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Élevée sous le Second Empire,
l'église Saint-Augustin est la seule de l'architecte Victor
Baltar, par ailleurs bâtisseur des Halles de Paris et
auteur, dans sa carrière, de la restauration de nombreuses
églises. 100m de long, 80m de haut au lanternon, dôme
de 25m de diamètre : c'était la première fois
que l'on construisait une église de cette taille avec une
ossature métallique couverte de pierres. Baltard ne chercha
pas à cacher le métal : l'ossature se voit au niveau
de la voûte et des colonnes. Des piliers en fonte dorée
ornés d'anges polychromes soutiennent tout l'édifice.
Le chur circulaire accueille un grand ciborium en fonte et
s'ouvre sur trois chapelles dominées, chacune, par une tribune
ouverte.
Saint-Augustin est aménagée en style romano-byzantin,
parfois éclectique : roman pour la nef avec ses arcs en plein
cintre, byzantin pour le chur avec sa coupole, mais aussi
antique pour le ciborium et Renaissance vaguement ailleurs. C'est
une église austère, sombre, comme aucune autre à
Paris. On est très loin de la beauté de Saint-François-Xavier
ou de La
Sainte-Trinité, édifiées à la même
époque. Comme on dit, l'architecte a voulu mêler les
critères artistiques de l'époque aux besoins spirituels
de la communauté des fidèles... Que donnerait Saint-Augustin
si les élévations étaient crème clair?
Il n'y a pas de vitraux en verre blanc. Au premier niveau de l'élévation
dans la nef, ils sont à figures géométriques
; au troisième niveau, ils représentent des saints
et des martyrs. Ce qui explique que la nef soit assez sombre.
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La nef de Saint-Augustin et son austérité impressionnante
Les piliers de fonte dorée (solidaires des parois) se voient
à droite et à gauche, ornés d'anges à
leur partie supérieure, en fonte dorée eux aussi.
La voûte en berceau repose sur une charpente en fer qui ressemble
à de la dentelle. Au centre du chur trône un grand
ciborium en fonte dorée sous une voûte byzantine. |
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La façade et son architecture inspirée du roman.
Trois baies à arcade en plein cintre sont surmontées
d'une frise où Jésus est entouré des apôtres.
Dans les niches à droite et à gauche, on trouve Moïse,
Elie, saint Augustin et saint Thomas d'Aquin.
A noter que la rose, au-dessus, a été exécutée
avec une armature en fonte. |
Le dôme, entouré de trois de ses quatre tourelles, parade
fièrement le long du boulevard Malesherbes. |
La construction de l'église
Saint-Augustin. Ce quartier de Paris était surnommé
jusqu'au début du Second Empire, «la Petite Pologne»
en raison de la misère qui y régnait. La volonté
de Napoléon III de créer des grands axes de
circulation dans la capitale, bordés d'immeubles modernes,
remodela le profil de la population. «La Petite Pologne»
fut vite transformée en un quartier bourgeois. Le besoin
de le doter d'une église digne du standing de ses habitants
se fit pressant. L'espace n'était pas large : il y
avait juste un trapèze délimité par le
boulevard Malesherbes et l'avenue Portalis (aujourd'hui César
Caire). De plus, si vous regardez une carte de Paris, vous
constaterez un changement d'angle dans le boulevard Malesherbes
à cet endroit. Y édifier une grande église,
pensait le baron Haussman, dissimulerait cette obliquité
dans la perspective.
C'est à Victor Baltard (1805-1874) que fut confiée
cette tâche. Il avait su régler, à la
satisfaction du Prince-Président, le problème
des Halles en 1852. Le chantier commença en 1860. Il
fut suivi de près par l'empereur. Reprenant l'innovation
de l'architecte Louis-Auguste Boileau pour l'église
Saint-Eugène,
Baltard proposa une ossature métallique couverte de
parois de pierres et d'une voûte de brique. Ce mode
de construction était, argumenta-t-il, économique
et solide. Il n'y avait pas besoin de
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contreforts ou d'arcs-boutants.
Utiliser le métal pour bâtir, c'était
moderne. Et c'était aussi ce que souhaitaient les catholiques
parisiens de l'époque : allier la modernité
aux besoins spirituels sans perdre de vue les formules stylistiques
habituelles. Victor Baltard choisit l'éclectisme :
porches néo-romans, coupole byzantine, arcades en plein
cintre dans la nef, ciborium à l'antique, le tout en
privilégiant les techniques artistiques nouvelles.
L'église Saint-Augustin fut inaugurée le 28
mai 1868 et ne déchaîna pas l'enthousiasme. Très
vite, on reprocha à l'architecte la part trop importante
donnée à la technique. D'autres regrettèrent
que le tracé des rues s'imposât à l'architecture
et non pas l'inverse, privant l'édifice d'une harmonie
à sa mesure. Enfin, durant la guerre de 1870, les moqueurs
n'hésitèrent pas à assimiler le lanternon
(donné ci-dessous) à un casque prussien et à
railler la religion calviniste de l'architecte, ce qui le
disqualifiait, disait-on, pour construire des églises
catholiques.
L'édifice a bénéficié d'une restauration
extérieure en 1991-1992.
