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Visiter la ville de Rennes
sans voir sa cathédrale est une faute impardonnable. Le style
néoclassique de ce grand édifice, avec sa suite de
colonnes ioniques dans la nef,
et la somptueuse voûte à caissons récemment
restaurée lui confèrent une beauté rare au
sein des cathédrales françaises. Ici, pas question
de roman ni de gothique, la cathédrale Saint-Pierre affiche
le néoclassicisme le plus pur.
Au XVIe siècle, la cathédrale qui a précédé
le bâtiment actuel accumulait les dégradations et les
dangers. La reconstruction commença vers 1540 par la façade.
Les complications s'ajoutant aux retards, deux siècles furent
nécessaires pour l'ériger. Quant à la nef,
elle menaçait ruine : en février 1754, une grosse
pierre et de lourds éléments de maçonnerie
se détachèrent de la voûte en plein office,
près des stalles des chanoines. Le temps pressait : elle
fut détruite entre 1756 et 1768. L'église Notre-Dame
en la paroisse saint-Melaine fit alors office de cathédrale.
Le choix des plans de la future nef prit plusieurs décennies.
Les premiers furent refusés : ceux de Joseph Abeille en 1750
qui optaient pour une église en croix grecque ; ceux de Nicolas-Marie
Potain, en 1765, pourtant grand-prix de Rome en 1738, auteur des
plans de l'église
de Saint-Germain-en-Laye, bras droit d'Ange-Jacques Gabriel,
et soutenu par le marquis de Marigny ; ceux de l'ingénieur
Jacques Piou en 1781, rejetés avec mépris par l'Académie,
quasiment pour incompétence de l'architecte, mais en fait
parce que les idées du concepteur étaient démodées.
Finalement, c'est le troisième projet d'un trentenaire nantais,
ancien élève de l'Académie royale d'architecture,
Mathurin Crucy (1749-1826) qui fut retenu en 1786 : un plan
néoclassique en croix latine, clairement imitateur de l'antique
et... à coûts réduits. Le choix intrigue : Crucy
revenait tout juste de son séjour à l'Académie
de France à Rome après avoir obtenu le grand prix
en 1774 et n'avait aucune référence à présenter.
Dans La cathédrale Saint-Pierre de Rennes (PUR, 2021),
Alain Delaval émet une hypothèse : Crucy était
un bon ami du secrétaire particulier du marquis d'Aubeterre,
nommé commandant de la province en 1775 et ami de longue
date de l'évêque de Rennes,
Mgr Bareau de Girac.
La nouvelle nef s'éleva à partir de 1787. Le tiers
de la hauteur était achevée quand la Révolution
interrompit les travaux. La cathédrale n'étant pas
retenue parmi les églises à garder dans le découpage
des paroisses rennaises établi par l'Assemblée constituante,
le bâtiment fut mis en vente au titre de bien national. Aucun
acheteur ne se présenta.
Sans voûte convenable, se dégradant de plus en plus,
il resta en déshérence jusqu'à l'Empire. En
1807, son sort parut scellé : un décret impérial
autorisa la construction d'une halle aux blés sur l'emplacement
de la cathédrale. Le décret fut contré avec
succès par le chapitre qui se battit à la fois pour
le terrain et le bâtiment. En fin de compte, les chanoines
obtinrent gain de cause et les travaux purent reprendre en 1816
sous la direction du jeune architecte rennais Louis Richelot,
lui-même supervisé de loin par Mathurin Crucy, pris
par ses obligations nantaises.
En 1841 fut nommé évêque de Rennes
un prélat de trente-huit ans, Grégory
Brossays Saint-Marc. Avec l'aide de l'architecte Charles
Langlois, ce prélat déterminé engagea un
vaste chantier décoratif visant à donner à
sa cathédrale un aspect de basilique romaine tel qu'on le
voit actuellement. L'artiste guingampais Alphonse
Le Hénaff fut sollicité pour peindre le cul-de-four
du chur
et les cortèges des saints bretons dans son déambulatoire.
Brossays Saint-Marc sera vicaire de la cathédrale de 1841
à 1878 et contribuera à créer la province ecclésiastique
de Bretagne : en 1859, Rennes
deviendra ville métropolitaine, siège de l'archevêché.
L'édifice subira quelques dégâts lors des bombardements
de la seconde guerre mondiale. Le grand
orgue, un Cavaillé-Coll de 1874, fut très restauré
par le facteur Haerpfer-Erman en 1970.
La cathédrale Saint-Pierre, classée monument historique
en 1906, malheureusement trop peu connue, est l'une des cathédrales
françaises les plus récentes. Elle regorge d'uvres
d'art, quasiment toutes datées du XIXe siècle. À
ce titre, le visiteur peut y admirer un intéressant panorama
de la peinture religieuse française dans un siècle
marqué par un regain de dévotion après la Révolution.
Dans les années 2010, une restauration en profondeur, terminée
en 2019, a redonné tout son éclat à l'un des
plus beaux édifices religieux de Bretagne.
Depuis 2019, une partie du trésor
est présenté aux visiteurs. Les pièces de liturgie,
essentiellement du XIXe siècle, y côtoient un magnifique
retable
anversois daté de 1530 qui mérite le coup d'il.
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Page
1 : Extérieur,
narthex, nef,
vitraux et chapelles
latérales ;
Page 2
: Croisée
du transept, bras
nord, bras
sud, chur
et déambulatoire
;
Page 3
: Trésor et retable
anversois. |
Vue d'ensemble de la cathédrale depuis l'avant-nef.
