|
|
Pendant la Révolution, l'actuel
7e arrondissement vit - comme bien d'autres - ses églises
fermées. Les paroissiens prirent l'habitude de se réunir
dans la chapelle du Séminaire des Missions Etrangères,
située rue du Bac. Avec le Concordat de 1802, la chapelle
devient paroisse. Mais le nombre de fidèles s'accroît.
Sous le Second Empire, on décide la construction d'une nouvelle
église dans le quartier des Invalides. Les travaux commencent
en 1861 sous la direction de l'architecte Adrien Lusson.
Après sa mort, ils se poursuivent, jusqu'en 1874, avec Joseph
Uchard. L'église est dédiée à saint
François-Xavier, le patron des missions.
Parmi les cent trente églises de Paris, Saint-François-Xavier
est sans conteste l'une des plus belles. La splendeur de son chur
frappe le visiteur dès son entrée dans l'avant-nef.
A la fin du XIXe siècle, elle était aussi l'une des
plus riches : de nombreuses donations sont venues accroître
son patrimoine en uvres de grands maîtres. On pourra
admirer notamment un chef d'uvre du Tintoret (1518-1594)
: La Cène.
L'artiste a saisi le moment où le Christ annonce aux apôtres
que l'un d'entre eux le trahira. Voir également Le
Crucifiement de saint Pierre de Luca Giordano (1632-1705).
|
|
Vue d'ensemble de l'église Saint-François-Xavier
La luxuriance du chur frappe le visiteur dès son entrée. |
Architecture
interne et vitraux. La nef de l'église est
séparée des bas-côtés par une suite
de colonnes cannelées surmontées de chapiteaux
corinthiens enrichis de chérubins et que l'on qualifiera
donc de composite. Ces colonnes sont reliées par des
arcades en plein cintre. Les deux niveaux de l'élévation
sont séparés par une corniche saillante qui
ceinture tout l'édifice. La voûte en berceau
présente des peintures décoratives d'Alexandre
Denuelle.
Sous le Second Empire, la technique de construction des églises
progresse : on construit une ossature métallique masquée
par un revêtement en pierre. Cette pratique a un triple
avantage : l'édifice est très solide, la construction
se fait vite et ne coûte pas très cher. L'église
Saint-François-Xavier suit ce nouveau concept.
|
L'église Saint-François-Xavier
ne bénéficie pas d'une luminosité naturelle
importante. Elle présente un grand nombre de fenêtres,
dont deux seulement sont historiées. Ces deux vitraux,
qui datent de 1959, représentent saint
Vincent de Paul et sainte
Thérèse de l'Enfant-Jésus. Les deux
rosaces du transept, qui sont identiques, possèdent,
quant à elles, des pétales garnis de symboles
liturgiques. Les autres vitraux sont des compositions géométriques,
souvent à base de cercles (voir plus
bas, aux couleurs assez soutenues. En fait, tous les vitraux,
par l'intensité de leurs coloris, font obstacle à
la lumière du jour. Par temps gris ou en fin d'après-midi,
l'église est baignée dans une pénombre
prononcée qui ne fait que s'accroître tant que
la lumière artificielle n'a pas pris le relais.
|
|
Le fronton de la façade
«Saint François-Xavier baptisant les habitants de l'Inde
et du Japon»
par le sculpteur Gabriel-Jules Thomas (1824-1905).
|
La façade de l'église rappelle les basiliques italiennes
de la Renaissance. |
Vue d'ensemble montrant la nef, la coupole et l'élévation
du côté gauche.
Les vitraux possèdent une taille respectable, que ce soit sous
la voûte ou dans
les chapelles latérales, mais ils laissent passer peu de lumière. |
Vitrail dans une chapelle latérale
La lumière du jour a du mal à se glisser au travers
de
ce verre teinté. Ce qui rend l'église assez sombre. |
LES CHAPELLES
LATÉRALES DE LA NEF DE SAINT-FRANÇOIS-XAVIER |
|
La chapelle des Morts et ses deux toiles marouflées
d'Henri-Ludovic Pinta (1856-1929)
À DROITE ---»»»
Deux toiles d'Henri-Ludovic Pinta (1856-1929) :
«Hommage aux morts de la guerre 1914-1918»
Toile du haut : 1914-1915 et 1915-1916
Toile du bas : 1916-1917 et 1917-1918 |
|
«Hommage aux morts de la guerre 1914-1918» (Pinta) |
Exemple de chapiteau composite dans la nef :
le style corinthien est enrichi d'une tête d'angelot. |
|
|
|
«Hommage national au Sacré-Cur pour le salut de la France»
de Félix Villé dans la chapelle du Sacré-Cur, 1895 |
Statue d'Anne et Marie, plâtre polychrome de Peaucelle Coquet, XIXe
siècle (chapelle du Sacré-Cur) |
Chapelle du Sacré-Cur dans le bas-côté
droit |
Dans la chapelle du Sacré-Cur
repose la châsse de sainte
Madeleine-Sophie Barat. Née à
Joigny en 1779, elle crée la société
du Sacré-Cur de Jésus en 1800 pour
développer l'enseignement des jeunes filles.
