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Page créée en juin 2023
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La naïade Amaltée par Pierre Julien, détail

En 1737, le duc de Penthièvre, fils du comte de Toulouse, hérite du domaine de Rambouillet. Il parfait le domaine par des adjonctions heureuses : le Grand Canal est entouré de deux canaux adjacents ; le parc est enrichi de la Chaumière aux coquillages, de l'Ermitage et du Pavillon chinois (disparu depuis). Le duc se plaît dans ses terres, mais le roi Louis XVI le presse de les lui vendre. Le souverain réussira à mettre la main dessus en décembre 1783 contre un paiement de seize millions de livres. Si Penthièvre s'y plaisait, ce ne fut pas le cas de Marie-Antoinette. En 1893, la duchesse d'Uzès rapporte que, la première fois que la reine vint à Rambouillet, «elle trouva ce lieu si noir et si triste que Louis XVI, pour lui être agréable, lui promit de faire construire une laiterie rappelant le Petit-Trianon.»
Le roi tint parole, mais il semble que la reine n'y soit venue que pour son inauguration en 1787.
Le parc du château de Rambouillet comprend une partie dessinée à la française, une autre conçue selon les normes des jardins anglais et une troisième qui s'étale, comme une véritable forêt, de chaque côté du tapis vert qui prolonge le grand canal.
Le jardin à la française resplendit au pied du château et s'arrête à l'embarcadère, laissant aux visiteurs le loisir d'admirer la forêt qui s'élève au-delà des bassins. Quant à la partie anglaise, elle est très visitée : les sentiers y serpentent dans la verdure, agrémentés de ruisseaux, de petits étangs et de canards. C'est là que l'on découvre la Laiterie de la Reine et la Chaumière aux coquillages, deux petits édifices sortis de terre peu avant la Révolution et qui sont ouverts à la visite.
Si le billet d'entrée donne accès au Château, à la Laiterie et à la Chaumière, il en faut cependant un autre pour visiter la ferme et la bergerie. Cette dernière abrite un élevage de moutons mérinos qui, au XIXe siècle, réussit à rejeter au second rang le mouton mérinos espagnol. C'est ce que rappelle la duchesse d'Uzès dans son ouvrage paru en 1893 sur l'histoire de l'Ancien arrondissement de Rambouillet, ouvrage cité à plusieurs reprises dans cette page.

La Distribution de sel aux chèvres par Pierre Julien, détail

Le château de Rambouillet vu depuis les jardins à la française.

Une aile du château de Rambouillet.

Une aile du château de Rambouillet.

Le jardin du château.
Dessiné selon les normes à la française, il s'étale au sud du bâtiment car la ville de Rambouillet jouxte le château au nord. Depuis le XVIIIe siècle, un étroit embarcadère permet des ballades en barque sur la vaste pièce d'eau. C'est d'ailleurs la seule façon d'accéder aux six petites îles qui l'agrémentent. Cet embarcadère est toujours en fonction pour les visiteurs friands de romantisme.
Deux groupes sculptés du XIXe siècle terminent l'allée centrale (photos ci-dessous et ci-contre) : la Mort de Procris et la Charité fraternelle.


La tour dite de François Ier, détail.
C'est un vestige du premier édifice construit au XIVe siècle.

Sculpture devant le grand canal : «la Charité fraternelle».
Julien Édouard Conny, 1865.

Sculpture devant le grand canal : «la Mort de Procris».
Jean Escoula, 1898.

Les jardins à la française du château de Rambouillet et l'embarcadère.
Les deux canaux qui entourent le canal central ont été creusés au XVIIIe siècle à l'initiative du propriétaire des lieux, le duc de Penthièvre.

Le paysage bucolique de l'embarcadère devant le Grand Canal.

Le paysage bucolique de l'embarcadère devant le Grand Canal.
LA LAITERIE DE LA REINE

L'entrée de la Laiterie de la Reine.
On pénètre dans l'enclos de la Laiterie par une grille encadrée de
deux pavillons circulaires qui ressemblent à des colombiers.

Le pavillon du gardien.
Au XVIIIe siècle, ce bâtiment était destiné à la préparation du lait.
En face se trouvait le pavillon (à la même architecture) consacré au repos.
Ce dernier pavillon sert maintenant pour les expositions. Sa réouverture est prévue fin 2023.

Pavillon d'exposition de la Laiterie de la Reine.
Panneau en grisaille de Piat Joseph Sauvage (1744-1818) : l'été.

La laiterie de la reine : le pavillon central abrite deux salles.
L'architecture du portail rappelle celle des temples grecs.

