|
|
La construction de la chapelle Saint-Joseph-des-Carmes
remonte à la Contre-Réforme. En 1611, des religieux
(Carmes déchaussés) fondent un couvent dans la rue
de Vaugirard. La première pierre de l'église est posée
en 1613 par la reine Marie de Médicis. Les Carmes vouant
un culte particulier à saint Joseph, c'est à lui que
l'église sera dédiée.
À la Révolution, le couvent est transformé
en prison. Et, en septembre 1792, s'y déroule l'une des pages
les plus sombres de cette période : cent quinze religieux
sont massacrés par les septembriseurs, le 2 septembre.
Un certain nombre avait refusé de prêter serment à
la Constitution. En 1797, une religieuse carmélite rachète
l'église et le cloître ; une communauté de carmélites
s'installe dans les lieux. L'archevêché de Paris rachète
les bâtiments en 1841, puis, en 1875, en fait le siège
de l'Institut catholique de Paris. Plus tard, un séminaire
ecclésiastique viendra occuper une partie du couvent.
Saint-Joseph-des-Carmes n'est qu'une chapelle. Elle n'est pas bien
grande, mais elle est magnifique. La chapelle
latérale Saint-Jacques est fastueusement décorée
selon les règles du baroque, tout comme la chapelle
Sainte-Anne. La coupole de la croisée présente
l'enlèvement
du prophète Élie vers le ciel, uvre de Walthère
Damery (1614-1678). Dans le transept, la chapelle
de la Vierge a été réalisée selon
les plans du Bernin (1598-1680) et la statue de
la Vierge à l'Enfant, uvre du sculpteur Antonio
Raggi (1624-1686), a été ciselée, là
encore, d'après les dessins du Bernin.
|
|
La nef et le chur de la chapelle Saint-Joseph-des-Carmes |
La façade est une reconstitution de la fin du XIXe siècle.
Clairement marquée par l'influence italienne, elle est
due aux architectes Louis et Lucien Dovillard. |
Vue de l'église des Carmes sous l'Ancien Régime |
L'église et les arcades de la cour noyées
dans les immeubles |
|
Chaque côté de la nef est enrichi de deux chapelles
latérales au sein d'une architecture classique assez
dépouillée |
|
Vierge à l'Enfant dans sa niche
sur la façade de la chapelle
XIXe siècle |
Saint Joseph dans sa niche
sur la façade de la chapelle
XIXe siècle |
|
LES CHAPELLES
LATÉRALES DE L'ÉGLISE SAINT-JOSEPH-DES-CARMES |
|
|
Vue d'ensemble de la première chapelle latérale
gauche |
«La Mort de saint Camille de Lellés» par Antoine Sublet (1821-1897)
Huile sur toile de 1856 |
Statue de saint Joseph avec l'Enfant
dans la chapelle latérale gauche
|
Scènes religieuses peintes par Van Diepenbeeck dans la
chapelle Saint-Jacques |
|
Cénotaphe de l'abbé Liautard par Antoine-Auguste Préault (1809-1879)
Première chapelle latérale gauche
Le buste en bronze du prélat est inséré
dans un bas-relief en chêne.
L'abbé Liautard est le fondateur du collège Stanislas. |
La Mort de saint Camille de Lellés (1856), vitrail de
la fin du XIXe siècle |
CHAPELLE
LATÉRALE SAINT-JACQUES |
|
La chapelle Saint-Jacques et sa fastueuse
ornementation baroque due à Abraham Van Diepenbeeck (1596-1675) |
|
La voûte baroque de la chapelle latérale Saint-Jacques a été
conçue et peinte par Abraham Van Diepenbeeck (1596-1675)
Dans la mandorle centrale : La Transfiguration |
Le Martyre de saint Jacques le Majeur
Jacques a été décapité sur ordre
d'Hérode Agrippa (vers 42)
Chapelle latérale Saint-Jacques |
La Transfiguration par Abraham Van Diepenbeeck
Jésus est entouré de Moïse et d'Élie
par Abraham Van Diepenbeeck , chapelle latérale Saint-Jacques
|
Le roi saint Louis reçoit la couronne d'épines
de la Passion
par Abraham Van Diepenbeeck
Chapelle latérale Saint-Jacques |
|
Saint Jacques le Majeur (auteur inconnu)
Chapelle latérale Saint-Jacques |
Les deux chapelles latérales droites entourent la statue traditionnelle
de saint Pierre sur son trône |
CHAPELLE
LATÉRALE DROITE SAINTE-THÉRÈSE |
|
La chapelle latérale Sainte-Thérèse et
ses tableaux d'Amédée et Paul Buffet
La statue centrale est celle de sainte Thérèse
de Lisieux. Elle a été
installée en 1926 par le futur cardinal Verdier. |
Le Christ sur le Saint Suaire
Partie centrale du vitrail de la chapelle Sainte-Thérèse |
|
Les murs latéraux de la chapelle sont chacun ornés
de deux toiles sur la vie de sainte Thérèse. Ici
le mur droit.