Voir l'église Saint-Thibault
à Joigny. La châsse est à dans la
chapelle Saint-Joseph depuis juin 2009.
Source : panneau dans la chapelle.
|
|
|
|
«La mort de saint Joseph» par Henri-Ludovic Pinta (1856-1929)
(Chapelle Saint-Joseph) |
Chapelle Saint-Joseph
dans le bas-côté gauche |
La châsse de sainte Madeleine-Sophie Barat |
La plupart des chapelles latérales sont très dépouillées.
Ici la chapelle Sainte-Thérèse |
|
|
«La Communion des apôtres» par Henri Lerolle (1848-1929)
Chapelle du Sacré-Cur |
Saint Vincent de Paul (1959)
Vitrail de Marcelle Lecamp (1910-2000) |
|
«La Communion des apôtres», détail
par Henri Lerolle (1848-1929)
Chapelle du Sacré-Cur |
|
L'église Saint-François-Xavier ne possède pas
de chaire dans la nef.
La chaire ci-dessus, à double escalier, est reléguée
dans une chapelle
latérale, en l'occurrence la chapelle Saint-Joseph.
«««--- À GAUCHE
Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus (1959)
Vitrail de Marcelle Lecamp (1910-2000) |
|
LE TRANSEPT ET
LA COUPOLE DE L'ÉGLISE SAINT-FRANÇOIS-XAVIER |
|
Le transept et l'avant-chur
Les deux croisillons du transept sont surmontés d'une large
tribune. |
La peinture de la coupole, au-dessus de la croisée du transept,
représente «L'Agneau pascal et les sept sceaux»
entourés des douze apôtres et de chérubins. Elle
a été réalisée par Charles-Joseph Lameire
(1832-1910). |
|
La coupole peinte par Charles-Joseph Lameire (1832-1910), détail
De gauche à droite : saint Jean; saint Jacques le Majeur, saint
Simon, saint Barnabée, saint Taddée |
Les pétales des deux roses
sont ornés d'objets liturgiques
dans un décor de fruits et de fleurs. |
La rose du transept gauche
Les deux roses du transept sont identiques. |
Sur les quatre pendentifs qui soutiennent la coupole figurent les
prophètes ayant annoncé la venue d'un envoyé
de Dieu : Ézéchiel, Isaïe, Jérémie
et Daniel.
Ils sont peints par Jules-Elie Delaunay (1828-1891).
Ci-dessus, le prophète Isaïe. |
|
LE CHUR
DE L'ÉGLISE SAINT-FRANÇOIS-XAVIER |
|
Le chur de l'église Saint-François-Xavier compte
parmi les plus beaux de Paris. |
Avec le chur
de l'église Notre-Dame-de-Lorette
(Paris, 9e), celui de Saint-François-Xavier compte
parmi les plus beaux de Paris.
Au-dessus de l'autel, dans les écoinçons, le
peintre Romain Cazes (1808-1881) a fait figurer, à
droite, Moïse tenant les Tables de la Loi et,
à gauche, son frère Aaron tenant sa baguette
miraculeuse (voir gros
plan). Enfin, en haut, devant un Christ d'inspiration
byzantine, Romain Cazes a représenté «saint
François-Xavier présentant à Jésus-Christ
les peuples qu'il a convertis».
Le miracle
de la baguette. Le livre des Nombres,
dans l'Ancien Testament, rapporte que, lors d'une sédition
frappant l'unité du peuple juif errant alors dans le
désert, certains reprochèrent à Moïse
d'accaparer le pouvoir et, de la sorte, d'accumuler trop de
puissance pour lui et sa famille. Notamment pour son frère
Aaron, nommé par Moïse souverain sacrificateur.
Pour mettre un terme à l'excitation haineuse qui gagnait
les Hébreux, Moïse ordonna aux chefs de tribu
d'apporter
|
chacun une baguette
où devait être écrit le nom de sa tribu.
