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Baie 122, détail : un apôtre

Cette page est consacrée au transept et à ses quatre grandes verrières du XVIe siècle. La verrière de la baie 117 qui occupe la rose nord est, en 2022, en restauration. Datée du XVIe siècle, elle représente Dieu le Père entouré d'une cour céleste. Du verre blanc la remplace. Datée de la même époque, la verrière de la baie 119 représentait des scènes de la Vie publique du Christ. Elle a été entièrement détruite en 2009 lors de l'incendie qui a ravagé l'atelier Courageux dans l'Oise, chargé de la restauration. Une verrière moderne du même atelier la remplace.
Les spécialistes du vitrail, Françoise Gatouillat et Claudine Laudine, savent entretenir l'impatience des amoureux des arts. En effet, en 1993, elles écrivent dans Vitraux parisiens de la Renaissance que les verrières du transept (situées par elles dans la période 1500-1520 et dont la moitié n'est pas visible), possèdent des styles extraordinairement divers. Cette diversité est due aux sources, aux nombreux modèles, aux ateliers en présence, aux cartons «parfois réutilisés de multiples manières». Et qu'on ouvre ainsi deux champs d'examen très vastes : celui du processus de création et celui de la transformation et de la diffusion des styles.
En 2022, l'absence de la moitié des grandes verrières (3 sur 6) ne permet pas de se faire une idée.
Quatre baies sont données dans cette page :
   Baie 118 : Rose du Saint-Esprit (ou aussi rose de la Pentecôte) ;
   Baie 120 : l'Incrédulité de saint Thomas ;
   Baie 121 : Scènes de la vie du pape saint Sixte Ier et de saint Vincent ;
   Baie 122 : l'Assomption de la Vierge.

«Trois enfants au pied de la croix» par François Jouffroy (1806–1882), marbre, détail
LE TRANSEPT ET SES GRANDES VERRIÈRES
La croisée du transept et le croisillon sud
La croisée du transept et le croisillon sud de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois.
Le croisillon sud est enrichi de peintures murales et d'un bénitier en marbre
Le croisillon sud du transept.
Il est enrichi de peintures murales et d'un bénitier en marbre du XIXe siècle.
«Trois enfants au pied de la croix» par François Jouffroy (1806–1882), marbre
Bénitier : «Trois enfants au pied de la croix»
par François Jouffroy (1806-1882), marbre.
«L'Adoration des Mages» dans le croisillon sud
«L'Adoration des Mages»
Tableau de Joseph Guichard (1806-1880)
dans le croisillon sud.
Le croisillon sud vu depuis la croisée
Le croisillon sud vu depuis la croisée.
Sur la droite, les baies 120 et 122.

Baie 118 : Rose du Saint-Esprit ---»»
Atelier de Jean Chastellain, 1532.

BAIE 118 : LA ROSE DU SAINT-ESPRIT (1532)
Baie 118 : Rose de la Pentecôte

Baie 118 : Rose duSaint-Esprit.
Offerte en 1532 par Antoine Le Viste et sa femme Charlotte Briçonnet, elle a été réalisée par l'atelier parisien de Jean Chastellain.
Lors de l'examen du vitrail, Élisabeth Pillet révèle qu'elle a trouvé, dans le médaillon central, une inscription, datée de 1728, relative à une probable restauration. Les historiens n'ont aucune trace d'une restauration réalisée au XIXe siècle.
1728 ou pas, on peut constater la qualité de la restauration dans l'art de combler les bouche-trous. À preuve le gros plan donné ci-contre de l'apôtre Jean (?) qui accompagne la colombe du Saint-Esprit. Le bas de l'habit est peut-être d'origine, mais le haut est à l'évidence un remploi. Cependant leurs teintes s'harmonisent avec l'ensemble de la mouchette. Et depuis le bas de la croisée, il est impossible de distinguer les détails.
Source : Le vitrail à Paris au XIXe siècle. Entretenir, conserver, restaurer d'Élisabeth Pillet, Corpus Vitrearum, P.U.R., 2010

Baie 118 : Rose de la Pentecôte, détail
Baie 118 : Rose de la Pentecôte, détail.
Baie 118 : Rose de la Pentecôte, détail
Baie 118 : Rose de la Pentecôte, détail.
Baie 118 : Rose de la Pentecôte, détail Baie 118 : Rose de la Pentecôte, détail

Baie 118 : Rose de la Pentecôte, détails.

