guillaume de Baffie, devient même évêque
de Clermont en 1096.
Au gré des transferts de paroisses, Notre-Dame accroît
son influence. C'est d'ailleurs la seule église sur les cinq
qui soit parvenue jusqu'à nous. Elle possédait de
nombreuses reliques dont celles de saint Mart et de sainte
Thècle, cette dernière ayant toujours été
la seconde patronne du sanctuaire. À la Révolution,
le trésor de l'église est pillé, les reliques
sont brûlées. Toutefois on put sauver quelques parties
de celles de saint Mart.
Au niveau architectural, l'église a commencé par un
massif roman avec deux bas-côtés, ce qui est la nef
actuelle. Au XIIe siècle, à l'apogée de l'art
roman auvergnat, les chanoines doublèrent la superficie de
l'édifice en y ajoutant un vaste chur
entouré d'un déambulatoire à quatre chapelles
rayonnantes. En 1682, décision fut prise de rebâtir
le chur qui menaçait ruine. Voir l'encadré.
L'ensemble fut consolidé par des arcs-boutants
extérieurs.
Cette église de 35 mètres de long sur 13 mètres
de large est considérée, de nos jours, comme un modèle
de l'art roman auvergnat, notamment pour sa période initiale.
Le massif de façade, daté du Xe siècle, retient
en effet l'attention des historiens : narthex et salle haute ont
fait couler beaucoup d'encre. Mais le cachet roman, c'est aussi
le chevet avec
ses quatre chapelles rayonnantes voûtées en cul-de-four.
Cependant, l'architecture de l'église reste complexe. La
succession au cours des âges de travaux plus ou moins opaques,
la présence de traces de construction difficilement interprétables
conduisent à des analyses discordantes entre les archéologues.
Il est presque impossible d'établir une chronologie acceptable
par tous. Voir à ce sujet les encadrés sur l'architecture
de la tribune ouest,
de la nef et
le questionnement
de l'historien Patrick Perry en 2000 lors du Congrès archéologique
de France tenu en Basse Auvergne.
L'église Notre-Dame a été classée aux Monuments
historiques dès 1840. Elle possède quelques chapiteaux
romans intéressants. Y avait-il des vitraux romans au
XIIe siècle? Mystère. Toujours est-il que les vitraux
actuels sont de la seconde moitié du XIXe siècle.
La plupart sont l'uvre de l'atelier du peintre verrier clermontois
Émile
Thibaud (1806-1896). Cette page en donne un très large
aperçu.
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La nef et le chur de l'église de Chamalières.
Sur la photo, sur la voûte ogivale du chur est visible.
La voûte en berceau de la nef est donnée sur la dernière
photo de cette page. |
Le côté sud et son clocher du XIXe siècle. |
Le porche d'entrée date du XVIIe siècle.
Il a été remanié à la fin du XIXe siècle. |
Les arcs-boutants, en pierre de Volvic, du chevet ont été
élevés au XVIIe siècle pour étayer les
voûtes du déambulatoire. |
L'abside et ses pittoresques chapelles rayonnantes romanes. |
L'ÉLÉVATION
OCCIDENTALE ET LE NARTHEX |
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Le corps occidental : le narthex et la tribune (qui reçoit
l'orgue). |
Le narthex du Xe siècle, ses trois arcades et ses deux chapiteaux
romans. |
Chapiteau roman sud dans le narthex (Xe siècle). |
La tribune
occidentale et le narthex (1/2).
La tribune n'a l'aspect actuel que depuis les travaux
de restauration de l'architecte Ruprich-Robert en 1917. Ces
travaux ont été entrepris grâce au legs
de 17 000 francs d'une paroissienne à la commune de
Chamalières pour la mise en valeur de l'église.
La restauration a surtout porté sur la salle haute
de la partie occidentale (photo ci-dessus à gauche).
Auparavant, la façade était bouchée et
l'étage divisé en deux niveaux. Ruprich-Robert
réalisa des sondages dans les maçonneries et
«restitua un unique étage supérieur, voûté
en berceau, qu'il ouvrit sur la nef par un triplet surmonté
d'un grand arc en plein cintre», écrit l'historien
Patrick Perry pour le Congrès archéologique
de France tenu en Basse-Auvergne en 2000. Pour Ruprich-Robert
comme pour l'historien Henri du Ranquet dans son rapport pour
le Congrès archéologique de France de
1924, des indices archéologiques précis poussaient
à une restitution de cette nature. Les arguments les
plus probants demeuraient les assises des piédroits
nord et sud de l'arcature triple avec impostes et claveaux.
