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En 530, la dépouille de saint
Melaine est transférée de Brain-sur-Vilaine à
Rennes,
ville dont il est l'évêque. Un petit monastère
est construit tout près. Proie d'un incendie, il est reconstruit,
puis ravagé par les Normands vers 920. Au XIe siècle,
le moine Even, venu de Saint-Florent-sur-Loire, réforme l'abbaye.
Celle-ci s'accroît, étend son influence pour compter,
à la fin du XIIe, une centaine d'églises rattachées.
C'est au XIe siècle aussi que l'église Notre-Dame
est reconstruite en style roman Au premier tiers ou au dernier tiers
? L'opinion varie selon les auteurs (voir plus
bas). De ce monument roman il nous reste le transept
et une partie du narthex.
Après la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364), qui
ne dégrade que peu l'édifice, celui-ci est néanmoins
reconstruit en partie : les charpentes sont surélevées
; les massives piles romanes de la nef
et du chur
font place à d'élégantes piles quadrilobées
; des baies romanes sont agrandies ; la tour-porche est rebâtie.
L'abbaye connaît ensuite une longue période de décadence
qui sera stoppée par l'arrivée des moines mauristes
en 1628. Vers 1650, un incendie détruit le cloître
qui est alors reconstruit en style classique. Un logis abbatial
s'y ajoute. De ce cloître, il nous reste une très belle
galerie ornée
de cariatides. Les mauristes relèvent aussi la tour-porche
qui menace ruine.
À la Révolution, les moines sont chassés de
l'abbaye. L'église va devenir écurie, puis atelier.
Après la signature du Concordat, Notre-Dame est réaffectée
à l'Église. De 1803 à 1844, elle devient cathédrale
pendant la restauration de Saint-Pierre.
Sous le long vicariat de l'abbé Joseph
Meslé (1825-1873), la tour-porche
prend sa physionomie actuelle : l'architecte Jacques Mellet ajoute
un troisième
niveau et une statue
géante de la Vierge à l'Enfant sur un dôme de
cuivre.
C'est en 1844 que l'église reçoit le titre de Notre-Dame-en-Saint-Mélaine
par ordonnance épiscopale.
En 1942, une fresque
relative aux miracles attribués à saint Melaine est
peinte dans le bras nord transept, tandis qu'en 1958 les restes
d'une fresque du
XVe siècle sont mis à jour dans le bras
sud.
À partir des années 1950, une restauration est entreprise
avec surélévation du dallage de la croisée
et nouveau mobilier.
Par ses vestiges romans encore bien visibles, sur lesquels viennent
se greffer des ajouts gothiques, puis classiques, l'église
Notre-Dame est unique à Rennes.
Sa longueur lui permet d'offrir aux visiteurs une impressionnante
perspective qui reste globalement romane et qui baigne dans une
atmosphère sobre, rustique mais grandiose. De nombreuses
photographies dans cette page s'efforcent d'en donner un bon aperçu.
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La nef et le chur de Notre-Dame-en-Saint-Melaine vus depuis
l'entrée.
Devant le visiteur se dresse l'imposant e carré de la croisée
dont l'essentiel remonte au XIe siècle. |
L'église Notre-Dame-en-Saint-Melaine vue depuis la place
Saint-Mélaine. |
Le bras sud du transept et son aspect roman. |
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Grille d'entrée du Parc
du Thabor, détail. |
Aspects
de l'architecture extérieure.
L'ancienne église abbatiale Notre-Dame-en-Saint-Melaine
est en croix latine, avec un chur
fortement allongé, un transept saillant et un
chevet plat (voir plan plus
bas).
La partie vraiment intéressante est sa magnifique
tour-porche,
modifiée et rehaussée au cours des siècles,
qui domine de sa masse la place S aint-Melaine près
du Parc
du Thabor, dans le quartier nord-est de Rennes.
Une première tour est érigée au
XIe siècle. Vétuste, elle est reconstruite
vers 1432. La Bretagne, sous le règne du duc
Jean V (1399-1442), connaît alors un siècle
d'or. En 1628, les mauristes prennent en charge l'abbaye.
La tour s'écroule en 1672. Elle sera relevée
dès 1676 par l'atelier lavallois de Pierre Corbineau.
Notons que cet atelier se distinguera au XVIIe siècle
par sa maîtrise de l'architecture et des retables,
que ce soit en Bretagne et dans les Pays de la Loire.
Dans l'ouvrage Bretagne, dictionnaire guide du patrimoine,
Jean-Jacques Rioult souligne le remarquable feuillage
«fouetté» des chapiteaux corinthiens
de cette tour. Il ajoute que l'architecte, dans le narthex,
a pris soin de conserver «le souvenir de l'ancienne
distribution romane». Les quatre hautes piles
cylindriques qui ouvrent, au premier niveau, la tour-porche
sur la place Saint-Melaine datent de ces travaux.
