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Page créée en juin 2022
Dinan
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Geoffroy de Dinan se retire au prieuré Saint-Malo

Dès le XIe siècle, il y eut à Dinan un église Saint-Malo qui ne s'élevait pas au même endroit que l'édifice actuel : elle était hors-les-murs, ce qui entraîna sa destruction. En effet, sous le règne du jeune roi Charles VIII (qui n'épousera la duchesse Anne de Bretagne qu'en 1491), la France veut soumettre la Bretagne à son autorité. Les habitants de Dinan redoutent que le bâtiment serve de point d'appui aux Français en cas de siège. En 1487, François II, duc de Bretagne, donne donc l'ordre de faire raser l'église Saint-Malo qui devra être rebâtie intra muros. En réalité, le siège n'eut jamais lieu : la ville se rendra l'année suivante, sans résistance à l'autorité du roi de France.
La construction de la nouvelle église commença dès l'année 1490 comme l'indique une inscription gravée sur le pilier sud-est de la croisée. Le terrain était offert par Jehan II, vicomte de Rohan. Allié de Charles VIII, le vicomte devint l'homme fort de la ville ainsi que son généreux mécène. Dinan était une cité prospère et les dons affluèrent. L'édifice, bâti avec la pierre de granit si courante en Bretagne, sera en style gothique flamboyant.
La partie basse du chœur est élevée dès 1491, sous la direction de Guillaume Juhel. Sa toiture charpentée est recouverte de chaume à titre provisoire, ce qui permet la tenue du culte. Au cours de la décennie 1500, bénéficiant des donations de Jehan II de Rohan, du roi Louis XII et de la reine Anne de Bretagne, le nouveau maître d'œuvre, Jean Lemaître, achève le chœur : il se présente sur deux niveaux d'élévation, selon un modèle plutôt normand, et se termine par trois chapelles rayonnantes, ce qui n'est pas banal dans une Bretagne qui privilégie plutôt les chevets plats ou à pans coupés.
Les sources de financement finissent par se tarir. Le fondateur de l'église et son principal donateur, Jehan II, est passé à la Réforme... En dépit d'une donation de François Ier, il faut attendre le XVIIe siècle pour voir le chœur et le transept complètement voûtés et achevés. Quant à la nef, pendant près de quatre siècles elle restera inachevée et sans utilité : sa double rangée d'arcades, privée de bas-côtés, sera fermée par un mur sommaire.
Pendant la Révolution, écrit l'historien René Couffin pour le Congrès archéologique de France en 1949, le bâtiment «servit de halle au blé, de magasin, de salle de spectacle et de caserne.» En 1793, il fut entièrement dévasté. Le maître-autel, commandé au sculpteur Pilon en 1664, fut détruit, tout comme le tombeau en marbre d'Italie de Raoul Marot des Alleux, sénéchal de Dinan pendant la Ligue. Quinze pièces de tapisseries offertes à l'église en 1685 disparurent.
Saint-Malo fut rendu au culte en 1803 dans un état lamentable. Le devis de restauration, jugé trop coûteux, n'eut pas de suite. Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques, passera à Dinan en 1835 et n'aura que mépris pour cette église (voir plus bas).
Vint enfin le Second Empire et sa prospérité économique. Avec l'aide de l'État, la nef fut réédifiée de 1855 à 1865 en s'inspirant des plans disponibles et des éléments architecturaux du chœur. Toutefois, la flèche prévue à l'origine au-dessus de la croisée, ne sera jamais construite. L'église sera classée monument historique en 1907.
L'église Saint-Malo possède deux éléments dignes d'une visite : la partie extérieure du chevet avec sa forêt de pinacles, de fleurons, de choux frisés et de gargouilles, une forêt que la pierre de granit rend typiquement bretonne ; puis ses vitraux des années 1920 illustrant quelques épisodes de l'histoire de Dinan dont l'entrée d'Anne de Bretagne dans la ville en 1505.

Entrée d'Anne de Bretagne à Dinan en 1505
Vue d'ensemble de l'église Saint-Malo depuis l'entrée occidentale
Vue d'ensemble de l'église Saint-Malo depuis l'entrée occidentale.
La nef a été rebâtie presque entièrement sous le Second Empire.
ASPECT EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-MALO
Vue extérieure avec la façade occidentale du XIXe siècle
Vue extérieure de Saint-Malo depuis la façade occidentale du XIXe siècle.
Les grandes baies de la nef
Les grandes baies sud de la nef.
Les historiens n'accordent guère d'intérêt à la
reconstruction de la nef réalisée sous le Second Empire.
Les bas-côtés sont une création des architectes Guépin et Aubry.

Architecture extérieure (1/4).
La nef et les bas-côtés ont été presque entièrement reconstruits de 1855 à 1865 par les architectes Aubry et Guépin, spécialistes du néo-gothique. Aussi les historiens actuels négligent-ils allégrement ces parties de l'édifice, que ce soit leur aspect extérieur ou intérieur. Seul le chœur et son chevet, élevés de la fin du XVe siècle jusqu'au XVIIe si l'on inclut les restaurations, ont retenu leur attention.
Pourtant, le chevet ne parvient pas toujours à se faire apprécier. Il en va ainsi avec Prosper Mérimée qui parcourt la Bretagne en 1835 en tant qu'inspecteur général des Monuments historiques. De passage à Dinan, s'il daigne écrire trois pages sur la basilique Saint-Sauveur, il est plus que bref pour Saint-Malo : «L'autre église de Dinan n'offre aucun intérêt.» C'est dit. Peut-être l'inspecteur a-t-il été déçu par la nef inachevée et la misère du chœur laissé sans réparation après la Révolution.
Dans son article pour le Congrès archéologique de France tenu à Saint-Brieuc en 1949, l'historien René Couffon écrit que «Saint-Malo fut rendue au culte en 1803 dans un état pitoyable». Il ajoute que le devis des réparations se montait à plus de dix mille francs, une somme considérable qui poussa la municipalité, incapable d'avancer cette somme, à demander la suppression de la paroisse ! La demande fut rejetée. Au contraire, le maître-autel de 1664 réalisé par le sculpteur Pilon ayant été détruit en 1793, on le remplaça par le maître-autel de l'abbaye de Lehon et on y installa aussi les stalles de cette même abbaye.
Qu'a vu Prosper Mérimée de la nef ? Au début du XVIIe siècle, les sources de financement s'épuisent. ---»» Suite 2/4.

L'église Saint-Malo vue depuis le sommet du château
L'église Saint-Malo vue depuis le sommet du château.
Le chevet sud de l'église Saint–Malo (fin du XVe–début du XVIe siècle)
Le chevet sud de l'église Saint-Malo.
Fin du XVe-début du XVIe siècle.

Les historiens admettent que le premier niveau de l'élévation était achevé à la fin de l'année 1490.
Sur la partie gauche, l'élément en forte saillie (une sorte de faux transept) a reçu le nom de chambre forte.

Architecture extérieure (2/4).
---»» La nef, inachevée, se réduit au vaisseau central sans voûte ni collatéraux, avec des arcades obturées par un mur sommaire. Et ceci perdura jusqu'au XIXe siècle. De quoi repousser Prosper Mérimée en effet.
La nef fut donc rebâtie sous le Second Empire par les architectes Guépin et Aubry en respectant la conception d'origine. C'est à eux que l'on doit la suite de chapelles latérales nord et sud et les bas-côtés voûtés d'ogives.
L'élévation choisie est à deux niveaux (photo plus haut). Le premier, très élevé, s'ouvre sur de larges baies en arc brisé, ornées depuis les années 1920 par d'intéressants vitraux sur l'histoire de Dinan. Dans les remplages de ces baies, les réseaux sont de style néogothique. Le second niveau, plus étroit, n'est ouvert que de petites baies logées sous les formerets, à hauteur des retombées d'ogives. Il aurait été intéressant que les historiens actuels nous disent quels monuments d'Armorique ont inspiré Guépin et Aubry.
Le chœur mérite une observation attentive. Comme souvent dans les édifices bretons, c'est le côté sud qui a la meilleure part. Ici, il est rendu plus élégant par la présence d'un bras en forte saillie qui agit comme un faux transept (photo ci-contre). Ce bras présente une structure à deux niveaux que l'historienne Michèle Boccard appelle une chambre forte. On y trouve la sacristie au rez-de-chaussée et, à l'étage, la chambre d'archives.
Dans Bretagne gothique, Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult écrivent que cette pièce a pu servir d'oratoire à Jean II de Rohan. C'est ce que suggère la fenêtre à meneaux qui donne sur le chœur. Elle a pu servir ensuite de salle pour les réunions de la fabrique. La tourelle à côté de cette élévation abrite l'escalier qui mène à cette fameuse pièce et qui en est d'ailleurs le seul moyen d'accès. Voir plus bas la porte de la sacristie dans le déambulatoire. ---»» Suite 3/4

Le chevet gothique et sa forêt de pinacles flamboyants
Le chevet gothique et sa forêt de pignons flamboyants.
Le côté sud et le croisillon sud du transept de l'église
Le côté sud et le croisillon sud du transept de l'église.

