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Le Gros-Caillou est un mégalithe
qui marque la limite entre les abbayes de Saint-Germain-des-Prés
et de Sainte-Geneviève. En juillet 1791, ce lieu fut marqué
par l'histoire après la fusillade du Champ de Mars. (Voir
plus bas.)
En 1738, on érige dans le quartier une chapelle dédiée
à saint Pierre, mais appelée par les Paroissiens «Notre-Dame
de Bonne Délivrance» (nom qui se rapporte sûrement
aux difficultés de l'accouchement). L'hôpital des Invalides
et l'École militaire sont construits peu après ; la
population s'accroît. En 1763, la chapelle est remplacée
par une église, vite délabrée. Elle est reconstruite
en 1782 set détruite à la Révolution. La première
pierre de l'église actuelle n'est posée qu'en 1822,
sous le règne de Louis XVIII. L'architecte en est Étienne-Hippolyte
Godde (1781-1869). Les travaux sont achevés en 1826 sur
un plan qui s'inspire des basiliques romaines. Ce style antique
est en vogue depuis les dernières décennies de l'Ancien
Régime (église Saint-Philippe-du-Roule
dans le 8e arr. bâtie entre 1774 et 1784). Il sera à
nouveau retenu pour l'érection, dès 1823, de l'église
Notre-Dame-de-Lorette
dans le 9e arrondissement.
L'église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou sera agrandie d'une
aile latérale en 1905, puis de la chapelle axiale (dite de
la Vierge) en 1971. Le style intérieur de l'édifice
est assez dépouillé. On note néanmoins la présence
de quelques tableaux intéressants comme celui de Jean-Baptiste
Pierre (1714-1789) montrant un François
d'Assise en prière et ceux, tournés vers la peinture
de paysage, d'Alexandre Desgoffe (1805-1882), mais malheureusement
en mauvais état.
Enfin, la chapelle de la Vierge possède une rareté
: un Chemin de
croix constitué d'une longue suite de branches et de
brindilles enchevêtrés qui s'étire le long des
murs (uvre de Ludwika Ogorzelec et datée de 1953).
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Vue d'ensemble de la nef de Saint-Pierre-du-Gros-Caillou et de sa
belle voûte ornée de caissons à rosaces.
La nef est scandée de piliers d'ordre dorique ; les arcades
sont en plein cintre. Il n'y a pas de chapelle latérale.
Derrière le maître-autel, on aperçoit l'entrée
de la chapelle de la Vierge construite en 1971. |
L'église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou est de style
néoclassique.
La façade comprend un péristyle d'ordre
dorique. Le fronton ne possède pas d'ornementation. |
Un portail ouvre sur l'aile latérale de 1905
Il est enrichi d'une statue de la Vierge à l'Enfant. |
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Chapelle des Morts dans l'avant-nef |
La Charité
Vitrail de Paul Bitterlin dans la nef (1895) |
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Les caissons à rosaces de la voûte |
Chemin de croix, station XII : «Jésus élevé sur
la croix»
Le Chemin de croix est constitué d'une série
de belles peintures d'art populaire. |
Plaque à la mémoire de Jean-Sylvain Bailly |
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La fusillade
du Champ de Mars (17 juillet 1791). Le quartier
du Gros-Caillou (7e arr.) tient une petite place dans
la Révolution française, mais une place sanglante.
C'est là que la répression de la manifestation
interdite du 17 juillet 1791 fut la plus brutale sur les fuyards.
Rappelons les faits historiques : Après la fuite du
roi Louis XVI et son retour de Varennes, les Constituants
déclarèrent, pour se sortir de cette affaire
qui brouillait les cartes, que le roi avait été
enlevé par les troupes du marquis de Bouillé.
Il était indispensable que la situation politique revînt
au point antérieur à la fuite du roi. Ce qui
signifiait réinstaller Louis XVI dans toutes ses fonctions
et ses privilèges. L'Assemblée Constituante
vota des décrets dans ce sens les 15 et 16 juillet
1791.
Depuis le retour du roi, les agités parisiens (club
des Cordeliers et autres) rejetaient cette idée avec
véhémence et réclamaient la déchéance
du souverain. Pierre Gaxotte écrit dans son histoire
de la Révolution française : «À
la voix de Danton, les Cordeliers décidèrent
que le 17 une nouvelle pétition (...) serait portée
en grand apparat à l'autel de la Patrie, au Champ de
Mars. Les sociétés populaires convoqueraient
leurs adhérents pour venir la signer en masse.»
L'idée était de se rassembler à la Bastille
et de joindre le Champ de Mars en cortège. Mais Bailly,
maire de Paris et le général Lafayette, commandant
de la Garde nationale, s'opposaient à tout cortège
qui remettrait en cause les décisions légales.
Le peuple, rameuté par les sociétés et
les clubs, trouva la place de la Bastille garnie de troupes
et se reporta vers le Champ de Mars. Sous l'autel de la Patrie,
on extirpa bientôt deux individus ou deux vagabonds
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(que faisaient-ils là?)
et le bruit - infondé - courut qu'ils s'y trouvaient
pour faire sauter l'autel. Jetés à la foule
en colère, ils furent lynchés prestement.
