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Page créée en août 2021
«Notre-Dame de Grâce», détail

L'histoire de la ville du Havre commence par une petite crique nommée Ingouville, lieu de refuge pour les pêcheurs. Une chapelle la dominait, élevée en l'honneur de la Vierge. C'est d'elle que vient le nom de Hâvre de Notre-Dame-de-Grâce, abrégé plus tard en Hâvre-de-Grâce, qui donnera finalement Le Hâvre. Au temps du roi Charles VII, deux tours en protégeaient l'accès. En l'an 1509, Louis XII fit entreprendre d'importants travaux, et parmi eux, dit-on, les quais. Son successeur, François Ier, continua son œuvre, mais cette fois, d'une manière officielle : l'ordre en Conseil fut donné en septembre 1517 d'y construire un port «propre et convenable» pour loger les grands navires de la flotte royale. Avec les habitations indispensables et une ceinture de bastions pour protéger le tout.
La tentative de certains savants de nommer la ville Franciscopolis échoua. Idem pour Françoise de Grâce, une idée qui venait pourtant du roi. Pour attirer les gens dans la cité, le roi accorda - pour toujours - une dispense de tailles et de gabelles. Dès 1517, une chapelle en bois couverte de chaume fut érigée en l'honneur de Notre-Dame. Elle est remplacée en 1536 par un édifice pourvu de piliers de pierre. En 1539, décision est prise de bâtir cette fois une grande église dans les règles de l'art. On commença par le clocher. Érigé en 1540, il existe toujours. Mais les conflits entre catholiques et protestants surgissent. Tous les travaux sont interrompus. Une bonne part des marchands havrais passe à la Réforme et les huguenots font main basse sur la ville en 1562. S'ensuit une série de batailles entre, d'un côté, les catholiques et, de l'autre, les protestants alliés à des troupes anglaises d'Élisabeth Ière arrivées pour leur prêter main forte. Le sommet du clocher servira même de poste de combat. En 1563, la ville est reprise par l'armée de Charles IX, roi de France et deuxième fils de Catherine de Médecis. Les conflits s'éloignent ; la décision de construire une église plus vaste ressurgit.
En 1575, la première pierre est posée. Le maître maçon Nicolas Duchemin dirige le chantier jusqu'à sa mort en 1598. Le chœur est terminé en 1585 ; la nef, sans sa voûte, en 1597. Puis la façade du croisillon sud en 1604 ; celle au nord, en 1605. En 1611, c'est le tour de l'élégante façade occidentale qui sera achevée en 1638. La structure de l'ensemble est gothique, mais très marquée par l'influence du style Renaissance.
La ville sera bombardée par une flotte anglaise lors de la guerre de la Ligue d'Augsburg (1688-1697) et de la guerre Sept Ans (1756-1763). Sans dommage toutefois pour la cathédrale. À la Révolution, l'église est saccagée ; les vitraux sont détruits. L'édifice sera restauré en 1830. Dans les années 1870-1890, les baies recevront des verrières illustrant l'histoire du Havre. Arrive le second conflit mondial, dévastateur. En 1944, la ville est quasiment rasée et deux bombes anglaises tombent sur l'édifice, détruisant la nef et l'orgue de tribune du XVIIe siècle. Ne restent debout que la façade occidentale et le chœur, avec beaucoup de dégradations toutefois.
La restauration de l'édifice n'est achevée qu'en 1974. Aujourd'hui, on peut y voir deux grandes verrières du XIXe siècle, patiemment reconstituées, un chœur qui semble ne pas avoir souffert, quelques chapelles latérales restaurées et une belle série de statues d'apôtres, la plupart refaites.
Le diocèse de Rouen est découpé en 1974 avec la création de celui du Havre. À cette occasion, l'église Notre-Dame devient cathédrale. L'édifice a été classé aux Monuments historiques en 1919.

«Henri IV s'arrête devant l'église en 1603»
Vue d'ensemble de la nef
Vue d'ensemble de la nef.
La façade et le côté nord
La façade occidentale et le côté nord.
La façade, édifiée de 1611 à 1638, mêle les styles baroque et classique.
Vierge à l'Enfant sur le portail central
Vierge à l'Enfant sur le portail central.
Sculpteur inconnu.

Architecture extérieure (1/3).
La construction s'étale du dernier quart du XVIe siècle jusqu'en 1610 : l'église Notre-Dame possède une structure gothique, mais un gothique déjà très influencé par la Renaissance. Son architecture est ainsi la marque d'une époque de transition. On y voit par exemple des gros contreforts pour contrebuter le poids de la voûte gothique ogivale, ceux-ci se terminant par des arcs-boutants empruntant beaucoup à l'art de la Renaissance. ---»»

Ornementation sur la façade
Ornementation baroque sur la façade.
Le portail central
Le portail central et son ornementation du début du XVIIe siècle.
La Vierge à l'Enfant est accompagnée d'angelots et d'anges.

