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L'histoire de la ville du Havre
commence par une petite crique nommée Ingouville, lieu de
refuge pour les pêcheurs. Une chapelle la dominait, élevée
en l'honneur de la Vierge. C'est d'elle que vient le nom de Hâvre
de Notre-Dame-de-Grâce, abrégé plus tard
en Hâvre-de-Grâce, qui donnera finalement Le
Hâvre. Au temps du roi Charles VII, deux tours en protégeaient
l'accès. En l'an 1509, Louis XII fit entreprendre d'importants
travaux, et parmi eux, dit-on, les quais. Son successeur, François
Ier, continua son uvre, mais cette fois, d'une manière
officielle : l'ordre en Conseil fut donné en septembre 1517
d'y construire un port «propre et convenable» pour loger
les grands navires de la flotte royale. Avec les habitations indispensables
et une ceinture de bastions pour protéger le tout.
La tentative de certains savants de nommer la ville Franciscopolis
échoua. Idem pour Françoise de Grâce,
une idée qui venait pourtant du roi. Pour attirer les gens
dans la cité, le roi accorda - pour toujours - une dispense
de tailles et de gabelles. Dès 1517, une chapelle en bois
couverte de chaume fut érigée en l'honneur de Notre-Dame.
Elle est remplacée en 1536 par un édifice pourvu de
piliers de pierre. En 1539, décision est prise de bâtir
cette fois une grande église dans les règles de l'art.
On commença par le clocher. Érigé en 1540,
il existe toujours. Mais les conflits entre catholiques et protestants
surgissent. Tous les travaux sont interrompus. Une bonne part des
marchands havrais passe à la Réforme et les huguenots
font main basse sur la ville en 1562. S'ensuit une série
de batailles entre, d'un côté, les catholiques et,
de l'autre, les protestants alliés à des troupes anglaises
d'Élisabeth Ière arrivées pour leur prêter
main forte. Le sommet du clocher servira même de poste de
combat. En 1563, la ville est reprise par l'armée de Charles
IX, roi de France et deuxième fils de Catherine de Médecis.
Les conflits s'éloignent ; la décision de construire
une église plus vaste ressurgit.
En 1575, la première pierre est posée. Le maître
maçon Nicolas Duchemin dirige le chantier jusqu'à
sa mort en 1598. Le chur est terminé en 1585 ; la nef,
sans sa voûte, en 1597. Puis la façade du croisillon
sud en 1604 ; celle au nord, en 1605. En 1611, c'est le tour de
l'élégante façade occidentale qui sera achevée
en 1638. La structure de l'ensemble est gothique, mais très
marquée par l'influence du style Renaissance.
La ville sera bombardée par une flotte anglaise lors de la
guerre de la Ligue
d'Augsburg (1688-1697) et de la guerre
Sept Ans (1756-1763). Sans dommage toutefois pour la cathédrale.
À la Révolution, l'église est saccagée
; les vitraux sont détruits. L'édifice sera restauré
en 1830. Dans les années 1870-1890, les baies recevront des
verrières illustrant l'histoire du Havre. Arrive le second
conflit mondial, dévastateur. En 1944, la ville est quasiment
rasée et deux bombes anglaises tombent sur l'édifice,
détruisant la nef et l'orgue de tribune du XVIIe siècle.
Ne restent debout que la façade occidentale et le chur,
avec beaucoup de dégradations toutefois.
La restauration de l'édifice n'est achevée qu'en 1974.
Aujourd'hui, on peut y voir deux
grandes verrières du XIXe siècle, patiemment reconstituées,
un chur qui
semble ne pas avoir souffert, quelques chapelles
latérales restaurées et une belle série
de statues d'apôtres,
la plupart refaites.
Le diocèse de Rouen
est découpé en 1974 avec la création de celui
du Havre.
À cette occasion, l'église Notre-Dame devient cathédrale.
L'édifice a été classé aux Monuments
historiques en 1919.
