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Avant le XIIe siècle, l'édifice
qui s'élèvait à l'emplacement actuel de la
basilique était la chapelle d'un château élevé
par Guéthénoc, vicomte de Porhoet. En 1108, cette
chapelle fut offerte aux moines du prieuré Saint-Martin qui
relevait de l'abbaye de Marmoutier. (On peut toujours voir les ruines
de ce prieuré à la périphérie du bourg).
En 1158, Henri II Plantagenêt s'empara de Josselin, détruisit
le château, brûla la ville et la rasa. Une deuxième
chapelle fut alors bâtie, mais pas avant le dernier quart
du XIIe siècle (les restes romans dans le chur - intérieur
et extérieur - interdisent de remonter plus avant).
Au XIVe siècle, Olivier de Clisson (1407) fit
de Josselin le lieu privilégié de la seigneurie de
Rohan. En 1370, ce puissant seigneur, qui fut connétable
des armées royales, se fit bâtir une chapelle privée
à droite du chur (chapelle Sainte-Marguerite),
lieu destiné à abriter sa dépouille. Il entreprit
probablement aussi la transformation du petit édifice (ajout
d'une nef et de bas-côtés). La paix revint avec la
fin de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364) et l'expansion
urbaine transforma la chapelle en église paroissiale.
La première moitié du XVe siècle, au temps
du duc Jean V, est regardée comme l'âge d'or de la
Bretagne. À Josselin, les travaux sur la nef et les bas-côtés
se poursuivirent, essentiellement grâce à deux mécènes
: la famille de Rohan tout d'abord (illustrée dans
le grand vitrail
de la baie d'axe), puis par l'évêque de Saint-Malo,
Jean de l'Épervier, dont le diocèse englobait
Josselin. Les deux mécènes offriront notamment des
vitraux. «Les membres de l'illustre famille des Rohan possessionnée
à Josselin ne cessèrent, à l'égal des
princes et avec un sens politique très affirmé, d'«utiliser»
le vitrail pour manifester leur prééminence seigneuriale,
si bien qu'un grand nombre d'édifices de leur domaine d'influence
en possèdent encore le témoignage» [Corpus
Vitrearum, les vitraux de Bretagne]. Après la mort de
Jean de l'Épervier, on entreprit en 1491 la construction
de la chapelle au nord du chur (actuelle chapelle
Notre-Dame du Roncier).
Dans la première moitié du XVIe siècle, deux
chapelles s'élevèrent dans le bas-côté
nord ainsi qu'une tour en demi-hors uvre (démolie au
XIXe siècle). Cette tour était destinée à
abriter les objets précieux et les liquidités - ce
qui est un signe évident de la richesse de la paroisse. À
partir du XVIe siècle, l'église et la ville ont profité
du développement constant du pèlerinage à Marie.
L'édifice devint même basilique en 1891. L'ancienne
appellation de Notre-Dame du Château fit place, à
l'époque moderne, à celle de Notre-Dame du Roncier
(voir le vitrail relatif à la légende de la découverte
d'une statue de la Vierge dans un buisson de ronces en l'an
808.)
L'église actuelle a été remaniée au
XIXe siècle. À côté d'un cachet architectural
très séduisant, rehaussé par le contraste entre
la pierre de granit et les voûtes en bois, l'édifice
est riche en vitraux
des XVe et XIXe siècles. L'importance de la vitrerie
de la fin du XIXe donne d'ailleurs un aperçu très
diversifié de la création artistique des ateliers
de peintres verriers à cette époque. Cette page offre
un panorama étoffé de l'ensemble des vitraux de la
basilique.
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Vue d'ensemble de la nef de la basilique (XVe siècle). |
L'ASPECT EXTÉRIEUR
DE LA BASILIQUE NOTRE-DAME DU RONCIER |
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Vue d'ensemble de la basilique.
Sur la partie gauche de la photo, la façade occidentale
avec son beau portail du XVe siècle en accolade. |
Le portail occidental et sa magnifique accolade à voussure
triple (XVe siècle). |
La Vierge à l'Enfant (XVe siècle)
sur le trumeau du portail. |
Une gargouille qui mêle deux animaux monstrueux
et un grotesque ! |
Christ en croix sur le clocher. |
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Le clocher de la basilique vu des jardins du château. |
Ornement sur un vantail du portail ouest. |
La façade orientale et le clocher.
La tour porte l'empreinte du début du XVIe siècle. |
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Le toit dissymétrique de la basilique vu depuis le haut du
clocher. |
Architecture
extérieure. La basilique, achevée
vers 1470, se rapproche des églises halles : les voûtes
des bas-côtés sont aussi élevées
que celle du vaisseau central. La construction est de «parti
haut», donc l'élévation est à un
seul niveau et l'éclairage ne peut venir que des ouvertures
des bas-côtés. D'où le beau cachet de
la pierre de granit, notamment sur le côté sud
qui est percé de grandes fenêtres à pignons
rapprochés. Cet aspect est typique de bien des églises
bretonnes, comme l'est également le chevet plat et
son grand vitrail
des Rohan.
Le visiteur ne manquera pas d'admirer l'accolade
à triple voussure du portail ouest. Son trumeau est
orné d'une Vierge du XVe siècle. Une jolie porte
en anse de panier s'ouvre sur le bas-côté sud
(ci-dessous). Elle est surmontée d'une séduisante
croix en granit ornée du visage d'un Christ de douleur
(ci-contre).
Quant à la tour, sa partie basse est la partie la plus
récente de l'édifice (début du XVIe siècle).
Elle est encastrée entre deux contreforts du XVe siècle.
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Croix en granit avec Christ de douleur
au-dessus de la porte sud (XVe siècle). |
Le château
de Josselin vu depuis le clocher de la basilique. |
La porte du côté sud (XVe siècle). |
LA NEF DE LA BASILIQUE
NOTRE-DAME DU RONCIER |
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Vue des grandes arcades de la nef vers le bas-côté nord. |
Plan de la basilique Notre-Dame du Roncier. |
Architecture
de la nef. L'élévation, très
élégante, de la nef est dite «de parti
haut» (donc sans fenêtre), comme celle de Ploërmel.
Elle a été construite à partir de 1460.
Cette élégance est synonyme de fragilité
: un couvrement en granit est impossible (voir les détails
techniques plus bas). La voûte lambrissée
en berceau dite «à chevrons formant fermes»
permet en revanche l'éclosion d'un programme pictural
riche et varié (voir les détails et les photos
de la voûte).
La nef n'étant éclairée d'aucune fenêtre
en hauteur (caractéristique du parti haut),
son éclairage est indirect : il vient des fenêtres
des bas-côtés. D'où le développement
de pignons latéraux très scandés, essentiellement
sur la façade méridionale qui comporte de grandes
ouvertures passantes en lucarnes. L'historien Rogier Barrié
ajoute : «L'espace ainsi créé apparaît,
tel celui d'une église halle, sans rythme fort, mais
propice à la fréquentation populaire et à
la spiritualité de masse suscitée dès
1418 par la prédication de saint Vincent Ferrier à
Josselin et par le succès du pèlerinage marial
par la suite.»
Le parti haut et le décor du portail ouest constituent
d'ailleurs une des options de l'architecture bretonne au XVe
siècle. En privilégiant le parti haut,
l'architecte doit accorder une importance capitale à
la lumière. Il est indispensable de «faire vivre
et colorer l'espace intérieur unifié»
[Barrié]. D'où la présence, dès
le XVe siècle, de grandes verrières à
personnages sur le côté sud.
