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Les remparts de Dinan
constituent l'une des richesses touristiques de la Bretagne. Une
première campagne de construction, ordonnée par le
duc Jean le Roux, démarra dans les années 1280, renforcée
d'une seconde au XVe siècle. Au XIXe, des tours et des portes
ont été démolies. Néanmoins il nous
reste la plus grande partie de cette somptueuse enceinte fortifiée
: c'est l'un des plus beaux témoignages de l'architecture
militaire à la fin du Moyen Âge.
Pourquoi fortifier la ville à la fin du XIIIe siècle ?
L'utilité de ces travaux laisse les historiens perplexes.
La Bretagne est en paix, la France ne se soucie pas de l'Armorique
et les Anglais sont absorbés par leurs conflits contre les
Gallois et les Écossais. De plus, la superficie close est
immense : trente hectares, à l'époque deux fois Saint-Malo
et trois fois Rennes. Jean le Roux prévoit-il un accroissement
de la population ? Pourtant, à cette époque,
l'activité commerciale, liée à la navigation
sur la Rance, se réduit. En effet, le tonnage des navires
marchands augmente et les gabarres sont désormais seules
à pouvoir naviguer jusqu'à Dinan.
Le commerce malouin a pris la relève. Malgré les maisons
et nombre de couvents, il restera toujours des secteurs non bâtis
à l'intérieur de l'espace clos dinannais. Aujourd'hui,
ceux-ci sont devenus potagers ou jardins d'agrément.
En 1380, le second Jean de Montfort, devenu le duc Jean IV pour
contrer les prétentions invasives françaises, décide
de renforcer les fortifications de Dinan
dans l'angle sud-ouest de l'enceinte. Le donjon sera son logement
ducal et le centre de son administration. La guerre de Cent Ans
terminée (1453), la menace française ressurgit, et
l'artillerie du roi est bien plus redoutable qu'un siècle
plus tôt. Il faut donc repenser la structure de la muraille
non seulement à Dinan,
mais dans toutes les villes frontières de Bretagne.
De 1476 à 1488, cinq tours s'ajoutent aux remparts dinannais.
Dans soixante paroisses autour de la ville, les hommes sont réquisitionnés
pour creuser des douves et élever des contrescarpes. En 1487,
l'ancienne église Saint-Malo, située hors les murs,
est détruite pour ne pas servir de point d'appui à
l'ennemi. Tout cela ne servira à rien : lors de la guerre
d'Indépendance (1487-1491), la ville se rendra sans combattre
en 1488 à Jean II de Rohan, commandant de l'armée
du roi de France, Charles VIII.
Au début du XVIIIe siècle, des tours sont aménagées
pour y enfermer des centaines de prisonniers de guerre, essentiellement
des marins anglais capturés par les corsaires malouins. Sous
la Terreur, ce sont les prêtres qui prendront leur place,
puis les détenus de droit commun jusqu'au début du
XXe siècle.
La ville de Dinan
ouvre un premier musée «d'archéologie monumentale
et de sciences naturelles» en 1843 au rez-de-chaussée
de l'Hôtel de Ville. Il rassemble des gisants et des objets
hétéroclites, parfois offerts par les Dinannais. Dans
la seconde moitié du XIXe siècle, le musée
s'enrichit de dépôts de l'État et du musée
du Louvre. Ce sont surtout des peintures et des antiquités
(Égypte, Chypre, Italie). Trop à l'étroit,
le musée déménage en 1908 dans le château
où il va rester jusqu'en 2014. Entre-temps, dans les années
1950 et 1960, des collections ethnographiques (mobilier, vêtements
et coiffes) viendront encore l'enrichir.
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Vue d'une salle du château-musée. |
Avertissement.
Les photos du château-musée présentées
ici datent de l'année 2013. Elles ne correspondent
plus à ce que les visiteurs peuvent voir car le côté
«musée» a été supprimé.
Actuellement, les salles du château sont celles
d'une forteresse médiévale : on y trouve simplement
des panneaux concernant la vie dans le château et l'art
militaire au Moyen Âge.
En 2022, toutes les uvres d'art (tableaux, sculptures,
statues, pièces de retable, etc.) sont dans les réserves.
La municipalité de Dinan
attend qu'un bâtiment puisse les accueillir pour se
doter d'un vrai musée d'Art et d'Histoire.
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Le donjon du château est érigé dans les années
1380 sur l'ordre de Jean IV, duc de Bretagne.
