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Page créée en janv. 2025
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Le prophète Esdras dans un vitrail de la nef, atelier Villiet, Bordeaux, années 1870, détail

Située près du port de la Lune, la paroisse Saint-Pierre est l'une des plus anciennes de Bordeaux. Mais son église a depuis longtemps disparu. Vers le XIIe siècle, un édifice roman, dont l'emplacement n'est pas sûr, lui succède. Au XIVe, la troisième enceinte de la ville est bâtie. C'est à sa proximité immédiate, sur un ancien bassin du port, qu'une nouvelle église est alors construite en gothique flamboyant. C'est l'édifice actuel que le XIXe siècle va fortement modifier.
Cette église est engoncée au milieu des maisons, comme le montrent d'anciens dessins. Sa façade, surgissant de rues étroites, est difficilement visible. Il faut dire que ce quartier populeux abrite de nombreux mariniers, des petits métiers, mais aussi des marchands et des notables, notamment anglais. Car la Guyenne est détenue par la couronne britannique. C'est aussi le centre de plusieurs confréries : les pâtissiers et les rôtisseurs ; les sacristains ; les matelots ; les orfèvres. Selon l'abbé Brun (Les églises de Bordeaux, 1952), la vie religieuse n'y est pourtant pas très active, un déclassement qui se fait au profit du quartier Saint-Michel.
En 1848, on dégage enfin une place devant la façade ouest. C'est la place Saint-Pierre actuelle.
En 1861, un rapport réalisé pour l'Administration municipale fait état de nombreuses lézardes et de perturbations dans les maçonneries de l'édifice. La construction d'une nouvelle église, avec ossature de fer, étant rejetée, une restauration de fond s'impose. Elle sera menée par l'architecte Jean- Jules Mondet dont les plans sont approuvés en 1879.
Robert Couster et Marc Saboya en décrivent les grands principes dans Bordeaux, le temps de l'histoire : «dégagement du monument, augmentation de la place réservée aux fidèles et "rétablissement de la régularité et de l'homogénéité de la construction"». Ce qui signifie : clocher reconstruit ; nef, voûtes et bas-côté nord refaits. Le chœur est laissé intact, comme pratiquement tout le bas-côté sud. La nouvelle façade occidentale, achevée en 1880, y gagne un cachet néogothique, loin de la fadeur initiale. Restent inchangés toutefois le portail central du XVe siècle et sa belle archivolte. Les constructions qui enserrent l'édifice depuis les temps médiévaux sont détruites.
Nos deux auteurs ajoutent que la restauration entreprise par Mondet est en fait l'application du discours rationaliste en vogue depuis les années 1850 à propos de l'architecture gothique. Il s'agit en effet d'unifier le style du monument, en l'occurrence le gothique flamboyant, en présupposant que c'était le style dominant de l'édifice lors de sa création. On colle ainsi à la politique de restauration définie par Viollet-le-Duc selon qui : «Restaurer un édifice, ce n'est pas l'entretenir ou le refaire, c'est le rétablir dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé.»
Notons que les parties extérieures du monument ont été restaurées au début des années 2000.
Hormis quelques statues, une Piéta du XVIIe siècle et un tableau de 1664, il n'y a guère d'œuvres artistiques dans l'église. En revanche, les vitraux des années 1860-70 sont de belle facture et offrent, notamment dans le chœur, quelques saynètes peu communes dont une illustrant Jésus regardant Pierre après son triple reniement.
L'église Saint-Pierre, classée aux Monuments historiques en 1908, demeure un exemple intéressant de gothique flamboyant au XVe siècle dans un quartier jadis très fréquenté.

La Vierge consolatrice, vitrail du XIXe siècle, détail

La nef et le chœur de l'église Saint-Pierre vus depuis l'entrée.
ASPECT EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-PIERRE

Façade occidentale de l'église Saint-Pierre.
Seul le portail central et son archivolte datent du début du XVe siècle.
Le trumeau a perdu sa statue.

Architecture extérieure (2/2).
---»» Cette porte se prolonge vers l'est par des éléments en saillie où se trouvaient jadis deux chapelles et un baptistère (photo ci-contre). En 1861, Charles Marionneau écrit que ces chapelles abritent la sacristie et le dépôt de chaises, sans que personne ne sache exactement quand cette réaffectation eut lieu. L'historien complète sa description en écrivant que ces petites chapelles sont «terminées en pignon à crochets, avec une petite croix pour amortissement.» Effectivement, à son époque, seule la grande baie orientale (n°6) existait. Les dessins réalisés au début du XIXe siècle montrent qu'il y en avait trois autres, de toute petite taille, perçant le nu du mur où venaient s'accrocher les toitures des chapelles.
En l'an 2000, Robert Coustet et Marc Saboya écrivent dans Bordeaux, le temps de l'histoire que, pour la restauration entreprise à partir de 1879, les plans de Jean-Jules Mondet prévoyaient la reconstruction des sacristies «qui perdent leurs toitures pour permettre l'ouverture des grandes verrières gothiques du mur sud.» Deux grandes verrières (baies 8 et 10) ont ainsi remplacé trois toutes petites.
Terminons par une note négative qui concerne tout l'édifice. Et citons à nouveau Charles Marionneau à propos des projets de restauration dressés dès le début des années 1860 : «il faut bien reconnaître, écrit-il, que l'église Saint-Pierre est plus intéressante par ses souvenirs historiques qu'au point de vue de l'art et qu'elle ne peut pas exciter un grand enthousiasme archéologique. On peut même dire que si l'antique église mérovingienne, citée par Grégoire de Tours, n'a pas été conservée par les siècles appelés les siècles de foi, on est peu fondé de nos jours d'en appeler à des sentiments de respect pour un monument sans intérêt architectural.»
Pour se cantonner à l'aspect extérieur, précisons que, d'après les dessins qui subsistent, la façade, avant les restaurations, avait un aspect très pauvre.
Sources : 1) Les églises de Bordeaux de l'abbé Brun, éditions Delmas, 1952 ; 2) Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics de Bordeaux de Charles Marionneau, 1861 ; 3) Bordeaux Le temps de l'histoire de Robert Coustet et Marc Saboya, éditions Mollat, 2000 ; 4) Église Saint-Pierre, brochure de l'Office de Tourisme.