La Laiterie de la Reine (2/2).
---»» Deux longs bas-reliefs en marbre ornent les murs de cette salle. Ils offrent à l'admiration du visiteur toute la maîtrise de Pierre Julien, l'un des grands sculpteurs du XVIIIe siècle avec Houdon, Pajou et Clodion. Les deux scènes sont liées. La première, Apollon gardant le troupeau d'Admète, est la préface de la seconde : Jupiter enfant chez les Corybantes. Les mélodies des Corybantes couvrent à la fois les pleurs de l'enfant Jupiter et le son de la flûte d'Apollon. Ce dernier, trop absorbé dans son jeu, ne voit pas que Mercure va lui dérober le troupeau qu'Admète lui a confié.
La qualité des bas-reliefs de Pierre Julien est telle qu'ils ont retenu l'attention des amateurs d'art. Amaltée et sa chèvre ont quitté les lieux lors de la Révolution. Hébergés à Versailles, puis au Sénat et au Louvre, ils sont finalement revenus à leur place en... 1953. Entre-temps, Amaltée a été remplacée par une Andromède, puis, en 1816, par une sculpture de Suzanne au bain de Nicolas Beauvallet. La duchesse d'Uzès en parle en 1893 dans son ouvrage l'Ancien arrondissement de Rambouillet. Elle écrit : «La seconde salle, garnie de jets d'eau, avec une grotte factice et un petit bassin dans le fond, a conservé une jolie baigneuse en marbre blanc de Beauvalet, qui avait remplacé la statue de la Nymphe à la chèvre, de Julien, qui est maintenant au musée du Louvre.»
La duchesse ne parle pas des deux grandes frises en marbre de Pierre Julien. Et pour cause : elles n'étaient plus là ! En effet, le périple des sept remarquables bas-reliefs de Julien a été si mouvementé que, une fois partis, ils ont failli ne jamais retrouver le chemin de la Laiterie. En 1803, Joséphine, épouse du premier Consul, demande leur transfert au château de la Malmaison pour en orner le théâtre et la laiterie. En 1819, son fils, Eugène de Beauharnais, les vend au banquier britannique Alexander Baring. Les sept pièces de marbre (qui pèsent en tout neuf tonnes selon l'ouvrage des éditions du Patrimoine Le domaine de Rambouillet) se retrouvent dans un château du Kent.
En 1949, le marchand d'art Georges Wildenstein les rachète et les envoie à Paris, puis à Genève. Enfin, en 2003, ils réintègrent le patrimoine national français et le musée du Louvre par le biais d'une dation. Le musée les rétrocède au domaine de Rambouillet.
Dans cet heureux retour, Le domaine de Rambouillet souligne le rôle majeur joué par Jacques Chirac, alors président de la République, et «la pugnacité de Jean-René Gaborit, conservateur au Louvre». Qu'ils en soient remerciés ici. Les bas-reliefs ont retrouvé leur place d'origine lors de la restauration entreprise en 2007.
Seul celui du fronton du portail d'entrée, la vache et son veau, n'a jamais quitté sa place.
Sources : 1) Le domaine de Rambouillet, éditions du Patrimoine ; 2) L'Ancien arrondissement de Rambouillet par la duchesse d'Uzès, 1893, réédité en 1999 par les éditions du Bastion.