Architecture extérieure (2/3).
---»» La photo du chevet ci-dessous montre, longeant les toits, un beau garde-corps d'influence gothique. Plus intéressant encore pour ce qui est de la transition de styles, elle montre une alternance dans le dessin des tympans des baies entre les «flammes» gothiques et les lobes Renaissance.
Mais une cathédrale, c'est avant tout sa façade principale. Celle de Notre-Dame est de style classique à deux étages, riches en éléments baroques. L'œil retient surtout la présence, dans un premier niveau très élargi, de huit colonnes cannelées et baguées : elles équilibrent de façon très heureuse l'impression d'étirement horizontal. Ce premier niveau est d'ordre ionique (voir les chapiteaux dans la photo ci-dessus). Dans le second niveau qui est, quant à lui, d'ordre corinthien, la rose gothique traditionnelle a fait place à une large fenêtre à cinq baies. Au sommet de la partie centrale, le fronton accueille un bas-relief symbolisant la Trinité. Il n'a été ajouté qu'en 1827. Avec ses anges et ses angelots, ses victoires et ses renommées, le décor de cette façade appartient tout ---»»

Le portail latéral gauche
Le portail latéral gauche et son ornementation
du début du XVIIe siècle.

Architecture extérieure (3/3).
---»» entier au style artistique du début du XVIIe siècle.
Le portail du croisillon sud, initialement de 1604, a été refait en 1828 dans un pastiche classique sans intérêt majeur. En revanche, le portail nord retient l'attention. De ses trois étages ressortent les inscriptions AGNUS DEI et AVE MARIA GRACIA PLENA. Ce portail se rattache à la première époque de l'architecture classique. Au premier niveau, six colonnes portent un entablement. Au-dessus, un large évidement devait abriter jadis une ronde-bosse, peut-être une Annonciation. Il est entouré de deux niches qui ont perdu leurs statues. Enfin, le dernier étage : entre deux colonnes carrées se love un œil-de-bœuf, façon art médiéval, entouré de deux anges bien dégradés par le temps. Source : «Dictionnaire des églises de France», éditions Robert Laffont, 1968, article sur la cathédrale de Georges Priem.

Le Havre, vue de la rue de Paris et de l'église
Le Havre, vue de la rue de Paris et de l'église Notre-Dame.
Lithographie de Deroy, XIXe siècle.
Le chevet de la cathédrale, le côté nord et le croisillon nord du transept
Le chevet de la cathédrale, le côté nord et le croisillon nord du transept.
On remarquera les deux styles choisis pour le dessin des tympans dans les baies : les lobes de style Renaissance alternent avec les «flammes» gothiques.
Les éléments du rez-de-chaussée qui sont bâtis autour du chevet abritent bureaux et sacristies et sont annexes à l'église.
La tour du XVIe siècle
La tour gothique a été élevée vers 1540.
Elle ne fait pas partie de la «visite» de l'église.
Portail du côté nord
Le portail du croisillon nord date de 1605.
Première époque de l'architecture classique.
Portail du côté sud
Le portail du croisillon sud a été construit en 1604, puis remplacé en 1828.
LA NEF DE LA CATHÉDRALE NOTRE-DAME
La nef et sa longue suite d'arcades sur le côté sud
La nef et sa longue suite d'arcades sur le côté sud.
Plan de la cathédrale
Plan de la cathédrale Notre-Dame.

