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La cathédrale de Langres fait
partie des grandes cathédrales de France. L'évêque
de Langres, duc et pair du royaume, était un personnage puissant.
Une puissance à la mesure de la vaste étendue de son
évêché : Champagne méridionale, marches
nord-est de la Bourgogne, auxquelles il faut rajouter des bouts
de la Lorraine et de la Franche-Comté.
Selon l'historien J. Tillet, à l'emplacement de la cathédrale,
il y aurait pu avoir une succession d'édifices depuis le
IIIe siècle. Ces édifices auraient été
saccagés et détruits par les Vandales, par Attila,
et pour finir par les Sarrasins en 738. C'est au VIIIe siècle
aussi qu'une relique de saint Mammès aurait été
confiée à la (nouvelle) cathédrale, tandis
qu'une autre source parle aussi d'une relique, mais au XIe siècle.
Toujours est-il que l'édifice actuel, dédié
à saint Mammès, martyr de Cappadoce, a été
construit dans la seconde moitié du XIIe siècle et
le début du XIIIe, en deux phases distinctes. D'abord le
chur, le déambulatoire et la partie basse du transept,
puis, à partir de 1170, la partie haute du transept et la
nef.
Au XIVe siècle, le déambulatoire, qui possédait
déjà une chapelle axiale, est enrichi de chapelles
rayonnantes. Avec son élévation à trois niveaux,
la cathédrale Saint-Mammès appartient à la
famille clunisienne. Elle présente la particularité
d'associer un décor roman (possédant une belle variété
de chapiteaux
à feuilles d'acanthe) à une structure gothique (car
voûtée sur croisée d'ogives). La chapelle
Sainte-Croix, bel exemple d'art Renaissance, a été
édifiée de 1547 à 1549. Entre 1760 et 1768,
la façade occidentale,
qui menaçait ruine, a été entièrement
reconstruite dans un style classique.
L'intérieur de l'édifice peut être qualifié
d'harmonieux et d'équilibré. Saint-Mammès est
de taille imposante : longueur de 94 mètres, façade
de 33 mètres de large ; transept de 42 mètres ; les
tours culminent à 46 mètres.
À la Révolution, le diocèse fut réduit
à la Haute-Marne et la cathédrale eut beaucoup à
souffrir (jubé détruit, pierres tombales bûchées,
trésor pillé par les réquisitions, cloches
enlevées). En 1792, néanmoins, elle récupéra
une bonne partie du mobilier de l'abbaye cistercienne de Morimond
: stalles, grand orgue, boiseries, dais de la chaire à prêcher
et grilles du chur. En 1793, Saint-Mammès devint temple
de la raison ; en 1800, grenier à fourrage. L'édifice
est rendu au culte en 1802. Le XIXe siècle sera marqué
par une série de restaurations sous l'autorité des
architectes Maquet, puis Alphonse Durand. Les conceptions de ce
dernier s'inscrivent dans le droit fil de celles de Viollet-le-Duc.
En 1943, l'explosion de la poudrière (acte de sabotage des
résistants langrois) provoque d'importants dégâts
: les combles et la toiture sont ébranlés, la plupart
des vitraux sont détruits et le grand orgue est gravement
endommagé.
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Vue d'ensemble de la nef et du chur de la cathédrale
Saint-Mammès. |
La façade de la cathédrale Saint-Mammès.
À la belle saison, il y a toujours de grands arbres sur
la place Jeanne Mance, devant la cathédrale,
empêchant de prendre une photo de l'ensemble à
bonne distance. |
La «Synagogue» dans le fronton du XVIIIe siècle. |
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Le fronton de la façade du XVIIIe siècle.
La Synagogue, au nord, fait face à l'Église au
sud. |
Le chevet (à droite) et la sacristie (au centre), élevée
au XIXe siècle dans le goût néoroman. |
La
façade occidentale actuelle de la
cathédrale Saint-Mammès a été
élevée de 1761 à 1768, la précédente
menaçant ruine (on ne sait d'ailleurs pas grand-chose
de son aspect). Sur la nouvelle façade, conçue
d'après les plans de Claude-Louis d'Aviler,
les deux premiers ordres classiques, dorique et ionique,
se superposent sur les deux étages. Les pilastres
qui décorent les tours du troisième niveau
sont de style corinthien. David Covelli, dans sa brochure
aux Éditions du patrimoine, souligne que
le «frontispice est fidèle à l'esprit
de solennité des façades gothiques, dont
la composition revient à la mode au XVIIIe siècle
par l'intermédiaire des leçons dispensées
par l'Académie.» Conformément au
goût de l'époque, les portes et fenêtres
sont ornées de motifs végétaux
rocaille.
Il faut s'arrêter sur les deux personnages couchés
qui surmontent le fronton. Au sud se trouve l'Église,
au nord la Synagogue. Au Moyen Âge, on avait l'habitude
de représenter la Synagogue «sous les traits
d'une femme aux yeux bandés et au visage incliné
vers le sol, contrite de n'avoir su reconnaître
en Jésus le Messie» (Covelli). Au XVIIIe
siècle, le judaïsme est moins dénigré
: la Synagogue, (photo ci-contre), est simplement personnifiée
par une femme un peu âgée et qui tient
les tables de la Loi.
Ajoutons que, à la belle saison, il y a toujours
de grands arbres dans le parc de la place Jeanne Mance,
devant la cathédrale. Ceux-ci se dressent juste
devant la façade si bien qu'il est impossible
d'en réaliser une photo complète dans
de bonnes conditions.
Source : La cathédrale
Saint-Mammès de Langres
par David Covelli, Éditions du patrimoine.
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Les toits de la cathédrale sont couverts en ardoise bourguignonne.
Les tuiles vernissées du XIXe siècle s'étant
révélées fragiles, l'ensemble
fut remplacé vers l'an 2000 par des tuiles vernissées
plus résistantes. |
Le cloître de la cathédrale.
Situé au sud de la cathédrale, il comprenait à
l'origine quatre galeries. La Révolution en a rasé deux.