Dès son entrée, le visiteur est frappé par le
fort contraste entre la froideur romaine du stuc-marbre
des colonnes de la nef et la brillance de la voûte éclairée
par ses dix lunettes. |
LA FAÇADE
DE LA CATHÉDRALE SAINT-PIERRE DE RENNES |
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Architecture
extérieure.
L'intérêt de cette architecture réside
exclusivement dans sa façade. La cathédrale
actuelle a été construite par étapes
et la façade, érigée avant le reste,
est le résultat de deux siècles de réflexions
et de projets d'architectes successifs. La façade
fut décriée dès sa finition. Pourtant
ses cinq niveaux s'élèvent avec élégance
près des Portes
Mordelaises.
La présence de quatre colonnes géminées
à chaque étage lui confère une
indiscutable impression de robustesse et de grandeur
et donne à Saint-Pierre de Rennes
un cachet particulier au sein des cathédrales
de France.
La reconstruction en granit de cette façade est
décidée dans les années 1530 ;
la première pierre, posée en 1541. Cependant,
la seconde moitié du XVIe siècle, avec
ses guerres de Religion et ses troubles de la Ligue,
va tout mettre à l'arrêt. Le chantier reprend,
sous Louis XIII, dans les années 1630, avec Germain
Gaultier comme architecte.
Les États de Bretagne, le clergé et les
bourgeois rennais vont participer à son financement,
non sans renâcler. Quelques dons, via des troncs
dans les chapelles, s'ajouteront aux fonds disponibles.
Au final, une fois l'analyse des sources terminée,
c'est «la ville de Rennes
qui supporta l'essentiel du poids financier du chantier
de la façade», écrit l'historien
Philippe Bonnet dans le maître-ouvrage La cathédrale
Saint-Pierre de Rennes paru aux Presses Universitaires
de Rennes
en 2021
Les Rennais du Grand Siècle savent fort bien
que le prestige de leur cité repose en partie
sur l'élégance de cette façade
car la cathédrale est l'église-mère
de la ville. C'est le point de départ et d'arrivée
des principales processions, notamment celle de la Fête-Dieu
et celles que le clergé organise quand est sollicitée
la clémence divine contre le malheur du temps.
Point plus macabre rappelé par Georges Provost
dans l'ouvrage cité plus haut : c'est devant
les portes de Saint-Pierre que les condamnés
à mort font amende honorable avant d'être
conduits au gibet des Lices. Bref, les Rennais renâclent,
mais savent bien que la dépense ne peut être
évitée.
Un il attentif sur la photo ci-contre fera remarquer
la succession des ordres architecturaux sur les étages
: toscan en bas, puis ionique, corinthien, composite,
et enfin l'attique.
La façade a été érigée,
pour l'essentiel, après 1650. Après l'intervention
de l'architecte Tugal Caris dans les années
1640, le maître architecte Pierre Corbineau,
éminent représentant d'une dynastie de
retabliers lavallois, est appelé à la
rescousse en 1654 pour sortir la construction de sa
torpeur. Après sa mort en 1678, François
Huguet prendra la relève et achèvera
la façade. C'est à lui que l'on doit le
bas-relief
en tuffeau qui relie les massifs des tours au quatrième
niveau.
Sur le plan esthétique, la façade se rattache
au style du début du XVIIe siècle. Son
ordonnancement rappelle celui de l'église parisienne
de Saint-Gervais-Saint-Protais
élevée à partir de 1616 par Salomon
de Brosse.
Philippe Bonnet en fait le constat : «Elle apparaît
clairement déphasée par rapport à
l'évolution artistique de son temps, écrit-il,
marquée par le triomphe des formules issues de
la Contre-Réforme romaine, avec des frontispices
à deux registres superposés de largeur
inégale reliés par des ailerons, tandis
que déclinait le parti d'origine médiévale
de la façade harmonique à deux tours».
Pourtant cette mode désuète va connaître
un regain de faveur dans la France du XVIIIe siècle,
d'abord pour les rares cathédrales érigées
à cette époque, mais surtout pour les
monastères. Philippe Bonnet pose la question
: Est-ce une réaction aux principes artistiques
de la Contre-Réforme ? Faut-il y voir la marque
du gallicanisme français, toujours désireux
de s'écarter des modes ultramontaines ?
La façade ne fut réellement achevée
qu'en 1703, année du paiement des dernières
quittances.
Source : La cathédrale
Saint-Pierre de Rennes, P.U.R, 2021.
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Bas-relief au deuxième niveau de la façade :
Écusson de Monseigneur
H. de la Mothe-Houdancourt. |
Bas-relief portant l'écusson de
C. de la Porte de Vesins, lieutenant
général au gouvernement de Bretagne. |
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La façade occidentale de la cathédrale Saint-Pierre. |
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Prosper
Mérimée et Hyppolyte Taine à Rennes.
Prosper Mérimée, inspecteur général
des Monuments historiques, passe à Rennes
en 1835. Il commence son rapport sur la ville par ces
mots :
«Il n'existe pas, je crois, une seule ville en
France qui ne soit plus riche en antiquités.
En 1720, Rennes
a été détruite en grande partie
par un incendie, d'où est résultée
la reconstruction presque totale de la ville, et aujourd'hui
il n'y a guère de bâtiment considérable
qui ne soit postérieur à cette catastrophe.