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Vue d'ensemble de la nef. |
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Le portail central et son ornementation du début du XVIIe
siècle.
La Vierge à l'Enfant est accompagnée d'angelots
et d'anges. |
Architecture
extérieure (2/3).
---»» La photo du chevet ci-dessous
montre, longeant les toits, un beau garde-corps d'influence
gothique. Plus intéressant encore pour ce qui
est de la transition de styles, elle montre une alternance
dans le dessin des tympans des baies entre les «flammes»
gothiques et les lobes Renaissance.
Mais une cathédrale, c'est avant tout sa façade
principale. Celle de Notre-Dame est de style classique
à deux étages, riches en éléments
baroques. L'il retient surtout la présence,
dans un premier niveau très élargi, de
huit colonnes cannelées et baguées : elles
équilibrent de façon très heureuse
l'impression d'étirement horizontal. Ce premier
niveau est d'ordre ionique (voir les chapiteaux dans
la photo ci-dessus). Dans le second niveau qui est,
quant à lui, d'ordre corinthien, la rose gothique
traditionnelle a fait place à une large fenêtre
à cinq baies. Au sommet de la partie centrale,
le fronton accueille un bas-relief symbolisant la Trinité.
Il n'a été ajouté qu'en 1827. Avec
ses anges et ses angelots, ses victoires et ses renommées,
le décor de cette façade appartient tout
---»»
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Le portail latéral gauche et son ornementation
du début du XVIIe siècle. |
Architecture
extérieure (3/3).
---»» entier au style artistique du début
du XVIIe siècle.
Le portail
du croisillon sud, initialement de 1604, a été
refait en 1828 dans un pastiche classique sans intérêt
majeur. En revanche, le portail
nord retient l'attention. De ses trois étages
ressortent les inscriptions AGNUS DEI et AVE
MARIA GRACIA PLENA. Ce portail se rattache à
la première époque de l'architecture classique.
Au premier niveau, six colonnes portent un entablement.
Au-dessus, un large évidement devait abriter
jadis une ronde-bosse, peut-être une Annonciation.
Il est entouré de deux niches qui ont perdu leurs
statues. Enfin, le dernier étage : entre deux
colonnes carrées se love un il-de-buf,
façon art médiéval, entouré
de deux anges bien dégradés par le temps.
Source : «Dictionnaire
des églises de France», éditions
Robert Laffont, 1968, article sur la cathédrale
de Georges Priem.
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Le Havre, vue de la rue de Paris et de l'église Notre-Dame.
Lithographie de Deroy, XIXe siècle. |
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Le chevet de la cathédrale, le côté nord et le
croisillon nord du transept.
On remarquera les deux styles choisis pour le dessin des tympans dans
les baies : les lobes de style Renaissance alternent avec les «flammes»
gothiques.
Les éléments du rez-de-chaussée qui sont bâtis
autour du chevet abritent bureaux et sacristies et sont annexes à
l'église. |
La tour gothique a été élevée vers 1540.
Elle ne fait pas partie de la «visite» de l'église. |
Le portail du croisillon nord date de 1605.
Première époque de l'architecture classique. |
Le portail du croisillon sud a été construit en 1604,
puis remplacé en 1828. |
LA NEF DE LA CATHÉDRALE
NOTRE-DAME |
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La nef et sa longue suite d'arcades sur le côté sud. |
Plan de la cathédrale Notre-Dame. |
Architecture
intérieure (1/2). Très endommagée
par les bombes du 5 septembre 1944, la cathédrale
Notre-Dame a été reconstruite à
peu près à l'identique. En septembre 1944,
il ne restait debout que le chur, les deux croisillons
du transept et la façade occidentale. La tour
de 1540 a été à peu près
épargnée. La restauration, qui démarra
lentement, ne s'est achevée qu'en 1974.
L'édifice est long de 62,90 mètres (sans
compter les sacristies) pour une largeur totale de 27,25
mètres. La nef s'élève, sous clé,
à une hauteur de 13 mètres.