Baie 118 : Rose de la Pentecôte, détail
«La Descente de croix», peinture murale dans le croisillon sud
«La Descente de croix», peinture murale dans le croisillon sud, (1845).
Joseph Guichard (1806-1880),

Prosper Lafaye et la Commune.
Dans son ouvrage Le vitrail à Paris au XIXe siècle (Corpus Vitrearum, 2010), l'historienne Élisabeth Pillet a établi que le verrier Prosper Lafaye a eu la haute main sur la restauration des vitraux anciens à Paris après la guerre de 1870, bien qu'il ait commencé sa restauration vers la fin des années 1860. C'est pourquoi il est intéressant de lire le Mémoire au sujet des vitraux anciens qu'il adresse au préfet de la Seine dès 1871. Il se félicite que Saint-Germain-l'Auxerrois et ses verrières soient sortis indemnes des troubles de la Commune :
«Par un hasard presque miraculeux, écrit-il, auquel la rapidité des opérations de l'armée libératrice n'a pas peu contribué, Saint-Germain-l'Auxerrois a, comme d'autres églises, échappé à la destruction qui lui était sans doute réservée.» Les temples catholiques n'ont pas été atteints par «l'impiété des sectaires de la Commune».
Il se loue ensuite que, malgré sa proximité avec les lieux du combat, «pas une seule vitre n'a été brisée, rien de ce qui se rattache à l'ornementation de l'église n'a été ni enlevé ni détruit. » C'eut été une grande perte, notamment pour les verrières du transept car «l'administration de la ville a fait, avec la plus louable libéralité, les sacrifices considérables pour la réparation des beaux vitraux qui le décorent.»

Clé de voûte dans le croisillon sud
Clé de voûte dans le croisillon sud.

Les larmes de Marie-Madeleine au pied de la croix (1/2).
Dans la Descente de croix qui orne le bras sud du transept (ci-contre), les larmes de sainte Madeleine au pied de la croix sont un détail classique de cette scène, que l'œuvre soit sur toile, sur verre ou murale. Un agrandissement montre la trace des larmes ajoutées par l'artiste (détail donné ci-dessous). --»»

«La Descente de croix», peinture murale dans le croisillon sud, détail : les larmes de Marie-Madeleine
«La Descente de croix», détail :
les larmes de Marie-Madeleine.
«La Descente de croix», peinture murale dans le croisillon sud, détail : les larmes de Marie-Madeleine
La voûte à liernes et tiercerons du croisillon sud
La voûte à liernes et tiercerons du croisillon sud.

Les larmes de Marie-Madeleine (2/2).
---»» Les évangiles canoniques ne précisent rien à propos de ces larmes. Ils rapportent tous que Marie-Madeleine se tenait à distance de la croix avec d'autres femmes dont Marie, mère de Jésus
La position de la sainte agenouillée au pied de la croix est une invention des artistes irlandais et anglais, dès le VIIIe siècle. Sur le continent, cette position de la sainte, souvent peinte en contre-plongée et qui la fait paraître plus grande, n'arrivera qu'au XIIIe siècle sous l'influence des franciscains.
Dans l'art, Marie-Madeleine va progressivement se détacher du groupe des femmes qui observent la Crucifixion, puis prendre une expression de douleur très différente de celle appliquée sur le visage de la Vierge. L'attitude de Marie est toujours plus maîtrisée, même lorsqu'elle est peinte évanouie. Marie-Madeleine est représentée plus expansive, entière, totalement humaine et sous le joug de ses passions.
Les rôles seront dorénavant bien séparés : à Marie-Madeleine, les larmes ; à la Vierge, l'affliction contenue.
Source : Marie-Madeleine en tous ses états d'Isabelle Renaud-Chamska, éditions du Cerf, 2008.

