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En 1159, un sanctuaire, de style roman
et dédié à saint Éloi (588-659), est construit contre le mur externe
de l’enceinte sud de la ville de Bordeaux,
tout près de l'actuelle Grosse
Cloche érigée au XVe siècle. Le quartier Saint-Éloi est né et
va s'étendre. Une seconde enceinte est élevée, toute proche. Mal
bâtie, elle s'écroule et détruit l'église.
Un second édifice est alors érigé en 1245, dans le nouveau style
qui se répand dans le royaume : le gothique. Saint-Éloi est
la première église gothique construite à Bordeaux.
Elle devient la paroisse de l'Hôtel-de-Ville. Son curé porte le
titre de chapelain de l'Hôtel-de-Ville.
Bordeaux
est possession anglaise ; ses libertés administratives sont
grandes. Le maire est assisté de douze échevins, appelés
jurats. Quand, à la fin juillet, de nouveaux jurats sont
élus, ils s'assemblent le 1er août à Saint-Éloi
pour assister à la messe du Saint-Esprit et prêter
serment. Cette cérémonie s'est perpétuée
jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
Au XIVe siècle, un clocher
est ajouté. La ville s'étend ; l'enceinte extérieure est démantelée.
De la sorte, au XVe, l'église peut s'agrandir vers le sud avec un
demi-bas-côté supplémentaire, là où se trouve l'actuelle chapelle
de la Vierge. Le côté nord reste engoncé dans l'ancienne muraille
de la ville. Au XVIe, le bas-côté sud sera prolongé avec deux travées
à voûte angevine. En 1497, Saint-Éloi est consacrée par
le cardinal d'Espinay. Elle devient l'église paroissiale du faubourg
Saint-Éloi, un quartier commerçant et prospère.
À la Révolution, l'église est vandalisée,
puis confisquée. Elle devient d'abord salpêtrerie,
ensuite magasin à fourrage, ce qui lui permet d'échapper à la destruction.
Sous le Concordat, elle est restaurée : façade
remaniée en 1828 ; nouveaux vitraux du chur
illustrant la vie de saint Éloi pour remplacer ceux du XVe
siècle brisés à la Révolution. L'édifice
est classé monument historique en 1921.
Dans les années 1970, l'église, sans cure, est pratiquement
laissée à l'abandon. Elle sera la proie de squatters
qui la saccageront de fond en comble. Fermée au culte, elle
sert d'annexe au service des Archives de la ville. Ce n'est qu'en
2002 qu'elle est rouverte au culte. L'église Saint-Éloi
est actuellement confiée à l’Institut du Bon Pasteur. On y célèbre
le rite catholique tridentin.
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La nef et le chœur de l'église Saint-Éloi.
La déviation de la voûte vient du fait que le côté nord suit
un ancien mur d'enceinte de la ville.
On remarque que l'arc d'entrée du chur est désaxé
par rapport à la voûte. |
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La «Grosse Cloche» : édifice du Moyen-Âge
servant de porte d'entrée dans la ville et de beffroi. |
La façade de l'église Saint-Éloi jouxte la «Grosse Cloche».
Sur le contrefort de la façade est affiché le millésime 1828. |
Les trois portes néogothiques de la façade de 1828 sont dues
à l'architecte Poitevin.
La porte centrale est aveugle. |
L'ancienne
façade de l'église.
En 1861, dans sa Description des œuvres d'art des églises de Bordeaux,
Charles Marionneau écrit :
«L'ancienne façade n'était qu'une
muraille sans décoration;
seulement, au-dessus d'une porte ogivale, se voyait
une niche renfermant la statuette de saint Éloi
ferrant un cheval.
«Les vantaux de la porte étaient entièrement
recouverts de fers de chevaux, apposés comme
une sorte d'hommage à leur saint patron, par
les compagnons maréchaux-ferrant ; il y en avait
de très anciens et fort habilement ouvragés.»