Source : Congrès archéologique
de France tenu dans le Morbihan en 1988, article sur la
basilique par Roger Barrié.
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Les grandes arcades, la chaire à prêcher et le
collatéral nord.
Dans la moitié droite : le grand vitrail du Combat des
Trente par l'atelier Gruber. Sur la gauche, les deux vitraux
de l'atelier Mauméjean. |
La chaire à prêcher date de 1783.
Cette magnifique uvre d'art, en fer forgé et en
tôle, de style rocaille,
a été réalisée par un ferronnier
de Josselin, Eustache Roussin. |
Les
vitraux. On ne sait pas grand-chose des vitraux
anciens de Notre-Dame du Roncier. L'église actuelle
abrite quatre verrières du XVe siècle
partiellement conservées. L'évêque
de Saint-Malo, Jean de l'Épervier, est
le commanditaire de celle de la
baie
10. Dans celle de la
baie 13 (non présentée ici), seul le tympan
est du XVe siècle. Toutes les verrièrses
ont été restaurées et/ou complétées
par l'atelier manceau de Ferdinand Hucher. Ce
sont des vitraux à grands personnages et à
hauts dais, peints à la grisaille et au jaune
d'argent. Ce qu'il nous en reste est très dégradé.
Y avait-il d'autres verrières ou n'était-ce
que du verre blanc? Comme la lumière avait acquis
un rôle capital dans la volonté d'éclairer
l'espace intérieur unifié, la question
mérite d'être posée. Le Corpus
Vitrearum indique que ces verrières du XVe
siècle «se situent dans les bas-côtés
de l'édifice, principalement dans le bas-côté
sud, et forment un ensemble relativement homogène,
réalisé vers 1470-1480, date généralement
attribuée à l'achèvement des bas-côtés.»
En revanche, l'église offre un panorama intéressant
de la création artistique des peintres verriers
au XIXe siècle. Trois ateliers français
reçurent des commandes : le Carmel du Mans
du peintre verrier Ferdinand Hucher, Meuret
et Lemoigne à Nantes et Noël Lavergne,
de Paris. Au XXe siècle, c'est Jacques Gruber
qui sera sollicité par la famille de Rohan pour
créer un vitrail, très art-déco,
sur le Combat
des Trente (vers 1931-1933). En 1939, l'atelier
Mauméjean, au style si caractéristique,
réalisera deux vitraux sur la Naissance
de la Vierge et le Mariage
de la Vierge. Suite ci-dessous ---»»
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Le pied de la chaire est composé des attributs des quatre
évangélistes :
l'homme de Matthieu, l'aigle de Jean, le lion de Marc et le
taureau de Luc. |
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Baie 5 : Le Combat des Trente,
détail. |
LE VITRAIL DU
COMBAT DES TRENTE, atelier Jacques Gruber, vers 1931-1933 |
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Baie 5 : le Combat des Trente (26 mars 1351)
Atelier Jacques Gruber, Paris, vers 1931-1933. |
Les
vitraux (suite et fin). Parmi les vitraux
du XIXe siècle, il faut signaler celui consacré
à sainte
Anne d'Auray et à son pèlerinage,
réalisé par Meuret & Lemoigne
en 1875 (baie n°6).
Les autres verrières datent de la période
1890-1895. Noël Lavergne crée deux
vitraux dont celui d'Olivier de Clisson et de Marguerite
de Rohan, visible dans la chapelle
Sainte-Marguerite qui abrite le cénotaphe
du connétable.
Le vitrail de la baie
16, illustrant le combat de l'archange Michel contre
le démon, échappe à un atelier
français puisque c'est l'atelier Burckhardt
et fils de Munich qui le réalise en 1893.
L'atelier Burckhardt choisit de rester fidèle
au célèbre tableau de Raphaël. Le
commanditaire le lui a-t-il demandé?
Plus intéressant encore est le vitrail
de la baie d'axe commandé par la famille
de Rohan en 1893. Dans son article pour le Congrès
archéologique de France tenu dans le Morbihan
en 1988, Roger Barrié regarde cette uvre
comme «une grande composition archéologique
dans un style éclectique qui donne une lumière
peu heureuse pour le chur (...)» En fait,
l'intérêt de ce vitrail est d'abriter une
galerie historique des Rohan inspirée de photographies.
Roger Barrié parle ainsi de la «manière
très proustienne» avec laquelle ce vitrail
évoque la haute société de l'époque.
Les six personnages de la famille de Rohan, alignés
dans le soubassement, sont donnés intégralement
plus
bas. Quant aux lancettes, elles illustrent les mystères
du Rosaire. À voir également un vitrail
tableau de fort belle belle facture : celui illustrant
le célèbre thème des «aboyeuses»,
femmes affectées d'hystérie ou d'épilepsie,
signé Hucher, du Mans. Il présente ici
la guérison miraculeuse, en 1728, de trois enfants
de Camors atteints de ce mal mystérieux.
Sources : 1) Corpus
Vitrearum, les vitraux de Bretagne, Presses Universitaires
de Rennes, 2005 ; 2) Congrès archéologique
de France, Morbihan, 1988, article sur la basilique
par Roger Barrié.
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Baie 5 : Le Combat des Trente, partie centrale.
Atelier Jacques Gruber, Paris, vers 1931-1933.
Dans la photo du vitrail entier (à gauche), on remarquera
les attributs des évangélistes dans la partie
basse du tympan. |
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Le
combat des Trente. La mort sans héritier,
en 1341, du duc de Bretagne, Jean III, fit s'affronter
deux partis qui se disputaient son héritage.
La cruelle guerre de Succession de Bretagne se déclencha
alors et ne prit fin que vingt-trois ans plus tard,
en 1364. Deux partis s'opposèrent : Charles de
Blois, soutenu par l'armée française,
et Jean de Montfort, soutenu par les Anglais. Les seigneurs
les plus puissants de Bretagne étaient du côté
de Charles. En 1345, le parti de Blois possédait
Nantes, Rennes et Quimper et semblait devoir l'emporter,
d'autant plus que Jean de Montfort mourut la même
année.
Cependant, 1346 est l'année de la terrible défaite
française de Crécy face aux Anglais. En
Bretagne, le parti anglais se renforce et la défaite
sanglante de Charles de Blois à la Roche-Derrien,
en juin 1347, provoque un retournement complet de la
situation. De 600 à 700 hommes d'armes français
périrent dans une attaque nocturne lancée
par le chef anglais Thomas Dagworth qui veut défendre
la forteresse de la Roche-Derrien occupée par
ses troupes. L'historien Heinrich Denifle écrit
: «Les chefs des plus grandes familles de Bretagne,
comme les Rohan, les Laval, les Rougé, les Châteaugiron,
les Châteaubriant succombèrent en combattant
à côté de leur duc (...)»
D'autres sont faits prisonniers, dont Charles de Blois
«après qu'il eut reçu dix-sept blessures»
[Denifle]. Les Anglais occupèrent la Bretagne
et assurèrent le rôle d'oppresseurs, sans
ménagement pour des gens qui n'étaient
pas de leur nation, même quand ils relevaient
du parti des Montfort. En lançant sa petite troupe
dans une guérilla permanente contre l'ennemi,
Bertand Du Guesclin commença à acquérir
quelque gloire. Mais les Anglais se montraient trop
forts pour leurs adversaires. La Bretagne était
pillée, couverte de ruines. La bataille rangée
d'Auray en 1364 fut décisive : Charles de Blois
trouva la mort et Du Guesclin fut capturé. En
1365, le traité de Guérande sonna la fin
de la guerre en abandonnant au fils de Jean de Montfort
le duché si âprement disputé.