La tour présente alors l'aspect que l'on voit
dans le dessin, donné plus
bas, réalisé à l'époque
mauriste.
En 1855, le curé de l'église, Joseph Meslé,
lance les travaux qui vont donner à la tour sa
beauté actuelle. L'architecte rennais Jacques
Mellet est chargé d'ajouter un troisième
niveau. Le projet prévoit un tambour octogonal
ouvert abritant une statue de la Vierge. Finalement,
le tambour sera fermé et abritera les cloches.
La statue géante de Notre-Dame sera juchée
à son sommet, sur un dôme de cuivre. De
la sorte, avec une statue dominant tout le quartier
est de la ville - et d'un point encore plus élevé
que prévu -, le curé Meslé put
manifester son «souci d'affirmer de manière
spectaculaire la présence mariale à Rennes»,
écrit Jean-Yves Vieillard dans le Dictionnaire
du patrimoine rennais.
Cette magnifique tour, avec sa riche ornementation,
vaut la peine d'être observée avec une
paire de jumelles ou un téléobjectif.
Sources : 1) Bretagne,
dictionnaire guide du patrimoine, Éditions
du patrimoine, 2002 ; 2) Dictionnaire du patrimoine
rennais, Éditions Apogée, 2004.
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La tour-porche
---»»»
de
Notre-Dame-en-Saint-Melaine. |
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Notre-Dame et l'Enfant sur le dôme
Plomb doré, 1855. |
«««---
Tour-Porche : fenêtre et
décoration baroque
au premier niveau. |
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Tour-Porche : cariatide dans un écoinçoin du portail.
Atelier Pierre Corbineau, 1676. |
Le troisième niveau et le dôme de la tour-porche.
Architecte Jacques Mellet, 1855-56. |
Le deuxième niveau de la tour-porche.
Atelier Pierre Corbineau, 1676. |
Tour-porche : le fronton du deuxième niveau.
Atelier lavallois de Pierre Corbineau, 1676.
On remarquera les quatre beaux chapiteaux corinthiens au feuillage
«fouetté» |
Détail de l'entablement entre le premier et le deuxième
niveau de la tour-porche.
Cette partie de la tour-porche a été ajoutée
au XVIIe siècle. |
La Vierge et l'Enfant dans les nuées peuplées d'angelots.
Bas-relief de la tour-porche.
Atelier Pierre Corbineau, 1676. |
Vue du Parc du Thabor. |
Vue du Parc du Thabor. |
L'ANCIEN CLOÎTRE
MAURISTE DE L'ABBAYE SAINT-MELAINE |
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L'abbaye Saint-Melaine au temps des mauristes (XVIIe siècle).
La tour-porche n'a que deux niveaux. Le 3e niveau et le dôme,
de style classique, ont été érigés en
1855-56.
La flèche jaune indique la seule galerie du cloître parvenue
jusqu'à nous.
Dans la partie droite du dessin : la petite église paroissiale
Saint-Jean précédée de son cimetière.
«««---
La tour-porche et les jardins de l'ancien cloître. |
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La galerie occidentale du cloître mauriste de l'abbaye Saint-Melaine
(vers 1685).
Ce sont les seuls restes de la démolition de l'été
1939. |
La galerie du cloître mauriste, riche de deux grands médaillons,
est voûtée d'arêtes (XVIIe siècle). |
Porte dans la galerie et son entablement de style classique. |
GRANDS MÉDAILLONS
À LA VOÛTE DE LA GALERIE DU CLOÎTRE MAURISTE |
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Grand médaillon : le Christ présentant ses plaies ? |
Grand médaillon : Apothéose de saint Melaine ? |
Ornementation du cloître mauriste : détail des
écoinçons. |
TROIS CARIATIDES
S'APPUYANT SUR UNE CONSOLE À VOLUTES |
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Le
cloître Saint-Melaine.
L'antique cloître roman de l'abbaye Saint-Melaine
a été détruit par un incendie en
1655, notamment sa partie occidentale.
Les mauristes, arrivés en 1628 et chargés
de réformer l'abbaye, vont relever les bâtiments.
Sous la direction de leur abbé, Jean d'Estrades,
ils bâtissent un logis abbatial, puis, en 1685,
un nouveau cloître en style classique (voir un
dessin d'époque plus
haut).
La démolition partielle entreprise à l'été
1939 ne nous a laissé que la galerie occidentale.
Construite en tuffeau (bien dégradé par
les éléments), elle expose ses très
élégantes sculptures. À l'extérieur
: suite
de piles ornées d'anges cariatides s'appuyant
chacun sur une console à volutes ; à la
voûte de la galerie : deux grands médaillons
illustrant des scènes difficiles à reconnaître
(peut-être le
Christ présentant ses plaies et l'Apothéose
de saint Melaine).