Henri du Ranquet l'affirme en 1924 : «l'architecte restaurateur
en rétablissant ces arcs ---»» Suite
2/2.
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Chapiteau roman nord dans le narthex (Xe siècle). |
La
tribune occidentale et le narthex (2/2).
---»» n'a donc rien inventé,
mais n'a fait que remettre les choses en l'état
primitif.» Et il ajoute cette appréciation
: «Il est curieux de trouver là, à
la tribune, dès l'époque latine ce mur
diaphragme qui a été si en vogue chez
nous pendant toute la période romane.»
Pour le visiteur, la partie la plus intéressante
de l'élévation ouest est évidemment
la salle basse, c'est-à-dire le narthex roman
proprement dit. La porte occidentale étant murée,
cette salle n'a plus d'accès vers l'extérieur
(voir plan
ci-dessous). EIle est séparée de la nef
par une triple arcature exhibant deux beaux chapiteaux
romans en pierre d'arkose qui sont, l'un et l'autre,
comme deux corbeilles superposées. Le style de
leurs sculptures (feuilles épaisses et larges,
entrelacs nattés ou non, rang de perles) conduit
l'historien Henri du Ranquet à écrire
à leur sujet, en 1895, pour le Bulletin monumental
: «Autant de choses qui sont le propre des monuments
carlovingiens ou même mérovingiens. Ces
chapiteaux sont évidemment antérieurs
à l'an mil.»
En l'an 2000, l'historien Patrick Perry, dans son article
pour le Congrès archéologique de France
en Basse Auvergne, se montre très circonspect
sur ces affirmations assénées doctement
un siècle plus tôt. Il relève notamment
le peu d'homogénéité entre le (demi)
chapiteau sud du triplet de la tribune et les chapiteaux
du narthex. D'où son étonnement de constater
que personne ne se soit jamais arrêté sur
ce problème. À ses yeux d'ailleurs, les
chapiteaux de la tribune, à l'exception de celui
au sud, datent de la restauration de 1917... Un faisceau
d'indices le conduit à penser que «la structure
interne de cette avant-nef est peut-être moins
homogène qu'on ne le supposait a priori.»
Ces désaccords entre spécialistes montrent
la complexité architecturale de l'église
Notre-Dame et la difficulté à établir
une chronologie acceptable par tous.
Sources : 1) «Église
de Chamalières, près de Clermont-Ferrand
(Puy-de-Dôme)» par Henri du Ranquet, Bulletin
monumental, 1895 ; 2) Congrès
archéologique de Clermont-Ferrand en 1924,
article sur l'église de Chamalières par
Henri du Ranquet ; 3) Congrès archéologique
de France en Basse-Auvergne en 2000, article sur
l'église de Chamalières par Patrick Perry.
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Chapiteau roman sud vu sous un autre angle.
«««---
Vitrail «Mater Admirabilis»
Atelier Émile Thibaud, vers 1860.
Voir la partie supérieure en gros plan plus
bas. |
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LA NEF ROMANE
DU Xe SIÈCLE |
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L'élévation nord de la nef, datée du Xe
siècle et, sur la droite, l'élévation du
chur, du XIIe siècle.
L'élévation sud a été copieusement
remaniée, notamment au XIXe siècle pour soutenir
le nouveau clocher. |
Sainte Thècle de Rome.
Atelier Émile Thibaud de Clermont-Ferrand.
Vers 1860. |
Sainte
Thècle.
L'ampleur de l'amphithéâtre à
l'arrière-plan du vitrail fait pencher
pour sainte Thècle de Rome plutôt
que pour sainte Thècle d'Iconium, disciple
de l'apôtre Paul et, elle aussi, livrée
aux bêtes.
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Architecture
de la nef (1/2).
L'église Notre-Dame est clairement coupée
en deux : d'abord une nef romane très sobre,
ouverte sur des collatéraux par des arcades
massives en plein cintre ; puis un vaste chur
roman élevé au XIIe siècle
avec déambulatoire et chapelles rayonnantes,
et totalement reconstruit en 1682.