Architecture intérieure (1/2). Très endommagée par les bombes du 5 septembre 1944, la cathédrale Notre-Dame a été reconstruite à peu près à l'identique. En septembre 1944, il ne restait debout que le chœur, les deux croisillons du transept et la façade occidentale. La tour de 1540 a été à peu près épargnée. La restauration, qui démarra lentement, ne s'est achevée qu'en 1974.
L'édifice est long de 62,90 mètres (sans compter les sacristies) pour une largeur totale de 27,25 mètres. La nef s'élève, sous clé, à une hauteur de 13 mètres.
La nef comprend sept travées scandées de piliers d'ordre dorique, chacun étant flanqué d'un pilastre qui reçoit la retombée des doubleaux et des diagonaux des voûtes (comme le montre la photo ci-dessus). La nef n'est pas flanquée de chapelles, mais d'un double bas-côté meublé de quelques statues. Ce double bas-côté se termine, au nord, par la chapelle Saint-Sébastien, et, au sud, par une chapelle laissée en l'état où l'on trouve la cuve baptismale. Le «chœur élargi» comprend le sanctuaire et quatre travées avec chapelles dont la moitié seulement a été restaurée. Le détail de ces chapelles est donné plus bas.
Dans cette nef à deux niveaux, l'influence de la Renaissance dans la structure gothique est bien visible. Les arcades en plein cintre ne montrent qu'un bandeau plat orné de quelques moulures. Les pilastres sont surmontés d'un tailloir barlong tandis qu'un entablement dorique, légèrement saillant, fait le tour de l'édifice et sépare les deux niveaux de l'élévation. Le second niveau abrite les fenêtres hautes et leur verre blanc bien utile. Il faut s'imaginer, au XVIe siècle, un premier niveau avec des vitraux à scènes historiées et colorées condamnant l'église à la pénombre. Le verre blanc du niveau supérieur est donc là pour apporter un peu de lumière. De ces scènes historiées, seules deux subsistent et elles sont du XIXe siècle. Voir l'encadré plus bas.
Il faut toujours penser à lever les yeux quand on visite une église. La cathédrale Notre-Dame offre une dizaine de clés de voûte intéressantes dans les bas-côtés et les parties non détruites. Ces clés représentent les vertus théologales et cardinales ou encore les évangélistes. Quelques exemples sont donnés ci-dessous. -» Suite 2/2

Chapiteau de style dorique
Chapiteau de style dorique «raffiné».
On le trouve à la séparation du vaisseau central et des bas-côtés.
Voir photo ci-dessous.
Chapiteau de style dorique
Chapiteau de style dorique simplifié.
Il surmonte les piliers qui séparent
les deux ailes des bas-côtés.
La voûte de la nef vue du chœur
La voûte ogivale de la nef vue du chœur.

Le Chemin de croix vient du paquebot Normandie. Il a été réalisé en palissandre vers 1934 par le sculpteur Gaston le Bourgeois. Deux stations en sont données ci-dessous.

Jésus et les filles de Jérusalem
Chemin de croix : Jésus et les filles de Jérusalem.
Jésus est mis au tombeau
Chemin de croix : Jésus est mis au tombeau.
Dragon crachant des flammes dans une clé de voûte
Clé de voûte : dragon crachant des flammes
OU salamandre dans un feu, symbole présent
dans les armoiries de la ville du Havre ?

Piéta de l'artiste Samson, XXe siècle ---»»»
dans le bas-côté sud.

Collatéral nord vu depuis l'avant-nef
Bas-côté nord vu depuis l'avant-nef.
CLÉS DE VOÜTE
Vertu théologale : La Foi
Vertu théologale : la Foi.
Saint Jean et son aigle
Évangéliste : saint Jean et son aigle.
Vertu cardinale : La Justice
Vertu cardinale : la Justice.
Vertu cardinale : La Tempérance
Vertu cardinale : la Tempérance.

Architecture intérieure (2/2).
---»» La structure gothique se voit clairement dans la voûte ogivale légèrement bombée. Dans le vaisseau central, cette voûte est ornée de liernes et de tiercerons.
Dans la physionomie de l'église, il est difficile de s'apercevoir que le chœur commence après le transept et qu'il englobe six chapelles latérales et deux chapelles absidiales (ces deux dernières étant consacrées à la Vierge). En effet, le transept est non saillant et d'une largeur égale à celle des autres travées. On a donc l'impression que ces chapelles font partie de la nef, même si la fonction du transept est bien de séparer la nef du chœur. Dans cette page, le chœur signifie la plupart du temps, le sanctuaire (voir plan).

Piéta de l'artiste Samson, XXe siècle
Vertu théologale : L'Espérance
Vertu théologale : l'Espérance.
Tête bicéphale avec femme et vieillard
Tête bicéphale avec femme et vieillard.
Élévations sud dans la nef
Élévations sud dans la nef.
Tête au sommet d'une fenêtre haute dans le transept Tête au sommet d'une fenêtre haute dans le transept
Sculpture de têtes d'homme
au sommet de deux fenêtres hautes dans le transept.