Architecture extérieure (4/4).
---»» de frontons triangulaires et de motifs géométriques s'insèrent mal, écrit-elle, dans un ensemble bien antérieur : au premier niveau, les moulures horizontales délimitant le faux entablement s'interrompent au niveau des contreforts sans solution de continuité (...)».
Quant à la double baie en plein cintre surmontée d'un oculus qui domine ce portail, elle a vraisemblablement succédé à une grande baie flamboyante. Pour résumer et sans forcer le trait, on pourrait dire qu'une façade d'aspect général roman et d'ornementation Renaissance a succédé à une façade gothique dans un édifice de style flamboyant...
Sources : 1) Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France de Prosper Mérimée, 1836 ; 2) Bretagne gothique de Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, éditions Picard, 2010 ; 3) Congrès archéologique de France, Côtes-d'Armor, 2015, article sur l'église Saint-Malo par Michèle Boccard ; 4) Congrès archéologique de France tenu à Saint-Brieuc en 1949, article sur l'église Saint-Malo par René Couffon.

Ornementations sur la double porte du croisillon sud

Architecture extérieure (3/4).
---»» La photo ci-dessus montre l'impressionnante suite de pinacles flamboyants qui encercle le chevet. Les pans des chapelles rayonnantes sont étroits et les angles des pignons qui les surmontent, aigus, ce qui permet d'étoffer encore ce décor un peu féérique gorgé de crochets, de choux frisés et de fleurons dominateurs. À ce sujet, les historiens ont soulevé une question : ce type de chevet a-t-il été créé par un membre de la famille Dumanoir ? Voir plus bas les analyses qu'ils proposent depuis 1949.
La façade du croisillon sud du transept (photo ci-contre) ne possède pas d'aspect flamboyant. Dans son article pour le Congrès archéologique de France de 2015, Michèle Boccard écrit que ce croisillon, tel qu'on le voit aujourd'hui, est certainement le résultat d'une reprise du XVIIe siècle. En effet, un magasin à poudre de la tour Saint-Julien, située au nord-ouest de l'église, explosa en 1585 (ou en 1597 selon René Couffon). Même si cette tour de la muraille n'est pas toute proche, l'effet de souffle provoqua des lézardes dans les murs de Saint-Malo, notamment dans le croisillon sud, directement exposé.
En 1949, l'historien René Couffon mentionne la date de 1613 située au-dessus de l'entrée méridionale de l'église et ajoute qu'elle concerne «probablement des travaux de restauration et de réfection exécutés à la suite de cet accident.»
Le portail sud (donné ci-dessous) affiche une ornementation d'inspiration Renaissance sculptée dans le granit. En 1835, lors de son passage à Dinan, Prosper Mérimée était assez négatif sur cette pierre : «L'espèce de granit employée dans toutes les constructions, écrivait-il, est, par sa nature, impropre à recevoir une ornementation soignée. C'est une pâte peu compacte, renfermant un sable très dur; le ciseau l'égrène au lieu de la couper.» (Voir l'encadré sur le granit en Bretagne à l'église Saint-Sauveur de Dinan.)
En 2015, Michèle Boccard se montre assez circonspecte sur cette ornementation rajoutée au XVIIe siècle. Le décor «composé de volutes, de coquilles, de demi-colonnes à fûts cannelés et chapiteaux ioniques, ---»» Suite 4/4.

La double porte du croisillon sud sert d'entrée principale
La double porte du croisillon sud sert d'entrée principale.
La pierre de granit porte un décor du début du XVIIe siècle.
«««--- Ornementations sur la double porte du croisillon sud.

Le rôle de la famille Beaumanoir dans l'architecture du chevet (1/2).
La recherche historique avance toujours par étapes. La conception du chevet de Saint-Malo en donne un bon exemple. Une photo plus haut le montre : les trois chapelles pentagonales de ce chevet sont embellies à l'extérieur par une forêt de pignons à choux frisés, de fins pinacles flamboyants, de fleurons et de gargouilles.
En 1949, l'historien René Couffon, pour le Congrès archéologique, signale, à propos de ces trois chapelles, que leur couverture est à noues multiples. En architecture, une noue est «une arête rentrante formée par la rencontre des versants de deux toits» (Architecture, éditions du Patrimoine, 2011). René Couffon écrit sans hésitation que cette disposition est à mettre sur le compte de l'architecte Philippe Beaumanoir qui l'a introduite en Bretagne en 1488. Il ajoute qu'on la rencontre «dans de nombreux édifices dont le patronage appartenait aux Rohan» et que «c'est probablement à cette circonstance qu'elle dut être utilisée à Saint-Malo de Dinan.» On se souvient que Jean II de Rohan est le fondateur de l'église. Précisons une évidence : la multiplicité des noues est la conséquence des pans étroits et des pignons aigus qui définissent le tracé des chapelles pentagonales.
En 2007, dans les Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, l'historien Laurent Guitton reprend l'idée de la paternité Beaumanoir et la renforce. En tant que fondateur de l'église, Jean II de Rohan, écrit-il, pouvait intervenir sur certains choix architectoniques. Et il ajoute : «La comparaison de la localisation des domaines de Rohan et de la production de ces chevets polygonaux semble aller dans le sens d'une diffusion de ce modèle par Jean II de Rohan, lequel l'aurait proposé, sinon imposé aux trésoriers de la paroisse.» Une idée intéressante, mais rédigée ici au conditionnel.
Néanmoins, Laurent Guitton conclut sans retenue : «Rohan est l'initiateur d'une nouvelle esthétique religieuse dans notre ville : il a donc largement contribué à lancer une mode architecturale.» L'historien précise que le prototype de ce «nouveau» chevet se trouve en fait à la chapelle Saint-Nicolas de Plufur, élevée par l'atelier Beaumanoir-Plusquellec. Saint-Malo de Dinan a suivi quelques mois après. Exit donc le chevet plat répandu en Bretagne sous le mécénat du duc François II, adversaire des Rohan. Cette rupture architecturale viendrait tout à propos renforcer une opposition politique.
En 2010, dans leur ouvrage Bretagne gothique (éditions Picard), les historiens Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult reprennent à leur tour cette affirmation et l'englobent même dans une pratique plus générale. Ils écrivent : «L'emploi des absides à pans et gâbles aigus, traditionnellement attribué à l'atelier Beaumanoir actif dans l'ouest du Trégor vers 1500, appartient plus largement à des recherches structurelles et formelles qui se manifestent en basse Bretagne à la charnière du XVe et du XVIe siècle.» Et ils précisent que ce type de chevet polygonal [que le lecteur suppose toujours à pans et «gâbles» aigus] se rencontre en particulier sur les terres des Rohan : à Quelven dès 1485-1490 et à la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Encontre à Rohan en 1510. Quant au chevet de Saint-Malo, constatons qu'il surpasse en complexité tout ce qui a été réalisé jusque-là. Notons en passant que le terme gâble est ici impropre : un pignon est la partie triangulaire qui termine un mur à son sommet, alors qu'un gâble est un couronnement. Ainsi, un pignon peut recevoir un gâble en guise d'embellissement.
Si l'on veut être rigoureux, remarquons que, jusqu'à présent, il n'a jamais été question d'attribuer aux Beaumanoir le foisonnement flamboyant qui surplombe les toits des chapelles, mais uniquement la forme polygonale aiguë de celles-ci et les noues multiples de leurs toits. Les deux concepts sont distincts.
À présent, il faut considérer qu'ils sont étroitement liés. C'est ce que sous-entend l'historienne Michèle Boccard, docteur en histoire de l'art médiéval, en 2015. Dans son article sur l'église Saint-Malo pour le Congrès archéologique tenu dans les Côtes-d'Armor, elle ne se cantonne pas à la forme aiguë des pans et des «gâbles», mais renouvelle le concept en y incluant la multiplicité des pinacles, des choux frisés et des fleurons. Un concept dont elle remet en question la paternité.
Michèle Boccard parle ainsi, pour la construction du chevet de Saint-Malo, de choix formels dont la source est difficile à localiser. En citant l'article de Laurent Guitton de 2007, elle rappelle qu'on a beaucoup associé ces chevets à pans et noues multiples au nom des Beaumanoir, «une famille de tailleurs de pierre bien documentée à Morlaix et ses environs autour de 1500», ajoute-t-elle et «qu'on a parfois même voulu y voir la source d'inspiration des chapelles rayonnantes [de Saint-Malo].» Selon l'historienne, rien n'est avéré. Elle indique que le chantier le plus représentatif de ces chevets Beaumanoir est la petite chapelle Saint-Nicolas de Plufur construite en 1499 et que rien ne prouve son lien architectural avec l'église Saint-Malo de Dinan. ---»» Suite 2/2 ci-dessous

Les chapelles nord du chœur
Les chapelles nord du chœur et leurs remplages flamboyants.
Baie 26, détail : Jésus et les petits enfants
Baie 26, détail : Jésus et les petits enfants.
Atelier Eugène Denis ?
Baie 19, détail : la Sainte Famille
Baie 19, détail : la Sainte Famille.
Atelier Eugène Denis ?