Ses toiles entourent la liste des élèves de l'école
préparatoire des Carmes tués pendant la guerre
1870-71. |
La chapelle
Sainte-Thérèse possède
sept toiles marouflées du XXe siècle.
Revenons en arrière. Nous sommes en 1926 et sainte
Thérèse de Lisieux (1873-1897) a été
canonisée l'année précédente.
Le futur cardinal Verdier, qui est alors supérieur
du Séminaire de l'Institut catholique, fait installer
une statue de la sainte dans cette petite chapelle de
Saint-Joseph-des-Carmes. À cette époque,
la piété envers sainte Thérèse
de Lisieux se répand parmi les fidèles.
Sa vie inspire les artistes. Aujourd'hui, son culte
se fait plus rare : de nombreux autels qui lui étaient
dédiés ont changé de dédicace.
Cette chapelle est l'un des derniers vestiges parisiens
du culte envers la sainte.
À la demande du futur cardinal Verdier, quatre
toiles marouflées seront réalisées
par l'abbé Paul Buffet (1864-1941), trois par
son frère Amédée (1869-?). Elles
illustrent la vie de sainte Thérèse et
son rôle protecteur auprès des poilus dans
les tranchées. Les peintres doivent profiter
de l'aubaine : l'iconographie de la sainte n'est pas
encore figée. Les frères Buffet sont proches
de Maurice Denis et le style rappelle les peintures
Nabis : travail en aplat, pas de perspective
; l'émotion est censée se transmettre
par le geste et le coloris.
Source : «Églises parisiennes du
XXe siècle», Action artistique de la Ville
de Paris, article : «Le décor mural, de
l'enthousiasme au murmure» par Martine Chenebaux-Sautory.
|
|
«Sainte Thérèse recevant l'extrême-onction»
par Paul Buffet (1864-1941) |
«Sainte Thérèse et les tranchées»
par Amédée Buffet (1869-?) |
«Sainte Thérèse au pied de la croix»
par Paul Buffet (1864-1941) |
|
LA CHAPELLE LATÉRALE
DES BIENHEUREUX-MARTYRS-DES-CARMES |
|
Chapelle des Bienheureux-Martyrs-des-Carmes |
«La Vierge apparaît aux religieux massacrés
en septembre 1792», détail
par Paul et Amédée Buffet |
|
Anges musiciens et ange souffleur par Claude Deruet (vers 1588--1660)
sur la voûte de la chapelle des Bienheureux-Martyrs-des-Carmes
|
Anges musiciens par Claude Deruet (vers 1588--1660)
sur la voûte de la chapelle des Bienheureux-Martyrs-des-Carmes
|
|
La voûte de la chapelle des Bienheureux-Martyrs-des-Carmes
Sa décoration est attribuée au peintre baroque lorrain
Claude Deruet (vers 1588--1660)
«Le Couronnement de la Vierge» est entouré des
trois archanges et de l'ange gardien |
|
Vitrail avec rinceaux et coquillage dans la chapelle des Bienheureux-Martyrs-des-Carmes |
«««---
À GAUCHE
«Le Couronnement de la Vierge», détail
peint par Claude Deruet (vers 1588--1660) |
|
|
L'archange saint Gabriel et sa fleur de lys |
L'archange saint Raphaël et son poisson |
L'archange saint Michel et son glaive |
L'ange gardien |
|
Magnifiques peintures murales
que celles des trois archanges et de l'ange gardien qui entourent
la Vierge !