Architecture extérieure (1/2).
Le regard du visiteur est tout de suite attiré par la façade occidentale, en grande partie refaite à la fin du XIXe siècle, hormis le portail. Les éléments néogothiques de style flamboyant sur les baies et le pignon sont des créations des restaurateurs ; l'oculus sommital est un ajout, tout comme les portes latérales qui correspondent à la présence des bas-côtés.
Sur le côté nord, le haut campanile, bâti en hors œuvre, date aussi de cette époque. Il est venu remplacer un ancien clocher qui s'élevait encore en 1861 au-dessus du pignon de la façade. Charles Marionneau en fait mention dans sa Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics de Bordeaux parue cette année-là, et le dit tronqué et inachevé.
Seuls le portail central et son archivolte datent du début du XVe siècle. Ils constituent un bel exemple de gothique flamboyant. La voussure intérieure de l'archivolte reçoit une suite d'anges aux longues ailes tenant les instruments de la Passion ; la voussure médiane, selon l'abbé Brun en 1952, reçoit des statues de prophètes tenant un phylactère. En 1861, Charles Marionneau s'était montré plus précis : il y voyait des apôtres et des rois ancêtres de la Vierge. L'historien des édifices bordelais ajoutait ce commentaire un peu étonnant : «Ces statuettes ne sont pas d'une bonne exécution, et pour les rendre plus grossières elles ont été badigeonnées.» Enfin, la voussure externe est une simple guirlande de feuillage qui descend jusqu'au sol.
Au bas de la voussure médiane, l'apôtre Pierre est absorbé dans un livre, sa main gauche tient la clé du Paradis. Au sommet de la voussure interne, une statue bien dégradée offre ce qu'il reste du Père céleste et de ses deux grosses mains avides (!)
À cause de parties sculptées manquantes, il n'est pas possible de connaître le programme iconographique retenu pour le portail par les bâtisseurs : le tympan est nu ; les niches sont vides de statues.
Le trumeau qui coupe la porte centrale en deux parties n'a lui aussi plus sa statue. En 1861, une statue en costume de pontife s'y trouvait encore, comme le rappelle Charles Marionneau. Le cardinal Donnet y voyait le pape Clément V ; l'architecte Viollet-le-Duc penchait pour l'apôtre Pierre. Viollet-le-Duc, dans son Dictionnaire raisonné de l'Architecture française, justifiait ainsi son choix (cité par Charles Marionneau) : «Au XVe siècle, saint Pierre, lorsqu'il est seul, est souvent vêtu en Pape, la tiare sur la tête et les clefs à la main.» Et Pierre est ici le patron de l'église... Le chœur de Saint-Pierre en donne d'ailleurs un exemple immédiat : sa clé de voûte polychrome du XVe siècle représente l'apôtre coiffé de la tiare papale !
Quoi qu'il soit, Marionneau jugeait la statue du trumeau «peu intéressante comme objet d'art» et lui préférait la statuette de la voussure médiane.
Au côté sud, le visiteur ne manquera pas d'admirer le magnifique gable gothique à rose en spirale qui surmonte l'ancienne porte principale de l'église. Marionneau date ce gable du XVe siècle, comme le portail ouest, et le décrit simplement comme «un pignon à placage, ornés de meneaux enroulés.» Là encore, les niches qui encadrent la porte ont perdu leurs statues.
---»» Suite 2/2 à gauche.


Bas-côté sud de l'église avec l'ancienne entrée principale.
Les extensions le long de l'élévation étaient jadis des chapelles, devenues sacristie.
La grande baie la plus à droite existe depuis l'origine. Les deux autres ont été percées lors
de la restauration entreprise à partir de 1879 par l'architecte Jean-Jules Mondet.

Sur l'élévation sud, un magnifique gable gothique
coiffe l'ancienne entrée principale de l'église.
XVe siècle ou tout début du XVIe.

Le chevet gothique est à cinq pans.
Il date du XVe siècle.