À Rennes
se trouvaient deux abbayes : Saint-Melaine pour les
moines et Saint-Georges (totalement disparu) pour les
moniales. Le cloître qui a précédé
la reconstruction par les mauristes a laissé
une importante série de chapiteaux romans conservés
à Rennes,
au musée de Bretagne.
Sources : 1) Dictionnaire
du patrimoine rennais, Éditions Apogée,
2004, article de Jean-Yves Vieillard ; 2) Note d'information
affichée dans l'église.
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LE NARTHEX DE
L'ÉGLISE NOTRE-DAME-EN-SAINT-MELAINE |
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Priant du curé Joseph Meslé (1873). |
Priant de Joseph Meslé, détail. |
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LA NEF DE L'ÉGLISE
NOTRE-DAME-EN-SAINT-MELAINE |
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Élévation nord de la nef.
Au premier plan, sur l'épaisse pile romane, on remarque une
mouluration accentuée séparant la pile du nu mural.
Pour Marc Déceneux, dans La Bretagne romane, elle aurait
pour origine l'art préroman ottonien. |
Plan de l'église Notre-Dame. |
Aspects
de l'architecture intérieure.
En dépit des restaurations survenues au cours des siècles,
l'architecture intérieure de l'église Notre-Dame
présente un appareil de la fin du XIe ainsi que du
XIVe siècle qui est facilement reconnaissable. L'église
y gagne une indiscutable atmosphère romane de vieilles
pierres, propice au recueillement, une atmosphère qui
est unique dans les églises de Rennes.
C'est à ce titre que l'historien André Mussat
écrit dans un article de 1966 reproduit dans Bretagne,
architecture et identité (Picard, 1997) : «L'église
[romane], dont subsistent encore de belles et importantes
parties, peut donc avoir été construite dans
le dernier tiers du XIe siècle, dans un style à
la fois rustique - par l'appareil de ses murs - et grandiose
- par l'ampleur de son transept
aux arcs imbriqués.»
Même si, en 1998, Marc Déceneux dans La Bretagne
romane situe la construction dans le premier tiers du
XIe siècle, rustique et grandiose sont
bien les adjectifs qui viennent à l'esprit quand on
se trouve dans le transept
de Notre-Dame-en-Saint-Melaine, assurément l'endroit
le plus chargé d'histoire de l'édifice. La croisée
était jadis fermée, à l'est et à
l'ouest, par deux arcs de même hauteur que ceux qui
ouvrent vers les bras nord et sud. L'arc oriental a été
supprimé, vraisemblablement par les mauristes, au XVIIe
siècle.
Au XIIIe siècle, la croisée du transept
a été couverte d'une voûte, plus basse
que la voûte actuelle. On en voit encore les amorces
d'ogives et les formerets (flèches dans une photo plus
bas). Cette voûte a été rehaussée
au XVIIe siècle par les mauristes.
C'est après la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364)
que la nef et
le chur
ont gagné en élégance par la modification
de leurs piles : le roman massif a laissé la place
à des piliers quadrilobés.
Voûtes en bois, sablières et entraits achèvent
de donner à l'église Notre-Dame un cachet ancien
qui mérite l'iattention du visiteur.
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Le bas-côté sud vu depuis l'avant-nef.
À l'arrière-plan : la chapelle
absidiale sud.
Les bas-côtés sont ornés des grandes toiles du
Chemin de croix, uvre du peintre Charles Galbrun réalisée
vers 1847. |
Chemin de croix, station VI : Véronique essuie la face de Jésus.
Charles Galbrun, vers 1847. |
Origine
de l'église abbatiale : début ou fin du XIe
siècle ? (1/2)
La plupart des présentations de l'église Notre-Dame
donnent le XIe siècle comme date de la reconstruction
après les dévastations normandes survenues vers
l'an 920. Sans préciser le début ou la fin du
siècle : le premier tiers ou le dernier tiers ? Sur
ce point, le flou semble régner, voire les désaccords.
En 1966, dans un article sur les cloîtres de Saint-Melaine
et de Daoulas reproduit dans Bretagne, architecture et
identité (Picard, 1997), l'historien André
Mussat penche pour le dernier tiers du siècle. Cette
même année, Denise Robert-Maynal, dans le Dictionnaire
des églises de France (Robert Laffont, 1966) propose,
sans apporter de détails, le premier tiers : «Le
portail intérieur,
écrit-elle, établi sous la tour de façade
et le transept
datent des environs de 1032.»
En 2002, dans Bretagne dictionnaire guide du patrimoine,
Jean-Jacques Rioult reste dans le flou du XIe siècle
: «(...) l'abbaye, connue dès l'époque
mérovingienne, fut rebâtie au XIe s., après
les invasions normandes.» À propos d'un escalier
droit menant à une chapelle au-dessus de la nef,
il fait toutefois une rapide allusion à une «formule
habituelle dans les édifices carolingiens, encore employée
dans les premiers temps de l'époque romane.»
