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L'église Saint-Aubin est de style
néogothique, construite en granit et pierre de taille. Elle
date de la fin du XIXe siècle. Les plans sont de l'architecte
de la ville, Jean-Baptiste Martenot. La première pierre a
été posée le 6 mai 1884 ; l'inauguration a
eu lieu en 1904, alors que l'édifice n'était pas achevé.
Il ne l'est toujours pas : la façade sud avec ses deux tours
et leurs flèches (inspirées de Saint-Nicolas à
Nantes) n'a jamais été élevée (voir
dessin plus
bas). Saint-Aubin est devenue basilique mineure en 1916. C'est pourquoi
on la désigne aussi sous l'appellation de basilique Saint-Aubin
en Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.
L'édifice se présentait comme l'élément
majeur d'un vaste plan d'urbanisme, conçu en 1873, qui visait
à refonder la place Sainte-Anne (située dans un quartier
nord de Rennes).
Si l'on suit l'analyse de l'historien Georges Provost dans le Dictionnaire
du patrimoine rennais, l'ambition de la municipalité,
en accord avec l'autorité religieuse, était de créer
une «percée Saint-Aubin» [Provost] ouverte sur
la façade de l'église et qui éventait «le
lacis insalubre des maisons à pans de bois». De plus,
la taille imposante de l'édifice donnait en quelque sorte
à Rennes
la cathédrale gothique qui lui manquait. Avec un double avantage
: l'édifice rassemblait l'héritage de l'ancienne église
paroissiale Saint-Aubin, devenue trop exiguë, et ramenait à
lui le pèlerinage à la Vierge de Bonne-Nouvelle dans
le sanctuaire du couvent des Dominicains.
La construction fut financée par tous les Rennais. Mais,
à partir de 1905, les moyens se mirent à manquer pour
ériger la façade. Comme les paroissiens de Saint-Aubin
étaient les premiers sollicités, Georges Provost y
voit la marque de la pauvreté du quartier qualifié
de «populaire». On peut ajouter que la «spoliation
du 16 février 1906», lors des inventaires, avait
sûrement refroidi les générosités des
habitants de la ville car Saint-Aubin était désormais
propriété de l'État...
L'historien ajoute que les pèlerinages suscités par
le couronnement de la Vierge en 1908 et l'érection en basilique
mineure en 1916 auraient pu fournir des fonds, mais les mentalités
avaient changé. La dévotion s'était affadie,
déplaçant ailleurs les priorités. L'échec
du grand plan d'urbanisme aura au moins permis de sauvegarder les
ruelles qui conduisent à la place Sainte-Anne.
Au niveau historique, l'origine de l'appellation Bonne-Nouvelle
viendrait de la victoire de Jean de Montfort à la bataille
d'Auray le 29 septembre 1364. L'un de ses chevaliers lui aurait
appris, à la fin de la bataille, que son adversaire Charles
de Blois était mort en disant : «Bonne nouvelle, monseigneur,
bonne nouvelle, vous êtes duc de Bretagne !» D'où
la dédicace à Notre-Dame de Bonne-Nouvelle... C'est
une légende colportée plus tard par les moines dominicains,
sans doute soucieux de s'opposer aux franciscains rangés
du côté de Charles de Blois.
Selon la Notice sur le sanctuaire de Bonne-Nouvelle écrite
en 1896 par Paul Philouze, le couvent dominicain de Rennes
a été fondé par un couple de bourgeois rennais
en 1367, Pierre Rouxel dit Bellehère et Jeanne Rebillard,
sa femme. Quatre mois plus tard, écrit Paul Philouze, Jean
de Montfort, devenu le duc Jean IV de Bretagne, se réserva
le droit de principal fondateur, mais sans faire la moindre donation
et sans rappeler sa victoire d'Auray. En 1368 et 1421, le domaine
s'agrandit à la suite de nouvelles donations de Rennais.
Un oratoire voisin, appelé Notre-Dame de Bonne-Nouvelle,
abritait un tableau
du XVe siècle, peint sur bois, représentant la
Vierge tenant l'Enfant-Jésus, tableau qui suscitait une grande
vénération. Sorti indemne des troubles révolutionnaires,
il est exposé dans la chapelle
axiale de Saint-Aubin. Selon Paul Philouze, l'appellation Notre-Dame
de Bonne-Nouvelle ne s'étendit au couvent et à
son église qu'à partir du XVIIe siècle.
De nombreux vitraux et médaillons de l'église rappellent
ces faits historiques et ces légendes, notamment ceux
de l'abside qui illustrent la bataille d'Auray. Les verrières
de Saint-Aubin sont, en grande partie, de la première moitié
du XXe siècle. Ce sont des créations de l'atelier rennais
Rault et Lignel.
Dans les plans de refondation de la place Sainte-Anne, le nouvel
édifice a été orienté nord-sud et non
pas est-ouest comme le veut la règle liturgique traditionnelle
qui érige l'abside face à l'orient. Dans cette page,
les directions indiquées sont toujours celles des points
cardinaux.
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Vue d'ensemble de la basilique Saint-Aubin depuis la nef.
À gauche, la chapelle Sainte-Anne dans le bras ouest du transept
; à droite la chapelle du Sacré-Cur. dans le bras
est. |
Façade occidentale.
Cette façade se trouve à l'ouest géographique,
mais au nord liturgique. |
Au sud géographique, une façade provisoire a pris
la place
de la façade prévue avec ses deux tours, mais
jamais construite. |
Notre-Dame de Bonne-Nouvelle sur la façade sud.