---»
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Le Combat
des Trente intervient à l'époque de
la guérilla de Du Guesclin. En septembre 1347,
la trêve de Calais suspend les combats entre Français
et Anglais. En Bretagne, la trêve s'impose aussi
- pour quatre ans. Heinrich Denifle, dans son ouvrage
La Désolation des églises, monastères
et hôpitaux en France pendant la guerre de Cent
Ans, précise la réalité des
choses : «en dépit des trêves, il
y avait partout des hostilités, des incursions
continuelles, des assauts, des dévastations,
des pillages qui ruinaient et décourageaient
les populations.» Et ceci en Bretagne comme partout
en France dès lors qu'on trouvait des soldats
anglais, des routiers et des chefs de bande.
C'est dans ce climat de tension permanente que le 26
mars 1351, le Combat
des Trente opposa trente champions du parti de Blois
à trente champions du parti des Montfort, dont
vingt-et-un étaient anglais. La bataille eut
lieu sur la lande autour du chêne de la Mi-Voie,
entre Ploërmel
et Josselin. Les Bretons finirent par l'emporter. Mais
cette victoire, toute ponctuelle, n'eut aucune conséquence.
En 1352, la guerre de Succession reprit de plus belle
en une suite ininterrompue d'escarmouches et de guet-apens.
Les manoirs furent pris et repris. Et la Bretagne sombra
dans la désolation.
Sources : 1) La Désolation
des églises, monastères et hôpitaux
en France pendant la guerre de Cent Ans, Heinrich
Denifle, 1899 ; 2) Histoire illustrée de la
Bretagne et des Bretons, Joël Cornette, éditions
du Seuil, 2015.
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«««---
À GAUCHE
Baie 5 : Le Combat des Trente, détail.
La victime ne ressemble guère à un soldat.
S'agit-il de l'archange saint Michel terrassant le démon?
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Le Combat des Trente, soubassement avec écussons des Rohan-Chabot.
Atelier Jacques Gruber, Paris, 1933. |
Le
Combat des Trente - le récit. Le célèbre
chroniqueur de l'époque, Jean Froissart, a bien sûr
décrit la bataille dans son volumineux ouvrage. Ce
récit a été rapporté et commenté
par Aristide Guilbert en 1846 dans son Histoire des villes
de France. C'est ce dernier texte que nous utilisons ici.
Au cours de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364),
la trêve de Calais fut signée en 1347 pour interrompre
les combats pendant quatre ans. Sur le terrain cependant,
les escarmouches sanglantes continuaient ; toute la paysannerie
souffrait. Ploërmel
était tenu par les auxiliaires anglais de Jean de Montfort.
Richard Bembro (ou Benborough) commandait la troupe. Josselin
et son château
étaient la possession de Robert de Beaumanoir, maréchal
de Bretagne. Il défendait le parti de Charles de Blois
et du roi de France. Exaspéré par les violations
incessantes du traité et, peut-être aussi, touché
par les plaintes des paysans, Robert de Beaumanoir sortit
de Josselin en mars 1351 avec une très forte troupe.
Son but : provoquer au combat les Anglais de Ploërmel.
Pourtant, Beaumanoir arriva devant les portes de la ville
sans avoir rencontré personne. Là, Benborough
sortit et, plutôt que de s'en remettre au sort d'une
bataille en ligne qui tuerait beaucoup d'hommes, il proposa
un combat de vingt ou trente chevaliers d'un camp contre ceux
de l'autre. Robert de Beaumanoir accepta. On se mit d'accord
sur le chiffre de trente.
Le lieu choisi fut une vaste lande couverte de bruyères,
connue sous le nom de Mi-Voie, à peu près
à égale distance de Ploërmel
et de Josselin. Au milieu de cette lande s'élevait
un gros chêne isolé, connu de tous - qui servit
de point de rassemblement. Jean Froissart n'en parle pas,
mais, comme le pense Aristide Guilbert, il devait y avoir
une nombreuse foule pour observer ce combat singulier. Quant
à la date, Guilbert parle du 27 mars 1351 ; d'autres
sources donnent le 26 mars. Beaumanoir eut du mal à
choisir ses frères d'armes : il y avait un trop-plein
de volontaires ; Bernborough, quant à lui, s'appuya
sur une majorité d'Anglais, renforcés de Flamands
et de quelques Bretons du parti de Montfort.
L'accord fut pris pour un combat entre chevaliers à
pied et non à cheval. Juste avant la bataille, on convint
des conditions : aucun spectateur ne devait interférer
dans la lutte et aucun combattant ne devrait fuir. Il n'y
avait que deux sorties possibles : la mort ou la capture (ou
la victoire finale d'un camp évidemment). La mort de
celui qui avait capturé son adversaire rendait la liberté
à son captif.
Le combat commença. Les deux lignes de chevaliers se
ruèrent l'une sur l'autre. Rapidement, les Anglais
eurent l'avantage. Deux compagnons de Beaumanoir furent tués
; trois autres furent capturés par Bernborough. Mais
l'acharnement des combattants et la lourdeur de leurs équipements
(cottes de mailles et armes) finirent par épuiser tout
le monde. On convint donc d'une trêve pour reprendre
haleine. Quatre chevaliers du parti français étaient
morts ; deux du parti anglais.
Après un long repos, la lutte reprit. Encore plus féroce,
d'après Froissart. Très malmené et actif
dans tous les duels, Beaumanoir fut blessé ; la perte
de sang l'affaiblit. Assoiffé, il demanda de l'eau.
C'est ici que Froissart place la fameuse réponse de
Geoffroy de Blois à son chef : Bois ton sang, Beaumanoir,
et ta soif
|
passera !
Peu après, Bernborough fut frappé d'un coup
de lance mortel à travers sa visière et tomba
sans vie. Sa mort libéra aussitôt ses trois prisonniers
bretons qui revinrent dans la bataille. Du côté
anglais, Croquart, aventurier normand, prit le commandement
et encouragea ses hommes avec fougue : ils réussirent
à opposer une muraille infranchissable à la
fureur offensive des chevaliers français. Le combat
s'enlisait et le jour avançait.
Soudain, un écuyer breton, Guillaume de Montauban,
eut l'idée d'un stratagème. Il s'écarta
de la mêlée (sous les reproches de ses compagnons),
chaussa ses éperons et s'élança sur son
cheval comme s'il quittait la bataille. En fait, il fit un
grand cercle et revint sur les Anglais pour les culbuter du
haut de sa monture. Profitant de la dislocation de l'adversaire,
les Français se ruèrent à l'assaut de
plus belle : les Anglais furent tués ou forcés
de se rendre. Enfin, le combat s'acheva. Quatre Français
et neuf Anglais avaient péri. L'épuisement était
général, tous les chevaliers survivants portaient
des blessures. Fiers de leur victoire, Beaumanoir et ses compagnons
rejoignirent le château
de Josselin avec leurs vingt-et-un prisonniers. Tout le
monde pansa ses plaies et le même soin fut apporté
aux Anglais et aux Français. Quand les prisonniers
furent remis sur pied, ils furent libérés «au
prix d'une modique rançon» [Guilbert].