En 2004, Jean-Yves Vieillard, dans le Dictionnaire du patrimoine
rennais, rajeunit un peu la période en proposant
la fin du XIe et le début du XIIe.
Toujours présent dans l'église en 2023, un panneau
d'information propose aux visiteurs un texte plus précis,
sous le titre Repérons-nous. Après avoir
rappelé l'arrivée du moine Even à l'abbaye
Saint-Melaine pour en mener la réforme, l'auteur du
texte, Xavier des Abbayes, écrit : «Son successeur,
Gervais, reconstruit entre 1081 et 1109 l'ensemble de l'église
sur un plan voisin de l'abbatiale de Cluny (Cluny II).»
Ce qui le met en accord avec Jean-Yves Vieillard.
Cependant, dès 1998, on trouve une datation différente
de l'église abbatiale.
---»» Suite 2/2
à gauche.
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Origine
de l'église abbatiale : début ou fin du XIe
siècle ? (2/2)
---»» Dans son ouvrage La Bretagne romane
(Éditions Ouest-France), Marc Déceneux, qui
indique être «docteur en histoire de l'art et
archéologie, spécialisé en architecture
médiévale», retient le premier tiers du
XIe siècle et apporte des éléments neufs
pour étayer son choix.
En effet, l'architecture romane de l'édifice offre
des caractéristiques précises : amples dimensions,
grande largeur de la nef,
muralité des piles, nombreuses fenêtres de grande
taille, voûtes en bois. Tout ceci «évoque
immédiatement les imposantes carcasses charpentées
des basiliques ottoniennes et de leurs antécédents
carolingiens.» Cette idée est confortée,
dans son esprit, par la présence d'une croisée
conçue comme un carré, fermé en partie
par de longs murs pleins, comme on peut le voir à l'église
abbatiale Saint-Georges d'Oberzell à Reichenau en Bade-Wurtemberg
(église classée par l'UNESCO au patrimoine mondial
de l'Humanité).
Marc Déceneux écrit : «Cette ressemblance
de Saint-Melaine avec de grandes églises de l'Empire
ottonien s'explique par un fait historique : l'abbé
Tetbaldus, qui dirigeait le monastère vers l'an mil,
avait été élevé en Bourgogne où
les influences germaniques étaient vives.» Vers
990, Tetbaldus devint évêque de Rennes.
La mense épiscopale lui permit de faire bâtir
une grande église inspirée des monuments qu'il
avait vus dans sa jeunesse. En 1026, ajoute Marc Déceneux,
l'église, achevée ou pas, pouvait déjà
accueillir la foule des fidèles.
Il conclut : «C'est donc avec la plus grande probabilité
que nous verrons dans l'église Saint-Melaine une uvre
du premier tiers du XIe siècle.»
Après un examen attentif de l'architecture (nudité
des murs, rythme désordonné des travées
dû au décalage entre piles et fenêtres
hautes, mouluration marquant une séparation nette entre
piliers porteurs et nu mural), l'historien précise
l'idée qui, selon lui, a guidé les constructeurs
: «C'est en somme une pensée romane dans sa plénitude,
exprimée dans un langage architectural préroman».
Là où André Mussat, explique Marc Déceneux,
voyait un retard technique de la fin du XIe siècle,
il faut plutôt voir, précise-t-il, une uvre
préromane «originale et novatrice».
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Chemin de croix, station VII : Jésus tombe pour la deuxième
fois.
Charles Galbrun, vers 1847. |
La nef et l'élévation nord vues depuis l'avant-nef.
Au XIVe siècle, après la guerre de Succession de Bretagne, les piles romanes massives
de la nef et du chur
ont été remplacées par des piles quadrilobées.
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Chemin de croix, station XI
Jésus est cloué sur la croix.
Charles Galbrun, vers 1847. |
Chemin de croix, station XII
Jésus meurt sur la croix.
Charles Galbrun, vers 1847. |
L'église
Notre-Dame et la loi de 1905 (1/2).
La Séparation de l'Église de l'État,
votée le 9 décembre 1905 par l'Assemblée,
a souvent créé des remous dans les paroisses
de l'Hexagone. L'État prenait possession de tous les
éléments cultuels de France, mais surtout obligeait
le clergé à soumettre chacune de ses églises
à un inventaire du mobilier et de tous les objets utilisés
pour la liturgie. Prélats et fidèles en furent
scandalisés. Du jamais vu depuis deux mille ans ! Du
jamais vu depuis que l'Église est l'Église !