On verra un second exemple de ces larmes à la chapelle Sainte-Colombe de la cathédrale Saint-Étienne de Sens dans un vitrail de la Crucifixion daté de 1748. Un autre exemple, sur vitrail lui aussi, est donné à la basilique Saint-Nicolas à Saint-Nicolas-du-Port. Le vitrail est daté des années 1510-1520.
À l'opposé, les larmes peuvent être vues comme un signe de tendresse. C'est le cas quand la sainte est aux pieds de Jésus lors du repas à Béthanie. Voir le tableau Sainte Marie-Madeleine d'après Philippe de Champaigne à l'église Sainte-Madeleine de Besançon.

Le Musée des Beaux-Arts de Rennes propose plusieurs toiles du XVIIe siècle où la Vierge et Marie-Madeleine ont larmes sur leurs joues.
Baie 118, détail : la colombe dans le tympan
Baie 118, détail : la colombe du Saint-Esprit dans le tympan (1532).

Les grandes verrières du transept.
«L'église Saint-Germain l'Auxerrois ne possède plus que huit vitraux anciens dans le transept : l'un date de la fin du XVe siècle, les sept autres du premier tiers du XVIe siècle», écrit l'historienne du vitrail, Élisabeth Pillet, en 2010 pour le Corpus Vitrearum. Mais, en 2022, si vous entrez dans l'église, vous n'en verrez que quatre. La baie 119 a disparu dans l'incendie de l'atelier de restauration en 2009. Les verrières des baies 120 et 121, déposées en 1993, sont revenues en place après restauration. Les verrières 113, 115 et 117 sont, en 2022, en restauration.
Avant le XVIIIe siècle, il y avait dix verrières dans le transept, ce qui correspond à toutes les baies visibles. Une fois passé le XVIIIe, les verrières sud-est 114 et 116 avaient disparu.
Le visiteur attentif remarquera la présence d'écussons (modernes) au bas des verrières. En étudiant les notes laissées par l'historien Nicolas-Michel Troche au XIXe siècle, Élisabeth Pillet explique pourquoi.
Vers 1822, les verrières étaient entières. Le vitrier que la Ville de Paris avait chargé de leur entretien jugea bon de s'accaparer les vitraux de tous les panneaux des soubassements, plus précisément des dix-huit panneaux qui n'étaient pas en verre blanc. On y voyait la continuation des scènes de la baie et les blasons des donateurs. Pis, il fit payer par la Ville le verre blanc qu'il posa à la place ! Les réclamations posées par la fabrique et les restaurateurs de l'église ne purent rien changer...
Un peu plus tôt, vers 1806, le vitrier Adelin eut une idée qui paraît bien cocasse : remplacer les parties en verre blanc qui se trouvaient dans le soubassement et les parties hautes de certaines verrières par le verre de couleur que l'on aurait extrait des deux roses nord et sud du transept ! Les roses auraient reçu du verre blanc.
Une autre solution aussi cocasse fut proposée : aller chercher le verre de couleur dans les baies 113 et 115 du bras nord pour réparer les autres ! Ces deux baies seraient mises en verre blanc. Ainsi on établirait une symétrie avec les deux grandes baies 114 et 116 du bras sud. Ces projets ne furent heureusement jamais réalisés.
Source : Le vitrail à Paris au XIXe siècle. Entretenir, conserver, restaurer d'Élisabeth Pillet, Corpus Vitrearum.

Afficher la verrière de la baie 121Afficher la verrière de la baie 119Afficher la verrière de la baie 120Afficher la verrière de la baie 122Afficher la verrière de la baie 118
Les grandes verrières du transept.

LES GRANDES VERRIÈRES DU TRANSEPT

113, 115 et 117 : verre blanc (en restauration) ;
118 : Rose du Saint-Esprit ou rose de la Pentecôte ;
119 : Verrière originale incendiée en 2009, vitrail moderne de l'atelier Courageux ;
120 : Verrière Renaissance de l'Incrédulité de saint Thomas ;
121 : Scènes de la vie de saint Sixte et de saint Vincent ;
122 : Verrière Renaissance de l'Assomption de la Vierge.