Le rôle de la famille Beaumanoir dans l'architecture du chevet (2/2).
---»» Enfin, prenant le contre-pied de ce qui est écrit dans Bretagne gothique en 2010, Michèle Boccard minimise le rôle des Rohan : «l'aire de production des chevets Beaumanoir autour de 1500, écrit-elle, n'appartient pas aux domaines des Rohan». En effet, cette forme de chevet y est rare, précise l'historienne, l'exemple de Notre-Dame de Quelven, construite entre 1485 et 1490 et citée par Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, étant à ses yeux une exception.
Il reste néanmoins à préciser le rôle de la maîtresse-vitre. En optant pour le chevet plat, le duc François II créait, derrière le maître-autel, un grand mur vertical capable d'accueillir une large et haute verrière démarrant assez bas dans le mur. Tout paroissien qui entrait dans l'église la voyait immédiatement. Cette maîtresse-vitre illuminait le chœur : c'était l'endroit idéal pour apposer ses armoiries et affirmer à tous son pouvoir. Laurent Guitton rappelle que, dans l'acte de fondation de Saint-Malo daté du 12 juin 1489, Jean II de Rohan offre «la grant vitre du pignon du chanceau d'icelle». Chanceau, qui rappelle chancel, signifie chœur. Il s'agit donc du vitrail principal, donc de la maîtresse-vitre derrière le maître-autel comme à Ploërmel, Josselin ou Guenguat. Mais, quand il y a un déambulatoire bordé de chapelles rayonnantes, soit il n'y a plus de place pour la maîtresse-vitre, soit celle-ci est réduite en hauteur, comme à Dol-de-Bretagne, donc moins lisible
Certes, le vicomte de Rohan, comme le rappelle Laurent Guitton, disposait de la prérogative d'insérer ses armoiries dans la baie «principale» de la chapelle axiale du chœur. Mais c'est un bien petit endroit pour un si grand désir d'affirmation de soi et de rivalité avec le duc ! De fait, Jean II se rattrapa sur les piliers. Malgré les martelages de la Révolution, on distingue encore les armes des Rohan sur les côtés antérieurs des piliers du chœur à la retombée des arcs. Pour rappeler sa lignée et sans doute aussi ses prétentions, le vicomte associa ses armes à celles de sa femme, Marie de Bretagne, parente du duc François II.
En définitive, que les Beaumanoir soient à l'origine ou pas de ce «nouveau» style, Jean II de Rohan aurait eu à choisir entre deux possibilités : un chevet plat (selon le style initié par son adversaire François II) avec des armoiries au bas de la maîtresse-vitre, c'est-à-dire à la place d'honneur, ou bien des chapelles rayonnantes (pour s'opposer au style de François II) et des armoiries rejetées sur les piliers du chœur...
Sources : 1) Bretagne gothique de Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, éditions Picard, 2010 ; 2) Congrès archéologique de France, Côtes-d'Armor, 2015, article sur l'église Saint-Malo par Michèle Boccard ; 3) Congrès archéologique de France tenu à Saint-Brieuc en 1949, article sur l'église Saint-Malo par René Couffon ; 4) Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, juin 2007, article de Laurent Guitton sur Jean II de Rohan et Dinan.

LA NEF DE L'ÉGLISE SAINT-MALO
La nef et le bas-côté nord ont été reconstruits  de 1855 à 1865
La nef et les bas-côtés ont été reconstruits de 1855 à 1865.
Ici, le bas-côté nord et les vitraux historiés illustrant l'histoire de Dinan.
La chaire à prêcher est du XVIIIe siècle
La chaire à prêcher, du XVIIIe siècle, a été restaurée en 1902.
Elle provient du couvent des Jacobins de Dinan.
L'ange qui la surmonte a été refait au XIXe siècle.
Baie 31 : Présentation de Jésus au temple
Baie 31 : Présentation de Jésus au temple.
Atelier Eugène Denis, années 1870 ?

Architecture de la nef. Dans les années 1850, les architectes Guépin et Aubry furent chargés d'en finir avec le statut d'édifice inachevé que traînait l'église Saint-Malo depuis le XVIe siècle. Respectant le style du gothique breton, ils restaurèrent la nef en lui ajoutant des bas-côtés nord et sud avec leurs grandes baies. La source d'inspiration fut évidemment le chœur. Ils reproduisirent le même système d'arcatures avec des piles rondes, des arcades en tiers-points à pénétration, un intrados à deux rouleaux chanfreinés. Le vaisseau central et les bas-côtés furent voûtés d'ogives.
Guépin et Aubry réutilisèrent, de manière assez heureuse, des éléments de la première construction comme les piscines, les crédences ainsi que la cuve baptismale en granit sculpté du XVe siècle qui est devenue depuis un bénitier (photo ci-dessous).
En dépit des verrières historiques des années 1920 dans les grandes baies, la nef bénéficie d'une assez bonne luminosité que viennent encore accroître les petites fenêtres du second niveau. La photo du haut de cette page, prise depuis l'avant-nef, montre un bas-côté sud bien éclairé par le soleil.

Éléments anciens dans l'avant–nef : cuve baptismale du XVe siècle servant de bénitier et, sur la droite, piscine
Éléments anciens dans l'avant-nef : cuve baptismale du XVe siècle servant de bénitier
et, sur la droite, piscine gothique.
Bénitier porté par le démon (Louis Bouchet et Jean Delaune, XIXe siècle)
Bénitier porté par le démon.
Œuvre des ouvriers dinannais
Louis Bouchet et Jean Delaune
XIXe siècle.

Les vitraux de Saint-Malo (1/2).
Les vitraux de l'église sont modernes. On sait que, par le passé, les vitraux affichaient les armoiries des seigneurs et des familles de la ville, mais rien n'a survécu à la Révolution. Le Corpus Vitrearum sur les vitraux de Bretagne n'en fait pas état.
L'usage en Bretagne est de mettre à profit la maîtresse-vitre pour y loger une grande verrière afin d'attirer les regards. C'est le cas à Ploërmel et à Josselin. Mais, à l'église, Saint-Malo, pas de chevet plat, donc pas de maîtresse-vitre. De fait, cette église, avec ses trois chapelles rayonnantes, sort complètement du schéma traditionnel de l'art du vitrail en Bretagne.
Saint-Malo possède trois sortes de vitraux.
D'abord des vitraux à thème géométrique ou abstrait, souvent peu colorés, qui permettent un agréable passage de la lumière. C'est le cas dans le chevet.
Puis, des vitraux créés dans la seconde moitié du XIXe siècle, semblables, il faut bien le dire, à ceux que l'on trouve partout... Ici, ce sont les ateliers Champigneulle, Lorin, du Carmel du Mans et surtout celui d'Eugène Denis qui ont été sollicités. Ils offrent une petite image au centre d'un décor de figures géométriques (La Décollation de saint Victor), une grande scène sur deux ou trois registres illustrant un épisode du Nouveau Testament (Jésus et la Samaritaine, Jésus remet les clés à Pierre, Prédication de saint Jean-Baptiste),   ---»» Suite 2/2 ci-dessous.

Baie 31, détail du tympan : anges au carton identique, mais aux colorations différentes
Baie 31, détail du tympan : les anges sont obtenus à partir du même carton, mais leur coloris diffère.
Atelier Eugène Denis, années 1870 ?
Élévations nord de la nef et vitraux de l'atelier G. Merklen
Élévations nord de la nef
et vitraux de l'atelier G. Merklen.

Les vitraux de Saint-Malo (2/2).
---»» ou une très large scène marquée par l'ultramontanisme victorieux (La Vierge remet le rosaire à saint Dominique, les Âmes du purgatoire), ou encore un vitrail-tableau dans les grandes verrières du transept et de la baie occidentale (Présentation de Jésus au temple, donné ci-dessus, Mort et Couronnement de la Vierge. On notera dans quelques-unes de ces verrières l'inclusion de paysages en arrière-plan réalisés en camaïeu de bleus (Jésus et la Samaritaine) ou de bruns (Jésus remet les clés à Pierre).
Mais les vitraux les plus intéressants sont sans nul doute ceux de la nef. Créés dans les années 1922-1925 par l'atelier Merklen (qui devint ensuite l'atelier Desjardins) et sur des cartons de Jean Virolle, ils illustrent des épisodes de l'histoire de Dinan dans un style qui rappelle un peu la bande dessinée. Ces œuvres s'intègrent dans la phase de renouvellement du vitrail historique qui a démarré au XIXe siècle. L'église Saint-Malo possède ainsi un cachet artistique unique en Bretagne que le visiteur prendra plaisir à admirer.
Ces vitraux historiques sont tous reproduits dans cette page. On y voit les épisodes suivants : Anne de Bretagne entrant à Dinan en 1505 ; Geoffroy de Dinan se retire au prieuré Saint-Malo ; Charles de Blois reçu au couvent des Cordeliers ; Prédication de saint Vincent Ferrier ; Grignon de Monfort rencontre le comte et la comtesse de la Garaye et enfin La Translation des reliques du bienheureux saint Malo.
À cette liste, on pourra ajouter le vitrail, donné ci-contre, Aux Enfants de Dinan morts pour la France de l'atelier Charles Champigneulle réalisé, un peu dans le même style, en 1921.

