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          |  | L'église Sainte-Jeanne d'Arc de 
              Rouen 
              date de 1979. Ses courbures très modernes s'élèvent 
              au milieu de la place du Vieux-Marché, dont le réaménagement 
              s'est achevé la même année. Initialement sur 
              la place, il y avait une église dédiée au Saint-Sauveur. 
              Elle fut la paroisse de Pierre Corneille. On la ferma en 1791 ; 
              elle fut rasée en 1795. Au Moyen Âge et à l'époque 
              moderne, la place était le cur du commerce des denrées 
              alimentaires de la ville. Sous le Second Empire, sa surface doubla 
              ; on y fit construire deux grandes halles. Quant à Jeanne 
              d'Arc, elle inspira les romantiques et fut à la mode au XIXe 
              siècle. Souvenir longtemps oublié, on finit par se 
              rappeler que la place du Vieux-Marché avait été 
              le lieu de son supplice. Après les dégradations de 
              la seconde guerre mondiale, la municipalité décida 
              d'aménager ce vaste endroit à la mémoire de 
              la Pucelle : construction d'une église et d'un mémorial, 
              mise en évidence de l'emplacement du bûcher 
              ainsi que du pilori où l'on exposait les condamnés. 
              Des maisons à pans de bois furent même réédifiées.Avant 1944 se trouvait, non loin de la place, une vieille église 
              dédiée à saint Vincent, attestée dès 
              le XIIe siècle. De style gothique flamboyant, c'était 
              l'une des plus riches et des plus belles de Rouen. Ses magnifiques 
              verrières dataient de la Renaissance. La ville les fit mettre 
              à l'abri dès 1939. Bonne anticipation : les bombes 
              alliées détruisirent l'église en 1944.
 La nouvelle église est due à l'architecte Louis 
              Arretche (1905-1991). Son toit épouse la forme d'une 
              coque de navire renversée et la nef accueille treize magnifiques 
              verrières 
              Renaissance de l'ancienne église Saint-Vincent. Ces verrières 
              constituent une étape incontournable d'une visite de la ville 
              de Rouen. Cette page en donne un très large aperçu.
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          |  Vue d'ensemble de la nef de l'église Sainte-Jeanne d'Arc
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          |  L'extérieur de l'église prend la forme d'une flamme
 Sur la droite, la croix qui se dresse est le mémorial élevé 
            à Jeanne d'Arc
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          |  Le jardin et l'emplacement du bûcher (à l'endroit de 
            l'écriteau).
 Sur la gauche, le pilori.
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          |  Les fondations de l'église Saint-Sauveur, rasée en 1795,
 sont toujours visibles
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          |  Vue d'ensemble de l'église, côté ouest
 |  En 1977, on remonta, sur la place du Vieux-Marché, les façades 
            de maisons à pans de bois
 situées dans les quartiers est de la ville et que la guerre 
            avait démolies.
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          |  Statue de Jeanne d'Arc par Real del Sarte
 |  La nef et l'entrée occidentale surélevée.
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          |  L'orgue de tribune
 Toutes dévouées aux vitraux, les informations sur l'église 
            ne fournissent rien sur l'orgue.
 |  La partie arrière de la nef.
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          |  La voûte est faite de lamelles de sapin.
 En son centre se trouve une armature métallique très 
            originale.
 La seule colonne interne à l'église est visible près 
            de l'autel (photo ci-contre) ---»»»
 |  La nef vue de l'entrée.
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          |  Jeanne d'Arc par Michel Coste, 1999.
 |  La chapelle du Saint-Sacrement et ses boiseries Renaissance sur la 
            droite.
 |  Statue de la Vierge à l'Enfant
 Art populaire
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          |  Ces boiseries Renaissance proviennent de la chapelle Sainte-Anne de 
            l'ancienne église Saint-Vincent.
 Chapelle du Saint-Sacrement
 |  Le chur très dépouillé de l'église 
            Sainte-Jeanne d'Arc.
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          |  Les fonts baptismaux
 
 Huit vitraux de l'immense verrière ---»»»
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                | LES TREIZE VERRIÈRES 
                  RENAISSANCE DE L'ANCIENNE ÉGLISE SAINT-VINCENT |  |   
          |  Disposition des vitraux dans l'église Sainte-Jeanne d'Arc.
 Ils sont tous originaires de l'église Saint-Vincent.
 Les cinq de droite (9 à 13) se trouvaient jusqu'en 1939 dans 
            le déambulatoire de cette église détruite en 
            1944.
 
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                | Le schéma ci-contre donne 
                    la disposition des verrières et leurs thèmes. 
                    Ces treize verrières, créées dans la 
                    décennie 1520-1530, se trouvaient dans le chur 
                    de l'ancienne église Saint-Vincent. Les verrières 
                    9 à 13 éclairaient le déambulatoire, 
                    avec la Crucifixion dans l'axe central. La Vie du Christ, 
                    avec quatre vitraux (Enfance, Passion, Crucifixion et Résurrection), 
                    illuminait donc le chur. Y était ajouté 
                    le martyre de saint Vincent, patron de l'église (n° 
                    13).Les autres verrières (1 à 8) étaient 
                    réparties dans les chapelles. Les vitraux 2, 3 et 4, 
                    relatifs à sainte Anne et à la Vierge - dont 
                    le somptueux vitrail des Chars -, ornaient la chapelle Sainte-Anne. 
                    Les verrières 3, 5 et 6 ont été réalisées 
                    par le célèbre atelier des Le Prince, 
                    à Beauvais. 
                    Les dix autres sont attribuées à des ateliers 
                    de Rouen, que les historiens d'art désignent sous le 
                    nom générique d'«Atelier Rouennais». 
                    On y sent très fortement l'influence du maître 
                    Arnoult de Nimègue qui avait quitté Rouen 
                    en 1513. On n'en sait guère plus sur cet «atelier» 
                    : les signatures des artistes manquent sur les verres (à 
                    part celle de Le Vieil sur la verrière de Sainte-Anne).
 Source : Vitraux retrouvés 
                    de Saint-Vincent de Rouen, 
                    musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995.
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          |  La partie gauche de la verrière (ci-dessus) abrite les trois 
            vitraux de l'atelier des Leprince à Beauvais.
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                | Les vitraux 
                    de Saint-Vincent. En 1939, prévoyant le 
                    pire, l'Administration prit la décision de déposer 
                    tous les vitraux anciens de l'église Saint-Vincent. 
                    Après classement en bonne et due forme, ils furent 
                    envoyés au donjon de Niort, dans les Deux-Sèvres. 
                    Les vitraux des XVIIIe et XIXe siècles restèrent 
                    en place. Avec l'église, ils furent réduits 
                    en miettes lors du bombardement allié du 31 mai 1944. 
                    On parvint à extraire des décombres quelques 
                    pièces de mobilier et des restes de sculpture. L'église 
                    avait été classée aux Monuments historiques. 
                    Elle fut déclassée, à l'exception du 
                    portail sud du transept, et partiellement rasée. Les 
                    vitraux, entreposés entre-temps à Paris, n'avaient 
                    donc plus d'édifice de destination. Que faire? Construire 
                    une nouvelle église? Bâtir un musée dédié? 
                    Les exposer à demeure dans un musée déjà 
                    existant? Il fallut trente-cinq ans pour régler l'affaire.En 1951, la Ville envisagea d'exposer les plus beaux vitraux 
                    au musée 
                    le Secq des Tournelles. De Paris, ils revinrent donc à 
                    Rouen. Quatre furent exposés : l'Arbre 
                    de sainte Anne, les Chars, 
                    les Saints 
                    et le Jugement dernier.
 En 1957, on partagea les verrières de Saint-Vincent 
                    en deux. Le premier groupe, jugé indivisible, comprenait 
                    les vitraux du chur de l'ancienne église jusqu'au 
                    transept. Les autres, qui ne constituaient pas un véritable 
                    ensemble, formaient le second groupe. Huit verrières 
                    de ce groupe furent remontés, à la cathédrale, 
                    dans la chapelle de la Vierge et dans l'ancienne salle du 
                    trésor de la tour Saint-Romain.
 Peu après, la décision fut prise de construire 
                    une nouvelle église place du Marché et l'on 
                    ne parlait plus vraiment d'y remonter les vitraux de l'ancien 
                    chur. De quel style serait-elle? Néo-gothique? 
                    Résolument moderne? Les avis se heurtaient. Et puis, 
                    des vitraux anciens dans du moderne? Des services officiels 
                    s'y opposaient. Cependant, en 1962, les Amis des Monuments 
                    Rouennais bataillèrent pour que
 |  l'insertion des vitraux dans la 
                    nouvelle église fût inscrite au cahier des charges. 
                    L'idée de créer un musée du vitrail fut 
                    rejetée. L'historien d'art Jean Lafond fit alors une 
                    nouvelle répartition des vitraux : ceux qui appartenaient 
                    à l'église primitive avant la reconstruction 
                    du chur ; ceux qui provenaient d'autres églises 
                    et avaient été remontés à Saint-Vincent 
                    pendant la Révolution ; enfin, la série installée 
                    dans le chur. Cette série, indivisible, sera, 
                    au bout du compte, remontée en 1978 dans la nouvelle 
                    église après de nouvelles péripéties.En 1972, le projet finalement choisi ne prévoyait pas 
                    de place pour l'insertion des treize verrières. Le 
                    projet était celui de l'architecte Louis Arretche, 
                    Architecte en Chef des Bâtiments Civils et des Palais 
                    Nationaux et urbaniste de la ville de Rouen. Les défenseurs 
                    des vitraux, scandalisés, firent pression. La vice-présidente 
                    des Amis des Monuments Rouennais, madame Néel-Soudais, 
                    à la tête d'un petit groupe, les Amis de Rouen 
                    et de Jeanne d'Arc, amena l'architecte, par sa force de persuasion, 
                    à modifier ses plans. Celui-ci accepta d'enfoncer de 
                    deux mètres l'église dans le sol afin de donner 
                    à la façade nord une hauteur suffisante pour 
                    les verrières. Les treize verrières furent restaurées 
                    de 1975 à 1978 par l'atelier Gaudin, et remontées 
                    à Sainte-Jeanne d'Arc au second semestre 1978.
 En dehors de ces treize verrières et de celles qui 
                    ont été remontées à la cathédrale 
                    Notre-Dame, le vitrail du Jugement dernier a été 
                    visible pendant quelques années dans une fenêtre 
                    du musée Le 
                    Secq des Tournelles (qui est une ancienne église). 
                    Il a depuis rejoint les autres verrières, dont un Arbre 
                    de Jessé, dans les réserves du musée 
                    des Beaux-Arts de Rouen.
 Source : Vitraux retrouvés 
                    de Saint-Vincent de Rouen, 
                    musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995.
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                | 1 - VITRAIL DE 
                  SAINT PIERRE («Atelier Rouennais», vers 1530) |  |   
          | 
               