À noter que le cloître de Langres possède un étage.
Depuis 1987, il accueille la bibliothèque municipale. |
Paysage vu du sommet de la tour sud.
À l'arrière-plan (à l'est), le lac de la Liez.
Perchée sur son plateau, la ville de Langres est entourée
de campagnes. |
Les tours de la cathédrale vues de la
tour
Navarre.
Il faut signaler la possibilité donnée aux visiteurs
de monter jusqu'au sommet de la tour sud. |
Portail néoroman sur le bas-côté sud. |
Un tragique
événement. Dans son analyse de la
cathédrale réalisée à l'occasion
du Congrès archéologique de France tenu à
Dijon en 1928, l'historien J. Tillet rapporte un événement
bien triste, survenu en 1476. Cette année-là,
un groupe d'experts fut convoqué à Langres pour
examiner la cathédrale et y déceler d'éventuelles
réparations à effectuer. Ils s'aperçoivent
effectivement que les «alées hautes de la muraille»
étaient pourries, que l'eau passait à travers
et que, en conséquence, l'un des deux clochers penchait
un peu en direction de l'hôpital voisin. Il était
urgent de soulager le clocher. Aussi le maître des uvres
chargea-t-il une équipe d'ouvriers d'abattre un arc-boutant
|
qui s'appuyait contre le clocher
en question. L'un des maçons chargés du travail,
un dénommé Pierre Baudot, s'amusa à lancer
les pierres de démolition dans la boue de la «grande
place qui est devant la principale porte» de la cathédrale
afin d'éclabousser les passants. L'une de ces pierres
vint frapper une femme et la tua. J. Tillet nous apprend que
ce fait est connu par une lettre de rémission octroyée
par Louis XI à Pierre Baudot (!)
Source : Congrès archéologique
de France, 91e session, Dijon,
1928. Article sur la cathédrale Saint-Mammès
par J. Tillet.
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Élévations sud de la nef vues depuis le transept nord. |
Plan de la cathédrale Saint-Mammès. |
La voûte de la nef.
Elle est sur plans barlongs, en croisée d'ogives. |
Saint Jean l'Évangéliste
Tableau du XVIIIe siècle dans la nef. |
La voûte du bas-côté sud. |
Détail des boiseries de la chaire à prêcher. |
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Architecture.
Vue globalement, la nef de Saint-Mammès présente
une ornementation romane sur une structure gothique.
Dans le cadre de la construction de l'édifice,
cette nef a été érigée en
dernier. Elle date de la fin du XIIe siècle et
du tout début du XIIIe. On compte six travées
sur plan barlong (voir plan ci-contre), scandées
de grandes arcades en tiers-points. Les piliers sont
cruciformes et ornés de pilastres et de colonnes
engagées. Sur ces piliers, les chapiteaux sont
tous situés très haut, c'est-à-dire
sur la retombée des arcs doubleaux de la voûte,
qui est par ailleurs sur croisée d'ogive.
La cathédrale appartient à la grande famille
clunisienne. On retrouve dans la nef une élévation
à trois niveaux, séparés par un
double cordon mouluré. Ce double cordon entoure
le bandeau au niveau du triforium. Entre chaque travée,
le triforium est constitué de trois arcades en
plein cintre (voir ci-dessous). L'arcade centrale est
aveugle, les deux autres s'ouvrent sur les combles des
bas-côtés. Les historiens de la cathédrale
rappellent toujours l'existence d'importantes ruines
romaines sur le promontoire où s'étale
la ville de Langres. Et ils rappellent aussi que ces
ruines et leur ornementation ont forcément influencé
les architectes de Saint-Mammès. On en voit en
effet la marque dans le triforium : ses ouvertures sont
séparées par des pilastres cannelés
surmontés d'un chapiteau. La mouluration des
arcades est réduite au minimum. Au-dessus, une
moulure très saillante s'interrompt au passage
des pilastres. On retrouve le même schéma
dans les bas-côtés. Ce qui porte à
la conclusion que la décoration de la nef et
des bas-côtés est due uniquement aux moulurations
et aux chapiteaux.
Source : Congrès archéologique
de France, 91e session,
Dijon, 1928. Article sur la cathédrale Saint-Mammès
par J. Tillet.
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Saint Matthieu et l'ange
XVIIIe siècle. |
Arcature du triforium dans la nef : le style fait très
romain. |
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Le bas-côté sud.
(Fin du XIIe siècle, début du XIIIe siècle). |
La chaire à prêcher est du XVIIIe siècle. |
La cuve de la
chaire à prêcher ---»»» |
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Cinq
scènes de la vie de Suzanne.
Ce thème biblique très connu est
souvent présent dans les musées
et les églises. La cathédrale Saint-Mammès
ne déroge pas à la règle
et propose cinq beaux tableaux (dont l'auteur
est malheureusement inconnu) du quatrième
quart du XVIe siècle illustrant des épisodes
de cette histoire. Trois sont reproduits ici.
Voir l'histoire de la Légende de «Suzanne
et les vieillards» à la page du musée
Magnin à Dijon.
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«La Pentecôte»
Tableau dans le transept (XVIIe siècle?) |
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Cinq scènes de la vie de Suzanne : Suzanne est
surprise par les vieillards.
Quatrième quart du XVIe siècle. |
Détail d'un vitrail moderne. |
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Cinq scènes de la vie de Suzanne : Suzanne comparaît
devant le tribunal
Quatrième quart du XVIe siècle. |
Cinq scènes de la vie de Suzanne : Intervention de Daniel,
le futur prophète
Quatrième quart du XVIe siècle. |
Retable Renaissance dans le collatéral nord. Marbre, XVIe siècle.
Il illustre des scènes de la Passion. |
Retable Renaissance dans le collatéral nord. Marbre, XVIe siècle.
Jésus tombe sous le poids de la croix, détail. |
Sainte Marguerite et le dragon.