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Le clocher avec sa flèche d'ardoises date du XIVe siècle. |
Gros plan sur l'ornementation florale
de la dentelle de pierre. |
«««--- En ornant
les arcs surbaissés des portes
avec une dentelle de pierre,
l'architecte Poitevin a respecté les règles
du gothique le plus traditionnel. Année 1828.
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LA NEF ET LES AUTELS LATÉRAUX DU CÔTÉ NORD |
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La nef de l'église Saint-Éloi et le bas-côté
nord.
Trois autels latéraux engoncés dans le muraille ornent
le côté nord de la nef :
autel Sainte-Philomène, autel Saint-Joseph et autel Sainte-Germaine
(caché par la chaire à
prêcher). |
Autel Saint-Joseph. |
Autel Sainte-Philomène.
Les autels latéraux nord sont pris dans l'épaisseur
de la muraille. |
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La chaire à prêcher et son impressionnant abat-son.
XIXe siècle. |
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La cuve de la chaire à prêcher est ornée des quatre Évangélistes. |
L'abat-son de la chaire à prêcher est orné
des prophètes. |
Saint Jean-Baptiste portant l'agneau
Chapelle Sainte-Germaine. |
«««---
La voûte de la nef suit, au nord, le tracé du mur
d'enceinte. |
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LE BAS-CÔTÉ SUD ET LES AUTELS LATÉRAUX SUD |
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La nef et l'élévation sud.
Le large bas-côté sud a été créé
au XVe siècle pour sa partie orientale ; au XVIe siècle
pour sa partie occidentale. |
Chapelle des Cinq-Plaies
Bas-côté sud. |
Au XVIe siècle, deux travées ont été
ajoutées au bas-côté sud.
Leur voûte est de type angevin avec liernes et tiercerons.
Ici, la voûte qui jouxte la chapelle des Cinq-Plaies. |
Chapelle du Sacré-Cœur.
Bas-côté sud. |
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L'Apparition du Sacré Cœur
à Marguerite-Marie Alacoque. |
Saint Vincent de Paul
et les petits enfants. |
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L'Apparition du Sacré-Cœur
à Marguerite-Marie Alacoque
et saint Vincent de Paul et les petits enfants.
Atelier bordelais d'Henri Feur, 2nde moitié du
XIXe siècle. ---»»» |
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L'Incrédulité de saint Thomas
et saint François en extase
Atelier bordelais d'Henri Feur, 2nde moitié du XIXe siècle. |
Les
Cinq Plaies.
En 1496, une épidémie de peste frappe Bordeaux.
Le cloître des Augustins, rattaché à l'église Saint-Éloi,
sert d'hôpital. Refusant de quitter la ville, les moines
s'occupent des malades. Miraculeusement, aucun d'entre
eux n'est touché par le fléau.
À la suite de quoi, les échevins qui gouvernent la ville
(appelés à Bordeaux
les jurats) vont prier à la chapelle des Augustins
(dédiée à Jésus-Christ honoré en ses cinq plaies)
pour que l'épidémie cesse. Si c'est le cas, les jurats
font vœu de renouveler chaque année, en ce lieu et en
ce jour, leur adoration à Jésus-Christ en ses cinq
plaies.
L'épidémie cessa rapidement. Le vœu des Cinq-Plaies
fut honoré scrupuleusement pendant des siècles. Le pape
créa une confrérie pour en perpétuer la dévotion. Source
: panneau dans l'église.
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La travée qui termine le bas-côté sud est
ornée d'un vitrail de 1858 créé par l'atelier Goussard à Condom. |
Le bas-côté sud aboutit à l'autel de la Vierge. |
Statue de sainte Jeanne de Lestonnac. |
Plaque relatant la vie de
sainte Jeanne de Lestonnac (1550-1640),
née dans la paroisse Saint-Éloi
et nièce de Montaigne. |
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Saint Éloi rachètant des captifs.
Atelier Goussard à Condom, 1858. |
L'autel de la Vierge. |
Statue moderne de la Vierge, détail. |
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LE CHŒUR ET SES VITRAUX DU XIXe SIÈCLE |
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Le chœur de l'église Saint-Éloi est à cinq pans
et date du XVe siècle.