La manière, le mauvais goût du dix-huitième
siècle déparent presque tous les édifices
publics, qui d'ailleurs, construits en granit, offre
une teinte grise, uniforme, à laquelle mes yeux
ont de la peine à s'habituer. Il faut cependant
reconnaître dans quelques-uns un caractère
de grandeur. L'intérieur de la cathédrale
moderne, par exemple, mérite des éloges.»
Rappelons que, en 1835, il n'y a pratiquement pas de
décoration intérieure.
À l'opposé, Hippolyte Taine, qui voyage
en France de 1863 à 1866, n'aime ni la ville
ni sa cathédrale. Il écrit :
«Belles grandes rues monumentales au centre, pavés
et trottoirs en granit ; mais rien pour le goût.
La ville a été brûlée au
XVIIIe siècle ; la cathédrale, à
colonnes superposées en consoles, n'a rien d'intéressant
au-dehors, et au-dedans elle est toute blanche et plate
; c'est le plus vilain édifice que j'aie vu.»
Entre 1863 et 1866, la décoration intérieure
était loin d'être achevée.
Sources : 1) Notes d'un
voyage dans l'Ouest de la France par Prosper Mérimée,
librairie Fournier, 1836 ; 2) Par nos villes et nos
campagnes d'Hippolyte Taine, éditions Libretto,
2020.
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Les troisième et quatrième niveaux de la façade.
Un bas-relief en
tuffeau aux armes de France (uvre de Jean-François
Huguet) relie les tours au quatrième niveau. |
Bas-relief nord du troisième niveau.
Armoiries du marquis Henri-Charles de Lavardin. |
Bas-relief central du troisième niveau.
Armoiries du duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne.
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Bas-relief sud du troisième niveau.
Armoiries de l'évêque Jean-Baptiste de Beaumanoir |
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Armoiries.
L'écusson des armoiries des photos de gauche et de
droite ci-dessus est le même. Tout simplement parce
que le marquis de Lavardin (à gauche) et l'évêque
de Beaumanoir (à droite) étaient de la même
famille. Leur statut se lit dans les petites sculptures qui
accompagnent l'écusson : une couronne de marquis pour
le premier ; la mitre et la crosse pour le second.
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Une porte latérale de la façade. |
Ancienne console sur la façade. |
La rue des Portes Mordelaises se trouve en face de la cathédrale.
L'élévation au second plan correspond
à l'arrière des Portes mordelaises. |
Le chevet de la cathédrale.
La façade est vraiment la seule partie extérieure
intéressante... |
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Dais d'une ancienne niche. |
Bas-relief en tuffeau mis en place par l'architecte François
Huguet en 1687. |
Le
bas-relief aux armes de France de François Huguet.
Sculpté dans le tuffeau, le bas-relief comprend,
en son centre, un écusson circulaire aux armes
de France, coiffé d'une couronne royale. Les
colliers de l'Ordre de Saint-Michel et de l'Ordre du
Saint-Esprit entourent l'écusson. Au-dessus,
la figure du soleil avec la devise de Louis XIV : Nec
Pluribus Impar. Au fronton : les clés de
saint Pierre.
Ces insignes royaux n'ont pas été martelés
à la Révolution. Il faut croire qu'ils
étaient trop hauts pour être vus (ou que
cette hauteur les faisait juger moins agressifs envers
le peuple...) La même remarque s'applique aux
lys du fronton (fort élevé) de l'église
Toussaints
à Rennes.
L'architecte François Huguet n'a pas fait figurer
le blason de la ville de Rennes.
C'est une absence notable car c'est elle qui a assuré
la plus grosse part du financement de la façade.
Source : La cathédrale
Saint-Pierre de Rennes, éditions des Presses
Universitaires de Rennes, 2021.
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Galerie du garde-corps au-dessus de la porte centrale. |
Les Portes Mordelaises.
Les tours de la cathédrale sont visibles sur la gauche. |
Les
Portes Mordelaises. La cathédrale
Saint-Pierre s'élève dans un quartier
historique où se trouvent, toutes proches, les
célèbres Portes Mordelaises. Au Moyen
Âge, cette porte, ouverte par un pont-levis, permettait
d'entrer dans Rennes
par l'ouest.
C'est aussi un lieu symbolique. Dans l'Histoire des
villes de France (Paris, 1864), l'historien Aristide
Guilbert écrit : «Chaque duc, à
son avènement, venait chercher à Rennes
la consécration de son pouvoir ; son élévation,
par droit de naissance ou de conquête, ne pouvait
se passer de cette prise de possession. Le nouveau souverain
faisait son entrée solenelle par la porte Mordelaise
; mais il n'en pouvait franchir le pont-levis qu'après
avoir juré de maintenir la foi catholique et
les libertés de l'église, des barons et
du peuple de la Bretagne.» Il en fut ainsi lors
de l'entrée de Geoffoy, fils d'Henri II Plantagenêt
en 1169.
Ce qui valait pour le duc s'appliquait aussi à
tout évêque fraîchement nommé.
Guilbert écrit : «C'était aussi
par la porte Mordelaise que l'évêque de
Rennes
faisait son entrée dans sa cité épiscopale
; mais, avant de lui livrer passage, la commune exigeait
des garanties. Il devait prêter le serment de
maintenir ses privilèges, et s'engager en outre
à conférer les bénéfices
de son diocèse aux enfants de la ville, de préférence
à leurs concurrents étrangers.»
Source : Histoire des
villes de France, sous la direction d'Aristide Guilbert,
Paris, 1866.