La Laiterie de la Reine (1/2).
Protégée par une enceinte grillagée et gardée en permanence, la Laiterie de la Reine se compose de trois pavillons : le pavillon central (qui est l'édifice principal) ; le logement du gardien (qui servait jadis à la préparation du lait) et le bâtiment d'exposition (qui offrait plusieurs salles de repos). C'est dans ce dernier bâtiment que l'on peut voir les quatre panneaux en grisaille des saisons sculptés par Piat Joseph Sauvage (1744-1818). En 1893, dans son ouvrage sur l'ancien arrondissement de Rambouillet, la duchesse d'Uzès appelle ce bâtiment la Chaumière ou le pavillon des Quatre-Saisons.
Bâti par l'architecte Jacques Jean Thévenin en 1786-1787, la laiterie a été offerte par Louis XVI à la reine Marie-Antoinette pour déguster les produits laitiers. Jadis, un jardin dessiné par Hubert Robert l'agrémentait.
Le pavillon central comprend une salle de dégustation et une autre dite de «fraicheur». Les produits laitiers étaient servis dans de la vaisselle en porcelaine de Sèvres. La manufacture royale créa même un service à cet effet, dessiné par le peintre Jean-Jacques Lagrenée. Notons qu'aucune pièce de porcelaine n'est visible dans le pavillon central. Les deux salles contiennent de magnifiques œuvres d'art.
La salle de dégustation est une petite rotonde à éclairage zénithal. Les murs sont recouverts de lambris de marbre blanc veiné. Au centre, à l'origine, il y avait un bassin circulaire, et le marbre du carrelage au sol était d'un blanc uni. Le long des murs, les valets disposaient la vaisselle sur un court rebord en marbre, soutenu par des consoles. Le blanc de cette rotonde s'harmonisait ainsi avec la couleur du lait.
Un mobilier en acajou (qui n'est plus en place depuis longtemps) assurait le contraste chromatique. Inspiré de l'art étrusque, c'est l'atelier de l'ébéniste parisien Georges Jacob qui le réalisa sur des dessins d'Hubert Robert.
La salle de dégustation que l'on voit aujourd'hui est issue d'une restauration (peu heureuse) réalisée sous le Premier Empire. L'ouvrage Le domaine de Rambouillet paru aux éditions du Patrimoine n'est pas tendre avec le résultat : «Le sol aux marbres de couleurs et la table à l'étoile impériale incrustée de porphyre sont un véritable contresens au regard du chromatisme uni d'origine (...)», y lit-on.
Cette petite pièce est ornée de quatre bas-reliefs de Pierre Julien (1731-1804), sculpteur du Roi et l'un des meilleurs sculpteurs de son temps. Les bas-reliefs illustrent les métiers de la ferme : la traite de la vache ; la tonte du mouton ; la distribution de sel aux chèvres ; le barattage du lait (tous donnés plus bas)
La salle de fraîcheur est une pièce rectangulaire terminée par une grotte artificielle où trône une des plus belles réalisations du sculpteur Pierre Julien : Amaltée et la chèvre de Jupiter. La chèvre est censée s'abreuver dans l'eau, mais le bassin est toujours à sec pour des raisons de conservation des œuvres d'art (qui sont bel et bien les originaux de l'artiste). Il est cependant permis d'imaginer l'atmosphère bucolique qui devait régner dans cette pièce quand l'eau fusait par des orifices cachés dans les rochers et qu'elle ruisselait dans la grotte.
---»» Suite 2/2 plus bas.


Vue de la salle du pavillon d'exposition avec ses panneaux de Piat Joseph Sauvage.

Pavillon d'exposition de la Laiterie de la Reine.
Panneau en grisaille de Piat Joseph Sauvage (1744-1818) : l'automne.

Les panneaux de Sauvage. Ce ne sont pas des bas-reliefs. Sauvage excellait dans le trompe-l'œil qui savait imiter à la perfection le marbre, le bronze ou la terre cuite. Les putti faisaient partie de ses personnages préférés.


Pavillon d'exposition de la Laiterie de la Reine
Panneau en grisaille de Piat Joseph Sauvage (1744-1818) : l'hiver.

La vache et son veau.
Bas-relief de Pierre Julien (1731-1804) au fronton du portail d'entrée.
Dans le pavillon central, c'est le seul bas-relief à n'avoir jamais quitté son emplacement.

Laiterie de la Reine : la salle de dégustation avec son dôme à caissons et ses quatre bas-reliefs de Pierre Julien.
Sol, table centrale, parement de mur et table de pourtour sont en marbre.
LA LAITERIE DE LA REINE - QUATRE MÉDAILLONS DES MÉTIERS DE LA FERME PAR PIERRE JULIEN (1731-1804)

Salle de dégustation - Bas-relief de Pierre Julien : La traite de la vache.

Salle de dégustation - Bas-relief de Pierre Julien : La tonte des moutons.

Salle de dégustation - Bas-relief de Pierre Julien : Le barattage du lait.

Salle de dégustation - Bas-relief de Pierre Julien : La distribution du sel aux chèvres.

Bas-relief de Pierre Julien dans la salle de fraîcheur : Mère allaitant son enfant.

La voûte de la salle de dégustation.

La voûte de la salle de dégustation apporte un éclairage zénithal. Les caissons sont ornés de rosaces constituées de feuilles de chêne et de glands.
L'architecte n'a pas lésiné sur la noblesse que devait avoir cette salle : cette structure de voûte en caissons se retrouve, à l'époque, dans des monuments importants, comme la voûte de la croisée de la cathédrale Saint-Pierre de Rennes !


La Laiterie de la Reine : la salle de fraîcheur avec sa grotte artificielle et ses deux bas-reliefs.
La naïade Amaltée avec sa chèvre est regardée comme le chef d'œuvre du sculpteur Pierre Julien (1731-1804).