BAIE 120 : L'INCRÉDULITÉ DE SAINT THOMAS (1533)
Baie 120, détail : saint Thomas
Baie 120, détail : saint Thomas.
Baie 120, détail : tête d'apôtre
Baie 120, détail : un apôtre.
Baie 120 : l'Incrédulité de Thomas
Baie 120, détail : le Christ
Baie 120, détail : le Christ ressuscité.

«««--- Baie 120
L'Incrédulité de saint Thomas.
Atelier de Jean Chastellain, 1533

Baie 120 : l'Incrédulité de saint Thomas.
Cette verrière à cinq lancettes et tympan, de huit mètres sur quatre, datée de 1533, a été offerte par Antoine Bohier, conseiller du roi et général de ses finances. Comme cette de la rose de la baie 118, elle a été réalisée par l'atelier de Jean Chastellain.
La scène principale présente les douze apôtres autour du Christ. Ils sont douze. On en déduit que Matthias a déjà pris la place de Judas. Devant un portique riche de plusieurs colonnettes aux formes et chapiteaux variés, Thomas met deux doigts dans la plaie ouverte par le coup de lance du centurion Longin. Le tympan illustre l'Ascension.
Pour le Corpus Vitrearum, Élisabeth Pillet rapporte que, en juillet 1840, l'église accueillait une cérémonie funèbre pour le transfèrement des morts de juillet 1830 dans les caveaux situés sous la colonne de la Bastille. À cette occasion, les ouvriers ont gravement endommagé la verrière.
En 1871, la réparation n'avait pas été effectuée : selon Prosper Lafaye, responsable des restaurations des verrières anciennes de l'église depuis 1870, celle-ci présentait toujours des dommages importants (vraisemblablement dans le soubassement).
La dernière restauration date de 2001-2002. À cette occasion, «aucune pièce n'a pu être attribuée de façon certaine à une restauration antérieure aux dernières années du XIXe siècle», écrit Catherine Pillet. Même si la verrière paraît de très bonne qualité, on peut en conclure qu'il est difficile d'obtenir un schéma précis des restaurations passées.
En 1958, dans Le vitrail français, Jean Lafond sigale que, avec l'Incrédulité de saint Thomas, Saint-Germain-l'Auxerrois «possède du second quart du siècle [le XVIe] une œuvre marquante et dont le mérite n'a jamais été méconnu (...).»
Il poursuit : «Bien conservé dans l'ensemble, ce grand vitrail heureusement composé et dessiné porte les armoiries d'Antoine Bohier et d'Anne Poncher. Il ne se rattache pas pour autant à l'art de la Loire ; son coloris est trop bariolé en général et trop soutenu dans la partie centrale du temple, où les murailles et les voûtes sont bleues, vertes et violettes.»
Sources : 1) Le vitrail à Paris au XIXe siècle. Entretenir, conserver, restaurer d'Élisabeth Pillet, Corpus Vitrearum ; 2) Le Vitrail français, éditions Mondes, 1958.

Baie 120, détail : têtes d'apôtres
Baie 120, détail : têtes d'apôtres.
Baie 120 : l'Incrédulité de saint Thomas, les registres du bas
Baie 120 : l'Incrédulité de saint Thomas, les registres du bas.
La rangée basse, constituée de panneaux identiques d'armoiries, est moderne.
Baie 120 : le tympan représente l'Ascension
Baie 120, tympan : l'Ascension.
Atelier de Jean Chastellain, 1533.
Baie 120, détail : un apôtre
Baie 120, détail : un apôtre.


Baie 120
L'Incrédulité de saint Thomas.
Atelier de Jean Chastellain, 1533.

Têtes d'apôtes.

Baie 120 - L'Incrédulité de saint Thomas.
Atelier de Jean Chastellain, 1533.

Deux priants à genoux dans l'Ascension au tympan.

BAIE 122 : L'ASSOMPTION DE LA VIERGE (Vers 1534-1535)
Baie 122 : l'Assomption
Baie 122 : l'Assomption de la Vierge.

