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Page créée en mai 2024
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Statue moderne de la Vierge, détail

En 1159, un sanctuaire, de style roman et dédié à saint Éloi (588-659), est construit contre le mur externe de l’enceinte sud de la ville de Bordeaux, tout près de l'actuelle Grosse Cloche érigée au XVe siècle. Le quartier Saint-Éloi est né et va s'étendre. Une seconde enceinte est élevée, toute proche. Mal bâtie, elle s'écroule et détruit l'église.
Un second édifice est alors érigé en 1245, dans le nouveau style qui se répand dans le royaume : le gothique. Saint-Éloi est la première église gothique construite à Bordeaux. Elle devient la paroisse de l'Hôtel-de-Ville. Son curé porte le titre de chapelain de l'Hôtel-de-Ville.
Bordeaux est possession anglaise ; ses libertés administratives sont grandes. Le maire est assisté de douze échevins, appelés jurats. Quand, à la fin juillet, de nouveaux jurats sont élus, ils s'assemblent le 1er août à Saint-Éloi pour assister à la messe du Saint-Esprit et prêter serment. Cette cérémonie s'est perpétuée jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
Au XIVe siècle, un clocher est ajouté. La ville s'étend ; l'enceinte extérieure est démantelée. De la sorte, au XVe, l'église peut s'agrandir vers le sud avec un demi-bas-côté supplémentaire, là où se trouve l'actuelle chapelle de la Vierge. Le côté nord reste engoncé dans l'ancienne muraille de la ville. Au XVIe, le bas-côté sud sera prolongé avec deux travées à voûte angevine. En 1497, Saint-Éloi est consacrée par le cardinal d'Espinay. Elle devient l'église paroissiale du faubourg Saint-Éloi, un quartier commerçant et prospère.
À la Révolution, l'église est vandalisée, puis confisquée. Elle devient d'abord salpêtrerie, ensuite magasin à fourrage, ce qui lui permet d'échapper à la destruction. Sous le Concordat, elle est restaurée : façade remaniée en 1828 ; nouveaux vitraux du chœur illustrant la vie de saint Éloi pour remplacer ceux du XVe siècle brisés à la Révolution. L'édifice est classé monument historique en 1921.
Dans les années 1970, l'église, sans cure, est pratiquement laissée à l'abandon. Elle sera la proie de squatters qui la saccageront de fond en comble. Fermée au culte, elle sert d'annexe au service des Archives de la ville. Ce n'est qu'en 2002 qu'elle est rouverte au culte. L'église Saint-Éloi est actuellement confiée à l’Institut du Bon Pasteur. On y célèbre le rite catholique tridentin.

La Légende des deux fauteuils, vitrail d'Émile Thibaut, 1851

La nef et le chœur de l'église Saint-Éloi.
La déviation de la voûte vient du fait que le côté nord suit un ancien mur d'enceinte de la ville.
On remarque que l'arc d'entrée du chœur est désaxé par rapport à la voûte.
ARCHITECTURE EXTÉRIEURE

La «Grosse Cloche» : édifice du Moyen-Âge servant de porte d'entrée dans la ville et de beffroi.

La façade de l'église Saint-Éloi jouxte la «Grosse Cloche».
Sur le contrefort de la façade est affiché le millésime 1828.

Les trois portes néogothiques de la façade de 1828 sont dues à l'architecte Poitevin.
La porte centrale est aveugle.

L'ancienne façade de l'église.
En 1861, dans sa Description des œuvres d'art des églises de Bordeaux, Charles Marionneau écrit :
«L'ancienne façade n'était qu'une muraille sans décoration; seulement, au-dessus d'une porte ogivale, se voyait une niche renfermant la statuette de saint Éloi ferrant un cheval.
«Les vantaux de la porte étaient entièrement recouverts de fers de chevaux, apposés comme une sorte d'hommage à leur saint patron, par les compagnons maréchaux-ferrant ; il y en avait de très anciens et fort habilement ouvragés.»


Le clocher avec sa flèche d'ardoises date du XIVe siècle.

Gros plan sur l'ornementation florale
de la dentelle de pierre.

«««--- En ornant les arcs surbaissés des portes
avec une dentelle de pierre,
l'architecte Poitevin a respecté les règles
du gothique le plus traditionnel. Année 1828.

LA NEF ET LES AUTELS LATÉRAUX DU CÔTÉ NORD

La nef de l'église Saint-Éloi et le bas-côté nord.
Trois autels latéraux engoncés dans le muraille ornent le côté nord de la nef :
autel Sainte-Philomène, autel Saint-Joseph et autel Sainte-Germaine (caché par la chaire à prêcher).

