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Le quartier de Montreuil à Versailles
a son église : Saint-Symphorien,
qui est en fait située dans «le Grand Montreuil».
La partie qu'on appelle «le petit Montreuil» n'avait
pas de lieu de culte au XVIIIe siècle, bien que ce quartier
fût l'objet de toute l'attention de la sur cadette du
roi Louis XVI, madame Élisabeth. La princesse royale habitait
au niveau de l'avenue de Paris actuelle, qui sépare le grand
du petit Montreuil. Au XIXe siècle, le quartier bénéficia
d'un legs de l'ancien aumônier de la princesse, morte sur l'échafaud
pendant la Terreur. On put alors commencer la construction d'un
édifice cultuel. Ce fut «Sainte-Élisabeth de
Hongrie» en hommage à la princesse guillotinée.
Une chapelle fut construite en 1850 : simple bâtiment de 20
mètres sur huit. C'était en fait la nef de l'édifice
actuel. On rajouta ensuite les deux bas-côtés ; la
chapelle devint église paroissiale en 1863. Dès 1864,
on agrandit le chur en l'embellissant par une arcature ornée
de rinceaux, le tout dominé du monogramme de sainte Élisabeth.
En 1890, l'artiste Paul-Hippolyte Flandrin (1856-1921) en acheva
la décoration en y peignant une grande toile décrivant
le Miracle
des roses.
Les travaux de restauration des années 2009-2010 ont redonné
vie à tout un décor caché. À présent,
avec sa ceinture de boiseries, son plafond à caissons bleu
azur décorés de motifs dorés, avec son superbe
chur et sa verrière historiée dans les bas-côtés,
l'église Sainte-Élisabeth possède un cachet
artistique indéniable.
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Vue d'ensemble de l'église Sainte-Élisabeth de Hongrie
à Versailles |
La façade de l'église depuis la rue des Chantiers
avec son péristyle dorique |
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Le fronton porte l'inscription tronquée :
«Sanctæ Elisabeth Hung(ariæ)» |
Présentation de la Vierge au temple, Détail
Vitrail de la fin du XIXe siècle
Cliquez sur l'image pour afficher le vitrail en entier. |
Vierge couronnée
dans l'absidiole droite |
«««---
À GAUCHE
L'absidiole droite et la statue de la Vierge couronnée |
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La nef bénéficie d'une grande luminosité.
Le deuxième niveau de l'élévation est pourvu
de vitraux à motifs géométriques ---»»»
qui laissent passer une grande quantité de lumière.
On remarquera les boiseries qui ceinturent le chur et les bas-côtés. |
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L'Assomption
Vitrail de la fin du XIXe siècle |
La chapelle du Saint Sacrement dans le bas-côté gauche
Le bas-côté gauche est orné de quatre vitraux
illustrant les scènes de la Passion.
«««--- Cliquez sur le vitrail pour afficher les
quatre vitraux relatifs à la vie de Marie dans la Galerie des
vitraux |
L'Annonciation, détail central
Vitrail de la fin du XIXe siècle |
Plafond à caissons bleu azur de la nef
(XIXe siècle)
Il a été remis en état lors de la restauration
des années 2009-2010.
«««--- Cliquez sur les vitraux pour les afficher
en gros plan ---»»» |
Isabelle de France
dans le vitrail de «Saint Louis
et Isabelle de France» (sa sur)
(Atelier Claudius et Georges Lavergne, 1904) |
La chapelle du Curé d'Ars et ses vitraux de la fin du XIXe
siècle |
Vitrail : l'Adoration des mages, détail central (fin du XIXe siècle) |
Le chur de Sainte-Élisabeth de Hongrie et sa magnifique
fresque de Paul-Hippolyte Flandrin (1856-1921)
Les somptueuses décorations de l'arc triomphal ont été
mises à jour et remises en état lors de la restauration
des années 2009-2010.
Au sommet de l'arc triomphal, on aperçoit le monogramme doré
dédié à sainte Élisabeth. |
«La Rencontre à la Porte dorée»
Tableau dans la nef |
Fresque représentant le Sacré Cur
sur le dossier de la cathèdre dans le chur (XIXe siècle) |
Jésus au jardin des Oliviers
Vitrail de la fin du XIXe siècle
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher en gros plan. |
La fresque de Paul-Hippolyte Flandrin (1856-1921) représente
le miracle des roses.
Élisabeth porte en cachette des vivres aux pauvres (à
droite). Surprise par son époux, les vivres se transforment
en roses. |
Avec sainte
Élisabeth de Hongrie l'hagiographie chrétienne
a construit un personnage d'une perfection rarement atteinte.
Dans la Légende dorée de Jacques de Voragine,
on lit que, «fille d'un illustre roi de Hongrie»,
elle avait été élevée dans la
vénération de Dieu et dédaignait les
jeux enfantins. «À cinq ans, elle avait tant
de plaisir à prier dans l'église que ses compagnes
ou ses servantes ne parvenaient pas à l'en faire sortir.»
Lorsqu'elle jouait, on la voyait toujours courir à
côté d'une chapelle pour être sûre
d'y entrer plus facilement. De tout ce qu'on lui donnait,
elle réservait la dixième partie aux pauvres.
Diane de Selliers, l'éditeur de la Légende
Dorée parue en 2009, prend quand même le
soin de préciser que le premier chapitre de l'histoire
d'Élisabeth (d'où sont tirés tous ces
faits édifiants sur son enfance) n'est certainement
pas de la main de Jacques de Voragine.