Atelier de Jean Tassel, XVIIe siècle. |
Retable Renaissance dans le collatéral nord. Marbre,
XVIe siècle.
La Déposition de croix, détail. |
Le bas-côté sud et les piliers cruciformes de la nef
avec les chapiteaux à crochets au-dessus des pilastres
(fin du XIIe siècle, début du XIIIe siècle). |
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Deux saints
dans un vitrail du XIXe siècle. |
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Saint
Amâtre (1/5) Ce saint de légende,
connu aussi sous le nom d'Amator, vécut
à Auxerre aux IVe et Ve siècles. Il mourut
en tant qu'évêque d'Auxerre en 418. Les
Annales hagiologiques de la France s'épanchent
sur sa personne en créant un récit édifiant
qui est en fait une succession de miracles.
Son père, Proclidius, était un riche citoyen
d'Auxerre. Sa mère se rattachait à une
illustre famille des Éduens. Amâtre, leur
seul enfant, vécut donc dans l'aisance. Mais
le côté intellectuel ne fut pas oublié.
Paré de toutes les vertus, le jeune homme se
sentit très tôt attiré par le catholicisme
et le service divin. Il s'en confia à Valérien,
évêque d'Auxerre, qui le tenait en très
haute estime.
Ignorant son intention de vouer sa vie au Seigneur,
ses parents le marièrent à une jeune fille
de Langres, nommée Marthe, issue aussi d'une
famille riche et illustre. Mais, au cours de la cérémonie
nuptiale, l'évêque Valérien, sans
s'en rendre compte, ne prononça pas les prières
qui devaient les unir dans le mariage, mais celles qui
les vouaient au ministère sacré des lévites.
Personne ne s'en aperçut, sauf les deux mariés.
Le soir, ceux-ci tombèrent d'accord pour vivre
dans la chasteté et selon les vux qu'ils
avaient reçus. Un parfum suave venu du Ciel se
répandit alors dans leur demeure. Une nuit, un
ange apparut à --»» 2/5
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Le bas-côté nord. |
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Légende de saint Amâtre : Vux de virginité
d'Amâtre et de son épouse Marthe (tableau du XVIIe
siècle). |
Saint Amâtre refuse de donner la communion à Palladie
parce qu'elle est couverte de bijoux (tableau du XVIIe siècle). |
Légende de saint Amâtre : La Mort de saint Amâtre,
sixième évêque d'Auxerre (tableau du XVIIe
siècle). |
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LA CHAPELLE SAINTE-CROIX
(XVIe SIÈCLE) DANS LE BAS-CÔTÉ NORD |
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La chapelle Sainte-Croix et sa grille en fer forgé
du XVIIIe siècle dans le bas-côté nord. |
Les Fonts baptismaux et le carrelage du sol (refait en 1887)
Chapelle Sainte-Croix. |
La voûte Renaissance à caissons de la chapelle
Sainte-Croix est en deux parties séparées par
un arc doubleau. |
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La
chapelle Sainte-Croix est l'un des plus beaux
endroits de la cathédrale. Protégée
par une belle grille du XVIIIe siècle, son accès
est interdit. Son fondateur est Jean d'Amoncourt,
chanoine de Langres. Elle est édifiée
de 1547 à 1549, son architecte reste inconnu.
Dans l'autel situé à l'est, les colonnes
reprennent les deux ordres ionique et corinthien.
Deux éléments font de cette chapelle un
magnifique exemple des réalisations de la Renaissance
: la voûte à caissons et le carrelage en
faïence. La voûte en berceau est pavée
de caissons alternativement ovales et rectangulaires,
accueillant soit une rosace, soit un cartouche, aux
ornements tous différents. Le carrelage de faïence
qui recouvre le sol est lui aussi d'une grande richesse.
On y trouve une décoration typique de la Renaissance
: têtes de chérubin, cornes d'abondance,
trophées d'armes, etc. Le pavement en place date
en fait de 1887. Le carrelage original étant
jugé trop délabré, il a été
refait à l'identique à cette époque.
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L'autel de la chapelle Sainte-Croix.
Les colonnes reprennent les ordres ionique et corinthien. |
Armoirie sur le carrelage du sol (réplique de la céramique
du XVIe siècle).
Chapelle Sainte-Croix. |
Détail du carrelage dans la chapelle Sainte-Croix (refait
en 1887). |
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Statue de Guy Baudet en prière,
donateur de la statue de
Notre-Dame-la-Blanche.
Guy Baudet était évêque de
Langres et chancelier de France.
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Statue de Notre-Dame la Blanche
Albâtre par Évrard d'Orléans, 1341. |
La voûte Renaissance à caissons de la chapelle Sainte-Croix
vue en gros plan.
Les caissons sont alternativement rectangulaires et ovales.
Dans les caissons du haut, on peut lire ces trois mots : «Noble»,
«Homme» et «Maistre».
«««---
À GAUCHE
C'est grâce à un document d'archives que l'on connaît
l'auteur et la date d'exécution de ces deux statues en
albâtre. |
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LE CHUR,
L'ABSIDE ET LA CROISÉE DU TRANSEPT |
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Le maître-autel est installé dans la croisée du
transept.
Derrière le Christ en croix du XIXe siècle, le chur
et l'abside de la cathédrale Saint-Mammès font replonger
le visiteur au XIIe siècle. |
Vue en gros plan de la frise en rinceaux qui parcourt le chur
sous le déambulatoire (deuxième moitié du XIIe
siècle). |
Le Christ en croix dans le chur, détail.
Statue d'Antoine-Henri Bertrand (vers 1810). |
Vierge à l'Enfant dans le triforium du chur
sur le côté sud, XVe siècle. |
Saint Mammès dans un vitrail moderne de l'abside. |
Gros plan sur un chapiteau jumelé dans le triforium
du chur : on reconnaît le taureau de Luc. |
Autre chapiteau jumelé dans le triforium
du chur avec feuilles d'acanthe et tête d'animal. |
Tableau dans la nef. Le Fils prodigue (?) |
«Le Reniement de saint Pierre»
Tableau du XVIIIe siècle. |
À DROITE ---»»»
Saint Pierre dans un
vitrail moderne de l'abside. |
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L'orgue de chur et la travée nord vus entre
deux piliers du déambulatoire.