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Maison canoniale du XVIe siècle (maison à pans de bois
près de la cathédrale), détail.
Le soldat à gauche est censé tenir un grand arc pour
cribler le saint de ses flèches.
Le quartier de la cathédrale n'a pas été touché
par l'incendie de 1720 : on y trouve des maisons à pans de
bois. |
Cariatide représentant saint Sébastien. |
Cariatide représentant un homme
tenant un grand arc (disparu). |
LE NARTHEX DE
LA CATHÉDRALE SAINT-PIERRE |
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Vitrail dans le narthex
Max Ingand, 1960.
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Le narthex de la cathédrale Saint-Pierre photographié
en grand angle. |
Le
narthex de la cathédrale.
Il est de forme imposante. Jadis, il servait de première
travée à la cathédrale gothique.
Une immense fenêtre, creusée dans la façade
ouest, éclairait la nef. Le cours des siècles
a modifié cet espace qui est maintenant partiellement
amputé : au XIXe siècle, la voûte
a été subaissée pour installer
le grand
orgue.
C'est néanmoins dans le narthex que se voient
les deux plus beaux vitraux de l'atelier Max Ingrand
posés dans la cathédrale. Le vitrail à
gauche présente les armoiries de Rennes,
Dol
et Saint-Malo ; celui de droite, un long phylactère
portant la liste des premiers évêques du
diocèse de Rennes.
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Vitrail dans le narthex.
Max Ingand, 1960. |
LA NEF, LA VOÛTE
ET LES VITRAUX DE LA CATHÉDRALE SAINT-PIERRE |
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La nef de la cathédrale Saint-Pierre avec le bas-côté sud et
l'entrée vers les chapelles latérales. |
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Architecture
intérieure.
Avec sa série de piles monocylindriques
coiffées d'un chapiteau ionique, le tout surmonté
d'un puissant entablement, la cathédrale Saint-Pierre
suit les règles du néoclassicisme du XIXe
siècle, un style qui remettait à la mode
les monuments antiques. Cet aspect de basilique romaine
fut renforcé par l'évêque Grégory
Brossays Saint-Marc, nommé en 1841, qui imposa
un décor en conséquence. Avant Rennes,
d'autres grands édifices religieux furent élevés
selon les règles néoclassiques. Les églises
parisiennes Notre-Dame
de Lorette et Saint-Philippe
du Roule en sont des exemples.
Après la longue interruption de la Révolution,
l'architecte Mathurin Crucy, né en 1849,
désigné pour achever l'érection
de Saint-Pierre, ne put honorer cette responsabilité
: sa fonction d'architecte départemental à
Nantes, depuis 1809, l'accaparait trop. Ce fut donc
Louis Richelot, jeune architecte de trente ans,
qui fut chargé d'en achever la construction sous
la supervision du vieux maître.
En 1816, quand Richelot prend ses fonctions, «l'ensemble
des murs s'élèvent à 7 m du sol»,
écrit Gwénaëlle de Carné dans
La cathédrale Saint-Pierre de Rennes (PUR,
2021). Les tâches ne manquent pas : il faut s'accorder
avec le préfet pour approvisionner le chantier
(tuf de la région nantaise, pierre de Crazannes,
près de Saintes)
; discuter des derniers plans produits par Mathurin
Crucy ; et enfin suivre l'évolution des travaux
qui, cette fois, vont avancer assez vite. En 1824, d'après
les courriers échangés, la charpente était
presque entièrement posée et la couverture
suivait son cours.
Louis Richelot, alors frappé par le décès
de son épouse, part en Italie accomplir un périple
culturel que maints architectes ont fait avant lui.
Le fils de Crucy le remplace. «La réception
du gros uvre a lieu le 15 octobre 1825, écrit
Gwénaëlle de Carné. Sont alors achevés
les quarante-quatre colonnes de la nef en pierre de
Crazannes, leurs chapiteaux et l'entablement en tuf,
les pendentifs de la coupole et des "deux bras
de la croix", les voûtes des ouvertures en
éventail.» Plus précisément
: la maçonnerie s'élève jusqu'à
la naissance des voûtes et les charpentes de la
nef sont posées.
En 1826, Richelot revient d'Italie et reprend le chantier.
En décembre, à la mort de Crucy, il en
prend la responsabilité. Malheureusement, l'entreprise
Boy et Binet fils, maître d'ouvrage, ne donne
pas satisfaction et finit par être remerciée.
Dans les années 1830, la réalisation de
la décoration intérieure, peu ou prou
sur les dessins de Crucy, traîne en longueur.
Terminée ou pas, elle ne restera en place que
quelques années car Brossays Saint-Marc imposera
ses goûts après sa prise de fonction en
1841.
Source : La cathédrale
Saint-Pierre de Rennes, PUR, 2021, article de Gwénaëlle
de Carné.
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La chaire à prêcher de la cathédrale date de 1886. |
Le
chemin de croix.
Il se présente sous la forme de bas-reliefs d'inspiration
antique réalisés par le sculpteur Jean-Marie
Valentin vers la fin du XIXe siècle. La localisation
de ces bas-reliefs pose problème. Situés
au-dessus des entrées des chapelles latérales
(photo ci-dessous), ils sont peu visibles. Pis, leur
moitié supérieure est toujours plongée
dans la pénombre, que la lumière soit
naturelle ou artificielle. Il est donc difficile de
les photographier et un flash, même d'intensité
modérée, ne donne pas de bons résultats
sur la pierre.
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Chemin de croix au-dessus d'une entrée de chapelle latérale.