Dans la nef, maintes parties ont été
restaurées, au moins partiellement, aux
XVIIe, XIXe et XXe siècles. La pierre,
utilisée en majorité, est l'arkose.
À l'origine, les élévations
de la nef ne supportaient qu'une voûte charpentée
et pouvaient donc ne pas être très
robustes. Les collatéraux, selon l'étude
approfondie de l'historien Henri du Ranquet en
1895 pour le Bulletin monumental, étaient,
quant à eux, voûtés d'arêtes.
Au XIIe siècle, à l'apogée
de l'École auvergnate, les chanoines du
chapitre décidèrent de rehausser
le prestige de leur église. Ils firent
voûter la nef en berceau avec de la pierre
(voir photo
en bas de page). Il fallut donc renforcer
les murs, ce que l'on voit bien sur le plan
à droite. Toute la partie haute fut également
renforcée jusqu'en haut de la muraille.
Et comme ils avaient peut-être eu vent de
voûtes en pierre qui s'étaient écroulées
et avaient tout détruit sous leur poids,
ils accrurent encore la solidité du bâtiment
en remplaçant les voûtes d'arêtes
des bas-côtés par des voûtes
en demi-berceau (dites aussi en quarts de cercle)
comme on peut le voir sur la photo ci-contre avec
le bas-côté nord.
Dans son étude pour le Bulletin monumental
de 1895, Henri du Ranquet rappelle qu'aucune preuve
ne vient confirmer l'existence préalable
d'une charpente. Seule la logique historique conduit
à cette hypothèse. Il se peut aussi
que la voûte ait été en berceau
dès l'origine et... qu'elle se soit écroulée
sous le poids de la pierre à cause de murs
trop minces. Cela expliquerait la présence
- peut-être sans réelle utilité
- de voûtes en demi-berceau dans les bas-côtés
: les chanoines auraient voulu s'assurer en tous
endroits de la solidité de leur église
pour éviter que pareil malheur ne se reproduise...
En fait, le manque d'indices et de sources écrites
rend hasardeuse toute tentative de chronologie
du voûtement de la nef et des bas-côtés.
Cette difficulté est clairement soulignée
par l'historien Patrick Perry dans son article
pour le Congrès archéologique
de France tenu en Basse Auvergne en l'an 2000.
À tel point qu'il propose un schéma
différent de celui d'Henri du Ranquet.
En 1895, ce dernier évoquait même
la possibilité, au Xe siècle, d'une
petite nef primitive sans bas-côté.
En l'an 2000, Patrick Perry propose plutôt
trois vaisseaux originaux couverts d'une charpente
«élaborés ainsi suivant un
parti fidèle à la tradition du haut
Moyen Âge.» Et sans aucun élément
structurel signalant une quelconque délimitation
des travées. Vient ensuite l'épisode
du changement des voûtes : plein cintre
pour la nef ; quart de cercle pour les bas-côtés.
Ce changement est-il intervenu avant, après
ou pendant la construction du chur
au XIIe siècle ? Mystère.
Pour écarter l'hypothèse de voûtes
d'arêtes primitives dans les bas-côtés,
Patrick Perry écrit en note : «Des
départs de nervures, visibles dans la première
travée du bas-côté méridional,
ont pu être comprises [sic] comme des traces
d'arrachement de voûtes d'arêtes ayant
couvert les collatéraux primitifs.»
Bref, Henri du Ranquet aurait été
abusé par une analyse visuelle trop rapide.
Néanmoins, Perry concède que les
indices architecturaux pris en compte pour ce
changement de voûtement se situent dans
des zones abondamment reprises au XVIIe siècle,
des reprises qui ont évidemment brouillé
les pistes. Ce qui est reconnaître que l'on
ne sortira jamais du cercle vicieux des supputations
sans preuve... ---»» Suite 2/2
ci-contre.
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La voûte de la nef est en berceau,
la voûte du chur est ogivale. |
«««---
Sainte Thècle de Rome, détail de l'arrière-plan.
Atelier Émile Thibaud de Clermont-Ferrand.
Vers 1860. |
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Plan de l'église réalisé par Henri du Ranquet
en 1899. |
Le bas-côté nord et sa voûte en demi-berceau.
Le renforcement du pilier, à droite, est ici bien visible. |
Architecture
de la nef (2/2).
