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L'origine de l'église Notre-Dame
de Pontoise remonte au XIIe siècle. A cette époque,
c'est une chapelle construite hors les murs de la ville. La statue
de la Vierge qu'elle renferme en fait un lieu de pèlerinage.
Devenue trop petite, elle est remplacée par un bâtiment
plus grand au XIIIe siècle, qui devient paroisse.
Puis l'église subit les conséquences de sa position
hors les murs : tous les sièges que subit Pontoise l'endommagent
ou la détruisent. Elle est démolie partiellement pendant
la guerre de Cent Ans, puis restaurée sous Charles XII. Elle
est détruite pendant les guerres de Religion, reconstruite,
puis à nouveau détruite en1589 quand la ville est
assiégée par Henri III et le roi de Navarre. Enfin,
en 1599, le cycle prend fin et l'église actuelle voit le
jour. D'après les sources et les vestiges encore visibles
au XIXe siècle, l'ancienne église devait mesurer près
de 130m de long (!). Le nouvel édifice est bien plus modeste.
Avec un porche construit après coup et une façade
rénovée au XVIIIe, son aspect architectural est assez
hétéroclite.
A la Révolution, l'édifice est transformé en
magasin à fourrage, puis menacé de destruction. En
1801, il est rendu au culte sous la pression de ses paroissiens.
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Vue générale de la nef de l'église Notre-Dame
à Pontoise
C'est une église assez claire : la lumière vient essentiellement
des vitraux blancs du second niveau de l'élévation.
On remarquera les deux belles clés de voûte - d'un style
très classique - sur la voûte de l'église. Un
agrandissement
en est donné plus bas. |
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«««---
À GAUCHE
La façade de Notre-Dame, rénovée au XVIIIe
siècle
dans un style classique.
CI-DESSUS : deux têtes d'angelots dominent le porche
(conformément au classicisme de l'époque)
À DROITE ---»»»
Sculpture près du portail. S'agit-il d'armoiries? |
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«La Place Notre-Dame à Pontoise, 1874» par
Ludovic Piette
Gouache sur papier, musée
Pissarro de Pontoise |
Clé de voûte dans la nef |
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Vue de la nef et des élévations édifiées
à la fin du XVIe siècle
Au premier plan à droite, le tombeau de saint Gautier |
Le tombeau de saint Gautier (1099) dans la nef de Notre-Dame
a été sculpté en 1154.
Gautier est le fondateur de l'abbaye de Saint-Martin et son premier
abbé.
Sur les faces latérales sont représentées des
scènes évangéliques.
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Saint Gautier tient le bâton pastoral dans sa main droite, le
livre des Saintes
Écritures dans sa main gauche. Quatre angelots l'accompagnent.
Le tombeau n'a été placé dans la nef de Notre-Dame
qu'au XIXe siècle, d'où son état de fraîcheur. |
La vie
de saint Gautier. Gautier n'est pas un des représentants
les plus connus du panthéon chrétien. Il naquit
en 1030 dans le diocèse d'Amiens et acquit - on ne
sait exactement où - une grande culture. Il eut une
chaire de grammaire, de rhétorique et de philosophie
qui, dit-on, attirait beaucoup de monde. Très tôt
il voulut quitter l'agitation du monde. Il se retira donc
à l'abbaye de Rebais-en-Brie (diocèse de Meaux) pour
se livrer entièrement à une vie de mortifications.
L'abbaye de Saint-Martin à Pontoise - nouvellement
créée - n'ayant pas d'abbé, c'est Gautier
qui fut choisi, poste qu'il accepta après beaucoup
d'atermoiements. En 1070 il reçut des mains du roi
Philippe Ier la crosse abbatiale, symbole de son investiture.
Toujours désireux de solitude et de mortifications,
Gautier s'enfuit par deux fois de son abbaye. Il alla se cacher
d'abord à Cluny (1072), mais fut découvert et
ramené à Pontoise.
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La deuxième fois, il vécut
une vie d'anachorète dans une ile sur la Loire, mais,
là aussi, il finit par être reconnu.
Désirant par-dessous tout être déchargé
de ses responsabilités - dont il se jugeait indigne
-, Gautier se rendit à Rome en 1075 pour obtenir gain
de cause auprès du pape Grégoire VII. Mais le
pape, conscient de cette humilité exagérée,
lui ordonna de rester fidèle à son abbaye et
de mettre ses qualités au service de tous. Gautier
revint donc à Pontoise et assura sa charge jusqu'à
sa mort en 1099 sans plus chercher à s'enfuir.
Sa tombe devint bientôt l'objet de pèlerinages
et des miracles se produisirent. Gautier fut canonisé
en 1153. Le roi Louis IX avait une vénération
particulière pour ce saint (voir le vitrail
plus bas).
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Absidiole du bas-côté sud
On remarquera la poupée habillée de mauve sur l'autel
de droite (voir le commentaire ci-après).
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Vitrail floral dans
la chapelle d'entrée |
«Le mariage mystique de sainte Catherine» est daté
du XVIIe siècle.