Ici, la station XI : Jésus est cloué sur la croix. |
La voûte de la nef, détail.
Dans la ligne centrale, le blason de Bretagne est accompagné
de symboles évoquant les quatre diocèses de la
province. |
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La
voûte. C'est l'un des chefs-d'uvre
de la cathédrale. Le visiteur tirera profit à
lever les yeux pour admirer, avec une paire de jumelles,
les panneaux centraux. Quelques-uns sont reproduits
ci-dessous.
Dans des caissons réguliers, au milieu de rinceaux
et de lys d'or, la décoration des voûtes,
réalisée par l'atelier Jobbé-Duval
à partir de 1843, affiche des écussons aux armes
de la Bretagne et aux armes des diocèses suffragants
de l'archevêché de Rennes.
Ces voûtes sont un élément essentiel
dans la beauté générale de l'édifice.
Si l'on suit l'article de Gwénaëlle de Carné
dans La cathédrale Saint-Pierre de Rennes
(PUR, 2021), la voûte de la nef manqua de peu
d'être un plafond à caissons comme à
l'église parisienne Notre-Dame
de Lorette, achevée quelques décennies
auparavant. En effet, en 1820, l'architecte Mathurin
Crucy dut produire des plans pour que la construction
pût continuer. Le Conseil des bâtiments
civils en discuta et finalement se félicita de
voir que Crucy ne voulait plus voûter que la croisée
de l'église et le cul-de-four, et qu'il voulait
établir des plafonds au-dessus des nefs. De la
sorte, la réalisation coûterait moins cher
et serait menée plus vite...
Comme la photo ci-dessus le montre, seuls les bas-côtés
(qu'on peut qualifier de «nefs latérales»)
ont reçu un plafond à caissons. Le vaisseau
central, les bras
du transept et le chur,
contrairement à ce que pensait le Conseil des
bâtiments civils, ont été voûtés
en plein cintre.
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Caisson avec blason portant armoiries. |
Caisson avec les armoiries des diocèses
de Rennes, Dol-de-Bretagne et Saint-Malo. |
Statue de Jeanne d'Arc dans un bas-côté. |
Caisson avec blason montrant un dextrochère
tenant la clé d'argent du Royaume terrestre. |
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Lunette de la voûte recevant une fenêtre
avec son ornementation à feuillage et à lys. |
La
cathédrale Saint-Pierre et la loi de 1905 (1/3).
La Séparation de l'Église de l'État,
votée le 9 décembre 1905 par l'Assemblée,
a souvent créé des remous dans les paroisses
de l'Hexagone. L'État prenait possession de tous
les éléments cultuels de France, mais
surtout obligeait le clergé à soumettre
chacune de ses églises à un inventaire
du mobilier et de tous les objets utilisés pour
la liturgie. Prélats et fidèles en furent
scandalisés. Du jamais vu depuis deux mille ans
! Du jamais vu depuis que l'Église était
l'Église ! Soucieux de leurs prérogatives,
de l'honneur de la religion qui a fait la France, les
ecclésiastiques prirent ces incursions et ces
comptages pour une profanation inadmissible, une insulte
à Dieu. Et les paroissiens leur emboîtèrent
le pas : personne ne devait souiller le sol des églises
pour se livrer à cette mascarade impie.
À Rennes,
le préfet d'Ille-et-Vilaine, M. Rault, prévoyait
des barrages devant les portes des édifices religieux.
Il pensa d'abord mener les inventaires à une
date précise pour chacun d'entre eux, puis se
ravisa. C'était trop facile pour les paroissiens
: si tous les Rennais opposés à la loi
se regroupaient à chaque fois devant les portes
de l'édifice concerné, son labeur allait
se multiplier. Il décida donc de réaliser
tous les inventaires en même temps : le vendredi
16 février 1906.
La situation du Préfet était compliquée.
En effet, devant la politique anticléricale du
gouvernement, les villes avaient tendance à élire
des maires catholiques et souvent pratiquants. C'était
le cas à Rennes
où Eugène Pinault, un riche tanneur, par
ailleurs conseiller municipal et ancien député
d'Ille-et-Vilaine, avait été élu
à la mairie en 1900. Une responsabilité
qu'il honorera jusqu'en 1908. L'historien Xavier Ferrieu
l'écrit dans son Histoire de Rennes (Gisserot,
2001) : Pinault avait clairement annoncé
qu'il refusait d'assurer le maintien de l'ordre lors
des inventaires...
Même si le cardinal Labouré, archevêque
de Rennes
avait recommandé aux curés de laisser
les églises ouvertes, le Préfet savait
très bien que les Rennais allaient s'opposer
à la «profanation» des églises
par la fonction publique. Anticipant des échauffourées
et en l'absence de la police, il lui fallait disposer
d'une force armée suffisante.
Le témoin des événements
décrit ainsi la journée du jeudi 15 février
: «De tous les côtés, par tous les
trains, arrivent les gendarmes. Tous ceux du département,
ceux même des départements voisins, jusque
de Lannion, ont été appelés pour
la grande journée. Habitués à protéger
l'ordre, et à poursuivre les coquins et les voleurs,
ils se sentent bien un peu déconcertés
de la triste besogne qu'on leur impose. Pauvres gens
! Ils n'avaient pas rêvé de devenir gendarmes
pour assister au sac des églises, ou à
la violation des propriétés.» ---»»
Suite 2/3
à gauche.
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La
cathédrale Saint-Pierre et la loi de 1905 (2/3).