Les vitraux. Compte tenu des bombardements auxquels a été soumise la ville du Havre (années 1694, 1759 et 1941-44), on se doute que la verrière a beaucoup souffert. Entre les deux dernières dates, il faut en plus intercaler la Révolution qui va les détruire tous...
Au XIXe siècle, comme il ne reste plus rien, plusieurs ateliers vont réaliser une vingtaine de grandes verrières illustrant les grandes pages de l'Histoire de la ville. Las ! en 1941, tous ces vitraux sont soufflés lors d'un bombardement. Laissés à terre, ils seront mêlés à d'autres débris lors du bombardement du 5 septembre 1944 : deux bombes anglaises tombent sur la nef et ne laissent debout que le chœur et la façade occidentale, encore ces deux éléments sont-ils bien dégradés.
À la demande de la municipalité, l'atelier du maître verrier Michel Durand essaie de reconstituer les vitraux. Une tâche ingrate d'où ne sortiront que deux grandes verrières à peu près complètes : la visite d'Henri IV au Havre en 1601 et la messe de la Réduction. Ces vitraux ont été réalisés en 1881 par l'atelier Duhamel-Marette à Évreux.
Enfin, c'est le même atelier Michel Durand qui va réaliser en 1974 les trois verrières du chœur consacrées à la Vierge.
Les autres vitraux de l'église (qui sont évidemment contemporains) sont en verre blanc orné de bordures à thème marin (poissons, coquillages, algues, etc.). Quelques exemples en sont donnés dans cette page.
Sources : 1) Archives départementales de la ville du Havre ; 2) «Dictionnaire des églises de France», éditions Robert Laffont, 1968, article sur la cathédrale de Georges Priem.

Vitrail avec bordure à thème marin, détail
Vitrail avec bordure à thème marin, détail.
Vitrail avec bordure à thème marin
Vitrail avec bordure à thème marin.
La voûte du croisillon nord du transept
La voûte du croisillon nord du transept.
On remarque des sculptures de têtes humaines
au sommet des fenêtres.
Vitrail avec bordure à thème marin, détail En arrivant vers le chœur, les piles de la nef s'ornent des statues des apôtres
En arrivant vers le chœur, les piles de la nef s'ornent des statues des apôtres.
Coup d'œil architectural : les piliers, à l'entrée des chapelles latérales, n'ont plus de chapiteau.
Un simple anneau (ou un tailloir très restreint) reçoit la retombée des voûtes.

«««--- Extraits des vitraux contemporains avec bordure à thème marin ---»»»
Vitrail avec bordure à thème marin, détail
Saint Philippe
Saint Philippe
Saint Thomas
Saint Thomas
Saint Jacques le Mineur
Saint Jacques le Mineur
Saint Barthélemy
Saint Barthélemy
LES CHAPELLES LATÉRALES
Bas-côté sud avec deux chapelles latérales
Bas-côté sud avec deux chapelles latérales restaurées.
Sur les piliers, on remarque que les chapiteaux ont fait place à un simple bandeau.
Chapelle latérale sud
Chapelle latérale sud restaurée.
Statues réalisées par le sculpteur    ---»»»
Jacky Sallé en 2005.

Les chapelles latérales. Situées après le transept, elles sont incluses dans le chœur, que l'on appellera ici chœur élargi. Le bombardement du 5 septembre 1944 ne les a pas entièrement détruites, mais elles ont eu besoin d'être restaurées. Ce qui a été fait pour la moitié d'entre elles. La photo ci-dessus montre un environnement très éclairé : les chapelles profitent du verre blanc de leur verrière. On en voit ici deux restaurées. Le mobilier a différentes origines : une partie était là au XIXe siècle et a survécu aux explosions ; une deuxième vient d'autres édifices havrais et la dernière a été créée récemment. C'est le cas des deux jolies statues de bois de saint Yves et sainte Marie données ci-dessous. ---»»

Statue de saint Yves (Jacky Sallé, 2005)
Saint Yves.
Statue de sainte Anne avec Marie (Jacky Sallé, 2005)
Sainte Anne avec Marie.
Statue de saint Joseph et l'Enfant dans une chapelle latérale sud
Statue de saint Joseph et l'Enfant
dans une chapelle latérale sud.

---»» C'est dans les deux dernières chapelles (en vis-à-vis) que l'on peut voir les deux seules verrières historiées de la cathédrale que le maître verrier Michel Durand est parvenu à reconstituer après la dernière guerre. Elles sont l'œuvre de l'atelier Duhamel-Marette et ont été mises en place en 1881. Voir la photo ci-dessous.

Sainte Catherine de Sienne, détail
Sainte Catherine de Sienne, détail.

Henri IV au Havre. Le vitrail ci-dessous date de 1881. Il illustre un fait sans grande importance dans l'histoire de la ville. L'historien Aristide Guilbert en parle d'une manière assez désabusée dans l'ouvrage Histoire des villes de France. «Henri IV vint au Hâvre en 1603. Les habitants voulaient lui donner une fête, mais il eut le bon esprit de répondre à leurs députés : "Employez mieux votre argent, en le donnant à ceux qui ont souffert de la guerre ; ils y trouveront leur compte et moi le mien"» Et il ajoute : «Du reste, Henri IV ne fit rien pour le Hâvre : jamais marine ne fut plus négligée que la sienne.»
Toutefois, le vitrail rappelle qu'Henri IV accorda cent cinquante livres de rente à prendre sur les gabelles pour l'achèvement et l'entretien de l'église.
Source : «Histoire des villes de France» par Aristide Guilbert, Paris, 1848.

