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Pendant la guerre de Succession de Bretagne
(1341-1364), la ville de Rennes
est assiégée à plusieurs reprises. En 1358,
pour prendre soin des blessés et des malades, un hôpital
est fondé auquel est adjointe une petite chapelle. En 1494,
avec les subsides de la famille ducale des Montfort, celle-ci est
remplacée par l'ancienne église actuelle.
Située juste au sud de la cathédrale
Saint-Pierre, bordée par la rue Saint-Yves peu passante,
l'édifice s'élève maintenant dans un quartier
tranquille, proche de la Vilaine. Il a abrité l'Office de
Tourisme de Rennes
de 1998 à 2019. On comprend que la municipalité l'ait
fait déménager place Sainte-Anne, en face de la basilique
Saint-Aubin, un endroit nettement plus fréquenté
et touristique !
Le quartier paisible où se trouve cet ancien édifice
gothique est présenté par Alain Croix dans le Dictionnaire
du patrimoine rennais comme l'un des ensembles les plus marquants
de la ville de Rennes
du XIVe au XIXe siècle. On y trouvait en effet l'hôpital,
le cimetière, le port, le quai et la tour Saint-Yves. Les
bâtiments de l'hôpital, en grande partie reconstruits
au début du XVIIe siècle, s'étiraient le long
de l'actuel quai Dugay-Trouin. À partir de 1644, les soins
furent assurés par les Surs augustines.
Dans les années 1840, la Vilaine est partiellement recouverte.
C'est un vaste chantier qui entraîne la destruction des immeubles
sur ses bords. Seule la chapelle subsiste. Les travaux de restauration
qui la concernent visent à lui redonner l'aspect qu'elle
avait au début du siècle, avec les statues en moins.
De l'intérieur, il ne reste que la voûte en lambris
et les sablières du XVe siècle.
Citons Alain Croix : «Saint-Yves est ainsi un exemple, rare
à Rennes,
de patrimoine ancien presque entièrement disparu, mais dont
un élément a pu survivre au prix d'une utilisation
profondément nouvelle, seule susceptible de justifier les
lourds investissements exigés.» Depuis le départ
de l'Office du Tourisme, l'édifice, vide, reste fermé.
Il n'en reste pas moins que l'extérieur de l'ancienne église
justifie de passer dans la rue Saint-Yves. L'amateur de gothique
flamboyant pourra y admirer les niches et les dais qui scandent
le pourtour de l'édifice. Sculptés dans le calcaire
de la Loire, avec leurs quadrilobes, leurs choux frisés et
leurs écussons, ces dais témoignent de «la qualité
de l'un des derniers chantiers ducaux de la ville», écrit
Dominique Irvoas-Dantec dans Bretagne dictionnaire guide du patrimoine.
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Vue générale de l'ancienne église Saint-Yves.
La municipalité de Rennes
y a installé l'Office de Tourisme de 1998 à 2019.
On pourra remarquer un aspect peu courant dans l'art gothique religieux
: les contreforts sont tous embellis d'une niche incrustée,
surmontée d'un dais très travaillé. |
La façade occidentale de l'église.
Niches gothiques à
l'angle nord-ouest de l'église, détail des dais.
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Sculpture gothique au-dessus de la porte occidentale, détail |
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Le côté nord de l'église avec ses deux portes,
ses niches, ses contreforts et ses baies vitrées. |
L'opinion
de Mérimée en 1835. Nommé
inspecteur général des Monuments historiques
en 1834, Prosper Mérimée passe en Bretagne
en 1835 et, à son retour, adresse un long mémoire
au Ministre de l'Intérieur auquel est rattachée
la commission des Monuments historiques. À propos
de Saint-Yves, il écrit :
«Pour terminer la liste des églises de
Rennes
qui ont conservé quelques souvenirs de l'architecture
du moyen-âge, je citerai Saint-Yves, aujourd'hui
l'église de l'hôpital, de la fin du quinzième
ou des premières années du seizième
siècle. À l'extérieur on remarque
d'assez jolis clochetons et des dais, qu'on ne pourrait
cependant pas comparer pour le goût et la finesse
de l'exécution avec les mêmes détails
du même temps, tels qu'on les voit en Normandie
ou dans le centre de la France. La nef de Saint-Yves
n'a qu'un plafond de bois, reposant sur deux longues
poutres assez grossièrement sculptées.
Parmi des monstres, des caricatures, cent fantaisies
bizarres, on distingue un marmouset tournant le dos,
pour ne pas dire plus, à l'autel. Quelles gens
étaient donc les sculpteurs pour qu'on leur permît
de semblables impertinences?»
Source : Notes d'un
voyage dans l'Ouest de la France par Prosper Mérimée,
1836.
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Dais de la niche qui surmonte la porte de la photo ci-contre. |
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Porte sur le côté nord et ses deux niches. |
Niche gothique sur le côté nord de l'église.
Dais d'une niche gothique
sur le côté nord de l'église. ---»»»
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Dais d'une niche gothique sur le côté nord de l'église. |
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Côté nord : Porte surmontée de trois niches gothiques. |
Porte sur le côté nord surmontée de trois niches
: les dais gothiques des niches. |
Porte sur le côté nord surmontée de trois niches
: frise à thème floral dans le soubassement des niches. |
Documentation : «Dictionnaire du patrimoine
rennais» sous la direction de Jean-Yves Veillard et Alain Croix,
Éditions Apogée, 2004
+ «Bretagne Dictionnaire guide du patrimoine», Monum,
Éditions du patrimoine, 2002
+ «Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France» par Prosper
Mérimée, 1836. |
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