                |  Vitrail de Saint-Pierre
 «Atelier Rouennais», vers 1530
 Le tympan est du XIXe siècle.
 |   
                | 
                     
                      | À DROITE ---»»» Vitrail de Saint-Pierre
 Détail du troisième panneau du bas
 Un démon est repoussé par un enfant.
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                | 
                     
                      | Le 
                          vitrail de la vie de saint Pierre est une 
                          uvre de l'«Atelier Rouennais». À 
                          son style, on le classe parmi les dernières créations 
                          de cet «atelier», c'est-à-dire vers 
                          1530. Faisons tout de suite un sort au tympan : c'est 
                          un ensemble de saynètes de la vie de saint Pierre 
                          réalisées en 1869 par le peintre verrier 
                          Duhamel-Marette. Deux extraits en sont donnés 
                          ci-dessous. Le style choisi rappelle évidemment 
                          celui des deux registres Renaissance. D'après 
                          les sources, l'ancien tympan, réalisé 
                          en 1721 par Le Vieil, était une vitrerie fleurdelysée... 
                          qui avait disparu depuis longtemps quand Duhamel-Marette 
                          confectionna son beau pastiche Renaissance.Le registre du bas du vitrail illustre (de gauche à 
                          droite) : la Vocation de saint Pierre et de saint 
                          André ; la pêche miraculeuse 
                          ; la Rivalité entre Pierre et Simon le magicien 
                          qui tombe du haut du Capitole ; la Polémique 
                          entre saint Pierre et Simon le Magicien. Cette dernière 
                          scène est enrichie d'un bel arrière-plan 
                          architectural montrant les églises Saint-Ouen 
                          et Saint-Maclou. 
                          Le registre supérieur illustre : la Prédication 
                          de l'apôtre et ses miracles ; la Remise 
                          des clés du Paradis par le Christ ; enfin, 
                          une Apparition du Christ à saint Pierre.
 Une observation attentive montre que les visages des 
                          personnages principaux sont très travaillés, 
                          la plupart du temps à la grisaille (voir le Christ, 
                          Pierre et Jacques en gros plan ci-dessous), tandis que 
                          les personnages secondaires (démons et spectateurs) 
                          sont esquissés sans recherche artistique particulière. 
                          Quant aux curieux angelots du registre du bas, ils sont 
                          affichés dans des postures maniérées. 
                          Enfin, le jaune d'argent, utilisé depuis le début 
                          du XIVe siècle, est largement utilisé 
                          dans les costumes. Il sert donc à délimiter 
                          les formes (surtout dans le registre inférieur).
 Source : Vitraux retrouvés 
                          de Saint-Vincent de Rouen, musée des Beaux-Arts 
                          de Rouen, 1995.
 |  |   
                |  L'appel de Pierre, vitrail de 1869 (atelier Duhamel-Marette).
 
 |  Le crucifiement de Pierre, vitrail de 1869 (Duhamel-Marette).
 |   
                |  |  |     
          |  Vitrail de la vie de saint Pierre : le registre inférieur
 Cette rangée est remarquable par son emploi abondant du jaune 
            d'argent dans les vêtements.
 |  Le visage à la grisaille du Christ
 appelant les deux pêcheurs Pierre et Jacques.
 (Registre inférieur du vitrail de saint Pierre).
 |   
          | 
               
                | «««--- 
                  À GAUCHE Appel et vocation de Pierre et Paul, Pêche miraculeuse 
                  ;
 Victoire sur Simon le magicien ; Polémique
 entre saint Pierre et Simon le magicien.
 |  |   
          |  Le visage de l'apôtre Pierre
 («Atelier Rouennais», vers 1530), registre inférieur.
 |  Vitrail de la vie de saint Pierre : le registre supérieur.
 Miracle et Prédication de saint Pierre ; Remise des clés 
            par le Christ ; Apparition du Christ.
 «Atelier Rouennais», vers 1530.
 
 |   
          |  Le visage de l'apôtre Jacques
 («Atelier Rouennais», vers 1530), registre inférieur.
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                | 2 - VITRAIL DE 
                  LA VIE DE SAINTE ANNE («Atelier Rouennais», 1520-1530) |  |   
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                |  Vitrail de la vie de Sainte Anne
 («Atelier Rouennais», 1520-1530)
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                | 
                     
                      | La 
                          verrière de la vie de sainte Anne 
                          se compose de deux grands tableaux sur chacun des deux 
                          registres. En haut : l'Apparition de l'ange à 
                          Joachim ; la Rencontre à la Porte dorée. 
                          En bas : la Naissance de la Vierge ; la Présentation 
                          de la Vierge au Temple. Le tympan, qui illustre 
                          le miracle du «pendu dépendu» n'affiche 
                          pas le même niveau de qualité artistique.Cette verrière est datée de la décennie 
                          1520-1530. En deux endroits bien anodins (sur un manteau 
                          et une coiffe), on peut y lire un nom, celui de «Viel». 
                          Il s'agit vraisemblablement de Jean Le Vieil, un 
                          peintre verrier qui avait travaillé pour la fabrique 
                          de Saint-Maclou en 1519 et 1520. Des dix verrières 
                          attribuées à «l'Atelier Rouennais», 
                          c'est la seule qui possède une signature.
 Source : Vitraux retrouvés 
                          de Saint-Vincent de Rouen, 
                          musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995.
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                |  Un ange apparaît à Joachim ; la Rencontre à 
                  la Porte dorée
 Vitrail de la vie de Sainte Anne, registre supérieur
 «Atelier Rouennais», 1520-1530
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                      |  La 
                          Rencontre à la Porte dorée 
                          n'est pas, comme on pourrait le croire, la première 
                          rencontre entre Anne et Joachim qui, ensuite, se marient, 
                          puis Anne qui enfante la Vierge. L'affaire est plus 
                          sérieuse. Dans la Légende dorée 
                          de Jacques de Voragine, on apprend qu'Anne et Joachim 
                          sont mariés depuis vingt ans et n'ont pas d'enfant. 
                          «Tous deux vivaient sans reproche, accomplissant 
                          tous les commandements du Seigneur» (traduction 
                          de Teodor Wyzewa, éditions Diane de Selliers). 
                          De leurs biens, ils faisaient trois parts égales 
                          : pour eux et leur famille ; pour le Temple ; pour les 
                          pauvres et les pèlerins. Conscients d'être 
                          inféconds, ils firent un jour le vu que, 
                          s'ils avaient un enfant, ils le consacreraient au service 
                          divin.Peu après, Joachim se rendit à Jérusalem, 
                          comme à chacune des trois grandes fêtes 
                          de l'année. Au Temple, il présenta son 
                          offrande au grand prêtre, mais celui-ci la refusa, 
                          indigné de la stérilité de son 
                          couple. Dépité, Joachim n'osa pas retourner 
                          chez lui et décida de vivre avec des bergers 
                          dans la campagne. Un jour, un ange lui apparut pour 
                          l'informer que sa femme enfanterait bientôt une 
                          fille. Il l'appellera Marie et la consacrera à 
                          Dieu. Plus tard, celle-ci donnera naissance au fils 
                          de Dieu. L'ange ajouta que Joachim devait se rendre 
                          à Jérusalem, à la porte d'Or. Là, 
                          il rencontrera sa femme, inquiète de sa longue 
                          absence. Entre-temps, l'ange s'en alla informer Anne 
                          de la même chose. Le mari et la femme se rencontrèrent 
                          donc à la Porte dorée, dans l'état 
                          d'exaltation que l'on devine.
 Après sa naissance, Marie fut allaitée 
                          pendant trois ans, puis conduite au Temple avec des 
                          offrandes. Elle resta recluse dans ce lieu sacré 
                          jusqu'à l'âge de quatorze ans, visitée 
                          par les êtres célestes et admise à 
                          la vision divine. Elle consacra sa vie à la prière 
                          et au tissage de la laine, tandis qu'un ange se chargeait 
                          de lui apporter sa nourriture.
 La Rencontre à la Porte dorée, compte 
                          tenu du contexte de symboles et d'émotions où 
                          il faut l'insérer, a souvent inspiré les 
                          artistes, notamment les peintres verriers mandatés 
                          par les fabriques. Ces peintres ont laissé errer 
                          leur imagination, que ce soit dans l'attitude des deux 
                          époux ou dans l'environnement architectural. 
                          La Porte d'Or est en effet une ouverture dans la forteresse 
                          qui entoure la vieille ville de Jérusalem. Elle 
                          peut être présentée comme un arc 
                          triomphal ou comme un simple passage dans un mur. Dans 
                          le vitrail qui nous occupe ici, l'auteur du carton a 
                          choisi la version «Arc triomphal», faisant 
                          l'impasse sur le mur de la forteresse. L'architecture, 
                          ornée d'angelots et de médaillons, emprunte 
                          beaucoup à l'art de la Renaissance. Quant à 
                          Anne et Joachim et à la posture qu'on leur prête 
                          lors de leurs émouvantes retrouvailles, on voit, 
                          dans la plupart des uvres, les deux époux 
                          rester l'un en face de l'autre, souvent à bonne 
                          distance (ce qui est le cas ici). Quelquefois, ils se 
                          tiennent la main, le bras, ou ils s'embrassent chastement. 
                          Il est rare qu'ils s'étreignent comme deux amoureux. 
                          (Voir le groupe sculpté d'Anne et Joachim, uvre 
                          de la statuaire troyenne du XVIe siècle, à 
                          l'église Saint-Pantaléon 
                          à Troyes.)
 Les collections des peintures des Écoles du Nord, 
                          au musée du Louvre, exposent un tableau 
                          de cette fameuse rencontre, peint par Wilhem Ziegler 
                          au XVIe siècle où l'on voit Anne et Joachim 
                          engloutis dans une étreinte ! Quant à 
                          la porte d'Or, elle semble carrément insérée 
                          dans une masure. Seul le paysage verdoyant du fond peut 
                          faire penser qu'il s'agit bien d'une porte et qu'on 
                          est en plein air. Le même tableau montre aussi, 
                          sur la gauche, la scène de l'ange qui informe 
                          Anne de la future naissance de Marie. Cette scène 
                          se situe dans l'ouverture d'une demeure. On a l'impression 
                          que l'ange a tout simplement frappé à 
                          la porte et, comme le facteur, qu'il tient un courrier 
                          à la main !
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                | 
                     
