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Avec l'église Saint-Just, nous
entrons dans le monde des vieilles pierres. L'église date
du XIe siècle. Elle faisait partie d'un prieuré
bénédictin et a toujours été dédiée
à saint Just, archevêque de Lyon au IVe siècle.
Au XIe siècle, la nef et les bas-côtés sont
construits en style roman bourguignon, un style trapu et
robuste qui transparaît dans les piliers massifs. Au XIIIe,
la charpente en bois est remplacée par des voûtes en
pierre. C'est maintenant l'âge du gothique primitif.
Malgré le changement de style, la voûte ogivale de
la nef s'intègre avec bonheur dans l'ensemble roman. Pour
soutenir le poids de la voûte, on dut construire des contreforts
le long des murs car les bas-côtés romans ne suffisaient
pas. Au XIVe siècle, une suite de chapelles au nord vient
enrichir l'édifice. Son but premier est, là encore,
de servir de contreforts au poids de la voûte. Les chapelles
du côté sud suivront au siècle suivant. Au XVIe,
le chevet roman en hémicycle est détruit. Il sera
désormais carré et accueillera une grande
verrière dont le remplage est en gothique flamboyant.
L'église Saint-Just a été une église
prieurale et paroissiale dès le XIIe siècle.
À côté de cette architecture essentiellement
romane, l'église présente quelques éléments
de mobilier remarquables : une chaire à prêcher du
XVIIIe siècle, un orgue
du facteur Carouge et son buffet du XVIIIe ; quelques statues
du XVe siècle et surtout une très belle sculpture
de la Vierge à
l'Enfant à la tige de fleur, datée de 1380. Tous
les vitraux historiés de l'église sont du XIXe siècle,
sauf celui du Biou
qui est contemporain. Saint-Just étant une église
assez sombre (petites fenêtres romanes dans les bas-côtés
et au niveau de la voûte), il est préférable
de la voir par beau temps.
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Vue d'ensemble de la nef de l'église Saint-Just.
Les massifs piliers de la nef sont du premier roman bourguignon. |
Le chevet de l'église et sa grande verrière
du XIXe siècle. |
Le clocher culmine à 44 mètres. |
La tour
du clocher, en pierre calcaire ocre,
a été bâtie en 1528. Elle
servait, à l'origine, de tour de guet et
culminait à 75 mètres. En 1651,
elle fut la proie d'un incendie provoqué
par un tir de feux d'artifice à son sommet.
On la restaura, mais en diminuant sa hauteur.
Elle est renforcée de trois contreforts.
À son sommet, le dôme et le lanterneau
qui le coiffe ont été construits
en 1715.
Source : panneaux dans la
nef et à la porte de l'église.
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L'archéologue Gustave
Duhem nous en apprend un peu plus sur le clocher de
l'église Saint-Just dans son article de la revue
du Congrès archéologique de France, Franche-Comté
1960. Il pense qu'à l'origine le clocher devait
s'élever sur le carré du transept, comme
presque tous les clochers des églises romanes
bénédictines. Comme il menaçait
ruine, il fut décidé en 1488 que les habitants
paieraient une imposition supplémentaire pour
le réparer. Mais rien n'y fit, les dégâts
étaient trop importants. Il fut démoli
en 1528 sous le règne de l'archiduchesse Marguerite
d'Autriche. On le reconstruisit sans attendre, mais
en le changeant de place : il était maintenant
au droit de la nef et du bas-côté sud,
dont on dut supprimer la première travée.
Duhem ajoute : «Ce clocher, peut-être le
plus beau clocher franc-comtois, fut construit dans
une pierre rougeâtre tirée de la carrière
de Montesserin et les bois de charpente furent fournis
par la forêt domaniale de Mouchard (...).»
Le clocher fut bâti en deux ans, délai
rapide pour l'époque. En 1929, il fut restauré
et regagna sa splendeur d'origine.
Source : Congrès archéologique
de France, Franche-Comté 1960, article de
Gustave Duhem sur l'église Saint-Just à
Arbois.
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La nef est de style roman bourguignon (c'est-à-dire trapu
et massif).
Les piliers sont tour à tour carrés ou ronds.
Des colonnettes engagées s'élèvent jusqu'à
la naissance de la voûte. |
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Culs-de-lampe avec grotesques. |
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L'église en son entier. |
Culot sur un mur extérieur. |
Meurtrière et culot sur un mur extérieur. |
Vitrail représentant saint Claude (XIXe siècle)
Chapelle Saint-Léonard. |
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LES CHAPELLES LATÉRALES
ET LEUR MOBILIER
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Suite de chapelles latérales au nord. Construites au XIVe siècle,
elles avaient pour but de servir de contreforts pour étayer
la voûte.