«Henri IV s'arrête devant l'église en 1603» (vitrail du XIXe siècle reconstitué)
«Henri IV s'arrête devant l'église en 1603»
Atelier Duhamel-Marette, 1881.
Ce vitrail a été brisé par le bombardement de 1941
et reconstitué par l'atelier Michel Durand en 1976.

Le bombardement du Havre en 1694 s'inscrit dans le cadre de la guerre de la Ligue d'Augsburg (1688-1697). En 1688, les principales puissances européennes, excédées par les provocations et le chapardage territorial incessant de Louis XIV, entrent en guerre contre la France. Pour les Anglais, le Havre est une menace permanente qu'il faut détruire.
Le 25 juillet 1694, une flotte anglo-hollandaise jette l'ancre au large de la ville. Elle comprend quarante vaisseaux et douze bombardes, écrit l'historien Aristide Guilbert dans son Histoire des villes de France (Paris, 1848). Les habitants, comprenant le danger, s'enfuient sur les chemins alentour, emportant ce qu'ils peuvent de leurs biens.
Le 26, le bombardement commence. Ce même jour, le duc de Choiseul arrive dans la ville, inspecte les défenses et les soldats, et redonne espoir aux Havrais. Ce jour-là aussi, sur un bastion défensif, un canonnier a un coup heureux : sa bombe détruit le vaisseau ennemi où se trouve la principale bombarde de la flotte. Cette réussite met en joie les gens massés sur le rivage et dans les chemins au-dessus de la ville. C'est l'intervention du Ciel ! Peut-être de la Sainte Vierge ! Le bombardement redouble, détruit six ou sept maisons et déclenche un incendie. Le duc de Choiseul prend aussitôt les mesures nécessaires pour le faire circonscrire et éteindre, secondé par l'énergie sans faille des habitants.
Selon la relation de Nicolas Dubocage, présent au moment des faits, près de 900 bombes sont tirées ce 26 juillet sur le Havre, mais les dommages restent limités. Le 27, le mauvais temps interrompt l'offensive qui reprend le lendemain. Cependant la vigueur renouvelée de la canonnade n'aboutit pas à grand-chose : seules une ou deux maisons sont endommagées. Le 29, le vent redouble de force et contraint la flotte à se retirer plus loin, non sans avoir expédié encore trois ou quatre bombes.
Nicolas Dubocage rapporte que les matelots ennemis sont tout joyeux : d'impressionnants panaches de fumée s'élèvent de la ville depuis deux ou trois jours ! Le Havre est détruit ! En réalité, il n'en est rien. Usant d'une ruse de guerre, les échevins ont fait jeter dans les rues de la paille et des paillasses auxquelles on a mis le feu... Vue de loin, toute la ville semble brûler ! N'ayant pas d'autre information que ce qu'ils voient, nul doute que les Anglo-Hollandais croient leur mission accomplie...
Le 30, la flotte reste au loin et le 31, elle déploie toutes ses voiles et s'en va. Le bombardement n'a abouti à rien.
Source : «Le Havre», sous la direction d'Henri Chabannes, Orep éditions, relation de Nicolas Dubocage sur le bombardement de 1694.

Élévation sud dans l'avant–chœur avec l'un des deux vitraux du XIXe siècle
Élévation sud dans l'avant-chœur
avec un des deux vitraux du XIXe siècle.
«Henri IV s'arrête devant l'église en 1603», détail  avec la tour de la cathédrale
«Henri IV s'arrête devant l'église en 1603», détail avec la tour de la cathédrale.
Tableau «L'Adoration des bergers», auteur inconnu
«L'Adoration des bergers», tableau dans une chapelle latérale, auteur inconnu.

«Henri IV s'arrête devant l'église en 1603», détail.