La nef comprend sept travées scandées
de piliers d'ordre dorique, chacun étant flanqué
d'un pilastre qui reçoit la retombée des
doubleaux et des diagonaux des voûtes (comme le
montre la photo ci-dessus). La nef n'est pas flanquée
de chapelles, mais d'un double bas-côté
meublé de quelques statues. Ce double bas-côté
se termine, au nord, par la chapelle
Saint-Sébastien, et, au sud, par une chapelle
laissée en l'état où l'on trouve
la cuve baptismale. Le «chur élargi»
comprend le sanctuaire et quatre travées avec
chapelles dont la moitié seulement a été
restaurée. Le détail de ces chapelles
est donné plus
bas.
Dans cette nef à deux niveaux, l'influence de
la Renaissance dans la structure gothique est bien visible.
Les arcades en plein cintre ne montrent qu'un bandeau
plat orné de quelques moulures. Les pilastres
sont surmontés d'un tailloir barlong tandis qu'un
entablement dorique, légèrement saillant,
fait le tour de l'édifice et sépare les
deux niveaux de l'élévation. Le second
niveau abrite les fenêtres hautes et leur verre
blanc bien utile. Il faut s'imaginer, au XVIe siècle,
un premier niveau avec des vitraux à scènes
historiées et colorées condamnant l'église
à la pénombre. Le verre blanc du niveau
supérieur est donc là pour apporter un
peu de lumière. De ces scènes historiées,
seules deux subsistent et elles sont du XIXe siècle.
Voir l'encadré plus
bas.
Il faut toujours penser à lever les yeux quand
on visite une église. La cathédrale Notre-Dame
offre une dizaine de clés de voûte intéressantes
dans les bas-côtés et les parties non détruites.
Ces clés représentent les vertus théologales
et cardinales ou encore les évangélistes.
Quelques exemples sont donnés ci-dessous.
-» Suite
2/2
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Chapiteau de style dorique «raffiné».
On le trouve à la séparation du vaisseau central
et des bas-côtés.
Voir photo ci-dessous. |
Chapiteau de style dorique simplifié.
Il surmonte les piliers qui séparent
les deux ailes des bas-côtés. |
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Élévations sud dans la nef. |
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Sculpture de têtes
d'homme
au sommet de deux fenêtres hautes dans le transept. |
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Les
vitraux. Compte tenu des bombardements auxquels
a été soumise la ville du Havre
(années 1694, 1759 et 1941-44), on se doute que
la verrière a beaucoup souffert. Entre les deux
dernières dates, il faut en plus intercaler la
Révolution qui va les détruire tous...
Au XIXe siècle, comme il ne reste plus rien,
plusieurs ateliers vont réaliser une vingtaine
de grandes verrières illustrant les grandes pages
de l'Histoire de la ville. Las ! en 1941, tous ces vitraux
sont soufflés lors d'un bombardement. Laissés
à terre, ils seront mêlés à
d'autres débris lors du bombardement du 5 septembre
1944 : deux bombes anglaises tombent sur la nef et ne
laissent debout que le chur et la façade
occidentale, encore ces deux éléments
sont-ils bien dégradés.
À la demande de la municipalité, l'atelier
du maître verrier Michel Durand essaie de reconstituer
les vitraux. Une tâche ingrate d'où ne
sortiront que deux grandes verrières à
peu près complètes : la
visite d'Henri IV au Havre en 1601 et la
messe de la Réduction. Ces vitraux ont été
réalisés en 1881 par l'atelier Duhamel-Marette
à Évreux.
Enfin, c'est le même atelier Michel Durand qui
va réaliser en 1974 les trois
verrières du chur consacrées
à la Vierge.
Les autres vitraux de l'église (qui sont évidemment
contemporains) sont en verre blanc orné de bordures
à thème marin (poissons, coquillages,
algues, etc.). Quelques exemples en sont donnés
dans cette page.