Soucieux de leurs prérogatives, de l'honneur de la
religion qui a fait la France, les ecclésiastiques
prirent ces incursions et ces comptages pour une profanation
inadmissible, une insulte à Dieu. Et les paroissiens
leur emboîtèrent le pas : personne ne devait
souiller le sol des églises pour se livrer à
cette mascarade impie !
À Rennes,
le préfet d'Ille-et-Vilaine, M. Rault, prévoyait
des barrages devant les portes des édifices religieux.
Il pensa d'abord mener les inventaires à une date précise
pour chacun d'entre eux, puis se ravisa. C'était trop
facile pour les paroissiens : si tous les Rennais opposés
à la loi se regroupaient à chaque fois devant
les portes de l'édifice concerné, son labeur
allait se multiplier. Il décida donc de réaliser
tous les inventaires en même temps : le vendredi 16
février 1906.
La situation du Préfet était compliquée.
En effet, devant la politique anticléricale du gouvernement,
les villes avaient tendance à élire des maires
catholiques et souvent pratiquants. C'était le cas
à Rennes
où Eugène Pinault, un riche tanneur, par ailleurs
conseiller municipal et ancien député d'Ille-et-Vilaine,
avait été élu à la mairie en 1900.
Une responsabilité qu'il honorera jusqu'en 1908. L'historien
Xavier Ferrieu l'écrit dans son Histoire de Rennes
(Gisserot, 2001) : Pinault avait clairement annoncé
qu'il refusait d'assurer le maintien de l'ordre lors des inventaires...
Même si le cardinal Labouré, archevêque
de Rennes
avait recommandé aux curés de laisser les églises
ouvertes, le Préfet savait très bien que les
Rennais allaient s'opposer à la «profanation»
des églises par la fonction publique. Anticipant des
échauffourées et en l'absence de la police,
il lui fallait disposer d'une force armée suffisante.
Le témoin des événements décrit
ainsi la journée du jeudi 15 février : «De
tous les côtés, par tous les trains, arrivent
les gendarmes. Tous ceux du département, ceux même
des départements voisins, jusque de Lannion, ont été
appelés pour la grande journée. Habitués
à protéger l'ordre, et à poursuivre les
coquins et les voleurs, ils se sentent bien un peu déconcertés
de la triste besogne qu'on leur impose. Pauvres gens ! Ils
n'avaient pas rêvé de devenir gendarmes pour
assister au sac des églises, ou à la violation
des propriétés.»
À 18 heures ce même jour, le calme règne
dans Rennes.
Les agents de l'État sont entrés dans les églises
pour repérer les points faibles, nous dit ce témoin
qui ajoute non sans malice : «Ils savent par où
ils pourront tenter l'effraction.
À 23 heures, les portes des églises sont gardées
par des escouades. À minuit, la ville est en état
de siège. Pour rentrer chez eux, les habitants dont
les maisons sont proches des édifices cultuels doivent
établir leur identité et se faire accompagner
par un agent de police.
Le témoin poursuit : «Toute la garnison
de Rennes
a été mobilisée : les 14 compagnies du
41e de ligne, en tenue de campagne, avec deux paquets de cartouche
dans chaque giberne, les artilleurs des 7e et 10e d'artillerie,
- les gendarmes, 500, dit-on -, arrivés de partout.
Tout cela pour enfoncer les portes de six églises,
et inspirer une salutaire terreur à quiconque voudrait
bouger.»
Arrive le matin du vendredi 16 février 1906. ---»»
Suite 2/2
plus bas
|
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Le bas-côté nord vu de l'avant-nef.
Il débouche sur une chapelle absidiale qui présente
le seul vitrail
entier
qui soit resté du XIXe siècle. |
LE TRANSEPT ROMAN
DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME-EN-SAINT-MELAINE |
|
La CROISÉE et son univers roman de la fin du XIe siècle.
C'est à bon droit que l'historien André Mussat qualifie
le style roman de l'église de «rustique» et «grandiose».
Face aux grandes orgues,
la croisée est fermée par un arc dit «occidental».
Jadis, elle l'était aussi à l'est par un arc «oriental».
Ce sont vraisemblablement les mauristes qui l'ont détruit
lors de leurs travaux au XVIIe siècle.
Les amorces d'ogives et les formerets de la première
voûte, plus basse que la voûte actuelle, sont encore
visibles (flèches blanches). |
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Aspect roman : la croisée avec vue vers le bras sud du transept. |
Amorces d'ogives
sur la pile sud-ouest de la croisée. |
Aspect roman : la croisée et la nef vues depuis le chur. |
Amorces
d'ogives.
La plupart du temps, les amorces d'ogives signalent des travaux
prévus, mais non exécutés. C'est souvent
dû à un manque de fonds, plus rarement à
un changement dans le projet architectural - voir à
ce titre les amorces de l'église Saint-Germain
à Rennes.