Il est éclairé par les quatre verrières créées en 1851 par l'atelier
Émile Thibaud à Clermont-Ferrand
illustrant des épisodes de la vie de saint Éloi.
Après les dégradations des années 1980, les verrières
ont été restaurées par l'atelier bordelais Vitrail
Concept. |
Le sacre de saint Éloi.
Vitrail central du chœur. |
Le sacre de saint Éloi, détail.
Atelier Émile Thibaud à Clermont-Ferrand, 1851. |
Saint Éloi
et la légende des deux fauteuils.
L'atelier Émile Thibaud a réalisé un
très beau vitrail, dont la scène principale
est donnée ci-dessous, sur cet épisode légendaire
de la vie de saint Éloi.
Le jeune Éloi était d'une scrupuleuse honnêteté.
Maître dans son art d'orfèvre, on lui demanda
un jour d'exécuter un trône d'or pour le roi Clotaire II (613-629).
Ayant de l'or en surplus et refusant de le garder pour lui-même,
Éloi créa un second trône. Le roi salua
son intégrité et lui donna sa confiance. Éloi
s'installa à Paris comme orfèvre royal. Il fut nommé
fonctionnaire de la Trésorerie du roi et conseiller à la Cour.
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La Légende des deux fauteuils. |
Le chœur de Saint-Éloi.
L'architecture du XVe siècle est éclairée par des vitraux du XIXe restaurés. |
La Légende des deux fauteuils, détail.
Atelier Émile Thibaud à Clermont-Ferrand, 1851. |
Cette photo du chœur montre le vitrail des Funérailles
de saint Éloi, à droite, totalement obscurci.
Selon Charles Marionneau, il a été entièrement
peint en 1859 par J. Villiet. |
Les vitraux
de la vie de saint Éloi.
En 1861, dans sa Description des œuvres d'art des églises
de Bordeaux, Charles Marionneau donne des détails
sur ces vitraux qui éclairent le chœur.
Il écrit :
«Les vitraux du sanctuaire, exécutés par
M. Émile Thibaut, de Clermont-Ferrand, datent de 1851;
mais le vitrail placé du côté méridional,
a été peint en 1859 par M. J. Villiet. À
cette dernière époque, par suite de l'enlèvement
d'un autel grec adossé au fond de l'abside, les baies
des croisées furent rétablies dans leur état
primitif; dès lors, toutes les verrières de
M. Thibaut durent être remaniées par M. J. Villiet;
les sujets n'éprouvèrent aucun changement, mais
l'ornementation devint plus ample et plus riche, soit à
la base, soit au couronnement des panneaux.
«Tous les sujets de ces verrières représentent
divers épisodes de la vie de saint Éloi, né
à Chatelac, près Limoges, en 588, et mort évêque
de Noyon, en 659.
«Au centre du sanctuaire, le sacre du saint évêque;
à gauche, la légende des deux fauteuils, rapportée
par Jacques de Voragine, et saint Éloi distribuant
des aumônes; à droite, la mort du saint et ses
funérailles. Ce dernier vitrail, peint entièrement
par M. Villiet, est défavorablement placé, car
le jour qui l'éclaire est insuffisant.»
Conséquence: dans les cinq pans du sanctuaire seuls
quatre vitraux relatifs à la vie de saint Éloi
sont visibles.
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Saint Éloi distribuant des aumônes, détail.
Atelier Émile Thibaud à Clermont-Ferrand, 1851. |
Statue de saint Éloi
dans l'avant-chœur. |
La Mort de saint Éloi, détail.
Atelier Émile Thibaud à Clermont-Ferrand, 1851. |
L'orgue de tribune et une partie du bas-côté nord avec l'autel Sainte-Philomène.
L'orgue est dû au facteur Georges Wenner (milieu du XIXe siècle). |
Documentation : Panneaux d'information dans
l'église Saint-Éloi
+ «Description des œuvres d'art des églises de Bordeaux» par Charles Marionneau, 1861. |
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