C'est la réplique du tableau
du XVe siècle dans la chapelle axiale. |
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Amorces des arcades pour la façade sud jamais construite. |
L'église Saint-Aubin avec la façade sud jamais
construite.
Dessin extrait de la Notice de Paul Philouze écrite
en 1896. |
Architecture
extérieure.
L'église suit les règles du néogothique
le plus classique à la fin du XIXe siècle
: élévation à deux niveaux ; baies
à trois lancettes au premier, à quatre
lancettes au second ; remplage en rosace identique partout
; absence de triforium ; chapelles latérales
débordantes servant de contreforts ; transept
saillant à deux travées.
Saint-Aubin est typique des grandes églises néogothiques
construites en France dans les années 1880 et
1890.
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Vue d'ensemble de la basilique Saint-Aubin depuis le nord-ouest géographique.
L'architecte Jean-Baptiste Martenot a appliqué les règles
du plus pur néogothique de la fin du XIXe siècle. |
Appel
aux dons. En 1896, la construction de l'église
Saint-Aubin connaît une interruption. Dans sa Notice
sur le sanctuaire de Bonne-Nouvelle, écrite la
même année, Paul Philouze, ancien magistrat,
lance avec énergie un appel aux dons. Après
avoir rappelé la générosité des
Rennais en 1632 à l'occasion du Vu
d'argent, il en appelle aux Rennais de 1896. Il écrit
: «Les uns se porteront garants et souscriront pour
mille francs et même davantage ; les autres, moins fortunés,
voudront cependant donner un gage de leur foi et s'imposer
quelques sacrifices. C'est pour ceux-ci que se trouve établie
l'uvre du sou de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.
Cinq centimes par semaine, beaucoup peuvent faire cette aumône.
Un chef de centaine est chargé de trouver dix chefs
de dizaine, qui à leur tour recherchent dix souscripteurs.
Cinq centimes par semaine, cela paraît peu de chose
; cependant, si des milliers de chrétiens s'imposent
avec persistance ce léger sacrifice, leur union deviendra
d'une grande force.»
Il donne ensuite la courte liste des travaux exécutés
en 1895 et 1896 grâce aux dons :
pose des triforiums sous les roses et taille ; construction
et mise en place des roses du transept ; voûtes et maçonnerie
au-dessus des roses, jusque sous la corniche. Le tout s'élève
à 30 000 francs.
Dans sa conclusion, il rappelle qu'il s'agit de donner une
église à l'une des plus anciennes paroisses
de Rennes, mais aussi de rétablir un sanctuaire national
vénéré par les Bretons pendant cinq siècles.
On comprend la fureur des paroissiens dix ans plus tard quand
l'État républicain, avec la loi
de 1905, s'emparera de l'édifice.
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LA NEF ET LE TRANSEPT
DE LA BASILIQUE SAINT-AUBIN |
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L'autel de messe dans le chur
et la façade au sud avec l'orgue.
L'orgue de tribune est celui de l'ancienne église Saint-Aubin
détruite en 1904. |
Vie
de saint Aubin ( 550).
Les historiens ne sont pas sûrs de
l'orthographe de son nom. Il peut s'agir aussi de saint
Albin. Nous sommes au VIe siècle, une époque
où la vie des saints revêt un côté
légendaire, souvent amplifié par les hagiographes
du XIXe qui cherchent avant tout à édifier
leurs lecteurs.
Selon les sources, Aubin est né à Vannes
vers 469, dans une famille noble. En 529, il est désigné
par le peuple évêque d'Angers,
une localité où il vivait sûrement
déjà en tant que moine dans un monastère.
Énergique et déterminé, sa tâche
va être rude car l'Église de Gaule a besoin
d'être organisée. Les conciles d'Orléans
de 538 et 541 vont s'y atteler et Aubin y prend une
part active. Par ailleurs, ce dernier lutte ardemment
contre les mariages incestueux, fréquents dans
les grandes familles.
Aubin ne participera pas au concile d'Orléans
de 549. Fort âgé (il approche les quatre-vingts
ans), il est vraisemblablement malade. Il s'éteint
à Angers
le 1er mars 550.
Dans ses Vies de saints, le poète Venance
Fortunat (v. 530 - après 600) lui consacrera
quelques pages et établira une liste de ses miracles.
Ceux-ci vont faire d'Aubin un saint très populaire
en France, en Allemagne, en Angleterre et en Pologne.
Bernard Rio précise que saint Aubin est invoqué
pour guérir les maladies infantiles et la protection
des cultures. Aubin est par ailleurs le saint patron
des boulangers et des pâtissiers.
Sources : 1) Dictionnaire
des saints et grands témoins du christianisme,
CNRS Éditions, 2019 ; 2) Le livre des saints
bretons de Bernard Rio, Éditions Ouest-France.
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«Le Baptême du Christ»
Tableau de Pineau Dupavillon, 1843 dans la chapelle du baptistère. |
La
basilique Saint-Aubin et la loi de 1905 (1/5).
La Séparation de l'Église
de l'État, votée le 9 décembre
1905 par l'Assemblée, a souvent créé
des remous dans les paroisses de l'Hexagone. L'État
prenait possession de tous les éléments
cultuels de France, mais surtout obligeait le clergé
à soumettre chacune de ses églises à
un inventaire du mobilier et de tous les objets utilisés
pour la liturgie. Prélats et fidèles en
furent scandalisés. Du jamais vu depuis deux
mille ans ! Depuis que l'Église était
l'Église ! Soucieux de leurs prérogatives,
de l'honneur de la religion qui a fait la France, les
ecclésiastiques prirent ces incursions et ces
comptages pour une profanation inadmissible, une insulte
à Dieu. Et les paroissiens leur emboîtèrent
le pas : personne ne devait souiller le sol des églises
pour se livrer à cette mascarade impie.
