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Après la loi de Séparation
de l'Église et de l'État en 1905, l'Archevêché
de Paris et la Ville se regardaient souvent en chiens de faïence.
Pourtant l'histoire de Saint-Gabriel montre qu'une collaboration
restait possible.
À cette époque, dans le quartier Petit-Charonne du
20e arr., vit une population pauvre. Pour elle, en 1911, on transforme
un hangar à légumes en une chapelle dédiée
à sainte Cécile. Par la suite, l'usine à gaz
de Saint-Mandé est désaffectée, ce qui libère
des terrains dans le quartier. En 1932, le cardinal Verdier, responsable
des Chantiers du Cardinal, accepte d'ouvrir son 62e chantier : la
chapelle laissera la place à une église dédiée
à sainte Cécile. La Ville de Paris prend en charge
la location du terrain, jugé bien situé. De plus il
est dégagé de tout bâtiment mitoyen. Mais, de
forme trapézoïdale, il va compliquer le travail de l'architecte,
Louis Murcier. Les travaux sont en partie financés
par un don important de la veuve d'un dénommé Gabriel
Dumay. En remerciement, l'église changera de dédicace
: ce sera saint Gabriel.
Murcier choisit un projet néoroman, teinté d'Art déco.
Malheureusement le manque de moyens financiers fait sans cesse revoir
à la baisse la taille du projet et la décoration.
L'église est inaugurée en 1935 avec un mobilier qui
vient de la chapelle Sainte-Cécile. Avec les années
la décoration s'est enrichie : statues, autels, verrières
et fresques donnent à présent à l'édifice
un certain cachet artistique. En 1938, Saint-Gabriel devient église
paroissiale.
L'accent est mis dans cette page sur la fresque de l'arc
triomphal et sur la verrière
de l'atelier Charles Mauméjean à l'abside. La paroisse
est animée par les religieux de la congrégation des
Sacrés-Curs de Jésus et Marie.
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Vue d'ensemble de l'église Saint-Gabriel. |
La façade, très dépouillée, est ornée
d'une grande verrière.
Sur le côté droit, une grande croix bleue, faite
de deux
rails métalliques, annonce la présence de l'église. |
Le bas-côté droit.
La nef est longée de deux bas-côtés qui
donnent
accès à deux grandes chapelles latérales
:
- celle du Sacré-Cur sur le bas-côté
droit ;
- celle de la Vierge sur le bas-côté gauche. |
Statue du Sacré-Cur, partiel (1936).
Réplique par Raymond Delamarre du Christ de la chapelle
des Missions de l'Exposition Coloniale de 1931. |
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Le chevet de l'église se rapproche du style
roman. Il n'y a pas de clocher. |
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La verrière de la façade de 26 m2
(atelier E. Rault)
est un assemblage de dalles de verre non peintes.
Elle symbolise un empilement de croix. |
«««---
La nef et la chapelle du Sacré-Cur
avec le haut-relief de Charles Desvergnes
représentant sainte Cécile dirigeant
un chur d'enfants |
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L'autel de la chapelle du Sacré-Cur
et sa statue du Christ par Raymond Delamarre. |
Une station
du Chemin de croix ---»»»
Jésus rencontre sa mère
Plaque en grès (?) du sculpteur Privat, 1936 |
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Sainte Cécile dirige un chur d'enfants.
Haut relief en grès par Charles Desvergnes, XIXe
siècle |
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Le bas-côté droit et l'élévation. |
Vitraux de la nef, atelier Michel Durand, 1983.
Architecture.
La nef, qui se veut néoromane, est scandée d'arcades
en plein cintre, rehaussées d'un simple bandeau. Les
piliers, sans chapiteau, ont pour tout ornement un insigne
représentant une croix. Les deux baies jumelées
des chapelles latérales rappellent, elles aussi, l'art
roman.
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La chapelle de la Vierge dans le bas-côté droit.