Sources : 1) Archives départementales
de la ville du Havre ; 2) «Dictionnaire des églises
de France», éditions Robert Laffont, 1968,
article sur la cathédrale de Georges Priem.
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Vitrail avec bordure à thème marin, détail. |
Vitrail avec bordure à thème marin. |
La voûte du croisillon nord du transept.
On remarque des sculptures de têtes humaines
au sommet des fenêtres. |
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En arrivant vers le chur, les piles de la nef s'ornent des statues
des apôtres.
Coup d'il architectural : les piliers, à l'entrée
des chapelles latérales, n'ont plus de chapiteau.
Un simple anneau (ou un tailloir très restreint) reçoit
la retombée des voûtes.
«««--- Extraits des vitraux contemporains avec bordure
à thème marin ---»»» |
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Saint Philippe |
Saint Thomas |
Saint Jacques le Mineur |
Saint Barthélemy |
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Statue de saint Joseph et l'Enfant
dans une chapelle latérale sud. |
---»» C'est dans
les deux dernières chapelles (en vis-à-vis)
que l'on peut voir les deux seules verrières
historiées de la cathédrale que le maître
verrier Michel Durand est parvenu à reconstituer
après la dernière guerre. Elles sont l'uvre
de l'atelier Duhamel-Marette et ont été
mises en place en 1881. Voir la photo ci-dessous.
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Sainte Catherine de Sienne, détail. |
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Henri
IV au Havre. Le vitrail ci-dessous date de
1881. Il illustre un fait sans grande importance dans
l'histoire de la ville. L'historien Aristide Guilbert
en parle d'une manière assez désabusée
dans l'ouvrage Histoire des villes de France.
«Henri IV vint au Hâvre en 1603. Les habitants
voulaient lui donner une fête, mais il eut le
bon esprit de répondre à leurs députés
: "Employez mieux votre argent, en le donnant à
ceux qui ont souffert de la guerre ; ils y trouveront
leur compte et moi le mien"» Et il ajoute
: «Du reste, Henri IV ne fit rien pour le Hâvre
: jamais marine ne fut plus négligée que
la sienne.»
Toutefois, le vitrail rappelle qu'Henri IV accorda cent
cinquante livres de rente à prendre sur les gabelles
pour l'achèvement et l'entretien de l'église.
Source : «Histoire
des villes de France» par Aristide Guilbert, Paris,
1848.
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«Henri IV s'arrête devant l'église en 1603»
Atelier Duhamel-Marette, 1881.
Ce vitrail a été brisé par le bombardement
de 1941
et reconstitué par l'atelier Michel Durand en 1976. |
Le
bombardement du Havre en 1694 s'inscrit dans
le cadre de la guerre de la Ligue d'Augsburg (1688-1697).
En 1688, les principales puissances européennes,
excédées par les provocations et le chapardage
territorial incessant de Louis XIV, entrent en guerre
contre la France. Pour les Anglais, le Havre est une
menace permanente qu'il faut détruire.
Le 25 juillet 1694, une flotte anglo-hollandaise jette
l'ancre au large de la ville. Elle comprend quarante
vaisseaux et douze bombardes, écrit l'historien
Aristide Guilbert dans son Histoire des villes de
France (Paris, 1848). Les habitants, comprenant
le danger, s'enfuient sur les chemins alentour, emportant
ce qu'ils peuvent de leurs biens.
Le 26, le bombardement commence. Ce même jour,
le duc de Choiseul arrive dans la ville, inspecte les
défenses et les soldats, et redonne espoir aux
Havrais. Ce jour-là aussi, sur un bastion défensif,
un canonnier a un coup heureux : sa bombe détruit
le vaisseau ennemi où se trouve la principale
bombarde de la flotte. Cette réussite met en
joie les gens massés sur le rivage et dans les
chemins au-dessus de la ville. C'est l'intervention
du Ciel ! Peut-être de la Sainte Vierge ! Le bombardement
redouble, détruit six ou sept maisons et déclenche
un incendie. Le duc de Choiseul prend aussitôt
les mesures nécessaires pour le faire circonscrire
et éteindre, secondé par l'énergie
sans faille des habitants.