Le donjon, haut de 30 mètres et dépourvu de canonières,
est avant tout un symbole d'autorité de la nouvelle dynastie.
Jusqu'à l'époque de Louis XIV, il était coiffé
d'une toiture pentue. |
La Porte Saint-Malo montre les deux périodes de construction
des remparts.
À la tour ronde de la fin du XIIIe siècle s'est ajoutée,
au XVe, une tour carrée avec pont-levis.
À l'origine, les douves se situaient deux mètres plus
bas : l'ouverture
que l'on voit dans la tour ronde n'était pas au niveau du sol. |
La muraille, la tour du Connétable et l'église Saint-Malo.
La tour du Connétable (XVe) abritait de belles salles
voûtées
protégées par des murs de cinq mètres d'épaisseur. |
L'entrée de l'ancienne chapelle.
Elle a servi d'entrée provisoire au château-musée. |
La tour de Coëtquen ---»»»
Construite, comme la tour du Connétable, au XVe
siècle, elle abritait des
salles voûtées protégées
par des murs de cinq mètres d'épaisseur.
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Le port de Dinan, la vallée de la Rance et la tour Sainte-Catherine.
Jusqu'au XIIe siècle, le port de Dinan était très
actif car le faible tirant d'eau des navires leur permettait de remonter
le fleuve jusqu'à Dinan.
À partir du XIIIe siècle qui vit l'accroissement de
la taille des navires, c'est le port de Saint-Malo qui a pris le relais.
Seules les gabarres purent continuer à naviguer jusqu'à
Dinan. |
L'ANCIENNE CHAPELLE
DU CHÂTEAU |
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L'ancienne chapelle.
Elle est située juste après l'entrée dans
le donjon. |
Retable en pierre calcaire à décor Renaissance.
Ce haut-relief vient de la nef de l'abbaye de Beaulieu. |
Retable en pierre calcaire à décor Renaissance,
détail. |
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La Sainte Trinité.
Bois polychrome, fin du XVIe siècle.
uvre sculptée par un atelier morlaisien.
La colombe, sur la tête du Père céleste,
a disparu.
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La Vierge à l'Enfant.
XVIe siècle
Céramique peinte, Bourgogne.
La Vierge piétine un serpent crachant une pomme. |
Panneaux de la légende des saints Cosme et Damien (XVe
siècle ?)
Cosme et Damien, martyrs sous Dioclétien, sont les patrons
des médecins et des pharmaciens. |
Sainte Barbe.
Fin du XVIe siècle
Bois polychrome, atelier de Morlaix.
La sainte porte la tour de son emprisonnement
dans la main droite.
Dans la main gauche, elle tenait vraisemblablement
la palme des martyrs. |
L'Éducation de la Vierge.
Pierre calcaire, XVIIIe siècle. |
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TROIS PANNEAUX DE LA LÉGENDE
DES SAINTS COSME ET DAMIEN (XVe SIÈCLE ?) |
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Refus des saints de sacrifier aux idoles. |
Jugement du gouverneur Lysias de la ville d'Eges en Cilicie. |
Lysias est attaqué par des esprits malins. |
DIVERSES SALLES
DU CHÂTEAU-MUSÉE |
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Salle aux murs lambrissés. |
Saint Julien l'Hospitalier.
Hêtre, première moitié du XVIe siècle.
Atelier brabançon, Flandre, Vallée de la
Meuse. |
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«Portrait de Charles Duclos Pinot (1704-1772)» |
Charles
Pinot, sieur du Clos (1704-1772)
Membre de la bourgeoisie éclairée
de la ville, Charles Pinot fut maire de Dinan
de 1744 à 1749. Cet érudit jouit
d'un grand prestige. Il fut député
aux États de Bretagne, successeur de Voltaire
en 1749 au poste d'historiographe du roi Louis
XV, secrétaire perpétuel de l'Académie
française en 1755.
Dinan
lui doit d'importants travaux de modernisation
de la ville dans les années 1740. C'est
lui qui fit mettre en chantier l'aménagement
des promenades d'agrément sur la contrescarpe
autour des remparts.
Source : Dinan, L'Histoire
en Héritage.
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Statue de saint Roch montrant son bubon.
Bois polychrome, XVIIIe siècle. |
Saint
Roch est invoqué contre la peste.
Dinan
subit une épidémie de peste en 1622
et 1637. La confrérie de la Sainte-Épine,
dont le siège était à l'église
Saint-Malo,
intercéda pour que l'épidémie
cesse. (Selon un père capucin, cette église
possédait une relique de la couronne du
Christ.)