Saint Jacques tenant un phylactère dans la voussure médiane.
Début du XVe siècle.

Les trois voussures de l'archivolte. ---»»»
Saint Pierre est en bas à droite.
Début du XVe siècle.


Le portail du début du XVe siècle a conservé une belle archivolte alors que le tympan est nu.

Le Père céleste trône au sommet de la voussure interne de l'archivolte.
Depuis le XVe siècle, l'usure du temps lui a donné des mains d'un aspect redoutable (!)

Saint Pierre et sa clé au bas
de la voussure médiane, début du XVe siècle.

Un ange dans l'archivolte, début du XVe siècle.
LA NEF DE L'ÉGLISE SAINT-PIERRE

La nef, les piles sud et le bas-côté sud.
La grande baie à gauche (n°6) existe depuis l'origine de l'église.
Les baies 8 et 10 ont été percées lors de la restauration entreprise à partir de 1879 sur les plans de Jean-Jules Mondet.

Le baptistère et le tableau de Pierre de Nantiac (1664).
Le tableau est donné en grand format plus bas.
Le baptistère se situe au rez-de-chaussée du campanile bâti
au XIXe siècle. Il n'est pas dans une chapelle latérale.

Architecture intérieure de l'église.
Avec une nef de 41 mètres de long, de 21 mètres de large, une hauteur sous voûte de 15,40 mètres et deux bas-côtés, Saint-Pierre n'est pas une petite église. On s'attendrait à trouver des chapelles latérales, mais les trois qui se trouvaient dans le bas-côté sud (Sainte-Trinité, Saint-Joseph et baptistère) étaient déjà aménagées en sacristie lors de l'étude de Charles Marionneau en 1861.
Conformément à l'art gothique, les voûtes sont ogivales. Le chœur à cinq pans est en forte saillie sur l'élévation orientale.
Qu'y a-t-il du début du XVe siècle dans l'église ?
Lors des restaurations du XIXe, le chœur, élevé à partir de 1411, a été préservé, mais la nef a été complètement refaite. Le bas-côté nord, dont les voûtes étaient disloquées et qui menaçait ruine, a lui aussi été entièrement reconstruit. Seul le bas-côté sud présente une touche réellement ancienne, mis à part le percement des baies 8 et 10 qui datent de 1880. En 1952, l'abbé Brun, dans son ouvrage sur les églises de Bordeaux, se félicite du travail des restaurateurs : les raccords de la nef au chœur ne montrent aucune discontinuité.
L'historien Charles Marionneau, en 1861, n'appréciait pas l'intérieur de l'édifice. Un siècle plus tard en revanche, l'abbé Brun trouve que, malgré ses dimensions réduites, il «plaît à l'œil et séduit». Il n'a pas tort car, si l'on pouvait inverser le fil du temps, on jugerait que le gothique de l'église est une séduisante copie du néogothique du XIXe, si forte est l'impression de déambuler dans un édifice de ce siècle orné de beaux vitraux d'époque !
Au XIXe siècle, de nouveaux chapiteaux néogothiques à thème floral ont été sculptés. Le visiteur curieux remarquera, sur les piles nord de la nef, des chapiteaux laissés à l'état brut. Visiblement, le sculpteur n'a pas eu le temps de parfaire son œuvre. Ou bien les fonds manquaient-ils pour honorer sa facture à suivre ?


L'ancienne entrée principale de l'église (XVe siècle)
se trouve dans l'avant-nef sud.
La baie n°12 est obstruée par le gable gothique.
Son vitrail n'est guère visible.

Écusson de cardinal.

Écusson de seigneur.

Insignes du Vatican.

Écusson de cardinal.
Ces quatre clés de voûte modernes dans le bas-côté nord montrent que ce bas-côté a bien été reconstruit à partir de 1879.

Une pile de la nef et son faisceau de colonnettes.
La réfection de la fin du XIXe siècle a laissé des traces...
Est-ce le manque de fond qui a laissé ces chapiteaux à l'état brut ?

Les vitraux (1/2).
En 1861, dans sa Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics de Bordeaux, Charles Marionneau ne parle nullement des vitraux. Il faut croire que les baies étaient fermées par du verre blanc, peut-être orné d'une frange sur le pourtour.
Dans les années 1860-70, de nombreux donateurs ont permis à la nef et au chœur de s'embellir de verrières modernes «de belle facture» comme le reconnaissait l'abbé Brun dans sa présentation de l'église en 1952.
Les bas-côtés reçoivent des vitraux figurés avec des personnages en pied, groupés par trois. de saints et de prophètes. Le fond est comblé par de petits motifs géométriques qui laissent une grande place au verre blanc et donc à la lumière.
Les verrières les plus intéressantes sont dans le chœur. Dans l'axe (baie 0) s'élève un vitrail dédié à Marie consolatrice qui vient de l'ancienne église Saint-Jacques, aujourd'hui désaffectée. Il est complété d'une belle Assomption.
Les quatre autres pans sont illustrés de saynètes de la vie de saint Pierre créées par l'atelier bordelais Villiet. Elles datent des années 1862 et 1873. On remarquera le panneau de la chute de Simon le Magicien et deux autres, plus rares : saint Pierre recevant la sanction divine qui déclare purs des aliments que l'apôtre refusait de manger et Jésus regardant Pierre après son triple reniement.
Enfin, sur la façade ouest, deux jolies scènes historiées dont l'atelier est inconnu : Adam et Ève chassés du Paradis terrestre (baie 13 ci-contre) ; Jésus et la Vierge en majesté (baie 14). ---»» Suite 2/2 plus bas.