---»» Le dessin de l'église donné
à droite a été réalisé
par Henri du Ranquet pour le Congrés archéologique
de France de 1924. On remarque que, dans son esprit,
avant l'agrandissement du XIIe siècle, la nef
romane et les collatéraux étaient fermés
par trois absides en hémicycle. Une hypothèse,
tirée de la logique, reprise en l'an 2000 par
Patrick Perry. En fait, rien ne s'oppose non plus à
la présence d'un simple mur en élévation
droite. Le manque de source ne permet pas de décider.
Sources : 1) «Église
de Chamalières, près de Clermont-Ferrand
(Puy-de-Dôme)» par Henri du Ranquet, Bulletin
monumental, 1895 ; 2) Congrès
archéologique de Clermont-Ferrand en 1924,
article sur l'église de Chamalières par
Henri du Ranquet ; 3) Congrès archéologique
de France en Basse-Auvergne en 2000, article sur
l'église de Chamalières par Patrick Perry.
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Sainte Thècle de Rome, détail de l'arrière-plan
Atelier Émile Thibaud de Clermont-Ferrand.
Vers 1860. |
Émile
Thibaud (1806-1896). Ce peintre verrier naît
à Riom, au nord de Clermont-Ferrand, dans une
famille d'imprimeurs. Plus intéressé par
le dessin, la lithographie et les beaux-arts que par
l'imprimerie, il se tourne rapidement vers la production
de vitraux et fonde son atelier à Clermont-Ferrand
en 1835. L'essentiel de ses créations se trouve
dans les églises auvergnates, mais on en trouve
aussi à Lyon, à Bayonne et dans divers
pays d'Europe et d'Asie. Légitimiste en politique,
il participe à la vie publique de son village,
en devient maire pendant quelques années et finance
sur ses deniers école de filles, bureau de bienfaisance
et sapeurs pompiers. Dans l'église Notre-Dame,
la plupart des vitraux affichent le nom du donateur
dans la partie basse. Le nom de l'atelier du peintre
verrier est moins fréquent.
Émile Thibaud vend son atelier en 1869 à Charles
des Granges (1825-1910) à qui l'on doit quelques
vitraux de l'église Notre-Dame à Chamalières,
notamment le Saint
Louis salué roi. De 1879 à 1892, c'est
le peintre verrier Félix Gaudin qui en prend les rênes.
L'atelier fermera en 1938, faute de repreneur.
Émile Thibaud fut considéré à
son époque comme un peintre verrier de grand
talent, dessinant lui-même ses cartons. On peut
voir dans le vitrail de sainte
Thècle de Rome le souci du décor de
l'arrière-plan. La sainte est livrée aux
fauves dans le cirque de Rome. Les gradins sont remplis
de spectateurs et l'on voit même l'empereur sous
son dais. Ces détails à la grisaille rappellent
ceux d'un grand maître du vitrail à la
Renaissance : Engrand le Prince de Beauvais.
Voir l'arrière-plan du vitrail de Salomé
à l'église Sainte-Jeanne
d'Arc de Rouen
par cet artiste.
Source : archives de la
famille Thibaud.
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«Saint Louis salué roi», après 1869.
SIGNATURE ---»»»
Atelier de l'«Ancienne-maison Thibaud Charles des Granges,
succursale de Clermont-Ferrand.»
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Le bas-côté sud et sa voûte en demi-berceau.
À l'arrière-plan : la chapelle rayonnante
de la Vierge. |
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«Saint Louis salué roi», détail.
Vitrail réalisé au XIXe siècle, après
1869. |
Questionnement
en l'an 2000 (1/2).
Dans son article pour le Congrès
archéologique de France tenu en Basse
Auvergne en l'an 2000, l'historien Patrick Perry
réexamine certaines idées bien établies
depuis les premières études architecturales
du XIXe siècle sur l'église Notre-Dame.
Tout le monde est d'accord sur le flou architectural
qui entoure le premier siècle d'existence
de l'église : sur les étapes de construction
et les passages pour accéder aux niveaux
supérieurs de l'édifice, rien n'est
certain. Patrick Perry, qui parle de «l'histoire
mouvementée des parties hautes»,
évoque la possibilité d'un premier
vaisseau unique surmonté d'une tour-porche.