La peste réapparut en 1666. Cette fois,
les échevins s'adressèrent à
saint Roch pour qu'il intercède auprès
du Ciel.
La peste frappa encore Dinan
au XVIIIe siècle, notamment en 1778.
Source : panneau
affiché dans le château-musée.
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«««---
Une salle du château-musée et ses vitrines. |
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«Vue du château de Dinan»
par Eugène Cicéri (1813-1890)
Seconde moitié du XIXe siècle, aquarelle et traits de
crayon noir.
Eugène Cicéri mit son talent au service des grands
recueils du baron Taylor, notamment pour la Bretagne. |
L'amour triomphant du mal et de la mort.
Ivoire sculpté,
XVIe siècle.
«««---
Résurrection
Pierre tendre, XIIIe siècle. |
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«Saint Roch et son chien» |
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«Vue du château»
par Louis-François Cassas (1756-1827)
Dessin à la mine de plomb, 29 juillet 1776. |
«««--- Vue d'ensemble
d'une salle du château-musée.
L'actuel château (qui se visite) ne comprend plus que
des pièces meublées uniquement
par des panneaux informatifs tels qu'on en voit sur la photo
ci-contre.
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Saint Maudez (ou Maudé) bénissant.
XVIIIe siècle.
Le saint porte l'habit de culte
des curés du XVIIIe siècle. |
«Vue du mur de la ville de Dinan du côté
de la petite rivière du même nom»
par Louis-François Cassas (1756-1827)
Dessin à la mine de plomb. |
Saint
Maudez. C'est l'un des innombrables saints
bretons non reconnus par l'Église. Né
au VIe siècle et fils d'un roi d'Irlande, Maudez
veut se consacrer à la religion, mais une épidémie
de peste tue ses frères et surs. Obligé
de se marier pour assurer la descendance, il préfère
fuir en Bretagne (année 528) et débarque
à Port-Béni, dans l'estuaire de la rivière
de Tréguier. Il crée un ermitage près
de Lesvoan, puis rejoint l'île Modez. Il y fonde
un monastère et y meurt vers l'an 600.
Dans sa légende, saint Maudez purge de ses serpents
et autres bêtes venimeuses l'île Modez.
De là est née une coutume : prendre une
pincée de terre de cette île et la répandre
dans les étables afin de protéger les
animaux.
Source : Le Livre des
Saints Bretons de Bernard
Rio.
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Vue d'ensemble d'une salle. |
«La porte de Brest»
par Walsh Jackson.
Huile sur toile, XIXe et XXe siècles.
La porte de Brest a été démolie entre fin 1880
et mars 1811. |
«Combat de Bertrand Du Guesclin et de Thomas de Cantorbery»
par Artus d'Espagne
Huile sur toile, XIXe siècle. |
«Le port de Dinan»
par George Clarkson Stanfield (1828-1878)
Huile sur toile, 1871.
Dès 1852, le viaduc, facilite l'accès à
la ville. En 1879, il permettra l'arrivée du train à
Dinan. |
Le
combat de Bertrand Du Guesclin et de Thomas de Cantorbery
(2/2).
---»» La place du marché est choisie
comme lieu du duel. Le duc de Lancastre, accompagné
de vingt seigneurs anglais, s'y rend en personne, après
avoir reçu des otages en gage de sa sûreté
(ou des sauf-conduits selon les sources). La foule se
presse pour assister à la joute tandis que Lancastre
prend place «sur un amphithéâtre
richement décoré». Aristide Guilbert
laisse ici la part d'exaltation de la légende
envahir son récit. Il écrit : «Dans
ce combat, longtemps disputé, Du Guesclin se
surpassa ; il déploya une légèreté,
une adresse, un sang-froid, une intrépidité,
qui éblouirent les yeux attachés à
tous ses mouvements. Lorsqu'il eut terrassé et
désarmé Thomas de Cantorbery, on eut bien
de la peine à détacher ce lion courroucé
de sa proie.» À la demande de Lancastre,
le Breton fit grâce à son ennemi gisant
à terre.
Aristide Guilbert parle ensuite d'un banquet donné,
le soir même, à Du Guesclin, un banquet
où Lancastre et les seigneurs anglais furent
invités «et où ils ne se trouvèrent
pas les moins empressés à louer le courage
du Breton». Peu après, et avant l'expiration
de la trève, les Anglais reçurent l'ordre
du roi Édouard III de lever immédiatement
le siège.