L'historien Aristide Guilbert précise que Froissart
a rencontré plus tard, à la cour de Charles
V, l'un des chevaliers bretons du Combat des Trente, Yvain
Charruel. Son visage était couvert de balafres. Il
était l'un des trois combattants capturés par
Bernborough au début de l'engagement. C'est sans aucun
doute le récit que ce chevalier fit de la bataille
qui permit au chroniqueur de rapporter les faits.
Ajoutons qu'un monument fut élevé au milieu
de la lande de Mi-Voie pour célébrer
cette noble victoire et que, à partir de cette époque,
Beaumanoir prit pour devise et cri de guerre : Beaumanoir,
bois ton sang. Ploërmel
fut libéré du joug anglais par Du Guesclin vingt-deux
ans plus tard, en 1373.
Le récit du combat des Trente laisse perplexe. En effet,
comme on l'a vu plus haut, il avait été décidé
que les chevaliers combattraient à pied et non à
cheval. Si bien qu'on ne comprend pas comment le breton Guillaume
de Montauban a pu avoir le front d'enfreindre la règle
en se précipitant avec sa monture au milieu de ses
adversaires. À l'époque de la chevalerie, ce
genre de traîtrise était qualifié de félonie.
Toutefois, on trouve un avis divergent : celui de l'historien
Arthur de la Borderie qui raconte ce combat dans la Revue
de Bretagne, de Vendée et d'Anjou en 1899. Il écrit
que «chacun des soixante champions eut toute liberté
de se battre comme il lui plairait soit à pied soit
à cheval». Ce qui ne fait que déplacer
le problème. Vu la supériorité du cavalier
sur l'homme à pied, tous les intervenants auraient
dû choisir de combattre à cheval...
Sources : 1) Histoire des
villes de France par Aristide Guilbert, Paris 1844 ; 2)
La Bataille des Trente, 26 mars 1351 par Arthur de la
Borderie, 1899 (disponible sur Gallica.bnf.fr).
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Baie 7 : la Naissance de Marie
Atelier Mauméjean, 1939. |
L'Éducation de la Vierge, statue contemporaine. |
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Le bas-côté nord et les grandes arcades de la nef. À
l'arrière-plan, le bas-côté sud. |
BAIE 10 - VERRIÈRE
À GRANDS PERSONNAGES (vers 1470-1480 et vers 1890-1895) |
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Baie 10 (vers 1470-1480 et vers 1890-1895) |
Baie 10, saint Vincent Ferrier, détail.
Vers 1470-1480, restauré vers 1890-1895. |
Baie 10, saint Pierre (vers 1470-1480), détail. |
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Verrière
de la baie 10. Cette verrière à
grands personnages (vers 1470-1480) a été
offerte par Jean de l'Épervier (1493)
, évêque de Saint-Malo de 1450 à
1486. On peut voir huit saints (et pas de saintes) nichés
sous de hauts dais, en particulier ceux du registre
supérieur. Le grand dais de droite, qui surplombe
l'archange saint Michel, est coiffé des armoiries
de l'évêque Jean de l'Épervier.
À l'opposé, à gauche, l'écusson
porte les armoiries de Monseigneur Bécel, évêque
de Vannes de 1866 à 1897. Ces deux écussons
sont visibles dans le haut de la photo ci-dessous.
Ce vitrail, restauré par l'atelier Hucher vers
1890-1895, est typique des grandes vitraux à
personnages du XVe siècle (comme l'est aussi
celui de la baie
14) : les niches d'architecture font une large place
à la grisaille et au jaune d'argent ; les sols
sont à dallages ; les fonds sont en damas de
couleur. On note dans le registre inférieur :
saint Pierre, un saint évêque, saint Christophe
et saint Vincent Ferrier. Les dais qui séparent
les deux registres sont presque entièrement modernes
(atelier Hucher). Ils figurent au bas de la photo ci-dessous.
Au registre supérieur : saint Jean l'évangéliste,
saint Jacques le Majeur, saint Bernard abbé et
saint Michel. Le Corpus Vitrearum nous apprend
que le second registre est très restauré,
surtout dans les deux lancettes de droite. Enfin, des
anges phylactères garnissent le tympan (avec
de nombreuses restaurations). La disposition actuelle
du vitrail est celle établie par l'atelier Hucher.
D'un point de vue général, cette verrière
est très dégradée. Les grisailles
ont été fortement attaquées par
l'empreinte du temps. On donne ci-dessous des gros plans
sur saint Vincent Ferrier, saint Pierre, saint Jean
l'évangéliste et saint Bernard abbé.
Source : Corpus Vitrearum,
les vitraux de Bretagne, Presses Universitaires de Rennes,
2005.
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Baie 10, registre du haut avec ses dais (vers 1470-1480).
Les dais du bas sont presque entièrement modernes (atelier
Hucher, fin du XIXe siècle).
De gauche à droite : saint Jean l'évangéliste,
saint Jacques le Majeur, saint Bernard abbé et saint
Michel.
En haut à gauche, surmontant le dais : les armoiries
de Mgr Bécel, évêque de Vannes de 1866 à
1897.
En haut à droite, surmontant le dais : les armoiries
du donateur, Jean de l'Épervier, évêque
de Saint-Malo de 1450 à 1486. |
Baie 10, saint Jean l'évangéliste (vers
1470-1480), détail. |
Baie 10, saint Bernard abbé (vers 1470-1480),
détail. |
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Vue d'ensemble de la nef et de ses arcades depuis le bas-côté
sud.
On remarquera la fausse voûte d'ogives en bois du bas-côté
sud (en haut à droite de la photo). Elle retombe
très élégamment sur des consoles de pierre
ornées d'anges tenant des écussons. |
À DROITE ---»»»
La baie 16 est ornée d'un vitrail montrant,
selon le dessin bien connu de Raphaël, l'archange
saint Michel terrassant le démon.
C'est le seul vitrail qui n'a pas été
réalisé, à la toute fin du XIXe
siècle, par Ferdinand Hucher au Carmel du Mans.
Il vient de l'atelier Burckhardt et fils, de Munich
(1893).
Dans le soubassement, à gauche : le Mont Saint-Michel
; à droite : une maison de Josselin qui n'existe
plus.
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LA CHAPELLE NORD
NOTRE-DAME DU RONCIER |
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Chapelle nord dite de Notre-Dame du Roncier.
Les deux piliers sur la droite, qui séparent la chapelle du
chur, sont des vestiges romans du XIIe siècle. |
Découverte de la statue de N.-D. du Roncier
en l'an 808 par un laboureur.
Atelier du Carmel du Mans, F. Hucher, 1893.
Vitrail de la baie 3. |
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Vestige d'un chapiteau roman du XIIe siècle : un renard
dévaste un poulailler. |
Vestige d'un chapiteau roman du XIIe siècle : un chien.
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À DROITE ---»»»
La Communion, bas-relief du soubassement, XIXe siècle. |
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La
chapelle Notre-Dame du Roncier resplendit
d'un magnifique autel du XIXe siècle, lui-même
entouré de deux anges au dynamisme très
aérien. L'autel est en pierre blanche des Charentes.
Son soubassement offre une très belle scène
de communion. Sous l'arche néo-gothique trône
la statue de Notre Dame du Roncier, qui est du XIXe
siècle (la statue d'origine a été
brûlée à la Révolution).