Baie 122, détail : les apôtres ---»»

Baie 122 : L'Assomption de la Vierge (1/2).
Cette verrière est datée par l'historienne Élisabeth Pillet des années 1534-1535. Son auteur reste inconnu. Il y a peu de pièces de restauration, mais les panneaux du soubassement sont modernes.
La Vierge s'élève dans les nuées, au milieu des anges, tandis qu'au sol les apôtres (voir plus bas en gros plan) sont bouleversés à la vue du tombeau vide.
La scène de l'Assomption est parfois surnommée La seconde incrédulité de saint Thomas. Selon un récit légendaire, l'apôtre, refusant de croire à l'Assomption, fait ouvrir le tombeau de Marie et le trouve rempli de fleurs. (Dans cette verrière de la baie 122, le tombeau est vide.) Du ciel, la Vierge détache sa ceinture et la laisse choir dans les mains de Thomas. L'apôtre en question est peint au second plan, dans la dernière lancette. Il se saisit de la ceinture que lui tend un ange. La scène est donnée plus bas.
Les amateurs d'histoire navale seront étonnés par la forme donnée au navire, à l'arrière-plan, dans le vitrail ci-dessous, à droite. Ce navire est dessiné avec une poupe et une proue très relevées et une seule voile. Il ne correspond plus aux navires marchands du XVIe siècle, mais plutôt à ceux des XIIe et XIIIe siècles, une époque où les constructeurs imposaient aux extrémités d'un bateau d'être le plus relevé possible afin de prendre l'ascendant sur un assaillant éventuel. C'est un anachronisme dans le dessin : au premier siècle de notre ére, les navires marchands n'avaient ni poupe ni proue relevées de la sorte. ---»» Suite 2/2 plus bas.

Baie 122, détail : les apôtres Baie 122, détail : les apôtres
Baie 122, détail : la Vierge
Baie 122, détail : la Vierge entourée d'anges.

Baie 122 : L'Assomption de la Vierge 2/2).
---»»
Dans son rapport adressé en 1871 au préfet de la Seine, Prosper Lafaye, qui a été chargé de la restauration de la verrière, résume les tribulations qui ont freiné sa tâche compte tenu de la guerre contre la Prusse : difficulté de trouver des ouvriers pour déplacer le vitrail ; une fois trouvés, ceux-ci ont dû se déguiser en gardes nationaux pour le transporter jusqu'à l'atelier ; travail interrompu à plusieurs reprises à cause du découragement causé par le «spectacle qui paralysait l'esprit». Et il termine en disant que la restauration fut achevée quand l'Hôtel-de-Ville n'existait plus [brûlé sous la Commune]...
Cela ne l'a pas empêché d'être très impressionné par la qualité de l'œuvre. Il écrit en effet : «Si les émotions qui ont agité l'auteur pendant le travail de restauration pouvaient en augmenter la valeur, le prix en serait au-delà de toute expression».
Sources : 1) Mémoire au sujet des vitraux anciens dans les églises de Paris de M. Lafaye, 1871 ; 2) Le vitrail à Paris au XIXe siècle d'Élisabeth Pillet, Corpus Vitrearum, 2010.


Baie 122, détail : Thomas se saisit de
la ceinture de la Vierge.
Baie 122, l'Assomption : les registres du bas
Baie 122, l'Assomption : les apôtres sont bouleversés à la vue du tombeau vide.
Vers 1534-1535.
Les panneaux du soubassement avec les armoiries sont du XIXe siècle.

Baie 122, l'Assomption : les apôtres sont bouleversés à la vue du tombeau vide.
Vers 1534-1535.

Baie 122, détail : les apôtres regardent l'Assomption de Marie.
Vers 1534-1535.

Baie 122, détail : La Vierge en son Assomption.
Vers 1534-1535.
La voûte du croisillon nord du transept nord n'est pas aussi riche que celle du sud
Voûte du croisillon nord du transept.
Elle n'est pas aussi travaillée que celle du croisillon sud.