À Rennes,
le préfet d'Ille-et-Vilaine, M. Rault, prévoyait
des barrages devant les portes des édifices religieux.
Il pensa d'abord mener les inventaires à une
date précise pour chacun d'entre eux, puis se
ravisa. C'était trop facile pour les paroissiens
: si tous les Rennais opposés à la loi
se regroupaient à chaque fois devant les portes
de l'édifice concerné, son labeur allait
se multiplier. Il décida donc de réaliser
tous les inventaires en même temps : le vendredi
16 février 1906. ---»» Suite 2/5
plus bas.
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Architecture
intérieure.
Comme à l'extérieur, les plans
dessinés par l'architecte Jean-Baptiste Martenot
présentent une grande uniformité. Dans
la nef, le transept et le chur,
l'élévation, à deux niveaux, est
identique : grandes arcades en tiers point et fenêtres
hautes. La seule différence se voit dans le chur
: un ruban sculpté à thème floral
(un extrait en est donné ci-dessous) sépare
les deux niveaux de l'élévation et remplace
la double moulure nue qui court dans la nef et le transept
(photo ci-contre).
Excepté à l'abside, les fenêtres
hautes reçoivent des verrières à
décor géométrique. L'architecte
a coupé ces fenêtres en deux parties inégales,
créant ainsi un soubassement bien distinct. L'arcature
qui définit le haut de ce soubassement apparaît
à l'il comme un long cordon irrégulier
qui fait le tour de l'église et qui, en même
temps, équilibre et enjolive le second niveau.
Les chapiteaux néogothiques qui reçoivent
les retombées des ogives sont placés légèrement
au-dessus de ce cordon.
Rappelons que l'église est inachevée :
l'avant-nef et la façade avec ses deux tours
n'ont pas été construites.
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Une frise néogothique de style floral sépare les
deux niveaux d'élévation.
Cette frise ne se trouve que dans le chur.
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Le baptistère dans le bas-côté ouest de
la nef. |
Statue de saint Aubin. |
Plan du projet de l'architecte Jean-Baptiste Martenot.
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Statue de Marcel Callo (1921-1945)
Membre des Jeunnesses Ouvrières Chrétiennes,
il est mort à Mathausen.
Il a été béatifié en 1987. |
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Ensemble de chapiteaux néogothiques
sur une arcade de la nef. |
Un mur d'ex-voto en remerciement à Notre-Dame
de Bonne-Nouvelle ferme le bas-côté ouest. |
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Chemin de croix, station IV : Jésus rencontre sa mère.
Peinture anonyme. |
Chemin de croix, station XI : Jésus est cloué
sur la croix.
Peinture anonyme. |
Que
va devenir l'église Saint-Aubin ?
En France, les petites églises construites au
XIXe siècle font actuellement débat. Leur
utilité est souvent réduite, le culte
peu présent et leur entretien coûte cher
aux communes. Que faire de ces édifices ? Bien
d'entre eux ont été bâtis selon
les normes standard établies par Eugène
Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste Lassus dans les années
1870. Pour faciliter l'implantation d'édifices
cultuels dans les bourgs et les villages, les deux architectes
avaient en effet proposé trois types de plans
d'église, allant du simple au plus élaboré.
Ce qui ôte d'ailleurs à ces édifices
«de série» tout intérêt
architectural...
Dominant la place Sainte-Anne, la basilique Saint-Aubin
n'est pas une petite église. Pourtant le problème
de sa conservation se pose aussi. À Rennes,
des voix s'élèvent pour réaménager
cette place, au nord de la ville, en créant une
vaste esplanade, vierge de toute construction. «Les
messes y sont rares, et d'autres lieux existent à
proximité», écrit le Journal Ouest-France
en 2013.
La municipalité le reconnaît : c'est au
diocèse de décider de l'avenir du bâtiment.
Construit de 1884 à 1904 avec les dons des Rennais,
récupéré par l'État français
en 1905, resté inachevé, lieu de dévotion
à Notre-Dame de Bonne Nouvelle, il s'inscrit
néanmoins dans l'histoire religieuse de Rennes.
Même si le culte y est rare, il existe encore.
De plus, Saint-Aubin abrite le mémorial du Bienheureux
Marcel Callo envoyé en Allemagne dans le cadre
du STO et mort dans le camp de concentration de Mathausen
en 1945.
Quoi qu'il en soit, l'archevêché souhaite
voir l'usage du bâtiment évoluer. Une solution
proposée est d'en faire un lieu culturel à
l'image du couvent des Jacobins de Rennes
transformé en centre des Congrès.
En 2023, la démolition ne semble plus à
l'ordre du jour. En effet, des travaux de consolidation
ont eu lieu de 2015 à 2022 (voûtes, maçonnerie,
vitraux) pour un demi-million d'euros. Et l'église
est toujours affectée au culte catholique.
Sources : 1) Place
Sainte-Anne, que deviendra l'église Saint-Aubin?,
article de Ouest-France du lundi 27 mai 2013 ; 2) Début
des travaux dans l'église Saint-Aubin, article
de Ouest-France du 3 juin 2021.
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Détail du vitrail de la façade au sud. |
Chaire à prêcher. |
«««---
Cuve de la chaire à prêcher :
le Christ est entouré des quatre évangélistes.