C'est cette statue qui est portée en procession
lors du grand Pardon du 8 septembre. À droite
et à gauche, sur les répliques de contrefort,
se tiennent saint François et saint Dominique.
L'intérêt architectural de la chapelle
tient dans ses vestiges romans de la fin du XIIe
siècle : les deux piliers qui la séparent
du chur et leur chapiteau. Ceux-ci offent des
thèmes assez rares. Dans l'un, un renard dévaste
un poulailler ; dans l'autre, un chien devance un autre
animal qui ressemble à un bélier (photos
ci-contre).
Enfin, le mur est percé de deux vitraux recevant
deux créations de Ferdinand Hucher (Carmel du
Mans), datées toutes deux de l'année 1893
: la découverte
de la statue de la Vierge dans un buisson de ronces
en l'an 808 et la petite
fille d'un laboureur guérie de la cécité
(miracle intervenu à une époque qui semble
indéterminée).
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Un ange entourant l'autel
Chapelle Notre-Dame du Roncier. |
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Les ex-voto sur le mur nord de la chapelle Notre-Dame du Roncier
témoignent de la ferveur de la foi des fidèles
lors des pèlerinages.
Dans les fenêtres, deux vitraux de Ferdinand Hucher, 1893. |
À DROITE ---»»»
La petite fille du laboureur est guérie de la cécité
(atelier du Carmel du Mans, Ferdinand Hucher, 1893).
Vitrail de la baie 1. |
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«Découverte de la statue de Notre-Dame du Roncier au
IXe siècle»
Atelier du Carmel du Mans, Ferdinand Hucher, 1893.
Vitrail de la baie 3, scène centrale. |
«Notre Dame du Roncier rend la vue à la petite fille
du laboureur»
Atelier du Carmel du Mans, Hucher, 1893.
Vitrail de la baie 1, scène centrale. |
Les scènes des deux tableaux
se passent au même endroit, comme le montrent, dans
la lancette centrale, les vestiges du pilier et de son arche
brisée. La chapelle a été érigée
à l'endroit de la découverte de la statue, dans
un buisson de ronces.
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Le bas-côté nord débouche sur la chapelle Notre-Dame
du Roncier.
On remarquera les fausses croisées d'ogives en bois qui retombent
élégamment sur les piliers. Elles viennent buter sur
une console ornée d'un ange.
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Peintures murales dans le bas-coté nord, détail.
XIXe siècle. |
LA CHAPELLE SUD
SAINTE-MARGUERITE |
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Le cénotaphe d'Olivier de Clisson (XVe siècle,
restauré au XIXe).
Chapelle Sainte-Marguerite. Les pleurants sont décapités. |
Les deux gisants du cénotaphe d'Olivier de Clisson.
Les dais ont été presque entièrement refaits
au XIXe siècle. |
Aux pieds de Marguerite de Rohan, deux «corniauds»
sont venus
remplacer, lors de la restauration du monument au XIXe siècle,
les deux levrettes qui s'y tenaient à l'origine. |
Olivier de Clisson, connétable de France.
Vitrail de Noël Lavergne, vers 1890, détail. |
Les
fresques de la chapelle Sainte-Marguerite.
L'historien Roger Grand, dans son article pour le Congrès
archéologique de France en 1914 apporte des
détails intéressants sur les fresques
des chapelles. Il écrit ainsi que, jusque vers
le tout début du XXe siècle, on voyait
des restes de peinture à fresque dans la chapelle
Sainte-Marguerite. Cette peinture pouvait être
attribuée au temps d'Olivier de Clisson «car
une frise, chargée d'M couronnés, reproduisait,
sur des phylactères, la célèbre
devise du connétable : Pour ce qu'il me plest.»
Il faut regretter leur disparition car on y trouvait,
au sein de sujets pieux dont des scènes de la
vie de sainte Marguerite, «la représentation
probable de châteaux appartenant à Clisson
et particulièrement d'une forteresse désignée
par les lettres Gosc et qui semblait figurer
Josselin tel que l'avait conçu ce grand constructeur.»
Roger Grand nous apprend aussi que, dans la chapelle
au nord du chur, l'actuelle chapelle
Notre-Dame du Roncier, il y avait une fresque reproduisant
une danse macabre. Et l'historien précise : «Son
état de délabrement complet l'a malheureusement
fait supprimer, comme la précédente, lors
des modernes restaurations.»
Source : Congrès
archéologique de France tenu à Brest
et à Vannes en 1914, article sur la basilique
Notre-Dame du Roncier par Roger Grand.
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Les gisants d'Olivier de Clisson et de Margerite de Rohan. |
Marguerite de Rohan
sous un dais refait au XIXe siècle. |
Le
cénotaphe d'Olivier de Clisson. Ce
monument est d'une grande importance car c'est l'une
des très rares uvres du début du
XVe siècle en Bretagne. Par observations savantes
et comparaison avec d'autres tombeaux, l'historien René
Couffon attribue le monument aux sculpteurs de Tournai,
la dalle portant les deux gisants étant en pierre
noire de la Meuse. Le tombeau a été saccagé
à la Révolution.
Le connétable de France, Olivier de Clisson
(1407) repose au côté de sa seconde
épouse Marguerite de Rohan (1406).
À ses pieds, il y avait autrefois un lion d'excellente
facture. René Couffon, dans son article du
Bulletin monumental de 1967, nous apprend qu'il
a été volé dans les années
1950. Au pied de son épouse, on voit «deux
corniauds dont l'un met une patte dans sa gueule»
[Couffon]. À l'origine, il y avait deux petites
levrettes (au symbolisme fort), qui ont été
brisées par les révolutionnaires. Le choix
des restaurateurs du XIXe siècle n'est guère
conforme à la réalité et l'on sait
qu'ils maniaient parfois la fantaisie avec hardiesse.
Ainsi - et René Couffon le rappelle malicieusement -,
lors de la restauration des tombeaux des ducs de Bourgogne
(que l'on peut voir au musée
des Beaux-Arts de Dijon),
l'architecte restaurateur Claude Saintpère s'était
fait représenter en redingote pour remplacer
un pleurant qui manquait !
En 1792, le monument d'Olivier de Clisson fut mis en
pièces et les ossements furent dispersés.
De mausolée, le monument devint cénotaphe.
René Couffon apporte des détails intéressants
: «Les débris en furent recueillis en 1829,
sur l'ordre de M. de Chazelles, préfet du Morbihan,
et encastrés alors provisoirement dans un mur
de l'église ; les statues des gisants furent
envoyées à Barré, sculpteur à
Rennes, pour remise en état ; elles y demeurèrent
longtemps en attente. Interrompue, en effet, par la
Révolution de 1830, la restauration ne reprit
qu'au milieu du XIXe siècle ; la tête,
les mains et les jambes du connétable ont été,
notamment, entièrement restituées. La
tête originale, extrêmement mutilée,
subsiste encore dans une collection particulière
de Rennes.» Le visiteur pourra remarquer en effet
que les pleurants ont été méticuleusement
martelés par les révolutionnaires : ils
sont tous décapités (photo à gauche).
Le cénotaphe présente deux particularités
étonnantes. Tout d'abord, il ne porte aucune
armoirie. Et, sur une gravure ancienne d'avant la Révolution,
il n'en porte pas non plus. Plus bizarrement encore,
l'inscription lue sur le cénotaphe par l'archéologue
Bizeul, chez le sculpteur Barré, ne contient
aucun nom de femme. Cette inscription est rapportée
par René Couffon : «Cy gist noble et puissant
seigneur, monseigneur Olivier de Clisson, jadis connestable
de France, seigneur de Clisson, de Porhoet, de Belleville,
de la Garnache qui trespassa en apvril le jour Saint-Jorge,
l'an MCCCC et VII. Priez Dieu pour son âme. Amen.»