Le transept existait-il avant la fin du XVe siècle ?
Dans son ouvrage Les églises flamboyantes de Paris (Picard, 2003), l'historienne Agnès Bos montre qu'il faut revoir les dates de construction données traditionnellement pour Saint-Germain-l'Auxerrois.
Qu'en est-il du transept ? La chronologie habituelle donne le transept actuel élevé au XVIe siècle. Toutefois quelques contre-exemples subsistent. Ainsi, en 1936, Maurice Dumolin dans Les églises de France, Paris et la Seine, date le transept (et la nef) de la première moitié du XVe siècle. En 1966, Maurice Eschapasse, inspecteur des monuments historiques, retient pour le Dictionnaire des églises de France (Éd. Laffont) la période 1435-1439, une année où l'on aurait également bâti le porche et les chapelles nord de la nef. 1435-1439 : cinq courtes années où l'on aurait donc beaucoup bâti... Comme le remarque Agnès Bos, cette hypothèse n'est pas crédible : Paris était en proie à une épidémie de peste, à la disette ; l'argent manquait et la ville ployait sous la férule anglaise depuis 1420... Le départ des troupes occupantes en 1436 n'a pas entraîné un changement rapide.
La lecture des délibérations capitulaires de l'époque parlent, au contraire, du mauvais état d'une partie de l'église autour des années 1430-1440. Pressée par les chanoines, qui lui adressent des dons, la fabrique engage des travaux. Mais ils ne suffisent pas : il y a trop d'éléments à restaurer. En 1440, les marguilliers traînant encore, le chapitre les menace d'un procès...
Dans cet environnement conflictuel et fragile, comment mener des travaux importants ? Tout porte donc à croire que le transept actuel date de la charnière fin du XVe siècle - début du XVIe. Les documents d'époque consultés par Agnès Bos le prouvent. On sait ainsi qu'en 1488 les travaux du nouveau transept étaient en cours. L'historienne écrit que «l'achèvement des bras du transept fut long.» En effet, en 1517, des maçons furent payés pour un travail dans le transept et, en 1519, «la vis du bras sud du transept ainsi que le mur occidental de clôture du trésor devaient encore être réalisés.»
Y avait-il déjà un transept avant celui de la fin du XVe siècle ? Agnès Bos pose cette intéressante question et y répond positivement.
Plusieurs faits entrent en considération. D'une part, un document de 1402 indique qu'il y avait une porte au nord en sortant du chœur pour aller au chapitre. D'autre part, la décision de la fabrique de faire construire un porche dès le XIVe siècle du côté ouest montre que ce côté était le lieu d'entrée des paroissiens. On en déduit que la porte nord était réservée aux chanoines du chapitre. Était-ce une simple porte ? C'est inenvisageable. Compte tenu des dimensions de l'église, les chanoines du «puissant» [Bos] chapitre de Saint-Germain-l'Auxerrois n'auraient pas accepté un passage aussi réduit. On en conclut que le transept existait déjà avant la reconstruction de la nef à la fin du XVe siècle. Et accessoirement que l'agrandissement de la nef, lors de cette reconstruction, ne pouvait être entrepris ni à l'est ni à l'ouest (voir l'encadré La nef et ses bas-côtés en page 1).
Source : Le vitrail à Paris au XIXe siècle. Entretenir, conserver, restaurer d'Élisabeth Pillet, Corpus Vitrearum, P.U.R. 2010.

Les piles de la croisée à l'est et à l'ouest ne présentent pas la même architecture. Le croisillon nord du transept en donne un exemple.
La croisée du transept avec l'élévation nord du chœur
La croisée du transept avec l'élévation nord du chœur.
Les grandes verrières du bras nord du transept (baies 113 et 115)
que l'on aperçoit reçoivent du verre blanc.
En 2022, ces verrières sont en restauration.
Statue de saint Vincent, diacre
Statue de saint Vincent, diacre.
Pierre, fin du XVe siècle.
Consoles à la retombée des voûtes à l'est.
Consoles à la retombée
des voûtes dans le transept, à l'est.

À l'est, dans la croisée, les voûtes retombent sur des consoles
très sobres. Au côté ouest,
il n'y a pas de consoles.
Statue de saint Germain d'Auxerre
Statue de saint Germain d'Auxerre.
Bois, XVe siècle.
Tronc en fonte conçu par Jean-Baptiste Lassus, XIXe siècle.
Tronc en fonte conçu par Jean-Baptiste Lassus, XIXe siècle.