Dans le triforium, statue d'un Christ aux liens du XVIe
siècle. |
Vitrail du XIXe siècle dans la travée nord
du chur. |
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Le
chur, dont la construction remonte
à la seconde moitié du XIIe siècle,
est la partie la plus ancienne de la cathédrale.
Son ordonnancement a servi de modèle à
celui de la nef, élevée quelques
décennies plus tard. Dans la photo au-dessus,
le chur se situe derrière le grand
Christ en croix du XIXe siècle. Il comprend
une travée droite flanquée de bas-côtés,
suivie d'un rond-point polygonal entouré
d'un déambulatoire. Sur la photo, la travée
se situe au niveau de la Vierge à l'Enfant
du XVe siècle qui niche dans l'arcature
aveugle du triforium, au-dessus de la grande arcade.
L'ensemble du chur est inaccessible aux
visiteurs qui peuvent seulement en faire le tour.
Des stalles venant de l'église abbatiale
de Morimond ont été installées
dans le rond-point polygonal après la Révolution.
De très légers détails distinguent
les pilastres du chur de ceux de la nef.
Et les chapiteaux sont presque la copie du chapiteau
corinthien. Enfin, les feuilles d'acanthe se retrouvent
partout. Esthétiquement, la différence
entre le chur et la nef repose essentiellement
dans la présence d'une large frise à
base de rinceaux qui se développe dans
le chur au-dessous du déambulatoire.
Et ceci sur toute sa longueur, y compris dans
la première travée, coté
est, du transept (voir photo
au-dessus). Le dessin de cette frise est d'une
exécution remarquable : c'est une suite
de rinceaux agrémentés de feuilles
d'acanthe. Notons, pour finir, la présence
de deux statues nichées dans l'arcature
du triforium au niveau de la travée du
chur : un Christ aux liens (ou Christ de
pitié) du XVIe siècle et une Vierge
à l'Enfant du XVe siècle.
Source : Congrès
archéologique de France,
91e session, Dijon, 1928. Article sur la cathédrale
Saint-Mammès.
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Triforium sud avec une statue de la Vierge du XVe siècle.
Elle fait pendant à celle du Christ aux liens sur
le côté nord. |
Christ aux liens dans le triforium du chur (côté
nord)
XVIe siècle. |
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L'abside et son triforium. La rangée des fenêtres
au-dessus du triforium a été refaite au XIXe siècle. |
Le
triforium du chur est l'élément
le plus pittoresque de la cathédrale. Redécouvert
à l'occasion de travaux en 1836, il se compose
de baies géminées (voir photo ci-dessus)
à colonnes et chapiteaux doubles, séparées
par des pilastres cannelés. Ce sont les chapiteaux
qui doivent retenir toute l'attention du visiteur car
ils cachent des merveilles de sculpture romane.
Malheureusement, ils sont situés très
en hauteur et dans une zone jetée dans la pénombre.
Les prendre en photo au téléobjectif est
une tâche ardue qui exige, dans la mesure du possible,
une luminosité maximale dans le chur, c'est-à-dire
un soleil radieux à l'extérieur. Une paire
de jumelles est nécessaire pour les voir à
l'il nu. À leur propos, l'historien David
Covelli, directeur du service patrimoine de la ville
de Langres, écrit : «Des représentations
humaines et zoomorphes y sont associées à
des thèmes végétaux très
présents, rinceaux, palmettes, entrelacs... Lions,
bufs, sirènes-oiseaux, griffons, personnages
glabres ou barbus s'entremêlent au grè
des volumes des chapiteaux et de l'imagination fertile
du sculpteur.» Ajoutons que certains animaux symbolisent
les Évangélistes (comme le buf dans
la photo ci-contre). On notera, sur le plan architectural,
que ces chapiteaux, qui vont par deux, ont un tailloir
unique.
Les fenêtres au-dessus du triforium (dans la partie
basse de la voûte romane en cul-de-four) ont été
refaites au XIVe siècle, à la suite de
l'incendie qui avait détruit la toiture de la
nef en 1314. Dans leur version du XIIe siècle,
ces fenêtres étaient de style roman ; au
XIVe, elles ont été retaillées
en style gothique et sont devenues de grandes baies
en tiers-point avec meneaux. Vers 1850, on décida
de revenir à l'état roman primitif. C'est
celui que l'on peut voir à présent. Des
doutes se sont élevés sur la ressemblance
entre la reconstruction de 1850 et l'uvre initiale
romane. Cependant, l'historien J. Tillet écrit
dans la revue du Congrès archéologique
de 1928 à ce propos : «Cette restauration
semble être la reproduction de l'uvre primitive,
car d'après un rapport adressé par M.
Bswillwald au Ministre des Beaux-Arts, en 1849
il restait des traces de la forme et de la décoration
des fenêtres romanes, et c'est d'après
ces documents que les travaux furent exécutés.»
Sources : 1) La cathédrale
Saint-Mammès de Langres par David Covelli,
Éditions du patrimoine ; 2) Congrès
archéologique de France, 91e session, Dijon,
1928. Article sur la cathédrale Saint-Mammès
par J. Tillet.
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Saint Paul dans un vitrail moderne de l'abside. |
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Le couronnement de l'orgue de chur. |
Le maître-autel de la cathédrale est
enrichi
d'une scène de la Crucifixion avec la Vierge
et saint Jean.
Les trois statues du maître-autel sont l'uvre
du sculpteur langrois Antoine-Henri Bertrand (vers
1810). |
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Les stalles, qui meublent le rond-point polygonal terminant le chur
à l'est, viennent de l'église abbatiale de Morimond.
Elles ont été installées après la Révolution. |
Un des très beaux pilastres du chur au niveau de la travée.