Son autel porte le souvenir du martyre des Carmélites de Compiègne
pendant la Terreur. |
Statue de sainte Geneviève
par Roger de Villiers (1887-vers 1957). |
Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus (en pierre)
par Arthur-Joseph Guéniot (1866-1951). |
Statue de la Vierge par Henri Rousseau, partiel.
Chapelle de la Vierge |
L'autel de la chapelle de la Vierge est orné de lys et de colombes.
Cette ornementation symbolise le martyre des Carmélites de
Compiègne pendant la Terreur. Elles sont enterrées au
cimetière de Picpus. |
À l'Histoire de France et
de son Église, les périodes révolutionnaires
ont légué leurs lots d'horreurs et d'atrocités.
Le 20e arrondissement de Paris veut rappeler à la postérité,
dans deux de ses églises du XXe siècle, deux
actes cruels : Notre-Dame-des-Otages, dédiée
aux religieux et laïcs fusillés par les Communards
en 1871 ; Saint-Gabriel qui veut rappeler le martyre des carmélites
de Compiègne en 1794 et qui sont enterrées au
cimetière tout proche du Picpus.
À la Révolution, les surs
du Carmel de Compiègne, en tant que pensionnées
de l'État, prêtent le serment «Liberté-Égalité»
et mènent une vie tranquille et discrète. En
1792, le Carmel est fermé. Les seize religieuses se
réfugient dans des maisons voisines et continuent leur
vie, prêtes au martyre. Survient la Terreur avec sa
déchristianisation forcenée et ses luttes politiques
poussant les révolutionnaires aux pires excès
de zèle pour afficher la ferveur de leur foi. Ainsi,
au cours d'une perquisition dans les maisons qui les hébergent,
on découvre une correspondance hostile à la
Révolution. Il n'en faut pas plus pour arrêter
les religieuses et les transférer à Paris. Leur
procès, le 17 juillet 1794, en pleine Grande Terreur,
est bien sûr une parodie. Elles sont accusées
d'avoir formé des conciliabules de contre-révolution
et d'avoir continué à vivre selon leur règle.
Qualifiées de fanatiques, elles sont condamnées
à mort et exécutées le même jour.
Leur quiétude devant la guillotine leur vaudra l'admiration
de la foule.
Source : «Mémoires
de Compiègne», éditions Jacques Marseille.
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LE CHUR
DE L'ÉGLISE SAINT-GABRIEL |
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Le chur de l'église Saint-Gabriel et son orgue, en partie
Cavaillé-Coll.
L'orgue a été restauré en totalité en
2006.
Le siège de l'organiste est situé au milieu du buffet
d'orgue. Celui-ci tourne le dos au prêtre pendant l'office. |
La verrière de l'atelier Charles Mauméjean dans
le chur.
Les trois baies représentent des scènes du Rosaire. |
Le
chur de l'église Saint-Gabriel
est tout à fait remarquable. Il est illuminé
par les trois beaux vitraux de l'atelier Charles
Mauméjean. Les baies illustrent des scènes
du Rosaire avec les mystères
joyeux, douloureux et glorieux. Les mystères
lumineux, propres à la vie du Christ, ne sont
pas présents. On peut voir d'autres grandes verrières
de l'atelier Mauméjean à l'église
Sainte-Anne-de-la-Butte-aux-Cailles,
Paris 13e. Entre les baies, les peintres Anne-Marie
et Thérèse Philipeau ont dessiné
en 1947 des personnages rappelant l'Annonciation. On
y trouve, dans un camaïeu de gris et d'ors, les
parents de Jean-Baptiste, les parents de la Vierge,
Marie et l'archange Gabriel.
En avant de la verrière, l'arc triomphal qui
domine le chur peint les prophètes Daniel
et Isaïe, les quatre évangélistes,
et enfin, dominant la scène, le Christ, représenté
comme un Zeus antique entre deux hommes qui sortent
de leur tombeau au jour de la Résurrection. Les
personnages sont accompagnés des symboles qui
les caractérisent : Daniel et le lion, Isaïe
et le jeune enfant, les évangélistes avec
leur attribut. Le haut
de l'arc, assez sombre, est parfois difficile à
voir.