«««--- Bras nord du transept avec les piles de la croisée.

Elles ne sont pas conçues selon la même architecture.
À l'ouest, toutes les colonnettes retombent en pénétration.
À l'est, les ogives des arcs principaux retombent sur des colonnettes
butant sur des consoles.
On retrouve ces consoles dans les retombées d'ogives du chœur.

En 2022, la rose de la baie 117, dans le bras nord du transept,
est en restauration. Ce que l'on voit est du verre blanc.

BAIE 121 : SCÈNES DE LA VIE DE SAINT SIXTE ET DE SAINT VINCENT (Vers 1490-1500)
Baie 121 : Scènes de la vie du pape saint Sixte Ier et de saint Vincent

Baie 121 : Scènes de la vie de saint Sixte et saint Vincent (2/2).
---»» La très haute qualité des trois panneaux décrivant les maçons au travail (ci-contre) ne laisse pas d'étonner. Lafaye décrit l'ensemble comme un «tableau de mœurs du XIVe siècle».
Le restaurateur se montre très laudateur sur le panneau illustrant la découverte .par des paysans du corps nu et mort de saint Vincent, laissé intact par les bêtes sauvages (donné plus bas). «Cette peinture, écrit-il, traitée en maître, particulièrement le côté où cette foule contemple l'homme couché par terre, est digne en tout point des premiers artistes de cette époque, si admirés des connaisseurs.»
Sources : 1) Mémoire au sujet des vitraux anciens dans les églises de Paris de M. Lafaye, 1871 ; 2) Le vitrail à Paris au XIXe siècle d'Élisabeth Pillet, Corpus Vitrearum, 2010.

Baie 121 : Scènes de la vie de saint Sixte et de saint Vincent (1/2).
Ce vitrail est daté par le Corpus Vitrearum des années 1490-1500, sans lui attribuer d'atelier. Il a été restauré par Prosper Lafaye en 1868-69 et présente plusieurs panneaux assemblés en deux groupes. Deux concernent la vie de saint Sixte Ier, pape de 119-128 (son arrestation et son martyre). Trois concernent la vie de saint Vincent. Il faut y rajouter un saint Pierre disproportionné, une magnifique description de maçons construisant un oratoire et enfin une Éducation de la Vierge.
Dans le tympan, la Vierge est accueillie par la Trinité.
Dans l'Éducation de la Vierge (trois panneaux donnés ci-dessous à droite), la donatrice (ou sa fille?) est présentée par sainte Anne à la la jeune Marie. Détail étonnant : on ne peut qu'être étonné par la différence de beauté entre les deux jeunes filles. Deux photos plus bas les montrent côte à côte. Il est clair que les visages ne sont pas ceux du même modèle...
Élisabeth Pillet (Corpus Vitrearum) nous apprend que le devis signé entre la Ville de Paris et Prosper Lafaye signale que la partie supérieure du vitrail est très endommagée et que l'architecture doit être «passée au feu» (!) Pour l'historienne, le vitrail est relativement peu touché par les restaurations. Le soubassement doit être classé à part : le restaurateur y a inséré des blasons fantaisistes.
En 1871, dans son mémoire au préfet de la Seine, Prosper Lafaye se montre très enthousiaste sur cette verrière qui «pourrait être placée dans un musée». ---»» Suite 2/2 plus bas.

«««--- Baie 121 : Scènes de la vie du pape saint Sixte Ier et de saint Vincent.
Vers 1490-1500.
Les armoiries «fantaisistes» [Corpus Vitrearum] sont des créations
de l'atelier du restaurateur Prosper Lafaye en 1868-69.

Baie 121, détail : des maçons construisent un oratoire Baie 121, détail : l'Éducation de la Vierge avec la donatrice (ou la fille du donateur)
Baie 121, détail : l'Éducation de la Vierge
avec la donatrice (ou la fille du donateur).

«««--- Baie 121, détail :
des maçons construisent un oratoire.
Vers 1490-1500.