Baie 13 : Adam et Ève chassés du Paradis terrestre
par le Père céleste, détail.
XIXe siècle,

La chaire à prêcher est due au sculpteur Brunet (XVIIIe siècle ?)

La cuve de la chaire à prêcher est ornée du Tétramorphe.
Ici, l'aigle de Jean et le taureau de Luc.

En 2011, dans L'esprit des bâtisseurs, Pierre Coudroy de Lille évoque l'existence, aux XVIIe et XVIIIe siècles, d'une lignée de sculpteurs et de menuisiers nommés Brunet (Étienne, Jean-Baptiste et Jean-Jacques). La chaire serait ainsi l'œuvre d'un Brunet mort en 1785.


«Le Christ remettant les clés à saint Pierre»
Tableau de Pierre de Nantiac, 1664.

Baie 14 : le Christ et la Vierge en majesté
devant une assemblée de saints et de saintes.
Vitrail du XIXe siècle dans le bas-côté sud.

Les tableaux.
L'église Saint-Pierre a perdu bien des tableaux que Charles Marionneau y recensait en 1861 dans sa Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics de Bordeaux.
Il y notait ainsi une Adoration des Mages, un portrait de saint Paulin, évêque de Nole, une Sainte-Trinité et un Saint Pierre délivré de sa prison. Selon la base Palissy, ces deux derniers tableaux sont au musée des Beaux Arts de Bordeaux.
La base Palissy donne également deux tableaux exposés à la sacristie de l'église : Jésus et la Samaritaine et une Vierge à la chaise. Ce dernier tableau est une copie de la célèbre toile de Raphaël. L'église Notre-Dame à Auxonne possède une autre copie de cette œuvre.
La toile Le Christ remettant les clés à saint Pierre, exposée dans le baptistère, est la seule visible dans l'église.


Baie 13 : Adam et Ève chassés du paradis terreste
par le Père céleste, XIXe siècle.
Vitrail ouest du bas-côté nord.
Don du cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux.

Bénitier reposant sur un lion.
XVIIe ou XVIIIe siècle ?

La chaire à prêcher possède un escalier double.

Baie 7 : Aaron, Esdras, Esnias.
Atelier Villiet, 2e moitié du XIXe siècle.

Le bas-côté sud remonte en très grande partie au XIVe siècle.
Les trois arcades sous les baies correspondaient jadis à l'entrée de deux chapelles latérales et du baptistère.
Les arcades ont été bouchées pour créer une sacristie à une époque mal déterminée, mais avant 1860.

Chemin de croix moderne, station XIII :
Jésus est déposé de la croix.
2e moitié du XIXe siècle.

Christ en croix dans la nef.

Statue moderne de saint Expedit.

Baie 7, détail : Aaron, frère de Moïse.
Atelier Villiet, 2e moitié du XIXe siècle.

Haut-relief du Père céleste dans le bas-côté sud
Œuvre de Jacques Brunet, 1664.
C'était l'élément sommital de l'ancien retable axial du chœur.

Les vitraux (2/2).
---»» Il faut noter que, lors de la restauration des années 1860, deux baies ont été définitivement bouchées. La première (baie 12) se situe au-dessus de l'ancienne porte méridionale : elle est obstruée par le gable gothique qui coiffe la porte. La seconde (baie 11) se trouve au-dessus de l'entrée du baptistère. Elle est obstruée par le campanile qui s'élève sur le côté nord, le baptistère étant au rez-de-chaussée.
Conséquence : sur les grandes verrières à personnages de la nef, seules six sur huit sont visibles.


Baie 8, détail central : Constantin, Charlemagne et saint Louis.
Atelier Villiet, 2e moitié du XIXe siècle.

Constantin avec une auréole.
Dans les trois personnages du vitrail de la baie 8 (photo ci-dessus), l'empereur Constantin, à gauche, est représenté avec une auréole. Si l'Église de Rome n'a jamais canonisé cet empereur, en revanche l'Église orthodoxe l'a déclaré saint et l'associe souvent avec sa mère sainte Hélène à qui revient l'«Invention» de la croix.


Sainte Anne avec Marie
ou L'Éducation de la Vierge.
Bas-côté nord.

Baie 9, détail : le roi David.
Atelier Villiet, Bordeaux.
2e moitié du XIXe siècle.

Baie 5 ---»»»
Élias, Isaïe, saint Jean-Baptiste.
Atelier Villiet, Bordeaux
2e moitié du XIXe siècle.


Le Sacré-Cœur entouré de deux anges.
Chevet sud, XIXe siècle.

Le côté nord de la nef avec la chaire à prêcher et le bas-côté nord.
De part et d'autre de la chaire, on remarque que les chapiteaux des piles n'ont pas été sculptés.