La naïade Amalthée et la chèvre qui fut la nourrice de Jupiter (par Pierre Julien, sculpteur du Roi).
La chèvre veut boire, mais il n'y a plus d'eau ! La conservation des œuvres d'art en marbre est à ce prix.

La naïade Amalthée, détail.
par Pierre Julien (1731-1804)

Salle de fraîcheur : Apollon gardant le troupeau d'Admète.
Bas-relief en marbre de Pierre Julien.

Salle de fraîcheur : Jupiter enfant chez les Corybantes.
Bas-relief en marbre de Pierre Julien.

Bas-relief de Pierre Julien : Apollon gardant le troupeau d'Admète, détail.

Bas-relief de Pierre Julien : Jupiter enfant chez les Corybantes, détail.
LA CHAUMIÈRE AUX COQUILLAGES

La Grotte des Amants dans le parc du château.

La Chaumière aux coquillages émerge au milieu de la végétation du parc du château.

La chaumière aux coquillages.

La chaumière aux coquillages.
Ce petit pavillon perdu dans la verdure a été bâti par Jean-Baptiste Paindebled dès 1779 à la demande du duc de Penthièvre, fils du comte de Toulouse et petit-fils de Louis XIV. Le duc le destinait à l'agrément de sa bru, la princesse de Lamballe, elle-même amie intime de la reine Marie-Antoinette. (À cette époque le domaine est la propriété des Penthièvre.) L'extérieur, avec son toit de chaume, imite les bâtisses paysannes du XVIIIe siècle. Actuellement, après une longue restauration de 2003 à 2009, ce toit, pour des raisons de conservation et d'étanchéité, est en roseau de Camargue. Le tout est posé sur une couverture de zinc.
Si le plan de l'édifice est carré, la pièce est circulaire. Toutes les parois sont recouvertes de coquillages alliés à de la pâte de verre ou à des éclats de pierre ou de marbre. La poudre de brique rouge sert, ça et là, de teinture. On trouve des coquilles nacrées de Dieppe et d'Eu, des coquilles de Seine, des moules et des coquillages de la mer des Antilles. L'ordonnancement reproduit une architecture de pilastres ioniques séparés par des baies rectangulaires. Dans chaque baie, une mandorle accueille un pot à feu. Un ruban circulaire de «fleurs» assure la liaison avec la voûte qui est constituée de nacres posées sur une couche de plâtre.
Le mobilier, conçu au XVIIIe siècle spécialement pour ce lieu, présente des divans arrondis, des chaises et des petits guéridons. Il est dû à François II Foliot, membre d'une grande famille d'ébénistes français. En 1950, ces meubles que l'on voit recouverts de tissu vert à étoile d'argent, ont été restaurés grâce au mécénat d'un amateur d'art, Arturo Lopez.
Des photos en gros plan sont indispensables pour réaliser à sa juste mesure le tour de force qu'a pris la construction de ce parement en coquillages qui aura pris presque un an. Une demi-douzaine de photos en est donnée ici.
Dans les années 1950, Arturo Lopez a fait réaliser une copie de ce somptueux décor pour son hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine. Aujourd'hui, cet hôtel est la propriété de la ville. Source : Le domaine de Rambouillet, éditions du Patrimoine.


La Chaumière aux coquillages : vue générale de la salle (très exiguë).
Les pilastres sont surmontés de chapiteaux ioniques.
Les murs sont recouverts de coquillages. Ceux-ci sont associés à de la pâte de verre et à de la poudre de pierre ou de marbre.

Les mandorles des baies sont ornées de pots à feu.

Un chapiteau ionique en haut d'un pilastre.
À gauche et à droite du chapiteau, le rouge est obtenu avec de la poudre de brique.

Bouquet de coquillages au-dessus d'un pot à feu.

Détail en gros plan d'une construction en coquillages.

Détail en gros plan du ruban de «fleurs» qui fait le tour de la salle au-dessus des pilastres et des baies.
Les coquillages sont fixés dans le mur à l'aide d'un mortier et de petits clous.

Plafond : détail en gros plan de l'ordonnancement de coquillages à la base du lustre.
Ce lustre de style Louis XVI est un ajout récent.
LA FERME NATIONALE ET LA BERGERIE

La ferme nationale : les granges, le colombier et le parc.

La ferme nationale.
Bâtie par Jacques Jean Thévenin en 1785-1786, la ferme de Rambouillet prend place, à l'époque, dans le courant novateur des fermes expérimentales. Deux vastes granges sont disposées symétriquement autour d'un grand colombier central (photo ci-dessus). Au XVIIIe siècle, elles abritaient des chevaux, des vaches suisses, des moutons d'Afrique du Nord, des chèvres angoras et des mouflons.
Aujourd'hui, une partie des locaux a été aménagée pour accueillir le public et le personnel administratif.
Source : Le domaine de Rambouillet, éditions du Patrimoine.