Le nombre des manifestants s'accroissait, l'agitation devenait
électrique. La Fayette décida de faire évacuer
la place, tandis que Bailly faisait déployer le drapeau
rouge, symbole de la loi martiale. La foule, habituée
aux reculades des autorités, répliqua par des
jets de pierres. Qui furent suivis d'un tir de sommation,
tiré en l'air, par les soldats de la Garde. Un coup
de feu, sûrement parti de la foule, atteignit la Fayette.
En réplique, c'est une véritable décharge
qui s'abattit sur les manifestants. La bataille s'engagea,
on tira des deux côtés. Il est impossible de
connaître le chiffre exact des morts et des blessés.
Les historiens donnent deux morts et quelques blessés
chez les Gardes nationaux ; une douzaine de tués et
davantage de blessés dans la foule ; d'autres parlent
de plusieurs dizaines de morts. Pour modérer les chiffres,
n'oublions pas que, à cette époque, il faut
environ une minute pour recharger (d'une unique balle) un
pistolet ou un fusil. Les Gardes nationaux poursuivent sans
pitié les fuyards, surtout dans le quartier du Gros-Caillou.
Marat se réfugia dans les égouts et Danton s'enfuit
sans attendre en Angleterre. Pierre Gaxotte ajoute que «pour
la première fois depuis 1788, le gouvernement légal
avait tenu tête à l'insurrection.»
Source : «La Révolution française»
de Pierre Gaxotte aux éditions Texto.
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L'ornementation de la nef de l'église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou
est très dépouillée,
mais cette sobriété ne heurte en rien le bel ordonnancement,
fidèle à l'antique, de l'architecture.
La partie éclairée derrière le maître-autel
correspond à la grande chapelle de la Vierge construite en
1971.
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Chapelle Notre-Dame de Bonne Délivrance
Nef latérale droite (située au-delà du
maître-autel) |
«Saint François d'Assise en prière»
Tableau de Jean-Baptiste Pierre (1714-1789) |
L'autel de la chapelle Notre-Dame de Bonne Délivrance
Nef latérale droite |
Saint Marc et son lion |
Saint Luc et son taureau |
Ci-dessus, deux des
quatre évangélistes peints
par Alexandre Desgoffe (1805-1882)
dans la chapelle des fonts baptismaux |
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L'autel de la chapelle-Saint Joseph est entouré
des statues de sainte Thérèse et de sainte Rita.
Nef latérale gauche |
Statue de Joseph avec l'Enfant
Art populaire, chapelle Saint Joseph |
Statue de sainte Rita
Chapelle Saint Joseph |
L'Adoration des mages (?)
Tableau (sans auteur) dans la nef |
Gros plan sur la cloche «Louise-Sophie»
fondue en 1826 |
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Vue d'ensemble du chur
À droite, la Vierge à l'Enfant dénommée
«Notre-Dame de Bonne Délivrance» |
«L'Éducation de la Vierge»
Statue de sainte Anne avec Marie |
Le visage affectueux de sainte Anne en gros plan dans
«L'Éducation de la Vierge» (chapelle N-D
de Bonne Délivrance)
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«Saint François d'Assise en prière», détail
Tableau de Jean-Baptiste Pierre (1714-1789)
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Notre-Dame de Bonne Délivrance, détail
dans le chur |
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Notre-Dame de Bonne Délivrance
dans le chur |
Les losanges de la grande verrière de la chapelle de
messe sont constitués de figures géométriques
abstraites. |
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L'orgue de tribune est un Danion-Gonzalez de 1976, restauré
par Dargassies en l'an 2000.
Une partie de la tuyauterie est issue de l'orgue précédent (Convers,
1925).
Cette information (avril 2020) nous a été donnée
par Renaud Vergnet, actuel organiste titulaire
des orgues de Saint-Pierre du Gros Caillou. Qu'il en soit ici
remercié. |
LA CHAPELLE
DE LA VIERGE OU CHAPELLE DE MESSE |
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Vue d'ensemble de la chapelle de messe
Elle a été ajoutée à l'église
en 1971 et se signale par un Chemin de croix des plus originaux
(voir plus
bas) |
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Oculus de la Crucifixion au-dessus du chur
(Vitrail signé A. Delloux, Reims, XXe siècle) |
L'orgue de la chapelle de messe |
La chapelle de messe, sa grande verrière et son Chemin de croix
Au-dessous de la verrière se trouve un étonnant Chemin
de croix. uvre de Ludwika Ogorzelec, il est constitué
d'un
enchevêtrement de branches et de brindilles. On y retrouve bien,
dans un style très figuratif, les étapes du Chemin de
croix. |
Jésus lors de la Passion
Chemin de croix de Ludwika Ogorzelec (1953) |
Jésus ploie sous le poids de la croix
Chemin de croix de Ludwika Ogorzelec (1953) |
Le Calvaire
Chemin de croix de Ludwika Ogorzelec (1953) |
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L'autel de la chapelle de messe est dominé par une sculpture
sur bois de la Cène |
Vitrail de la grande verrière dans la chapelle de messe |
Le coq de saint Pierre
Extrait du vitrail du fronton de la chapelle de messe |
La chapelle de messe et la verrière du fronton vues depuis
l'autel |
Quatre panneaux de la verrière du fronton de la chapelle de
messe
On y reconnaît les symboles liturgiques et les insignes de la
papauté |
La nef et l'orgue de tribune vus du chur |
Documentation : «Paris d'église
en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4
+ «La Révolution française» de Pierre Gaxotte,
éditions Texto |
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