                      | «««--- 
                        À GAUCHE «La Rencontre à la Porte dorée»
 Wilhelm Ziegler (1480 - vers 1543)
 PARIS, MUSÉE DU LOUVRE
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          |  Naissance de la Vierge, Présentation de la Vierge au Temple
 Vitrail de la vie de sainte Anne (1520-1530), Registre inférieur.
 |  Marie devant le grand-prêtre (tête restaurée en 
            1869)
 Vitrail de la vie de sainte Anne (1520-1530)
 Détail du registre inférieur
 «Atelier Rouennais», 1520-1530
 Là encore, le jaune d'argent est utilisé pour
 le manteau et les cheveux.
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                | 3 - VITRAIL DES 
                  CHARS (Jean et Engrand LE PRINCE, Beauvais, 1522-1524) |  |   
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                |  Le vitrail des Chars ou Le Triomphe de la Vierge
 (Jean et Engrand Le Prince, Beauvais, 1522-1524)
 |   
                |  Ève naît d'une côte d'Adam (Jean et Engrand 
                  le Prince)
 Vitrail des Chars (soufflet dans le tympan)
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                | 
                     
                      | Le 
                          vitrail des Chars, uvre de Jean 
                          et Engrand Le Prince à Beauvais, est l'un 
                          des plus beaux vitraux exposés dans l'église 
                          Sainte-Jeanne d'Arc. Très riche en couleurs, 
                          il affiche des arrière-plans d'architecture ou 
                          de massifs forestiers. Le jaune d'argent y est utilisé 
                          pour donner un «cachet de feu» à 
                          certaines parties du dessin, comme le char d'Adam et 
                          Ève, dans le registre situé sous le tympan. 
                          Comme souvent, avec les Le Prince, il est signé.Au niveau artistique, le vitrail des Chars illustre 
                          le goût du Triomphe chez les gens de la Renaissance. 
                          Le Triomphe, c'est un char tiré par des vertus 
                          ou des vices, accompagné par des animaux et suivi 
                          par des personnages incarnant le Bien ou le Mal, la 
                          Justice ou l'Envie, la Charité ou l'Avarice, 
                          etc. Sur le plan théologique, le vitrail des 
                          Chars rappelle les grandes phases de l'histoire du monde 
                          et le combat de l'Église catholique contre le 
                          protestantisme.
 Le décryptage commence par le tympan : Marie, 
                          enfant, au côté du Créateur, préexiste 
                          à la création du monde. Dans un soufflet, 
                          Ève, qui sort d'une côte d'Adam, fait la 
                          liaison avec le registre du dessous où s'avance 
                          le premier Triomphe, celui d'Adam et Ève au paradis 
                          terrestre. Deux vertus, parées de robes bleue 
                          et rouge tirent le char ; d'autres le suivent. Adam 
                          et Ève tiennent bien haut l'étendard de 
                          la Justice.
 Le registre du milieu évoque la chute de l'homme 
                          : c'est le Triomphe de Satan. Le char porte l'arbre 
                          de la Connaissance autour duquel s'entoure le serpent. 
                          Il est précédé par Adam et Ève 
                          courbant l'échine. Ce panneau, très célèbre, 
                          est un classique du vitrail de la Renaissance. Adam 
                          et Ève, déchus, sont maintenant les captifs 
                          de Labor et de Dolor. Ils se traînent 
                          devant un superbe décor en camaïeu bleu 
                          montrant la cathédrale Notre-Dame de Rouen et 
                          les toits de maisons de la ville. Cette fois, l'étendard 
                          de la Justice, en berne sur sa hampe, est porté 
                          par la Crédulité. Les sept péchés 
                          capitaux, montés sur des animaux, suivent le 
                          porte-étendard.
 Enfin, le registre du bas est à la gloire de 
                          la Vierge. David et Isaïe l'accompagnent sur son 
                          char, dont les roues écrasent le démon. 
                          Marie se présente ainsi en actrice du rachat 
                          du péché originel, elle qui, nous disent 
                          les Écritures, préexistant à la 
                          création du monde, a été conçue 
                          sans péché. Le char est tiré par 
                          des anges, tandis que Moïse, la Vérité 
                          et l'Hérésie ouvrent la route. 
                          Derrière, les donateurs suivent le cortège. 
                          Les historiens d'art ne savent pas exactement qui ils 
                          sont. Des marchands? En tout cas, des roturiers car 
                          leurs habits sont sobres. Au-dessus de leurs têtes 
                          trône un magnifique camaïeu de la cathédrale 
                          de Beauvais. Sont-ils originaires de cette ville? 
                          Et, si oui, est-ce pour cette raison qu'ils ont commandé 
                          la verrière à un atelier de Beauvais? 
                          Il n'y a aucune certitude.
 La Vierge, en tant que rédemptrice, occupe une 
                          place centrale dans l'iconographie de ce vitrail. C'est 
                          évidemment une réponse aux réformés 
                          qui lui ôtent quasiment toute part dans la théologie 
                          protestante. Le symbole est encore accentué par 
                          la présence de l'Hérésie 
                          et de la Vérité comme porte-étendards 
                          en tête du cortège. Le sujet de cette verrière 
                          était nouveau. Les peintres se sont d'une part 
                          inspiré du dessin d'Albert Dürer, le 
                          grand char de l'empereur Maximilien, ils ont aussi 
                          inséré quelques cartouches pour expliquer 
                          les scènes. Quoi qu'il en soit, le résultat 
                          est digne de louanges. Des répliques en furent 
                          faites, dont l'une, destinée à l'église 
                          Saint-Nicolas de Rouen, se trouve dispersée en 
                          Grande-Bretagne.
 On regardera avec intérêt le chef d'uvre 
                          d'Engrand le Prince à l'église Saint-Étienne 
                          de Beauvais 
                          : un arbre de Jessé considéré comme 
                          l'un des plus beaux de la Renaissance.
 Source : Vitraux retrouvés 
                          de Saint-Vincent de Rouen, 
                          musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995.
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                |  Le Triomphe de la Vierge ou le vitrail des Chars
 Registre supérieur : la cathédrale de Rouen en 
                  camaïeu bleu (Jean et Engrand le Prince, 1522-1524)
 |   
                |  Les animaux du paradis terrestre dans le registre supérieur
 Vitrail des Chars, Jean et Engrand le Prince, Beauvais, 1522-1524
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          |  Le Triomphe de la Vierge : Marie, en tant que rédemptrice, 
            triomphe du Mal qui est écrasé par les roues.
 Vitrail des Chars, registre inférieur
 (Jean et Engrand le Prince, Beauvais, 1522-1524).
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          | 
               
                |  Le triomphe d'Adam et Ève au paradis terrestre
 Vitrail des Chars, registre supérieur
 Adam et Ève, nus sur le char, portent haut l'étendard 
                  de la Justice.
 Pour le char et le cortège, les Le Prince se sont inspirés 
                  de la gravure du «Grand char de l'empereur Maximilien» 
                  d'Albert Dürer.
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                | 
                     
                      | À DROITE ---»»» Adam et Ève, captifs de Labor et Dolor, tirent 
                        le char du Mal où trône l'arbre de connaissance.
 Vitrail des Chars, registre du milieu (Le triomphe de 
                        Satan)
 Ce superbe vitrail illustre la page de couverture du volume 
                        du Corpus Vitrearum sur les vitraux de Haute-Normandie.
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          |  Le triomphe de Satan
 Vitrail des Chars, registre du milieu
 L'étendard de la Justice, en berne, est porté par la 
            Crédulité.
 L'Arbre de la Connaissance a pris place sur le char. Autour de l'Arbre 
            s'enroule le démon. Il a pris la forme d'un serpent à 
            tête humaine.
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          | 
               
                | 4 - VITRAIL DE 
                  L'ARBRE DE SAINTE ANNE («Atelier Rouennais», 1520-1530) |  |   
          |  Vitrail de l'Arbre de sainte Anne
 «Atelier Rouennais»
 1520-1530
 À DROITE ---»»»
 La Vierge et l'Enfant
 au centre du vitrail.
 Vitrail de l'Arbre de sainte Anne
 | 
               