Cependant, personne n'a jamais mis en doute le fait
que la gisante représentait Marguerite de
Rohan, seconde femme du connétable. Car tout
le monde se fie au testament - irréfutable -
d'Olivier de Clisson dans le passage concernant sa sépulture
: «Je vieuil commande et ordonne que mon corps,
après mon decez de ce siècle, soit baillé
et livré à la sépulture de nostre
Mère sainte Eglise, laquelle sépulture
je eslis en l'Eglise de Nostre-Dame de Jocelin, joignant
de la sépulture de ma très chère
et très aimée compagne Marguerite de Rohan
que Dieu absolve. Item, vueil et ordonne que une belle
tombe et honeste soit faite et mise sur les corps de
ma dite compagne et moy et dessus ycelle soient les
ymages de nous deux à l'ordonnance de nos exécuteurs
cy après nommés.»
La cause semblait entendue. Cependant, en 1888, le très
érudit marquis de Granges de Surgères
publie une Iconographie bretonne contenant une
gravure du cénotaphe. Il indique qu'elle représente
le connétable et sa femme, Béatrix
de Laval. Selon René Couffon, le marquis
de Surgères s'est référé
à un document authentique : la déclaration
au roi faite le 4 septembre 1679 par Marguerite, duchesse
de Rohan lors de la réformation du duché.
Dans ce document (reproduit en partie par René
Couffon), on associe explicitement Olivier de Clisson
et Béatrice de Laval dans ce qui est encore un
mausolée : «Dans laquelle église
de Notre-Dame et au cur d'icelle, il y a un tombeau
de marbre blanc et noir élevé de trois
pieds sur lequel sont en bosse les représentations
de feu de Bonne mémoire Monseigneur Olivier de
Clisson, jadis connestable de France, comte du dit Porhouet,
etc... et de deffunte Madame Béatrix de Laval,
son épouse (...)».
Les historiens sont donc en possession de deux actes
officiels contradictoires : le testament d'Olivier de
Clisson, du XVe siècle, et la déclaration
au roi, du XVIIe. Cette anomalie est accentuée
par l'absence totale d'armoiries sur la robe de la comtesse
et sur le tombeau. Pas d'armoiries non plus sur la gravure
du tombeau réalisée par les historiographes
de la maison de Rohan, qui avaient pourtant des documents
en leur possession. René Couffon pose la question
: en attribuant la gisante à l'une plutôt
qu'à l'autre, y aurait-il eu des complications
sérieuses dans la succession du connétable,
époux de deux femmes successives? L'historien
rappelle d'ailleurs que cette succession a donné
lieu à de nombreux procès au XVe siècle.
Y avait-il, au XVIIe, nécessité d'attribuer
la gisante à Béatrix de Laval pour ne
pas ranimer de vieilles querelles? Notre époque
n'est pas exempte non plus de ce genre d'affaires où
l'on voit les familles des deux épouses successives
d'un défunt riche et célèbre se
déchirer devant les journalistes et les tribunaux...
On retiendra donc que l'historiographie officielle associe
la gisante à Marguerite de Rohan, mais que, dans
les faits, on pourrait tout aussi bien l'associer à
Béatrix de Laval.
Source : Le cénotaphe
du connétable de Clisson par René
Couffon, Bulletin Monumental, 1967.
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Le soubassement du cénotaphe et ses statues décapitées
en 1792. |
Baie 2 : Olivier de Clisson et Marguerite de Rohan.
Vitrail de Noël Lavergne, vers 1890. |
Marguerite de Rohan
Vitrail de Noël Lavergne, vers 1890, détail. |
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Scènes de la vie de sainte Marguerite
Vitrail de Noël Lavergne, vers 1890, registre central. |
Prosper
Mérimée passe à Josselin.
Nommé inspecteur général des Monuments
historiques en 1834, l'écrivain Prosper Mérimée
(1803-1870) remplit les obligations de sa charge et parcourt
la France pour y recenser les monuments dignes d'intérêt.
Voyageant dans l'Ouest en 1835-1836, il s'arrête à
Josselin et visite le château
et l'église. Si le château
le déçoit un peu par rapport à ses attentes,
l'église Notre-Dame ne recueille qu'un rejet ferme.
Après avoir commenté longuement le château,
il écrit : «La ville ou plutôt le bourg
de Josselin n'a pas d'autre monument qui mérite que
l'on s'y arrête. L'église de Notre-Dame, bâtie
en 1400, est des plus médiocres. Depuis la visite de
madame la duchesse de Berry en Bretagne, on y a élevé
un mausolée au connétable de Clisson et à
sa femme. Il est impossible de le faire de plus mauvais goût,
et pour la barbarie, cela peut se comparer avec les tombeaux
les plus ridicules du Père-Lachaise.»
Source : Note d'un voyage
dans l'ouest de la France par Prosper Mérimée,
1836.
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BAIE 14 - VERRIÈRE
À GRANDS PERSONNAGES (vers 1470-1480 et vers 1890-1895) |
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Baie 14 (vers 1470-1480 et vers 1890-1895).
Le registre inférieur est entièrement du XIXe
siècle. |
Baie 14, ange jouant du luth dans le tympan.
Re-création de l'atelier Hucher (vers 1890-1895). |
Baie 14, saint Laurent
(vers 1470-1480), détail. |
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Verrière
de la baie 14. L'aspect de la baie 14 est
très semblable à celui de la
baie
10. Comme la précédente, elle fait
plus de six mètres de hauteur. Deux registres
à quatre grands personnages sont surmontés
de dais d'architecture en grisaille et jaune d'argent.
Chaque personnage se tient sur un fond à damas
de couleur et sur un sol à dallages. Cette fois,
le registre inférieur est entièrement
du XIXe siècle (atelier Hucher du Mans).
On y voit saint Dominique, saint François d'Assise,
sainte Thérèse d'Avila et saint Jean Eudes.
Au registre supérieur, réalisé
vers 1470-1480 et restauré à la fin
du XIXe siècle par l'atelier Hucher : Vierge
à l'Enfant couronnée, saint Jean-Baptiste,
saint Laurent et saint Étienne (photo ci-dessous).
Comme pour la baie
10, le verre et la grisaille sont très altérés.
Contrairement à celui de la baie
10, ce vitrail ne comporte pas d'armoiries au-dessus
des dais. Au tympan, on remarque la présence
d'anges jouant du luth (avec patrons retournés).
L'un d'entre eux semble ne pas avoir été
trop restauré (voir photo).
Source : Corpus Vitrearum,
les vitraux de Bretagne, Presses Universitaires de Rennes,
2005.
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Baie 14, registre du haut avec ses dais (vers 1470-1480).