Cette tour-porche aurait été intégrée
dans les élévations quand on construisit
plus tard les deux bas-côtés. Tout
ceci aurait pu être les étapes d'un
même projet.
L'historien revient ensuite sur la fameuse pièce
de monnaie en argent d'un roi Lothaire, découverte
en 1879 près d'une des colonnes de la salle
basse (le narthex). Revenons à la source.
En 1895, Henri du Ranquet écrit pour son
étude dans le Bulletin monumental : «Au
niveau du dessous des bases et contre l'une d'elles,
on a trouvé une médaille en argent
qui a été déposée
au musée de Clermont, et qui porte, au
droit, une croix patée, et en exergue,
autour, la légende LOTARIUS REX et, au
revers, la croix patée cantonnée
de quatre points avec l'inscription CLAROMONTI.»
Ce roi a été identifié comme
étant le souverain carolingien ayant régné
de 954 à 986. Il fut le père de
Louis V, dit injustement «le Fainéant»
qui, après lui, ne régnera qu'un
an. Cette mort prématurée, due à
un accident de chasse en 987, sera suivie de l'arrivée
d'Hugues Capet sur le trône.
L'existence de cette pièce de monnaie a
conduit certains érudits à affirmer,
sans autre forme de procès, que les premières
pierres de l'édifice dataient de la seconde
moitié du Xe siècle. Ainsi Henri
du Ranquet parle en 1895 des chapiteaux du narthex
qui «sont évidemment antérieurs
à l'an mil». Ainsi le chanoine Bernard
Craplet qui écrit dans les années
1970 dans Auvergne romane aux éditions
Zodiaque : «Narthex et nef en partie du
Xe siècle. Les dates sont assez précises
puisqu'on a découvert sous l'une des colonnes
du narthex un denier d'argent à l'effigie
du roi Lothaire (954-986).» Plus proche
de nous encore, Bruno Phalip dans Auvergne
romane aux éditions Faton en 2013 écrit
: «La découverte d'un denier d'argent
à l'effigie d'un souverain aquitain (936-954)
permet d'attribuer le massif occidental à
la seconde moitié du Xe siècle.»
Sans s'attarder sur le qualificatif d'aquitain
et sur les dates qui ne correspondent pas, il
n'en reste pas moins que cette chronologie a été
contestée dès la fin du XXe siècle
par des auteurs qui se sont penchés sur
l'architecture clermontoise. Patrick Perry est
l'un d'eux. Il écrit dans son article pour
le Congrès archéologique
en l'an 2000 : «L'examen de la structure
du bâtiment et des chapiteaux le décorant
semble, en effet, suggérer une datation
plus basse, postérieure à l'an mil.»
S'appuyant sur l'articulation entre l'avant-corps
et la nef ainsi que sur le décor sculpté,
il propose une datation dans le milieu du XIe
siècle. Quant aux deux chapiteaux romans
du narthex, ils «peuvent être considérés,
écrit-il, comme des solutions expérimentales,
qui tentent de renouveler le vocabulaire décoratif
et de remettre plus ou moins en question le principe
du schéma corinthien». On y voit
peut-être l'amorce des «solutions
auvergnates plus structurées et rigoureuses
de la seconde moitié du XIe siècle.»
Devant les incertitudes qui grèvent les
étapes de la construction durant
---»» Suite 2/2 à droite.
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Chemin de croix, station X. |
Sainte Madeleine au Calvaire, détail. Années
1860. |
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LE CHUR
DE L'ÉGLISE NOTRE- DAME |
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Le chur de XVIIe siècle est entouré d'un déambulatoire
roman dont seul le couvrement est lui aussi du XVIIe.
La cuve baptismale est au premier plan. |
Le chur et ses deux niveaux d'architecture.
La partie de l'appareil qui est de couleur sombre est en pierre
de Volvic.
Le reste est en pierre d'arkose. |
Le
chur (2/2).
---»» il est sans aucun doute moderne, vraisemblablement
du XIXe siècle.
Voir l'encadré sur le déambulatoire
plus bas.
Source : «Église
de Chamalières, près de Clermont-Ferrand
(Puy-de-Dôme)» par Henri du Ranquet, Bulletin
monumental, 1895.