---»» À 18 heures ce même jour,
le calme règne dans Rennes.
Les agents de l'État sont entrés dans
les églises pour repérer les points faibles,
nous dit ce témoin qui ajoute non sans malice
: «Ils savent par où ils pourront tenter
l'effraction.»
À 23 heures, les portes des églises sont
gardées par des escouades. À minuit, la
ville est en état de siège. Pour rentrer
chez eux, les habitants dont les maisons sont proches
des édifices cultuels doivent établir
leur identité et se faire accompagner par un
agent de police.
Le témoin poursuit : «Toute la garnison
de Rennes
a été mobilisée : les 14 compagnies
du 41e de ligne, en tenue de campagne, avec deux paquets
de cartouche dans chaque giberne, les artilleurs des
7e et 10e d'artillerie, - les gendarmes, 500, dit-on
-, arrivés de partout. Tout cela pour enfoncer
les portes de six églises, et inspirer une salutaire
terreur à quiconque voudrait bouger.»
Arrive le matin du vendredi 16 février 1906.
La cathédrale Saint-Pierre ne suscite
guère d'inquiétude auprès des autorités
car elle n'est pas paroisse. Là, peu de baptêmes,
pas de première communion ni de cérémonie
marquant les étapes de la vie chrétienne.
La cathédrale n'est pas une «patrie d'âmes»,
écrit le témoin. Les habitants
du quartier sont rattachés à Saint-Étienne
ou à Saint-Sauveur.
Dans le maître-ouvrage La cathédrale
Saint-Pierre de Rennes (PUR, 2021), l'historien
Georges Provost précise : «Ses fonts baptismaux
servent surtout lors du baptême d'enfants de naissance
prestigieuse, tel le futur président de Crucé
en 1590, ou de convertis à sensation comme ces
trois musulmans venus de Tunisie et du Maroc en 1654
et 1656.»
Conclusion : en ce matin pluvieux du 16 février
1906, la troupe barre toutes les rues d'accès
à la cathédrale, mais... il n'y a personne
aux barrages.
L'inspecteur des Domaines, M. Raison, se présente
à une petite porte donnant sur la rue de la Psallette.
Là se tient le cardinal-archevêque Labouré,
désireux de faire part en personne de son opposition
à l'inventaire. Il est accompagné du chanoine
Durusselle, vicaire général, et du chanoine
Henry, secrétaire général de l'archevêché.
---»» Suite 3/3
à droite
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Vitrail dans la nef.
En haut : Armoiries de Mgr Jean Ier Gicquel ( 1250).
En bas : Armoiries d'un évêque mort en 1259. |
Vitrail dans la nef.
En haut : Armoiries de Mgr Bertrand de Marillacl ( 573).
En bas : Armoiries de Mgr Aymar Hennequin ( 1596). |
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Caisson central de la voûte.
Le blason de Bretagne est entouré par
le collier de l'Ordre de Saint-Michel et le collier de l'Ordre
du Saint-Esprit.
Ce caisson porte la signature de l'auteur du plafond : «A. Jobbé
Duval, 1874». |
La
cathédrale Saint-Pierre et la loi de 1905 (3/3).
---»» Comme les curés
de toutes les églises de Rennes,
le cardinal lit une protestation officielle. Il commence
élégamment par mettre hors de cause le
chargé d'inventaire dont chacun connaît
l'honorabilité, puis rappelle que sa mission,
reçue du pape, est de garder et de gérer
les biens de l'Église, puis de les transmettre
à son successeur. C'est-à-dire : les biens
de la mense archiépiscopale, les biens du chapitre,
ceux des séminaires et de la caisse de secours
aux prêtres âgés ou infirmes. Seul
le pape peut le relever de cette obligation. Comme il
ne l'a pas fait, cet acte d'autorité est «irrégulier,
prématuré et vexatoire».
Puis, le cardinal Labouré rentre à l'archevêché,
refusant d'assister à l'inventaire. Le témoin
écrit néanmoins que cette protestation
officielle a produit la plus heureuse impression à
Rennes.
L'inventaire, conservé dans les archives, est
rondement mené. On sait ainsi que le grand tableau
de la Délivrance
de saint Pierre était déjà
à sa place actuelle dans le bras
sud du transept. La grande sacristie est aussi libre
d'accès. «Le commissaire nota dix portraits
d'évêques et la croix
de procession en argent doré et émaillé
du XVIIe siècle», écrit Jean-Yves
Andrieux dans La cathédrale Saint-Pierre de
Rennes (PUR., 2021). Cette croix figurait sur la
liste des objets mobiliers d'intérêt artistique,
mais elle n'était pas encore classée.
Sources : 1) À
l'assaut de nos églises, récit anonyme
d'un témoin, publié en 1906 ; 2) La
cathédrale Saint-Pierre de Rennes, PUR, 2021.
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Le bas-côté nord et ses piles monocylindriques couvertes de stuc-marbre
et surmontées d'un chapiteau ionique.
On notera que les bas-reliefs du Chemin de croix sont à moitié
dans la pénombre. |
En haut : Armoiries de Mgr Pierre de Dinan ( 1210)
En bas : Armoiries de Mgr Pierre de Fougères ( 1222) |
Les
vitraux de la cathédrale Saint-Pierre (2/2).
---»» Notons que Max Ingrand a joui de plus
de liberté pour le vitrail de la façade
ouest (totalement caché par le grand
orgue) et pour les deux vitraux du narthex.