On voit aisément que la base des voûtes des bas-côtés
est engagée dans le mur des chapelles. |
Une polémique
sur les voûtes des bas-côtés.
Dans la documentation disponible dans l'église, il
est écrit que l'édifice, à sa création,
avait été couvert de charpentes (au-dessus de
la nef et des bas-côtés) et que, au XIIIe siècle,
on décida de voûter l'ensemble : croisées
d'ogives au-dessus de la nef centrale ; arêtes dans
les bas-côtés (voir photo ci-dessus). Ce cheminement
du bois à la pierre paraît naturel (surtout quand
on se rappelle le nombre d'incendies qui ravageaient les charpentes
en bois).
Cependant l'archéologue Gustave Duhem, dans
la revue du Congrès archéologique de France
(Franche-Comté, 1960) émet un avis très
critique sur cette assertion. Pour lui, les bas-côtés
de l'église Saint-Just d'Arbois ont été
voûtés d'arêtes dès l'origine.
Il écrit en effet : «Les exemples de Baume-les-Messieurs,
de Lons-le-Saunier, de Saint-Hymetière, de Gigny nous
prouvent assez que les églises francs-comtoises du
premier
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art roman avaient des bas-côtés
voûtés d'arêtes, alors que la nef centrale
était charpentée.» Il se montre ensuite
plus catégorique : «À Arbois, le bas-côté
nord est resté voûté d'arêtes et
si le bas-côté sud a été plus tard
couvert d'une voûte d'ogives, c'est qu'il fut ébranlé
par la construction du clocher.» Au XIIIe siècle,
on l'a vu, la charpente du vaisseau central fut remplacée
par une voûte d'ogives. Gustave Duhem ajoute : «cette
voûte du type classique pour l'époque avait besoin
d'être étayée et les bas-côtés
romans ne suffirent pas. Il fallut faire alors des contreforts,
dont on trouve surtout les traces sur le bas-côté
nord.»
L'archéologue précise ensuite qu'on a cru, le
temps passant, qu'il était plus facile de soutenir
la voûte d'un vaisseau central par ---»»»
suite ci-dessous
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Le bas-côté sud voûté d'arêtes. |
---»»»
des chapelles latérales plutôt que par des contreforts.
C'est pourquoi, mise à part la chapelle Saint-Léonard
du côté sud érigée isolément
en 1359, les premières chapelles latérales firent
leur apparition sur le côté nord en 1379, sous
l'impulsion de Philippe d'Arbois, évêque de Tournai.
Son cousin germain fit construire la cinquième et dernière
chapelle nord dédiée à Notre-Dame.
Le bas-côté sud, quant à lui, bénéficiait
de voûtes plus équilibrées (voûtes
d'arêtes dès l'origine, selon l'idée de
Duhem, rappelons-le). Là aussi, les contreforts se
révélèrent insuffisants et on y éleva
des chapelles. La première d'entre elles avait devancé
ce problème d'équilibre : c'était la
fameuse chapelle Saint-Léonard bâtie dès
1359 par Aimé de Cerdon et sa femme, Huguette de Beaufort.
Sur les cinq du bas-côté sud, trois furent construites
au XVe siècle grâce à la générosité
des paroissiens d'Arbois. La dernière chapelle sud,
la plus proche du chur, fut bâtie en 1839.
Au début de son texte, Duhem nous parle de la voûte
d'ogives du bas-côté sud. Quand donc le passage
de la voûte d'arêtes à la voûte d'ogives
dans le bas-côté sud a-t-il eu lieu? Il faut
en fait corriger son propos et préciser que les cinq
premières travées du bas-côté sud
sont bien voûtées d'arêtes (voir photo
ci-contre). Seule la dernière travée, près
du chur, est voûtée d'ogives, une modification
qui est sûrement intervenue au XVIe siècle pour
renforcer la voûte lors de la construction du clocher.
Source : Congrès archéologique
de France, Franche-Comté 1960, article de Gustave
Duhem sur l'église Saint-Just à Arbois.