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Le
chur. Au Xe siècle, le chur
n'existait pas. La nef actuelle représentait
toute la superficie de l'église. Au XIIe siècle,
les chanoines entreprirent de grands travaux pour agrandir
l'édifice selon les règles de l'École
auvergnate, alors à son apogée. Ils firent
rajouter un chur entouré d'un déambulatoire
à quatre chapelles rayonnantes. L'historien Henri
du Ranquet assimile la première travée
de ce chur large de 4 mètres (voir plan)
à un transept non saillant. Le chur a été
entièrement refait en 1682. À quoi ressemblait-il
? On en a une idée assez claire grâce à
un procès-verbal daté du 20 mai 1682 qui
décrit l'état de ruine de cet ancien chur
et prescrit les restaurations à apporter.
Il était constitué de huit piliers soutenant
une voûte en cul-de-four latin si bien que son
aspect était semblable à celui de Notre-Dame
du Port à Clermont-Ferrand. D'après
le rapport, la présence de nombreuses fissures
dans les arcades et le couvrement indiquait que les
piliers manquaient de robustesse, menaçant le
chur d'une ruine totale par effondrement de la
voûte. L'âge roman avait utilisé
la pierre d'arkose, un matériau sans doute pas
assez solide car le rapport préconise, une fois
la voûte en cul-de-four abattue, l'emploi de pierre
de taille pour les piliers (qui devront être plus
massifs), les arcades et les élévations.
Ainsi, dans la nouvelle construction, tout ce qui est
roman est en arkose, le reste est en pierre de Volvic.
Selon les instructions données à l'architecte,
le nouveau chur ne comprend plus que six piliers
d'ordre toscan sous une haute voûte d'ogives ornée
de vitraux. L'ensemble est contrebuté à
l'extérieur par six
arcs-boutants.
Quand on se tient devant le sanctuaire (voir photo
plus bas), on voit actuellement la cuve baptismale
sur la droite et, au centre, un beau maître-autel
en marbre. Son soubassement est orné de cinq
statues en haut relief : le Sacré-Cur y
est entouré des quatre évangélistes.
Sa partie arrière est ornée d'une double
frise de rinceaux et de feuillages. Bien qu'aucune documentation
n'ait été trouvée sur cet autel,
---»» Suite
2/2
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Les voûtes ogivales du chur.
Vers 1682. |
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La Vierge écrasant le serpent.
Vitrail axial au-dessus du chur, vers 1860. |
Ecce Homo
sous son dais. |
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Le soubassement du maître-autel est orné des statues
du Sacré-Cur et des quatre évangélistes
(XIXe siècle?). |
Le soubassement oriental du maître-autel. |
Rinceaux et motifs floraux dans le soubassement oriental
du maître-autel. |
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Jésus et ses disciples au bord du lac de Tibériade.
Vers 1860. |
«««---
Cinq statues sous leurs dais
dans une élévation.
Hormis les vitraux, l'église Notre-Dame
ne possède que très peu d'ornementations. |
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Le sanctuaire vu de face (reconstruit en 1682).
Aucune clôture ne sépare le sanctuaire du déambulatoire. |
Le chur et son élévation sud. |
Une sainte dans un vitrail des années 1860, détail |
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Jésus et les apôtres, détail.
Années 1860-1870. |
Joseph et la Vierge et l'Enfant sous leur dais. |
«Mater Admirabilis», détail.
Atelier Émile Thibaud, vers 1860. |
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LE DÉAMBULATOIRE
ET LES QUATRE CHAPELLES RAYONNANTES |
|
Le déambulatoire : chapelle Saint-Joseph à gauche,
chapelle de la Vierge derrière le pilier.
La baie axiale et son vitrail de saint François de Sales
est entourée de deux piliers romans couronnés
de chapiteaux. |
Le
déambulatoire. Hormis le voûtement,
le déambulatoire de l'église Notre-Dame
a pour l'essentiel conservé son aspect roman
du XIIe siècle. Il est riche de quatre chapelles
rayonnantes de plan semi-circulaire et voutées
en cul-de-four. Ces chapelles sont éclairées
par trois fenêtres recevant des vitraux des années
1860 créés par l'atelier clermontois d'Émile
Thibaud.