Le peintre baroque Claude Deruet nous offre notamment un Raphaël
très pittoresque qui enlace son poisson avec tendresse. |
|
LE CHUR
DE LA CHAPELLE SAINT-JOSEPH-DES-CARMES ET SES UVRES D'ART |
|
Le retable du chur et la coupole à la croisée |
La Père Céleste dans le fronton du retable |
|
Partie supérieure du retable |
L'autel moderne dessiné par Philippe Kaeppelin
(XXe siècle) |
|
«La Présentation de Jésus au temple»
par Quantin Varin (vers 1570-1634)
dans le retable du maître-autel |
«La Présentation de Jésus au temple» de Quantin Varin (vers
1570-1634)
dans le retable du maître-autel, détail
Les mains des deux personnages relèvent du style maniériste. |
|
|
Le chur avec le maître-autel. Devant, l'autel de messe
du XXe siècle |
Le tabernacle baroque |
La Cène.
Le chur de la chapelle Saint-Joseph-des-Carmes est tout
à fait magnifique. On peut y admirer un chef d'uvre
maniériste de Quantin Varin au-dessus du maître-autel,
ainsi qu'un superbe tabernacle argenté (donné
ci-contre), mais ce même maître-autel cache un
somptueux bas-relief en marbre du XIVe siècle
: la Cène,
reproduite ci-dessous. L'uvre est attribuée à
Évrard d'Orléans (mort en 1357 et provient de
l'église abbatiale cistercienne de Maubuisson (Val
d'Oise).
|
|
La Cène, bas-relief en marbre attribué à Évrard
d'Orléans (XIVe siècle) |
LA COUPOLE DE
WALTHÈRE DAMERY À LA CROISÉE DU TRANSEPT |
|
La coupole à la croisée : Élie enlevé au ciel dans un
char de feu
Le monde céleste est représenté sur la calotte
de la coupole, le monde terrestre sur le tambour.
Peinture en trompe-l'il du Liégois Walthère Damery
(1614-1678) datée de 1663 |
Le chur de la chapelle Saint-Joseph
avec son retable et ses deux statues (Élie et vraisemblablement
sainte Thérèse d'Avila) |
Vue d'ensemble de la coupole depuis l'allée centrale avec les
deux pendentifs
Peinture en trompe-l'il du Liégois Walthère Damery
(1614-1678) |
«La vision de sainte Thérèse»
Pendentif de la coupole par Walthère Damery (1614-1678) |
« Saint Jean de la Croix» |
«Saint Simon Stock recevant le scapulaire par la Vierge» |
«Sainte Thérèse touchée par l'amour divin» |
Les pendentifs de la coupole
par Walthère Damery (1614-1678) mettent en scène
trois personnalités qui ont marqué l'histoire
de l'ordre des Carmes. |
|
La coupole de Saint-Joseph-des-Carmes
Élisée, disciple d'Élie, recueille le manteau blanc
de l'ordre des Carmes, tandis qu'Élie est enlevé au
ciel dans son char de feu.
Les Carmes considèrent le prophète Élie comme
le fondateur mythique de leur ordre.
Peinture en trompe-l'il du Liégois Walthère Damery
(1614-1678) |
Le prophète Élie dans son char de feu (calotte de la
coupole peinte par Walthère Damery) |
Statue d'Élie dans le chur, détail (auteur inconnu) |
La coupole de Saint-Joseph-des-Carmes
Les spectateurs assistent à la montée du prophète
Élie vers le ciel, enlevé dans un char de feu.
Peinture en trompe-l'il du Liégois Walthère Damery
(1614-1678) |
Un ange salue le passage du char d'Élie (Walthère
Damery)
|
La
peinture sur plâtre de la coupole (1663)
reprend un thème abondamment illustré
par les artistes. En effet, la montée au ciel
du prophète Élie se fait dans un char
de feu. Dans l'Antiquité, c'était le char
du dieu du soleil, Hélios, ou celui d'Apollon.
L'épisode biblique est assez connu : Élie
laisse tomber son manteau blanc que ramasse son disciple
et successeur Élisée. Le prophète
a les yeux tournés vers l'ange qui l'emporte
dans son ascension (photo de droite). Walthère
Damery a représenté au-dessous du char
un autre ange qui salue, les bras écartés,
le passage du prophète (photo de gauche). Les
personnages, plus ou moins stupéfaits par la
scène, sont peints pour meubler le tambour de
la coupole. Dans la Bible, l'ascension d'Élie
a lieu dans la solitude du désert.