On reconnaît Luc et son taureau (?), Matthieu et
l'ange. |
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Chapiteaux néogothiques dans la croisée. |
Tympan d'un vitrail : «Voluntas Tua Deus». |
DIVERS ÉCUSSONS
DANS LE TYMPAN DES VITRAUX |
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Écusson armorié au tympan d'un vitrail. |
Armes du Cardinal Brossays Saint-Marc.
Au-dessus de l'autel du Sacré-Cur (ou autel
Saint-Aubin) |
Armes du pape Pie IX.
Au-dessus de l'autel
Sainte-Anne. |
La voûte de la croisée et du chur. |
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort. |
LES CHAPELLES
DU TRANSEPT : CHAPELLE SAINTE-ANNE ET CHAPELLE DU SACRÉ-CUR |
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De gauche à droite : la chapelle absidiale Saint-Joseph et
l'autel Saint-Aubin (ou du Sacré-Cur) dans le transept. |
«La Crucifixion» (copie?)
Tableau anonyme. |
Statue de sainte Anne
dans la chapelle Sainte-Anne. |
Chapelle Sainte-Anne dans le bras ouest du transept. |
Copie d'un tableau de Raphaël.
Chapelle Sainte-Anne. |
Le
Vu de 1632. En 1624, une pestilence
cruelle, selon l'expression du Père Pinsard,
contemporain des événements, se répand
peu à peu dans Rennes,
attaquant toutes les couches de la population. Pour
contrer le mal, on invoque Dieu. L'évêque
de Rennes,
Pierre de Cornulier, ordonne prières et processions.
Les reliques des saints qui reposent habituellement
dans les églises de la ville sont portées
solennellement dans les rues. En 1625, une procession
générale rassemble le clergé et
tous les moines des couvents de la ville. Elle part
de la cathédrale
Saint-Pierre, passe devant Saint-Melaine,
puis va à la chapelle Brûlon dédiée
à saint Roch (le saint que l'on invoque contre
la peste). Au mois d'août de la même année,
nouvelle procession à Notre-Dame de Brûlon.
Mais rien n'y fait ; le mal persiste. Le Père
Pinsard écrit : «Il ne restait plus qu'à
demander à Dieu et attendre de lui qu'il révélât
le moyen d'apaiser son ire.»
Ce ne fut pas avant 1632, alors que la peste ravageait
toujours la ville, qu'un notable du clergé rennais
eut l'idée d'un vu à l'adresse de
Marie. Le temps pressait ; l'idée fit l'unanimité.
Il fut décidé que le Vu serait un
bas-relief en argent représentant la ville de
Rennes
ceinturée de ses murailles, avec ses vingt-quatre
tours et ses principaux temples et bâtiments.
La cité reposerait au pied de Notre-Dame tenant
l'Enfant-Jésus dans ses bras. Celui-ci, la main
levée, bénirait la ville (voir dessin
ci-contre).
Le bas-relief fut exécuté par M. Delahaye,
orfèvre parisien parmi les meilleurs. L'ouvrage
arriva à Rennes en août 1634. Mais où
l'exposer ? L'affaire était d'une telle importance
que l'évêque sollicita l'avis du Parlement,
mais les robins lui laissèrent la responsabilité
du choix. Finalement, on décida que le Vu
serait exposé en l'église du couvent des
Dominicains, dédiée à Notre-Dame
de Bonne-Nouvelle. La Translation fut arrêtée
au 8 septembre 1634. Elle prendra le nom de Rendition.
Dans le même temps furent décidés
l'endroit précis de l'exposition, la nature de
la table où le bas-relief serait posé,
le brancard du trône d'honneur qui le soutiendrait
et le drapeau qui l'accompagnerait.
Évidemment, les contemporains ont signalé
que, la décision du Vu une fois prise,
la peste s'était arrêtée immédiatement,
que tous les malades guérirent et que plus personne
ne fut atteint. Pour Paul Philouze, auteur d'une Notice
sur l'église en 1896, ce fait extraordinaire
est relaté de nombreuses fois : par le père
Pinsard, par l'évêque de Rennes
et par Albert de Morlaix, un moine dominicain. On le
trouve aussi dans les Archives municipales. Aujourd'hui,
les épidémiologistes diraient simplement
qu'après huit ans le mal s'est éteint
de lui-même...
La Rendition, qui transféra le Vu
au couvent des dominicains, fut grandiose et marqua
les esprits. On créa même une fondation
afin que cette procession fût renouvelée
chaque année, le 8 septembre. Des dons importants
avaient permis de payer le matériau et le travail
de l'orfèvre, mais il restait de l'argent avec
lequel on érigea un autel du Vu dans la
cathédrale. La démolition de l'édifice
en 1755 le fit disparaître.
En 1668, la peste sévissant en Normandie, la
cérémonie du 8 septembre revêtit
une ferveur particulière.
Le centenaire de la Rendition de 1634 eut lieu
en 1740. Le Vu fut porté à la cathédrale.
De là, une procession aussi grandiose que celle
de 1634 parcourut la ville et le ramena à Notre-Dame
de Bonne-Nouvelle. 1768 fut aussi une année très
solennelle pour la Rendition car la procession
voulait conjurer une famine provoquée par des
pluies et des orages continuels.
Arriva la Révolution. Paul Philouze relate que
tout se passa bien tant que les Girondins furent au
pouvoir. «(...) le gouvernement, écrit-il,
ne refusa pas de donner à l'occasion des marques
de respect pour les choses saintes, ni même de
prendre part officiellement aux cérémonies
du culte.» En 1793, l'atmosphère commença
à se durcir ; un arrêté ferma au
public l'oratoire de Bonne-Nouvelle. En septembre, le
sinistre Carrier arriva à Rennes
et ouvrit l'ère de la Terreur. Les églises
furent profanées, les statues, brisées.