C'est presque la copie d'un chapiteau corinthien. |
LES CROISILLONS
NORD ET SUD DU TRANSEPT |
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Le transept sud et l'une des deux grilles qui ferment le chur
(exécutées en 1717). |
Architecture
du transept. Seul le croisillon sud est
ancien. La seconde travée du croisillon nord
a été entièrement reconstruite
en 1843. C'est une copie fidèle de celle du sud
(voir plan).
Chaque croisillon comprend deux travées barlongues,
la première correspond aux bas-côtés,
la seconde fait saillie vers l'extérieur. C'est
dans cette seconde travée que l'on trouve une
absidiole voûtée en cul-de-four prise dans
l'épaisseur du mur. Sur les murs nord et sud,
le triforium est aveugle. Enfin, la partie haute est
ajourée par une rose
bourguignonne assez simple, mais originale. Les
grilles qui séparent le chur des bras du
transept proviennent de l'ancienne église abbatiale
de Morimond. Elles ont été exécutées
en 1717 par le ferronnier bisontin Nicolas Chapuis.
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Le transept sud avec ses boiseries et ses statues. |
«Le Martyre de saint Mammès», 1545.
Tapisserie réalisée sur un carton de Jean Cousin
(transept sud). |
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La grille du chur de 1717, détail des parties hautes. |
Les deux tapisseries
qui ornent les murs principaux des croisillons s'inscrivent
dans la politique d'embellissement de la cathédrale
voulue par Claude de Longwy, évêque de
Langres de 1529 à 1561 et cardinal de Givry. Vers 1544,
Jean Cousin fut sollicité pour réaliser
huit cartons illustrant la vie de saint Mammès, berger
de Cappadoce au IIIe siècle. Le tissage fut assuré
par les tapissiers parisiens Pierre Blacé et Jacques
Langlois. Les tapisseries prirent place derrière les
stalles des chanoines, au-dessus de la clôture du chur.
Trois nous sont parvenues. Deux sont à la cathédrale
Saint-Mammès, la troisième est au Louvre. Elle
représente le saint se livrant au gouverneur de Cappadoce.
Le Martyre de saint Mammès illustre une scène
unique, très riche en personnages. Saint Mammès,
au centre, nu et enchaîné, résiste aux
flammes du four où ses bourreaux l'ont placé.
Au-dessus de lui, quatre anges le soutiennent.
L'autre tapisserie, Saint Mammès prêchant
l'Évangile aux bêtes sauvages, multiplie
les scènes et se lit un peu comme une bande dessinée
(voir plus
bas). On commence en bas à gauche et on suit les
scènes dans le sens des aiguilles d'une montre. Saint
Mammès lit les Évangiles à voix haute.
Sa voix attire les bêtes sauvages qui se couchent à
ses pieds. Une fois la lecture terminée, les mâles
s'éloignent. Saint Mammès recueille le lait
des femelles pour en faire des fromages, qu'il distribue ensuite
dans la ville voisine. Où il est finalement capturé.
Source : La cathédrale Saint-Mammès
de Langres par David Covelli,
Éditions du patrimoine.
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L'autel de la Vierge dans la chapelle de l'Immaculée
Conception
Absidiole du croisillon sud du transept.
L'ensemble sculpté qui surmonte l'autel ainsi que les
deux statues
sont de l'artiste Joseph Descornel (1799-1872). |
Monument funéraire de Monseigneur Alphonse-Martin Larue,
évêque de Langres (1884-1889)
uvre de Denis Puech (1854-1942), prix de Rome en 1884. |
Le transept nord et l'absidiole qui abrite l'autel Saint-Didier.
Au mur, la tapisserie «Saint Mammès prêchant
l'Évangile aux bêtes sauvages». |
Saint Didier et quatre anges dans la chapelle Saint-Didier.
Les statues sont dues au ciseau de l'artiste langrois Jules
Naudet (1818-1882). |
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La Vierge de la chapelle de l'Immaculée Conception
uvre de Joseph Descornel (1799-1872). |
«La Descente de croix» (copie?)
Tableau dans le transept nord. |
«««---
À GAUCHE
On voit rarement une statue de la Vierge
avec un visage aussi inspiré ! |
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«Le Martyre de saint Mammès», détail
central de la tapisserie (1545). |
La rose bourguignonne
dans le transept nord. |
Monument funéraire de Monseigneur Guerrin,
évêque de Langres (1852-1877)
uvre de Jean-Marie Bonassieux (1810-1892). |
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« La Nativité», tableau anonyme. |
uvres
d'art. Le transept de la cathédrale
Saint-Mammès est assez riche en uvres
d'art. Hormis deux beaux priants d'évêque
du XIXe siècle, dont l'un exécuté
par Denis Puech, prix de Rome en 1884,
on remarque des tableaux et, dans les deux absidioles,
une dizaine de statues du XIXe siècle.
À ce titre, la chapelle de l'Immaculée
Conception accueille une Vierge
Marie, debout sur un globe terrestre, dans
une expression un peu maniérée que
l'on qualifiera respectueusement de «très
inspirée». Est-ce le sculpteur, Joseph
Descornel (1799-1872), qui a demandé
à son modèle de poser de la sorte?
L'évêque de Langres avait-il donné
son accord?
Enfin, les deux uvres les plus importantes
sont les deux tapisseries datées de 1545
et réalisées sur un carton de Jean
Cousin. Très défraîchies,
elles ont perdu leurs couleurs. Une troisième
tapisserie leur est liée : elle est au
Louvre et brille d'un bel éclat.
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«Saint Mammès prêchant l'Évangile
aux bêtes sauvages», 1544.
Tapisserie réalisée sur un carton de Jean Cousin
(transept nord). |
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Tableau de saint Augustin en prière (?) |
«Saint Mammès prêchant l'Évangile aux bêtes
sauvages» (1544), détail . |
Monument funéraire de Monseigneur Guerrin, détail.
uvre de Jean-Marie Bonassieux (1810-1892) |
LE DÉAMBULATOIRE
ET LES CHAPELLES RAYONNANTES |
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Le déambulatoire de la cathédrale Saint-Mammès
est un endroit vieux de plus de huit cents ans et qui mérite
toute l'attention du visiteur. |
Le
déambulatoire de la cathédrale
Saint-Mammès est un endroit où il faut
circuler lentement et lever les yeux (voir ci-dessous).