Le vitrail de la façade ouest est une composition
de losanges en verre cathédral. Les vitraux du
narthex,
donnés plus haut, représentent, pour le
premier, les armoiries des chapitres de Rennes,
Dol
et Saint-Malo ; pour le second, un long phylactère
portant la liste des premiers évêques du
diocèse de Rennes
(et qui n'ont pas d'armoiries connues).
Est-ce s'avancer que de dire que les vitraux du narthex
sont nettement plus beaux que ceux des chapelles latérales
de ce même Max Ingrand ? Ces derniers ont néanmoins
l'avantage d'apporter de la clarté.
Source : La cathédrale
Saint-Pierre de Rennes, PUR, 2021, article de J.-Y.
Andrieux. : Les verrières refaites par Raymond
Cornon, architecte en chef, et Max Ingrand, maître-verrier
(1955-1960).
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Les
vitraux de la cathédrale Saint-Pierre (1/2).
Comme dans les églises rennaises
de Saint-Sauveur
et de Saint-Germain,
c'est le maître-verrier Max Ingrand qui
fut sollicité, vers 1950, pour la remise en état
des vitraux abîmés de la cathédrale.
Comme dans ces deux églises, il lui fut aussi
demandé de créer de nouvelles verrières
en remplacement de celles détruites ou non conservées.
Le fil directeur établi en 1950 par l'architecte
en chef Raymond Cornon fut de rester fidèle
à la verrière du XIXe siècle qui
s'y trouvait encore et à l'atmosphère
dont elle irradiait l'édifice. Ces verrières
représentaient des armoiries épiscopales.
On continua donc dans la même voie et les armoiries
des prélats qui s'étaient succédé
à Rennes
continueraient d'orner les baies.
Au premier niveau, dans les dix chapelles
latérales de la nef, les vitraux, intacts
ou pas, ne contenaient que de simples losanges. Ils
furent remplacés. Max Ingrand conçut un
dessin conforme à celui des vitraux à
deux blasons du XIXe siècle. Seule différence
: le maître verrier n'inclut, dans chaque verrière,
qu'un seul blason, mais encadré par quatre anges
vêtus de rouge. Voir un exemple plus
bas.
Au second niveau, les fenêtres sous voûte
recevaient de beaux vitraux en grisaille du XIXe siècle
où trônaient deux blasons d'armoiries épiscopales,
selon l'exemple donné ci-contre. Chaque blason
était souligné d'un cartouche avec l'année
de décès de l'évêque concerné.
L'ensemble baignait dans un savant feuillage rehaussé
de fleurs.
Au nord (que ce soit dans la nef, le transept et le
chur), les vitraux du XIXe siècle, tous
jugés intacts, ne furent pas retouchés.
Pour les autres, le cahier des charges imposé
par Raymond Cornon à Max Ingrand fut drastique.
L'atelier parisien du maître-verrier était
tenu de refaire les vitraux à l'identique avec
les techniques du passé. Idem pour les vitraux
à réparer. L'atelier dut utiliser la technique
de la peinture sur verre (et la réapprendre)
et non celle des verres colorés dans la masse
comme on le faisait dans les années 1950. Cette
exigence artistique augmenta le coût et le temps
du travail, mais donna aux coloris obtenus l'aspect
des vitraux du XIXe siècle restés intacts.
Le travail a donné satisfaction : il n'est pas
possible aux visiteurs actuels de la cathédrale
d'observer des différences de teintes entre les
vitraux du XIXe siècle et ceux du XXe.
---»» Suite 2/2
plus bas à gauche.
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En haut : Armoiries de Mgr Étienne Célestin Enoch ( 1819)
En bas : Armoiries de Mgr Charles Mannay ( 1824). |
En haut : Armoiries de Mgr C.L. de Lesquen ( 1841)
En bas : Armoiries de Mgr G. Brossays Saint-Marc ( 1878)
Déambulatoire nord. |
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Les
chapelles latérales offrent
un bon panorama de la peinture religieuse au XIXe
siècle. Tableaux et peintures murales exaltent
la vie du Christ, de la Vierge et des saints de
Bretagne à une époque où
le renouveau religieux va être gagné
par l'ultramontanisme.
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Chapelle Saint-Jean-Baptiste. |
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Les fonts baptismaux du XXe siècle
dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste. |
La
chapelle Saint-Jean-Baptiste.
Le tableau du Baptême du Christ
mérite un regard appuyé. Peint en
1846 par Joseph-Nicolas Jouy (1809-1880), il a
été présenté au Salon
de cette même année, acheté
par l'État et envoyé à Rennes
pour meubler la cathédrale à sa
réouverture.
Cécile Oulhen dans l'ouvrage La Cathédrale
Saint-Pierre de Rennes (PUR, 2021) le rattache
à l'art pompier si prisé dans la
seconde moitié du XIXe siècle et
dont Jean-Léon Gérôme fut
un des plus illustres représentants.
Ses teintes sombres font ressortir son défaut
de base : Jouy a utilisé du bitume pour
réaliser la couche picturale et celle-ci
s'obscurcit en vieillissant.
De plus, il est très souvent inondé
par les reflets.
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«Per Ipsam Cum Ipsa In Ipsa»
(Par elle-même, avec elle-même et en elle-même)
Vitrail de l'atelier Max Ingrand, années 1950.
Chapelle Saint-Jean-Baptiste. |
Chapelle Saint-Amand.
Amand fut évêque de Rennes à la fin du Ve
siècle et mourut vers 505.
