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Avec ses 5,5 hectares, la ville de Caen
peut s'enorgueillir de posséder l'un des plus grands châteaux
forts d'Europe. Créée vers 1060 par Guillaume le Bâtard,
duc de Normandie et futur Guillaume le Conquérant, remaniée
et agrandie par ses successeurs, renforcée par Philippe Auguste,
amputée de son donjon massif en 1793, la forteresse se dresse
sur un éperon rocheux au nord de la ville. Elle a été
conçue comme lieu de résidence et symbole de pouvoir.
Hormis les remparts, peu d'éléments du XIIe siècle
sont arrivés jusqu'à nous : on ne compte que la salle
de l'Échiquier et l'église
Saint-Georges. De style roman à l'origine, cette dernière
est d'ailleurs passée au XVe siècle, en partie, au
style gothique flamboyant.
Dans les années 1870, le château a été
transformé en caserne et l'est resté jusqu'en 1940.
Les bâtiments construits pour héberger la troupe furent
alors rasés (voir plus bas le plan
du château avant 1944). Les bombardements intensifs de 1944
n'ont pas trop endommagé les édifices qui y subsistaient.
Depuis les années 2010, la ville de Caen
a souhaité faire de sa forteresse un grand centre historique
et culturel : la visite du château par elle-même voit
ainsi ses zones accessibles au public se multiplier. C'est de plus
entre ses murs qu'ont été inaugurés les deux
principaux musées caennais : le musée
des Beaux Arts et le musée
de Normandie.
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Vue d'ensemble du château ducal. |
Maquette du château de Caen avant 1944.
À cette époque, le château était la «caserne
Lefèvre». |
Le château
ducal avant 1944.
Entre les années 1870 et 1940, le château
était la caserne d'un régiment d'infanterie.
Son nom officiel était la caserne Lefèvre.
À l'arrière-plan de la maquette ci-contre, on
voit que les fondations du donjon, rasé en 1793, avaient
été recouvertes et aplanies : c'était
la place d'armes qui bordait les deux bâtiments nord
et ouest où logeait la troupe.
Inutile de préciser que pas un touriste ne pouvait
pénétrer dans le château. Son rôle
de grand témoin de l'histoire de la ville n'existait
pas encore.
Après la seconde guerre mondiale, la municipalité
décida de changer totalement le rôle de cette
enceinte de plus de cinq hectares en privilégiant son
aspect historique. Les deux bâtiments qui abritaient
la troupe furent détruits, les fondations du donjon
dégagées et mises en valeur, comme on peut le
voir sur une photographie
plus bas.
Aujourd'hui, outre quelques bâtiments qui nous viennent
du XIIe siècle (église
Saint-Georges et salle
de l'Échiquier), le château est présenté
par la ville de Caen
comme une «enceinte des musées». Il abrite
en effet le
musée des Beaux Arts et le
musée de Normandie. Depuis le début des
années 2020, la municipalité souhaite encore
y accroître les zones accessibles au public. Une initiative
que l'on ne saurait blâmer.
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LA SALLE DE L'ÉCHIQUIER
(XIIe siècle) |
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La façade romane de la salle de l'Échiquier. |
Le côté sud de la salle de l'Échiquier et ses
contreforts. |
La porte romane de la salle de l'Échiquier.
Vitrail moderne de la façade avec les lions des ducs de Normandie.
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La
salle de l'Échiquier. Au début
du XIIe siècle, Henri Ier Beauclerc, fils de
Guillaume le Conquérant, modifia le château
en faisant construire un redoutable donjon et la salle
de l'Échiquier. Les remparts furent aussi renforcés
et surélevés. «L'Échiquier»
était le centre financier du duché. C'était
là que les agents du duc contrôlaient les
recettes fiscales et, vraisemblablement, les entreposaient.
Au XIIe siècle, sous le long règne d'Henri
II Plantagenêt, Caen
devint un important centre administratif, financier
et judiciaire.
La salle de l'Échiquier, restaurée après
1944, est une aula : une grande salle abritée
dans un robuste bâtiment de style roman, riche
d'ornementations intéressantes. C'est le principal
édifice civil roman de la Normandie. Dans Architecture
normande au Moyen Âge, paru aux Presses Universitaires
de Caen en 1997, l'historien Joseph Decaëns nous
apprend que cette salle de 30,70 m sur 11,02 m avec
des murs épais de 0,92 m à 1,02m comportait
deux niveaux : un rez-de-chaussée en terre battue
où l'on trouvait la citerne, la cuisine et différents
services de table, et un étage noble sur plancher.
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Fenêtre romane et modillons. |
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Vue d'ensemble de la salle de l'Échiquier. |
Élévations sud de la salle de l'Échiquier avec
sa suite de petites fenêtres romanes |
La salle de l'Échiquier vue depuis le rempart. |
Place devant la salle de l'Échiquier et le rempart ouest. |
Vue des fossés et de la salle de l'Échiquier. |
Les vestiges du donjon ont été mis en valeur après
1944. |
L'ÉGLISE
SAINT-GEORGES (XIIe siècle) |
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L'église
Saint-Georges sert actuellement de lieu d'accueil
et d'information ainsi que de boutique. Elle fut église
paroissiale jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.
Le bâtiment date du tout début du XIIe
siècle même si les remplages flamboyants
des fenêtres semblent indiquer une édification
plus tardive. Cependant, comme on le voit ci-dessous,
le chur confirme cette ancienneté : il
s'ouvre par un arc en plein cintre et arbore le décor
architectural de cette époque. Au XVe siècle,
après la fin de la guerre de Cent Ans, l'église
prit un aspect gothique : on boucha les ouvertures romanes
que l'on remplaça par des baies pas tout à
fait de style gothique flamboyant. De son côté,
la nef fut couverte d'une charpente. En revanche, les
baies du chur reçurent un remplage typiquement
flamboyant.
Sous la Révolution, l'église fut désaffectée.
Sa fonction fut ensuite modifiée selon le rôle
joué par le château. Ce n'est que dans
les années 2010 qu'elle devient centre d'accueil
et d'information.
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«««---
Le chevet de l'église Saint-Georges. |
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Le portail de l'église Saint-Georges
est de style gothique flamboyant. |
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Le chevet gothique de l'église Saint-Georges. |
Trois saints ( vitrail de Max Ingrand).
Saint Georges, saint Étienne et saint Michel. |
Partie ouest de l'église
avec charpente en berceau et vitrail. |
Diverses scènes
Atelier Degusseau, Orléans 1970. |
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Élévations est
avec charpente en berceau et chevet.
«««--- Vitrail moderne
Scènes de la vie de Guillaume le Conquérant.
Atelier Degusseau, Orléans 1970. |
Scènes de la Passion
Atelier Degusseau, Orléans 1970. |
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Place avec accès aux salles des remparts.
«««--- Saillie sur le bas-côté sud
avec deux vitraux contemporains. |
Le château ducal vu depuis l'est. |
Documentation : Feuillet de présentation
du château de Caen
+ «Caen» par Xavier Barral i Alter, éditions Gisserot
+ Normandie romane tome 1, éditions Zodiaque, 1967
+ Architecture normande au Moyen Âge, Presses Universitaires
de Caen, 1992 |
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