                | Le vitrail 
                    de l'Arbre de sainte Anne rappelle la disposition 
                    de l'Arbre de Jessé. Il veut illustrer la descendance 
                    d'Anne au travers (selon la Légende dorée 
                    de Jacques de Voragine) de ses trois mariages. Au bas de l'Arbre 
                    se trouve sainte Anne instruisant la Vierge, fille qu'elle 
                    a eu avec Joachim. Elle s'est ensuite mariée avec Cléophas, 
                    dont elle a eu Marie Cléophas (à droite), puis 
                    avec Salomé, dont elle a eu Marie Salomé (à 
                    gauche). Sainte Anne est donc entourée de ses trois 
                    filles. On a donc affaire à une représentation 
                    des trois Marie.Au niveau supérieur, la Vierge se tient au centre, 
                    portant l'Enfant Jésus dans ses bras. À gauche, 
                    on trouve les enfants de Marie Cléophas (mariée 
                    à Alphée) : Simon, Joseph le Juste, Jacques 
                    le Mineur et Jude ; à droite, les enfants de Marie 
                    Salomé (mariée à Zébédée) 
                    : Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste. Cinq 
                    de ces six demi-frères seront apôtres du Christ. 
                    Tous ont la même grand-mère, sainte Anne. Jésus 
                    et ces cinq apôtres sont donc cousins au premier degré. 
                    Il s'agit bien sûr d'une généalogie tirée 
                    de la Légende dorée, avec sa part inévitable 
                    d'invention. Inutile d'ajouter que des érudits, dès 
                    le Moyen Âge, ont rejeté cette descendance. Vraie 
                    ou pas, elle doit être prise avec respect : grâce 
                    à elle, des artistes ont pu réaliser des chefs-d'uvre. 
                    On peut voir les statues des trois Marie sur le portail sud 
                    de la collégiale Saint-Vulfran 
                    à Abbeville. 
                    Les originaux ont été détruits par la 
                    guerre de 40, mais des copies ont été montées 
                    en 1998.
 Bien que la descendance de sainte Anne ait été 
                    un thème assez fréquent à la fin du Moyen 
                    Âge, il est rare de le voir illustré avec autant 
                    d'ampleur. Dans les draperies et les gestes, on y sent l'influence 
                    du maître hollandais Arnoult de Nimègue 
                    (qui avait séjourné à Rouen peu avant 
                    la création des vitraux de Saint-Vincent).
 Sources : Vitraux 
                    retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, musée 
                    des Beaux-Arts de Rouen, 1995 + La Légende dorée 
                    de Jacques de Voragine.
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          |   |  Les trois Marie : Marie Salomé, sainte Anne (avec la Vierge) 
            et Marie Cléophas.
 Vitrail de l'Arbre de sainte Anne
 «Atelier Rouennais», 1520-1530
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                | 5 - VITRAIL DE 
                  LA VIE DE SAINT JEAN-BAPTISTE (Engrand Le PRINCE, Beauvais, 
                  1525-1526) |  |   
          |  Vitrail de la vie de saint Jean-Baptiste
 Engrand le Prince
 Beauvais, 1525-1526
 | 
               
                | Le vitrail 
                    de saint Jean-Baptiste est un chef d'uvre 
                    d'Engrand le Prince, indiscutablement l'artiste le 
                    plus doué de cette famille de peintres verriers de 
                    Beauvais. L'histoire commence par le tympan avec les premiers 
                    épisodes de la vie de Jean : Annonce à Zacharie, 
                    Visitation, Départ de Jean de la maison de 
                    ses parents pour le désert ; Première 
                    prédication. Sur les deux registres au-dessous, 
                    Engrand Le Prince développe les quatre phases capitales 
                    de sa vie ou liées à elle. En haut, devant un 
                    riche arrière-plan : la Prédication, 
                    puis le baptême du Christ. Le superbe décor 
                    bleuté (où figurent encore quelques éléments 
                    d'architecture) lie les deux scènes. Au-dessous, deux 
                    compositions célèbres (et légèrement 
                    refaites à cause des bouche-trous) : la Décollation 
                    et la Présentation de la tête du Baptiste 
                    à Hérode et Hérodiade.Voir l'église Saint-Jean-Baptiste 
                    à Saint-Jean-d'Angély 
                    pour connaître le pourquoi de la décollation 
                    de Jean et le rôle de ses remontrances à Hérode 
                    Antipas.
 Quelques parties de ce vitrail ne sont pas d'origine. Dès 
                    le XVIe siècle, on eut à refaire la tête 
                    du Christ dans la scène du baptême. D'après 
                    les sources, la tête originale aurait pu être 
                    brisée lors du saccage de Rouen par les protestants 
                    en 1562. Enfin, retouche plus importante (due aux nombreux 
                    bouche-trous) dans deux panneaux du registre inférieur 
                    : celle de la Présentation de la tête de Jean 
                    à Hérode et Hérodiade par Salomé. 
                    La danse de Salomé, accompagnée de rubans qui 
                    volètent, est une «création» de 
                    l'atelier Duhamel-Marette à Évreux en 1869. 
                    Cette création est dénigrée par les historiens 
                    d'art pour deux raisons. D'une part, elle ne correspond pas 
                    à l'iconographie (Salomé présente en 
                    effet la tête sur un plateau et ne danse pas) ; d'autre 
                    part, l'atelier Marette avait sous la main, dans l'église 
                    de Pont-Audemer, une fort bonne imitation de la scène 
                    perdue d'Engrand le Prince. En effet, cette célèbre 
                    verrière a été copiée par d'autres 
                    peintres verriers normands dès son exposition dans 
                    l'église Saint-Vincent. Ainsi, en 1535, Mausse Heurtault 
                    en fit une réplique (jugée très correcte 
                    par les historiens) pour l'église Saint-Ouen de Pont-Audemer. 
                    D'autres églises de Haute-Normandie possèdent 
                    des imitations de cette verrière, preuve que la «griffe» 
                    d'Engrand le Prince servait de source d'inspiration et d'émulation 
                    au niveau d'une région.
 Source : Vitraux retrouvés 
                    de Saint-Vincent de Rouen, 
                    musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995.
 |  |   
          |  Registre supérieur du vitrail de la vie de saint Jean-Baptiste 
            par Engrand le Prince (1525-1526)
 Le lion en bas à gauche est marqué par l'influence de 
            Dürer.
 La tête du Christ dans la scène du baptême a été 
            refaite au XVIe siècle.
 |   
          |  La Décollation de Jean-Baptiste et la Présentation de 
            la tête du saint à Hérode et Hérodiade.
 Vitrail de la vie de saint Jean-Baptiste par Engrand le Prince (Beauvais, 
            1525-1526).
 Registre inférieur.
 |  Tête de Salomé.
 Vitrail de la vie de saint Jean-Baptiste par Engrand le Prince
 Cette tête de Salomé, ainsi que tout le personnage en 
            train de
 danser, est une création de l'atelier Duhamel-Marette en 1869.
 |   
          |  Salomé attend, avec son plateau, la tête de Jean-Baptiste.
 Vitrail de la vie de saint Jean-Baptiste par Engrand le Prince (1525-1526), 
            registre inférieur
 Le grand artiste qu'était Engrand Le Prince n'a lésiné 
            sur rien : le camaïeu bleu du bâtiment
 sur la gauche fait apparaître des personnages sur les balcons 
            afin que tout le décor soit animé.
 
 |  Hérode et Hérodiade reçoivent la tête de 
            Jean-Baptiste présentée sur un plateau par Salomé.
 Vitrail de la vie de saint Jean-Baptiste par Engrand le Prince (1525-1526), 
            registre inférieur
 
  Dans tout ce registre, Engrand le Prince emploie le jaune d'argent 
            pour les vêtements
 des deux personnages principaux de l'histoire : Hérode et Salomé.
 |   
          |  La Décollation de Jean-Baptiste (partiel)
 Vitrail de la vie de saint Jean-Baptiste par Engrand le Prince (1525-1526), 
            registre inférieur
 
  La magnificence des architectures d'arrière-plan et les personnages 
            qui les animent
 font partie intégrante de la marque de fabrique d'Engrand le 
            Prince.
 |  Jean quitte la demeure de ses parents, Première prédication
 Vitrail de la vie de Jean-Baptiste par Engrand le Prince (1525-1526), 
            détail du tympan.
 |   
          | 
               
                | 6 - VITRAIL DES 
                  UVRES DE MISÉRICORDE (Jean et Engrand LE PRINCE, 
                  Beauvais, vers 1525) |  |   
          |  Vitrail des uvres de Miséricorde
 par Jean et Engrand le Prince
 (Beauvais, vers 1525)
 | 
               
                | 
                     
                      | Le 
                          vitrail des uvres de miséricorde 
                          possède une iconographie peu commune. Quatre 
                          tableaux allégoriques illustrent les bienfaits 
                          de la Charité. Jean et Engrand Le Prince 
                          y déploient tout leur talent dans des panneaux 
                          hauts en couleurs. Celui du bas a subi une restauration 
                          après le saccage de Rouen par les protestants 
                          en 1562. Et l'atelier Duhamel-Marette fit une restauration 
                          générale en 1869.Les registres regorgent d'inscriptions nommant les personnages 
                          ou expliquant ce qu'ils font : le thème devait 
                          être difficile à cerner.
 Le registre du bas est une allégorie du Mauvais 
                          riche. Celui-ci a pris place au centre de la table, 
                          habillé d'un manteau au col de fourrure très 
                          luxueux. À droite, on voit Suffisance, 
                          debout, dans sa belle robe rouge aux manches vertes 
                          ; à gauche se tient une nonne (les Le Prince 
                          voulaient-ils rappeler par là que les couvents 
                          étaient riches?). Trois pauvres tendent la main 
                          et se font rabrouer. Le quatrième, Lazare, est 
                          étendu par terre, au premier plan. Lui aussi 
                          tend la main ostensiblement.
 Le registre du dessus montre la punition de l'ingratitude. 
                          La cause des riches, en vêtements luxueux, est 
                          défendue par Pitié auprès 
                          du Christ, qui refuse de s'apitoyer sur leur sort : 
                          une inscription porte la mention : «Qu'ils souffrent 
                          de la faim comme les chiens». Dans ce panneau, 
                          les riches sont clairement désignés comme 
                          des ingrats. Une inscription à la base les appelle 
                          d'ailleurs «les riches ingrats». Cette notion 
                          d'ingratitude est ici surprenante. Qu'ont fait les     
                          ---»»» Suite à droite
 |  |   
                |  |  | 
               
                |  Le Mauvais riche
 Vitrail des uvres de Miséricorde
 par Jean et Engrand le Prince (Beauvais, vers 1525)
 |   
                | 
                     