Autel Saint-Joseph.

Autel Sainte-Philomène.
Les autels latéraux nord sont pris dans l'épaisseur de la muraille.

Statue moderne de sainte Philomène.

Autel Sainte-Philomène
Bas-côté nord.

Sainte Philomène.
La statue porte les attributs traditionnels de la sainte : fleur de lys et ancre de marine, symbole du martyre. Son culte apparut au début du XIXe siècle après la découverte à Rome d'un tombeau qui portait l'inscription Filumena.
Rose de Lima (1586-1617), sainte espagnole dont les attributs sont très proches, est aussi associée à une ancre de marine, mais c'est en tant que patronne du port de Lima.


Autel Sainte-Germaine
Bas-côté nord.

Vitrail du «Baptême du Christ» dans le baptistère.
Atelier bordelais d'Henri Feur, 2nde moitié du XIXe siècle.
DEUX CHAPITEAUX DU XIIIe SIÈCLE

Clé de voûte.

Ornementation : un avis négatif.
En 1861, Charles Marionneau se montre très sévère dans sa Description des œuvres d'art des églises de Bordeaux. Il écrit : «Les rares motifs de sculpture; les clefs de voûte, les consoles, placées à la retombée des nervures, n'offrent aucun intérêt artistique; enfin, les détails de la construction, aussi disgracieux que l'ensemble, donnent à cette église (...) un aspect peu monumental.»


Console du XIIIe siècle dans la nef.

Statue d'un ange tenant un phylactère
Autel Sainte-Philomène.

Statue de sainte Germaine
Autel Sainte-Germaine.

XIIIe siècle.
L'église Saint-Éloi possède encore quelques éléments du XIIIe siècle, époque de son érection : des chapiteaux floraux assez sobres et des consoles représentant bonshommes ou animaux.
Les clés de voûte données ici paraissent être des recréations récentes à la suite des nombreuses restaurations.


Clé de voûte.

Console du XIIIe siècle dans la nef.

La chaire à prêcher et son impressionnant abat-son.
XIXe siècle.

La cuve de la chaire à prêcher est ornée des quatre Évangélistes.

L'abat-son de la chaire à prêcher est orné des prophètes.

Saint Jean-Baptiste portant l'agneau
Chapelle Sainte-Germaine.
«««--- La voûte de la nef suit, au nord, le tracé du mur d'enceinte.
LE BAS-CÔTÉ SUD ET LES AUTELS LATÉRAUX SUD

La nef et l'élévation sud.
Le large bas-côté sud a été créé au XVe siècle pour sa partie orientale ; au XVIe siècle pour sa partie occidentale.

Chapelle des Cinq-Plaies
Bas-côté sud.

Au XVIe siècle, deux travées ont été ajoutées au bas-côté sud.
Leur voûte est de type angevin avec liernes et tiercerons.
Ici, la voûte qui jouxte la chapelle des Cinq-Plaies.

Chapelle du Sacré-Cœur.
Bas-côté sud.

L'Apparition du Sacré Cœur
à Marguerite-Marie Alacoque.

Saint Vincent de Paul
et les petits enfants.
L'Apparition du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie Alacoque
et saint Vincent de Paul et les petits enfants.
Atelier bordelais d'Henri Feur, 2nde moitié du XIXe siècle. ---»»»

L'Incrédulité de saint Thomas
et saint François en extase
Atelier bordelais d'Henri Feur, 2nde moitié du XIXe siècle.

Les Cinq Plaies.
En 1496, une épidémie de peste frappe Bordeaux. Le cloître des Augustins, rattaché à l'église Saint-Éloi, sert d'hôpital. Refusant de quitter la ville, les moines s'occupent des malades. Miraculeusement, aucun d'entre eux n'est touché par le fléau.
À la suite de quoi, les échevins qui gouvernent la ville (appelés à Bordeaux les jurats) vont prier à la chapelle des Augustins (dédiée à Jésus-Christ honoré en ses cinq plaies) pour que l'épidémie cesse. Si c'est le cas, les jurats font vœu de renouveler chaque année, en ce lieu et en ce jour, leur adoration à Jésus-Christ en ses cinq plaies.
L'épidémie cessa rapidement. Le vœu des Cinq-Plaies fut honoré scrupuleusement pendant des siècles. Le pape créa une confrérie pour en perpétuer la dévotion. Source : panneau dans l'église.