Baie 22, détail : «Aux Enfants de Dinan morts pour la France» (Atelier Charles Champigneulle, Paris 1921)
Baie 22, détail : «Aux Enfants de Dinan morts pour la France» (Atelier Charles Champigneulle, Paris 1921).
Baie 24 : Geoffroy de Dinan se retire au prieuré Saint–Malo, atelier G. Merklen, Angers 1923
Baie 24 : Geoffroy de Dinan se retire au prieuré Saint-Malo.
Atelier G. Merklen, Angers 1923.
Baie 24, détail : chevaliers montés et chevaliers à pied
Baie 24, détail : chevaliers montés et chevaliers à pied.

Les donateurs de l'église Saint-Malo (1/2).
Commencée en 1490, la construction a été menée rapidement du fait de l'importance des donations. Une fois le terrain acquis grâce à un don de Jean II, vicomte de Rohan, les offrandes affluèrent, venant principalement des familles nobles et bourgeoises de la ville.
Les articles des Congrès archéologiques de France donnent une liste d'exemples. René Avalleuc, seigneur de Keroussaud et miseur de Dinan offre 32 livres en 1490. Denys Gervaise, receveur du domaine, donne un ducat pour avoir assis la première pierre du pignon. Jacques Matignon donne un vieil écu pour avoir assis la première pierre d'un petit pilier. Mme de Coëtquen donne vingt livres. Des changeurs juifs versent quinze livres. La dame de Plumaugat donne en 1491 douze écus «pour aider à acquérir la perrière de Quélinan et pour avoir deux tombes dedans le cueur de lad. eglise». Sans oublier qu'une partie des pierres provient de l'ancienne église Saint-Malo qui a été rasée en 1487 sur ordre du duc de Bretagne, François II. ---»» Suite 2/2 à droite

Baie 24, détail : Geoffroy de Dinan se retire au prieuré Saint–Malo
Baie 24, détail : après la croisade, Geoffroy de Dinan se retire au prieuré Saint-Malo en 1108.
Atelier G. Merklen, Angers 1923.
Baie 22 : «Aux Enfants de Dinan morts pour la France», atelier Charles Champigneulle, Paris 1921
Baie 22 : «Aux Enfants de Dinan morts pour la France».
Atelier Charles Champigneulle, Paris 1921.
Baie 21 : Translation des reliques du bienheureux saint Malo, atelier G. Merklen, Angers 1924
Baie 21 : Translation des reliques du bienheureux saint Malo.
Atelier G. Merklen, Angers 1924.

Les donateurs de l'église Saint-Malo (2/2).
---»» En 1949, lors du Congrès archéologique de France tenu à Saint-Brieuc, l'historien René Couffon écrit que, une fois le chœur élevé et recouvert d'une charpente et d'un toit de chaume provisoire (septembre 1491), les ressources étaient passablement épuisées. On envoya alors à Rome un certain Jean Toullou auprès de Mgr Thomas James, évêque de Dol (certainement pour obtenir des subsides du pape ou, pourquoi pas? des indulgences). En 2015, l'article de l'historienne Michèle Boccard, pour le Congrès archéologique dans les Côtes-d'Armor, va dans le sens contraire ! Sans reprendre cette histoire de voyage à Rome (qui, s'il a existé, n'a vraisemblablement pas abouti), elle écrit que, dans la décennie 1490, le chantier avançait vite. Deux dons importants de Jean II de Rohan y ont aidé : deux cents livres tournois en 1493 et cent autres en 1497.
Puis, le flux financier s'est un peu tari. Selon René Couffon, Jean II de Rohan est passé à la Réforme au début du XVIe siècle et sa générosité s'est asséchée...
Heureusement, les têtes couronnées qui gèrent la France prirent le relais, ce qui n'est pas très fréquent. La duchesse Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII en 1498, épouse Louis XII et devient reine de France pour la seconde fois. Elle n'a pas oublié sa Bretagne. En 1505, elle passe à Dinan (voir le vitrail de la baie 23) et offre cent livres à la paroisse. En 1508, son don à la fabrique de l'église est plus important : cent livres annuelles pendant dix ans. Le roi Louis XII offrira aussi cent livres en 1511.
La caisse sera bientôt vide. René Couffon écrit que les trésoriers envoyèrent en 1517 Guy de Santerre à la Cour pour demander des secours. Le roi François Ier donna vingt-cinq écus d'or.
Il y eut encore quelques dons puisqu'une inscription dans la petite chapelle de jonction dans le déambulatoire nord indique qu'elle a été bâtie en 1549.
Le fait essentiel pour l'église est la perte de son protecteur, qui était aussi son principal financier, Jean II de Rohan passé à la Réforme. L'édifice restera inachevé jusqu'au Second Empire : pas de tour à la croisée ; pas de flèche ; pas de bas-côtés bordant la nef et pas de nef disponible.
Sources : 1) Congrès archéologique de France, Côtes-d'Armor, 2015, article sur l'église Saint-Malo par Michèle Boccard ; 2) Congrès archéologique de France tenu à Saint-Brieuc en 1949, article sur l'église Saint-Malo par René Couffon.

Les donateurs de l'église Saint-Malo : une rivalité entre Jehan II de Rohan et Anne de Bretagne ? (1/3)
Le vicomte Jean II de Rohan est présenté par l'Histoire comme le fondateur et le bienfaiteur de l'église Saint-Malo. En tant que fondateur, la chose est certaine. Passé au service de la France dès la guerre d'indépendance de la Bretagne (1487-1491), il est devenu maître de la ville de Dinan après sa reddition à Charles VIII. Jean II reprend alors à son compte la promesse de son rival, le duc de Bretagne François II, de reconstruire l'ancienne église Saint-Malo, située hors les murs et détruite en 1487 sur ordre ducal.
Rohan a de l'ambition. Il est déjà «premier baron de Bretagne», c'est-à-dire le deuxième personnage du duché après François II en personne, mais il veut devenir duc à la place du duc ! François II s'éteint en 1488. Après Dinan, Jean II part guerroyer en Basse-Bretagne et se fait même appeler «duc». Charles VIII doit le rappeler à la raison. En revanche, pour le mécénat, le «premier baron» a tout loisir d'évincer son défunt rival. À Dinan, pour la reconstruction promise de l'église détruite, il va prendre sa place. Bientôt, il s'immiscera dans l'édification du monastère des Clarisses, fondé par François II en 1480 et dont la construction a été retardée.
Rappelons ici que Dinan, au XVe siècle, est de la même taille que Vannes et qu'elle dépasse Saint-Malo. C'est la troisième ville dans l'ordre de l'impôt annuel versé à l'État breton. Cité riche, Dinan est aussi une place militaire stratégique avec ses remparts et son château qui dominent la vallée de la Rance.
Revenons à l'église Saint-Malo. En 1489, Jean II débourse plus de 557 livres tournois pour l'achat des bien-fonds. De plus, il s'engage à payer la maîtresse-vitre derrière le maître-autel et à faire «aumône et libéralités» à la paroisse. En 1493, il débourse à nouveau deux cents livres. Un peu plus tard, il demande au receveur de la ville de prélever cent livres sur les recettes de la ville au bénéfice de l'église. Cela fait plus de 850 livres.
Dans son article de 2007 dans les Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, l'historien Laurent Guitton signale que cette somme correspond en fait au salaire d'un maître maçon (disons d'un architecte) pendant quinze ans. Ce qui est peu pour un personnage de cette importance. Qui est Jean II de Rohan ? Laurent Guitton cite son titre : «le très redouté, haut et puissant Monseigneur Jehan, Vicomte de Rohan et de Léon, Comte de Porhouët et de la Ganasche et seigneur de Beauvoir sur mer». Il possède le cinquième des terres de la Bretagne et ses revenus sont aussi élevés que son titre est long ! Laurent Guitton cite les travaux de l'historien Yvonig Gicquel qui a calculé les revenus nets de son domaine personnel : environ vingt mille livres annuelles dès les années 1480 puis, par le biais de son ralliement à Charles VIII, entre quarante et cinquante mille livres dès le début du XVIe siècle (Jean II s'éteindra en 1516). Au sein de cette immense fortune, que représentent 850 livres ? Dans le même temps, le vicomte finance la construction ou l'agrandissement d'une vingtaine d'édifices religieux en Bretagne auxquels il faut ajouter les travaux de sa forteresse de Pontivy et ceux de la coûteuse façade de son château de Josselin.
Nommé par Charles VIII, en 1488, capitaine de la place et de la forteresse de Dinan et du château voisin de Léon, il en reçoit évidemment les bénéfices qui y sont rattachés. En 1490, ce sont les revenus de la châtellenie de Dinan qui tombent dans sa poche, c'est-à-dire les droits à l'intérieur de la ville et dans trente-trois paroisses alentour. À cela s'ajoutent les fouages de l'archidiaconé de Dinan : «l'impôt direct levé sur tous les foyers roturiers des campagnes de la moitié septentrionale de l'évêché de Saint-Malo», précise Laurent Guitton. S'être rangé au côté du roi de France se révèle très lucratif.   ---»» Suite 2/3