Des photographies dans les vitraux ? Dans l'extrait ci-dessus, les deux têtes à gauche sont-elles peintes dans les règles de l'art ou obtenues par le procédé d'impression de photos dans le verre ? On penchera pour l'utilisation de photos. Ce procédé était bien connu à l'époque de la création du vitrail (année 1881) et servait à incruster des personnages contemporains dans les verrières avec une garantie absolue de ressemblance. Dans l'ouvrage Un patrimoine de lumière 1830-2000 (éditions du Patrimoine, 2003), l'historienne Martine Callias Bey nous apprend que le verre était imprimé par la photo en positif, la cuisson assurant la vitrification et la durabilité. Peut-être la tête du prélat en chasuble (et curé de l'église Notre-Dame) dans la lancette de gauche est-elle le résultat du même procédé. Quant à l'identité de ces personnages, s'agit-il ici des donateurs, du curé de l'église en 1881 ou de notables de la ville ? Présente-t-il plusieurs membres de la famille Ancel, le donateur étant, d'après un cartouche, Jules Ancel, sénateur, ancien maire et député du Havre ?
Un détail semble confirmer cette hypothèse : les photos étaient utilisées telles quelles si bien que l'expression des visages n'a aucune raison de correspondre à l'atmosphère de la scène où ils sont inclus. Ce qui expliquerait que l'homme moustachu, dans l'extrait ci-dessus, ne regarde pas le roi, tout simplement parce que la photo utilisée le faisait regarder à droite.
On pourra se reporter au vitrail de la baie 17 à la basilique Saint-Nicolas à Saint-Nicolas-de-Port et au commentaire qui lui est joint à propos du visage de Jennon Fériet.

«Henri IV s'arrête devant l'église en 1603», détail
«Henri IV s'arrête devant l'église en 1603», détail d'un vitrail de 1881 reconstitué en 1976.
La chapelle Saint-Sébastien dans le bas-côté nord
La chapelle Saint-Sébastien termine le bas-côté nord.
La chapelle Saint-Sébastien
La chapelle nord Saint-Sébastien.
Chapelle et baptistère dans le bas-côté sud
Chapelle et cuve baptismale dans le bas-côté sud.
«Messe à Notre-Dame en mémoire de la reprise de la ville en 1563» détail
«Messe à Notre-Dame en mémoire de la reprise de la ville en 1563» détail.
Statue de Saint Sébastien
Statue de saint Sébastien.

Année 1563. Les Huguenots s'emparent du Havre en 1562. Appelés pour leur venir en aide, les Anglais envoient une armée de six mille hommes. Une fois maîtres de la ville, ils en expulsent tous les habitants.
Les grands seigneurs français et leurs troupes font le siège. La garnison anglaise, bientôt décimée par les maladies et la famine, capitule le 29 juillet 1563. Elle évacue la cité et le port en abandonnant vaisseaux et canons. Les secours attendus n'arrivent qu'après l'évacuation.
L'anniversaire de cette date est longtemps resté un jour de fête pour les Havrais. Source : «Histoire des villes de France» d'Aristide Guilbert, Paris, 1848.

«Messe à Notre–Dame en mémoire de la reprise de la ville en 1563», vitrail du XIXe siècle reconstitué
«Messe à Notre-Dame en mémoire de la reprise de la ville en 1563»
Vitrail de 1881 brisé par le bombardement de 1941 et
reconstitué par l'atelier Michel Durand vers 1976.
«Messe à Notre–Dame en mémoire de la reprise de la ville en 1563», détail
«Messe à Notre-Dame en mémoire de la reprise de la ville en 1563», détail.