Pour le restaurateur Prosper Lafaye,
cette scène est un tableau de
mœurs du XIVe siècle.
Baie 121, détail : Marie reçoit les leçons de sa mère Anne
Baie 121, détail : Marie reçoit les leçons de sa mère Anne.
Vers 1490-1500.
Baie 121, détail : la donatrice (ou la fille du donateur)
Baie 121, détail : la donatrice (ou peut-être la fille du donateur).
Vers 1490-1500.
Baie 121, détail : martyre du pape saint Sixte Ier
Baie 121, détail : martyre du pape saint Sixte Ier.
Vers 1490-1500.
Baie 121, détail : un homme est précipité à la mer
Baie 121, détail : la dépouille de saint Vincent est précipitée à la mer.
Saint Vincent de Saragosse est parfois représenté
attaché à une meule. Vers 1490-1500.

Baie 121 : les louanges de Prosper Lafaye.
En 1871, dans son rapport au Préfet de la Seine, le restaurateur ne tarit pas d'éloges sur cette verrière de saint Sixte et saint Vincent qu'il a vue de très près. Il écrit : «L'intérêt devient plus intense à mesure qu'on examine plus attentivement cette fenêtre, bien qu'il n'y ait aucune suite dans les images qui la composent, et que l'ordonnateur les ait placées çà et là, du haut en bas. L'ordre manque dans ces histoires, sans doute rapportés où elles sont par les transformations si communes chez nous. Mais il y a là des pièces d'une telle puissance et d'une fécondité de conception, qu'à leur aspect l'esprit se laisse aisément entraîner jusqu'à l'admiration !»

Baie 119 : vitrail moderne dans le croisillon nord du transept (Atelier de Claude Courageux, XXe siècle)
Baie 119 : vitrail moderne dans le croisillon nord du transept.
(Atelier Courageux, 2011).
Ce vitrail a été créé par Courageux pour remplacer la verrière
du XVIe siècle détruite dans l'incendie de son atelier en 2009.

Baie 121, détail : le visage (redressé) de l'homme précipité à la mer
Baie 121, détail : le visage (redressé) de saint Vincent
précipité à la mer. Atelier inconnu. Vers 1490-1500.

Baie 121, détail : arrestation du pape saint Sixte
Baie 121, détail : arrestation du pape saint Sixte Ier.
Vers 1490-1500.
Baie 121, détail : des paysans découvrent le corps de saint Vincent, laissé mort parmi les bêtes sauvages
Baie 121, détail : des paysans découvrent le corps de saint Vincent, laissé mort parmi les bêtes sauvages (vers 1490-1500).
Les deux visages au centre ont été créés avec le même carton.
Baie 121, détail : deux hommes en précipitent un troisième à la mer
Baie 121, détail : deux hommes en précipitent un troisième à la mer.
Vers 1490-1500.

Baie 121, détail : saint Pierre
Vers 1490-1500.

Baie 121, détail : arrestation du pape saint Sixte Ier.
Vers 1490-1500.
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Documentation : «Paris d'église en église», éditions Massin, 2007
+ «Les églises de France : Paris et la Seine», Librairie Letouzey et Ané, 1936
+ «Les églises flamboyantes de Paris» d'Agnès Bos, éditions Picard, 2003
«Saint-Germain l'Auxerrois», dépliant disponible dans l'église
+ «Le vitrail à Paris au XIXe siècle. Entretenir, conserver, restaurer» d'Élisabeth Pillet, Corpus Vitrearum, P.U.R., 2010
+ «Les vitraux de Paris, de la Région Parisienne et du Nord-Pas-de-Calais», Corpus Vitrearum, CNRS, 1978
+ «Vitraux parisiens de la Renaissance», Délégation à l'Action artistique de la Ville de Paris, 1993
+ «Mémoire au sujet des vitraux anciens dans les églises de Paris» de M. Lafaye, 1871
+ «L'Art de Paris» de Jean-Marie Pérouse de Montclos, éditions Place des Victoires, 2008
+ «Dictionnaire des Monuments de Paris», éditions Hervas, 1992
+ «Mgr de Quélen et les incidents de St-Germain-l'Auxerrois en février 1831» de Guillaume de Bertier de Sauvigny, Revue d'Histoire de l'Église de France, 1946
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