Seul le tableau
de la Vierge de Bonne-Nouvelle échappa à
la destruction. Un jardinier nommé Garel commit
ce que les historiens appellent un vol de précaution.
Une nuit, il s'empara du tableau, le cacha et attendit
des jours meilleurs pour le rendre à la paroisse.
Le Vu n'eut pas cette chance. Le 15 floréal
de l'an II (4 mai 1794), le Conseil Général
de la commune de Rennes
prit acte de «l'inutilité de conserver
un objet qui ne sert qu'à laisser une trace du
fanatisme» et jugea qu'il était «intéressant
de l'anéantir pour le bonheur et la tranquillité
publique». Le Vu d'argent fut mis en vente,
mais les orfèvres de la ville refusèrent
de l'acheter ! Après deux mois d'attente, un
nommé Autman, juif allemand de son état,
l'acquit pour six mille francs et le brisa avant de
le fondre.
Paul Philouze termine son historique du Vu par
ces mots affligeants : «Ce fait a été
confirmé à M. le curé de Saint-Aubin
par la fille Autman, morte à l'hôpital
Saint-Melaine, où elle a dit "qu'elle se
souvenait d'avoir joué dans son enfance avec
les morceaux du Vu".»
Source : Notice sur
le sanctuaire de Bonne Nouvelle, Paul Philouze,
Rennes, imprimerie Marie Simon, 1896 (disponible sur
Gallica).
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«Rendition» du Vu de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle
en 1634.
Ce médaillon vient de l'ancienne église, détruite
en 1904. |
Paul
Philouze écrit en 1896 que, dans la Rendition,
il y avait «une troupe
composée de vingt-quatre beaux enfants vestus en forme
d'anges.» |
Le Vu de 1632.
Dessin extrait de la Notice de Paul Philouze écrite
en 1896.
L'Enfant-Jésus, tenu dans les bras de Marie,
bénit la ville de Rennes
qui s'étale à ses pieds |
Rendition du Vu en 1861.
Ce médaillon vient de l'ancienne église Saint-Aubin,
détruite en 1904. |
Le
Vu d'argent a été vendu et fondu en 1794.
En 1861, une nouvelle maquette de la ville est créée
en argent. La ville y est entourée de remparts... qui
n'existent plus depuis longtemps. |
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La croisée et le bras est du transept (sud liturgique). |
CATHÉDRALE
DE CHARTRES
Rose de la façade occidentale (XIIIe siècle). |
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La rose dans le bras ouest du transept.
Elle s'inspire fortement de la grande rose occidentale
de la cathédrale Notre-Dame
de Chartres (donnée ci-dessous à gauche). |
Détail du dessin géométrique de la rose
ouest du transept. |
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LE CHUR
DE LA BASILIQUE SAINT-AUBIN |
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Le chur de la basilique Sainte-Aubin :
l'autel de messe, le maître-autel et le retable de la chapelle
axiale dédiée à Notre-Dame de Bonne-Nouvelle. |
Le
dos du maître-autel affiche trois plaques
commémoratives en marbre noir. Celle du centre,
datée du 12 décembre 1875, contient un
message du pape Pie IX aux pèlerins de Rennes.
Le Souverain Pontife y recommande aux fidèles
de prier la Sainte Vierge.
Les plaques de gauche et de droite sont complémentaires.
Elles relatent l'événement du 25 mars
1908 : l'archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo
a déposé sur le front de la Madone Notre-Dame
de Bonne-Nouvelle une couronne offerte par la piété
des fidèles. Il a proclamé la Madone duchesse
de Bretagne. Le 4 octobre suivant, l'archevêque
a couronné l'Enfant-Jésus.
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Vue d'ensemble du chur depuis le transept. |
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Le dos du maître-autel et ses plaques commémoratives. |
«Bonne nouvelle, Monseigneur, vous êtes duc de Bretagne.»
Un chevalier vient trouver Jean de Montfort à la fin
de
la bataille d'Auray pour lui dire que Charles de Blois,
son rival pour le duché de Bretagne, est mort.
Tympan d'un vitrail. |
Jean de Montfort, devenu le duc Jean IV de Bretagne
après sa victoire à la bataille d'Auray,
pose en 1368 la première pierre de l'église
Notre-Dame de Bonne Nouvelle.
Tympan d'un vitrail. |
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L'église
Saint-Aubin et la loi de 1905 (2/5).
---»» La situation du Préfet était
compliquée. En effet, devant la politique anticléricale
du gouvernement, les villes avaient tendance à
élire des maires catholiques et souvent pratiquants.
C'était le cas à Rennes
où Eugène Pinault, un riche tanneur, par
ailleurs conseiller municipal et ancien député
d'Ille-et-Vilaine, avait été élu
à la mairie en 1900. Une responsabilité
qu'il honorera jusqu'en 1908. L'historien Xavier Ferrieu
l'écrit dans son Histoire de Rennes (Gisserot,
2001) : Pinault avait clairement annoncé
qu'il refusait d'assurer le maintien de l'ordre lors
des inventaires...
Même si le cardinal Labouré, archevêque
de Rennes
avait recommandé aux curés de laisser
les églises ouvertes, le Préfet savait
très bien que les Rennais allaient s'opposer
à la «profanation» des églises
par la fonction publique. Anticipant des échauffourées
et en l'absence de la police, il lui fallait disposer
d'une force armée suffisante.