Baie 21, détail : Translation des reliques du bienheureux saint Malo
Baie 21, détail : Translation des reliques du bienheureux saint Malo.
Atelier G. Merklen, Angers 1924.
LA BAIE 23 - ANNE DE BRETAGNE ENTRE À DINAN EN 1505
Baie 23 : Entrée d'Anne de Bretagne à Dinan, atelier Desjardins, Angers 1926
Baie 23 : Entrée d'Anne de Bretagne, reine de France,
à Dinan par la Porte de Brest en 1505.
Atelier Desjardins, Angers 1926.
Baie 23, détail : Anne de Bretagne entre à Dinan
Baie 23, détail : Anne de Bretagne, reine de France, entre à Dinan en 1505.
Atelier Desjardins, Angers 1926.
Chapelle latérale sud dans le bas–côté de la nef avec son autel néogothique dédié à saint Victor
Chapelle latérale sud dans le bas-côté de la nef avec son autel néogothique dédié à saint Victor.
Baie 27, détail : Charles de Blois, duc de Bretagne
Baie 27, détail : Charles de Blois, duc de Bretagne est reçu au couvent des Cordeliers.
Atelier G. Merklen, années 1920 ?
Retable de bois dans la chapelle latérale sud Saint-Victor
Retable de bois dans la chapelle latérale sud Saint-Victor.
Baie 20 : Grignion de Monfort rencontre le comte et la comtesse de la Garaye, atelier G. Merklen à Angers, 1923
Baie 20 : Grignon de Monfort rencontre le comte et la comtesse
de la Garaye en 1706 au château de la Garaye.
Atelier G. Merklen Angers 1923.
Chemin de croix
XIXe siècle ?
Station I : Jésus est condamné à mort.
Statue de saint Victor dans la chapelle Saint-Victor
Statue de saint Victor
dans la chapelle Saint-Victor.
Bois peint, XIXe siècle ?
Baie 16 : La décollation de saint Victor
Baie 16 : Décollation de saint Victor.
Atelier Eugène Denis, années 1870 ?
Chemin de croix station I, Jésus est condamné à mort
Bas-côté sud et nef
Le bas-côté sud créé au XIXe siècle et la nef.
Baie 27 : Charles de Blois, duc de Bretagne
Baie 27 : CHARLES DE BOIS, duc de Bretagne
et ses féaux DUGUESCLIN et BEAUMANOIR
sont reçus au couvent des Cordeliers.
Atelier G. Merklen, années 1920 ?
Baie 25 : Prédication de saint Vincent Ferrier
Baie 25 : Prédication de saint Vincent Ferrier en 1418 à Dinan
en présence de l'évêque de Saint-Malo et du duc de Bretagne.
Atelier G. Merklen, années 1920 ?
Baie 16, détail : La décollation de saint Victor
Baie 16, détail : Décollation de saint Victor.
Atelier Eugène Denis, années 1870 ?
«««--- Au milieu de la photo, le pilier massif de trois mètres
de diamètre est l'un des quatre piliers de la croisée.
Ces piliers massifs, élevés à partir de 1490, étaient prévus pour
soutenir une flèche qui n'a jamais été construite.

Les donateurs de l'église Saint-Malo : une rivalité entre Jehan II de Rohan et Anne de Bretagne ? (2/3)
---»» Par ailleurs, à Dinan, le vicomte de Rohan a su placer des hommes de confiance aux postes clés, se créant ainsi un véritable réseau. Il a fait mieux : il a utilisé à son profit, dans toute la Bretagne, des agents qui travaillaient pour le duc, notamment la famille Avalleuc. Cette famille, originaire de la région de Josselin-Ploërmel (le cœur du fief des Rohan) était très présente dans l'administration ducale où elle comptait plusieurs officiers de finances. La constitution de ce réseau d'«agents doubles» permit au vicomte, souligne Laurent Guitton, d'employer les officiers ducaux à son unique service, une fois commencée la guerre contre Charles VIII.
Il cite d'autre part les conclusions d'une étude menée par l'historien Jean Kerhervé : Jean II de Rohan mit en place «une vaste organisation clandestine destinée à financer sur le pays les opérations militaires du parti francophile et à réduire d'autant plus les moyens d'action de l'État breton» [Kerhervé]. De la sorte, dans l'ensemble du duché de Bretagne pendant la guerre d'Indépendance, un petit nombre de percepteurs, nommés par François II, aura réussi à détourner de l'impôt public plus de trente mille livres au profit de Jean II... Jean Kerhervé donne un exemple : l'un des agents était le receveur du fouage de l'évêché de Saint-Brieuc, un dénommé Denis Gervaise. En 1490, Jean II lui attribua le poste de receveur du domaine de Dinan. Certainement pour service rendu. C'est aussi en 1490 que la duchesse Anne lança contre Gervaise un ordre d'arrestation... qui ne fut jamais exécuté !
Jean II n'oubliait pas son mécénat et ses édifices. Laurent Guitton ajoute qu'il incita son réseau d'officiers à contribuer personnellement à la construction de l'église Saint-Malo par des dons. Ainsi René Avalleuc, Denis Gervaise, Mme de Plumaugat, femme de Charles du Breuil (rival malheureux de René Avalleuc) - voir plus haut.
L'ambitieux Jean II voulait le duché pour lui. Sa relation avec la fille de François II († 1488), la jeune duchesse Anne, fut très conflictuelle. Il chercha en vain à l'épouser. Il essaya ensuite de la marier à son fils aîné, puis à son fils cadet. Sans plus de succès. Il combattit contre elle lors de la guerre d'indépendance. En 1492, il prit part au «complot breton» qui réclamait l'aide d'Henry VII d'Angleterre pour chasser les Français du duché. (Il fut pardonné par Charles VIII.) Selon Georges Minois (cité par Laurent Guitton), il faut encore y ajouter les nombreux procès intentés à la duchesse pour lui arracher des avantages.
En 1491, par son mariage avec Charles VIII, Anne devient reine de France. Pour les historiens, ce n'est pourtant qu'à partir de 1498 et de son remariage avec Louis XII que les querelles bretonnes vont s'apaiser. En effet, elle doit s'efforcer de rallier la noblesse du duché à la couronne. Les droits de Rohan sur sa ville de Dinan sont ainsi confirmés en octobre 1498. L'ancien trublion est même salué comme le «très cher et très aimé cousin». Le mois précédent, la reine-duchesse s'était rendue à Dinan, mais, à part ses prières dans les églises, on ne sait rien de sa visite qu'elle voulait sans éclat. On ignore si elle a fait des dons.   ---»» Suite 3/3 ci-dessous

Baie 20, détail : Grignon de Monfort rencontre le comte et la comtesse de la Garaye en 1706 au château de la Garaye
Baie 20, détail : Grignon de Monfort rencontre le comte et la comtesse
de la Garaye en 1706 au château de la Garaye.
Atelier G. Merklen Angers 1923.
Baie 25, détail : Prédication de saint Vincent Ferrier en 1418 à Dinan

Les donateurs de l'église Saint-Malo : une rivalité entre Jehan II de Rohan et Anne de Bretagne ? (3/3)
---»» En revanche, elle revint en 1505 à l'occasion d'un tour de Bretagne. Son entrée dans la ville, en compagnie de Jean II, fut très solennelle et saluée par de nombreux Dinannais - voir le vitrail de la baie 23. Elle fit un don de cent livres à la paroisse Saint-Malo. En 1507, elle n'effectua qu'un bref passage. Elle sera néanmoins désignée marraine de la nouvelle cloche du beffroi ; Jean II en sera le parrain. En 1508, elle s'engagea à verser cent livres pendant dix ans. Le roi Louis XII donnera lui aussi cent livres en 1511. Le couple royal a donc contribué pour mille deux cents livres à l'édification de l'église Saint-Malo, vraisemblablement plus que Jean II de Rohan, resté dans l'Histoire comme le fondateur officiel.
Comment analyser cette donation royale ? Est-ce la façon de la reine-duchesse d'honorer, sur le tard, la promesse de son père de reconstruire Saint-Malo intra muros ? Est-ce la volonté de concurrencer l'acte de fondation du vicomte Jean et de s'afficher autant mécène que lui, voire davantage ? Ou est-ce tout simplement le désir, sans arrière-pensée, d'embellir l'église et, par-delà, la ville de Dinan ? Laurent Guitton livre les trois hypothèses, mais aucun élément historique ne nous est parvenu pour autoriser un choix.
Source : Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, tome 114, juin 2007, article de Laurent Guitton : «Un vicomte dans la cité : Jean II de Rohan et Dinan».