Le bombardement du Havre en 1759 (1/2).
Si la guerre de la Ligue d'Augsburg (voir supra) prend racine dans la volonté d'hégémonie européenne de Louis XIV et de sa lutte incessante pour renforcer son «pré carré» à la frontière nord-est, la responsabilité du déclenchement de la guerre de Sept Ans (1756-1763) est largement imputable à l'Angleterre et au belliqueux parti whig au pouvoir à Londres. Très mécontents du «match nul» qu'avait été la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748), les whigs, convaincus de la supériorité de leur flotte, firent tout pour en provoquer une autre et, pour le plus grand profit de leur commerce et de leurs colonies, tirer les fruits d'une victoire qu'ils jugeaient certaine. Captures de marins de la Royale au Canada en 1755, attaques de navires français dans les ports, tout fut bon à la Royal Navy pour pousser Louis XV à bout et le forcer à déclarer la guerre à l'Angleterre.
1759 fut une annus horribilis pour la France qui vécut une succession de défaites dans ses colonies et sur mer. La bataille des Cardinaux se déroula au large du Morbihan le 20 novembre 1759. En comptabilisant les pertes de navires, les historiens anglais la regardent comme une grande victoire. Toutefois, sur ces pertes, les historiens navals français ne sont pas tous d'accord et optent plutôt pour une issue indécise. Quoi qu'il en soit, cette bataille arrêta les préparatifs français d'invasion de l'Angleterre. Auparavant, et depuis plusieurs mois, on construisait au Havre toute une flotille de bateaux à fond plat pour le débarquement. Le 3 juillet 1759, la Royal Navy, prévoyante, mit le siège devant la ville et la bombarda.
La relation rédigée par François Millot, maire-échevin du Havre à l'époque, donne une flotte anglaise de dix-sept vaisseaux, sept frégates, deux pingres à bombes et d'autres petits vaisseaux. Dans Histoire des villes de France (Paris, 1848), l'historien Aristide Guilbert parle de vingt-quatre vaisseaux, quatorze frégates, treize bombardes ou brûlots. [Un brûlot est un navire de petite taille que l'on enflamme et que l'on fait voguer vers les vaisseaux adverses pour les détruire par le feu.]
Au Havre, la défense s'organise aussitôt en prévision des destructions et des incendies. Les femmes, les enfants et les vieillards ont ordre de quitter la ville, laissant seulement une femme par foyer. À trois heures du matin le 4 juillet, les bombardes ennemies jettent «bombes et carcasses ou pots à feu avec bien plus de violence en se rapprochant de la ville», écrit François Millot. Il poursuit : «Une tomba rue de la Vierge ; le nommé Faubert eut la jambe cassée [...]. Une passa par-dessus l'église, tomba rue Notre-Dame, à la porte du sieur Lelièvre, tapissier, le blessa et coupa les jambes d'un sieur Neveu.» La volonté anglaise d'écraser la ville de préférence au port est manifeste. Aussi les habitants qui étaient restés s'efforcent-ils de gagner la campagne ou d'évacuer vers un quartier plus éloigné. Les échevins mettent les titres et les chartes à l'abri dans les souterrains de la tour. Le 5 juillet, le feu continue. Le 6, «le lieutenant général, écrit Millot, se rendit sur le champ au Perrey où le feu avait pris à des magasins de planches. Par l'encouragement qu'il donna aux personnes qu'il rassembla, il parvint à éviter l'embrasement des bateaux plats aux chantiers desquels le feu allait gagner.» ---» Suite 2/2

LE CHŒUR ET LES CHAPELLES ABSIDIALES
Le chœur de la cathédrale Notre-Dame
Le chœur de la cathédrale Notre-Dame.
Les trois verrières principales, dédiées à la Vierge, datent de 1974.
Vitrail central du chœur
Vitrail central du chœur : «Ave Maris Stella»
Atelier Michel Durand, 1974.
«L'Adoration des bergers»
«L'Adoration des bergers», auteur inconnu.
Tableau d'ornement au-dessus des stalles du chœur.

Vitrail central du chœur, détail ---»»»

Le chœur. Au sens architectural et liturgique, il commence après le transept. À la cathédrale Notre-Dame, les chapelles latérales en font donc partie intégrante (hormis les chapelles qui terminent les bas-côtés comme la chapelle Saint-Sébastien). Le parti retenu dans cette page, comme dans tout le site patrimoine-histoire, est différent : le chœur est restreint au sanctuaire. C'est-à-dire à l'espace «sacré» où le visiteur a généralement interdiction de pénétrer... Ce qui se voit bien dans la photo ci-dessus par la présence, au premier plan, d'une corde tirée entre les piliers nord et sud.
Le chœur de Notre-Dame suit l'architecture de la nef : la voûte ogivale retombe sur des tailloirs juchés au sommet de pilastres. Ceux-ci, enrichis des statues des apôtres, ornent agréablement l'espace. La corniche Renaissance, qui surmonte les arcades dans le vaisseau central, poursuit là aussi son parcours, mais après une rupture verticale à l'entrée des cinq pans du sanctuaire.
Au premier niveau, une succession de petits tableaux anciens illustrant des scènes de la Vie de Jésus restent sans auteur. L'autel est moderne. Il a été créé par le sculpteur Philippe Kaeppelin.
Enfin, les trois verrières centrales, dues à l'atelier Michel Durand, datent de 1974.

Vitrail central du chœur, détail
«La Flagellation»
«La Flagellation», auteur inconnu.
«La Nativité»
«La Nativité», auteur inconnu.
Vitrail avec bordure à thème marin, détail
Vitrail avec bordure
à thème marin, détail.
Statue de saint Luc dans le chœur
Statue de saint Luc dans le chœur.
Le chœur et la chapelle absidiale sud
Le chœur et la chapelle absidiale sud dite du «Saint nom de Marie».
Chapelle absidiale nord dite «de la Vierge»
Chapelle absidiale nord dite «de la Vierge».
La Vierge et l'Enfant, statue du XVIe siècle
«Notre-Dame de Grâce»
Statue du XVIe siècle en bois peint.
Chapelle absidiale sud
Chapelle absidiale sud dite du «Saint nom de Marie».
Vitrail latéral du chœur
Vitrail latéral du chœur.
Atelier Michel Durand, 1974.
Statue de saint Dominique dans la chapelle absidiale sud
Statue de saint Dominique
dans la chapelle absidiale sud.
«La Vierge et l'Enfant», tableau dans la chapelle absidiale  sud
«La Vierge et l'Enfant», tableau dans la chapelle absidiale sud.
L'ORGUE DE TRIBUNE
L'orgue de tribune
Le premier orgue de tribune, qui datait de 1637, a été totalement détruit en 1944.
Il a été reconstruit en 1980 en employant les parties du buffet réutilisables. L'instrument lui-même (facteur Théo Haerpfer) est entièrement nouveau.
Bas-reliefs sur les boiseries de la tribune
Bas-reliefs sur les boiseries de la tribune.