À Notre-Dame, c'est le résultat du rehaussement
de la voûte de la croisée, entrepris probablement
par les mauristes au XVIIe siècle.
|
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Aspect roman de l'église : le bras sud du transept et la croisée.
XIe siècle.
À l'arrière-plan, la fresque murale d'André Mériel-Bussy
réalisée en 1942. |
Statue de saint Melaine. |
Intrados roman dans le bras sud du transept.
XIe siècle. |
Saint
Melaine. Ce saint breton est né
à Brain, aux environs de Redon, vers l'an
450. Selon son premier hagiographe (texte rédigé
au VIIe siècle), «il était
l'héritier d'une puissante famille gallo-romaine
et chrétienne», écrit Bernard
Rio dans Le Livre des saints bretons. À
ce titre, il aurait fréquenté Eusebius,
gouverneur de Vannes. Devenu moine, puis abbé
de son monastère, Melaine est désigné
par saint Amand comme son successeur au siège
épiscopal de Rennes.
Melaine devint évêque de Rennes
en 505.
Par son action auprès de Clovis, dont il
fut l'un des conseillers, Melaine se situe dans
la mouvance chrétienne gallo-romaine opposée
au christianisme celtique. ---»» Suite
ci-dessous.
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---»» Au Concile
d'Orléans de 511, l'épiscopat gallo-romain
prit le parti de la dynastie franque, récemment
convertie au christianisme. Bernard Rio écrit
que le rôle politique de saint Melaine fut prépondérant
en Armorique : l'évêque servit d'intermédiaire
entre Clovis et la population.
Melaine s'éteint vers 530. Son corps fut transporté
de l'abbaye de Brain-sur-Vilaine à Rennes.
et «inhumé dans un cimetière situé
au nord-est de la ville, hors des murs de l'ancienne
cité gallo-romaine», écrit Jean-Yves
Vieillard dans le Dictionnaire du patrimoine rennais.
À l'emplacement de sa tombe on éleva une
église qui donna naissance plus tard à
l'abbaye Saint-Melaine.
En tant que saint guérisseur, Melaine est invoqué
dans les calamités publiques. En 1936, le saint
fut choisi comme patron principal du diocèse.
Sources : 1) Le livre
des saints bretons de Bernard Rio, éditions
Ouest-France, 2018 ; 2) note affichée dans l'église
; 3) Dictionnaire du patrimoine breton, Apogée,
2004.
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Bras nord du transept : fresque de 1942 d'André Mériel-Bussy
(1902-1984).
Une procession de moniales demande à saint Melaine de guérir
un enfant mourant.
Les petites fenêtres romanes subsistent toujours dans le bras
nord du transept. |
Vitrail moderne dans le bras sud du transept. |
Statue d'une sainte (bras sud du transept). |
Détail de la fresque d'André Mériel-Bussy
(1902-1984). |
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Prosper
Mérimée à Notre-Dame.
En 1835, lors de son voyage dans l'Ouest de la France en tant
qu'inspecteur général des Monuments historiques,
l'écrivain Prosper Mérimée passe à
Rennes.
À Notre-Dame-en-Saint-Melaine, il ne remarque rien
de la massive croisée romane du XIe siècle,
rien non plus de l'élégance des arcades de la
nef et du chur.
(Dans quel état se présentaient alors ces éléments
architecturaux?) Il se contente du narthex.
Il écrit en effet dans ses Notes adressées
en 1836 au ministre de l'Intérieur : «À
Sainte-Melaine [sic], l'ancienne cathédrale, on voit
un porche orné de colonnes engagées qui m'ont
paru du douzième siècle. Leurs chapiteaux ont
été couverts de plâtre, pour ménager,
m'a-t-on dit, la pudeur des fidèles. Ce porche offre,
je crois, le seul exemple du style roman que l'on puisse trouver
à Rennes.
Quant au reste de l'église, c'est une restauration
du seizième et surtout du dix-septième siècle,
absolument sans intérêt.»
Source : Notes d'un voyage
dans l'Ouest de la France,
Prosper Mérimée, 1836.
|
Saint Melaine interpelle
le Ciel dans la fresque d'André Mériel-Bussy.
---»»» |
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Aspect roman : le bras sud du transept.
Des travaux anciens ont creusé une grande baie au sud là
où il y avait vraisemblablement trois petites baies romanes,
comme au nord. |
Statue d'un Christ à la colonne.
Bras sud du transept. |
L'église
Notre-Dame et la loi de 1905 (2/2).
---»» La paroisse Notre-Dame
est la plus aristocratique de la ville. Le Préfet
s'attend donc à «de nombreuses et énergiques
protestations», écrit le témoin,
des protestations doublées d'une protection de
l'église par les paroissiens. Deux rues seulement
mènent à l'édifice ; elles sont
fortement barrées par la troupe. Les trois autres
abords (Préfecture, Archevêché et
Jardin des Plantes) ne présentent aucun risque.