Statue de la Vierge à l'Enfant, détail.
Fin du XIXe siècle.

Le bas-côté nord débouche sur une Piéta du XVIIe siècle.
Ce bas-côté a été très largement reconstruit au XIXe siècle.

Piéta en ronde-bosse du XVIIe siècle.

Baie 6 ---»»»
Saint Rémi, saint Augustin, saint Boniface.
Atelier Villiet, Bordeaux, 2e moitié du XIXe siècle.


Le visage de la Vierge dans la Piéta du XVIIe siècle.

La Vierge et l'Enfant entourés de saint Joseph et de saint Jean.
Chevet nord, XIXe siècle.
LE CHŒUR DE L'ÉGLISE SAINT-PIERRE

Le chœur de l'église Saint-Pierre est aujourd'hui très dépouillé.
Jadis, un retable surmonté d'une gloire se dressait contre le pan médian.

L'ancien chœur (1/2).
Si le chœur actuel est très dépouillé, il n'en était pas de même en 1861 lorsque Charles Marionneau a rédigé sa Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics de Bordeaux.
En plus d'avoir contre le pan axial un retable couronné d'une gloire, les pans du chœur recevaient une remarquable série de boiseries avec colonnes cannelées, guirlandes de chêne, têtes d'anges, le tout au sein d'un agglomérat de moulures et de volutes «bizarrement contournées», précise Marioneau qui date l'ensemble de la fin du XVIIe siècle.
L'auteur reconnaît lui-même le problème que posent ces boiseries : leur complète discordance avec les arcades ogivales et les faisceaux de colonnettes hérités de la construction de l'abside au XVe siècle.
Mais l'historien de la ville de Bordeaux a un argument : il plaide pour la conservation des œuvres d'art dès lors que l'église est pauvre en mobilier, ce qui était le cas de Saint-Pierre en 1861. Malheureusement, depuis, tout a été supprimé. Sur ces cinq pans, le chœur actuel n'offre que de simples tentures pour couvrir le nu des murs.
Marionneau cite un intéressant texte d'Adolphe Didron dans les Annales archéologiques relatif à la discordance visuelle entre les œuvres d'art et leur environnement. «Nous regretterons toujours, écrit Didron, que sous prétexte de ramener les anciens édifices à leur beauté primitive, on détruise des œuvres souvent remarquables de différentes époques, et postérieures à la construction même de ces édifices.
---»» Suite 2/2 plus bas.


Statue de saint Pierre en bois doré.
Sculpteur Jacques Brunet, 1664.

Voûte gothique de l'abside, début du XVe siècle.

L'ancien chœur (2/2).
---»» Quand il n'existe rien et qu'on fait une chaire, un jubé, un autel nouveau, rien de mieux que de mettre cet autel, ce jubé, cette chaire, en harmonie avec le monument où on les place ; mais quand tout cela existe, même du XVIIe siècle, même du XVIIIe, dans un édifice du XIIe ou du XIIIe siècle, il faut le conserver avec le plus grand soin. Il y a tel retable du temps de Louis XIII, telle chaire du temps de Louis XIV, tel jubé du temps de Louis XV, qui sont de vrais chefs-d'œuvre ; les détruire pour les remplacer par des œuvres à nous, dans le style que nous croyons roman ou gothique, est un acte véritable de vandalisme... La grande harmonie des choses entre elles, c'est quand une belle œuvre renferme un objet beau.»
Des parties du retable baroque du XVIIe siècle sont encore visibles dans l'église. Le centre était occupé par le tableau de Pierre de Nantiac, Saint Pierre recevant les clés du Ciel, actuellement dans le baptistère. De part et d'autre se dressaient les grandes statues polychromes de saint Pierre et de saint Paul. Au sommet, on voyait le haut-relief du Père éternel, placé à présent dans le bas-côté sud. En 1861, précise Marionneau, il était entreposé à la sacristie ; une gloire l'avait remplacé.


Les cinq pans du chœur sont pourvus de vitraux historiés du XIXe siècle.
Ici, les deux vitraux au nord et le vitrail axial.

Saint Pierre trône avec la clé du Paradis à la clé de voûte du chœur, XVe siècle.
L'apôtre est coiffé d'une tiare papale au format réduit.
LES CINQ VITRAUX DE L'ABSIDE

Baie 3 : début de la vie
néotestamentaire de
saint Pierre.
Atelier Villiet, Bordeaux.

Baie 1 : Vie de saint Pierre.
Atelier Villiet, 1862.

Baie 0 : la Vierge consolatrice
Atelier inconnu (Villiet ?)
Fragments venant de l'église Saint-Jacques
à Bordeaux.

Baie 2 : Vie de saint Pierre.
Atelier Villiet, 1873.

Baie 4 : Vie de saint Pierre.
Atelier Villiet, 1873.

Baie 0, partie haute : la Vierge consolatrice portant l'Enfant est entourée de deux anges.
Des hommes et des femmes lui adressent leurs prières.
En bas, au centre : une reine, aux mains liées, est accompagnée de deux esclaves enchaînés.