Selon la relation de Nicolas Dubocage, présent
au moment des faits, près de 900 bombes sont
tirées ce 26 juillet sur le Havre, mais les dommages
restent limités. Le 27, le mauvais temps interrompt
l'offensive qui reprend le lendemain. Cependant la vigueur
renouvelée de la canonnade n'aboutit pas à
grand-chose : seules une ou deux maisons sont endommagées.
Le 29, le vent redouble de force et contraint la flotte
à se retirer plus loin, non sans avoir expédié
encore trois ou quatre bombes.
Nicolas Dubocage rapporte que les matelots ennemis sont
tout joyeux : d'impressionnants panaches de fumée
s'élèvent de la ville depuis deux ou trois
jours ! Le Havre est détruit ! En réalité,
il n'en est rien. Usant d'une ruse de guerre, les échevins
ont fait jeter dans les rues de la paille et des paillasses
auxquelles on a mis le feu... Vue de loin, toute la
ville semble brûler ! N'ayant pas d'autre information
que ce qu'ils voient, nul doute que les Anglo-Hollandais
croient leur mission accomplie...
Le 30, la flotte reste au loin et le 31, elle déploie
toutes ses voiles et s'en va. Le bombardement n'a abouti
à rien.
Source : «Le Havre»,
sous la direction d'Henri Chabannes, Orep éditions,
relation de Nicolas Dubocage sur le bombardement de
1694.
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Élévation sud dans l'avant-chur
avec un des deux vitraux du XIXe siècle. |
«Henri IV s'arrête devant l'église en 1603»,
détail avec la tour de la cathédrale. |
«L'Adoration des bergers», tableau dans une chapelle
latérale, auteur inconnu. |
«Henri IV s'arrête devant l'église en 1603»,
détail. |
Des
photographies dans les vitraux ? Dans
l'extrait ci-dessus, les deux têtes à gauche
sont-elles peintes dans les règles de l'art ou
obtenues par le procédé d'impression de
photos dans le verre ? On penchera pour l'utilisation
de photos. Ce procédé était bien
connu à l'époque de la création
du vitrail (année 1881) et servait à incruster
des personnages contemporains dans les verrières
avec une garantie absolue de ressemblance. Dans l'ouvrage
Un patrimoine de lumière 1830-2000 (éditions
du Patrimoine, 2003), l'historienne Martine Callias
Bey nous apprend que le verre était imprimé
par la photo en positif, la cuisson assurant la vitrification
et la durabilité. Peut-être la tête
du prélat en chasuble (et curé de l'église
Notre-Dame) dans la lancette de gauche est-elle le résultat
du même procédé. Quant à
l'identité de ces personnages, s'agit-il ici
des donateurs, du curé de l'église en
1881 ou de notables de la ville ? Présente-t-il
plusieurs membres de la famille Ancel, le donateur étant,
d'après un cartouche, Jules Ancel, sénateur,
ancien maire et député du Havre ?
Un détail semble confirmer cette hypothèse
: les photos étaient utilisées telles
quelles si bien que l'expression des visages n'a aucune
raison de correspondre à l'atmosphère
de la scène où ils sont inclus. Ce qui
expliquerait que l'homme moustachu, dans l'extrait ci-dessus,
ne regarde pas le roi, tout simplement parce que la
photo utilisée le faisait regarder à droite.
On pourra se reporter au vitrail
de la baie 17 à la basilique Saint-Nicolas
à Saint-Nicolas-de-Port et au commentaire qui
lui est joint à propos du visage de Jennon Fériet.
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«Henri IV s'arrête devant l'église en 1603»,
détail d'un vitrail de 1881 reconstitué en 1976.