                      |  ---»»»    
                          pauvres pour ce riche? En quoi est-il leur débiteur? 
                          Il faut connaître la mentalité des gens 
                          du Moyen Âge à partir du XIIe siècle 
                          et le sens qu'on y donnait alors au mot pauvreté. 
                          Pour ce faire, on se reportera au développement 
                          proposé ci-dessous. 
                          Disons simplement que l'existence des indigents était, 
                          d'une certaine manière, considérée 
                          comme la source de la fortune des riches. Un riche qui 
                          ne pratiquait pas la charité était donc 
                          un ingrat : il ne rendait pas aux pauvres ce que les 
                          pauvres lui avaient donné eux-mêmes. Sur 
                          la gauche, la Mort perce un riche de sa lance. Au registre au-dessus, Richesse, une femme élégante 
                          parée d'une robe peinte au jaune d'argent., repousse 
                          Nécessité qui mendie pour ses enfants. 
                          Derrière, Charité secourt des pauvres, 
                          dont un boiteux. Au premier plan, à droite, une 
                          scène plus ambiguë : Aumône 
                          éteint le feu qui menace Péché. 
                          Ce symbole se traduit aisément : le secours 
                          aux pauvres réduit le pouvoir du Malin en ôtant 
                          les hommes secourus à son influence.
 Au registre supérieur enfin, le Christ , sous 
                          un dais richement décoré, promet de nourrir 
                          tous ceux qui viennent à lui. Ce panneau n'est 
                          pas reproduit en gros plan dans cette page.
 Source : Vitraux retrouvés 
                          de Saint-Vincent de Rouen, 
                          musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995.
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                | 
                     
                      | «««--- 
                        À GAUCHE Le Festin du Mauvais riche
 Vitrail des uvres de Miséricorde
 par Jean et Engrand le Prince (Beauvais, vers 1525)
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          |  Le Festin du Mauvais riche
 Vitrail des uvres de Miséricorde par Jean et Engrand 
              le Prince (Beauvais, vers 1525)
 Le Mauvais riche rabroue les mendiants. Sur la droite, Dame Suffisance 
              ne porte que mépris à la scène.
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                | La pauvreté 
                    au Moyen Âge occidental.Le sens du mot «pauvreté» a évolué 
                    au XIIe siècle, époque marquée par un 
                    important progrès technique et un enrichissement global 
                    de la société. Jusque-là, la pauvreté 
                    était conçue comme la rançon du péché, 
                    comme un châtiment ; la richesse, regardée comme 
                    une faveur divine qui permettait de faire l'aumône, 
                    acte qui s'était presque institutionnalisé. 
                    Certains grands nobles traînaient en permanence derrière 
                    eux une douzaine de pauvres qu'ils nourrissaient. Ainsi ils 
                    respectaient leurs obligations envers les pauvres et les opprimés.
 On trouve dans le XIIe siècle occidental une situation 
                    qui rappelle celle de ce début du XXIe : le progrès 
                    technique entraîne l'enrichissement de ceux qui entreprennent, 
                    mais multiplient les pauvres. L'Église aussi s'enrichit, 
                    et de là naît le scandale. Comment imiter le 
                    Christ quand on vit dans l'opulence? L'accroissement du nombre 
                    des «laissés-pour-compte de la croissance» 
                    (comme on dirait aujourd'hui) et la nécessité 
                    de ne pas s'écarter de l'idéal évangélique 
                    vont changer les mentalités.
 André Vauchez, dans son ouvrage La spiritualité 
                    du Moyen Âge occidental, écrit que «cette 
                    conception ritualiste de la charité fit place à 
                    une volonté de lutter efficacement contre la misère 
                    et surtout d'entrer en contact direct avec les pauvres.» 
                    S'occuper de la veuve et de   
                    ---»»»
 |  | 
               
                |  ---»»»   
                    l'orphelin avait été à la source 
                    de l'idéal chevaleresque. Désormais il faut 
                    aussi s'occuper de ceux qui sont regardés comme des 
                    victimes de l'injustice (on dirait aujourd'hui de l'injustice 
                    sociale) et ils sont légions : mendiants, errants, 
                    prostituées, malades, lépreux, etc. Mais André 
                    Vauchez souligne aussi que la pauvreté, à cette 
                    époque, ce n'était pas seulement manquer d'argent, 
                    c'était aussi manquer de protection, être abandonné 
                    à soi-même. Faire l'aumône à un 
                    mendiant dans la rue n'était plus suffisant. Il fallait 
                    le prendre en charge, c'est-à-dire créer des 
                    maisons où on pourrait l'accueillir. D'où la 
                    floraison d'établissements de bienfaisance, d'«hôpitaux», 
                    souvent ouverts par des mains privées. Les léproseries 
                    vont ainsi se multiplier dans tout l'Occident chrétien 
                    dans les dernières décennies du XIIe siècle. 
                    «La véritable charité consistait à 
                    dépister les misères et à les soulager 
                    par une organisation aussi efficace que le permettaient les 
                    conditions de l'époque», écrit encore 
                    André Vauchez. Parfois la charité allait encore 
                    plus loin : on sortait un pauvre de sa misère en lui 
                    trouvant du travail car la présence du pauvre, véritable 
                    «vicaire du Christ» était regardée 
                    comme salvatrice.Globalement parlant, au cours du XIIe siècle la nature 
                    de l'aumône se transforme : elle n'est plus un acte 
                    méritoire, elle devient un geste de justice. Sous les 
                    coups de boutoir des têtes pensantes du christianisme 
                    de l'époque, comme saint Bernard, la conscience collective 
                    ira même plus loin : le riche a le devoir de donner 
                    parce que l'aumône est devenue un droit ; si le riche 
                    ne donne pas, le pauvre a le droit de voler pour récupérer 
                    son dû.
 La verrière des uvres de Miséricorde 
                    réalisée par les Le Prince assimile à 
                    des ingrats les riches qui ne donnent pas (deuxième 
                    registre en partant du bas). L'utilisation du mot «ingratitude» 
                    peut étonner ici. Qu'ont donc fait les indigents pour 
                    les riches? En remerciement de quoi doivent-ils recevoir de 
                    l'argent? Nous avons vu plus haut que l'aumône en était 
                    venue à être ressentie, par les mendiants, comme 
                    un droit. Saint Bernard, cité par André Vauchez, 
                    pousse l'affaire encore plus loin et précise clairement 
                    le sous-tendu de la civilisation occidentale du XIIe siècle. 
                    L'historien cite le saint qui apostrophe les riches en se 
                    faisant le porte-parole des pauvres : «C'est notre vie 
                    qui forme votre superflu. Tout ce qui s'ajoute à vos 
                    vanités est un vol fait à nos besoins.» 
                    Mentalité qui peut, replacée dans la bouche 
                    des indigents, s'interpréter abruptement de la manière 
                    suivante : «le fait que je vive vous permet d'être 
                    riche, donc le fait de vivre doit me rapporter de l'argent.» 
                    Au vu de la construction incessante, au cours des âges, 
                    d'hospices, d'Hôtel-Dieu et de maisons spécialisées 
                    pour s'occuper des pauvres, il est clair que cette mentalité 
                    a peu ou prou perduré jusqu'au XIXe siècle. 
                    On fera aisément le parallèle avec l'aide sociale 
                    plus que généreuse de notre civilisation actuelle 
                    où le fait de vivre signifie pour certains : «je 
                    consomme, donc j'accrois vos bénéfices». 
                    Avec la conclusion qui s'ensuit. Ce bouleversement des mentalités 
                    fait du XIIe siècle une époque charnière 
                    dans l'histoire de la mentalité occidentale.
 Source : La spiritualité 
                    du Moyen Âge occidental (VIIIe-XIIIe siècle) 
                    d'André Vauchez, Collections Points, éditions 
                    du Seuil.
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          |  L'inscription «Les Riches ingras» est à moitié 
            effacée.
 Bas du panneau «La Pitié intercède pour les Riches 
            ingrats auprès du Christ»
 Vitrail des uvres de Miséricorde
 par Jean et Engrand le Prince (Beauvais, vers 1525)
 |   
          |  Dame Richesse repousse Dame Nécessité qui mendie pour 
            ses enfants (à gauche)
 L'Aumône (Osmone) éteint le feu qui menace Péché 
            couché par terre (à droite)
 Vitrail des uvres de Miséricorde
 par Jean et Engrand le Prince (Beauvais, vers 1525).
 |  La Pitié intercède pour les Riches ingrats auprès 
            du Christ qui les repousse.
 La Mort transperce un riche avec sa lance.
 Vitrail des uvres de Miséricorde
 par Jean et Engrand le Prince (Beauvais, vers 1525).
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          | 
               
                | 7 - VITRAIL DE 
                  SAINT ANTOINE DE PADOUE («Atelier Rouennais», vers 
                  1530) |  |   
          | 
               
                |  Vitrail de saint Antoine de Padoue
 «Atelier Rouennais», vers 1530
 Son style est nettement marqué par l'influence des Le 
                  Prince.
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                | 
                     
                      | À DROITE ---»»» Vitrail de saint Antoine de Padoue
 «Atelier Rouennais», vers 1530
 
 1) Le Miracle du pied coupé ---»»»
 