Le témoin des événements
décrit ainsi la journée du jeudi 15 février
: «De tous les côtés, par tous les
trains, arrivent les gendarmes. Tous ceux du département,
ceux même des départements voisins, jusque
de Lannion, ont été appelés pour
la grande journée. Habitués à protéger
l'ordre, et à poursuivre les coquins et les voleurs,
ils se sentent bien un peu déconcertés
de la triste besogne qu'on leur impose. Pauvres gens
! Ils n'avaient pas rêvé de devenir gendarmes
pour assister au sac des églises, ou à
la violation des propriétés.»
À 18 heures ce même jour, le calme règne
dans Rennes
. Les agents de l'État sont entrés dans
les églises pour repérer les points faibles,
nous dit ce témoin qui ajoute non sans
malice : «Ils savent par où ils pourront
tenter l'effraction.»
---»» Suite 3/5
plus bas.
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Portrait d'Alexis-Armand Charost.
Il fut cardinal-archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo
de 1922 jusqu'à sa mort en 1930. |
Le
portrait a été obtenu par le procédé
de photo impression. |
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Vitrail à thème géométrique dans
le chur.
Dans le tympan, un médaillon
avec le portrait du cardinal Charost. |
Le
cardinal Alexis Charost (1/2).
En 1926, le pape Pie XI condamne l'Action française,
mais le cardinal, connu pour ses sympathies envers ce
mouvement, refuse de s'aligner. En décembre 1926,
le prélat fait paraître un texte où
il demande aux chrétiens de considérer
le bon grain que Charles Maurras a apporté en
France, un pays «raviné par tant de "nuées"
révolutionnaires ravageuses» et de regarder
tout ce que l'Action française a apporté
de positif à la France en étant notamment
«le premier mouvement vaste et ordonné
qui ait paru en France depuis l'Encyclopédie
d'où sortit la Révolution avec ses destructions
immenses». ---»» Suite à
droite.
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Les Rennais implorent Notre-Dame
de Bonne-Nouvelle contre la peste.
Ce médaillon vient de l'ancienne église St-Aubin,
détruite en 1904. |
Un Cardinal en prière devant l'image
de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle
Ce médaillon vient de l'ancienne église St-Aubin,
détruite en 1904. |
Le
cardinal Alexis Charost (2/2).
---»» Cependant, en 1927, le cardinal va
contresigner une lettre condamnant l'Action française.
Les catholiques doivent alors choisir : l'Action française
ou l'Église. Ce qui provoque une crise grave
en Ille-et-Vilaine. Certains pratiquants refusent de
se soumettre et sont alors exclus des sacrements.
Source : L'Ille-et-Vilaine,
des origines à nos jours,
Éditions Bordessoules, 1984.
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LA CHAPELLE AXIALE
DE LA BASILIQUE SAINT-AUBIN |
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Le retable XIXe siècle de la chapelle axiale Notre-Dame
de Bonne-Nouvelle. |
Baie 101 : En 1368, le duc Jean IV pose la première
pierre de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.
Scène centrale, atelier Rault et Lignel, Rennes, XXe
siècle.
En fait, le duc a posé la première pierre du couvent
des Dominicains de Rennes.
Le couvent ne recevra la dédicace à Notre-Dame
de Bonne-Nouvelle qu'au XVIIe siècle. |
Baie 100 : «Bataille d'Auray remportée par
Jean de Montfort en l'année 1364»
Charles de Blois gît mort à terre, tandis que Du
Guesclin, à gauche, va être fait prisonnier.
Atelier Rault et Lignel, Rennes, XXe siècle. |
Baie 102 : Armes de la ville de Rennes
dans le tympan |
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«Notre-Dame de Bonne-Nouvelle»
Peinture sur bois, XVe siècle, dans le retable
de la chapelle axiale.
Une nuit de 1793, un jardinier s'est emparé du
tableau et
l'a caché, évitant ainsi sa destruction. |
Saint Dominique
Retable de la chapelle axiale. |
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Baie 0 : motifs géométriques du vitrail. |
Baie 102 : «Un courrier du duc Jean annonce
à Jeanne de Flandre la victoire d'Auray».
Ensemble du vitrail (tympan exclu). |
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Baie 0 : vitrail à motifs géométriques.
Détail du motif ci-contre à gauche. |
Jeanne
de Flandre.
Le vitrail de l'atelier Rault montre un messager
remettant un rouleau de parchemin à Jeanne
de Flandre, mère de Jean de Montfort. Ce
parchemin annonce la victoire à Auray
de son fils, lié au parti anglais, contre
les troupes de Charles de Blois, lui-même
lié au parti français. Cette victoire
et la mort de son adversaire lors de la bataille
font de Jean de Montfort le seul héritier
du duché sous le nom de Jean IV.
En réalité, Jeanne de Flandre n'était
pas à Rennes,
mais en Angleterre, assignée à résidence
par Édouard III. C'est aux moines dominicains
que l'on doit cette légende, peut-être
pour contrer l'influence des franciscains qui
soutenaient Charles de Blois.
Quoi qu'il en soit, Jean IV rattacha toujours
Notre-Dame de Bonne-Nouvelle au souvenir de sa
victoire à Auray en 1364 et lui témoigna
une dévotion particulière.
La bataille d'Auray a marqué la fin de
la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364).
Source : 11 batailles
qui ont fait la Bretagne,
la bataille d'Auray par Laurence Moal,
Éditions Skol Vreizh, 2015.