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Jésus est chargé de la croix
Rosaire, Mystères Douloureux
Vitrail central du chur
Atelier Charles Mauméjean. |
Vitrail gauche (entier) du chœur
Rosaire, Mystères Joyeux
Atelier Charles Mauméjean. |
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Le chur de Saint-Gabriel et son arc triomphal.
Une représentation de l'Annonciation, sous forme
de
fresques de personnages, s'intercale entre les vitraux. |
L'Annonciation
Rosaire, Mystères Joyeux
Vitrail gauche du chur, Atelier Charles Mauméjean.
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Détail
technique. Parmi les photos des trois vitraux
de Charles Mauméjean qui sont données
dans cette page, trois donnent la presque totalité
de chaque baie. Ces images sont des compositions de
photos, compositions rendues indispensables par la présence,
au premier plan, de l'orgue de chur qui bouche
le bas de la verrière. En conséquence,
la disposition des tuyaux d'orgue au bas de ces images
peut être fantaisiste.
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Rosaire, Mystères Douloureux.
Vitrail central (entier) du chur
Atelier Charles Mauméjean |
L'archange Gabriel
dans la fresque de l'abside
Anne-Marie et Thérèse Philipeau (1947). |
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La Vierge dans la fresque de l'abside.
Anne-Marie et Thérèse Philipeau
uvre datée de 1947. |
Le prophète Isaïe
dans la fresque de l'arc triomphal.
uvre d'André-Hubert Lemaître.
Le prophète est reconnaissable à ce passage
du Livre d'Isaïe :
«Un petit enfant nous est né». |
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La Crucifixion
Rosaire, Mystères Douloureux
Vitrail central du chur, Atelier Charles Mauméjean.
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Le prophète Daniel
dans l'arc triomphal peint par Lemaître.
Il est reconnaissable à la présence
d'un lion à ses côtés.
Voir l'histoire de Daniel dans la fosse aux lions
à l'église Saint-Pantaléon
à Troyes. |
Vitrail droit (entier) du chœur
Rosaire, Mystères Glorieux
Atelier Charles Mauméjean |
La Pentecôte
Rosaire, Mystères Glorieux
Vitrail droit du chœur
Atelier Charles Mauméjean. |
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La Résurrection
Rosaire, Mystères Glorieux
Vitrail droit du chœur, atelier Charles Mauméjean. |
Le taureau de Luc
dans l'arc triomphal peint par André-Hubert Lemaître
(1885-1965) |
La Présentation de Jésus au Temple
Rosaire, Mystères Joyeux
Vitrail gauche du chur, atelier Charles Mauméjean.
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Sainte Anne et saint Joachim dans la fresque de l'abside
uvre d'Anne-Marie et Thérèse Philipeau
(1947). |
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Partie haute de l'arc triomphal d'André-Hubert Lemaître
(1885-1965).
Le Christ, représenté comme un Zeus antique, se
tient entre deux hommes qui ressuscitent. |
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Saint Jean et l'aigle
dans l'arc triomphal peint par André-Hubert Lemaître
(1885-1965). |
La Visitation et la Nativité
Rosaire, Mystères Joyeux
Vitrail droit du chœur, atelier Charles Mauméjean. |
Saint Marc et saint Luc
dans l'arc triomphal d'André-Hubert Lemaître (1885-1965).
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L'Ascension, partiel
Rosaire, Mystères Glorieux
Vitrail droit du chœur, atelier Charles Mauméjean. |
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La nef de l'église Saint-Gabriel vue du chur. |
Documentation : «Paris d'église
en église», Massin éditeur
+ «Mémoires de Compiègne», éditions
Jacques Marseille
+ «Églises parisiennes du XXe siècle», Action
artistique de la Ville de Paris. |
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