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La chapelle Saint-Sébastien termine le bas-côté
nord. |
La chapelle nord Saint-Sébastien. |
Chapelle et cuve baptismale dans le bas-côté sud. |
«Messe à Notre-Dame en mémoire de la reprise
de la ville en 1563» détail. |
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Statue de saint Sébastien. |
Année
1563. Les Huguenots s'emparent du Havre
en 1562. Appelés pour leur venir en aide,
les Anglais envoient une armée de six mille
hommes. Une fois maîtres de la ville, ils
en expulsent tous les habitants.
Les grands seigneurs français et leurs
troupes font le siège. La garnison anglaise,
bientôt décimée par les maladies
et la famine, capitule le 29 juillet 1563. Elle
évacue la cité et le port en abandonnant
vaisseaux et canons. Les secours attendus n'arrivent
qu'après l'évacuation.
L'anniversaire de cette date est longtemps resté
un jour de fête pour les Havrais. Source
: «Histoire des villes
de France» d'Aristide Guilbert, Paris, 1848.
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«Messe à Notre-Dame en mémoire de la reprise
de la ville en 1563»
Vitrail de 1881 brisé par le bombardement de 1941 et
reconstitué par l'atelier Michel Durand vers 1976. |
«Messe à Notre-Dame en mémoire de la reprise
de la ville en 1563», détail. |
Le
bombardement du Havre en 1759 (1/2).
Si la guerre de la Ligue d'Augsburg (voir supra)
prend racine dans la volonté d'hégémonie
européenne de Louis XIV et de sa lutte incessante
pour renforcer son «pré carré»
à la frontière nord-est, la responsabilité
du déclenchement de la guerre de Sept Ans (1756-1763)
est largement imputable à l'Angleterre et au
belliqueux parti whig au pouvoir à Londres. Très
mécontents du «match nul» qu'avait
été la guerre de Succession d'Autriche
(1740-1748), les whigs, convaincus de la supériorité
de leur flotte, firent tout pour en provoquer une autre
et, pour le plus grand profit de leur commerce et de
leurs colonies, tirer les fruits d'une victoire qu'ils
jugeaient certaine. Captures de marins de la Royale
au Canada en 1755, attaques de navires français
dans les ports, tout fut bon à la Royal Navy
pour pousser Louis XV à bout et le forcer à
déclarer la guerre à l'Angleterre.
1759 fut une annus horribilis pour la France
qui vécut une succession de défaites dans
ses colonies et sur mer. La bataille des Cardinaux se
déroula au large du Morbihan le 20 novembre 1759.
En comptabilisant les pertes de navires, les historiens
anglais la regardent comme une grande victoire. Toutefois,
sur ces pertes, les historiens navals français
ne sont pas tous d'accord et optent plutôt pour
une issue indécise. Quoi qu'il en soit, cette
bataille arrêta les préparatifs français
d'invasion de l'Angleterre. Auparavant, et depuis plusieurs
mois, on construisait au Havre toute une flotille de
bateaux à fond plat pour le débarquement.
Le 3 juillet 1759, la Royal Navy, prévoyante,
mit le siège devant la ville et la bombarda.
La relation rédigée par François
Millot, maire-échevin du Havre à l'époque,
donne une flotte anglaise de dix-sept vaisseaux, sept
frégates, deux pingres à bombes et d'autres
petits vaisseaux. Dans Histoire des villes de France
(Paris, 1848), l'historien Aristide Guilbert parle de
vingt-quatre vaisseaux, quatorze frégates, treize
bombardes ou brûlots. [Un brûlot est un
navire de petite taille que l'on enflamme et que l'on
fait voguer vers les vaisseaux adverses pour les détruire
par le feu.]
Au Havre, la défense s'organise aussitôt
en prévision des destructions et des incendies.