 2) Le Cur de l'usurier (partie droite du panneau) 
                        ---»»»--»»»
 On découvre le cur dans la cassette, au milieu
 des pièces d'or, tandis que la dépouille 
                        n'a pas de cur.
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                | 
                     
                      | Le 
                          vitrail de saint Antoine de Padoue est la 
                          seule verrière parmi les treize de l'ancienne 
                          église Saint-Vincent qui soit peinte en grisaille 
                          et sanguine rehaussée de jaune d'argent. L'influence 
                          des Le Prince y est manifeste : précision de 
                          l'architecture, riches drapés avec plis et surplis, 
                          et surtout abondance de jaune d'argent pour définir 
                          les formes et affiner les modelés. Les historiens 
                          n'expliquent d'ailleurs pas comment cette influence 
                          a pu s'exercer : les Le Prince étaient en activité 
                          à Beauvais et le phénomène d'imprégnation 
                          du travail d'un maître par l'observation attentive 
                          de ses uvres n'était guère possible. 
                          Les créateurs de cette verrière (comme 
                          de celle de saint 
                          Pierre vue plus haut, influencée elle aussi 
                          par les Le Prince) avaient-ils été travailler 
                          dans l'atelier de Beauvais? Question sans réponse.Le vitrail de saint Antoine illustre trois des principaux 
                          miracles attribués à ce saint. En bas, 
                          on voit le Miracle de la mule. L'animal s'agenouille 
                          devant une hostie consacrée au lieu de la manger. 
                          Au-dessus : Prédication du saint aux funérailles 
                          d'un usurier. Antoine de Padoue avait prédit 
                          que l'on trouverait le cur de cet homme, qui aimait 
                          l'or plus que Dieu, dans sa cassette. On découvre 
                          en effet son cur au milieu des pièces d'or 
                          de son coffre (image à droite ci-dessous) ; on 
                          s'aperçoit aussi que sa dépouille n'a 
                          pas de cur. Registre suivant : le Miracle du 
                          pied coupé (photo ci-dessous). Un homme a 
                          frappé sa mère avec son pied. Antoine 
                          conseille alors à ce fils indigne de couper ce 
                          pied qui scandalise, ce que fait l'homme. Ému 
                          et pris de remords, Antoine recolle le pied à 
                          la jambe. Enfin, le registre supérieur dépeint 
                          la Mort de saint Antoine. Le saint y est entouré 
                          de moines et de proches.
 Cette verrière possède beaucoup de plombs 
                          de casse et l'appréciation de ses qualités 
                          artistiques en est rendue difficile. Néanmoins, 
                          elle a une caractéristique notable : les panneaux 
                          sont une agrégation de plusieurs scènes 
                          pour constituer une histoire. Ainsi, dans le panneau 
                          du pied coupé, on distingue nettement, dans la 
                          partie droite, l'homme qui se coupe le pied et, en bas, 
                          le saint qui le recolle à la jambe.
 On pourra se reporter à l'église Saint-Antoine-de-Padoue 
                          au Chesnay, près de Versailles, 
                          église achevée en 1900 et possédant 
                          une très belle verrière des ateliers Lorin 
                          à Chartres sur la vie de saint Antoine.
 Source : Vitraux retrouvés 
                          de Saint-Vincent de Rouen, 
                          musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995
 |  |   
                |   |   |  |       
          |  Le Miracle de la mule
 Vitrail de saint Antoine de Padoue
 «Atelier Rouennais», vers 1530
 En bas à gauche, deux donatrices agenouillées sont en 
            prière.
 
 
 | 
               
                |  La Mort de saint Antoine de Padoue
 Vitrail de saint Antoine de Padoue, «Atelier Rouennais», 
                  vers 1530.
 |   
                | 
                     
                      | C'est souvent sur les vitraux 
                          de la Renaissance que l'on trouve de très intéressants 
                          dessins des vaisseaux de cette époque.Voir le vitrail de la nef au palais 
                          Jacques Cur à Bourges.
 |  |  La nef dans l'arrière-plan du «Miracle de la mule»
 (Le haut du mât a été coupé.)
 |  |     
          | 
               
                | 8 - VITRAIL DES 
                  SAINTS («Atelier Rouennais», 1520-1530) |  |   
          | 
               
                | 
                     
                      | Le 
                          vitrail des Saints est situé au-dessous 
                          de celui de saint Antoine de Padoue, dans la même 
                          verrière. Dans l'ancienne église Saint-Vincent, 
                          ces deux vitraux étaient séparés. 
                          Sur un plan général, les grandes figures 
                          dont se compose le vitrail des Saints ont inspiré 
                          les peintres verriers normands pour d'autres églises.Les historiens d'art penchent pour une participation 
                          de plusieurs artistes dans la conception de ce vitrail. 
                          En particulier un détail retient l'attention 
                          : le panneau du haut est enrichi d'un décor d'arrière-plan, 
                          ce qu'on ne voit pas dans les deux autres. Certains, 
                          faisant le parallèle avec un vitrail d'Arnoult 
                          de Nimègue à Louviers, y voient une 
                          influence déterminante de ce maître. Serait-ce 
                          même un verrier formé par lui qui aurait 
                          fait ce panneau? Les sources consultées font 
                          mention d'une différence importante entre le 
                          visage de saint Jacques (reproduit en gros plan à 
                          droite) et le visage des autres personnages. «La 
                          douceur qui émane du visage de saint Jacques, 
                          modelé à la sanguine et à la grisaille, 
                          provient d'un jeu de hachures très subtil qui 
                          se confond avec le travail de putoisage et d'enlevés. 
                          Sur les autres visages, traités uniquement en 
                          grisaille, les hachures sont plus apparentes», 
                          lit-on dans l'ouvrage Vitraux retrouvés de 
                          Saint-Vincent de Rouen sous la plume de Véronique 
                          Chaussé et Laurence de Finance. Faut-il en conclure 
                          à un quasi-partage des tâches entre verriers 
                          au sein d'un même registre de scènes? Question 
                          que posent nos deux auteurs et qui reste sans réponse.
 Le registre inférieur du vitrail des Saints montre 
                          sainte Anne instruisant la Vierge, et sainte Jean-Baptiste. 
                          À leurs pieds, les donatrices. Registre du dessus 
                          : un saint archevêque (probablement saint Claude) 
                          et saint Nicolas, aisément reconnaissable. Le 
                          registre supérieur représente saint Vincent, 
                          patron de la paroisse, et saint Jacques le Majeur. L'arrière-plan 
                          de ce panneau est orné d'un très bel arc 
                          triomphal typique de l'art Renaissance.
 Notons encore que le sac de Rouen par les protestants 
                          en 1562 a ici laissé des traces puisque le visage 
                          de Marie (photo ci-dessous) et le visage de la donatrice 
                          de gauche (visible sur la photo générale 
                          du vitrail) ont été restaurés après 
                          cette date. On y trouve en effet des traces d'émaux, 
                          technique inconnue au début du XVIe siècle. 
                          Enfin, l'atelier Duhamel-Marette s'est chargé 
                          d'une restauration globale au XIXe siècle.
 Source : Vitraux retrouvés 
                          de Saint-Vincent de Rouen, 
                          musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995.
 |  |   
                |  L'Éducation de la Vierge et une donatrice
 Vitrail des Saints, «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 Le visage de la Vierge, qui porte des traces d'émaux, 
                  a été
 restauré après 1562, année du saccage de 
                  Rouen par les protestants.
 |  | 
               
                |  Vitrail des Saints
 «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 Le registre supérieur trahit une forte influence de l'art 
                  d'Arnoult de Nimègue.
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                |  |  | 
               
                |  Saint Jacques Le Majeur
 Vitrail des saints, «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 C'est le seul visage de la verrière à être
 modelé à la sanguine et à la grisaille.
 |   
                |  L'Éducation de la Vierge
 Vitrail des Saints, «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 Le visage de la Vierge, qui porte des traces d'émaux, 
                  a été
 restauré après 1562, année du saccage de 
                  Rouen par les protestants.
 |   
                | 
                     
                      | «««--- 
                        À GAUCHE Gros plan sur l'arc triomphal Renaissance
 Vitrail des Saints, «Atelier Rouennais», 1520-1530
 Registre supérieur
 |  |  |       
          | 
               
                | 9 - VITRAIL DE 
                  L'ENFANCE ET DE LA VIE PUBLIQUE DU CHRIST («Atelier Rouennais», 
                  1520-1530) |  |   
          |  Vitrail de l'Enfance et de la vie publique du Christ
 «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 
 | 
               
                | 
                     
                      | La 
                          verrière de l'Enfance et de la vie publique du 
                          Christ a été donnée 
                          à la paroisse Saint-Vincent par l'une des grandes 
                          familles rouennaises, les Roux de Bourgtheroulde. En 
                          dehors d'objets qui rappellent l'environnement quotidien 
                          (chien, cage en osier pour les tourterelles), le vitrail 
                          se distingue par un travail tout en douceur sur les 
                          visages, ainsi que par le soin apporté au rendu 
                          des étoffes. Les deux registres font ressortir 
                          trois couleurs dominantes : bleu, rouge et jaune d'argent. 
                          Les zones verdoyantes, à l'arrière-plan, 
                          sont tout juste perceptibles.Au tympan, on peut voir une Annonciation, un 
                          Christ de Pitié et, au milieu, la Vierge 
                          et saint Jean. Dans le registre supérieur, 
                          après un Couronnement de la Vierge, on 
                          trouve les premières étapes de la vie 
                          de Jésus : Nativité, Adoration 
                          des mages et Présentation au Temple. 
                          Registre inférieur : Fuite en Égypte, 
                          Jésus parmi les Docteurs, Multiplication 
                          des pains et Adieux de Jésus à 
                          sa mère.
 Source : Vitraux retrouvés 
                          de Saint-Vincent de Rouen, 
                          musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995.
 |  |   
                |  Couronnement de la Vierge, Nativité, Adoration des mages 
                  et Présentation de Jésus au Temple.
 Vitrail de l'Enfance et de la vie publique du Christ, registre 
                  supérieur, «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 |  |       
          |  Fuite en Égypte, Jésus parmi les Docteurs, Multiplication 
            des pains et Adieux du Christ à sa mère.
 Vitrail de l'Enfance et de la vie publique du Christ, registre inférieur.
 «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 À noter que le visage de la Vierge dans les lancettes 1, 3 
            et 4 est le même. Le peintre verrier a utilisé le même 
            carton.
 |  La Vierge avec Jean et Marie-Madeleine ?
 Vitrail de l'Enfance et de la vie publique du Christ.
 |   
          | 
               
                | 10 - VITRAIL DE 
                  LA PASSION («Atelier Rouennais», 1520-1530) |  |   
          |  Vitrail de la Passion
 «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 | 
               