Arrivée à l'âge du mariage, elle épousa
le landgrave de Thuringe. Qui fut assez bonne pâte,
nous dit la Légende, pour tout supporter des
manies de sa femme : dévotions incessantes, jeûnes,
mortifications, offrandes de ses vêtements, préférant
le pain sec aux mets somptueux de la table de son mari, etc.
La Légende en rajoute encore dans l'altruisme
: elle nourrissait les pauvres, habillait ceux qui allaient
nus, ensevelissant elle-même les mendiants et les pèlerins,
portait les enfants sur les fonts baptismaux, cousait leurs
langes, filait la laine avec ses servantes, vendait ses ornements
pour nourrir les pauvres quand le blé manquait ;
elle fit construire une grande maison au pied du château
pour y accueillir les malades, venant les visiter tous les
jours, distribuant cadeaux, soins et paroles saintes. Tous
l'appelaient la mère des pauvres... Dans quel but a-t-on
pu inventer une histoire pareille? Peut-être pour donner
des arguments aux abbesses quand il fallait remettre sur le
droit chemin quelque jeune moniale du Moyen Âge, portée
sur la bonne chère et sur l'indiscipline. Cette histoire
«exemplaire» avait en effet de quoi donner à
réfléchir à la plus turbulente!
Cependant, le landgrave de Thuringe partit en croisade et
y mourut. Devenue veuve, Élisabeth fut chassée
du château par les parents du défunt qui
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l'accusaient d'être dissipatrice
et prodigue. Après avoir erré, miséreuse,
dans les campagnes, elle fut reçue par son oncle, l'évêque
de Bamberg... qui désirait la remarier. Heurtée
dans son vu de rester veuve et abstinente, la jeune
femme menaça de se couper le nez afin de ne plus susciter
aucun désir chez les hommes. Elle n'en eut pas le temps
: le corps de son défunt époux revint de Terre
sainte et l'évêque dut la laisser partir. Élisabeth
revêtit l'habit religieux, vécut comme une pauvresse,
refusant même de revenir au château du roi de
Hongrie. Sa vie d'humilité continua. Au service des
pauvres. Elle reçut deux mille marcs en dot, en distribua
une partie aux indigents et fit construire un grand hôpital
à Marbourg avec le reste, consacrant toute son activité
aux malades. Mais la fin approchait. L'hagiographe nous apprend
qu'un doux parfum s'exhala de son corps mort tandis qu'une
foule d'oiseaux inconnus vint chanter sur le toit de l'église
le jour de ses obsèques...
La vie de sainte Élisabeth de Hongrie - dans son
altruisme absolu - est l'une des plus incroyables qu'on ait
jamais écrites. Toutefois Jacques de Voragine ne mentionne
pas le Miracle des roses. Une autre légende
raconte donc qu'Élisabeth était sortie du château
de Marbourg (ou de la Wartburg), portant aux pauvres des vivres
cachés contre son sein dans sa robe. Surprise par son
époux très mécontent de la voir ainsi
voler les victuailles du château, elle lui répondit
qu'elle portait des roses pour s'en tresser une couronne.
Quand son mari écarta ses vêtements, les victuailles
s'étaient transformées en roses. Cette
histoire n'est pas cohérente avec la Légende
dorée qui rapporte que son mari, le landgrave de
Thuringe, fermait les yeux sur toutes les (bonnes) actions
de son épouse. C'est pourquoi, dans d'autres versions,
l'homme qui la surprend est son beau-frère. Et l'épisode
doit vraisemblablement être placé à l'époque
du veuvage d'Élisabeth avant qu'elle ne soit chassée
du château.
Voir aussi l'histoire de sainte Solange à l'église
Saint-Pierre-le-Guillard
à Bourges.
Source : «La Légende dorée»
de Jacques de Voragine. Éditions Diane de Selliers
On pourra voir une autre illustration du XIXe siècle
du Miracle des roses dans un vitrail de l'église
Saint-Vivien
à Saintes et admirer le vitrail
de l'archange Raphaël et d'Élisabeth de Hongrie
à l'église Notre-Dame à Versailles.
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Le Miracle des roses
La fresque de Flandrin (1856-1921), partie centrale |
Ce superbe dessin, exposé dans la nef de l'église,
représente une Vierge de pitié
portant le linceul de son Fils au milieu des saints et des saintes.
À bien y regarder, on verra que le visage de la Vierge
se rapproche du style des
bandes dessinées, et plus particulièrement de
celui des mangas (!)
À DROITE ---»»»
L'orgue de tribune dû au facteur Abbey a été
installé en 1901. |
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Vitrail : La Résurrection (fin du XIXe siècle)
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher en gros plan. |
Vitrail : la Déposition, partiel
Cliquez sur l'image pour afficher le vitrail entier. |
Le Christ en croix
Autel du Saint Sacrement
Absidiole nord |
Vitrail «Saint Louis et Isabelle de France, sœur de
saint Louis» (Claudius et Georges Lavergne, 1904)
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher en gros plan. |
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La nef et l'orgue de tribune vus depuis le chœur. |
Documentation : Site Web de la paroisse Sainte-Élisabeth
de Hongrie + «La Légende dorée» de Jacques
de Voragine, éditions Diane de Selliers |
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