De gauche à droite : Vierge à l'Enfant couronnée,
saint Jean-Baptiste, saint Laurent et saint Étienne. |
Baie 14, Vierge à l'Enfant couronnée
(vers 1470-1480), détail. |
Baie 14, sainte Thérèse d'Avila
Atelier Hucher, fin du XIXe siècle. |
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Baie 14, saint Jean-Baptiste (vers 1470-1480),
détail. |
Baie 14, ange jouant du luth dans le tympan (vers
1470-1480). |
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LA VOÛTE
EN BOIS DU VAISSEAU CENTRAL DE LA BASILIQUE NOTRE-DAME DU RONCIER |
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La
voûte en bois de l'église Notre-Dame
du Roncier est semblable à celles de bien des
églises bretonnes. La Bretagne, riche en forêts,
a privilégié le bois plutôt que
la pierre pour le voûtement de ses édifices
religieux gothiques. On ne voit pas non plus de piliers
se terminant par un début d'arc (comme à
l'église Saint-Valentin de Jumièges, en
Normandie), anticipant le bâti d'une future voûte
en pierre - qui n'aurait jamais été posée
par manque de financement.
Le bois est un matériau léger qui ne vient
pas déverser sur les murs percés d'arcades
ou de fenêtres. Les collatéraux suffisent
pour le contrebutement. Dans l'ouvrage Bretagne gothique,
aux éditions Picard, Philippe Bonnet et Jean-Jacques
Rioult donnent des chiffres précieux au sujet
des masses volumiques de différentes pierres.
Ainsi, le granit, pierre qui abonde en Bretagne, a une
masse volumique allant de 2,58 tonnes ---»»
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La voûte du vaisseau central est en bois
de châtaignier. Elle a été refaite au XIXe
siècle. |
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Ornementation sur l'arche centrale
«Lilium Inter spiras» |
Détail de la voûte en bois :
bas-relief sur la sablière et
console à tête d'homme sous la poutre à
engoulant. |
---»»
par m3 pour la pierre de Locronan à 2,70
tonnes par m3 pour celle de Louvigné-du-Désert.
En comparaison, le tuffeau de Touraine affiche
une masse volumique comprise entre 1,35 et 1,53 tonne
par m3. La célèbre pierre
de Caen, que Guillaume le Conquérant fit
abondamment venir à Londres pour construire la
Tour blanche, partie centrale de la célèbre
Tour, est moins lourde que le granit : entre 1,84
et 2,22 tonnes par m3. Dans ces conditions, on comprend
aisément qu'une voûte en granit ait exigé
des piliers très massifs et des murs épais.
Adieu l'élégance des hautes arcades des
vaisseaux centraux ! Toutefois, pour certains éléments
prestigieux, et quand la voie fluviale le permettait,
les Bretons faisaient venir de la pierre moins lourde.
C'est le cas de la cathédrale de Saint-Pol, construite
en pierre
de Caen. Pour ce qui est du bois, tout le monde
sait qu'il flotte sur l'eau : sa masse volumique est
inférieure à 1 tonne par m3. Le bois est
de loin le matériau de construction le plus léger.
D'où la possibilité laissée aux
architectes de bâtir des élévations
élégantes, pas trop épaisses, éventuellement
percées d'ouvertures.
Au niveau architectural, la voûte de Notre-Dame
du Roncier fait apparaître une charpente à
chevrons formant fermes, dite à «chevrons
fermes», disposition assez typique des églises
bretonnes. On voit sur la photo ci-contre que les liens
courbes qui rattachent les chevrons-fermes à
la sablière et aux faux entraits créent
un véritable berceau continu, semblable à
une voûte. Ce qui permet le développement
d'un vaste programme pictural. Celui de Notre-Dame du
Roncier est certes moins riche que celui de
Saint-Armel à Ploërmel,
mais on distingue quand même des bonshommes, des
anges et des feuillages dans la voussure des sablières.
Des têtes humaines ornent les consoles des poutres.
Dans les bas-côtés, on observe une succession
de fausses croisées d'ogives en bois (voir photo).
Elles retombent latéralement sur de minces culots
ornés d'anges (photos
ci-dessous). La restauration entreprise à la
fin du XIXe siècle a bien sûr respecté
ce parti original et l'a même étendu au
bas-côté nord.
Source : Bretagne gothique
de Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, éditions
Picard.
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Une sablière du vaisseau central avec ses bas-reliefs. |
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Bas-reliefs sur une sablière à la retombée de
la voûte du vaisseau central.
«««--- Consoles ornées d'anges à la
retombée des fausses croisées d'ogives dans les bas-côtés
---»»» |
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BAIE 8 - VERRIÈRE
À GRANDS PERSONNAGES (vers 1470-1480 et vers 1890-1895) |
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Baie 8 (Atelier Hucher, vers 1890-1895).
Seuls les dais et le tympan sont du XVe siècle. |
Baie 8, deux dais du XVe siècle.
Partie restaurée par l'atelier Hucher vers 1890-1895. |
Le
vitrail de la baie 15 illustre la guérison,
survenue en 1728, de trois enfants vraisemblablement
atteints d'épilepsie. C'est une évocation
des «aboyeuses» de Josselin, femmes atteintes
d'épilepsie ou d'hystérie.
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Verrière
de la baie 8. Cette verrière, de la
même taille que celles des baies 10
et 14
(six mètres de haut), comporte trois registres
à grands personnages entièrement créés
par l'atelier Hucher du Mans à la toute fin du
XIXe siècle. Le style retenu est bien sûr
celui du XVe siècle, quoique la grisaille soit
pratiquement absente. Seuls les grands dais au-dessus
du registre supérieur sont des parties anciennes
(vers 1470-1480).
Au registre inférieur : saint Cado, saint Judicael,
saint Charles Borromée, saint Augustin. Registre
médian : armoiries, saint Louis et saint Hubert.
Registre supérieur : saint Ernest, Annonciation
avec l'ange Gabriel et Marie, saint Henri.
Dans le tympan, les anges musiciens ont été
restaurés.
Source : Corpus Vitrearum,
les vitraux de Bretagne, Presses Universitaires de Rennes,
2005
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Baie 8, les deux registres supérieurs (Atelier
Hucher, vers 1890-1895).
En bas : armoiries, saint Louis et saint Hubert
En haut : saint Ernest, Annonciation avec l'ange Gabriel et
Marie, saint Henri. |
BAIE 15
- LES «ABOYEUSES DE JOSSELIN» |
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Baie 15, la Guérison des trois enfants de Camors
en 1728 (Carmel du Mans, Ferdinand Hucher). |
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LE CHUR
DE LA BASILIQUE ET LE VITRAIL DES ROHAN |
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Vue d'ensemble du chur baigné par les intenses
coloris du vitrail
des Rohan (1893). |
La voûte en pierre, de style angevin, du chur remonte
au XIIe siècle. |
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Le
chur de la basilique est dominé
par le grand vitrail
des Rohan réalisé par Ferdinand Hucher
en 1893. Le maître-autel est en granit de Lannion
et en marbre de Carrare. Il a été créé
par l'atelier V. Henrot de Lannion en 1885.
Mais le point remarquable du chur est relatif
à l'architecture. La destruction d'un premier
édifice par Henri II Plantagenêt en 1158
a laissé peu d'éléments anciens
dans la nouvelle construction de la fin du XIIe siècle.
Les piliers de la croisée datent de la première
époque et recevaient probablement une charpente.
Dans la séparation entre le chur et la
chapelle
Notre-Dame du Roncier, les colonnes massives et
les chapiteaux
romans sont datés de la fin du XIIe siècle
(voir plan).
Au XIIIe, la croisée du faux transept reçut
une voûte en pierre de forme angevine, mais de
structure gothique. Les nervures de la voûte vinrent
retomber sur des colonnettes d'angle qu'il fallut construire.