Baie 0 : la Vierge consolatrice (2/2).
---»» D'autre part, le rappel du rôle de Bordeaux dans le trafic négrier, au bas de la baie 0, et surtout son association apparente avec Israël - et donc avec la communauté juive de la ville - ne correspond pas aux études des historiens, la plus grande part de ce trafic ayant été l'œuvre des familles chrétiennes de la ville.
Donc, la question subsiste : pourquoi cette association ? Y aurait-il eu, chez certains chanoines, une volonté de salir le judaïsme en lui attribuant un rôle historique qu'il n'a pas eu à Bordeaux ? Le mystère demeure.
Quant au bas du vitrail de la baie 0, il est indépendant de la partie haute. Il représente une très belle Assomption (donnée ci-contre) honorée par la présence des grandes figures du christianisme (rois et hommes d'Église).


Baie 0, panneau central du bas, détail.
La femme couronnée symbolise-t-elle la Synagogue ? Et pourquoi cette association avec des esclaves noirs ?
Est-ce une procession de moines à l'arrière-plan ?

Baie 0 : la Vierge consolatrice (1/2).
Le vitrail qui orne la baie centrale de l'abside ne fait initialement pas partie des vitraux ornant les cinq pans de cette abside. Le précédent vitrail a en effet été détruit dans un incendie en 1973. Cependant, la désaffectation de l'église bordelaise Saint-Jacques, rue du Mirail, a été mise à profit : certaines parties de ses verrières ont été utilisées pour reconstituer, pour la baie 0, un grand vitrail dédié à la Vierge consolatrice.
Le vitrail est clairement du XIXe siècle. La comparaison des styles porte à croire qu'il sort, comme ceux des autres baies de l'abside, de l'atelier bordelais de Joseph Villiet.
La partie haute présente Marie portant l'Enfant entourée de deux anges. Dans la partie basse, hommes et femmes, soldats et mères adressent leurs prières à la Vierge. Un détail doit être souligné : la présence, juste au-dessous de Marie, d'une femme couronnée, aux mains ligotées, accompagnée de deux esclaves noirs enchaînés.
Que signifie ce dessin ? La juxtaposition des trois personnages a-t-elle un sens caché ou n'est-elle qu'une simple composition artistique ? Le thème de la reine ligotée n'a pu être retenu par le cartonnier qu'à la demande des chanoines du chapitre de l'église Saint-Jacques, ou au minimum avec leur accord.
Cette femme couronnée et aux mains liées pourrait être une allégorie de Jérusalem ou d'Israël : la reine captive et infidèle serait punie pour ses fautes, la couronne symbolisant sa gloire passée. Les esclaves à ses pieds associeraient sa chute au trafic esclavagiste bordelais, présenté comme une faute. Pourquoi cette association ?
Si l'on se restreint au cadre religieux et à l'opposition originelle entre christianisme et judaïsme, la reine aux mains liées pourrait symboliser plus simplement la Synagogue, toujours représentée dans l'iconographie chrétienne par une femme, ici honteuse devant Marie et son fils.
Il est intéressant de relier ce panneau (qui, rappelons-le, vient de l'église Saint-Jacques) à un panneau de la baie 2 de l'abside de l'église Saint-Pierre, donné plus bas et contemporain du précédent : l'apôtre Pierre, les bras levés vers le Ciel, reçoit le refus divin de l'existence d'aliments impurs. Cette scène, plutôt rare dans les vitraux, doit être rattachée au Concile de Jérusalem qui eut lieu vers l'année 49-50 (voir le commentaire plus bas). Aux yeux de l'Église, l'inclusion de cette image de Pierre recevant la sanction divine pourrait être interprétée comme une charge contre les principes judaïques et le refus bimillénaire des Juifs d'ouvrir les yeux devant la vérité chrétienne. Ce qui serait donc à nouveau une attaque contre la Synagogue.
Ces deux vitraux viennent de deux églises différentes et illustrent donc la volonté de deux chapitres de chanoines différents. D'où la question : pourquoi, dans les années 1870, cette offensive concertée contre le judaïsme ? Le cardinal Donnet (1795-1882), archevêque de Bordeaux en fonction cette époque, était-il à la manœuvre ? Ce serait compatible avec la date de création des verrières : 1873 pour la baie 2 et vraisemblablement une date voisine pour la baie 0. Mais le cardinal Donnet a laissé à la postérité l'image d'un inlassable constructeur d'églises, et non celle d'un pourfendeur de la Synagogue.
---»» Suite 2/2 ci-dessous à gauche.


Baie 0, partie basse : l'Assomption.
Atelier inconnu (Villiet ?), fin du XIXe siècle.

Baie 0, partie basse : l'Assomption, détail.

Statue de saint Paul en bois doré.
Sculpteur Jacques Brunet, 1664.
Baies 1 et 2 à trois lancettes : Épisodes de la vie de saint Pierre

Baie 1, 3e registre : Lavement des pieds ; Pierre coupe l'oreille d'un serviteur du grand prêtre ; Reniement de Pierre.
Atelier Villiet, Bordeaux, 1862.