Le témoin résume l'inventaire en deux
phrases courtes : «M. le Préfet en a été
pour ses frais de représentation. Il n'y a pas
eu la moindre résistance, ni le moindre incident.»
À 7 heures 30, la foule est massée près
des barrages. Le témoin ne mentionne ni
cantique, ni cri. Le curé de l'église,
deux vicaires et trois membres du Conseil de fabrique,
sortent du presbytère, vont à l'église,
gravissent les marches devant l'entrée et attendent.
Arrive M. Chapron, sous-inspecteur de l'Enregistrement,
qui se présente seul.
Comme dans les autres églises de Rennes,
le curé lit une protestation formelle : lui-même
est responsable de la conservation des biens de Notre-Dame
transmis par les siècles et la piété
des fidèles ; seul le pape peut le relever de
cette obligation, mais il n'a pas encore parlé
; le curé et ceux qui l'accompagnent ne pourront
être que les spectateurs attristés de l'exécution
du mandat administratif ; enfin, les paroissiens sont
priés de s'abstenir de toute manifestation violente
car «on ne doit franchir le seuil d'une église
que pour prier Dieu et le remercier de ses bienfaits.»
Le sous-inspecteur demande alors à rentrer. Comme
le curé s'y oppose, le fonctionnaire se retire
pour en référer au Préfet. À
9 heures, il est de retour, accompagné de quelques
soldats d'artillerie munis de haches, de pics et de
leviers. Dédaignant la grande porte, le petit
groupe (auquel s'est joint un commissaire de police)
passe par la grille
du parc du Thabor et se dirige vers la petite porte
du côté sud. (Cette porte est indiquée
sur le plan
donné plus haut.) Le commissaire fait exécuter
les trois sommations réglementaires, puis demande
aux soldats de forcer la porte. Ce qui est fait rapidement
: le bois qui entoure la serrure est démoli sans
difficulté. À 9 heures 15, le sous-inspecteur
rentre dans l'édifice, «fait un simulacre
d'inventaire dans l'église», écrit
le témoin, puis gagne la sacristie. L'inventaire
y dure plus d'une heure car il est mené en détail,
non compris le coffre-fort qui n'a pas été
inventorié.
Dans les rues avoisinantes, des cantiques retentissent,
on récite le chapelet. À 10 heures 30,
tout est terminé. Les officiels s'en vont et
la grande porte est ouverte aux fidèles.
Source : À l'assaut
de nos églises, récit anonyme d'un
témoin, publié en 1906.
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La fresque dite du Baptême du Christ, datée
du XVe siècle, a été mise à jour en 1958.
Bras sud du transept. |
Renard et salamandre (en haut à gauche)
s'ébattent parmi les fraisiers sauvages. |
Un village et une église complètent la scène
du Baptême du Christ. |
Fresque du XVe siècle
---»»
Les deux personnages de la Décapitation de Jean-Baptiste
portent un vêtement de gentilhomme du XVe siècle. |
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La Translation du corps de saint Melaine
de Brain-sur-Vilaine à Rennes.
Atelier Rault à Rennes
(années 1950 ?) |
La
fresque du Baptême du Christ (XVe siècle).
Cette fresque, découverte en 1958,
semble contenir deux scènes : le Baptême
de Jésus à gauche et, à droite,
la Décapitation de Jean-Baptiste. La première
est nettement reconnaissable alors que la seconde est
quasiment effacée. Une tour coiffée d'une
niche grise sépare les deux scènes.
Le baptême se passe dans un jardin avec des illets,
un renard, une salamandre et des fraisiers sauvages.
Dans la partie gauche de la scène s'étend
un village où se dresse une église. Le
vêtement de Jean-Baptiste «laisse apparaître
des pattes de chameau faisant référence
à ses vêtements en peau de bête»,
lit-on sur la note affichée dans l'église.
Dans le phylactère au-dessus de Jean-Baptiste,
il est écrit : «Je sais qu'Il est le vrai
Fils de Dieu».
Dans le dessin de droite, les deux personnages de la
Décapitation (Jean-Baptiste et son bourreau?)
portent des vêtements de gentilshommes du XVe
siècle (ci-dessous).
Nota : dans les photos de la fresque proposées
ici, les contrastes ont été forcés.
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Statue du Christ, détail.
Bras nord transept.
««---
Fresque du XVe siècle
Saint Jean-Baptiste
baptise Jésus
à l'aide d'une coupelle.
La qualité du dessin
fait regretter la disparition
du reste... |
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Pierre tombale d'un abbé. |
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Translation du corps de saint Melaine, détail central du vitrail.