Enfin, le chur roman fut agrandi et voûté
d'ogives, elles aussi de forme angevine, selon la mode
qui se répandait dans l'Ouest. Ces voûtes
retombent sur des colonnes engagées terminées
par des culots.
La basilique Notre-Dame du Roncier appartient au style
dit «mixte» : nef lambrissée et chur
voûté de pierre. Ici, l'antériorité
romane du chur explique ce choix : les piliers
supportent une voûte en pierre ; les fines arcades
de la nef exigent une charpente. De la sorte, sans y
voir l'influence de difficultés financières,
la hiérarchie entre le chur et la nef est
respectée.
Sources : 1) Congrès
archéologique de France tenu dans le Morbihan
en 1988, article sur la basilique par Roger Barrié
; 2) Bretagne gothique de Philippe Bonnet et
Jean-Jacques Rioult, éditions Picard.
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Le maître-autel, exécuté par l'atelier V.
Hernot de Lannion, date de 1885. |
La Cène, détail du soubassement du maître-autel
(XIXe siècle). |
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Vue générale du chur.
Dans le coin près de la grande fenêtre, on peut voir
un grand tabernacle du XVIe siècle à deux éléments
superposés.
Derrière les arcades de gauche, on aperçoit la chapelle
Notre-Dame du Roncier. |
Vitrail de la baie d'axe (baie 0) : VITRAIL DES ROHAN.
Il illustre les mystères du Rosaire.
Son intérêt vient du soubassement qui rassemble six membres
de la famille De Rohan ayant uvré à l'édification
de l'église.
C'est la famille De Rohan qui a commandité ce vitrail.
Atelier du Carmel du Mans, Ferdinand Hucher. 1893 |
Le chur et la grille de granit dans la partie sud.
|
À partir de 1370, Olivier de Clisson fit construire sur
le mur sud du
chur un oratoire privé avec claustra et une chapelle
funéraire dédiée
à sainte Marguerite (sainte patronne de son épouse).
Ci-dessus, la
grille de granit qui sépare le chur de la chapelle
Sainte-Marguerite. |
La grille de granit
se divise en deux parties :
à gauche, elle est surmontée du «M»
de Marguerite
de Rohan ; à droite, d'une fleur de lys qui rappelle
le lien avec la couronne de France ---»» |
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Vitrail de la baie d'axe (baie n°0) : membres de
la famille De Rohan dans le soubassement :
MARGUERITE DE BRETAGNE, 1428 - ALAIN IX DE ROHAN, 1457 - MARIE
DE LORRAINE, 1455. |
|
À PARTIR
DU XVIe SIÈCLE, LES ROHAN N'INTERVIENNENT PLUS DANS L'ÉDIFICATION
DE L'ÉGLISE PARCE QU'ILS SONT PASSÉS À
LA RÉFORME. |
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Culot avec tête de bonhomme dans le chur. |
Le
grand vitrail de la baie d'axe a été
offert en 1893 par Alain, prince de Leon et Herminie,
princesse de Leon. Il est réalisé
par l'atelier du Carmel du Mans, qu'Eugène
Hucher avait repris en 1880. Dans le soubassement sont
rassemblés les membres de la famille de Rohan
qui ont «le plus contribué à l'édification
ou à la décoration de cette Basilique»,
lit-on dans le guide de visite. Ce même guide
prête au vitrail «un agréable coloris».
En 1988, lors du Congrès archéologique
de France, l'historien Roger Barrié exprime
son désaccord : cette grande composition archéologique,
réalisée dans un style éclectique,
apporte «une lumière peu heureuse pour
le chur». En effet, les couleurs sont trop
crues pour l'atmosphère sombre et solennelle
créée par la pierre de granit. Roger Barrié
fait d'ailleurs le même constat pour le grand
vitrail de Gruber sur le Combat
des Trente dans le bas-côté nord, daté
de 1933.
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Culot avec tête de bonhomme dans le chur. |
Vitrail de la baie d'axe,
1893. ---»»»
Les mystères du Rosaire, détail. |
|
«««---
Vitrail de la baie d'axe, 1893.
Le donateur, Alain de Rohan,
prince de Leon. |
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Vitrail de la baie d'axe (baie n°0) : membres de la famille
De Rohan dans le soubassement :
JEHAN DE ROHAN, 1516 - ANNE DE ROHAN, 1517 - PIERRE DE ROHAN, 1513,
Maréchal de France. |
Vitrail de la baie d'axe : les mystères du Rosaire, détail.
Soubassement à gauche : la donatrice, Herminie, princesse de
Leon. |
L'ORGUE DE TRIBUNE,
LE BAPTISTÈRE ET LES VITRAUX DU XIXe SIÈCLE |
|
Chemin de croix, station XIV
Jésus est mis dans le sépulcre. |
Statue de saint Pierre.
XIXe siècle, art sulpicien ? |
Monument à saint Étienne dans un bas-côté. |
Le baptistère dans le bas-côté nord. |
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Baie 11 : sainte Cécile, sainte Jeanne et sainte
Françoise
accompagnées de saint Hippolyte et de saint Hervé.
Atelier du Carmel du Mans, Ferdinand Hucher, 1893. |
Baie 6, le Pèlerinage de sainte Anne d'Auray,
partie centrale. |
En 1875, l'atelier
des peintres verriers A. Meuret et J. Lemoine,
de Nantes, réalise un vitrail tableau représentant
le Couronnement de sainte Anne d'Auray, scène
du célèbre pèlerinage. L'année
de création (1875) donne à ce vitrail
une connotation politique et sociale certaine. Plusieurs
évêques se tiennent sur le devant de l'estrade,
forts de la certitude de leur foi et conscients de leur
pouvoir sur les âmes. Derrière eux, les
notables affluent. Les bannières sont celles
de l'Église, du roi et de la nation. Devant l'estrade,
des paysans, un genou à terre, s'inclinent humblement
devant les prélats. Dans ce vitrail tableau,
par ces paysans soumis à l'Église, c'est
toute la Bretagne qui proclame sa foi.
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L'orgue de tribune.
Créé par Lehelloco en 1674, il a été
restauré en 1990.
Le buffet d'orgue date de 1677. |
BAIE 6,
LE COURONNEMENT DE SAINTE ANNE D'AURAY |
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Baie 6 : Sainte Anne d'Auray
Atelier d'A. Meuret et J. Lemoine, Nantes, 1875. |
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La nef vue depuis le bas-côté nord. À gauche,
la chapelle Notre-Dame du Roncier (ancienne chapelle Sainte-Catherine). |
Baie 6, Sainte Anne d'Auray, le soubassement illustre une scène
de la campagne : des paysans prient devant une représentation
de sainte Anne.
Atelier d'A. Meuret et J. Lemoine, Nantes, 1875. |
La nef et l'orgue de tribune vus depuis le chœur.
Les bas-côtés sont pourvus de fausses voûtes d'ogives
en bois. |
Documentation : Corpus Vitrearum, les
vitraux de Bretagne, Presses Universitaires de Rennes, 2005
+ Congrès archéologique de France tenu dans à
Brest et à Vannes en 1914, article sur la basilique Notre-Dame
du Roncier par Roger Grand
+ Congrès archéologique de France tenu dans le Morbihan
en 1988, article sur la basilique par Roger Barrié
+ Guide pour la visite, disponible dans la basilique
+ Bretagne gothique de Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult,
éditions Picard
+ Histoire des villes de France par Aristide Guilbert, 1844. |
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