Baie 1, 4e registre : Jésus regarde Pierre qui vient de le renier ;
Repentir de Pierre ; Pierre pasteur des brebis du Christ.
Atelier Villiet, Bordeaux, 1862.

Baie 1, 4e registre : Jésus regarde Pierre qui vient de le renier, détail.
Atelier Villiet, Bordeaux, 1862.

Jésus regardant Pierre après son triple reniement ---»»
C'est une scène rare dans les vitraux et les tableaux. Les artistes préfèrent représenter le repentir de Pierre.
La scène ne se trouve que dans l'Évangile selon saint Luc.
Rappelons les faits selon cet Évangile :
Une fois arrêté, Jésus est emmené dans la résidence du grand prêtre. Il s'agirait de Hanne, beau-père de Caïphe, grand prêtre en exercice. Contrairement à ce qu'écrivent les Évangiles selon Matthieu et selon Marc, les apôtres, sous la plume de Luc, ne s'enfuient pas. Au contraire, l'Évangéliste précise qu'un feu avait été allumé au milieu de la cour [dans la résidence du grand prêtre] et que tous étaient assis là, Pierre au milieu d'eux.
Viennent à passer une servante et deux serviteurs du grand prêtre qui, reconnaissant Pierre, le contraignent à renier l'engagement que ce dernier a pris quelques heures plus tôt auprès de Jésus.
Luc ajoute alors, laconiquement, que le Seigneur se retourna et posa son regard sur Pierre. Et c'est tout. Dès lors, comment représenter le visage du Christ regardant l'apôtre ?
Le choix de l'atelier Villiet a peut-être été de peindre ce visage dans une expression impassible. Néanmoins, vu de loin, on ne peut s'empêcher d'y déceler un regard peu amène, voire méprisant envers Pierre. Le Christ ligoté toise son apôtre de haut.
Il faut agrandir l'image pour repérer, dans le visage christique, une expression vraie de pitié, en quelque sorte une prise en compte de la faiblesse humaine et du pardon qu'elle entraîne. Bref, l'expression que l'on attend de Jésus.
Comme quoi, il n'est pas simple pour un cartonnier de peindre cette scène. Ce que l'on voit de loin n'est pas toujours ce que l'on observe de près...


Baie 2, 3e registre : Pierre ressuscite Tabitha ; Aliments déclarés purs par Dieu ; Mort d'Ananie.
Atelier Villiet, Bordeaux, 1873.

Baie 2 : les aliments déclarés purs par Dieu.
Avec Jésus qui regarde Pierre après son reniement, le panneau central de l'image ci-dessus montre une autre scène peu présente dans les tableaux et les vitraux : tous les aliments sont déclarés purs par le Ciel.
La scène se trouve dans les Actes des Apôtres (10, 9-16). Pierre a une vision : une grande toile descend des cieux ; elle abrite tous les quadrupèdes, tous les reptiles de la terre et tous les oiseaux. Une voix céleste demande à l'apôtre de les offrir en sacrifice et de les manger. Pierre refuse : il n'a jamais pris d'aliment interdit et impur !
La voix répond : «Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne le déclare pas interdit.» Ce court dialogue se répète deux fois, puis la toile remonte au ciel avec tous les animaux qu'elle contient. Pierre reste perplexe. Quel sens donner à cette vision ? Il s'en va alors à Césarée trouver le centurion Corneille, guidé par les envoyés du centurion.
Quel est le sens de la vision ? Au début de notre ère, l'univers gréco-romain est un melting-pot culturel et cultuel complexe. Dans cet univers, le petit monde du judaïsme comprend essentiellement deux groupes : les Juifs (qui appliquent les lois de Moïse) et les Craignant-Dieu qui sont des sympathisants du judaïsme. Les Craignant-Dieu adoptent les croyances des Juifs, fréquentent la synagogue, mais n'appliquent pas la circoncision et pas non plus les interdits alimentaires. Corneille est un Craignant-Dieu. Les non-Juifs se regroupent dans le terme de «nations» ou de «gentils».
C'est quand il se retrouve en face du centurion et de toute sa maisonnée que Pierre comprend le sens de la vision : aucun animal n'est impur, mais également aucun être humain. Il faut côtoyer tous les hommes et sortir de l'ostracisme dont les Juifs frappent les non-Juifs. Ainsi la Bonne Nouvelle pourra être portée à tous : Juifs et Gentils.
Quelque temps plus tard, vers l'an 49-50, c'est ce principe qui sera adopté par les apôtres lors du Concile de Jérusalem. Les théologiens appellent ainsi les discussions qui opposeront Paul à Jacques. Pour étendre la foi dans le Christ, il faut sortir du cadre mosaïque, c'est-à-dire rejeter la circoncision et oublier le concept d'aliments impurs. Jacques défend la loi de Moïse ; Paul veut son abandon et l'ouverture du baptême à tous. Pierre, chef des apôtres, se ralliera à Paul et ouvrira ainsi le christianisme au monde.

Baie 2, 1er registre : Pierre baptise le centurion Corneille ---»»»
Atelier Villiet, Bordeaux, 1873.