Cela fait maintenant près de 850 ans qu'il a
été construit et il s'en dégage
une atmosphère de vieilles pierres très
agréable. La chapelle d'axe date du XIIe siècle,
les autres du XIVe. Le rond-point polygonal est séparé
du déambulatoire par huit colonnes qui soutiennent
des arcades en tiers-point. Ces colonnes dépouillées,
qui se rapprochent des colonnes romaines, ne viennent
pas d'un autre édifice. Spécialement taillées
pour la cathédrale, leurs fûts sont en
pierre de Cohons. Selon l'historien J. Tillet, c'est
vraisemblablement au XVIIIe siècle que ces fûts
ont reçu l'enduit et le poli qu'ils ont à
l'heure actuelle.
Il ne faut pas passer dans le déambulatoire sans
admirer les chapiteaux, qui sont des merveilles d'élégance.
Très proches des chapiteaux corinthiens, ils
possèdent tous une corbeille avec un gable très
élancé. Plusieurs rangs de feuilles d'acanthe,
ornés de volutes dans les angles, recouvrent
les corbeilles. La photo ci-contre à droite en
donne deux exemples. Le même motif en feuille
d'acanthe est présent sur tous les chapiteaux,
mais le dessin varie partout dans l'interprétation
et l'exécution. Dans leur partie haute, certaines
feuilles se recourbent légèrement vers
l'avant, alors qu'ailleurs elles se recourbent complètement
pour former un crochet. Cette différence d'exécution
se voit très bien dans la photo de droite. On
y distingue aussi un dessin bien différent en
ce qui concerne les trous d'embellissement pratiqués
dans la pierre : ils sont symétriques, larges
ou fins, ou encore traités avec une grande souplesse.
L'historien J. Tillet fait remarquer que la partie haute
de la corbeille n'est pas carrée, mais de même
forme que le tailloir. C'est en fait une forme de trapèze
isocèle, répondant de manière très
artistique à la courbure du déambulatoire.
Le fait que la partie haute de la corbeille épouse
la forme du tailloir - de toute évidence une
particularité voulue par les constructeurs -
«est une preuve que les chapiteaux ont bien été
exécutés pour le monument et répondent
aux nécessités de la construction»,
écrit J. Tillet. Tout cela date des années
1160-1180 et mérite vraiment un coup d'il
attentif de la part du visiteur quand il chemine dans
le déambulatoire.
Source : Congrès archéologique
de France, 91e session,
Dijon, 1928. Article sur la cathédrale Saint-Mammès
par J. Tillet.
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Un ange dans le vitrail central
de la chapelle d'axe, XXe siècle.
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Chapiteaux du déambulatoire
Le dessin des feuilles d'acanthe varie sur
chaque chapiteau ( XIIe siècle). |
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Portail de la salle du chapitre (déambulatoire sud). |
Vue du déambulatoire sud avec, sur la gauche, le monument illustrant
la translation des reliques de saint Mammès. |
La Translation des reliques de saint Mammès
Bas-relief daté de la fin du XVIe siècle (déambulatoire
sud). |
La Translation des reliques de saint Mammès, partie haute.
Fin du XVIe siècle. |
La Translation des reliques de saint Mammès : la partie inférieure
avec la ville de Langres. |
La Translation des reliques de saint Mammès, détail.
Le bas de cette uvre a la particularité de représenter
la ville de Langres vue de l'est.
On y voit, au centre, la cathédrale avec son ancienne façade
pourvue d'une seule tour.
En face d'elle, l'église Saint-Pierre. |
Le déambulatoire nord. |
Chapelle axiale de la Vierge.
C'est la seule chapelle rayonnante créée à
l'origine.
Les autres ont été ajoutées au XIVe siècle. |
Vue d'une chapelle rayonnante dans le déambulatoire. |
La Colombe du Saint-Esprit
couronne la Vierge.
Détail du vitrail de la chapelle d'axe. |
Statue moderne de la
Vierge à l'Enfant
dans la chapelle d'axe. |
Chapelle rayonnante Saint-Mammès
avec la statue d'Antoine-Henri Bertrand. |
Retable Renaissance à trois statues. |
Retable Renaissance à trois statues Partie centrale. |
Groupe sculpté de sainte Anne et Marie
dans une chapelle rayonnante. |
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Saint
Amâtre (3/5) ---»»»
guérison.
Du fait du peu de conversions, l'église d'Auxerre
était un petit bâtiment, qui s'élevait
à la Porte des bainssur l'Yonne. Or, depuis qu'Amâtre
s'était mis à prêcher, les nouveaux
convertis affluaient et l'église se révélait
trop petite. Un riche citoyen, nommé Ruptilius,
baptisé, venait d'hériter d'un vaste domaine
où trônait une demeure presque en ruines.
Amâtre alla le trouver pour le prier de donner
son terrain à l'Église. Ruptilius refusa.
Alors le saint demanda au Seigneur d'intervenir pour
faire céder cet homme obstiné et Dieu
envoya des souffrances physiques terribles sur Ruptilius.
Celui-ci fut contraint d'accorder ce qu'Amâtre
demandait pour être libéré de ses
maux. Cependant, le bâtiment qui s'élevait
sur le terrain était très délabré.
Il fallait de l'argent pour le reconstruire. Par miracle,
en déblayant, les ouvriers dénichèrent
un trésor : des pièces de monnaie en quantité
considérable. --»» 4/5
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La voûte du déambulatoire (A). |
Portail de la salle du chapitre
L'archivolte gothique porte un décor
de feuillage atypique.