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Baie 102 : «Un courrier du duc Jean annonce à
Jeanne de Flandre la victoire d'Auray»
Scène centrale
Atelier Rault et Lignel, Rennes, XXe siècle. |
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LES CHAPELLES
ABSIDIALES : ST-MICHEL et ST-JOSEPH |
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Chapelle absidiale ouest Saint-Michel. |
Le Martyre de saint Émile.
Soubassement du retable de la chapelle absidiale Saint-Michel.
Saint Émile a subi le même supplice que saint Laurent
:
être «cuit» vivant sur une grille chauffée
par le feu. |
L'archange Saint Michel terrassant ke démon.
Chapelle absidiale ouest. |
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Le second niveau du chur
et ses vitraux.
Une frise sépare
les deux niveaux d'élévation, tandis qu'une suite
d'arcatures
coupe agréablement les grandes verrières en deux
parties inégales. |
LES CHAPELLES
ABSIDIALES SAINT-MICHEL et SAINT-JOSEPH |
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Baie 5 : lancette de gauche : «Voici la servante
du Seigneur» ;
lancette de droite : «Par la Croix à la Gloire»
Atelier Rault et Lignel, Rennes, XXe siècle.
Chapelle absidiale Saint-Michel. |
Baie 5 : saynètes de la Vie de la Vierge.
De haut en bas :
- Chemin de croix
- Marie et saint Jean au pied de la croix
- Descente de croix
- Pentecôte
- Marie parmi les apôtres
- Assomption. |
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Baie 7 : trois lancettes intitulées «La
Mort par Ève La Vie par Marie»,
«Elle te meurtrira à la tête» et «Voici
qu'une Vierge enfantera».
Atelier Rault et Lignel, Rennes, XXe siècle. |
Baie 8 : trois lancettes intitulées «De
la Peste», «De la Guerre» et «Du Feu». |
La
basilique Saint-Aubin et la loi de 1905 (5/5).
---»» Le témoin accompagne
son récit de la protestation du général
de Saint-Germain, sénateur d'Ille-et-Vilaine,
datée du 16 février 1906, c'est-à-dire
du jour exact des inventaires à Rennes.
Le général, qui s'adresse au préfet,
met l'accent sur un point de la loi de 1905 que violent
apparemment les inventaires.
«Comme sénateur représentant la
population catholique d'Ille-et-Vilaine, écrit-il,
il est de mon devoir de protester avec la plus grande
énergie contre l'acte que vous avez la triste
mission d'accomplir.
L'inventaire que vous devez dresser est la première
opération de la spoliation projetée des
biens de l'Église. Elle est contraire à
l'esprit de la loi du 9 décembre 1905.
Il n'a été, en effet, ordonné qu'en
vue de la dévolution de ces biens aux associations
cultuelles qui doivent remplacer les fabriques. Or ces
associations n'existent pas et rien, actuellement, ne
peut indiquer quand et comment elles seront constituées,
ni même s'il sera possible de les constituer,
puisque le règlement d'administration publique
qui doit régler leur fonctionnement, n'est pas
encore décrété.
La mesure que vous avez l'ordre de prendre est donc
arbitraire : elle blesse les consciences catholiques,
elle est offensante pour nos prêtres et pour les
membres du Conseil de fabrique, qu'elle suppose capables
de détourner les objets du culte, qui sont dus,
en grande partie, à la généreuse
piété des fidèles.
Nous protestons contre cet outrage, et contre l'acte
lui-même par lequel le Gouvernement veut s'assurer
de la valeur des biens de l'Église, pour le jour
prochain où il trouvera un prétexte soi-disant
légal pour s'emparer de ces biens.»
Source : À l'assaut
de nos églises, récit anonyme d'un
témoin édité en 1906.
Dans le cours du siècle, il a établi par
de nombreux historiens qu'Aristide Briand, rapporteur
de la loi, n'a jamais eu à l'esprit de priver
les églises de leurs biens, encore moins de les
leur voler. Que ferait un État républicain
d'une collection de calices et de patènes ?
C'est justement pour qu'elles conservent leurs biens
que Briand a proposé de créer des associations
cultuelles. La position du général de
Saint-Germain peut être vue comme un procès
d'intention, d'ailleurs bien dans l'air du temps. Les
fabriques ont attendu la décision du pape...
qui a tout refusé avec dédain. Ce rejet
a privé l'Église de France d'innombrables
propriétés foncières et immobilières...
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La
basilique Saint-Aubin et la loi de 1905 (3/5).
---»» À 23 heures, les portes des
églises sont gardées par des escouades.
À minuit, la ville est en état de siège.
Pour rentrer chez eux, les habitants dont les maisons
sont proches des édifices cultuels doivent établir
leur identité et se faire accompagner par un
agent de police.
Le témoin poursuit : «Toute la garnison
de Rennes
a été mobilisée : les 14 compagnies
du 41e de ligne, en tenue de campagne, avec deux paquets
de cartouche dans chaque giberne, les artilleurs des
7e et 10e d'artillerie, - les gendarmes, 500, dit-on
-, arrivés de partout. Tout cela pour enfoncer
les portes de six églises, et inspirer une salutaire
terreur à quiconque voudrait bouger.»
Arrive le matin du vendredi 16 février 1906.
Saint-Aubin, qui n'est pas achevée, est
un peu la propriété de tous les Rennais.
Le témoin ne décolère pas
sur l'abus de pouvoir commis par la loi. Il écrit
: «L'État a dit : Ce temple que vous venez
de bâtir au prix de tant de sacrifices et de peines,
ce temple est à moi !» Et il ajoute : «Tout
un bataillon du 41e, plus 300 artilleurs, depuis 4 heures
du matin, sous la pluie fine et froide, sont là
pour le prouver.»