La ferme de Rambouillet est une vraie ferme avec ses indispensables vaches.

La Bergerie nationale (2/3).
---»» On lit encore sous sa plume : «Rambouillet a eu la gloire d'identifier les mérinos avec le sol et d'acquérir une supériorité de reproduction en laine, même sur celle d'Espagne, et, dès 1820 à 1825, ses brebis atteignirent les prix, excessifs pour l'époque, de sept cents francs par tête. On cite même un bélier qui fut vendu trois mille sept cent soixante-dix francs. Aujourd'hui cette valeur a plus que doublé et Rambouillet est le berceau des troupeaux les plus renommés de France.»
---»» Suite 3/3 ci-dessous.

La Bergerie nationale (1/3).
Le bâtiment ne date pas du règne de Louis XVI, mais du Premier Empire. Construit en 1805 à la demande de Napoléon, c'est un lieu consacré à l'élevage du mouton mérinos en France et à son histoire. En fait, cet élevage a commencé dès les années 1780.
L'ouvrage de la duchesse d'Uzès, l'Ancien arrondissement de Rambouillet, dont la publication remonte à 1893, en donne les détails :
«Louis XVI voulut fonder à Rambouillet une ferme modèle et il y réussit pleinement (...). La bergerie, qu'il créa pour la propagation des moutons dits mérinos, a formé une race qui est connue sous le nom de mérinos de Rambouillet. Ce fut le premier établissement français destiné à affranchir le pays du tribut qu'imposait à nos manufactures le commerce des laines étrangères.
«Les premiers mérinos furent envoyés d'Espagne par l'intermédiaire de M. de la Vauguyon, notre ambassadeur à Madrid. Le troupeau était ainsi constitué : 44 béliers, 334 brebis et 7 moutons conducteurs. Ces animaux quittèrent les environs de Ségovie le 15 juin 1786, sous la conduite de cinq bergers espagnols ; ils arrivèrent tant bien que mal le 12 octobre à Rambouillet, et on les plaça provisoirement dans les bâtiments de la blanchisserie à Moquesouris (...). Ils y restèrent jusqu'à la Révolution ; on les mit alors à la Faisanderie.»
D'après les indications données par la duchesse d'Uzès, la Faisanderie doit correspondre peu ou prou à la bergerie actuelle.
---»» Suite 2/3 plus bas à gauche.


Les moutons mérinos de la Bergerie nationale.

La Bergerie nationale (3/3).
---»» La révolution agricole, qui transforma la campagne anglaise au XVIIIe siècle, démarra timidement et tardivement en France. Sous la Révolution et le Directoire, malgré les incitations administratives, les paysans français eurent peu recours aux prairies artificielles ; les méthodes agricoles furent peu rénovées.
L'élevage aussi suscita l'attention des Pouvoirs publics, notamment celui des ovins. «À plusieurs reprises, des animaux de la bergerie nationale de Rambouillet furent proposés aux éleveurs», écrit André Goudeau dans son ouvrage Le Département de l'Eure sous le Directoire. Il ajoute : «Le 15 floréal an IV (4 mai 1796), le ministre de l'Intérieur Bénézech informait le commissaire d'une vente publique des animaux d'un "troupeau à laine superfine de race d'Espagne" puis le 15 prairial an VI (3 juin 1798), les autorités annoncèrent la vente à Rambouillet de 150 béliers et brebis de même provenance. Ces moutons devaient fournir environ 400 myriagrammes (800 à 900 livres) de laine de la tonte de cette année.»
Toujours dans l'Eure, l'administration centrale invita les éleveurs «à réunir des échantillons, examiner la qualité des toisons, favoriser l'amélioration des laines en se procurant des moutons de race espagnole mérinos». André Goudeau ajoute que ces propositions reçurent un accueil positif chez certains éleveurs.
Source : Le Département de l'Eure sous le Directoire par André Goudeau, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2012.


Documentation : «Le domaine de Rambouillet», éditions du Patrimoine
+ «Canton de Rambouillet», Images du patrimoine, 1983
«L'Ancien arrondissement de Rambouillet» par la duchesse d'Uzès, paru en 1893, réédité en 1999 par les éditions du Bastion
+ «Le Département de l'Eure sous le Directoire» par André Goudeau, PURH, 2012
+ Documents de l'Office de tourisme de Rambouillet
+ Panneaux affichés dans les bâtiments du Parc.
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