Le bombardement du Havre en 1759 (2/2).
---»» Environ huit cents bombes sont envoyées dans les cinquante-deux heures que dure la canonnade. Elles frappent 93 maisons ; beaucoup tombent dans les rues; d'autres touchent le port et le quartier du Perrey. François Millot précise encore : «Les 7 et 8, les Anglais, qui avaient disparu, revinrent avec deux frégates et deux caiches-mouches. Le 22, ils commencèrent le blocus [...] qui dura jusqu'au 6 septembre.»
Aristide Guilbert écrit : «Dirigés par les échevins, les citoyens montrèrent encore plus de présence d'esprit et de courage qu'en 1694. Grâce à leurs bonnes dispositions, l'ennemi fut contraint de renoncer à son entreprise.» Et il cite l'amiral anglais Rodney qui aurait déclaré en donnant à sa flotte l'ordre de se retirer : «Il faut que la ville du Hâvre soit couverte en fer pour résister à tout le feu que j'y ai jeté.»
Sources : 1) «Le Havre», sous la direction d'Henri Chabannes, Orep éditions, relation de François Millot, maire-échevin sur le bombardement de 1759 ; 2) «Histoire des villes de France» par Aristide Guilbert, Paris, 1848.
Nota : si 1759 fut une annus horribilis pour la France, l'Angleterre a connu au moins deux années horribles (en passant le Blitz de 1940 sous silence) : 1666 qui vit l'invasion de la flotte hollandaise dans la Tamise et le grand incendie de Londres, deux événements tragiques aggravés par le fait que 666 est le chiffre de la Bête. Mais aussi, pour la reine Élisabeth II, l'année 1992. Ceci toutefois dans un cadre plus personnel...

L'ornementation au sommet du positif
L'ornementation au sommet du positif.

L'orgue de la cathédrale a connu bien des malheurs. On ne sait si l'instrument d'origine a été offert par le cardinal de Richelieu ou s'il est le résultat des dons des Havrais. Toujours est-il que l'inscription ANNO 1637 est toujours visible au sommet des tourelles latérales. Le buffet est construit par Simon Lesque et l'orgue par le facteur rouennais Guillaume Lesselié. Par chance, les bombardements anglais de 1694 et de 1759 laissent l'ensemble indemne.
Il n'en sera malheureusement pas de même avec les bombardements du port par l'aviation alliée entre 1941 et 1944. Les gros travaux de 1845 et la réfection totale entreprise par le facteur d'orgues Charles Reinburg en 1927 sont anéantis. Du monument, seuls la façade et le chœur subsistent. Il faut tout reconstruire en partant de photographies et de quelques débris. Les nouvelles grandes orgues et le buffet ne seront achevés qu'en 1980, le buffet étant reconstitué à l'identique.
Enfin, la grande baie de la façade ouest reçoit un vitrail à quatre lancettes qui est entièrement caché par l'orgue. Le vitrail est constitué de motifs géométriques abstraits à dominante bleue.
Source : base Palissy + document disponible dans la cathédrale.

L'ornementation haute de la tourelle centrale
L'ornementation supérieure de la tourelle centrale porte les armoiries de Richelieu,
mais elles ont perdu leurs couleurs.
Boiseries avec angelots et instruments de musique sous la tourelle gauche
Boiseries avec angelots et instruments de musique sous la tourelle gauche.
La nef et l'orgue de tribune vus depuis le chœur
La nef et l'orgue de tribune vus depuis le chœur.

Documentation : «Dictionnaire des églises de France», éditions Robert Laffont, 1968, article sur la cathédrale de Georges Priem
+ «Le Havre», sous la direction d'Henri Chabannes, Orep éditions
+ «Histoire des villes de France» d'Aristide Guilbert, 1848
+ Base Palissy et base Mérimée du ministère de la Culture
+ Archives départementales du Havre
+ Dépliant sur la cathédrale disponible dans l'édifice.
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