|
|
Un ange guide le char d'Élie vers le ciel (Walthère
Damery) |
|
LA CHAPELLE DE
LA VIERGE CRÉÉE PAR LE BERNIN (TRANSEPT GAUCHE) |
|
La chapelle de la Vierge dans le croisillon gauche du transept
L'autel est réalisé sur les dessins de Gian Lorenzo
Bernini dit le Bernin (1598-1680)
On y retrouve les éléments classiques du décor
à l'italienne : colonnettes, corniche à rinceaux et
profusion de frises. |
Vierge à l'Enfant d'Antonio Raggi (1624-1686)
d'après le Bernin dans la chapelle de la Vierge |
Les frises en bas-relief sur l'autel de la Vierge |
Statue de saint François de Paule (1416-1508)
par Gilles Guérin (1611-1678)
Saint François de Paule est le fondateur
de l'ordre des Minimes.
|
|
|
|
Bas-relief de l'autel de la Vierge |
La Vierge à l'Enfant d'Antonio Raggi (1624-1686)
d'après le Bernin, détail |
Vue du transept gauche et de la voûte |
«««---
La Vierge donnant le Rosaire à saint Dominique,
détail
(Croisillon gauche du transept)
Vitrail de l'atelier Claudius Lavergne, 1863 |
|
|
LA CHAPELLE SAINTE-THÉRÈSE
DANS LE TRANSEPT DROIT |
|
|
«L'Apparition du Christ à sainte Thérèse d'Avila et à saint
Jean de la Croix»
Tableau de Jean-Baptiste Corneille (1649-1695) |
Statue de sainte Marie-Madeleine, détail
par Jacques Sarazin (1592-1660) |
|
Bas-relief «Apparition du Christ à deux prisonniers»
Croisillon droit du transept (Auteur non référencé) |
«L'Apparition du Christ à sainte Thérèse d'Avila et à saint Jean de
la Croix (partie centrale)
par Jean-Baptiste Corneille (1649-1695) |
LA CHAPELLE BAROQUE
SAINTE-ANNE |
|
Vue d'ensemble de la chapelle Sainte-Anne (qui est très exiguë) |
La voûte de la chapelle Sainte-Anne avec les quatre évangélistes
qui entourent la scène du couronnement de la Vierge
Peintures attribuées à Georges Lallemant et à
des peintres influencés par le maniérisme. Sur
la gauche, l'Annonciation. |
La chapelle
Sainte-Anne se trouve à l'absidiole
droite. Aussi exiguë que magnifique, elle est couverte
de boiseries et de peintures murales. La chapelle serait
l'uvre de Georges Lallemant et d'un groupe
de peintres plus ou moins maniéristes du XVIIe
siècle. On y voit une Annonciation
(très maniériste) et, sur la voûte,
les quatre évangélistes dont un superbe
saint
Luc pensif.
|
|
Le Mariage de la Vierge
Peinture sur bois, 1ère moitié du XVIIe siècle
|
Au centre de la voûte : «Le Couronnement de la Vierge»
|
Peintures sur panneaux de bois, 1ère moitié du
XVIIe siècle
À gauche, l'Ascension (?), à droite, la «Présentation
de Marie au Temple»
LA CHAPELLE SAINTE-ANNE A ÉTÉ RESTAURÉE
EN 2013 |
«Le Couronnement de la Vierge», détail
1ère moitié du XVIIe siècle |
Un gros plan sur le visage de la Vierge montre que le peintre
a pris soin d'ajouter une larme dans les yeux. Elle est très
visible sur l'il gauche. |
«Le Repos pendant la Fuite en Égypte»
Panneau de bois de la chapelle |
Une étude attentive
des visages en gros plan montre que c'est la même
jeune femme qui a pris la pose pour le personnage de
Marie dans «Le Couronnement de la Vierge»
et dans «Le Repos pendant la Fuite en Égypte»
(ci-dessus à droite). |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Les peintures murales de la chapelle Sainte-Anne, 1ère moitié
du XVIIe siècle
Ici, «L'Annonciation» et les deux évangélistes
saint Marc et saint Jean |
|
L'orgue de tribune est dû à Henri Didier (1902), restauré
par Beuchet en 1971. |
Deux chérubins au milieu d'une décoration florale baroque
dans le buffet de l'orgue |
La nef et l'orgue de tribune vus depuis la croisée du transept. |
Documentation : «Paris d'église
en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4
+ «Églises parisiennes du XXe siècle», Action
artistique de la Ville de Paris, ISBN 2-905-118-87-3, article : «Le
décor mural, de l'enthousiasme au murmure» par Martine
Chenebaux-Sautory
+ «La Bible et les saints» de Gaston Duchet-Suchaux et
Michel Pastoureau, Éditions Flammarion |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|