La place Sainte-Anne devient un véritable camp
retranché. Toutes les rues qui y mènent
sont barrées par une double haie de soldats.
À 7 heures 30, le chanoine de la Villecomte,
curé de l'église, ses vicaires et les
fabriciens se présentent à un barrage.
Le Préfet ayant interdit aux vicaires d'accompagner
leur curé, ceux-ci font demi-tour. Comme font
demi-tour des paysans venus en ville pour vendre leur
lait et qui passaient par-là.
Arrive alors M. Emou, receveur des successions et responsable
de l'inventaire, qui demande à entrer dans l'église.
Il se heurte à un refus net.
Le curé donne alors lecture d'une longue protestation.
En tant que «ministre de paix», opposé
à toute violence et en l'absence d'instructions
du Vatican, il ne peut que se soumettre à la
loi, tout comme ses paroissiens. Mais il souligne que
les «catholiques français de Rennes»
jouissent d'une «absolue propriété
relative à tous les biens ici renfermés.»
Le curé rappelle ensuite le rôle de Notre-Dame
de Bonne-Nouvelle dans l'Histoire. Elle a reçu
les prières des Rennais contre la peste, les
flammes, l'invasion allemande, contre tous les fléaux
destructeurs et a toujours intercédé pour
eux. Pour terminer, il en appelle au tribunal des hommes
et exige que son texte soit inclus dans le procès-verbal.
---»» Suite 4/5
plus bas.
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Baie 7 : saynètes dans la partie basse du vitrail.
«La Mort par Ève La Vie par Marie», «Elle
te meurtrira à la tête», «Voici qu'une Vierge
enfantera». |
La
basilique Saint-Aubin et la loi de 1905 (4/5).
---»» M. Desbois, représentant du
Conseil de fabrique, prend à son tour la parole
pour émettre une seconde protestation qui, elle,
se révèle riche d'enseignements. En effet,
l'inventaire, dit-il, n'est pas une simple formalité
qui transférerait les biens des Fabriques aux
associations cultuelles [dont la création a été
proposée par Aristide Briand dans la loi de 1905].
Car que fera le pape ? Acceptera-t-il ces associations
? S'il les refuse, l'inventaire s'empare tout simplement
des biens des fabriciens au bénéfice d'associations
qui ne verront jamais le jour ! [On sait que le pape
Pie X a refusé...] L'inventaire peut donc n'être
qu'une confiscation sacrilège déguisée
à laquelle les fabriciens n'apporteront aucune
aide. M. Desbois invite donc le receveur des successions
à se retirer car les portes de l'église
Saint-Aubin resteront fermées et «ne s'ouvriront
que par ruse ou par violence.»
M. Emou, qui voit son inventaire remis en question,
se retire pour en référer au Préfet.
Il est 7 heures 45. Vers 9 heures surgit le commissaire
central Queutier avec un «ukase» signé
: c'est l'ordre d'employer la force ! Sans attendre,
les coups de hache tombent sur la porte principale,
celle qui est au sud. Comme elle résiste, on
s'attaque aux portes latérales. Enfin, une porte
cède ; M. Emou pénètre dans l'église
et gagne la sacristie. Là, en confondant bien
des objets, il note tout ce qu'il trouve, sous les yeux
passifs du curé et des fabriciens. Il attend
ensuite que le commissaire Queutier le rejoigne. Puis,
les deux sortent ensemble de l'édifice.
Le témoin anonyme qui a rédigé
le récit ajoute : «Des fenêtres qui
dominent la place Sainte-Anne, et des rues avoisinantes
s'élevèrent des cris nourris de "Vive
la liberté ! À bas les voleurs !"»
Et il termine sur une imprécation vengeresse
: «Le peuple de Rennes,
à la générosité duquel est
dû le sanctuaire de Bonne-Nouvelle, contemplera
longtemps la hideuse trace du cambriolage légal,
et il saura se souvenir.» ---»» Suite
5/5
plus bas.
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Le bas-côté est du chur conduit à
l'autel Saint-Joseph. |
Chapelle absidiale Saint-Joseph à la droite du
chur |
CI-DESSOUS
:
Gros plan sur les combattants de la bataille d'Auray. |
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Baie 8, lancette «De la Guerre», détail.
Ce vitrail ne peut avoir été fait
qu'après la seconde guerre mondiale... |
Baie 6 : saynètes de la partie basse. |
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Documentation : «Patrimoine religieux
de Bretagne», Éditions Le Télégramme, 2006
+ «Bretagne, dictionnaire guide du patrimoine», Éditions
du patrimoine, 2002
+ «Dictionnaire du patrimoine rennais» sous la direction
de Jean-Yves Veillard et Alain Croix, Éditions Apogée,
2004
+ «Dictionnaire d'histoire de Bretagne», Éditions
Skol Vreizh, 2008
+ «À l'assaut de nos églises», récit
anonyme d'un témoin, édité en 1906
+ «Place Sainte-Anne, que deviendra l'église Saint-Aubin»,
article de Ouest-France du lundi 27 mai 2013
+ «Notice sur le sanctuaire de Bonne Nouvelle» par Paul
Philouze, 1896
+ 11 batailles qui ont fait la Bretagne, sous la direction
de Dominique Le Page, Éditions Skol Vreizh, 2015
+ Pour les vitraux : http://www.infobretagne.com/rennes-eglise-saint-aubin.htm. |
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