«««--- PASSEZ LA SOURIS SUR L'IMAGE. |
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La
voûte du déambulatoire. Il faut
circuler dans le déambulatoire de la cathédrale
Saint-Mammès en levant les yeux car l'architecture,
qui a toujours une histoire, en vaut la peine. Signalons
une intéressante caractéristique de la
voûte étudiée par l'historien J.
Tillet, telle qu'on peut la voir dans les deux photos
ci-dessus. L'architecte du XIIe siècle avait
en charge de voûter un espace compris entre deux
doubleaux (dont les sommets sont au même niveau)
et deux formerets, l'un au niveau du chur, l'autre
sur le mur gouttereau. Comme le déambulatoire
accuse un mouvement tournant, les arcs (qui définissent
l'angle des formerets) sont inégaux puisque proportionnels
à la largeur du côté. En conséquence,
le formeret au niveau du chur a un sommet plus
bas que celui qui se trouve sur le mur gouttereau. Comment
relier l'ensemble sachant que les arcs d'ogives ont
été choisis en plein cintre, ceci afin
de poursuivre le style adopté dans la travée
droite du chur? On constate (voir la photo ci-dessus
au centre) que la croisée des arcs ne peut pas
alors être au centre de l'espace défini
par les deux doubleaux et les deux formerets. Elle est
géométriquement rejetée en direction
du chur, mais elle n'est pas non plus au sommet
des deux arcs en plein cintre. Ce qui complique sérieusement
la disposition des voûtains et l'empilement de
leurs claveaux. Le résultat obtenu n'est pas
parfait, mais pour un architecte, il est très
intéressant à étudier. J Tillet
écrit ainsi que ce résultat «nous
montre un des tâtonnements par lesquels sont passés
les maîtres d'uvre de la fin du XIIe siècle,
avant d'arriver à la perfection que nous trouvons
dans les déambulatoires des monuments des XIIIe
et XIVe siècles.»
La retombée des ogives montre, elle aussi, des
hésitations. Pas de problème du côté
du mur gouttereau : il y a toute la place voulue pour
insérer une colonne isolée contre le pilastre
afin de recevoir la retombée des ogives (voir
photo). Mais du côté du rond-point polygonal,
la place manque. On voit que les nervures de l'arc en
plein cintre sont assurées par des claveaux constitués
par un gros boudin flanqué de deux plus petits.
Ces derniers disparaissent dans les doubleaux et les
arcades. En revanche, le gros boudin continue sa tombée
et vient mourir - d'une manière assez disgracieuse
- sur l'angle rentrant créé par la pénétration
des deux doubleaux (celui du déambulatoire et
celui du rond-point entre deux piles) en formant un
cône. J. Tillet indique que ce cône est
décoré de trois crochets, sûrement
dans le but de masquer l'effet un peu lourd de cette
pénétration. Ces crochets ne sont malheureusement
plus en place. Ont-ils été cassés?
On découvre avec surprise que l'historien David
Covelli, dans un ouvrage beaucoup plus récent,
parle, quant à lui, de «l'habileté
de l'architecte» dans le traitement de cette même
retombée (!) Au vu des deux images ci-dessus,
nous laissons le lecteur se faire son opinion. Passez
la souris sur l'image A ci-dessus.
Sources : 1) La cathédrale
Saint-Mammès de Langres par David Covelli,
Éditions du patrimoine ; 2) Congrès
archéologique de France, 91e session, Dijon,
1928. Article sur la cathédrale Saint-Mammès
par J. Tillet.
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«Le Couronnement de la Vierge», tableau anonyme. |
Peinture murale dans une chapelle rayonnante : la Visitation
? |
Vitrail moderne dans la chapelle d'axe. |
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La Résurrection de Lazare
Bas-relief en pierre polychrome, XVIe siècle (dans une
chapelle rayonnante). |
Statue de saint Mammès
Marbre d'Antoine-Henri Bertrand
Premier tiers du XIXe siècle. |
Saint
Amâtre (2/5) --»»
Amâtre et lui offrit, de la part de Dieu,
deux bouquets de fleurs. Deux servantes, effrayées
par cette vision, demandèrent le lendemain
à se consacrer au service de Dieu. Peu
après, Valérien décéda
et fut remplacé par Eladius. Amâtre
et Marthe allèrent le trouver et lui révélèrent
leurs vux secrets. Amâtre demanda
à rejoindre le clergé, Marthe voulait
être comptée au nombre des vierges.
Ainsi fut fait. Le jeune homme reçut la
tonsure et fut élevé au rang de
diacre, la jeune fille fut placée dans
une communauté de religieuses.
À Auxerre vivait une riche famille : un
certain Eraclius, païen, était marié
à Palladie, qui avait été
baptisée, mais restait néophyte.
Comme elle se trouvait à la messe du dimanche
de la Résurrection, parée de ses
plus beaux bijoux, elle s'approcha d'Amâtre
pour la communion, mais celui-ci la repoussa.
Elle devait d'abord ôter ses ornements,
se vêtir de noir et faire pénitence.
Humiliée en public, elle alla se plaindre
à son époux qui jura de la venger.
Mais Dieu fit tomber sur eux une maladie qui paralysa
leur action. Pendant leur sommeil, le Seigneur
s'en expliqua lui-même à leurs oreilles.
Ils n'eurent d'autre solution que d'aller trouver
Amâtre et d'implorer son pardon.
Peu de temps après, saint Martin chassa
les démons qui avaient pris possession
de l'ile d'Albenga. Ceux-ci se réfugièrent
sur le Mont Artre et harcelèrent ses habitants.
Amâtre s'y rendit et, à son tour,
en chassa les démons.
L'évêque Eladius venant à
mourir, la population choisit Amâtre pour
le remplacer. Notre saint homme sortit vainqueur
- par un nouveau miracle - d'une campagne de calomnies
orchestrée par Litinus, l'ancien archidiacre
d'Eladius. Litinus accusait Amâtre d'adultère.