La photo ci-dessus donne un bon aperçu de ce
déambulatoire du XIIe siècle. Dans sa
partie basse, il est parcouru d'un petit muret qui reçoit
la retombée de colonnes assez fines. Quelques-unes
d'entre elles sont enrichies de chapiteaux romans à
thème. Dans la moitié gauche de la photo,
on voit les deux plus belles colonnes romanes de ce
déambulatoire : elles sont surmontées
des deux chapiteaux donnés ci-dessous. L'un est
à thème floral, l'autre montre deux griffons
buvant au calice divin. Dans son étude de 1895,
l'historien Henri du Ranquet ajoute que ces deux colonnes
«nous donnent une idée de celles qui isolaient
le chur avant les réparations du XVIIe
siècle.» Sans doute, mais il faut espérer
quand même que les huit colonnes qui supportaient
la voûte de pierre en cul-de-four étaient
un peu plus massives...
Dans les chapelles rayonnantes, l'arcature qui entoure
les fenêtres retombe sur des colonnettes appliquées.
L'ensemble repose sur un haut muret. Ces colonnettes
sont toutes ornées de chapiteaux variés,
souvent à thème floral, surmontés
d'un large tailloir (photo ci-contre). L'un d'entre
eux montre deux petits bonshommes nus.
Lors des restaurations de 1682, l'architecte, un certain
Étienne Minguet, reprit le voûtement du
déambulatoire. Les parties tournantes furent
voûtées
d'arêtes, les parties droites reçurent
des demi-berceaux. Il suréleva également
les chapelles rayonnantes qui perdirent leur corniche
d'origine. Les éléments de l'ossature
furent réalisés en pierre de Volvic (c'est
la pierre de couleur gris foncé sur les photos).
Pour le reste, on utilisa des blocs d'arkose et d'autres
roches d'origine volcanique.
Sources : 1)
Congrès archéologique de France en
Basse-Auvergne en 2000, article sur l'église
de Chamalières par Patrick Perry ; 2) «Église
de Chamalières, près de Clermont-Ferrand
(Puy-de-Dôme)» par Henri du Ranquet, Bulletin
monumental, 1895.
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Chapiteau roman à griffons dans le déambulatoire.
XIIe siècle. |
Chapelle rayonnante de la Vierge.
Les colonnettes qui soutiennent l'arcature reposent sur
un haut muret. |
Saint Joseph et l'Enfant-Jésus.
Ateliir Émile Thibaud, 1860. |
Saint Gabriel Archange.
Années 1860. |
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Chapelle rayonnante dans le déambulatoire. |
Sainte Marguerite et le dragon
Atelier Émile Thibaud, 1863. |
Piéta dans une chapelle rayonnante. |
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Saint Gilbert.
Atelier Émile Thibaud, vers 1860. |
Sainte Françoise, détail.
Atelier Émile Thibaud, 1863. |
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Saint François de Sales.
Atelier Émile Thibaud, 1858. |
Chapiteau dans une chapelle rayonnante. |
Sainte Anne trinitaire.
Années 1860. |
Saint Georges terrassant le dragon.
Atelier Émile Thibaud, 1861. |
Statue moderne de la Vierge
dans la chapelle rayonnante de la Vierge. |
L'Éducation de la Vierge.
Atelier Émile Thibaud, années 1860. |
Le dragon de sainte Marguerite
Atelier Émile Thibaud, 1863. |
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L'orgue de tribune et l'organiste.
L'arc en plein cintre dans la partie supérieure a été
«redécouvert» en 1917 par l'architecte Ruprich-Robert. |
Saint Juste, évêque de Lyon.
Années 1860-1870. |
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«Tu es Pierre», détail.
Années 1860-1870.. |
La nef et la façade occidentale vues de derrière
le maître-autel.
La voûte en berceau (XIIe siècle) de la nef a succédé
à une charpente du Xe siècle. |
«««---Saint
Pierre, vitrail de 1860. |
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Documentation : «Église de Chamalières,
près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)» par Henri
du Ranquet, Bulletin monumental, 1895
Congrès archéologique de Clermont-Ferrand en 1924, article
sur l'église de Chamalières par Henri du Ranquet
+ Congrès archéologique de France en Basse-Auvergne,
année 2000, article sur l'église de Chamalières
par Patrick Perry
+ «Auvergne romane» de Bernard Craplet, éditions
Zodiaque, 1972
+ «Auvergne romane» de Bruno Phalip, éditions Faton,
2013. |
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