La travée qui termine le bas-côté sud est ornée d'un vitrail de 1858 créé par l'atelier Goussard à Condom.

Le bas-côté sud aboutit à l'autel de la Vierge.

Statue de sainte Jeanne de Lestonnac.

Plaque relatant la vie de
sainte Jeanne de Lestonnac (1550-1640),
née dans la paroisse Saint-Éloi
et nièce de Montaigne.

Saint Éloi rachètant des captifs.
Atelier Goussard à Condom, 1858.

L'autel de la Vierge.

Statue moderne de la Vierge, détail.
LE CHŒUR ET SES VITRAUX DU XIXe SIÈCLE

Le chœur de l'église Saint-Éloi est à cinq pans et date du XVe siècle.
Il est éclairé par les quatre verrières créées en 1851 par l'atelier Émile Thibaud à Clermont-Ferrand
illustrant des épisodes de la vie de saint Éloi.
Après les dégradations des années 1980, les verrières ont été restaurées par l'atelier bordelais Vitrail Concept.

Le sacre de saint Éloi.
Vitrail central du chœur.

Le sacre de saint Éloi, détail.
Atelier Émile Thibaud à Clermont-Ferrand, 1851.

Saint Éloi et la légende des deux fauteuils.
L'atelier Émile Thibaud a réalisé un très beau vitrail, dont la scène principale est donnée ci-dessous, sur cet épisode légendaire de la vie de saint Éloi.
Le jeune Éloi était d'une scrupuleuse honnêteté. Maître dans son art d'orfèvre, on lui demanda un jour d'exécuter un trône d'or pour le roi Clotaire II (613-629). Ayant de l'or en surplus et refusant de le garder pour lui-même, Éloi créa un second trône. Le roi salua son intégrité et lui donna sa confiance. Éloi s'installa à Paris comme orfèvre royal. Il fut nommé fonctionnaire de la Trésorerie du roi et conseiller à la Cour.


La Légende des deux fauteuils.

Le chœur de Saint-Éloi.
L'architecture du XVe siècle est éclairée par des vitraux du XIXe restaurés.

La Légende des deux fauteuils, détail.
Atelier Émile Thibaud à Clermont-Ferrand, 1851.

Cette photo du chœur montre le vitrail des Funérailles de saint Éloi, à droite, totalement obscurci.
Selon Charles Marionneau, il a été entièrement peint en 1859 par J. Villiet.

Les vitraux de la vie de saint Éloi.
En 1861, dans sa Description des œuvres d'art des églises de Bordeaux, Charles Marionneau donne des détails sur ces vitraux qui éclairent le chœur.
Il écrit :
«Les vitraux du sanctuaire, exécutés par M. Émile Thibaut, de Clermont-Ferrand, datent de 1851; mais le vitrail placé du côté méridional, a été peint en 1859 par M. J. Villiet. À cette dernière époque, par suite de l'enlèvement d'un autel grec adossé au fond de l'abside, les baies des croisées furent rétablies dans leur état primitif; dès lors, toutes les verrières de M. Thibaut durent être remaniées par M. J. Villiet; les sujets n'éprouvèrent aucun changement, mais l'ornementation devint plus ample et plus riche, soit à la base, soit au couronnement des panneaux.
«Tous les sujets de ces verrières représentent divers épisodes de la vie de saint Éloi, né à Chatelac, près Limoges, en 588, et mort évêque de Noyon, en 659.
«Au centre du sanctuaire, le sacre du saint évêque; à gauche, la légende des deux fauteuils, rapportée par Jacques de Voragine, et saint Éloi distribuant des aumônes; à droite, la mort du saint et ses funérailles. Ce dernier vitrail, peint entièrement par M. Villiet, est défavorablement placé, car le jour qui l'éclaire est insuffisant.»
Conséquence: dans les cinq pans du sanctuaire seuls quatre vitraux relatifs à la vie de saint Éloi sont visibles.


Saint Éloi distribuant des aumônes, détail.
Atelier Émile Thibaud à Clermont-Ferrand, 1851.

Statue de saint Éloi
dans l'avant-chœur.

La Mort de saint Éloi, détail.
Atelier Émile Thibaud à Clermont-Ferrand, 1851.

L'orgue de tribune et une partie du bas-côté nord avec l'autel Sainte-Philomène.
L'orgue est dû au facteur Georges Wenner (milieu du XIXe siècle).

Documentation : Panneaux d'information dans l'église Saint-Éloi
+ «Description des œuvres d'art des églises de Bordeaux» par Charles Marionneau, 1861.
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