«««--- Baie 25, détail : Prédication de saint Vincent Ferrier en 1418 à Dinan
en présence de l'évêque de Saint-Malo et du duc de Bretagne.
Atelier G. Merklen, années 1920 ?
Baie 18 : La Vierge remet le rosaire à saint Dominique, Atelier Charles Lorin 1901
Baie 18 : La Vierge remet le rosaire à saint Dominique.
Atelier Charles Lorin, Chartres 1901.
Constructions des années 1855-1865 ---»»»
Elles respectent les plans du XVe siècle et l'esprit
du gothique breton visible dans le chœur : piles rondes
et arcs en pénétration.
Baie 18, détail : La Vierge remet le rosaire à saint Dominique
Baie 18, détail : La Vierge remet le rosaire à saint Dominique.
Atelier Charles Lorin, Chartres 1901.
Constructions du XIXe siècle : piles de la nef et intrados des arcades des bas–côtés
L'ÉGLISE SAINT-MALO DES XVe, XVIe ET XVIIe SIÈCLES : TRANSEPT ET CHŒUR
Vue d'ensemble du chœur de Saint-Malo
Vue d'ensemble du chœur de l'église Saint-Malo.
Le maître-autel date du XVIIIe siècle et provient de l'abbaye de Lehon.
Plan de l'église Saint-Malo
Plan de l'église Saint-Malo.
Le texte gravé sur le pilier sud-est de la croisée (1490)
Le texte gravé sur le pilier sud-est
de la croisée date de 1490.

Le 17 mai 1490. Sur la pile sud-est de la croisée est gravée une inscription qui donne le début des travaux : Le 17e jour de may l'an 1490 fut commencée pour vrai cette église en cet enclos par les trésoriers parmi lesquels les noms sont Jehan Gicquel et Jean du Duol, auxquels sont commis Olivier Rouxel.
La construction de Saint-Malo aurait donc commencé par la croisée pour se poursuivre à l'est et à l'ouest.

Plan de l'église Saint-Malo
Plan du chœur de l'église Saint-Malo, partie sud-est.
Le plan de René Couffon est plus «lisse» que la réalité, prévient
M. Boccard dans son article pour le Congrès archéologique de 2015.

Architecture et ornementation du transept et du chœur.
Ce sont les parties anciennes de l'édifice. Elles sont très sobres. Comme on le voit ci-dessus, les arcades du premier niveau retombent en pénétration dans les piles rondes. Leurs intrados possèdent deux rouleaux chanfreinés comme à la basilique Saint-Sauveur de Dinan, toute proche.
En général, dans les grandes églises bretonnes bâties jusqu'au XVe siècle, l'élévation est à trois niveaux : grandes arcades, triforium et fenêtres hautes. À Saint-Malo, le chœur des XVe et XVIe siècles n'en a que deux. Les historiens pensent en connaître l'explication. Le maître d'œuvre du chantier depuis l'année de démarrage (1489) était un certain Guillaume Juhel. En 1505, il est remplacé par un dénommé Jean Lemaître (on en ignore la raison). Ce dernier est aussitôt envoyé par le chapitre à Coutances pour étudier la construction de l'église Saint-Pierre, déjà bien avancée. Or Saint-Pierre, édifice de bonne taille, n'a que deux niveaux. Jean Lemaître se serait donc inspiré du modèle normand.
Le second niveau du chœur est une suite d'arcs de décharge séparés par des murs épais. Dans les parties tournantes (photo ci-dessus), cet arc contient, en haut, une baie vitrée à deux lancettes et, en bas, un arc en plein cintre bordé d'un garde-corps à quatre motifs trilobés. Dans les parties droites du chœur (photo plus bas), l'arc de décharge, plus large, abrite une baie à quatre lancettes et un garde-corps à six motifs trilobés.
On remarquera que Jean Lemaître a reproduit un modèle d'élévation typiquement breton : le garde-corps est fractionné afin de ne pas casser la tombée des pans de mur. La lecture horizontale de la galerie apparaît ainsi brisée au bénéfice de sa lecture verticale. Ce modèle de garde-corps, vieux de plus de cent ans, «était largement usité au XVe siècle dans les triforiums bretons» écrivent Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult en 2010 dans Bretagne gothique. Évidemment, Jean Lemaître a dû assurer la continuité de la galerie de circulation en prévoyant une trouée au niveau de chaque pan de mur, comme le montre une photo du garde-corps plus bas, reproduisant ainsi de manière systématique ce qu'on appelle en Champagne le passage champenois.
Le déambulatoire présente un point intéressant développé par l'historienne Michèle Boccard lors du Congrès archéologique de France de 2015 : la liaison entre les travées droites du chœur et les chapelles du chevet paraît maladroite. On en a un aperçu sur le plan ci-contre et sur l'extrait de plan plus bas. La troisième travée vient buter au sud sur le mur de la sacristie. Mais il faut assurer la liaison de cette travée avec les parties tournantes et leurs trois chapelles rayonnantes. Ce qui se fait par le biais d'une étroite travée de plan triangulaire, un peu biscornue. Au sud, cette étroite travée se termine par l'escalier menant au premier étage de ce que l'historienne Michèle Boccard appelle la chambre forte (extrait de plan plus bas). Au nord, l'espace est comblé par une petite chapelle construite en 1549 grâce à une donation de Jehan de la Haye. Cette chapelle devait servir de sépulture à sa famille.
Le visiteur intéressé pourra constater, comme le fait remarquer Michèle Boccard, que l'arc qui ouvre cette chapelle sur le déambulatoire retombe maladroitement vers l'est. Il est probable que le dessin du plan de cette travée de jonction a donné du fil à retordre à l'architecte.
Le déambulatoire de Saint-Malo ouvre sur trois chapelles rayonnantes pentagonales : c'est un choix courant en Normandie, mais rare en Bretagne où l'on privilégie plutôt les chevets plats (églises de Ploërmel, Genguat et Josselin par exemple) ou encore les chevets à trois pans coupés. Michèle Boccard rappelle qu'en Bretagne seule la cathédrale de Tréguier possède un chevet à trois chapelles rayonnantes, édifié à la charnière des XIVe et XVe siècles. Mais elle souligne qu'il existe une différence notable entre les deux édifices : à Saint-Malo de Dinan, les chapelles possèdent une travée droite, puis par une abside à trois pans, ce qui crée une forte saillie sur le pourtour du chevet ; à Tréguier, les chapelles n'ont qu'une seule abside.
La voûte du déambulatoire est en berceau brisé. Les nervures des retombées d'ogives ont été ajoutées pour la beauté de l'ensemble et n'ont aucun rôle de soutien. Les chapelles rayonnantes sont, quant à elles, voûtées d'ogives, mais la liaison entre les fausses nervures du déambulatoire et les vraies nervures des chapelles est assez maladroite comme on peut le voir sur une photo plus bas.
Le déambulatoire sud possède une série de clés de voûte sculptées dans le granit centrées autour du thème de la Passion. Malgré les dégradations de la Révolution, les chapelles du chœur ont conservé un mobilier d'attache en granit sculpté. On y trouve des retables à fortes moulures ou des crédences avec ou sans enfeu. Il est clair que la construction de ces chapelles a été financée par des familles nobles ou bourgeoises aisées de Dinan au XVIe siècle.
Sources : 1) Bretagne gothique de Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, éditions Picard, 2010 ; 2) Congrès archéologique de France, Côtes-d'Armor, 2015, article sur l'église Saint-Malo par Michèle Boccard.

Le pilier sud–est de la croisée contient une inscription de 1490 relative au début de la construction
Le pilier sud-est de la croisée contient une inscription de 1490 relative au début de la construction.
LES CROISILLONS DU TRANSEPT
Le grand orgue de l'église dans le croisillon sud du transept
Le grand orgue de l'église dans le croisillon sud du transept.
Il est l'œuvre du facteur anglais Oldknow et date de 1889.
Autel de la Vierge : détail central
Autel de la Vierge : détail central.
La statue de la Vierge à l'Enfant est en marbre blanc.
XIXe siècle.


À partir de 1598, la chapelle du bras nord abrita la corporation
des drapiers, des sergiers et des épiciers.
Les tuyaux peints du grand orgue
Les tuyaux peints du grand orgue.
L'autel de la Vierge (XIXe siècle) dans le croisillon nord du transept
L'autel de la Vierge (XIXe siècle) dans le croisillon nord du transept.
Statue d'une sainte dans l'autel de la Vierge (XVIIIe siècle) Statue dans l'autel de la Vierge (XVIIIe siècle)
Deux statues du XVIIIe siècle
dans l'autel de la Vierge.
Baie 17 : Couronnement de la Vierge, atelier Eugène Denis, Nantes 1875
Baie 17 : Mort de la Vierge et Couronnement de la Vierge.
Atelier Eugène Denis, Nantes 1875.