Baie 1, 4e registre : Jésus regarde Pierre
qui vient de le renier (Évangile selon saint Luc)
Atelier Villiet, Bordeaux, 1862.

Baie 2, 2e registre : Pierre repousse l'offre
du magicien Simon.
Voyant Pierre faire descendre l'Esprit-Saint
sur les chrétiens baptisés, Simon lui propose
de lui acheter son pouvoir.
Baies 3 et 4 à deux lancettes : Épisodes de la vie de saint Pierre (début et fin)

Baie 3, 4e reg. : Jésus marche sur les eaux et sauve Pierre ; Jésus ressuscite la fille de Jaïre.
Atelier Villiet, Bordeaux, 1873.

Baie 4, 3e registre : Quo vadis domine ?
Atelier Villiet, Bordeaux, XIXe siècle.

Baie 4, tympan : l'Archange saint Michel
et son bouclier, XIXe siècle.

Quo vadis, domine ?
Cette question vient de la Légende Dorée de Jacques de Voragine : Pierre fuit Rome pour ne pas y subir le martyre et Jésus lui apparaît en chemin. Où vas-tu, maître ? demande Pierre. À Rome pour y être crucifié à nouveau, rétorque le Christ. Sous-entendu : puisque tu ne veux pas y aller ! Et Pierre fait demi-tour.
L'église Saint-Aignan à Chartres possède une verrière datée de 1540 sur ce thème. Voir aussi la toile de Jérôme Saurlay, datée de 1664, à la cathédrale Saint-Louis de Versailles.


Baie 4, 1er registre : un ange délivre Pierre
dans sa prison.

««---Quis ut Deus ?
Qui est comme Dieu ? C'est la devise de l'archange saint Michel inscrite ici sur son bouclier.


Baie 4, 2e registre : Pierre et Paul devant Néron, Pierre fait tomber Simon le magicien.
Atelier Villiet, Bordeaux, 1873.

La chute de Simon le magicien.
L'image ci-dessus illustre deux scènes : à gauche, Pierre et Paul devant l'empereur Néron et une autre, à droite, présentée comme une «scène inconnue et difficilement identifiable» dans le panneau descriptif de l'église. Il s'agit pourtant d'une scène relativement connue de la chute de Simon le Magicien telle qu'elle est relatée dans les Actes de Pierre, texte apocryphe daté de la fin du IIe siècle.
La scène est à Rome où le magicien Simon jouit de l'admiration de ses nombreux disciples et de la faveur de l'empereur Néron. Quelques semaines plus tôt, Simon a perdu la face lors de l'épreuve de la résurrection d'un cadavre : Simon n'a pas réussi à ramener le mort à la vie ; l'apôtre Pierre l'a fait. Offensé et humilié, le magicien menace de quitter Rome en s'envolant au Ciel d'où il enverra des châtiments sur la ville ! Il décide de mettre sa menace à exécution et en annonce le jour. À la date convenue, sur la colline du Capitole, des milliers de gens se rassemblent. Et Simon s'envole vers le Ciel devant une foule admirative...
Sachant que le magicien ne tient ses pouvoirs que d'une puissance maléfique, Pierre s'adresse alors à Jésus et le prie de montrer sa toute-puissance divine. Au nom du Christ, l'apôtre ordonne aux démons de lâcher Simon. Aussitôt celui-ci s'écroule à terre et se blesse mortellement. L'auteur du récit ajoute que Simon mourut quelques jours plus tard comme un réprouvé, c'est-à-dire en ennemi de Dieu, en maudissant Pierre et les chrétiens.
L'image ci-dessous illustre la chute de Simon le magicien dans le vitrail du XIIIe siècle consacré aux vies de saint Blaise, saint Pierre et saint Paul dans l'église Saint-Pierre à Saint-Julien du Sault en Bourgogne.
Deux tableaux, dans ce site, présentent une vue d'artiste de cette chute : la première au musée des Beaux Arts de Caen ; la seconde au musée André-Malraux au Havre.


ÉGLISE SAINT-PIERRE À SAINT-JULIEN-DU-SAULT (YONNE)
Baie 1, détail : Pierre et Paul prient pour que Dieu stoppe le pouvoir du démon qui a permis à Simon de voler.
(Les Actes des Apôtres ne font mention que de la présence de Pierre.)
Vitrail du milieu du XIIIe siècle, restauré au XIXe siècle.

La nef et l'orgue de tribune vus depuis le chœur.
Les grandes orgues, de 1850, sont dues au facteur Georges Wenner. comme celles de l'église Saint-Louis et de l'église Saint-Éloi.

Documentation : «Les églises de Bordeaux» de l'abbé Brun, éditions Delmas, 1952
+ «Aquitaine gothique» de Jacques Gardelles, éditions Picard, 1992
+ «Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics de Bordeaux» de Charles Marionneau, 1861
+ «Bordeaux Le temps de l'histoire» de Robert Coustet et Marc Saboya, éditions Mollat, 2000
+ «L'esprit des bâtisseurs», édité par les Amis d'Ars et Fides Bordeaux, 2011
+ «Église Saint-Pierre», brochure de l'Office de Tourisme
+ Panneaux d'information dans la nef.
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