D'après les historiens d'art, l'auteur (inconnu) s'est inspiré
d'un tableau de
Nicolas Poussin, «La Sainte Famille», exposé au
Louvre, notamment pour les couleurs. |
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Poupée habillée de la Vierge Marie
Autel du bas-côté sud
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Aspect général des vitraux des bas-côtés
de l'église Notre-Dame
Niveau supérieur : deux anges présentent la légende
des vitraux historiés du milieu
Niveau inférieur : quatre lancettes ornées de motifs
géométriques et votifs
Ci-dessus : «Vu de Ville de Paris en 1580» et
«Louis IX se vouant à Notre-Dame de Pontoise»
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Représentations très originales
de chérubins ailés dans
les vitraux de la nef
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La Vierge
Marie en poupée habillée. Il n'est
pas très fréquent de trouver une poupée
habillée sur l'autel d'une église (vous pouvez
en voir une autre dans le chur de Notre-Dame-la-Grande
à Poitiers). Il est certain que ce genre d'ornement
revêt avant tout un aspect folklorique - que les protestants,
avec Luther, se sont empressés, à leur époque,
de qualifier d'idolâtrie et de détruire partout
où ils le pouvaient.
Pourtant cet ornement toujours magnifiquement drapé
fait partie intégrante du culte catholique. Il s'inscrit
dans la mémoire collective des fidèles et de
leur besoin d'adoration et de contemplation. Tout comme pour
les statues et les tableaux. L'Histoire nous montre qu'un
souverain - même catholique - qui décide de s'y
attaquer au nom de la lutte contre la «superstition»
s'attire une opposition tenace de la part de ses sujets.
Il en est ainsi de la politique de l'empereur d'Autriche Joseph
II - le protecteur de Mozart - vers la fin du XVIIIe siècle.
A la mort de sa mère, l'impératrice Marie-Thérèse,
en 1780, il détient seul le pouvoir et accélère
le rythme des réformes initiées du vivant de
sa mère.
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Il inaugure une politique qualifiée
de «joséphisme» par les historiens : créer
un état centralisé, uniforme avec un droit unique
en mettant à bas les structures féodales et
les privilèges partout où ils se trouvent -
et en avançant à marche forcée sans s'occuper
des oppositions.
En matière religieuse, c'est un janséniste,
partisan d'une foi pure et dépouillée. Il donne
l'ordre de faire disparaître des églises tout
ce qui n'est pas jugé indispensable au culte : reliques,
tablettes votives, peintures, statues ainsi que les fameuses
poupées habillées représentant la Vierge
Marie... Ces mesures unilatérales et énergiques
provoqueront (avec d'autres) l'incompréhension générale
(notamment de la classe paysanne pourtant sensée être
la grande bénéficiaire des réformes).
Joseph II s'éteindra en 1790 - presque au soulagement
général de ses sujets. Ses successeurs tireront
un trait sur tout qu'il aura accompli...
Source : «Joseph II and
Enlightened Despotism» de T.C.W. Blanning (Longman)
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Ange présentant la légende : «Philippe Auguste
veut une paroisse-1226-Roger 1er curé»
Ces vitraux d'anges ne sont pas grands, mais il faut
reconnaître qu'ils sont très travaillés.
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Ange présentant la légende : «Vu de la Ville
de Pontoise en 1638»
«««----- À GAUCHE, vitrail floral de la chapelle
d'entrée |
Le chur de Notre-Dame de Pontoise (toute fin du XVIe siècle).
Les vitraux sont à motif floraux.
À DROITE, vitrail «Vu de la Ville de Paris en 1580,
renouvelés en 1873» (début du XXe siècle)
---»»»
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
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«L'enfant mort-né présenté à la
Vierge de Pontoise»
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
Chapelle dans l'entrée de l'église où trône
une statue de la Vierge du XIIIe siècle,
appelée «Notre-Dame-de-la-Santé»
Cette statue est à l'origine du vu de Pontoise et des
pèlerinages.
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«Pèlerinage à la Vierge de Pontoise»
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
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En 1638 une épidémie
de peste ravage la France et se rapproche de Pontoise. Affolés,
le conseil de la ville et les habitants demandent à
la Vierge que l'épidémie épargne leur
ville. Ils s'engagent à offrir une statue d'argent
à Marie, à installer une image de la Vierge
à chacune des entrées de la cité et à
faire une procession tous les ans. La procession parcourut
les rues de la ville depuis Saint-Maclou jusqu'à la
Vierge de Notre-Dame.
Pontoise est sauvé. On dit que, parmi les paroisses
du voisinage, celles qui invoquèrent Marie furent sauvées
elles aussi (Villiers-Adam, Saint-Ouen-l'Aumône, Houilles,
etc.).
Le vu de Pontoise
a été respecté et l'est toujours. Il
y a toujours une statue de la Vierge aux quatre entrées
principales de la ville. Trois vitraux de l'église
Notre-Dame lui sont consacrés (on en donne deux ci-dessus).
Les grands personnages du royaume ainsi que les souverains
viendront en pèlerinage à Pontoise. Des guérisons
y sont rapportées.
À gauche, statue de la Vierge
dans la chapelle de l'entrée.
À droite, détail du vitrail du «vu
de Pontoise en 1638» dans la cathédrale Saint-Maclou
de Pontoise (cliquez sur l'image).
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Tableau «L'adoration des Mages», XVIe siècle
«««--- À GAUCHE
Absidiole du bas-côté nord. A gauche, l'autel du Saint
Sacrement |
Louis IX se recueillant sur le tombeau de saint Gautier (vitrail de
la nef)
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan.
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Tableau «La Bénédiction de Jacob» |
Vue de la nef depuis le chur.
Le buffet d'orgue a été construit en 1639 par le maître-sculpteur
Nicolas Duchâtel et acheté par la paroisse Notre-Dame
en 1808. |
Documentation : «L'église Notre-Dame»,
brochure disponible dans l'église |
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