Baie 17, détail : La Vierge remet le scapulaire à saint Simon Stock ---»»»
en présence d'une sainte. Laquelle ?
Baie 17, détail : la Vierge remet le scapulaire à saint Simon Stock
Baie 17, détail : La Vierge remet le rosaire à saint Dominique en présence d'une sainte tenant une flèche.
Est-ce sainte Ursule ? Est-ce sainte Thérèse d'Avila ?

La Vierge remet le rosaire et le scapulaire. Les deux hauts pinacles latéraux du retable de la Vierge empêchent de voir ces deux scènes convenablement. Leur reconstitution partielle est donnée ici à partir de plusieurs photos redressées. Saint Dominique est associé à une sainte tenant une flèche : Ursule? Thérèse d'Avila? Et pourquoi? En bas, saint Simon Stock porte l'habit des carmes et reçoit le scapulaire en présence d'une autre sainte. Laquelle? Sainte Claire, fondatrice des clarisses? Ces deux scènes laissent planer quelques mystères.

Baie 17, détail : la Vierge donne le rosaire à saint Dominique
Baie 17, détail : Couronnement de la Vierge et Découverte  de son tombeau vide par les apôtres
Baie 17, détail : Mort de la Vierge et Couronnement de la Vierge.
Atelier Eugène Denis, Nantes 1875.
Dans le tombeau, les apôtres découvrent un lit de fleurs à la place de la dépouille de Marie.
LE DÉAMBULATOIRE ET LES CHAPELLES DU CHŒUR
Déambulatoire : clé de voûte représentant la Sainte Face
Déambulatoire : clé de voûte représentant la Sainte Face.
Déambulatoire : clé de voûte
Déambulatoire : clé de voûte.
Déambulatoire : clé de voûte avec armoiries
Déambulatoire : clé de voûte avec armoiries.
Baie 13 : saint Charles Borromée remet le viatique aux pestiférés de Milan
Baie 13 : saint Charles Borromée remet
le viatique aux pestiférés de Milan.
Atelier Eugène Denis ?
Le déambulatoire sud avec deux chapelles
Le déambulatoire sud avec deux chapelles.
Au premier plan à droite, la chapelle Saint-Pierre.
Déambulatoire : l'agneau pascal dans la clé de voûte d'une chapelle
Déambulatoire : l'agneau pascal
dans la clé de voûte d'une chapelle.
Déambulatoire : groupe sculpté représentant «l'Éducation de la Vierge»
Groupe sculpté représentant
l'Éducation de la Vierge
dans le déambulatoire.
«La Barque de Saint Pierre», bas–relief dans une chapelle sud du déambulatoire
«La Barque de Saint Pierre»
Bas-relief dans la chapelle Saint-Pierre.
XIXe siècle ?
Enfeu dans une chapelle sud du déambulatoire (XVe siècle) et ses armoiries
Enfeu dans une chapelle du déambulatoire et ses armoiries ---»»
XVe siècle.
Armoiries d'un enfeu
Armoiries d'un enfeu.
Déambulatoire : clé de voûte avec un ange tenant un écusson
Déambulatoire : clé de voûte
avec un ange tenant un écusson
(martelé à la Révolution).
La voûte oblongue d'une chapelle sud du déambulatoire
La voûte oblongue d'une chapelle sud du déambulatoire
XVIe siècle.
Déambulatoire : clé de voûte avec un ange tenant un écusson
Déambulatoire : clé de voûte
avec un ange tenant un écusson
(martelé à la Révolution).
Le déambulatoire sud et ses fausses retombées d'ogives
Le déambulatoire sud et ses fausses retombées d'ogives.
La maladresse de la liaison entre les fausses voûtes d'ogives
du déambulatoire et les ogives des chapelles rayonnantes
est ici bien visible (flèche).
Baie 10 : Jésus et la Samaritaine, atelier Eugène Denis, Nantes 1874
Baie 10 : Jésus et la Samaritaine
Atelier Eugène Denis, Nantes 1874.

Baie 12 : Jésus remet les clés à Pierre, atelier Eugène Denis, Nantes 1876
Baie 12 : Jésus remet les clés à Pierre.
Atelier Eugène Denis, Nantes 1876.
Élévations nord dans le chœur
Les deux niveaux de l'élévation dans le chœur. Ici, le côté nord.

Le garde-corps s'interrompt à chaque pan de mur. Il faut ---»»
donc prévoir des passages dans le mur pour permettre
la circulation dans la galerie.
Fresque polychrome dans une chapelle du déambulatoire
Fresque polychrome dans une chapelle du déambulatoire.
Retable du XIXe siècle dans une chapelle sud du déambulatoire
Retable du XIXe siècle dans une chapelle du déambulatoire.
Le garde-corps de la galerie au-dessus du premier niveau de l'élévation
Le garde-corps de la galerie au-dessus du premier niveau de l'élévation.
Baie 10, détail : Jésus et la Samaritaine avec le paysage d'arrière–plan en camaïeu bleu
Baie 10, détail : Jésus et la Samaritaine avec le paysage d'arrière-plan en camaïeu de bleus.
Atelier Eugène Denis, Nantes 1874.
La pratique du camaïeu de bleus dans les paysages est imitée des peintres verriers de la Renaissance.
Statue d'un évêque dans un retable (XIXe siècle)
Statue d'un évêque dans un retable
XIXe siècle.
Baie 15 : Prédication de saint Jean–Baptiste, atelier Eugène Denis, Nantes 1881
Baie 15 : Prédication de saint Jean-Baptiste.
Atelier Eugène Denis, Nantes 1881.
Déambulatoire nord : deux chapelles avec l'orgue de Kowalski
Déambulatoire nord : deux chapelles avec l'orgue de Kowalski.

La travée de jonction du déambulatoire.
Dans la photo ci-dessus, on voit, dans la partie droite, une petite chapelle étroite dont l'arcade légèrement brisée qui l'ouvre sur le déambulatoire est plus basse que les arcades brisées voisines.
Cette chapelle se trouve à l'extrémité nord de la travée de raccord du chœur. Le dessin de cette travée (voir plan) est tout à fait original. La travée fait la jonction entre les travées du chœur et le partie tournante qui accède aux chapelles rayonnantes. Elle a peut-être suscité quelques difficultés à l'architecte de l'époque.

Enfeu avec armoiries dans une chapelle
Enfeu avec armoiries dans une chapelle.
Baie 12, détail : Jésus remet les clés à Pierre
Baie 12, détail : Jésus remet les clés à Pierre.
Atelier Eugène Denis, Nantes 1876.
Enfeu avec armoiries dans une chapelle
Baie 12, détail : Jésus remet les clés à Pierre.
Atelier Eugène Denis, Nantes 1876.
Décor en camaïeu de bruns et de bleus à l'arrière-plan.
Élévation sud dans le déambulatoire : la sacristie
Élévation sud dans le déambulatoire (XVIe siècle).
La porte de gauche dessert l'escalier qui monte à la salle au-dessus
de la sacristie où l'on entre par la porte de droite.

La sacristie. La photo ci-contre à gauche montre deux portes et une fenêtre à croisée. Nous sommes là juste avant les chapelles rayonnantes du chevet, dans le déambulatoire sud. D'après le plan, la porte sur la droite donne accès à la sacristie. Au-dessus se trouve une pièce qui n'est pas visitable. Elle est dotée d'un accès indépendant : un escalier qui est desservi par la porte de gauche sur la photo.
Selon l'ouvrage Bretagne gothique, cette pièce possède une élégante cheminée et elle est éclairée au sud par un grand vitrail à réseau flamboyant. Les auteurs de l'ouvrage ajoutent qu'elle «devait être couverte par une fausse voûte lambrissée en bois reposant sur des tas de charge en pierre.»
La présence de la fenêtre ouverte sur le chœur a conduit les historiens à voir dans cette pièce un oratoire pour Jean II de Rohan, le fondateur de l'église. Il est probable qu'elle servit ensuite pour les réunions de la fabrique.Source : Bretagne gothique de Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, éditions Picard, 2010.

Baie 11, détail : la Vierge avec Anne et Joachim
Baie 11, détail : l'Éducation de la Vierge
dans une chapelle latérale nord du déambulatoire.
Atelier Eugène Denis, Nantes 1875.
Cette verrière est en partie masquée par l'orgue de Kowalski.
Porte de la sacristie (XVIe siècle) avec ses sculptures gothiques
Porte de la sacristie (XVIe siècle)
avec ses sculptures gothiques.
Baie 9 : les âmes du purgatoire, atelier Charles Champigneulle 1893
Baie 9 : les Âmes du purgatoire.
Atelier Charles Champigneulle 1893.
PORTE DE LA SACRISTIE : DÉTAILS DES SCULPTURES
Baie 9, détail : les âmes du purgatoire sont proches du feu de l'enfer
Baie 9, détail : les âmes du purgatoire sont proches du feu de l'Enfer.
Atelier Charles Champigneulle 1893.
Porte de la sacristie : détail des sculptures Porte de la sacristie : détail des sculptures

Le purgatoire (1/2). Quoi de plus édifiant que ces peintures angoissantes où les âmes pécheresses doivent purger leurs fautes près du feu de l'Enfer ? Ce vitrail de l'atelier de Charles Champigneulle date de 1893, une époque où le souci d'édification inondait les Vies des saints et des saintes. Bien des hagiographes n'éprouvaient aucun scrupule à compléter et embellir des récits que la rareté des sources aurait dû réduire à quelques lignes. Qu'importe les inventions ! Pour le salut des âmes, il fallait que les histoires des saints fussent édifiantes. C'est d'ailleurs le cas de saint Malo (voir plus bas).
On pourra consulter, à ce titre, le récit de la vie d'Austremoine à l'église Saint-Austremoine d'Issoire et comparer le récit     ---»» 2/2 ci-dessous

Baie 9, détail : La Vierge et l'Enfant
Baie 9, détail : La Vierge et l'Enfant.