On attendrait le jugement de Dieu. Le Père Céleste
saurait désigner, selon le signe qu'Il lui plairait,
celui qui aurait la charge de souverain sacrificateur.
Sur celle d'Aaron, on écrivit le nom de la tribu de
Lévi. Moïse les fit placer dans le tabernacle
(qui abritait l'Arche d'alliance). Le lendemain, on retrouva
les baguettes dans leur état de la veille, sauf une
: celle d'Aaron. La baguette avait maintenant des bourgeons
et, mieux encore, des amandes toutes mûres - car elle
était en bois d'amandier. Ce prodige fut reconnu par
tous comme la preuve que Dieu voulait qu'Aaron soit souverain
sacrificateur. L'animosité envers la famille de
Moïse et les privilèges qu'elle pouvait s'octroyer
cessa. C'était ainsi la troisième et dernière
fois que Dieu marquait sa préférence pour Aaron
dans sa charge.
Source : «Histoire ancienne des Juifs»
de Flavius Josèphe, aux éditions Lidis-Brepols,
1981.
|
|
Le côté droit du chur avec ses deux peintures
portant sur
la vie de François-Xavier par Charles Crauk (1819-1905) |
«L'Apothéose de saint François-Xavier»
par Charles Crauk (1819-1905) dans le chur |
|
«La Mort de saint François-Xavier»
par Charles Crauk (1819-1905) |
|
|
Statue de saint François-Xavier dans le chur, détail
|
La
statue de saint François-Xavier.
Le sculpteur (inconnu) a représenté le
saint brandissant la croix d'un geste rageur et déterminé.
Sa bouche est entrouverte comme s'il avait besoin de
reprendre son souffle avec son «cri de foi».
Ce cri est d'ailleurs accentué par la main gauche
qui saisit le revers de l'habit comme pour mettre le
cur à nu et montrer la violence de sa foi.
|
|
«««---
À GAUCHE
Statue de saint François-Xavier (sculpteur inconnu) |
|
«Saint François-Xavier renonçant au monde»
par Charles Crauk (1819-1905) dans le chur |
|
|
Statue de saint Denis dans le chur (auteur inconnu)
À DROITE ---»»»
Le maître-autel, en bronze, est une uvre récente
(1984)
de Poussielgue-Rusand. On remarquera dans le soubassement
un bas-relief de François-Xavier mourant.
|
|
Les deux écoinçons au-dessus de l'autel
par Romain Cazes (1808-1881)
Moïse, à droite, tient les Tables de la Loi.
Son frère Aaron, à gauche, tient la baguette
avec les bourgeons et
les amandes mûres, miracle par lequel le Dieu des
Hébreux le confirme pour la troisième fois
comme souverain sacrificateur. |
|
Ange tenant des épis
de blé
Sculpture d'Alexandre Falguière |
Ange tenant du raisin, symbole
de l'Eucharistie
Sculpture d'Alexandre Falguière |
|
|
|
L'arc au-dessus de l'autel resplendit d'un très beau décor
:
«Deux anges soutenant le Livre des Évangiles» de
Romain Cazes (1808-1881).
Les anges flottent au-dessus d'une suite d'entrelacs floraux d'où
surgissent les symboles des évangélistes. Décor
d'Alexandre Denuelle (1818-1879). |
|
«Saint François-Xavier présentant
à Jésus-Christ les peuples qu'il a convertis»
par Romain Cazes (1808-1881)
Tympan de l'arc du chur
«««--- À GAUCHE
Le magnifique maître-autel de Poussielgue-Rusand (1984)
et sa partie haute qui rappelle la forme d'un baldaquin.
|
Le côté gauche du chur avec deux toiles marouflées
de Charles Crauk (1819-1905) :
«Saint François-Xavier prêchant» et
«L'Apothéose de saint François-Xavier» |
|
LA CHAPELLE AXIALE
DITE DE LA VIERGE ET LES CHAPELLES LATÉRALES AU-DELÀ
DU CHUR |
|
La chapelle de la Vierge (chapelle axiale) est inspirée de
la Renaissance italienne.