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Chapelle latérale sud
«Notre-Dame de la Consolation», retable du XVIIe siècle. |
Vitrail du Biou créé par Gilles Touyard (1988). |
Vitrail du XIXe siècle dans une chapelle latérale. |
Le Biou
est une grappe de raison géante formée de petites
grappes. Symbolisant les prémices de la récolte
des vignerons d'Arbois, elle est offerte à l'église
Saint-Just le premier dimanche de septembre. Cette cérémonie
est précédée d'une procession à
travers la ville. Source : Panneau dans
la nef.
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«Le Couronnement de saint Georges»
Tableau du XVIIe siècle. |
Vitrail de sainte Honorine (XIXe siècle)
dans la chapelle du même nom. |
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Chapelle latérale sud dite de Sainte-Honorine. |
Clé de voûte dans un bas-côté. |
Clé de voûte incrustée de roses dans une
chapelle latérale sud. |
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Visage d'un moine sur un pilier de la nef.
Est-ce un donateur ? |
Visage d'une femme sur un pilier de la nef. |
«Saint François de Paule», tableau du XVIIe siècle. |
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La voûte d'ogives en style gothique primitif date du XIIIe siècle.
À DROITE ---»»»
Statue d'une Vierge à l'Enfant, fin du XVe siècle
Chapelle Saint-Léonard . |
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Chapelle Saint-Léonard (bas-côté sud) construite en 1359. |
Le mur est de la chapelle Saint-Léonard
C'est la première chapelle construite du côté
sud en 1359. On y trouve deux statues de l'école
bourguignonne du XVe siècle (saint Antoine et saint Laurent)
et son tableau du Christ portant sa croix.
Les autres chapelles du côté sud furent bâties
au XVe siècle, la toute dernière (et la plus proche
du chur) le fut en... 1839. |
Statue de saint Jean l'évangéliste
École bourguignonne de la fin du XVe siècle
Chapelle Saint-Léonard. |
«La Sainte Famille à la grappe»
Tableau de Jean Érasme Quellin, 1685. |
Statue de saint Antoine
Fin du XVe siècle
Chapelle Saint-Léonard. |
«La Vierge à l'Enfant et Sainte Parenté»
Tableau d'un peintre anonyme dans une chapelle latérale.
Début du XVIIe siècle. |
Chapelles latérales nord vues du transept avec sa série de
confessionnaux datant du début du XVIIIe siècle.
Au premier plan, la chapelle Sainte-Anne et sa grille abritant les
reliquaires de l'église (XVIIIe siècle). |
Piéta
Chapelle latérale sud Sainte-Honorine. Origine non précisée. |
Tableau d'une Vierge à l'Enfant aidée par des anges.
Chapelle Sainte-Anne. |
Confessionnal «bourguignon», début du XVIIIe siècle
dans une chapelle latérale nord.
Pour Gustave Duhem (Congrès archéologique de France,
1960),
ce confessionnal pourrait être l'uvre des frères
Lamberthod. |
Le visage de la Vierge dans la Piéta
Chapelle latérale sud Sainte-Honorine. |
Vitrail du XIXe siècle dans le transept
Saint Just sacré évêque. |
La Piéta.
Aucune information n'est donnée sur cette sculpture.
Original? Copie? Il faut néanmoins reconnaître
que l'expression de douleur de la Vierge, confondue avec un
regard de désespoir vers le Ciel, est absolument magnifique.
On pourra voir une expression différente en gros plan
d'une Vierge de douleur à l'église Saint-Pierre
de Besançon.
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Vitrail au-dessus du portail d'entrée
Le pélican nourrit ses petits (de sa propre chair).
Le pélican est le symbole du Christ qui donne sa vie pour sauver
les hommes.
«««--- À GAUCHE
«La Vierge à l'Enfant et Sainte Parenté», début
du XVIIe siècle, détail. |
LES CHAPELLES ABSIDIALES
NORD ET SUD
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Chapelle de la Vierge (absidiole nord) avec une partie du chur. |
Chapelle Saint-Just (absidiole sud). |
Statue de la Vierge à l'Enfant à la tige de fleur
Vers 1380. |
«Extase de sainte Thérèse d'Avila»
Tableau peint par Brandon
XVIIIe siècle. |
Statue en bois polychrome de saint Just
sculptée par Besand, 1800. |
Cette uvre magnifique d'une
Vierge légèrement
déhanchée dans un vêtement aux plissés
somptueux est due à André Beauneveu,
sculpteur d'un atelier de Tournai au XIVe siècle. Elle
a été commandée par Philippe d'Arbois,
évêque de Tournai.
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Statue de la Vierge à la tige de fleur, détail.