Le purgatoire (2/2).   ---»»  de l'hagiographe Charles Barthélemy, directeur des Annales Hagiologiques de la France, avec le court texte proposé par le chanoine Jean-François Godescard au XVIIIe siècle.
L'illustration du purgatoire est assez courant dans les églises. On le rencontre en tableau : cathédrale Saint-Pierre de Saintes, église Notre-Dame-des-Marais à La Ferté-Bernard, église de la Sainte-Trinité à Paris. Quant à la grande toile Le passage des âmes du purgatoire au ciel, une œuvre magnifique de Gabriel Briard (1725-1777) à l'église parisienne de Sainte-Marguerite dans le 11e arrondissement, elle est un incontournable du thème.
Au XIXe siècle, plus encore que dans les toiles, le feu de l'Enfer rougissant aux pieds des affligés du purgatoire se voit dans les vitraux. Les peintres verriers savaient se surpasser pour créer des scènes édifiantes. On pourra consulter l'église Saint-Vivien à Saintes (atelier Dagrand, 1896), l'église Notre-Dame à Chateauroux (atelier Lobin, années 1880), l'église Saint-Étienne à Fécamp (atelier Boulanger, 1891) ou encore l'église Notre-Dame à Dole dans le Jura (atelier du Carmel du Mans, vers 1864).
À l'inverse, sans ajouter de feu infernal, d'autres artistes du XIXe siècle représentent les âmes du purgatoire dans une simple pénitence, C'est le cas dans les églises parisiennes de Saint-Roch (toile de Louis Boulanger) et de Saint-Eustache.

Baie 101–100–102 : l'abside et ses vitraux contemporains au second niveau de l'élévation
Baie 101-100-102 : l'abside et ses vitraux contemporains au second niveau de l'élévation.

Le chœur ne possède que deux niveaux d'élévation et non pas trois, comme c'est la tradition dans les grandes églises bretonnes jusqu'à la fin du XVe siècle. Ce choix est vraisemblablement le résultat de la visite du chantier de l'église Saint-Pierre à Coutances par le maître d'œuvre de Saint-Malo en 1505.
On remarquera l'originalité du garde-corps qui privilégie une vision verticale du chœur : sa structure en arcature trilobée s'interrompt à chaque fois qu'elle vient buter contre le pan de mur épais qui sépare les baies. Ce pan de mur est conçu avec art : il est légèrement concave et rehaussé d'une fine colonnette dans sa partie centrale. Pour permettre une circulation ininterrompue dans la galerie, l'architecte a dû multiplier les ouvertures dans la pierre (flèche).

Partie orientale du déambulatoire et le chœur
Le chœur et la partie orientale du déambulatoire.
Le chœur de Saint-Malo remonte au XVIe siècle
Le chœur de l'église Saint-Malo remonte au XVIe siècle.
La voûte de l'abside
La voûte de l'abside.
LES CHAPELLES RAYONNANTES DE L'ÉGLISE SAINT-MALO
La chapelle axiale et ses vitraux contemporains
La chapelle axiale et ses vitraux contemporains.
La voûte de la chapelle axiale et ses clés
La voûte de la chapelle axiale et ses clés.
Baie 100 : vitrail contemporain (second niveau de l'abside)
Baie 100 : vitrail contemporain
(second niveau de l'abside).
Baie 0 : détail du vitrail contemporain
Baie 0 : détail d'un vitrail contemporain.

La Vie de saint Malo vue par les hagiographes.
Malo est l'un des sept saints fondateurs de la Bretagne. Quittant le pays de Galles, il partit évangéliser l'Armorique vers 538 sur les conseils de saint Brendan. Il commença sa mission à Alet (aujourd'hui Saint-Servan, faubourg de Saint-Malo) et devint évêque. Trop rigoureux dans ses exigences, il entra en conflit avec les Alétiens et s'exila en Saintonge. Plus tard, il revint à Alet, puis repartit à Saintes où il mourut vers 620.
Au XIXe siècle, la vie peu documentée de Malo ouvrit la porte aux fantaisies des hagiographes dans un but avoué d'édification. On trouve ainsi dans Vies des saints illustrées, ouvrage paru en 1896 aux éditions Pellerin, ce passage relatif à l'arrivée de Malo sur l'île de Césembre (au nord d'Alet) où se trouve une école pour enfants :
«Il y avait près du rivage une caverne qui servait de repère à un cruel dragon ; le monstre avait déjà dévoré trois des enfants de l'école. Comme saint Malo, après avoir débarqué, dirigeait ses pas vers cette caverne sans y prendre garde, les habitants de l'île l'avertirent du danger ; mais le saint, poussé par l'esprit de Dieu, s'avança toujours sans rien craindre : soudain l'horrible bête fit entendre son sifflement, et déjà on la voyait sur le point de se jeter sur le serviteur de Dieu, lorsque celui-ci, la touchant du bout de son bâton, lui enjoignit, au nom du Seigneur, de quitter ces lieux et de ne plus faire de mal à personne.
Et aussitôt, à la grande admiration de tous ceux qui étaient présents, la terrible bête inclina la tête, se mit à ramper vers la mer et disparut dans les flots.  ---»»

---»»  Saint Malo pénétra alors dans la caverne, et, frappant le roc de son bâton, en fit jaillir une source limpide qui coule encore aujourd'hui.»
Ce texte ne sort pas d'un conte de Grimm ou de Perrault, mais fait bel et bien partie des hagiographies de saints et de saintes éditées à la fin du XIXe siècle... pour les adultes.
En matière d'édification morale, ce genre de contes rédigés sans aucun scrupule est de la même nature que les flammes du purgatoire peintes dans les ateliers des verriers à la même époque (voir plus haut). On ne peut s'empêcher de s'interroger : la sagesse de nos anciens avait-elle compris qu'il fallait sans cesse remettre les fers au feu pour empêcher les enfants du bon Dieu de se nuire les uns les autres ? La question est posée.

La chapelle axiale, son autel et sa piscine gothique
La chapelle axiale, son autel et sa piscine gothique.
Ange en bois doré (XVIIIe siècle) Une clé de voûte de la chapelle axiale
Les Sept péchés capitaux,
Clé de voûte de la chapelle axiale.
«««--- Ange en bois doré (fin du XVIIIe siècle).
Peinture de la Nativité dans la chapelle axiale
Peinture de la Nativité dans la chapelle axiale.
Chapelle rayonnante dans l'abside
Chapelle rayonnante dans l'abside.
Une clé de voûte de la chapelle axiale
Clé de voûte de la chapelle axiale.
Les armoiries ont été martelées à la Révolution.

«««--- Cette clé de voûte, tout à fait originale, montre un homme immobilisé par sept autres et avec une main sur la bouche pour l'empêcher de parler. Celui qui lui couvre la bouche porte une couronne ducale !
Cette sculpture se réfère-t-elle au conflit tumultueux qui opposa le duc de Bretagne, François II, à Jehan II de Rohan, deuxième personnage de son duché. Ici, le duc de Bretagne et ses acolytes font taire le turbulent vicomte.
Source : La malédiction des sept péchés: Une énigme iconographique dans la Bretagne ducale de Laurent Guitton, éditions des Presses Universitaires de Rennes, 2017.

Vue de la nef du XIXe siècle depuis le transept
Vue de la nef du XIXe siècle depuis le transept.

Documentation : Congrès archéologique de France tenu à Saint-Brieuc en 1949, article sur l'église Saint-Malo par René Couffon
+ Congrès archéologique de France, Côtes-d'Armor, 2015, article sur l'église Saint-Malo par Michèle Boccard
+ «Bretagne gothique» de Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, éditions Picard, 2010
+ Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, juin 2007, article de Laurent Guitton : «Un vicomte dans la cité : Jean II de Rohan et Dinan»
+ «Dinan» de Gérard Malherbe, éditions JOS Le Doaré, 1976
+ «Dinan» de Peter Meazey, édition Comunicom, collection «L'Histoire en Héritage», 2002
+ «Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France», Prosper Mérimée, 1836
+ Note sur l'église disponible à l'entrée de l'édifice
+ Dictionnaire des églises de France, éditions Robert Laffont, 1966.
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