Laissons la légende de côté. Peter
Meazey dans l'ouvrage Dinan, l'Histoire en Héritage
donne une information qui semble quand même plus
sérieuse : Lancastre condamne Cantorbery à
libérer son prisonnier et à lui verser
la somme que lui-même exigeait pour le relâcher.
Ensuite, Du Guesclin s'en retourne à Pontorson
et le siège de Dinan
continue. Ne pouvant prendre la ville par manque d'engins
de guerre adéquats, les Anglais abandonnent le
siège quelques semaines plus tard et vont renforcer
les troupes qui assiègent Rennes.
Sources : 1) Histoire
des villes de France par Aristide Guilbert, éditions
Furne-Perrotin-Fournier, 1844 ; 2) Dinan, l'Histoire
en Héritage, de Peter Meazey et Yvon Blanchot,
2002.
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Reproduction en bronze doré, et datée de 1906,
de la statue de Du Guesclin érigée en 1902
sur la place Du Guesclin à Dinan.
uvre d'Emmanuel Frémiet (1824-1910). |
«Hommage funéraire rendu à Duguesclin»
par Charles-Alexandre Debacq (1804-1853)
Huile sur toile, 1837. |
Le
combat de Bertrand Du Guesclin et de Thomas de Cantorbery
(1/2).
Durant la guerre de Succession de Bretagne (1341-1379),
Jean de Montfort, soutenu par les Anglais, s'oppose
à Charles de Blois, époux de Jeanne de
Penthièvre, soutenu par le roi de France, oncle
de Charles de Blois. En France, la guerre de Cent Ans
a démarré en 1337.
En 1357 (ou 1359 selon les sources), le duc de Lancastre
met le siège devant Dinan.
Charles de Blois envoie Du Guesclin et six cents hommes
renforcer la défense de la ville. Les assauts
anglais se succèdent, mais n'arrivent à
rien. La cité assiégée ne pouvant
recevoir de vivres, la famine menace. Les Dinannais
obtiennent alors une trêve de quinze jours. À
l'issue de ce délai, prévoit l'accord,
s'ils n'ont pas reçu de secours, ils doivent
se rendre.
Le jeune frère de Du Guesclin, Olivier, fait
partie des défenseurs de la cité. Pendant
la trève, il sort des murailles et se promène
à cheval, seul, dans la campagne. Un capitaine
anglais, Thomas de Cantorbery, accompagné de
trois hommes, le fait prisonnier au mépris de
l'accord. Le même jour, informé de la capture
de son frère, Du Guesclin, en proie à
la colère, se précipite sur sa monture,
galope vers le camp anglais et demande réparation
au duc de Lancastre. Cantorbery, que l'on fait venir,
jette son gantelet devant le chevalier breton. Le défi
est lancé.
Dans la ville, les habitants sont inquiets : le plus
acharné de leurs défenseurs s'est rendu,
seul, chez l'ennemi ! Selon Aristide Guilbert (Histoire
des villes de France, 1844), ils reprennent foi
en écoutant une jeune Dinannaise, Tiphaine Raguenel,
fille du vicomte de la Bellière, connue pour
posséder une sorte de don de prophétie.
Elle leur annonce en effet qu'ils vont revoir le héros
au milieu d'eux, dans la journée même,
et qu'il «déconfirait» son ennemi
dans le champ-clos où il allait descendre. ---»»
Suite 2/2
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Tête de bonhomme sculptée sur une arcade en granit
dans une salle du château-musée. |
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«Combat de Bertand Du Guesclin et de Thomas de Cantorbery»,
détail.
par Artus d'Espagne. |
Portait de Du Guesclin.
Peinture anonyme. |
«Vue du port de Dinan» par Isidore Dagnan (1794-1873)
Huile sur toile, 1830. |
«Vue du port de Dinan» par Isidore Dagnan, détail.
«Le port de Dinan»,
détail ---»»»
par George Clarkson Stanfield (1828-1878), |
|
«Vue de Dinan prise au-dessus du viaduc»
par Meere (XIXe-XXe siècles)
Huile sur toile, 1923. |
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Documentation : Panneaux affichés dans
le musée
+ «Laissez-vous conter le château-musée»,
Ville de Dinan
+ «Dinan, l'Histoire en Héritage», édition
Communicom, 2002
+ «Le Livre des Saints Bretons» de Bernard Rio, Éditions
Ouest-France, 2018
+ «Histoire des villes de France» par Aristide Guilbert,
éditions Furne-Perrotin-Fournier, 1844. |
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