L'Enfant-Jésus semble écrire dans un livre.
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«Saint François-Xavier mourant sur le côte de Chine»
Tableau de Claude Perrin, 1709.
Voir à la collégiale Saint-Hippolyte de Poligny
un tableau
sur saint François-Xavier
extrêmement voisin. |
«Le Christ en croix»
Tableau dans une chapelle latérale
Auteur inconnu. |
«Saint François-Xavier mourant sur le côte de Chine», détail. |
Le dosseret et l'abat-son de la chaire à prêcher
sont couverts de sculptures.
À DROITE ---»»»
La cuve de la chaire à prêcher. Les cinq panneaux
représentent le Christ
entouré des quatre évangélistes. On reconnait
Marc et son taureau
à droite, Matthieu et l'ange au centre. |
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LA CHAIRE À
PRÊCHER DU XVIIIe SIÈCLE
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L'ange souffleur au sommet de l'abat-son. |
La chaire à prêcher date de la première
moitié du XVIIIe siècle. |
La
chaire à prêcher a été
créée par les frères Lamberthod
vers 1745. Ces deux frères étaient des
ébénistes d'Arbois qui, nous disent les
sources, excellaient dans les sculptures de pampres
et de rinceaux.
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LE CHUR DE L'ÉGLISE
SAINT-JUST
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Le chur de l'église Saint-Just est en style roman bourguignon.
L'abside et les absidioles ont été reconstruites au
XVIe siècle avec une grande fenêtre qui reçut
un vitrail Renaissance, disparu depuis. |
Le chœur et l'abside
Grâce à la présence de sa grande verrière,
le sanctuaire de l'église est assez lumineux. |
Vitrail du XIXe siècle à l'abside. |
«Saint Antoine de Padoue»
Tableau dans la chapelle Sainte-Thérèse. |
Le sanctuaire a été reconstruit au XVIe siècle
après destruction de l'abside et des absidioles romanes. |
Le vitrail
de l'abside. L'article de Gustave Duhem sur l'église
d'Arbois, dans la revue du Congrès archéologique
de France (Franche-Comté, 1960), apporte une information
qui intéressera tous les amoureux des vitraux. La transformation
architecturale la plus importante que subit l'église
fut celle du XVIe siècle. À part la reconstruction
du clocher, Pierre de la Baume, évêque de Genève,
abbé de Saint-Claude et prieur d'Arbois décida,
en 1538, de faire abattre l'abside et les absidioles romanes.
Elles furent remplacées par les chevets carrés
qui sont toujours visibles. 1538 : c'est un an avant son élévation
au cardinalat. Dans la grande fenêtre du sanctuaire,
où se trouve
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un vitrail du XIXe siècle
(voir photo ci-dessus), il avait fait installer, écrit
Duhem, «une somptueuse verrière qui représentait
la Vierge au centre devant le donateur, c'est-à-dire
le cardinal, agenouillé à ses pieds, avec de
chaque côté saint Just et saint Claude».
Ce vitrail a été endommagé en 1674 et
ne passa malheureusement pas le cap de la Révolution.
Il fut remplacé par du verre blanc, avant qu'on y installe
le vitrail actuel.
Source : Congrès archéologique
de France, Franche-Comté 1960, article de Gustave
Duhem sur l'église Saint-Just à Arbois.
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«Ecce Homo»
Tableau de Claude Perrin d'Arbois, vers 1700. |
Panneaux historiés de la verrière du chur. |
L'ange souffleur sur le sommet
de l'orgue de tribune (début du XVIIIe siècle). |
L'ORGUE DE TRIBUNE DU DÉBUT
DU XVIIIe SIÈCLE
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L'orgue de tribune et son très beau buffet (début du
XVIIIe siècle). |
Ornementation droite de l'orgue de tribune avec son ange trompettiste.
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L'orgue
de l'église Saint-Just est dû au facteur
Carouge et date de 1728.
Sa très grande qualité a permis de créer
un festival international d'orgue.
La confection du buffet d'orgue est attribuée aux deux
ébénistes d'Arbois, les frères Lamberthod.
Source : Panneau dans la nef.
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L'ornementation sur le haut du positif. |
L'ornementation sur le haut du buffet. |
La nef et l'orgue de tribune vus depuis le chur. |
Documentation : Panneaux d'information dans
l'église + «Congrès archéologique de France,
Franche-Comté 1960», article de Gustave Duhem sur l'église
Saint-Just à Arbois. |
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