Les femmes, les enfants et les vieillards ont ordre
de quitter la ville, laissant seulement une femme par
foyer. À trois heures du matin le 4 juillet,
les bombardes ennemies jettent «bombes et carcasses
ou pots à feu avec bien plus de violence en se
rapprochant de la ville», écrit François
Millot. Il poursuit : «Une tomba rue de la Vierge
; le nommé Faubert eut la jambe cassée
[...]. Une passa par-dessus l'église, tomba rue
Notre-Dame, à la porte du sieur Lelièvre,
tapissier, le blessa et coupa les jambes d'un sieur
Neveu.» La volonté anglaise d'écraser
la ville de préférence au port est manifeste.
Aussi les habitants qui étaient restés
s'efforcent-ils de gagner la campagne ou d'évacuer
vers un quartier plus éloigné. Les échevins
mettent les titres et les chartes à l'abri dans
les souterrains de la tour. Le 5 juillet, le feu continue.
Le 6, «le lieutenant général, écrit
Millot, se rendit sur le champ au Perrey où le
feu avait pris à des magasins de planches. Par
l'encouragement qu'il donna aux personnes qu'il rassembla,
il parvint à éviter l'embrasement des
bateaux plats aux chantiers desquels le feu allait gagner.»
---» Suite
2/2
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LE CHUR
ET LES CHAPELLES ABSIDIALES |
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Le chur de la cathédrale Notre-Dame.
Les trois verrières principales, dédiées à
la Vierge, datent de 1974. |
Vitrail central du chur : «Ave Maris Stella»
Atelier Michel Durand, 1974. |
«L'Adoration des bergers», auteur inconnu.
Tableau d'ornement au-dessus des stalles du chur.
Vitrail central du chur, détail ---»»» |
Le
chur. Au sens architectural et liturgique,
il commence après le transept. À la cathédrale
Notre-Dame, les chapelles
latérales en font donc partie intégrante
(hormis les chapelles qui terminent les bas-côtés
comme la chapelle
Saint-Sébastien). Le parti retenu dans cette
page, comme dans tout le site patrimoine-histoire,
est différent : le chur est restreint au
sanctuaire. C'est-à-dire à l'espace «sacré»
où le visiteur a généralement interdiction
de pénétrer... Ce qui se voit bien dans
la photo ci-dessus par la présence, au premier
plan, d'une corde tirée entre les piliers nord
et sud.
Le chur de Notre-Dame suit l'architecture de la
nef : la voûte ogivale retombe sur des tailloirs
juchés au sommet de pilastres. Ceux-ci, enrichis
des statues des apôtres, ornent agréablement
l'espace. La corniche Renaissance, qui surmonte les
arcades dans le vaisseau central, poursuit là
aussi son parcours, mais après une rupture verticale
à l'entrée des cinq pans du sanctuaire.
Au premier niveau, une succession de petits tableaux
anciens illustrant des scènes de la Vie de Jésus
restent sans auteur. L'autel est moderne. Il a été
créé par le sculpteur Philippe Kaeppelin.
Enfin, les trois verrières centrales, dues à
l'atelier Michel Durand, datent de 1974.
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«La Flagellation», auteur inconnu. |
«La Nativité», auteur inconnu. |
Vitrail avec bordure
à thème marin, détail. |
Statue de saint Luc dans le chur. |
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Le chur et la chapelle absidiale sud dite du «Saint nom
de Marie». |
Chapelle absidiale nord dite «de la Vierge». |
«Notre-Dame de Grâce»
Statue du XVIe siècle en bois peint. |
Chapelle absidiale sud dite du «Saint nom de Marie». |
Vitrail latéral du chur.
Atelier Michel Durand, 1974. |
Statue de saint Dominique
dans la chapelle absidiale sud. |
«La Vierge et l'Enfant», tableau dans la chapelle absidiale
sud. |
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Le premier orgue de tribune, qui datait de 1637, a été
totalement détruit en 1944.
Il a été reconstruit en 1980 en employant les parties
du buffet réutilisables. L'instrument lui-même (facteur
Théo Haerpfer) est entièrement nouveau. |
Bas-reliefs sur les boiseries de la tribune. |
Le
bombardement du Havre en 1759 (2/2).