Atelier Rault, Rennes. |
LE CHUR
DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME-EN-SAINT-MELAINE |
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Le chur et son élévation sud vus depuis la croisée.
Les piles trilobés ont remplacé des piles romanes massives
lors de travaux intervenus au XIVe siècle, après la
guerre de Succession de Bretagne (1341-1364). |
Vitrail non figuratif dans le chur.
Atelier Barillet, carton de Jean le Moal. |
Les
vitraux de l'église.
La plupart des vitraux ont été détruits
dans les bombardements de la seconde guerre mondiale.
Le XIXe siècle avait dû pourvoir l'édifice
en verrières diverses car ce qui nous en reste
date de cette époque.
Dans la chapelle absidiale nord subsiste un vitrail
de l'atelier Champigneulle portant une signature : «CHAMPIGNEULLE
Bar-le-Duc 1881». La scène
centrale, qui illustre le Rosaire donné par
la Vierge à saint Dominique, est entourée
de médaillons contenant des scènes de
la Vie de Jésus. Parmi elles, on remarque un
Couronnement
d'épines original : l'un des bourreaux tire
la langue au Christ.
Dans la chapelle absidiale sud (dédiée
à saint Joseph?) ne subsiste du vitrail du XIXe
siècle que le tympan : le roi
David et une sainte accompagnent un saint Joseph
portant l'Enfant.
Deux vitraux contemporains méritent d'être
signalés : d'abord la Translation
de la dépouille de saint Melaine de BTranseptSudrain-sur-Vilaine
à Rennes,
vitrail réalisé par l'atelier Rault (années
1950?), puis la verrière axiale du chur
(donnée ci-dessus)
réalisée par l'atelier Barillet sur un
carton de l'artiste contemporain Jean le Moal.
Les autres
vitraux présentent des formes géométriques
assez simples, la plupart du temps losangées.
Terminons en soulignant que les travaux réalisés
au cours des siècles ont modifié certaines
petites baies romanes, ce qui est le cas dans le bras
sud du transept..
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Notre-Dame de Rennes, détail.
Chapelle absidiale nord, art populaire. |
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L'autel et la tapisserie de Jean le Moal dans le chur.
Aucun texte n'a été trouvé sur le thème
biblique ou le symbole illustré par Jean le Moal. |
Les arcades sud du chur (XIVe siècle). |
La chapelle absidiale nord et le chur. |
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Chapelle absidiale nord. |
Vitrail du Rosaire (atelier Champigneulle, 1881) dans la chapelle
absidiale nord. |
Deux scènes de la Passion.
Vitrail du Rosaire
Atelier Champigneulle, 1881, |
David et sa lyre.
Tympan du vitrail de la chapelle absidiale sud. |
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Vitrail non figuratif dans un bas-côté. |
Scène de la Vie de Jésus : le Couronnement d'épines.
Vitrail du Rosaire, atelier Champigneulle, 1881. |
Vitrail de la chapelle absidiale sud.
Seul le tympan a survécu aux bombardements
de la seconde guerre mondiale. |
Chapelle absidiale sud. |
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L'orgue de tribune de 1879 est dû à Claus, contre-maître
du facteur Cavaillé-Coll. |
Détail du vitrail du Rosaire dans la chapelle absidiale
nord.
En bas à droite, il porte la signature : «CHAMPIGNEULLE
Bar-le-Duc 1881» |
Les
grandes orgues.
Elles sont présentées, sur
un panneau dans l'église, comme un orgue romantique
construit par Claus, qui était contremaître
du célèbre facteur Cavaillé-Coll.
L'orgue a été inauguré en 1879
par César Franck, à l'époque titulaire
du grand orgue Cavaillé-Coll de Sainte-Clotilde
à Paris, et par Charles Collin, lui-même
titulaire du grand orgue de la cathédrale de
Saint-Brieuc. Le panneau ajoute que Charles-Auguste
Collin, fils du précédent, a été
l'organiste réputé des grandes orgues
de Notre-Dame-en-Saint-Mélaine de 1884 à
1938.
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La nef et l'orgue de tribune vus depuis la croisée. |
Documentation : panneaux affichés dans
l'église
+ «La Bretagne romane» de Marc Deceneux, Éditions
Ouest-France, 1998
+ «Dictionnaire des églises de France», Éditions
Robert Laffont, 1966
+ «Dictionnaire du patrimoine rennais», Éditions
Apogée, 2004
+ «Bretagne, dictionnaire guide du patrimoine», Éditions
du patrimoine, 2002
+ diverses notices de la base Mérimée
+ «À l'assaut de nos églises», récit
anonyme d'un témoin, livret édité en 1906
+ «Histoire de Rennes» de Xavier Ferrieu, éditions
Gisserot, 2001
+ «L'Ille-et-Vilaine des origines à nos jours»,
Éditions Bordessoules, 1984. |
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