                | Le vitrail 
                    de la Passion, créé vers 1520-1530, 
                    affiche les scènes classiques de cet épisode 
                    bien connu du Nouveau Testament. Au registre inférieur, 
                    l'Entrée du Christ à Jérusalem, 
                    Jésus au jardin des Oliviers (la composition 
                    générale du panneau est inspirée d'un 
                    dessin de Dürer), le Baiser de Judas et la 
                    Comparution devant Caïphe. Dans le panneau du Baiser 
                    de Judas, on remarquera, au premier plan et tombant à 
                    terre, la présence de Malchus, l'homme dont saint Pierre 
                    coupe l'oreille droite. Au registre supérieur : la 
                    Flagellation (peut-être aussi inspirée par 
                    Dürer), Ecce homo, Comparution devant Pilate 
                    et Portement de croix.Au tympan, sainte Véronique présente le voile 
                    de la sainte Face. De part et d'autre, des anges portent les 
                    instruments de la Passion. Tandis que, au-dessus, d'autres 
                    anges portent les armoiries des donateurs (on aperçoit 
                    une tête de sanglier).
 Le Christ est toujours vêtu de violet, à l'exception 
                    de la scène de l'Ecce homo. Son habit, toujours 
                    très simple, contraste avec ceux, nettement recherchés, 
                    des soldats et des bourreaux. Au premier plan du registre 
                    supérieur, deux figures attirent l'attention par leurs 
                    couleurs éclatantes : le soldat dont l'armure est embellie 
                    par le jaune d'argent ; et le soldat d'à côté 
                    qui tient une hallebarde, bien dressé dans son costume 
                    rouge et bleu à crevés. Enfin, notons que l'auteur 
                    des cartons a inclus un chien dans chacun des deux registres.
 Source : Vitraux retrouvés 
                    de Saint-Vincent de Rouen, 
                    musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995.
 |  |   
          |  Le tympan : les anges portent des instruments de la Passion et les 
            armoiries des donateurs.
 Au centre, sainte Véronique présente la sainte Face.
 Vitrail de la Passion, le tympan
 «Atelier Rouennais», 1520-1530
 |   
          |  Entrée dans Jérusalem, Jésus au jardin des Oliviers, 
            Le Baiser de Judas, Comparution devant Caïphe.
 Vitrail de la Passion, registre inférieur. Un enfant joue avec 
            un chient en bas à droite.
 «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 |  Le baiser de Judas.
 Vitrail de la Passion, registre inférieur
 «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 |   
          | 
               
                |  Flagellation, Ecce homo (la tête et le buste du Christ 
                  datent de 1873), Comparution devant Pilate.
 Vitrail de la Passion, registre supérieur
 «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 |   
                |   | 
                     
                      | À DROITE ---»»» Ecce Homo
 Vitrail de la Passion, «Atelier Rouennais», 
                        1520-1530
 L'armure du soldat menaçant est embellie avec du 
                        jaune d'argent.
 Par la fenêtre, on voit les murs de la forteresse 
                        de Jérusalem dans le lointain.
 |   
                      | «««--- 
                        À GAUCHE Le chien au pied du Christ dans la Comparution devant 
                        Pilate.
 |  |  |  |     
          | 
               
                | 11 - VITRAIL DE 
                  LA CRUCIFIXION («Atelier Rouennais», 1520-1530) |  |   
          |  Vitrail de la Crucifixion
 «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 | 
               
                | Le vitrail 
                    de la Crucifixion, daté de la décennie 
                    1520-1530, offre un très bel ensemble chromatique. 
                    La dominante bleue de la partie supérieure irradie 
                    tout le tableau. Cette verrière a subi des dégradations 
                    lors du sac de Rouen par les protestants en 1562. Elle a été 
                    restaurée peu après, puis à nouveau en 
                    1869 par l'atelier Duhamel-Marette. Ainsi, le bleu plus soutenu 
                    au niveau des corps de Jésus et des deux larrons ne 
                    correspond pas au bleu gris initial que l'on voit juste au-dessus 
                    de l'architecture. De même, les têtes du Christ 
                    et du mauvais larron (à droite) ne sont pas d'origine.Au pied de la croix, Marie-Madeleine n'a pas un visage particulièrement 
                    réussi, alors que celui de la Vierge est une merveille. 
                    On lit ce détail technique dans l'ouvrage Vitraux 
                    retrouvés de Saint-Vincent de Rouen à propos 
                    de ce visage : «(...) le volume est obtenu par un lavis 
                    de grisaille réchauffé de sanguine et modelé 
                    de hachures parallèles ou entrecroisées. Seuls 
                    quelques traits esquissent les yeux, les ailes du nez et la 
                    bouche.»
 Le soldat chamarré qui se tient debout à droite 
                    (encore accompagné d'un chien) possède une caractéristique 
                    digne d'être soulignée : son visage est bleu 
                    pâle comme son casque ; le tout est peint sur la même 
                    pièce de verre. Sa belle armure est obtenue par la 
                    grisaille, rendue vivante par les enlevés, et rehaussée 
                    de jaune d'argent. On remarquera en passant le beau travail 
                    sur la fusée de l'épée (terme usuel pour 
                    désigner la poignée.)
 Source : Vitraux retrouvés 
                    de Saint-Vincent de Rouen, 
                    musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995.
 |  |   
          |  La Vierge, saint Jean et Marie-Madeleine au pied de la croix
 Vitrail de la Crucifixion
 «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 À droite, le visage de la Vierge, qui est une vraie merveille, 
            contraste avec celui de Marie-Madeleine qui n'est pas très 
            plaisant.
 On peut voir un visage similaire de Marie-Madeleine dans un vitrail 
            Renaissance de la Mise 
            au tombeau à l'église Saint-Romain 
            à Rouen.
 |   
          | 
               
                |  La Vierge et saint Jean
 Vitrail de la Crucifixion, «Atelier Rouennais», 
                  1520-1530.
 |   
                |  Le merveilleux visage de la Vierge est esquissé de quelques 
                  traits.
 Son voile est orné d'un large galon qui tombe très 
                  bas.
 Vitrail de la Crucifixion, «Atelier Rouennais», 
                  1520-1530.
 |  | 
               
                |  Marie-Madeleine au pied de la croix
 Vitrail de la Crucifixion, «Atelier Rouennais», 
                  1520-1530.
 |  Le soldat romain
 Vitrail de la Crucifixion, «Atelier Rouennais», 
                  1520-1530
 Le casque et le visage sont peints sur le même verre.
 |   
                |  Le Christ et les deux larrons.
 Vitrail de la Crucifixion, «Atelier Rouennais», 
                  1520-1530.
 Les têtes du Christ et du mauvais larron (à droite) 
                  ne sont pas d'origine, de même que le bleu soutenu de 
                  la partie supérieure.
 |  |       
          |  Les donateurs sous une suite de rinceaux obtenus au jaune d'argent.
 Vitrail de la Crucifixion,, «Atelier Rouennais», 1520-1530
 |   
          | 
               
                | 12 - VITRAIL DE 
                  LA VIE GLORIEUSE DU CHRIST («Atelier Rouennais», 
                  1520-1530) |  |   
          |  Vitrail de la Vie Glorieuse du Christ.
 «Atelier Rouennais», 1520-1530.
 | 
               
                | 
                     
                      | Le 
                          vitrail de la Vie Glorieuse du Christ clôt 
                          le cycle de la Passion. Bien qu'étant 
                          sorti lui aussi de l'«Atelier Rouennais» 
                          dans la décennie 1520-1530, il ne brille pas 
                          du même lustre que les deux précédents. 
                          L'ampleur de la grisaille sur les deux registres lui 
                          donne un aspect un peu terne. Son côté 
                          le plus marquant est la présence d'un transi 
                          au soubassement : le donateur est figuré mort, 
                          allongé, et son corps est rongé par les 
                          vers. Cette prégnance de la mort est une expression 
                          habituelle de la foi à la fin du Moyen Âge.Le registre supérieur présente : la 
                          Descente de croix, la Mise au tombeau, la 
                          Résurrection et les Saintes Femmes au 
                          tombeau. Les sources citées rappellent que 
                          la disposition de la Mise au tombeau suit de près 
                          une uvre sur cuivre de Dürer, la Petite 
                          Passion. Au registre inférieur : Apparition 
                          de Jésus à sa mère, Apparition 
                          à sainte Madeleine, le Repas à 
                          Emmaüs et l'Incrédulité de 
                          saint Thomas. La scène des pèlerins 
                          d'Emmaüs bénéfice d'une belle architecture 
                          d'arrière-plan enrichie de fins détails, 
                          à la manière de Dürer. Une arcade 
                          en anse de panier ornée, à droite et à 
                          gauche, de deux médaillons typiques de la Renaissance, 
                          s'ouvre sur les lambris gris-vert d'un plancher. Le 
                          reste du décor, dont la fenêtre et la vitre, 
                          est en camaïeu bleu.
 Si l'on regarde de près tous les visages dans 
                          les deux registres, on verra que le peintre verrier 
                          a utilisé, à deux reprises, le même 
                          carton pour plusieurs personnages. La tête de 
                          saint Thomas, dans la scène de l'Incrédulité, 
                          est identique à celle de l'homme de profil dans 
                          la Mise au tombeau ; la tête de sainte 
                          Madeleine dans l'Apparition est tirée 
                          du même dessin que la tête de la sainte 
                          dans les Saintes Femmes au tombeau. C'est sans 
                          doute par souci d'économie.
 Source : Vitraux retrouvés 
                          de Saint-Vincent de Rouen, 
                          musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995.
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                |  La Descente de croix, la Mise au tombeau, la Résurrection, 
                  les Saintes Femmes au tombeau.
 Vitrail de la Vie Glorieuse du Christ, «Atelier Rouennais», 
                  1520-1530
 La tête de la Vierge, dans la Descente de croix, date 
                  de 1870.
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          |  Apparition du Christ à sa mère, Apparition du Christ 
            à la Madeleine, le Repas à Emmaüs, l'Incrédulité 
            de saint Thomas.
 Vitrail de la Vie Glorieuse du Christ, «Atelier Rouennais», 
            1520-1530.
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                | 13 - VITRAIL DE 
                  SAINT-VINCENT («Atelier Rouennais», 1520-1530) |  |   
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                            |  Vitrail de Saint Vincent
 «Atelier Rouennais», 1520-1530.
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                            | 
                                 