---»» Environ huit cents bombes sont envoyées
dans les cinquante-deux heures que dure la canonnade.
Elles frappent 93 maisons ; beaucoup tombent dans les
rues; d'autres touchent le port et le quartier du Perrey.
François Millot précise encore : «Les
7 et 8, les Anglais, qui avaient disparu, revinrent
avec deux frégates et deux caiches-mouches. Le
22, ils commencèrent le blocus [...] qui dura
jusqu'au 6 septembre.»
Aristide Guilbert écrit : «Dirigés
par les échevins, les citoyens montrèrent
encore plus de présence d'esprit et de courage
qu'en 1694. Grâce à leurs bonnes dispositions,
l'ennemi fut contraint de renoncer à son entreprise.»
Et il cite l'amiral anglais Rodney qui aurait déclaré
en donnant à sa flotte l'ordre de se retirer
: «Il faut que la ville du Hâvre soit couverte
en fer pour résister à tout le feu que
j'y ai jeté.»
Sources : 1) «Le
Havre», sous la direction d'Henri Chabannes, Orep
éditions, relation de François Millot,
maire-échevin sur le bombardement de 1759 ; 2)
«Histoire des villes de France» par Aristide
Guilbert, Paris, 1848.
Nota : si 1759 fut une annus horribilis
pour la France, l'Angleterre a connu au moins deux années
horribles (en passant le Blitz de 1940 sous silence)
: 1666 qui vit l'invasion de la flotte hollandaise dans
la Tamise et le grand incendie de Londres, deux événements
tragiques aggravés par le fait que 666
est le chiffre de la Bête. Mais aussi, pour la
reine Élisabeth II, l'année 1992. Ceci
toutefois dans un cadre plus personnel...
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L'ornementation au sommet du positif. |
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L'orgue
de la cathédrale a connu bien des
malheurs. On ne sait si l'instrument d'origine a été
offert par le cardinal de Richelieu ou s'il est le résultat
des dons des Havrais. Toujours est-il que l'inscription
ANNO 1637 est toujours visible au sommet des
tourelles latérales. Le buffet est construit
par Simon Lesque et l'orgue par le facteur rouennais
Guillaume Lesselié. Par chance, les bombardements
anglais de 1694 et de 1759 laissent l'ensemble indemne.
Il n'en sera malheureusement pas de même avec
les bombardements du port par l'aviation alliée
entre 1941 et 1944. Les gros travaux de 1845 et la réfection
totale entreprise par le facteur d'orgues Charles Reinburg
en 1927 sont anéantis. Du monument, seuls la
façade et le chur subsistent. Il faut tout
reconstruire en partant de photographies et de quelques
débris. Les nouvelles grandes orgues et le buffet
ne seront achevés qu'en 1980, le buffet étant
reconstitué à l'identique.
Enfin, la grande baie de la façade ouest reçoit
un vitrail à quatre lancettes qui est entièrement
caché par l'orgue. Le vitrail est constitué
de motifs géométriques abstraits à
dominante bleue.
Source : base Palissy +
document disponible dans la cathédrale.
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L'ornementation supérieure de la tourelle centrale porte
les armoiries de Richelieu,
mais elles ont perdu leurs couleurs. |
Boiseries avec angelots et instruments de musique sous la tourelle
gauche. |
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La nef et l'orgue de tribune vus depuis le chur. |
Documentation : «Dictionnaire des églises
de France», éditions Robert Laffont, 1968, article sur
la cathédrale de Georges Priem
+ «Le Havre», sous la direction d'Henri Chabannes, Orep
éditions
+ «Histoire des villes de France» d'Aristide Guilbert,
1848
+ Base Palissy et base Mérimée du ministère de
la Culture
+ Archives départementales du Havre
+ Dépliant sur la cathédrale disponible dans l'édifice. |
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