Voulant surprendre ce dernier en pleine nuit,
il ne trouva dans son lit qu'un agneau étincelant
de lumière et en perdit la vue. Par ses
prières, Amâtre obtint son pardon
et sa ---»»» 3/5
|
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Peinture murale (Ecce Homo)
dans une chapelle rayonnante |
Un ange dans le vitrail central de la chapelle d'axe. |
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Un ange en prière
uvre polychrome dans une chapelle rayonnante |
Statue de saint Mammès, détail.
Marbre d'Antoine-Henri Bertrand
Premier tiers du XIXe siècle. |
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Légende de saint Amâtre : les miracles du saint (tableau
du XVIIe siècle).
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Saint
Amâtre (4/5) --»»
Amâtre le fit donner à Ruptilius, en disant que
cet argent lui appartenait, mais Ruptilius le lui rendit.
Le saint s'en servit en faveur des pauvres et de la construction
de la nouvelle église. Peu de temps après, sa
femme, Marthe, dévouée à Dieu dans un
couvent, tomba malade et mourut. Le récit hagiologique
parle ensuite de nombreux miracles : Amâtre ressuscite
un enfant, rend la vue à des aveugles, guérit
des malades qui arrivent à lui en foule, éteint
un incendie par ses prières qui déclenchent
un orage.
Le territoire d'Auxerre est dirigé par Germain, un
homme riche issu d'une famille illustre (c'est le futur saint
Germain). Il adore la chasse et suspend ses trophées
à un grand poirier au milieu de la ville, ce qui est
regardé comme une idolâtrie. Un jour, Germain
étant absent de la ville, Amâtre fait couper
l'arbre et arracher ses racines. De retour, et rendu furieux,
Germain fait menacer Amâtre de mort. Se jugeant indigne
du martyre, le saint quitte la ville et part en direction
d'Autun. Une révélation lui fait savoir que
sa mort est proche et que Germain sera son successeur à
l'épiscopat d'Auxerre. Sur sa route, Amâtre multiplie
les miracles (malades et aveugles guéris, voleurs retrouvés
et remis sur le droit --»» 5/5
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Saint
Amâtre (5/5) --»»
chemin). À Autun, il rencontre l'évêque
Simplicius et guérit des lépreux. Le gouverneur
Julius donne son accord pour que Germain quitte le service
de l'État et reçoive la tonsure. Amâtre
revient alors à Auxerre et Germain est tonsuré.
Cependant la maladie frappe Amâtre et empire, multipliant
ses souffrances. La fin approche. Se faisant porter jusqu'à
l'église, c'est là qu'il expire et son
âme s'élève vers le ciel sous la forme
d'une colombe. Son corps est transporté à côté
du tombeau de sa femme, Marthe. En chemin, passant devant
une prison, les liens des prisonniers se brisent et ils recouvrent
la liberté. Un aveugle recouvre la vue.
Source : Annales hagiologiques de
la France, Les vies de
tous les saints de France, tome IV : Vie de saint Amâtre
(édition de 1863).
On constate, à la lecture de ce récit écrit,
nous disent les sources, au sixième siècle par
Étienne, prêtre de l'église d'Auxerre,
que rien n'arrête les hagiographes. Il est vraisemblable
que, à l'époque de sa rédaction, les
gens croyaient à cette avalanche de
|
faits merveilleux. Au XIXe siècle,
les hagiographes, en principe, n'y croient pas, mais répètent
cette légende mot pour mot à seule fin d'édification
morale.
Voir l'histoire de saint Austremoine à l'église
d'Issoire.
Au-delà de l'invention, un fait, dans cette histoire,
pose un véritable problème déontologique.
Nous avons vu que Ruptilius, qui vient d'hériter d'un
vaste terrain, refuse de le donner à l'Église.
Alors Amâtre prie son dieu pour faire plier sa volonté
à la sienne. Ce faisant, le saint connaît très
bien le résultat : Ruptilius va subir les foudres subites
d'une grave maladie envoyée par le Ciel. De la sorte,
les propos d'Amâtre à Ruptilius peuvent se traduire
ainsi : «Si tu n'exécutes pas mes ordres, je
vais implorer mon dieu afin qu'il te nuise.» Il y a
là tous les éléments d'une idéologie
malsaine, voire d'un mysticisme pervers et crapuleux.
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LA SALLE DU CHAPITRE
(XIIe siècle) |
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La salle du chapitre est maintenant transformée
en chapelle. |
Peintures murales dans la salle du chapitre. |
Oiseau |
Oiseau ou dragon. |
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L'orgue de tribune remonte au début du XVIIIe siècle.
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Retable Renaissance à trois statues
Statue centrale :
saint Jean l'Évangéliste. |
L'orgue
de tribune. Comme une bonne partie du mobilier,
le buffet d'orgue vient de l'abbaye de Morimond. Il a été
réalisé en 1714 par le sculpteur langrois Jean-François
Béchamp. L'orgue en lui-même a été
construit par Jean Treuillot. L'instrument est profondément
modifié par le facteur Jean Richard peu avant la Révolution.
C'est aussi Jean Richard qui assure son transfert depuis l'abbaye
de Morimond jusque sur la tribune de la façade occidentale
de la cathédrale. L'orgue est plusieurs fois restauré
et
|
modifié au cours du XIXe
siècle. L'explosion de la poudrière en 1943
lui a causé de gros dommages. Il a été
restauré et modifié de 1972 à 1975.
Le buffet a été classé au titre des monuments
historiques en 1912 et l'orgue l'a été en 1949.
Source : La cathédrale Saint-Mammès
de Langres par David Covelli,
Éditions du patrimoine.
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La nef vue du chur. |
Documentation : La cathédrale Saint-Mammès
de Langres, Éditions du patrimoine
+ Congrès archéologique de France, 91e session, Dijon,
1928. Article sur la cathédrale Saint-Mammès par J.
Tillet
+ Dictionnaire des églises de France, éditions Robert
Laffont
+ Annales hagiologiques de la France, Les vies de tous les saints
de France, tome IV : Vie de saint Amâtre (édition de
1863). |
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