Réalisée en 1852, la châsse qui renferme
ses reliques est de style roman. |
Chapelle latérale du Bienheureux-Marcel-Callo.
La toile, signée «B.F.», représente
le «Christ du Sacré-Cur».
Elle est rattachée à la seconde moitié
du XIXe siècle. |
Statue de Marie.
Marcel
Callo. Scout, puis jociste, il part en Allemagne
en 1943 pour le STO. Arrêté par la Gestapo,
il meurt au camp de Mathausen en mars 1945 à
l'âge de 24 ans. Jean-Paul II l'a béatifié
comme martyr en 1987.
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Le bas-côté sud et l'entrée de la chapelle Sainte-Anne. |
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Chapelle latérale Sainte-Anne. |
Statue de sainte Jeanne
Jugan ---»»»
Chapelle Sainte-Marguerite.
Voir la vie de Jeanne Jugan à l'église
Toussaints
de Rennes
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«««---
«L'Éducation de Marie»
par Alexis Douillard (1835-1905)
Toile marouflée, 1891.
Vu la qualité de ses réalisations,
ce peintre aurait pu terminer le cycle
des peintures d'histoire à la cathédrale.
Malheureusement,
à la fin du XIXe siècle, ce projet
n'intéressait plus personne.
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L'Éducation de la Vierge, bois.
Chapelle Sainte-Anne. |
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Chapelle Sainte-Marguerite. |
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«Tua voluntas Deus»
Vitrail de l'atelier Max Ingrand
Chapelle Saint-Amand. |
Tableau anonyme «Saint Yves»
dans la chapelle Saint-Yves.
Huile sur toile.
uvre rattachée au XVIIe ou au XVIIIe siècle.
Elle provient peut-être de l'ancien hôpital Saint-Yves,
proche de la cathédrale Saint-Pierre.
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«La Mort de saint Joseph»
Copie d'après le tableau de Johann-Friedrich Overbeck
(1789-1869)
réalisé en 1836 et qui se trouve au musée
de Bâle. |
Chapelle latérale Saint-Joseph. |
Chapelle latérale Notre-Dame de la Cité.
La peinture murale «Notre-Dame de la Cité»
est du peintre rennais Antoine Chalot (1825-apr. 1880). |
«Per Matrem ad Cor Filii»
Vitrail de l'atelier Max Ingrand.
Années 1950. |
Chapelle latérale Saint-Melaine.
«La
Vocation de saint Melaine» est un tableau
d'André Briand (1847). Ce peintre rennais fut
aussi professeur à l'école municipale
de peinture, sculpture et dessin ainsi qu'au lycée
impérial (aujourd'hui lycée Émile
Zola). Melaine apprend qu'il a été choisi
pour succéder à saint Amand comme évêque
de Rennes.
Briand l'a peint entouré de douze clercs, comme
le Christ et ses douze apôtres.
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«La Vocation de saint Melaine»
André Briand (1794-1863)
Huile sur toile, 1847. |
«Anges adorant le Cur de Jésus»
Léon Brune (1816-1862)
Huile sur toile, 1862.
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Chapelle latérale Saint-Jean-Paul II.
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«In Fine et Lenitate»
(Dans la foi et la bonté)
Devise du cardinal Roques,
évêque de Rennes de 1940 à 1964.
Vitrail de l'atelier Max Ingrand, détail.
Années 1950. |
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La nef et le bras nord du transept. |
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Le grand orgue de la cathédrale de Rennes s'insère magnifiquement
dans la décoration néoclassique de l'édifice. |
Une photo en grand angle permet de capter la voûte de la nef
sur ses cinq travées depuis le grand orgue jusqu'à la
croisée du transept.
Le grand orgue : détail des
tuyaux --»»» |
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Le sommet des tourelles du grand orgue. |
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Le
grand orgue de la cathédrale a été
mis en place en 1874. C'est un Cavaillé-Coll
logé dans un magnifique buffet conçu par l'architecte
parisien Alphonse Simil.
Auparavant, écrit Geoffroy Marshall dans La
cathédrale Saint-Pierre de Rennes (PUR, 2021),
une longue discussion avait eu lieu entre Simil et l'architecte
de l'époque, Charles Langlois «sur le style
ornemental qu'il conviendrait d'adopter et sur la nécessité
d'avancer la tribune le moins possible dans la nef.»
Au vu du résultat, la discussion ne fut pas stérile.
Après une modification réalisée
par l'entreprise Gonzalez en 1939, l'instrument, qui
a souffert des bombardements de la guerre, fut réparé
et agrandi par la manufacture Haerpfer-Erman
en 1970 dans un style néoclassique. Un positif fut ajouté.
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Vue d'ensemble de la nef depuis la croisée. |
Documentation : «La cathédrale
Saint-Pierre de Rennes», éditions des Presses Universitaires
de Rennes, 2021
+ «Histoire de Rennes», Édouard Privat éditeurs,
1972
+ «Histoire des diocèses de France, Rennes», éditions
Beauchesne, 1979
+ «À l'assaut de nos églises», récit
anonyme d'un témoin, publié en 1906
+ «Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France»
par Prosper Mérimée, librairie Fournier, 1836
+ «Par nos villes et nos campagnes» d'Hippolyte Taine,
éditions Libretto, 2020
+ «The Wars of the Roses» de Michael Hicks, Osprey Publishing,
2003
+ «Henry VII» de S.B. Chrimes, Yale University Press
+ Panneaux affichés dans la cathédrale Saint-Pierre. |
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