Elle est assez vaste et on pourrait la prendre pour le chur
d'une autre église. |
«L'Apothéose de saint Gaétan de Thiene»
par Claude II Audran (1639-1684) |
|
Peinture de l'Annonciation par William Bourguereau (1825-1905)
Voûte de la chapelle de la Vierge |
«Le Repos pendant la fuite en Egypte»
par Louis Flachéron (mort en 1885) |
Très beau confessionnal en bois sculpté du XIXe siècle
dans une chapelle latérale autour de la nef |
«La Nativité» par Gustave-Adolphe Chassevent-Bacques (1818-1901)
Chapelle Saint-Louis |
«Le Crucifiement de saint Pierre» de Luca Giordano 1632-1705),
détail
On pourra admirer l'extraordinaire travail du peintre sur
le visage de saint Pierre : l'angoisse et la crispation
s'entremêlent dans les plissures du front. |
«Saint
François-Xavier et le miracle du crabe».
Cette toile (voir ci-dessous) relate une «miracle»
original survenu pendant le séjour du saint en
Asie. Alors qu'il naviguait sur la mer des Moluques
avec deux de ses compagnons, une violente tempête
se leva. Il se pencha vers les flots pour les apaiser,
mais son crucifix tomba à l'eau. Le lendemain,
il marchait sur le rivage d'une île proche quand
il vit un crabe sortir de l'eau et lui tendre son crucifix.
L'histoire merveilleuse ne s'arrête pas là
puisque, après la mort du saint, les Indiens
racontaient qu'on voyait des crabes porter le signe
de la croix sur leur carapace.
De façon plus terre à terre, on remarquera
la poupe du vaisseau, sur la gauche de la toile, qui
est historiquement intéressante, ainsi que les
pèlerines portées par les deux missionnaires.
|
|
|
«La Dernière messe du martyr», huile sur toile, 1864
par Charles-Louis Frédy de Courbertin (1822-1908) dans
la chapelle Notre-Dame de Lourdes
À noter que le peintre est le père du baron Pierre
de Coubertin, initiateur des Jeux Olympiques modernes. |
«La
Dernière messe du martyr» par Charles-Louis Frédy
de Courbertin (1822-1908). Une note dans
la chapelle indique que le tableau représente
vraisemblablement le prêtre Lucianus, martyr chrétien
et personnage du roman «Fabiola ou l'Église
des catacombes» écrit, en 1854, par le
cardinal Wiseman, archevêque de Westminster. Ce
roman connut un très grand succès dans
les familles catholiques de France et d'Angleterre.
|
|
Chapelle Notre-Dame de Lourdes
Les chapelles latérales qui entourent le chur sont
toutes pourvues de tableaux remarquables |
«La Dernière messe du martyr», détail
par Charles-Louis Frédy de Courbertin (1822-1908) |
«Le Baiser de Juda»
Anonyme vénitien, vers 1600, huile sur toile
La toile représente plusieurs scènes successives
en même temps, notamment le baiser de Juda, au centre,
et l'apôtre Pierre, sur la gauche, qui a déjà
tiré le fer pour s'opposer aux soldats. |
«La Déposition de croix» par Charles de Ribera (1591-1652),
Copie
Chapelle Notre-Dame de Lourdes
|
«Le Crucifiement de saint Pierre» de Luca Giordano (1632-1705)
|
Chapelle Sainte-Anne
À DROITE ---»»»
«Le Repos pendant la fuite en Egypte», détail
par Louis Flachéron (mort en 1885) |
|
|
|
«Saint François-Xavier et le miracle du crabe»
par Benedetto II Generi (1633-1715)
Chapelle Sainte-Anne
À DROITE ---»»»
«La Cène» par Jacopo Robusti dit Le Tintoret (1518-1594)
dans la sacristie des mariages |
«La
Cène» du Tintoret. Dans ce
chef d'uvre de l'artiste italien, la scène
se tient alors que Jésus vient d'annoncer que
l'un des apôtres allait le trahir. Tous les convives
se regardent avec des visages interloqués, se
soupçonnant les uns les autres. L'artiste a placé
Juda au premier plan, en face du Christ. Il cache le
salaire de la délation derrière son dos.
|
|
|
|
La sacristie des mariages
et la toile du Tintoret
«««--- À GAUCHE
«Saint François-Xavier et le miracle du crabe», détail
par Benedetto II Generi (1633-1715) |
|
|
|
«La Cène» par Jacopo Robusti dit Le Tintoret (1518-1594), détail
Jean, endormi à la gauche du Christ, est facilement reconnaissable.
Saint Pierre s'adresse à Jésus. Juda est au premier
plan, de dos. |
Le Christ en croix dans la sacristie des mariages |
L'orgue de tribune date de 1878 (facteur Fermis). Il a été
restauré trois fois au XXe siècle. |
|
Documentation : «Paris d'église
en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4
+ panneaux d'information dans les chapelles de l'église |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|