                                  |  ---»»» 
                                      Suite du vitrail de Saint Vincentcet artiste «le maître 
                                      du martyre de saint Vincent». Trois 
                                      exemples en gros plan sont donnés 
                                      à droite.
 L'ensemble de la verrière a été 
                                      fortement restauré dès la 
                                      première moitié du XVIe siècle, 
                                      puis à nouveau après 1562, 
                                      et encore en 1869 par l'atelier Duhamel-Marette.
 Source : Vitraux 
                                      retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, 
                                      musée des Beaux-Arts de Rouen, 1995.
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                                  | Le 
                                      vitrail de Saint-Vincent frappe, 
                                      de prime abord, par le contraste entre la 
                                      dominante bleu et blanc du tympan et la 
                                      dominante brun orangé des deux registres. 
                                      Il s'en dégage une beauté 
                                      d'ensemble «qui, nous disent les sources, 
                                      le fit retenir pour le cartulaire de Saint-Vincent 
                                      au milieu du XVIe siècle et, en 1840, 
                                      Eugène Delacroix en a levé 
                                      quelques croquis.»Les deux registres de ce très beau 
                                      vitrail illustrent les épisodes donnés 
                                      par la Légende dorée 
                                      de Jacques de Voragine (à l'exception 
                                      de l'écrasement du saint par la vis 
                                      d'un pressoir). On lit, en bas, le Jugement 
                                      de Vincent et Valère, puis le 
                                      Martyre de saint Vincent ; en haut, 
                                      la Mort de saint Vincent écrasé 
                                      par la vis d'un pressoir, le Jet du corps 
                                      de saint Vincent dans la mer, et l'Exposition 
                                      du corps de Vincent aux bêtes sauvages. 
                                      Le tympan est illustré de litanies 
                                      de la Vierge.
 Ce vitrail est marqué par quelques 
                                      prouesses techniques : une frise de personnages 
                                      fabuleux au soubassement et des ornementations 
                                      peu fréquentes dans les vêtements. 
                                      Ainsi, l'orfroi de la chape de Valère 
                                      est orné d'une Vierge à l'Enfant 
                                      dans la baie où Vincent et Valère 
                                      sont conduits en prison. Enfin, on admirera 
                                      le travail du peintre verrier dans les visages 
                                      à la grisaille. L'historien du vitrail, 
                                      Jean Lafond, a d'ailleurs surnommé
 ---»»» 
                                      Suite en bas à gauche
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                            |  Visage d'un personnage du bateau qui jette le corps
 de saint Vincent à la mer (registre supérieur)
 Vitrail de Saint Vincent, 1520-1530.
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                      |  Saint Vincent est écrasé sous la vis d'un 
                        pressoir, Mort de saint Vincent, Prodiges du corps de 
                        saint Vincent :
 Son corps est jeté à l'eau, lesté 
                        d'une meule, puis livré aux bêtes sauvages 
                        et protégé par un corbeau.
 Vitrail de saint Vincent, 1520-1530.
 |   
                      | 
                           
                            | La 
                                vie de saint Vincent est donnée 
                                par La Légende dorée du moine 
                                Jacques de Voragine (XIIIe siècle). Pour 
                                être exact, ce n'est pas le récit 
                                de la vie d'un homme, c'est la suite ininterrompue 
                                des tortures que lui infligent ses bourreaux, 
                                du moins telle que la rapporte l'histoire.Vincent vit dans l'empire romain à l'époque 
                                des empereurs Dioclétien et Maximien. Il 
                                est diacre et aide le vieil évêque 
                                Valère dans sa charge : parlant bien, il 
                                assure le prêche à sa place. Mais 
                                Dacien, le gouverneur romain, entend que l'un 
                                et l'autre renient leur religion. Il les fait 
                                arrêter et les laissent mourir de faim en 
                                prison. Plus tard, les croyant presque morts, 
                                il les fait amener devant lui. Surpris et furieux, 
                                il les découvre «pleins de santé 
                                et de joie». À nouveau, ils refusent 
                                de renier leur foi. Dacien, toujours plus irrité, 
                                envoie Valère en exil, tandis que Vincent 
                                est immédiatement mis au supplice.
 Étendu sur un chevalet, on lui rompt tous 
                                les membres. Comme le gouverneur vient le provoquer 
                                sur l'état pitoyable de son corps, Vincent 
                                en sourit et répond à un Dacien 
                                exaspéré par sa résistance 
                                : «Insensé, plus tu crois te fâcher 
                                contre moi, plus en réalité tu as 
                                pitié de moi. Laisse-toi donc aller à 
                                toute ta malice ! Tu verras que, avec l'aide de 
                                Dieu, j'aurai plus de pouvoir dans les supplices 
                                que toi en me suppliciant !» Alors Dacien 
                                excite les bourreaux à plus de cruauté. 
                                Ils enfoncent des peignes de fer dans les côtes 
                                du saint (panneau ci-dessous). Le sang coule de 
                                partout, les entrailles sortent d'entre les côtes. 
                                Vincent repousse toujours les appels à 
                                la raison et répond : «Langue empoisonnée, 
                                je ne crains pas tes tourments ; mais ce qui m'effraie, 
                                c'est que tu feignes d'avoir pitié de moi. 
                                Car plus je te vois furieux, plus grand est mon 
                                plaisir. Garde-toi de rien atténuer aux 
                                supplices que tu me prépares afin que j'aie 
                                plus d'occasions de te montrer ma victoire !»
 Le supplice change alors de nature. On prépare 
                                un gril pour l'y rôtir. Vincent y monte 
                                de lui-même [rappelons que tous ses membres 
                                ont été rompus] et s'offre généreusement 
                                au feu. Les bourreaux lui enfoncent des pointes 
                                enflammées dans la chair (panneau ci-dessous), 
                                on jette du sel dans les flammes pour accentuer 
                                ses brûlures. Ses entrailles [ou ce qu'il 
                                en reste après le précédent 
                                supplice] sont transpercées et se répandent 
                                autour de lui. Mais saint Vincent, «immobile 
                                et les yeux levés au ciel», invoque 
                                le Seigneur.
 Dacien le fait jeter, les pieds liés, dans 
                                un cachot bien sombre dont le sol est jonché 
                                de pointes de fer acérées. Mais 
                                une lumière immense pénètre 
                                le cachot, les fers se changent en fleurs et l'odeur 
                                du parfum se répand. Des anges viennent 
                                soulager la peine du supplicié et chantent 
                                avec lui. Ses gardiens, d'abord épouvantés, 
                                se convertissent.
 Dacien, comprenant qu'il est vaincu, ordonne de 
                                laisser Vincent se reposer : il veut continuer 
                                les supplices quand il aura repris des forces. 
                                Mais le saint rend l'âme peu après. 
                                Déçu et voulant sa vengeance, le 
                                gouverneur fait étendre le corps du supplicié 
                                dans un champ pour y être dévoré 
                                par les bêtes sauvages et les oiseaux de 
                                proie (panneau ci-dessus). Mais les anges descendent 
                                du ciel pour protéger le corps tandis qu'un 
                                corbeau gigantesque chasse les prédateurs 
                                à   ---»»»
 |  |  | 
                     
                      |  Personnage et architecture
 dans le bateau qui jette le corps
 de saint Vincent à la mer (registre supérieur).
 Vitrail de Saint Vincent, 1520-1530.
 |   
                      |  Personnage près du corps martyrisé de saint 
                        Vincent
 Vitrail de Saint Vincent, 1520-1530.
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                      |  Le martyre de saint Vincent
 Vitrail de saint Vincent, 1520-1530.
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                            |  ---»»»   
                                grands coups d'ailes. Alors Dacien fait jeter 
                                le corps à la mer pour qu'il y soit cette 
                                fois dévoré par les poissons (panneau 
                                ci-dessus), mais le corps refuse de couler. Il 
                                est porté par les vagues jusqu'au rivage 
                                où une pieuse femme, aidée de ses 
                                frères chrétiens, pourra l'ensevelir 
                                solennellement...La vie de saint Vincent est l'un des contes les 
                                plus typiques de l'inventivité presque 
                                sado-masochiste de certains moines du Moyen Âge. 
                                Comme on dirait aujourd'hui, pour construire cette 
                                histoire à dormir debout, il y a des moines 
                                un peu pervers qui ont dû «s'éclater».
 Source : La Légende 
                                dorée 
                                de Jacques de Voragine, traduction de Teodor Wyzewa, 
                                éditions Diane de Selliers. Toutes les 
                                parties entre guillemets sont extraites du texte 
                                de Teodor Wyzewa.
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                |  Comparution de saint Vincent devant le proconsul Dacien, Condamnation 
                  de Vincent et Valère qui sont conduits en prison, deux 
                  épisodes du martyre de saint Vincent.
 On remarquera une Vierge à l'Enfant peinte sur l'orfroi 
                  de la chape de Valère dans la baie où Vincent 
                  et Valère sont conduits en prison.
 Enfin, il ne faut pas oublier non plus de jeter un coup d'il 
                  à la frise du soubassement et à ses personnages 
                  fabuleux.
 Vitrail de saint Vincent, 1520-1530.
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                |  Gros plan sur la frise du soubassement du vitrail de saint Vincent
 Vitrail de Saint Vincent, 1520-1530.
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                | Documentation : Panneaux dans la nef + 
                  «Les verrières de l'église Sainte-Jeanne 
                  d'Arc», Itinéraire du Patrimoine
 + «La place du Vieux-Marché et le martyre de Jeanne 
                  d'Arc» d'Olivier Chaline, éditions Charles Corlet
 + «Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen», 
                  édité par la Ville de Rouen à l'occasion 
                  de l'exposition de 1995-1996
 + «La spiritualité du Moyen Âge occidental» 
                  d'André Vauchez, collections Points, éditions 
                  du Seuil.
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