Source : «L'église Saint-Augustin»,
article de Georges Poisson (conservateur général
du Patrimoine), revue «Napoléon III», 2e
trimestre 2010.
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Hommage au métal : le lanternon de Saint-Augustin culmine à
80m.
La forme et la couleur voulues par Baltard sont, bien sûr, tout
à fait originales. Durant la guerre
de 70, les critiques de l'église l'assimilèrent à
un casque prussien (Baltard était protestant).
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Le fronton de chacun des trois portails est orné d'un médaillon
en lave émaillée.
Créés par Jean-Paul Balze (1815-1884), ils représentent
les vertus théologales.
Ci-dessus, le médaillon du portail central représente
la Foi. Ci-dessous, la Charité.
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Le chur et le ciborium en fonte dorée
Au second plan, la chapelle du Sacré-Cur
Dans la tribune au-dessus, l'orgue de chur |
Vitrail «Notre-Dame»
C'est le vitrail «central» de la coupole au-dessus
du chur (grisaille relevée au jaune d'argent).
Cliquez sur l'image pour voir le vitrail en gros plan |
La chapelle de la Vierge vue depuis un des escaliers qui montent au
ciborium.
Elle est dominée par une tribune ouverte ornée de deux
vitraux : la Descente
de Croix et la Visitation, uvres de Claudius Lavergne (1814-1887) |
Elévations du côté droit. La nef donne directement
dans les chapelles latérales. Il n'y a pas de bas-côté.
Comme le terrain sur lequel l'architecte Baltard a construit l'église
est en trapèze, les chapelles latérales s'élargissent
à mesure que l'on avance vers le chur. |
Sculptures en pierre et piliers en fonte dorée
ornés d'anges dans le chur |
Exemple de vitrail au dernier niveau de l'élévation
dans la nef. Ils sont extrêmement travaillés.
uvres de Charles-Laurent Maréchal (1801-1887) |
Le ciborium en fonte dorée dans le chur
Ici, il est vu de la nef et surplombe le maître-autel |
La chapelle du Sacré Cur
C'est l'une des trois chapelles qui ornent le chur circulaire
de Saint-Augustin. Elle fait face à la chapelle Saint-Joseph.
A DROITE, en gros plan, saint Augustin, docteur de l'Église,
dans un vitrail à deux lancettes dans la nef ----»»»
Cliquez sur l'image pour voir le vitrail en entier. |
Ange en fonte polychrome
sur un pilier du chur |
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Chapelle axiale de la Vierge
(On y retrouve toujours les piliers de fonte dorée.) |
Vitrail de la Descente de Croix de Claudius Lavergne
(1814-1887) dans la chapelle de la Vierge |
Statue de la Vierge à l'Enfant
dans la chapelle de la Vierge
uvre en marbre de Léon Jaley (1802-1866) |
Chapelle latérale Saint-Antoine (côté gauche
de la nef)
L'exiguïté du terrain où est bâtie
l'église a transformé les «chapelles»
latérales de Saint-Augustin en confessionnaux ou en bureaux.
Seule la chapelle Saint-Antoine est une chapelle traditionnelle. |
Statue de sainte Marthe
dans la chapelle de la Vierge
uvre d'Aimé-Napoléon Perrey (1813-1883) |
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Tableau dans la nef
«La mort de sainte Monique» (la mère de saint
Augustin)
par Eugène-Ulysse Maillart (1840-1926) |
Chapelle Saint-Joseph dans le chur
Les chapelles du chur ont été construites
avec des matériaux nobles : colonnes en marbre rose,
mosaïque pour les autels. |
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Vue de la coupole et des vitraux (en bas) de la tribune qui domine
la chapelle axiale de la Vierge
Cette image est typique de l'église Saint-Augustin : un mélange
de pierre et de métal qui, par endroits, prend presque des
allures de bric-à-brac... |
La chaire à prêcher XIXe de Saint-Augustin
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L'orgue de tribune est dû à Barker (1868).
Il a été révisé par Cavaillé-Coll
en 1899, puis dans la seconde moitié du XXe siècle.
L'orgue se dégage sur une très belle rose du maître-verrier
Prosper Lafaye (1806-1883). L'armature de la rose est en fonte. |
Fresque au-dessus des orgues du chur (peintes par William Bouguereau,
1825-1905)
Compte tenu de la hauteur et du peu de lumière, l'artiste a
opté pour des personnages qui
se détachent sur un fond bleu et un paysage très simple.
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Exemple des très beaux vitraux grisaille relevés au
jaune d'argent dans la coupole.
Le XIXe siècle maîtrisait parfaitement la technique des
vitraux.
Ici, en gros plan, celui de saint Merry. Cliquez sur l'image pour
voir le vitrail en entier. |
Vue du chur avec le ciborium en gros plan. Dans Saint-Augustin,
la pierre et la fonte se juxtaposent partout.
Au-dessus de la nef, la voûte en berceau repose sur une très
belle charpente en fer. |
Documentation : «Paris d'église
en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4
+ «l'église Saint-Augustin» de Georges Poisson,
article de la revue «Napoléon III» , 2e trimestre
2010 |
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